Quand de vieilles retrouvaillent amènent une idée folle [Nakor]

4ème jours de la 1ère ennéade de Favrius
An 20 du Cycle XI

Le couronnement de Sa Majesté s'était bien passé, mais la capitale ne désemplissait pas. Il faut dire qu'il allait y avoir un mariage ducal, ce qui n'est pas quelque chose qui arrive tous les jours. Tout le gratin est donc resté, sans doute invité par un tel évènement. L'on parle même dans les rues des nains qui ont marqué tous ceux qui les ont vu. Race guerrière, Jérôme aimerait bien en affronter un, en toute amitié, quelques échanges afin de parfaire encore et toujours son savoir en matière de duel et de combat. Croiser le fer est la seule chose qui lui donne un sentiment de bien être ces derniers temps, il s'adonne donc à cet art avec outrance, cherchant à la parfaire encore et encore pour atteindre un niveau tel qu'on en a encore jamais vu en péninsule, recherchant des adversaires toujours plus fort. C'est très orgueilleux, mais même s'il n'y parvient pas, vu les légendes qui ont existé, il fera tout pour se hisser au niveau de ces gens, et d'essayer de les dépasser. Il ne compte d'ailleurs plus le nombre d'épées d'entrainement qu'il a émoussé, usé, et même cassé à force de s'entrainer. Les adversaires qui lui tiennent tête dans son entourage sont de plus en plus rares, voir quasi inexistant, il s'est donc décidé, dès qu'il le pourra, à voyager pour chercher à étancher sa soif.

Lui même est aussi invité au mariage, non en raison de son titre, mais par la future mariée avec qui il a croisé le fer à Serramire. Un aussi bon que très mauvais souvenir par ailleurs, alors qu'il avait rencontré Enguerrand, un maitre d'arme extraordinaire, mais également un moment ou il avait une fois de plus perdu le contrôle sur lui même, et failli commettre l'irréparable avec la Dame de Fernel. Celle-ci l'a d'ailleurs étonné par son savoir et sa dextérité. Il doit vraiment parvenir à régler ses problèmes avant de vouloir seulement toucher son ambition du bout du doigt.

Alors qu'il repense à tout cela, il avance dans les rues bondées, devant se frayer un chemin difficilement quand il aperçoit la pointe d'un chapeau qui dépasse de la foule. Ce genre de couvre-chef n'est pas des plus communs, ce qui l'amène à jouer des coudes pour se rapprocher de celui ou celle qui le porte, par curiosité. Y parvenant enfin, il découvre un homme qu'il connait, pas intimement, mais avec lequel il a guerroyé, et tout le monde sait que se battre cote à cote tisse des liens. La magie, discipline peu appréciée dans le nord, avait été on ne peut plus indispensable dans la dernière guerre d'Oësgard lorsque des zombies avaient attaqué la Baronnie. Jérôme avait peu d’aprioris sur la magie, et l'indispensabilité de cette art ne l'avait pas laissé indifférent, même s'il sait que nombre de ses compatriotes n'aiment toujours pas cette discipline. Il se décide donc à saluer le vieil homme comme un frère d'arme

"Nakor ! je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici, que diable faites vous donc la ?"

Bien que peu au fait de tout ce qu'il s'est passé depuis son abdication, il n'est tout de même pas resté cloitré, il sait donc que le Mage est Régent de Naélis

"Mon ami", voila un mot qu'il n'a plus entendu depuis fort longtemps. Est-ce parce qu'il s'est renfermé sur lui même, ou juste parce que tous ses amis sont morts ou l'ont abandonné ? à moins que ce ne soit lui qui s'est éloigné d'eux pour quelques raisons obscures. Cela le touche inconsciemment d'entendre cela en tout cas. Par contre quand il entend le mage dire qu'il ne s'attendait pas à le voir, cela le fait sourire. Un Maréchal du Roy à plus de chance d'être aperçu à Diantra, surtout juste après un couronnement qu'un mage expatrié Régent d'une cité lointaine. Tous les mouvements et les mots de Nakor sont forts. Il est exubérant, mais dans la bienveillance, et sa présence est réconfortante, agréable, apaisante peut être, ce qui est assez rare pour les mages en règle générale. Jérôme rit de concert avec son interlocuteur

"Muri ? j'ai vieillis oui, il ne faut pas hésiter à le dire."

