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 Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]

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Lince'sà
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MessageSujet: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMer 27 Jan 2021 - 15:12

Huitième ennéade de Bàrkios, An XVIII, Cycle XI

C'était la première fois que je pouvais circuler librement. J'avais toujours imaginé que ce jour-là, je ressentirais un semblant de joie. La réalité était tout autre. Auprès de Suliss j'avais peur, loin d'elle cette frousse me paraissait plus grande encore. Je ne savais pas pourquoi, ni comment l'expliquer, mais ce sentiment de vide me faisait dire que plus jamais je ne pourrais connaître un jour de bien-être.
Tête basse, je marche, suivant le chemin afin de trouver un nouveau village ou une ville. Cela faisait bien une ennéade. Shaok avait pris le partie de prendre une autre route. Nous nous sommes mis d'accord pour nous retrouver ici même dans six ou sept jours.
Pour l'instant nous n'avons trouvé aucunes informations concernant un Drow portant un masque, ni de grandes révélations sur la guerre d'Amblère. Suliss m'a donné 3 ennéades tout au plus pour revenir avec des révélations.

En ce matin, je me suis posé devant un point d'eau. L'eau sur mon visage me fait du bien, et ne pas avoir reçu de coups depuis quelques jours avaient permis à certaines blessures de cicatriser.
J'ai aussi pu nettoyer mes vêtements, même si je n'ai pas su arranger les nombreux trous qu'il y a sur les genoux, les coudes, et sur la cape.
La couleur sombre commençait par endroit à se délaver. Avant de poursuivre ma route, je pousse un cri comme pour me soulager, mais très vite je cesse, je suis écoeuré par cette intonation, et je reste là, à sangloter de longues minutes.
Je longe le récif montagneux, selon des informations, je ne vais plus être très de Fernel. Peut-être que là-bas j'aurais un peu plus de chance, me dis-je en passant ma main sur mon cou, sentant le stigmate du fer rouge sur ma peau.

Les nombreux jours de marche pèsent sur mes jambes, je n'ai pas beaucoup manger, à vrai dire, je ne suis pas très bon chasseur, et sans les restes qu'on m'apportait, je me suis contenté de trouver des racines.
Lorsque je croise quelqu'un un vif sentiment de honte me brûle en pensant à la castration, et je me mets à pleurer. Pourtant, il va falloir que je fasse preuve de courage ! J'aperçois Fernel... Je rehausse mes braies, et accélère le pas. Même si je ne trouve rien, peut-être que je trouverai un logement pour une nuit, ou deux.
L'endroit me semble paisible alors que le soleil commence à coucher m'offrant un merveilleux spectacle. Je remonte le col de ma tunique pour masquer un peu la marque qui illustre ma condition d'esclave appartenant à la Haute-Prêtresse de Kiel.

Je suis le chemin de terre en déviant mes regards lorsque je croise un habitant, ou un groupe. Telle un ombre, j'avance, regarde du coin de l'oeil, jusqu'à me dire que je dois me rendre au château qui se trouve en hauteur.
Puis-je avoir l'audace de réclamer l'hospitalité ? Je panique en pensant au fait que j'allais devoir m'exprimer. Comment ne comprendraient-ils pas ce qui m'est arrivé en écoutant ma voix ?
Pourtant, il le fallait, je ne voulais pas passer une nouvelle nuit à la belle étoile. De plus, je pense que c'est la meilleure solution pour trouver ce que je recherche.

Je serre les poings et les dents, et m'approche de l'entrée où se tiennent deux gardes armés. Je grelote inconsciemment. L'un d'eux me demande ce que je veux !
- Bonsoir...Euh...Excusez-moi... Je suis un voyageur qui demande l'hospitalité, demandé-je d'une voix basse, en me disant que ma pitoyable silhouette, les blessures sur mes mains, les griffures sur le visage, et mes vêtements plus qu'usés pourraient attiser un peu d'empathie.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeJeu 28 Jan 2021 - 12:05


Le spectacle d’un coucher de soleil à Fernel est toujours merveilleux, surtout en cette saison où les chênes sont parés de toutes leurs feuilles, dispersant les rayons d’un soleil déclinant à l’horizon. Les chevaux eux-mêmes, libres créatures vénérées en cette seigneurie, participent à cette féérie apaisante que contemplent en cet instant les deux soldats de faction à l’enceinte extérieure. Ils discutent tranquillement, parlant de la châtelaine, de la liqueur de feu ingurgitée la veille et de la partie de carte qui les attend quand ils seront relevés de leur poste par la garde de nuit. Ils sourient, ils plaisantent, mais ils n’en demeurent pas moins alertes, surtout lorsqu’un homme en haillons se présente afin de demander l’hospitalité.

Le plus âgé d’entre eux l’observe de la tête aux pieds, notant l’état pitoyable de ses vêtements, son attitude hésitante, presque honteuse, il note aussi l’absence visible d’arme et répond, d’une voix rauque à l’accent du Nord terriblement prononcé :

- L’hospitalité ? C’est à la Dame d’en décider.

Il se tourne vers son compagnon et lui indique l’intérieur de l’enceinte d’un mouvement de la tête avant de revenir à l’inconnu.

- Il va vous emmener.

L’autre garde lui fait un petit signe de la main et le précède donc, traversant d’abord un chemin pavé creusé dans le mur d’enceinte. Il pourra noter la présence d’une herse, relevée, dissimulée entre les pierres au-dessus de lui. Ils arrivent alors dans la cour intérieure, pavée elle aussi. Le voyageur pourra observer la présence, sur le pourtour de cette cour, de nombreuses et grandes écuries, peu occupées pour l’instant puis que la majorité des chevaux est encore à l’extérieur.

Devant lui, le château de Fernel, son corps de logis principal, flanqué de quatre tours aux murs épais.

- Par ici.

Le soldat grimpe les larges marches de pierre menant au hall principal qui bourdonne d’activité. C’est presque l’heure du repas et l’air est saturé d’odeurs délicieuses, de vin, d’épices, des épices thaaries ! Il pourra entendre le bruit des casseroles, la voix d’une dame qui se fâche là bas au loin, avant de voir une fine et rapide silhouette se faufiler le long des murs. Elle bouge vite, cette silhouette. Vite et bien. La dame qui criait sort alors des offices et agite son énorme index en forme de boudin, son autre poing sur la hanche :

- DAME LOUISE ! Vous aviez promis de ne plus faire ça !!!! RHAAAA !

La grosse dame s’en va, en fulminant, tandis que tapie dans l’ombre la fine silhouette semble secouée de rires. Le garde cherche quelqu’un du regard.

- Bon. Attendez-moi ici, ne bougez pas, je reviens tout de suite.

Le garde s’éloigne du voyageur, fouillant la foule du regard, avant de disparaître derrière un pilier. Quelques instants plus tard, une voix douce se fera entendre dans le dos du nouveau venu.

- Alors ? Tu viens de loin, étranger.

En se retournant, il verra une femme. Jeune. Le visage rieur, l’œil noisette étincelant de malice, de lourdes boucles brunes tirées vers l’arrière en une coiffure compliquée. La fine silhouette de tout à l’heure. Point de robe. Des pantalons, une paire de bottes souples, une chemise d’un blanc immaculé et une veste ajustée de velours marron aux motifs de feuilles de chêne. A sa ceinture, une dague. Elle tient dans sa main un morceau de pain épicé, un pain plat aux senteurs qui seront peut-être familières au voyageur. La jeune femme l’observe de la tête aux pieds et cesse un instant de sourire.

- Que cherches-tu à Fernel ?
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeJeu 28 Jan 2021 - 13:13

Anxieux, j'attends une réponse. Sans doute vont-ils me dire de partir, pensé-je en soupirant. Une voix rauque s'élève alors pour affirmer que seule la Dame peut accéder ou non à ma requête. Je ravale ma salive, et lève légèrement ma tête lorsqu'il indique que l'autre garde allait me conduire. D'un geste de la main, ce-dernier me montre un sentier.
J'observe le chemin pavé, au dessus de ma tête une herse bien dissimulée entre les pierres. Je remarque aussi de nombreuses écuries pour la plupart vides. Je regarde le tout avec une saveur amer tant tout ça ne me dit plus rien. Je contemple ensuite le château de Fernel et ses quatre imposantes tours. Je suis impressionné par tout ça, par l'ambiance, par la puissance qui se dégage de l'édifice. C'est incroyable, me dis-je. Je n'avais jamais vu ça.

Le garde m'ouvre la voie, et je monte des larges marches de pierres d'un pas souple jusqu'à arriver dans un hall qui grouille d'activité. Rapidement mes narines peuvent sentir l'odeur d'un repas. Je suis soudain surpris par un claquement de casserole et une agitation peu commune à la préparation d'une table. Une ombre se faufile poursuivit par une dame à l'apparence forte. J'esquisse un petit sourire tout fragile qui s'efface rapidement Elle glousse avant de repartir en à ses affaire en bouillonnant. Le garde me demande de l'attendre.
De la tête , j'acquiesce et ne bouge plus, croisant simplement les bras devant mon torse, et admirant l'architecture du hall ainsi que la foule, tout en me faisant tout petit, je n'aimais plus la foule, et encore moins les effusions de joies.

Une voix dans mon dos m'oblige à sortir de ma stupeur me faisant sursauter, je me retourne un peu apeuré et constate qu'il s'agit d'une jeune femme à l'allure de guerrière. Je recule d'un pas. Mes bras grelotent légèrement et se cachent dans mon dos. Je pince ma lèvre inférieure en fuyant du regard celle qui vient de me parler.

Que puis-je lui dire ? Je n'ai pas pensé à tout cela. Le sourire de la demoiselle cesse, et elle me pose une nouvelle question. Dans sa main, elle tient un morceau de pain qui me donne un sentiment de vertige rien qu'en l'imaginant dans ma bouche.
- O...Oui, je v...viens de loin, répondis-je d'une voix fluette, de...de Thaar... Ajouté-je en baissant la tête. Mais, je...je...je ne suis qu'un mendiant qui cherche l'hospitalité, est-ce... est-ce vous la Dame qui doit répondre à ma requête ?  Demandé-je en essayant d'oublier l'intonation fragile et aigüe de ma voix.

Je lève mon visage. J'y parviens un peu, je me frotte l'arrière de ma tête, toujours aussi honteux de ce que je suis devenu. J'ai immédiatement rabaissé les yeux, lorsqu'ils ont croisé ceux de mon interlocutrice ! Peut-être l'a t-elle compris ? Non... Je n'espère pas.
- Est-ce que vous accepteriez que je passe une nuit ici ? Je vous en prie. Je me nomme Lince'sà... Dis-je avec une certaine maladresse. Pour accompagner mon humble demande, je serre mes mains devant mon torse en crispant mes doigts aux nombreuses plaies.

Allait-elle accepter ? Peut-être pourrait-elle m'aider à avoir des informations.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeJeu 28 Jan 2021 - 14:05


Un mendiant de Thaar ? Si haut dans le Nord ? Un petit silence s’installe entre eux, dans ce brouhaha qui les entoure. Louise ne le lâche pas un seul instant du regard, le front légèrement plissé. L’étranger se dérobe, il semble hésitant, fuyant. La châtelaine hoche la tête, cherchant le regard de l’inconnu qui fait de son mieux pour l’éviter.