Cela fait quelques années qu'ils ne se sont pas vu, et le bougre, lui, n'a pas changé. Jérôme n'a jamais su si ce qu'il dit sur son âge est réel ou si c'est un facétie de sa part, mais cela fait bien longtemps qu'il semble être aussi âgé. Quand à l'allusion à son allure sportif, il est certain que vu tous les entrainements auxquels il s’astreint, il est difficile de faire du gras comme l'on dit parfois chez ceux qui prennent du ventre. Le châtelain s'entretient sans aucun doute, et avec tous ses exercices et duels, il est sans doute même au sommet de sa forme

"L'escrime maintien en forme en effet, c'est mon secret."

Les nouvelles ! mais c'est qu'il s'en est passé des choses depuis la guerre d'Oësgard qui avait vu toutes ces engeances maudites déferler sur la Baronnie. Cette bataille épique qui avait eu lieu et où ils s'étaient battus cote à cote

"J'ai tout le temps que je veux Nakor, je serais ravis de prendre un verre avec vous. Allons donc à la taverne du coin, je n'ai absolument rien à cacher. Et vu que c'est vous qui offrez, je ne vais pas m'en priver"

Il rit de nouveau en disant cela, qui est sur le ton de la boutade bien entendu

"Je ne sais même pas ce que vous savez ou non...déjà je ne suis plus Baron d'Etherna, j'ai abdiqué et je me consacre à mes trois châtellenies au sein du duché de Serramire. J'ai quatre enfants également, et je pense avoir déjà fais le tour, il n'y a plus grand chose à dire quand on abandonne les responsabilités."

Il y avait bien entendu mille et une choses à dire encore, mais Jérôme ne voulait pas s'étendre sur lui, même. Peut-être même qu'au fond, cela n'intéressait pas le mage. Ils avaient le temps pour approfondir plus si besoin. Il revient sur une phrase qu'il a dit plus tôt

"Qu'en est-il de vous ? vous disiez que vous aviez des choses à me dire, je vous écoute, racontez moi donc toutes vos pérégrinations."

Jérôme est resté relativement peu disert sur sa vie, ne pensant pas que cela passionnerait quelqu'un comme Nakor, qui a un passé bien plus rempli qu'un homme qui est devenu un simple châtelain. Mais c'est sans compter l'affabilité du magicien et son empathie pour les gens. La question de savoir la raison qui l'a poussé à abdiquer le ramène à de mauvais souvenirs. Un air sombre s'abat sur son visage

"J'ai abdiqué parce que j'ai été écœuré de bien des choses, dont certaines de mon fait. Une des raisons premières par exemple, lorsque je suis devenu Maréchal du Nord au nom de la Couronne, la Régente Arsinoé m'a imposé de rendre hommage au Roy directement, me délivrant de mon serment envers Odélian. Malheureusement, bien qu'étant un ordre royal, cela est resté perçu comme un parjure, et beaucoup de sang à découlé de mon acceptation. Je n'aurais sans doute pas du, mais j'ai vu une opportunité pour aider le fils de Grégoire, fragile comme héritier du Comté, d'une autre façon qu'en étant son vassal. Le fait qu'Aymeric me donne également trois seigneuries à Serramire m'amenait à avoir plusieurs suzerains, ce qui était bien difficile à gérer. J'ai donc choisit la facilité en abdiquant."

Le Magister en vient même à l'interroger sur sa famille, ce qui redonne des couleurs au Seigneur, une lueur de fierté brillant soudainement dans les yeux

"Nous avons d'abord eu Thibaud et Constant, des jumeaux qui ont 8 ans, puis ensuite Camille et Héloïse qui ont 5 ans, des jumelles"

Avoir deux fois des jumeaux étaient assez rarissime, mais le destin en avait voulu ainsi, et il est heureux.

"Cela amène effectivement beaucoup de vie au château, c'est indéniable, ils savent de tout temps comment rendre fou les serviteurs et moi même" Jérôme rit en disant cela "ils sont expert en bêtises mais c'est très rafraichissant."

Il écoute Nakor faire le récit des récents évènements. Jérôme a entendu parler de cette guerre, mais tardivement en raison de son retrait, et de son implication dans les affrontements contre les Wandres et les gobelins. Il entend des choses qui ravivent des souvenirs de la guerre contre les drows en Oësgard. La magie, cet art que le nord péninsulaire déteste tant, et qui pourtant revêt une importance capitale dans certains conflits. Les elfes et les sombres sont experts dans cette pratique et le Royaume est bien démuni s'il devait y faire face. Nakor avait d'ailleurs était des plus efficace lors de la guerre oësgardienne, et il est navrant que cet homme, ancien dirigeant de l'Arcanum, se soit exilé à cause d'un mensonge éhonté. Vu ce qu'il entend, les chances de le voir revenir sont faibles, mais l'on récolte ce que l'on sème, dit-on. Le malheureux avait perdu sa guilde, et le voir retomber sur ses pieds à Naélis est un soulagement.

"J'ai entendu parler de l'affrontement qu'il y a eu, mais tardivement. Si j'avais su cela plus tôt, et que vous étiez dans le besoin, je serais venu vous aider, je vous l'assure"

Une bonne guerre est ce que Jérôme apprécie le plus, malgré son ressentiment à perdre des compagnons d'arme. C'est malheureusement dans cet élément qu'il se sent le plus épanouit

"C'est sans doute une grande perte que d'avoir perdu leur Reine après leur Roi, mais votre sagesse saura sans nul doute les guider dans cette reconstruction, et se renforcer."

Jérôme absorbe ce qu'il entend, et il y a plusieurs lignes directrices qui émergent de son esprit concernant le Mage

"Je suis en effet venu à Diantra pour le couronnement. Etant Maréchal du nord pour sa Majesté, il était impensable de ne pas être présent. J'espère ardemment que le Royaume dispose à sa tête d'un Roy qui saura le diriger vers la grandeur. La résurrection suite à l'apparition de Nééra amène de grand espoirs à son encontre. Mais dites-moi Nakor, comptez vous le rencontrer ? après tout vous êtes maintenant à la tête d'une cité majeure remplie d'humains, et parvenir à une entente serait un bienfait, ne pensez vous pas ?"

Ses projets ? il en a en effet, et pas des moindres, même si ceux-ci sont compliqués

"Quand à moi, je ne retournerais pas à Serramire tout de suite, je compte voyager, en commençant par me rendre en Anaëh. C'est que voyez vous, j'ai décidé de me lancer dans une quête personnelle visant à m'emmener au sommet de l'art du maniement de l'épée. Voir du pays et rencontrer de nombreuses personnes devrait me permettre d'en apprendre toujours plus"

Déjà excellent bretteur, avec de nombreuses victoires, autant en duel que sur des champs de batailles ou l'on risque sa vie, Jérôme fait sans doute partit des meilleurs bretteurs péninsulaires, mais il reste humble malgré tout, et il sait qu'il y a de par le monde des gens qui sont plus fort que lui. Les races non humaines, avec une espérance de vie plus longue, sont surement dotées de beaucoup de gens plus doués que lui.

Entendre parler de magie, et évoquer ses ambitions lui rappellent d'ailleurs une discussion avec le forgeron de Froissart qui pestait devant une épée qu'il lui amenait, une énième à avoir cédé après tant d'exercices et de combats de la part de son Seigneur. L'homme en question lui avait lancé, avec amertume et amusement qu'il devrait se procurer une épée magique qui ne s'abimerait et ne se casserait jamais, et pourquoi pas qui couperait tout. La magie ayant la réputation que tout le monde connait dans le nord, c'était bien entendu une mauvaise blague, mais maintenant qu'il a l'illustre personnage qu'est Nakor devant lui, le Seigneur se dit qu'il n'y a pas meilleur source d'informations que lui sur ce sujet

"Dites moi Nakor, parmi tout le savoir qui est le votre, connaitriez vous une épée magique quelque part ? ou la manière de m'en procurer une ? c'est que voyez vous, j'ai la fâcheuse habitude de casser ou d'user à outrance les miennes, et mes forgerons vont finir par me détester"

Naturellement il sourit une nouvelle fois en évoquant les forgerons, tant qu'il les paie, ils ne vont pas le détester, c'est juste pour marquer le fait qu'il a une consommation excessive d'épées.