- Ha ! Dame Louise ! Voici un étranger qui demande l’hospitalité, dit le garde revenant au pas de course près du duo.
- Je vous remercie, je m’en occupe.
- Dame, vous êtes certaine ?

Louise esquisse un sourire étrange puis congédie le soldat d’un mouvement de la tête, un soldat qui les laissent donc, debout dans le grand hall. Elle a un regard pour le petit pain qu’elle tient dans sa main puis le tend à l’étranger, prononçant alors des paroles que seuls eux pourront comprendre, en un Olyian teinté d’accent de Péninsule. Un curieux mélange qui la fait sourire en parlant.

- Du pain aux épices, comme on en trouve dans les rues de Thaar. Prend le.

Un large sourire espiègle s’affiche à nouveau sur le visage de la châtelaine, avant de reprendre, toujours en Olyian.

- Est-ce Dante qui t’envoie ?

C’est une possibilité. Elle ne l’a pas revu depuis un long moment après tout. Peut-être a-t-il envoyé ce jeune homme à Fernel pour prendre de ses nouvelles.

- Suis moi, reprend-t-elle en langue commune.

La châtelaine lui fait un signe de la main et se dirige d’un pas souple vers une porte transversale, s’ouvrant sur une salle de réception chauffée. Un grand âtre de pierre devant lequel s’activent deux domestiques occupés à empiler des bûches pour le feu du soir occupe l’essentiel d’un pan de mur. Celui qui lui fait face est garni d’une immense tapisserie illustrant une scène de guerre et de chasse en une seule représentation. Des gobelins éventrés, des Drows décapités, des loups, des chevaliers en armure, des chevaux. Beaucoup de chevaux. Il y a aussi des trophées de chasse accrochés au mur, ainsi que des armes, lourdes, de longues épées et des fléaux. Devant l’âtre, des fauteuils de bois garnis de coussins de velours. Les serviteurs achèvent d’allumer un feu.

- Veuillez apporter de la bière et de quoi apaiser la faim de cet homme, je vous prie. Ensuite…

Elle s’assied dans un des fauteuils et invite le voyageur à prendre place face à elle.

- …vous veillerez à ce que personne ne me dérange. Pas même l’Intendant.

Les serviteurs s’inclinent, observent ensuite l’étranger en se demandant dans quels ennuis la châtelaine va encore se fourrer là, puis disparaissent, sans dire un mot.

- Assieds-toi.

Le ton est calme mais direct. Elle lui laissera le temps d’observer et de s’asseoir puis dira, de sa voix la plus tranquille.

- Maintenant que nous sommes seuls…Comment se fait-il qu’un Thaari soit si loin de chez lui, en haillons, à me demander l’hospitalité ?

Et toujours elle le fixe, sans ciller. Le comportement d’une personne que l’on rencontre est un indice déterminant de sa nature profonde. Il fuit le regard, comme un voleur ou un traître, que peut-il donc se reprocher, lui dont elle ignore tout ?

Il se trouve que Thaar a une place à part dans le cœur de Louise. Thaar et ses habitants ont changé bien des choses en elle, même si elle adore cette ville pour son soleil, ses couleurs, toute la vie exubérante qui la caractérise. Aussi est-elle extrêmement prudente, tout en répondant aux besoins de cet inconnu, ainsi qu’elle procède à chaque fois qu’un étranger demande de l’aide.


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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeJeu 28 Jan 2021 - 15:06

Le garde se ramène en grande enjambé. La demoiselle le congédie, et il ne tarde pas à disparaître. Elle me tend ensuite le pain qu'elle tient dans sa main, en me l'offrant, s'exprimant dans un parfait Olyian bien que teinté de l'accent de sa terre. Mon coeur bondit au son de cette voix. Je ne sais pas quoi penser, je regarde le pain, et je tends mes mains pour le récupérer. J'enfonce timidement mes pouces, et me mets à l'humer un bref instant, m'abandonnant ainsi à une plaisante rêverie. Je revois mon pays, mon chez-moi, mes aventures, en somme tout ce que j'étais avant ce maudit jour !
- Merci... Merci beaucoup Madame... Dis-je en Olyian en osant la regarder un bref instant dans les yeux avec un air timide, avant de prendre une grosse bouchée et déguster cette nourriture. Ca me changeait des racines, et des restes de viande qu'on me balançait à même le sol.

- Non, je connais pas cette personne, répondis-je en avalant une nouvelle bouchée sans faire de manière, mâchant férocement d'un air distrait, étant bien trop concentré à me régaler avec ce morceau de pain.
Alors que j'ai presque terminé, elle me demande de la suivre. J'exprime mon accord d'un geste de la tête en m'essuyant la bouche avec ma manche droite. Je la suis en terminant le pain vers une porte transversale dont la chaleur pénètre agréablement sur ma peau et jusqu'à mes os. Je reste caché derrière la jeune femme en remarquant la présence de deux hommes qui s'occupent du feu. J'admire d'un oeil discret la tapisserie, et suis marqué par les nombreux chevaux qui sont représentés dessus. J'admire aussi des trophées et des armes accrochées sur les murs.

Je me frotte les bras comme pour apprécier un peu plus la chaleur de la pièce alors que la Dame s'adresse aux hommes. Ceux-ci sortent, je ne les regarde pas, je reste figé devant la tapisserie dont la beauté m'étonne. La demoiselle s'installe sur un fauteuil, et me propose d'en faire de même sur celui qui se trouve en face.
Je me montre hésitant, je ne me suis jamais assis sur un tel siège, je me dis que c'est trop beau pour moi. Je rehausse légèrement mes braies, et je prends place au moment où elle me le demande de vive voix.  Ressentant un quelque chose d'indescriptible, un soupir s'échappe de mes lèvres je remue mes hanches pour trouver la meilleure position et lorsque cela est fait, je pose mes mains sur mes genoux en serrant les jambes.

Elle m'adresse la parole, je fais une moue avec mes lèvres, mes mains se crispent, et je suis incapable de garder une position immobile, j'agite mes jambes en soulevant mes talons et gardant la pointe des pieds au sol.
Soudain je suis foudroyé. Je renifle. Mes yeux rougissent, deviennent vitreux...
- J'ai fui, une première larme, une seconde, je tremble, je glisse mes mains sur mon visage et j'appuis mes coudes sur mes rotules. Une vive émotion brûle mon coeur, et monte jusqu'à mes tempes.

- J'ai fui Thaar, je fuis depuis le jour où j'ai rencontré la Haute-Prêtresse de Kiel ! J'ai commis l'irréparable, elle m'a attrapé. Elle les a tous tués... Et moi... Et moi... Elle a... Ma voix déraille, et je sanglote en agitant mon visage serrant mes doigts sur mon front, comme pris d'une crise de panique. Je ne peux plus parler, je pleure, et je repense à tout ça !
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeVen 29 Jan 2021 - 11:55


Louise ne manque pas d’observer que le nouveau venu, jeune, ne semble animé d’aucune intention malveillante, pour l’instant. Il paraît au contraire terriblement mal assis, alors que les coussins de velours sont moelleux, les jambes agitées nerveusement, incapables de rester en place. Elle a déjà vu cela. Certaines personnes, humbles, sont parfois impressionnées par ce château aux pierres épaisses et à l’allure martiale, pour l’essentiel dépourvu de toute décoration abusive, d’or ou de candélabres. Fernel est une forteresse. Un château dédié à la défense d’un territoire, aux pieds d’une chaîne de montagnes, pas un lieu de plaisance exubérant. L’ordre y règne, tout autant qu’une certaine rigueur et cela même si la châtelaine, comme il a pu s’en apercevoir, ne manque pas d’espièglerie quand il s’agit de s’amuser.

Il est sur le point de pleurer, elle le voit aussi, à son regard voilé et à cette rougeur caractéristique qui apparait sur les paupières. Louise, curieusement, ne sait pas bien gérer ce genre de démonstration. Elle est peu à l’aise avec les larmes des autres, tout comme avec les siennes, préférant les garder pour l’espace clos de sa chambre et de son bureau. Aussi ne sait-elle pas tellement comment réagir face au désarroi affiché par ce jeune homme qui éclate à présent en véritables sanglots, sans en ressentir la moindre honte.

- Tu as fui ? Qu’as-tu fui au juste ?

Aucun jugement dans sa voix. Elle sait que Thaar est une ville magnifique mais extrêmement dangereuse pour quiconque est un tant soit peu animé de bonnes et sincères intentions. On a vite fait de perdre ses illusions et son innocence, dans les rues chargées d’odeurs d’épices et de vices en tous genres de la ville lumière. A le voir si fragile et si désespéré, il n’est pas impossible que ce garçon ait subi des choses affreuses.

Elle attend, croise ses mains sur ses cuisses, patiente. Il est désireux de se confier. Le pain l’a mis dans d’excellentes conditions pour ce faire, dirait-on.

Ensuite…Il y a un blanc. Un vide absolu dans lequel Louise plonge automatiquement, comme si son cerveau refusait totalement d’intégrer l’information. Le nom qu’il a prononcé là fait écho à des choses dont elle n’a pas guéri et dont elle ne guérira sans doute jamais. Sauf peut-être si Othar lui permet d’enfoncer sa lame centimètre par centimètre dans l’œil vide, blanc, qui la hante toutes les nuits. Avec quelle joie elle le ferait…Lentement. En prenant tout son temps, pour savourer le moindre petit soupir, la moindre petite plainte exhalée par cette ignominie faite chairs. Se repaître de ses cris. Jouir de sa souffrance. Teindre ses mains de son sang vicié. Enivrante perspective.

Ainsi donc, l’horreur masquée a torturé ce jeune homme. Il n’en a rien dit mais elle sait. Elle sait qui est Kiel, elle connaît parfaitement le panthéon Drow et par-dessus tout, elle sait de quoi est capable la haute-prêtresse.

- …et elle t’a torturé.

Elle fini la phrase du voyageur, d’une voix douce, tranquille, même si en-dessous, gronde quelque chose d’intensément douloureux, des souvenirs horribles. Elle tend la main et agite une petite cloche, calmement, avant de reprendre sa conversation.

- Qu’as-tu fait pour que cette créature te fasse du mal ? A part exister et te trouver sur son chemin ?

Voix calme, doigts immobiles, regard clair.

Cœur en miettes. Esprit tourmenté. Rage contenue.

Elle laisse parler le voyageur. Elle attend.

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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMar 2 Fév 2021 - 8:37

Mon visage se plonge dans le creux de mes mains et j'éclate en sanglots. J'explique pourquoi je suis ici, du moins je fais de mon mieux avec ma voix tremblante et rapide.
J'entends sa question, j'y réponds en poursuivant mon intervention. Oui j'ai voulu fuir la Prêtresse de Kiel. J'agite ma tête, et tends un instant mon dos comme si je pouvais ressentir encore tous les sentiments qui se sont infiltrés dans mes veines ce jour-là.
Je suis incapable de poursuivre, mes larmes persistent, et je n'arrête plus de renâcler. J'ôte mes mains de mon visage, et j'exprime par mon regard qu'elle m'a effectivement torturé.

C'était horrible, si terrifiant... Je me mets à trembler encore plus en repensant à cette histoire, et à ce grand malheur qui s'est abattu sur ma vie.
Je plisse les yeux, et les frottes vigoureusement aves les paumes de mes mains en reniflant. La jeune femme fait tinter une petite cloche, et me pose une nouvelle question.
Je tousse un peu. Mon coeur bat de plus en plus vite.

C'est si douloureux. Ce cauchemar, je voulais l'enfouir au fond de ma mémoire, mais toutes les nuits ce spectre me tourmente. Je ne dis rien. Je reste là, en silence, pleurant de longues minutes. Je respire vite, je manque même à sentir une sorte d'oppression au niveau de ma poitrine. Est-ce que je peux lui parler ? Est-ce que je peux tout lui dire ?
Cela fait si longtemps que je n'avais pas ressenti un peu de douceur et d'empathie. J'halète. Je sais que le Fantôme m'a détruit, qu'elle m'a réduit en miette, et je dois vivre ainsi, car je ne veux pas mourir.
- Je... Avant... Je vivais à l'aide de petits vols... Nous étions trois... Débuté-je en baissant la tête, mais en regardant la jeune femme malgré tout, car inconsciemment, j'ai l'impression qu'elle ne me fera pas de mal.
Nous travaillions pour un marchand qui jour nous a demandé de dérober un objet à une personne particulière. Nous ne savions pas qui elle était... Alors nous avons essayé. Puis... Mes lèvres grelotent, j'ai mal, une vive douleur relance mes jérémiades, je regarde le plafond, puis le sol, je cherche une accroche pour m'apaiser, et je tombe sur le regard de la Dame.
- Puis... Elle nous a attrapé ! Son garde du corps en a tué un sans aucune pitié, et m'a enlevé, mon compagnon et moi. Je glapis ensuite. Nous nous sommes retrouvé attachés dans une salle sombre à la merci de la Haute-Prêtresse, c'était si horrible, j'ai eu si peur. Et le mot était faible mais je ne sais pas comment décrire mes sentiments à ce moment-là.

J'agrippe le tissu au niveau de mes cuisses et je serre frénétiquement, mes pupilles sont emplies de terreur. Je parle, sans savoir pourquoi, sans comprendre que dans le fond, cela me fait du bien, et c'est bien la première fois que je parviens ainsi à tout révéler. Mais puis-je aller jusqu'au bout.
- Elle a tué mon compagnon sans même le toucher ! Et ensuite, elle m'a donné de multiple coups de fouet, et pour finir, elle m'a... Non je ne peux pas le dire. Je suis en sueur, l'angoisse me brûle jusqu'à mes tempes, je me gratte le nez, et souffle un coup en plantant mes yeux dans ceux de la dame comme pour y chercher un peu de courage. Que va-t-elle dire ? Sans doute rigoler aux éclats en se moquant de moi et de ma condition ? J'en avais une quasi certitude...

Je me frotte la gorge, et rehausse le col de ma tunique usée, puis je me dis que tant pis, de toute façon, ai-je encore de l'orgueil pour souffrir des moqueries ?
- Elle s'est emparée de la dague que nous avons cherché à lui dérober, et elle m'a...émasculé... sans aucune pitié, sans aucune émotion dans ses yeux A l'évocation de cette scène, je suis tombé de mon fauteuil, et me suis mis à me rouler en boule au sol en pleurant frénétiquement
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMar 2 Fév 2021 - 11:59


Cette détresse…

Louise y est sensible, bien évidemment, elle n’est pas un monstre sans cœur, mais elle a besoin de savoir avant de se forger sa propre opinion. Il est en panique, en train de suffoquer sous ses larmes qui abondent sans discontinuer, comme si le fait de parler à quelqu’un avait détruit une digue retenant des flots impétueux contenus depuis bien trop longtemps.

Elle l’écoute, visualisant presque la scène. Une rue de Thaar, trois garnements qui volent quelque chose pour obéir et sans doute avoir de quoi manger en retour, un commanditaire suintant la graisse et les manigances louches tapi dans l’ombre, attendant le retour des trois voleurs. Louise ne peut s’empêcher de renifler l’air comme si elle sentait les épices de la ville chatouiller son nez.

L’évocation de ce garde du corps la fait frémir d’indignation. Inconsciemment, elle porte sa main à son bras, là où cette poigne brutale avait serré si fort qu’elle en a gardé la trace pendant deux jours. Il était grand, les traits plutôt fins, l’air cruel d’un chat s’amusant avec une petite souris affiché sur son visage sombre.

Ce fut pire encore quand il raconta la suite. La châtelaine est blême. Et toujours elle ne dit rien. Elle le regarde s’écrouler au sol, sanglotant comme un enfant, roulé an boule près de son fauteuil. C’est le moment que choisit un domestique pour entrer dans la salle, ouvrant grands les yeux en avisant le voyageur en haillons et en sanglots sur le sol de pierre. Louise se tourne vers le serviteur et dit, d’une voix douce :

- Veuillez faire chercher le Capitaine Atréis, je vous prie. Ainsi qu’Enguerrand et le maître palefrenier.

La châtelaine parle sans faiblir. Le domestique s’incline et sort, on peut entendre son pas rapide s’éloigner dans le hall principal. Elle se redresse alors et approche de l’inconnu, avant de poser un genou au sol, et de passer une main dans les cheveux sales du voyageur, avec douceur et tendresse.

- De toutes les créatures qui hantent ce monde, il est une race honnie qui prend son plaisir dans la souffrance des autres. C’est là leur nature. Ils sont puissants, immenses, vicieux, pervers et profondément malveillants, selon notre point de vue d’êtres qui sont, à leurs yeux, totalement insignifiants.

Louise prend son menton entre ses doigts et l’oblige à la regarder. Il n’y a pas de haine, juste une immense compassion et quelque chose de bien plus intense derrière tout ça. Quelque chose qu’il ne peut pas comprendre.

- Pourtant, selon leur point de vue, ils n’ont fait que ce qu’ils considèrent comme allant de soi. Tu as croisé le chemin de Kha’linas Do’ath, grande prêtresse de Kiel, le visage hurlant. Tout comme je l’ai croisé, moi aussi.

Elle ne le quitte pas des yeux. Un regard direct qui ne tolèrera aucun mensonge, il peut en être sûr.

- Elle t'a torturé, tué ton ami, pour ensuite te laisser fuir, comme cela? Elle? Qui me dit qu'en ce moment même cette abominable créature aux yeux de néant n'est point à ma porte ou sur le point de la franchir? Ils sont assez vicieux, ces êtres-là, pour envoyer un petit loup déguisé en agneau, espionner mes murs...Sauf que...la louve de Fernel, c'est moi.

Non, Louise n'a pas oublié la menace proférée dans la ruelle. Et le fait qu'un gamin tel que lui finisse précisément à en son domaine ne peut pas être une coïncidence.

- Alors ?
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMer 3 Fév 2021 - 9:08

Mes nerfs lâchent. Ma confession a détruit une barrière, je sens un déferlement glisser le long de mon échine, je tombe au sol, mon visage sur mes bras et je pleure, je verse des larmes et des larmes, en me moquant de ce qu'elle peut penser à ce moment-là.
Elle peut bien rire, s'amuser, ou m'humilier, cela n'a pas d'importance. J'entends une porte s'ouvrir, et je ne regarde pas, je me sens seul, comme pris dans une bulle, pris d'un vertige qui vient de créer un vide terrifiant dans le creux de ma poitrine.
Je tremblote nerveusement au prise avec ce cauchemar qui me hantera certainement jusqu'à la fin de jour, puis je sens une main douce glisser dans mes cheveux.
Un geste chaleureux, comme un petit rayon de soleil, une douceur que je n'avais plus connu depuis des lustres et qui créa une agréable chaleur dans ma tête.

J'entends la voix de la Dame, et mon débit de larme diminue au fur et à mesure que je lève la tête, jusqu'à la regarder dans les yeux.
Je frotte les miens en l'écoutant, en la laissant poser deux doigts sous mon menton afin que je ne puisse pas fuir la lumière de ses pupilles.

Mes yeux tout ronds, rougis par les sanglots s'écarquillent lorsqu'elle me dit avoir elle aussi croisée la route de la Haute-Prêtresse de Kiel ! Je suis incapable de parler. Son regard s'intensifie, et la jeune femme commence à émettre une hypothèse sur ma présence ici. Que puis-je dire ? Que puis-je faire ? Je renifle, encore en encore, je laisse mes bras tomber le long de mon corps.
J'ai envie de lui faire confiance. Est-ce que je peux ? Après tout, elle ne s'est pas moquée de moi ! Je me mordille la lèvre inférieure, serre ma mâchoire, la peur m'envahit. De toute façon, je ne pourrais pas rester ici, je dois retourner auprès d'elle ! C'est ainsi, c'est ma vie ! Je n'ai plus de courage, ni de volonté pour lui désobéir !

Je me frotte les yeux vigoureusement. Je vais lui faire confiance. Je dénoue lentement le petit lacet tout fragile qui maintien la cape de ma tunique et je l'ôte.
- Est-ce que je peux vous faire confiance ? Est-ce que vous pourrez garder tout cela pour vous ? Je vous en supplie Madame ! Je ne veux pas mourir ! Dis-je d'un ton suppliant en enlevant ensuite ma tunique afin de montrer à mon interlocutrice l'état du haut de mon corps, les nombreuses morsures du fouet, et les peu nombreuses zones où ma peau est encore intact.

Ensuite, je monte ma main droite pour le poser sur la marque faite au fer rouge qui recouvre une bonne partie de mon cou et remontant presque jusqu'à mon oreille droite...
- Après qu'elle m'eut mutilé, elle ne m'a pas tué... Débuté-je en baissant de honte les yeux, elle a fait déposer cette marque sur ma peau comme si j'étais du bétail... Je suis devenu un de ses esclaves... Continué-je d'une voix basse en versant quelques nouvelles larmes.

Mes doigts glissent sur la marque, je ressens la chaire brûlée, et je relève la tête.
- Je vous jure qu'elle n'est pas ici... Je suis arrivé dans votre domaine par simple hasard... Promettez-moi de ne rien dire, je vous en conjure ? Supplié-je en joignant mes mes mains devant mon coeur mon regard suant la sincérité.
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeJeu 4 Fév 2021 - 9:53


Il semble s’apaiser. Au moins un peu. La châtelaine relâche alors la pression de ses doigts sur le menton du voyageur et observe le moindre de ses mouvements avec attention. Il est toujours au sol, il dénoue tout doucement le lien qui retient sa cape, en très mauvais état, pour lui dévoiler son corps. Et Louise reste parfaitement de marbre en voyant les lacérations et les cicatrices qui marbrent la peau. Elle tend la main à son tour et passe ses doigts, sans honte aucune, sur les traces terribles de la malfaisance de ces Drows. Il pourra sentir un tremblement sur sa peau. Elle est en colère. Une colère froide qu’elle contrôle de son mieux.

- J’ai déjà vu ce genre de cicatrices…Sur une autre personne. Depuis ses pieds jusqu’à son torse, elle a été torturée et lacérée, marquée elle aussi, comme un animal.

Le souvenir de ces cicatrices lui revient avec la clarté d’un jour d’été. Il en avait sur tout le corps, et il n’en avait pas honte. Il les a montrées, elle les a touchées, elle s’en souvient même si cela fait partie des choses dont elle ne veut plus se souvenir, parce que ça la ramène à sa faiblesse. Il a terriblement souffert, elle le sait.

- Elle n’est pas restée à terre à pleurer sur son sort. Elle s’est relevée, elle s’est battue et s’en est sortie. Peut-être qu’un jour tu la rencontreras, cette personne qui m’est chère. Mais pour l’instant…

Elle replace la cape sur les épaules du voyageur, comme pour le rassurer et dit, toujours de sa voix douce :

- …tu es son esclave parce que tu l’as décidé. Ces créatures jouissent littéralement de ta souffrance et de ta désolation. Pourquoi continuer à leur donner ce qu’elles veulent alors que tu peux les fuir, leur échapper pour de bon ?

Elle se redresse.

- Les animaux, ce sont eux. Ils doivent aimer leurs petits jouets et en tirer la moindre petite goutte de souffrance avant de s’en débarrasser, comme le ferait un gros chat avant de croquer la souris. Si elle apprend que tu es ici, qui sait ce qu’elle fera à mon peuple…Je ne peux prendre aucun risque. Et par Othar…Si elle ose venir se présenter à ma porte, elle sera reçue à ma façon.

A l’instant entrent les trois hommes qu’elle a fait mander. La châtelaine les salue d’un bref signe de la tête.

- Messieurs, voici mes ordres, valables jusqu’à ce que j’en décide autrement.

Elle regarde Henri, le gros palefrenier rougeaud, qui essuie son front trempé de sueur d’avoir trop couru.

- Vous battrez le rappel de tous les chevaux de la seigneurie et les garderez dans le corral intérieur, dans l’enceinte de la ville. Les juments gestantes seront gardées dans les écuries du château.
- Ma Dame ! Mais pour combien de temps ?!
- Jusqu’à ce que je décide du contraire. Allez.

Le palefrenier en demeure les bras ballants mais sort, en trainant les pieds, épongeant son triple menton suintant. Elle reporte son attention sur le capitaine de la garde et sur Enguerrand qui observent, perplexes, l’étranger toujours au sol.

- Aymeric, Enguerrand, vous ferez fermer les portes de la ville à tout étranger et voyageur inconnu pour une période indéterminée. Personne n’entre à Fernel à moins d’être sans arme et d’être muni d’un sceau provenant d’une seigneurie péninsulaire. Instaurez des tours de garde. Que les hommes patrouillent le long des hourds, jours et nuits et qu’on me rapporte le moindre mouvement suspect.

Elle approche d’Enguerrand et le regarde droit dans les yeux avant de reporter son attention sur le voyageur.

- Cet homme est sous notre protection. Lui aussi a vu la Mort Blanche, Enguerrand. Je prends les précautions nécessaires pour Fernel…Ce n’est peut-être rien, peut-être même est-ce disproportionné…mais ce sont mes ordres. Vous savez ce que vous avez à faire. Allez.

Le Capitaine de la garde s’incline, tout comme Enguerrand, et ils sortent, laissant la châtelaine avec le voyageur. Elle s’en approche et lui tend la main :

- Tu n’as rien à craindre, ici. Personne ne te fera le moindre mal, tu as ma parole. Lève- toi voyageur.

Elle attendra qu'il soit debout pour demander:

- Quel est ton nom?
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeVen 5 Fév 2021 - 9:57

Je suis là, au sol, avec ce corps meurtri par les cicatrices, et les marques encore brûlantes pour certaines administrées par Suliss.
Des larmes coulent le long de mon visage, alors que je sens le bout des doigts de la jeune femme glisser sur mes blessures.
Je ressens un frisson, un tremblement venant de sa part qui se mêle au picotement que me donne le contact de sa peau sur mes lésions.

Elle me dit qu'elle a déjà vu tout ça. Je renifle, je ne lui ai pas montré, mais mes jambes aussi sont ainsi, j'ai l'impression de ne plus rien avoir d'humain. Elle essaye de me donner du courage, de me remonte le moral. Je le sens bien, mais je suis incapable de répondre à son appel. La Dame de Fernel repose la cape sur mon corps, et m'explique alors que je peux lutter contre ma condition.
- Non... Non... Non... Je ne peux pas, murmuré-je pendant son intervention, je ne peux pas fuir, je n'ai pas le courage ni la force, je préfère accepter ma condition, que de vivre en fuyant, et dans la honte de supporter le regard des gens. Ajouté-je, d'une voix plein de panique comme pour rejeter la possibilité d'une assistance. D'ailleurs, comme elle venait de le dire, Suliss viendrait sans doute me tuer, et je ne veux pas causer d'ennui à la Dame de Fernel alors que je ne représente plus rien.

Je ne bouge pas quand elle se relève, et continue de la supplier d'une voix basse de ne rien faire pour m'empêcher de repartir lorsque l'heure serait venu, que je ne veux pas lui causer des soucis, que je ne mérite pas cette peine.
Alors que je veux lever les yeux, pour lui parler plus d'une voix un peu plus clair, la porte s'ouvre, et j'enlace ma cape pour la serrer contre mon torse, et je détourne les yeux durant la conversation en essayant de reprendre une respiration normale.

J'écoute à moitié la discussion, je deviens nerveux en ressentant la frénésie que cause la simple mention à la Haute-Prêtresse de kiel, et m'apaise lorsque la troupe repart, comme si je ne pouvais me sentir bien qu'en présence de la Dame de Fernel. Evidemment, un bien plus que relatif.
Je lève les yeux, en frottant mes lèvres, et je me relève d'un geste maladroit.

- Lince'sà ! Répondis-je pour évoquer mon nom, ne vous inquiétez, ma présence ne vous causera pas d'ennuis, je passe juste une nuit, et je repars ! Est-ce que vous pourrez garder tout ça pour vous ? Est-ce que vous pouvez m'aider, je suis à la recherche d'informations concernant le siège d'Amblère, et la présence d'un drow masqué... Déclaré-je avec un semblant de confiance pour mon interlocutrice dans la voix.

Timidement, mes mains se faufile jusqu'à l'une de celle de la Dame.
- Je vous en prie. Après je partirai... Ca ne servira à rien de me retenir... Dis-je en la regardant dans les yeux comme l'animal blessé que je suis. Comme pour lui demander de faire de mon passage ici une parenthèse qui disparaîtra lorsque je serai loin.
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeVen 5 Fév 2021 - 14:56


- Lince’Sa. Très bien. Je suis Louise de Fernel.

Elle l’observe en jaugeant deux ou trois choses, rapidement.

Le devoir d’hospitalité est primordial, en ces murs. Et il se trouve que ce jeune garçon en a besoin sur absolument tous les plans.

Il est dans un état de crasse et de saleté terrible à voir, ses vêtements sont déchirés, il ressemble à un mendiant. Or, pour retrouver un peu de confiance en soi, des habits neufs peuvent aider. Il est un peu plus grand qu’elle, il y a des habits à sa taille au château, elle veillera à lui en procurer pour qu’il sache qu’ici il n’est pas un esclave mais un être humain qui a des droits. Anaëlle, sa camériste, s’occupera de lui quand Louise devra prendre congé.

Il y a le réconfort de la nourriture également. Il a littéralement dévoré le pain plat aux épices qu’elle-même avait dérobé à l’imposante Maïethé aux offices. En tant qu’esclave, il est bien entendu qu’il ne doit pas manger à sa faim, ce qui serait surprenant. Il recevra donc un repas digne de ce nom, qu’il partagera avec la châtelaine s’il le désire, ou dans la chambre qui sera mise à sa disposition pour la nuit, s’il préfère être seul. Parce que oui, il aura une chambre. Avec un lit. Un feu. Et tout ce qu’il faut pour être dignement traité.

Il y a enfin le réconfort partagé de savoir qu’ils ont vécu – à des degrés très différents évidemment – un traumatisme généré par la même créature. Une espèce de connivence tacite, quelque chose de particulier, comme un signe distinctif. Là où lui porte les marques visibles d’une maltraitance honteuse, Louise, elle, les porte en son cœur et en son souffle, gravées au fer rouge de la peur, une peur primale et immense qu’elle ne peut pas contrôler. Ce corps désarticulé qui bouge vers elle, ses mains aux immondes doigts déviés posés sur son menton pour l’obliger à regarder le néant de deux orbes vides…Impossible d’oublier cela.

Alors, quand il demande de l’aide, elle donne son assentiment silencieux, d’un hochement de la tête, avant de se raidir et d’avoir un mouvement de recul lorsqu’il s’empare de sa main. La châtelaine a du mal à gérer les contacts, ce n’est pas sa faute, elle n’y parvient juste plus. Elle ne se permet plus la moindre familiarité avec qui que soit – et de toute façon elle n’y a plus vraiment de personne avec qui elle pourrait se le permettre. Trop de problèmes, trop de soucis, trop de passion. Il vaut mieux enfermer tout cela dans une jolie boite dont elle garde soigneusement la clé et éviter tout ce qui pourrait ressembler à un mouvement du cœur.

Prendre la main de quelqu’un, c’est s’engager. La prendre sans demander, c’est forcer quelqu’un à se soumettre à cet engagement. Et Louise ne veut plus cela. Plus jamais. Même si les intentions de Lince’Sa n’ont probablement rien à voir avec tous ces autres qui ont failli la rendre folle de chagrin.

Elle se dégage donc, doucement, mais fermement, gardant un sourire poli et aimable pour lui signifier que non ça ne se fait pas mais que ce n’est pas grave pour autant. Elle tousse légèrement et reprend, de sa voix douce :

- Nous regarderons cela tout à l’heure. Pour l’instant, je vais m’assurer que mes ordres sont respectés et toi…tu vas prendre soin de toi, au moins quelques heures, avant de reprendre la route et retrouver ce…cette…Goulousse Sullisse. Anaëlle, ma camériste, t’aidera à t’installer et à te trouver des habits décents.

Elle se dirige vers un coin de la salle et tire sur un cordon plusieurs fois, avant de reprendre :

- Tu n’as aucune crainte à avoir. Absolument aucune. Ceci est une forteresse à flanc de montagne. Il ne peut rien t’arriver en ces murs, tant que tu respectes les lieux, mes serviteurs et ma personne.

Un autre sourire puis un petit silence avant qu’une frêle silhouette un peu timide fasse son apparition dans la salle. La camériste de la châtelaine, Anaëlle, se présente avec une petite révérence gauche et avise le voyageur de ses grands yeux émeraude.

- Anaëlle, voici Lince’Sa. J’aimerais que tu en prennes le plus grand soin pendant que je m’occupe d’affaires urgentes.

La camériste opine en silence. Louise, elle, sait que la camériste fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il soit bien. La châtelaine salue poliment d’un geste de la tête et dit, en sortant de la salle :

- Nous passerons un peu de temps dans ma bibliothèque tout à l’heure. Anaëlle, je compte sur toi.

La châtelaine sortie, il ne reste plus que la petite servante aux cheveux de feu et aux grand yeux verts qui l’observe avec un sourire bienveillant. Elle a vite compris ce que voulait Louise et tend la main, lui indiquant la porte :

- Suivez-moi…Je vais vous conduire à votre chambre.


Anaëlle:
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeDim 7 Fév 2021 - 10:43

Je tiens sa main, fébrilement, cela fait si longtemps, si longtemps que je n'ai pas connu autre contact que celui du fouet sur ma peau que je ressens une vive émotion. Mes doigts sont usés, écorchés par endroit, et ils tremblent et retombent dans le néant lorsque la Dame retire sa main dans un geste ferme et doux. Je soupire, et baisse les yeux tristement, sans dire un mot.
Elle prend la parole, je ferme les yeux, est-ce que je pourrai trouver des informations dans la bibliothèques ? Je ne sais pas.

Son sourire me rassure, arrive presque à soulager mon pauvre coeur. Prendre soin de moi ? Quelle idée ! Pensé-je en haussant mes frêles épaules. Est-ce que je mérite tout ça ? Je réponds d'un mouvement simple de la tête ce qu'elle dit.
- Merci, me contenté-je simplement de répondre avec un faible sourire sincère et touchant.

Une jeune femme entre dans la pièce. Elle dégage une douceur étonnante, j'incline légèrement ma tête lorsque Louise fait les présentation. Pour dire vrai, je ne sais pas comment je dois agir dans de telles circonstances.
Je me sens gêné en écoutant les consignes que confère la Dame à sa servante.
- Merci encore Madame, dis-je en joignant mes mains devant moi en tremblotant devant une telle sollicitude.
La porte se referme et je me retrouve seul avec Anaëlle. Je sens son regard sur moi, et comme souvent, je ressens cette vilaine honte. Toutefois, au-delà de ça, il y a aussi une sorte de chaleur, un quelque chose qui me rassure...

Elle prend la parole pour demander de la suivre.
- Je vous suis ! Soufflé-je en me laissant absorbé par les yeux verts de la demoiselle. Une chambre ? Je frisonne rien qu'en imaginant un simple drap posé à même le sol. Je sors en suivant la servante de la pièce. Je souffle, je reste en retrait, et me plait à contempler les ornements dans les couloirs etc... J'ai l'impression d'apprécier encore plus les choses qui brillent ! Bref, je suis en silence, m'amusant de temps en temps à lancer un coup d'oeil en direction d'Anaëlle pour admirer sa silhouette et ses longs cheveux flamboyants.

Elle ouvre une porte, puis une autre, et me présente pour commencer une salle d'eau où elle me propose de me rendre pour que je me lave. Allant même jusqu'à me proposer son aide pour le dos.
J'hésite. Mais je suis incapable de refuser.
Elle me laisse me préparer tranquillement pendant qu'elle s'occupe du bain en me demandant de l'avertir lorsque je serai prêt.
Je souffle, mon coeur se soulève, est-ce que je ne suis pas en train de rêver ? Je regarde le creux de mes mains avec émotion.
Doucement j'enlève ma cape, et ma tunique. Je caresse mes blessures avec angoisse, puis j'ôte mes bottes, et enfin mes braies, avant de vite enrouler une serviette autour de ma taille.
- Mademoiselle, mademoiselle, voilà, je suis prêt, dis-je de ma voix cristalline en faisant attention à ce que la serviette ne tombe pas.

D'ici, j'entends le son de l'eau, et peut ressentir sa chaleur... Un moment d'évasion...
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeDim 7 Fév 2021 - 16:12


Anaëlle est fidèle à elle-même. Discrète, aimable et un peu maladroite, sans aucune méchanceté. Elle a bien remarqué l’attitude soumise de ce garçon, une attitude bien semblable à la sienne autrefois, quand Geoffroy de Hansfelt était l’intendant. Immédiatement, elle a senti la détresse, la crainte, l’espoir aussi, autant dans les gestes que dans le regard de cet inconnu qui a tout l’air d’un mendiant. Dame Louise se trompe rarement au sujet de ses visiteurs et si elle l’a laissé seul avec sa camériste, c’est qu’elle sait qu’il ne lui fera rien.

Il aura une des petites chambres de l’aile est, au premier étage, pas très loin de celle d’Efren et du Capitaine de la garde. Elle ira préparer ce qu’il faut pendant qu’il prend son bain. L’amenant à la salle d’eau, elle le laisse prendre la mesure de la pièce avant de faire des allers et retours entre la première pièce et la seconde, apportant de l’eau chaude sans se décourager, à bout de bras, tout en observant le nouveau venu d’un air curieux, sans oser dire un seul mot. Bientôt, de la vapeur envahit les deux pièces comme une brume légère et apaisante. Une bonne odeur d’herbes parfumées parviendra au nez de Lince’Sà bien avant qu’Anaëlle ne le rejoigne, les manches retroussées et les cheveux relevés en un chignon rapidement noué. Même s’il fait chaud, le haut de son corps est habilement couvert et pour cause…Elle ne laisse jamais personne entrevoir les traces de son passé, légèrement visibles sur ses avant-bras, en de petites cicatrices blanchies par le temps.

Il l’attend, il est presque nu, la taille entourée d’un linge fin, destiné à le sécher.

C’est un petit moment gênant pour la camériste. Le dernier homme qu’elle a aidé de la sorte était le Seigneur Claude et elle s’en souvient parfaitement. Il avait demandé à être seul et elle avait fui pour entendre ensuite une vive altercation en langue lointaine, apprenant ainsi de nombreux secrets. Là c’est différent. Il semble perdu. Et il est dans un état terrible à voir. Jamais elle n’a vu un corps dans un état pareil et elle en est pétrifiée pendant une ou deux secondes, observant les dégâts considérables qui ont martyrisé sa peau. La jeune camériste baisse un instant la tête et murmure, en se triturant les mains :

- C’est par ici…Venez…

Elle le laisse entrer dans la seconde pièce, lui permettant de voir la cuve là bas de laquelle se dégagent de larges volutes de brumes odorantes. La camériste prépare des linges, du tissu à profusion et revient vers lui :

- Vous…enfin…Que vous est-il arrivé ? Vos plaies…Elles sont récentes et elles n’ont pas été soignées…

Elle a un regard compatissant et douloureux pour ces lacérations sur les épaules.

- J’ai un peu de baume pour soigner ce genre de blessures…Si cela peut vous apaiser après le bain…

La situation est réellement étrange pour la jeune femme. Elle se retrouve de l’autre côté de la barrière cette fois, à la place des gens qui soignent. Peut-être pourra-t-elle apporter à ce garçon tout ce qu’on lui a apporté à elle, quand elle se sentait si mal et si confuse. On dirait que personne ne lui a parlé avec gentillesse depuis longtemps, il semble sur le point de pleurer à tout instant.

- Vous voulez que je vous laisse seul peut-être ? De quoi avez-vous besoin ? Je me débrouillerai pour vous l’obtenir, si ça peut vous apaiser, Monsieur…
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeLun 8 Fév 2021 - 11:08

J'attends que la jeune femme vienne me chercher. Je commence à sentir la vapeur, cette chaleur si agréable, et si apaisante. J'ai honte. Je ne mérite pas ce traitement. Cela fait si longtemps. Je regarde mes bras, les marques, et les blessures, et j'ai l'impression de revoir les images du fouets léchant ma peau sans ménagement.
Dans ma cervelle, j'entends encore mes hurlements, mes suppliques, et je revois les yeux blancs et sans sentiments de Suliss.
La voix d'Anaëlle me sort de ma torpeur. Je remarque qu'elle est mal à l'aise, et je m'en veux, car je sais que ce malaise est le fruit de mon corps plus que meurtri, de mon corps, qui donne à ma silhouette plus l'apparence d'un monstre que d'un humain.

Je fais la moue. Mon coeur connait un petit rayon de soleil lorsque je vois la cuve, et la vapeur qui en émane, dégageant une fragrance agréable.
Anaëlle revient en me demandant les raisons de toutes mes blessures, et me propose son aide en m'expliquant qu'elle possède un peu de baume.
Le regard de la servante réchauffe mon âme, et puis je trouve ses cheveux si lumineux que je ressens un certain plaisir à pouvoir être en sa présence malgré la honte que m'occasionne ma condition.
Je ne sais pas quoi répondre. J'ai peur de ressentir un peu de bonheur. Alors j'hésite, puis voyant que je ne réponds pas, elle devine une intention qui n'est pas la mienne.

Je lève les yeux.
- Non, non, attendez, restez, je vous en prie, ne me laissez pas tout seul... Lui dis-je avec un léger air de détresse en levant une main fébrile. J'ai peur de la solitude. Je ne peux pas rejeter cette parenthèse que m'offre ma misérable existence. Demain ou après-demain, je ne serai plus là.
Puis, je ne sais pas, j'ai l'impression qu'avec cette demoiselle, tout est différent. Un pressentiment qui vole comme ça au dessus de ma tête, je me dis que je peux lui parler, lui montrer mes blessures, et me confier à elle sans recevoir de jugement.
En somme, une oreille dont j'ai besoin pour vivre un éphémère moment loin de mon éternelle souffrance.

Je m'approche de la cuve. De dos, je pose mes mains sur la serviette, que je fais descendre pudiquement avant de glisser une jambe dans l'eau. De mes lèvres s'échappe un soupir d'aise. Avec délicatesse, comme de peur que ne m'arrive un malheur, je mets l'autre jambe, puis je prends place en grimaçant, le contact de l'eau est déjà en train de brûler sur mes plaies.
- En effet, mes blessures n'ont jamais été soignées. C'est à Thaar, j'ai commis une faute, je ne vivais de rien, dans la rue, pour vivre, je devais voler. J'ai travaillé pour un marchand véreux qui me payait plutôt bien. Un jour, il me confia une mission, le vol s'est mal déroulée... Je suis tombé sur la mauvaise personne, et elle m'a torturé... Je verse quelques larmes, elle m'a tout pris... Sous mes yeux; elle a tué mes compagnons, puis, elle a joué avec moi... Allant jusqu'à me... Je renifle, je suis incapable de parler, mais je cherche du courage au fond de mon âme pour lui dire, alors, je me redresse simplement pour qu'elle voit la mutilation, et cette lésion, là aussi mal soignée.

Je me remets en place. Je ne dis plus rien... Toutefois, mes yeux larmoyants se tournent vers la douceur de la demoiselle pour lui transmettre une simple demande, celle de m'aider, et de me soigner un peu... Aussi, j'avais envie de lui dire merci.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeLun 8 Fév 2021 - 14:36


Tout aussi pudique que lui, Anaëlle se détourne bien avant qu’il n’ait eu le temps de faire tomber la serviette et qu’il ne se retrouve totalement immergé. Elle a un regard pour les habits déposés là en tas, ses sourcils se froncent. Ils sont en très très mauvais état et il ne peut être question de les lui rendre alors qu’ils sont troués, sales et probablement irrécupérables. Non. Elle ira plus tard, quand il sera apaisé, auprès de Maximilien, un autre domestique du château, un garçon qui fait à peu près la même taille que le voyageur, afin de lui demander au moins une paire de braies propres et sans trou, une chemise correcte et un gilet décent, lui couvrant le corps de manière adéquate sans pour autant le comprimer au niveau de ses épaules qui ont l’air de lui causer de la douleur.

- Je reste là, apaisez-vous.

Quand elle aura compris qu’il est totalement immergé dans la baignoire, elle se retournera pour aller quérir des linges et un de ces cubes étranges confectionnés par un artisan du bourg, très odorant. La châtelaine raffole de ces choses et Anaëlle partage son avis à leur propos : c’est tout simplement divin de se laver avec ces petits cubes pleins de senteurs.

- Ne bougez pas, laissez-moi examiner vos épaules…Je ne vous ferai rien du tout…

Elle dépose les petits ustensiles sur un petit tabouret de bois et passe derrière lui pour voir cela de plus près. Un frisson désagréable la traverse à la vision terrible de cette chair tuméfiée et écorchée, mal soignée. Il a du endurer un martyre sans nom…Il ne peut le voir mais Anaëlle est totalement bouleversée. Elle aussi a vécu cela mais elle ne lui en parlera pas, parce qu’ici il ne s’agit pas d’elle mais de lui. Elle prend alors un petit morceau de tissu qu’elle plie en quatre avant de l’imbiber d’un peu d’eau et de le passer avec d’infinies précautions sur les épaules blessées. Elle l’écoute, elle s’arrête, en entendant son histoire…

- Thaar ?

Elle inspire profondément, avant de reprendre, pensive :

- J’ai vécu là bas moi aussi…

La rouquine frotte un peu le linge contre le petit cube odorant avant de le déposer sur la peau meurtrie.

- Je vivais comme vous…Je ne me souviens pas de tout mais je me souviens des épices, des couleurs…de mon frère…Il volait du pain pour moi. Parfois nous volions des fruits pour ne pas mourir de faim.

Elle en parle sans émotion, concentrée sur les soins à donner à ce garçon qui en a besoin.

- Un jour…Lui et moi étions dans une ruelle, assis sur le pavé à manger un gros fruits rouge plein de jus…Un géant noir aux yeux rouges nous a attrapé. Mon frère a essayé de me défendre, moi j’ai mordu la main de cette créature si fort qu’elle m’a lâchée, je me suis enfuie…Je ne l’ai jamais revu…Et j’ai fini ici, dans le Nord. Un peu comme vous.

Elle se déplace et entreprend de soigner l’autre épaule, toujours concentrée.

- Je ne juge pas. Voler est essentiel quand on n’a pas d’autre moyen de survivre…Ici…Je travaille fort. Je gagne mon propre argent et je ne dois rien à personne. Peut-être que si vous en parlez à Dame Louise elle v…

Pas le temps de terminer. Elle entend bien qu’il est tombé sur une personne qui l’a fait souffrir, qui a joué avec lui au point de…non, mais que fait-il ?

-… !?!

Il vient de se lever dans la baignoire. Evidemment, elle ne peut s’empêcher de noter que quelque chose manque. Elle pâlit avant de poser sa main sur sa bouche, les larmes aux yeux. Des yeux qu’elle ferme avant de tourner la tête.

- Par tous les Dieux…Que Neera vous vienne en aide. Qui vous a fait cela ?

La jeune fille est bouleversée. Terriblement bouleversée.

- En avez-vous parlé à Dame Louise ?

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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeLun 8 Fév 2021 - 15:39

Je l'écoute, j'ai une sensation de bien-être que je n'avais jamais connu. J'ose à peine penser que je me sens bien. Cela me parait si fabuleux.
Les yeux à moitié fermés, je me confie, comme ça, je réponds à ses questions en la laissant faire. Et j'écoute son histoire religieusement. Elle aussi à souffert. Mais contrairement à moi, elle est tombée dans des bras chaleureux. Je l'envie sans éprouver de jalousie.
Je souris, apprécie ce dialogue, cet échange je me laisse même emporter par des petits commentaires concernant les qualités de Thaar.
Ma respiration s'apaise, j'apprécie le contact du tissu sur mes épaules qui vient un instant piquer sur mes blessures avant d'agir délicieusement.
C'est si agréable. Si différent des sensations que je connais depuis ce maudit jour, que j'ai l'impression d'être au paradis. La peur ne rôde même plus autour de moi, et je ne m'en rends même compte de suite.

Je joue avec l'eau, je me frotte les bras, le torse, puis je devine ce qu'elle souhaite me proposer. Alors, je termine mon récit qui se mêlait au sien, par un simple acte qui valait mieux que mille paroles, avant de reprendre ma place en sanglot.
J'entends ses exclamations, sa surprise, et ses pleurs, comment pourrait-il en être autrement ? Je ne dis rien, un instant, des minutes passent, mes yeux essayent de contempler au milieu des vagues la mutilation. Je me pince les lèvres.
- Excusez-moi... Je...Je ne voulais pas... Dis-je dans un murmure de dépit le visage défait et le coeur lourd. C'est la première fois que je montre cela, pourquoi à elle ? Elle que je vois pour la première fois, et que je ne connais pas.

Je soupire, je ferme les yeux, je pleure, et je ne sais plus.
- La Haute-Prêtresse de Kiel. Répondis-je en essayant de reprendre une espèce de posture normale. Oui, elle sait tout, elle connait cette affreuse personne, elle sait le danger qu'elle représente, c'est pour cela que je ne pourrai pas rester... Ajouté-je sans la regarder, de peur de voir son regard, d'y voir une confiance brisée par mon geste.  Elle a pris mon âme, et ma vie... Terminé-je dans un ton plein de dépit.
Je frotte mes yeux pour essuyer quelques larmes en regardant le plafond avant de plonger mes mains dans l'eau chaude, et d'être emporté par cette sensation de bien-être qui chez moi ne peut plus être totale, tant mon esprit est écorché.

- Je vous en prie, pardonnez-moi... Je, je cache cela depuis des jours, j'en souffre, et puis, votre gentillesse, j'en ai profité honteusement, me disant que cela me ferait du bien d'en parler... Oui, cette honte, je passe mon temps à le cacher, à ne plus parler, j'évite même la compagnie des autres esclaves pour éviter des moqueries... Cette solitude, cette honte, vivre avec cela devenait plus que terrible.
Anaëlle est si douce, si avenante... Si belle... J'avais envie de lui avouer, mais je ne voulais pas l'effrayer, ni la chagriner.

- Si vous voulez partir, je comprendrais. Dis-je à voix basse avec un trémolo dans la voix...
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeLun 8 Fév 2021 - 21:27

La petite servante est peinée. Elle n’ose imaginer la souffrance que cela a du être pour lui. Elle n’ose pas. Et elle ne pensait pas que ce genre de choses soient possibles. Elle passe une main sur son visage, en songeant à des solutions. Cela dépasse largement le cadre d’une petite blessure à soigner. C’est une mutilation terrible, quelque chose qui atteint à sa dignité d’homme et d’être humain. Anaëlle dit dans un souffle, près de lui :

- Kiel ? Le visage qui crie ? Et Dame Louise…l’a rencontrée ?? Mais…

Elle sait de qui il s’agit, même si elle n’a jamais rencontré sa grande prêtresse. La camériste pose sa main sur sa poitrine. Cela voudrait donc dire que Dame Louise a rencontré des Sombres et qu’elle a survécu ? Une lueur se fait dans son esprit. Alors c’est pour ça que la châtelaine a ordonné qu’on tire à vue sur tous ce qui ressemble de près ou de loin à un Noirelfe ? Et comment a-t-elle fait pour survivre ? Tant de questions se bousculent en son esprit qu’elle ne s’aperçoit pas que l’inconnu est en train de pleurer. Alors elle se lève et approche, pas rebutée par sa mutilation. Elle reprend ses gestes pleins de douceur et dit, d’une voix apaisante :

- Il n’y a rien à pardonner. On réagit tous différemment à la douleur. Je sais ce que c’est, d’avoir honte. J’ai eu honte moi aussi jusqu’à ce que quelqu’un me dise que ce n’est pas moi qui devrais ressentir ça…

Elle frotte le cube de savon sur le linge et lave la nuque, là où se trouve la marque incrustée au fer rouge.

- Tu te trompes. Ton souffle…Tout ce qui fait de toi un humain…Tout ça tu l’as encore…Les gens sans Souffle ne pleurent pas…

Elle pose une main compatissante sur son épaule, le tutoyant spontanément, dit, tranquillement :

- Je reviens dans quelques minutes. Voici le linge et le cube pour te laver. Je n’en ai pas pour bien longtemps.

Déjà elle s’éclipse. Elle court, elle fonce dans la chambre de Maximilien, lui demandant de lui apporter son aide au moins pour les vêtements.

- Y a la réserve, dans le sous-sol. ‘Doit y avoir de quoi là bas…
- Tu crois ?
- Bah oui…Mais c’est pour qu…
- Merci Max !


Anaëlle fouille durant de longues minutes mais revient auprès de Lince’Sa, avec des vêtements propres. Bon, ils ne sont pas neufs mais au moins ils sont décents, et à sa taille. La rouquine est contente de pouvoir l’aider de la sorte.

- As-tu pu nettoyer un peu cette…plaie...que tu as…là ?
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMar 9 Fév 2021 - 10:26

Mes mains tressaillent, je les regarde avec peine. Qu'est-ce que je viens de faire ? Suis-je condamné à cela ? Certainement me dis-je avant que la demoiselle ne vienne reprendre ses gestes avec tendresse sur mon dos et mes épaules.
Sa voix atteint mon coeur, je m'apaise lentement, je ne sais pas quoi lui répondre, peut-être qu'avec le temps ?
C'est la première fois que je me dis que le temps pourrait peut-être arranger ma situation, une lueur pâle qui s'éveille au fond de moi, une lueur d'espoir au milieu du champ de ruine que représente tout ce que je peux être.

Je bouge ma tête alors qu'elle entreprend de frotter là où se situe la marque au fer rouge, l'emblème de ma condition d'esclave de Suliss.
- Je me suis, ensuite, fais marquer comme du bétail par la Haute-Prêtresse de Kiel... Dis-je en esquissant un sourire amer, comme pour montrer une certaine satisfaction de révéler la chose, sans véritablement ressentir de la honte.
J'esquisse un soupir pour répondre à sa réplique, lui exprimant mon incapacité à briser ce qui me retient d'y croire, de croire en un avenir autre que celui qui est le mien.

Sa main sur mon épaule me donne un frisson. Je tourne la tête pour lui répondre d'un geste aimable en récupérant le linge et le cube pour poursuivre mon bain.
Du regard, je la suis, et reste en fascination devant son courage, devant ce qu'elle est tout simplement.
En attendant, je me frotte le torse, le ventre, les avant-bras, toujours avec une certaine appréhension, ressentant quelques picotements par endroits. Je m'amuse sobrement avec l'eau, je regarde avec une certaine candeur les gouttes qui coulent le long de mes blessures.
Avec morosité, je contemple les plaies, les morsures, les croutes, et les marques. Je pense aux mots d'Anaëlle, mon esprit se triture dans des idées qui retombent aussi vite sur ma triste réalité.

J'entends au loin la petite servante revenir. Lorsqu'elle franchit la porte, je la regarde avec émerveillement, comme un soleil au milieu des ténèbres. Dans ses bras, il y a des vêtements.
Avant même que je ne puisse la remercier, et me confondre dans des paroles maladroites elle me demande si j'ai eu le temps de m'occuper de ma mutilation.
Je me mets à rougir.
- Je n'ose pas la regarder... Je n'ai pas la force ni le courage... Cela me fait trop mal... Répondis-je d'une voix fébrile, en me confiant ouvertement néanmoins, car, je ne veux pas affronter cette vérité, je préfère la fuir, fuir ce que je suis devenu depuis ce jour.
Je fais glisser le cube sur un genou avec un certain dépit devant mon manque de volonté et d'ardeur à affronter ce qui m'arrive.

J'observe les vêtements qu'elle porte dans ses bras. Puis je plante un regard ordinaire dans celui de mon interlocutrice.
- Merci. Murmuré-je en inclinant la tête.
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMar 9 Fév 2021 - 14:16

Anaëlle sait. Les méchants aiment poser leur empreinte sur le corps ou l’esprit de ceux qu’ils soumettent. Elle porte encore ces marques, elle les cache, elle les dissimule aussi habilement que possible même si elle sait que tout le monde est au courant. Elle ne veut pas susciter la pitié en arborant ces choses qu’elle apprend encore à apprivoiser. Elle les a acceptées, évidemment, parce qu’elle a eu la chance de tomber sur la personne qui a pu voir au-delà de ces choses ignobles. La petite servante ne voit pas en quoi cela serait différent pour lui, pour ce voyageur mutilé.

Dans son esprit, ce n’est pas logique. Pourquoi les méchants gagneraient-ils ? Pourquoi Neera laisse-t-elle des choses pareilles arriver ? N’est-elle pas la DameDieu ? Pourquoi n’a-t-elle pas aidé ce garçon ? C’est ce qu’elle se dit en le voyant jouer innocemment avec l’eau de son bain comme s’il découvrait le plaisir de se fondre dans l’eau. Puis elle réfléchit encore et se dit enfin que peut-être est-ce justement la Dame qui a guidé ce garçon ici, afin qu’il reçoive des soins et de l’attention, un peu de respect. Tout comme elle a mis Efren sur son chemin… Peut-être. Quoiqu’il en soit, elle va tout faire pour l’aider parce qu’elle sait à quel point on se sent seul dans cette souffrance-là. Et ce n’est pas acceptable pour la rouquine.

- Je comprends…Je…Ce genre de blessure…Je ne suis pas très compétente pour les soigner. Les coupures, les brûlures, ça je peux, mais là…

Elle déglutit avec difficulté et pose les habits sur un tabouret.

- Je peux t’emmener chez notre guérisseur. Il est gentil, un peu bourru quand on ne le connait pas bien mais il est à l’écoute.

Elle a des pièces de côté, elle les dépensera pour lui s’il en a besoin, sans la moindre arrière-pensée ou le moindre regret. A priori, la dame de Fernel n’a pas soupçonné la gravité de la chose puisqu’elle n’a rien fait pour le faire soigner. Après elle imagine bien à quel point cela doit être gênant pour lui de parler de cela à une Dame…Alors Anaëlle ne dira rien. Elle le conduira là bas et payera ce qu’il faut, pour que Lince’Sa soit soigné correctement. Parce que c’est ce que font les gens bien, face à des atrocités et parce qu’elle sait qu’Efren serait sans le moindre doute du même avis qu’elle.

- Voici des habits propres et sans trous. Ils ne sont pas neufs mais ils te permettront de te sentir bien mieux.

Elle a un sourire gentil pour lui, de nouveau.

- Je te laisse t’habiller, d’accord ? Prends le temps de te sécher. Nous irons là bas juste après. Je suis dans la pièce à côté, ne t’inquiète pas.

La petite servante s’éloigne et va s’asseoir sur un tabouret, attendant qu’il la rejoigne. Le guérisseur va sans doute poser des questions mais elle fera en sorte de détourner son attention afin de ne pas gêner le voyageur. Et surtout elle lui fera promettre le secret.

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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMer 10 Fév 2021 - 10:31

Je ne sais pas quoi dire de plus que merci. En toute logique, elle me confirme qu'elle ne peut rien faire pour ma plaie. J'esquisse un faible sourire, comme pour la rassurer, lui faire comprendre que ce n'est pas grave. Je remarque qu'elle est mal à l'aise en déposant les vêtements sur un tabouret, alors qu'elle m'explique qu'elle pourrait me conduire jusqu'à un médecin qui pourrait peut-être me venir en aide.
Une idée qui me fait frémir ! Toutefois, en la présence de la jeune servante, je ne dis rien, je lui fais confiance, je lui confierai mes doutes, et mes craintes à ce sujet.

Elle me montre les habits, et m'annonce qu'elle va m'attendre le temps que je me prépare. Je pose les mains contre mon coeur qui étrangement semble avoir éloigné l'angoisse tant il bat à un rythme que je n'avais plus connu depuis un moment.
- Merci infiniment ! Je ne sais pas que dire, je n'ai rien à te donner en échange... Dis-je alors tout bas, pendant qu'elle s'éloigne et que je la regarde, attirer par la couleur vive de sa chevelure.
Je souffle un bon coup avant de sortir de la cuve. J'attrape une serviette que je pose sur ma tête et une autre que j'enroule autour de ma taille.

A cet instant précis, je me dis que c'est la première fois que j'ai parlé librement de tout ça, de ce cauchemar, et que cela m'a fait du bien même si ce bien ne me parait qu'infime et éphémère. Anaëlle a un quelque chose de si doux, de si gentil qu'avec elle la peur s'éloigne. Je pose un pied au sol, puis l'autre, et je frotte doucement ma tête avec la serviette, sentant encore quelques irritations et picotements. Des croutes semblent même se retirer.
Lentement, je descends pour me sécher. Ensuite, je profiter de l'odeur. Bêtement, je respire fort, je renifle, et je me laisse emporter par l'agréable fragrance qui émane de ma peau.
J'en viens à verser des larmes en voyant ensuite sur moi cette propreté qui vient entourer les nombreuses blessures.

Je sais que cela n'est qu'un rêve ! Qu'une simple bulle de savon qui éclatera lorsque je partirai d'ici, si seulement le temps pouvait s'arrêter. Je revois Berg'il en train de donner ce poison à mes confrères... Pourquoi ne m'en a t-il donné ?
Sans doute que Suliss a disposé sur moi un de ses sorts, pensé-je avant d'oublier, de me dire que je dois profiter de ma présence ici. Je tâte de mes doigts le tissu des vêtements, j'enfile les braies, les chaussures, et la tunique que je tapote doucement au niveau de mon torse. Cela me fait tout drôle. J'ai la sensation d'être quelqu'un d'autre.

Je sèche rapidement mes larmes, glisse mes mains dans mes cheveux que je secoue vigoureusement et avant d'un pas souple vers l'endroit où m'attend Anaëlle.
Elle est assise sur un tabouret, les mains sur les genoux. Je lui souris.
- Qu'en dis-tu ? Lui demandé-je sobrement en faisant glisser mes doigts fins et longiligne le long de mon torse.
Enfin, je me confie concernant la visite chez le médecin.
- Je ne sais pas si je serai capable d'aller voir un médecin... J'ai peur... Ce que j'ai pu te confier, je ne sais pas si je pourrais le confier à un homme... C'est que... Je fais une moue, c'est que j'ai honte tu vois... Soufflé-je en essayant de lui faire comprendre que je supporte mal la présence des hommes.
Je la regarde, et dans mes yeux, il y a comme une demande d'assistance, comme si je lui demandais d'être là pour m'aider à dépasser tout ça.
- Avec toi, je veux bien y aller quand même...
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMer 10 Fév 2021 - 14:33

Elle lui rétorquerait bien qu’elle ne fait pas tout cela pour qu’il la remercie mais parce qu’il en a besoin. Cependant elle ne dit rien, elle le laisse prendre son temps, faire connaissance avec ses nouveaux habits et prendre la mesure de son corps fraîchement lavé. Bien sûr, ce ne sera pas suffisant pour apaiser ses souffrances. Il a besoin d’un vrai guérisseur, quelqu’un qui pourra lui apporter une aide réelle, qui pourra le soulager au moins un peu. Louise lui a donné du pain, Anaëlle lui a donné du temps et de l’attention, il lui faut désormais des soins urgents.

Lorsqu’il revient, propre, décemment vêtu, Anaëlle se lève et le regarde avec un sourire gentil.

- He bien tu es très bien comme cela ! Regarde toi !

Elle est heureuse de le voir dans cet état, sincèrement contente de voir que cela lui plaît. Elle s’approche de lui et le regarde, avant de dire, de sa petite voix toute douce :

- Je comprends…mais tu n’as pas à avoir honte. Puis il est gentil. Il m’a soignée aussi, quand j’en ai eu besoin. Il t’écoutera mais ne jugera pas. J’en suis sûre !

La persuasion tranquille, l’obstination charmante. Voilà ce qu’est en cet instant la petite rouquine. Bien entendu, si cela le rebute trop fort, elle n’insistera pas. Le garçon a déjà eu son compte de souffrance physique et morale, elle ne lui en infligera pas d’autres. L’important est de tenter de l’aider et de lui apporter un soulagement, aussi petit soit-il. Quand il lui avoue qu’il veut bien s’y rendre si elle l’accompagne elle dit simplement :

- Je n’envisageais pas de t’y laisser tout seul…Viens avec moi. Si c’est trop difficile pour toi, nous nous en irons, ce n’est pas grave. Mais au moins, tu auras essayé !

Elle le précède, lui montrant le chemin vers la sortie, empruntant les vastes escaliers principaux pour sortir du château et de la première enceinte. De l’autre côté de l’épaisse muraille, le petit bourg aux maisons collées les unes contre les autres et aux petites fenêtres à croisillons. Il n’y a pas grand monde dans les rues, ce que ne manque pas de noter la camériste. Il règne plutôt une atmosphère étrange, un peu fébrile, comme si quelque chose d’important allait se produire. Une petite escouade de six ou sept gardes les dépasse en courant, se dirigeant vers l’enceinte extérieure. Anaëlle lève les épaules, se désintéressant de la chose pour l’instant pour emmener le voyageur dans une petite maison un peu à l’écart, la maison du guérisseur.

Elle frappe deux coups à la porte avant d’entrer, avec prudence. Une odeur d’herbes médicinales flotte dans l’air, dans une maison éclairée et chauffée, propre, très agréable à vivre bien que petite. Un petit homme est assis dans un coin, préparant un remède, ses besicles sur le bout de son nez crochu.

- C’est pour quoi ?
- M’sieur Sillas…Bonjour…Pardon de vous déranger mais mon ami est blessé. Pourriez-vous l’aider ?

Le vieil homme lève un instant la tête pour observer Lince’Sa, rapidement, puis reporte son attention sur sa préparation.

- Il a l’air d’aller très bien ton ami. De quoi s’agit-il au juste ?

Anaëlle pince les lèvres et regarde le voyageur avant de lui indiquer un tabouret, un peu plus loin. Elle attendra que le blessé soit assis avant d’approcher le vieil homme et de s’arrêter juste à côté de lui.

- M’sieur Sillas…Mon ami…Il a été brutalisé par des Drows je crois.

Le guérisseur a sursauté à l’écoute de ces paroles qu’il pensait ne plus jamais entendre de sa vie, tant que des petites feuilles s’éparpillent sur la table, tandis qu’il pâlit.

- Des Drows ???

Il se penche un peu pour regarder Lince’Sa, rapidement, puis revient à Anaëlle, en chuchotant.

- Il est encore en vie. Comment est-ce possible ??? Dame Louise a ordonné qu’on abatte les Drows et tout ce qui s’y apparente. Pourquoi me l’amènes-tu ici ???
- Parce qu’elle m’a demandé d’en prendre soin et qu’elle ne sait pas tout. M’sieur Sillas…

Anaëlle se saisit de la main du guérisseur et serre les doigts, un peu en panique là soudain :

- Il n’est pas méchant, il a été mutilé. Gravement mutilé…Je…C’est au-delà de mes compétences…Je ne peux rien faire pour lui et il est honteux. Il a peur et il est tout seul. S’il vous plaît…Je vous payerai. J’ai des économies…Aidez-le, vous voulez bien ?

Sillas est un vieil homme grognon qui n’aime pas être dérangé mais il n’est pas insensible à la souffrance des autres. Il sait aussi ce qu’à enduré Anaëlle au sein du château et il grommelle quelque chose dans sa barbe, quelque chose qui ressemble à un « d’accord ». La servante a un sourire lumineux et passe ses bras autour de son cou en murmurant un « merci ».

Le guérisseur se lève et approche de Lince’Sa.

- Alors mon garçon…De quoi s’agit-il exactement ? Mhhh ? Montre moi.
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMer 10 Fév 2021 - 15:10

Le son de sa voix semble me donner un brin de courage. Est-ce que je parviendrai à franchir le pas, à en parler à un homme ? Je ne sais pas. Ce qu'elle me dit réchauffe mon coeur, pour elle, je veux bien essayer. Oui, je veux aller le plus loin possible. C'est sans doute là, l'unique chose que je peux faire pour la remercier de ce qu'elle fait pour ma misérable existence.
Je pose mes mains sur mon torse, et la regarde dans les yeux avec une vive émotion.
- Alors je veux bien, et je te fais la promesse de faire ce que je peux... Réponds-je à voix basse, heureux de savoir qu'elle va m'accompagner, et m'aider par sa simple présence.

Elle me montre le chemin. Une ambiance étrange règne dans le bourg que nous atteignons après avoir traversé des couloirs, et des chemins diverses.
Des gardes nous dépassent, je me dis alors que ce sont peut-être les ordres de la Dame qui sont en train d'être exécutés. Je reste légèrement derrière Anaëlle, et plus nous avançons, et plus je ressens une certaine angoisse. Je baisse la tête, et esquive les maigres regards que nous croisons.

Nous arrivons devant une maison se trouvant un peu à l'écart du reste. La jeune servante frappe à la porte. Je me mets à trembler, je serre la mâchoire et sens mon coeur s'accélérer lorsqu'elle ouvre. Je la suis, je reste dans son ombre, je respire le parfum des herbes et des liqueurs, en somme tout ce qui fait le charme de la demeure d'un guérisseur.
Anaëlle prend la parole, et débute ainsi une discussion entre elle, et le propriétaire des lieux. Elle me désigne un tabouret qui se trouve un peu plus loin, à l'écart. De la tête je fais signe que j'y vais. Je comble rapidement l'écart qui me sépare du siège et y prend place. Je suis incapable de rester tranquille, je remue mes jambes en les faisant sautiller, je fais joue avec mes doigts nerveusement, je me ronge les ongles. Est-ce que je peux ? Je jette un coup d'oeil sur la porte avec l'envie de filer. Je me pince la lèvre inférieur, et je pose mes yeux sur le dos d'Anaëlle. Oui, je lui fais confiance !

Un bruit attire mon attention alors que je regarde la pièce. Le vieil homme est debout, et il s'approche en compagnie d'Anaëlle.
J'ai l'impression de me décomposer, mais je me bats pour ne pas fuir. Le guérisseur me pose alors une question. Celle que je redoutais. Celle qui fait s'abattre sur moi un fort sentiment de honte !
Je cherche de l'aide du regard en le portant sur la jeune femme. Je ravale ma salive, je déglutis.
- Je... Je cherche mes mots, je tends une main en direction de l'une de celle d'Anaëlle. Puis je me lève, complexé et confus. Est-ce que je suis capable ? Non, les mots ne veulent pas sortir ! Mes lèvres grelotent. Je tiens la main de la jeune femme, et j'utilise alors l'autre pour défaire mes braies d'un geste maladroit.

J'entreprends de les descendre, je cherche le courage à travers la lumière du regard azuréen d'Anaëlle, néanmoins, alors que j'ai pu les baisser juste assez pour voir ma mutilation, je tire les braies vers le haut, et me mets à sangloter sur l'épaule d'Anaëlle en serrant le tissu de mes braies si fort qu'elles se froissent. Les doigts de mon autre main enlacent aussi avec plus d'énergie ceux de la demoiselle... Est-ce que le docteur a vu ? Je ne sais pas...
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeMer 10 Fév 2021 - 21:17

La petite rouquine est juste à côté de Lince’Sa. Elle connait Sillas. Il est direct mais il connait bien son métier et s’il y a quelqu’un qui peut l’aider ici, c’est lui. Personne d’autre à Fernel ne pourra lui apporter de l’aide, hormis peut-être le capitaine mais il est fort demandé et elle doute qu’il soit aussi compétent que le vieil homme qui se tient devant le voyageur, les mains nouées dans le dos, attendant patiemment d’avoir une réponse à sa question.

Sillas observe le changement dans le visage de cet inconnu amené ici par la jeune Anaëlle et il a un regard un peu perplexe pour cette dernière. La camériste de la châtelaine plisse à nouveau les lèvres, ce n’est pas tellement à elle de donner les informations et aussi difficile que cela soit, il faut absolument que le jeune homme prenne sur lui, pour pouvoir mettre un nom, un mot sur sa douleur. Alors quand il cherche sa main, elle ne la lui refuse pas. Elle le soutient de cette façon parce qu’elle aussi, elle a du montrer à tout le monde l’état de son corps et endurer des douleurs terribles qui l’ont fait sombrer dans l’inconscience plus d’une fois.

Et pendant ces épreuves, elle aussi a eu droit à un soutien. Une main qui s’est tendue, qui l’a réconfortée et qui ne l’a plus jamais lâchée par la suite. Tout ce que Efren lui a donné, elle le rend un peu à ce garçon : un peu de courage, un peu de bonté désintéressée, un peu de soutien moral. Et cela a l’air de fonctionner puisqu’il se lève et qu’il défait maladroitement ses braies pour laisser apparaître, un bref instant, la mutilation qui le rend si honteux. Cela ne dure qu’un instant et pourtant Sillas a tout vu. Il ôte ses besicles, avant de se masser le menton, le regard éteint.

- Par tous les Dieux…Que ceux qui t’ont fait cela soient punis…C’est tout ce qu’ils méritent.

Il range ses grosses lunettes dans une poche de son gilet et dépose une main sur l’épaule de Lince’Sa qui est en train de pleurer dans les bras de la servante. Elle ne le repousse pas, elle l’accueille dans sa douleur et le laisse pleurer tout son saoul. Evidemment, elle a bien conscience que ce n’est guère décent mais elle n’a pas le cœur de le repousser. Elle le calme en le serrant contre elle, en parlant d’une voix douce et gentille, tout comme on l’a fait avec elle.

- Tout va bien se passer. Tu verras.

Sillas est étrangement silencieux. Il est déjà dans son coin à préparer des choses, à remuer des pots, à étaler des tissus fins, à faire bouillir de l’eau. Il a une petite toux pour attirer leur attention.

- Mon garçon, tu as eu bien du courage pour venir ici et me montrer cette plaie.

Il montre une paillasse rembourrée et confortable, non loin de l’âtre, lui indiquant par là qu’il peut s’y installer pour être soigné.

- Anaëlle, ce n’est pas tellement une place pour toi mais si tu veux rester pour l’aider, tu peux.

Il la regarde de biais.

- Je ne dirai rien à personne. Et garde tes pièces.

Le vieil homme retrousse ses manches et lave ses mains dans une petite bassine d’eau avant de s’asseoir sur un tabouret près de la paillasse, attendant que Lince’Sa veuille bien s’y allonger. La petite servante s’écarte un peu de du voyageur et murmure :

- Comment te sens-tu ? Si tu ne veux pas ce n’est pas grave…On peut s’en aller si tu ne te sens pas bien.
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MessageSujet: Re: Une escale heureuse ? [Fernel... Louise]   Une escale heureuse ? [Fernel... Louise] I_icon_minitimeSam 13 Fév 2021 - 10:11

J'entends les mots d'Anaëlle qui transpercent le son désagréable de mes larmes. Des mots qui irradient dans mon corps, qui apaisent mes sanglots. Le toussotement rauque du guérisseur attire mon attention, je le vois dans un coin en train de trifouiller ses affaires.
J'observe ensuite la paillasse qu'il me montre pour que j'y prenne place. Je renifle, je suis perdu, je ne sais pas si je peux.
La présence de la jeune femme m'apporte bien du courage, sans elle je ne serai jamais arrivé jusque là, j'en avais la certitude.

Lorsque le soigneur s'adresse à Anaëlle, je lui serre un peu plus fort la main, comme pour repousser la proposition, comme pour la pousser, peut-être égoïstement, à rester auprès de moi.
Tout semble prêt. Il n'attend plus que moi pour faire son travail. Je me pince les lèvres, plante mes yeux dans ceux d'Anaëlle alors qu'elle m'adresse quelques paroles. Je regarde ensuite la paillasse. Je souffle. Est-ce que je peux m'y allonger ? Je ne sais pas si je suis capable. Ma main qui retient mes braies, tremble.

Je me mordille la lèvre durant de longues secondes. Je me dis, qu'importe la honte, Suliss m'a dit que je ne suis plus rien. Alors, pourquoi hésiter ? Pourquoi ne pas m'allonger, puisque d'ici un jour ou deux, pour les gens d'ici je ne serai même plus un souvenir. Pourtant, il y a elle, Anaëlle, et cette lueur d'espoir qu'elle inspire à mon coeur.
Blême, je m'avance. Un pas. Puis un autre. Je regarde ensuite la jeune femme.

- Je... Je ne sais pas si je peux te demander ça... Mais... accepterais-tu d'être mes yeux ? Au moins au début, je n'oserai pas regarder, je le sais... Dis-je d'un air chagrin causé par la tristesse de ce manque de courage qui m'accompagne depuis de ce jour.

Mes yeux sont intenses, je sais que sans elle, je ne serais pas capable de le faire. Je laisse mes braies descendre le long de mes guiboles, dévoilant ainsi une partie de mon corps tout maigrichon, mais surtout dévoilant cette fois l'ampleur de ce que j'ai subi.
Je baisse les yeux, je ne veux pas voir le soigneur, j'ai peur de son jugement, d'un mouvement souple, je m'allonge dans le lit, et je me mets à greloter, je ne peux pas rester tranquille. Mes jambes sont légèrement écartées.

Je fixe le plafond et ne quitte pas des yeux une petite toile d'araignée. Est-ce qu'Anaëlle est là ? Je ne peux pas m'empêcher de revoir cette lame, ces yeux blancs, et sans vie et ce mouvement si vif, et sans hésitation.
Je tends une main incertaine pour que la jeune la prenne, puis je ferme les yeux en soufflant un bon coup, une larme commençant à perler le long de ma joue droite avant que tout commence.
J'ai peur du verdict, d'entendre la vérité, de savoir ce que je sais déjà et que je rejette...

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