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 Au coeur de la tempête [Louis]

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Adélina
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MessageSujet: Au coeur de la tempête [Louis]   Au coeur de la tempête [Louis] I_icon_minitimeDim 3 Déc 2023 - 11:13




Fin de journée, Tahiro, Huitième ennéade de Favriüs,
Ydril-la-ville, Comté d'Ydril




Les quatre jours de trajet s'étaient fait relativement vite. Il fallait dire que la cogue Soltarii était presqu’un l’équivalent d’un château sur l’eau. La cabine était finement décorée, ornée de détails sculptés à même le bois. Des tapisseries ornaient les murs alors que le mobilier à lui seul devait avoir coûté une petite fortune. Adélina s’était demandée de maintes fois si tout ce faste était réellement nécessaire, si tous ces efforts n’auraient pas pu être utilisés autrement. Le contraste entre cela et la cabine du boutre mécan sur lequel elle avait séjournée n’avait pas pu être plus différent. Néanmoins, l’équipage s’était rapidement activé, magnant le vaisseau avec une précision des plus chorégraphiées. Les marins, vêtus de tenues nautiques usées par le temps, manœuvraient les cordages avec une habileté héritée de générations de marins. Le capitaine, une silhouette imposante et résolue, se tenait sur le pont, scrutant l'horizon avec un mélange de détermination et d'anticipation. Leur navire n’ayant plus de secret pour eux, la duchesse prit un certain plaisir à les observer, n’hésitant guère à poser d’innombrables questions au Capitaine qui lui se trouva flatté d’avoir autant d’attention de la belle. Le jour, il était devenu normal de voir la duchesse sur le pont, n’observant pas le paysages changeant qui s’offrait à elle, mais le navire et ses activités. La nuit par contre, la duchesse se retirait dans ses appartements avec son cousin. Les deux échangeant pendant de longues heures sans laisser entrer personnes. Une vision pas nécessairement rare pour ceux qui connaissaient les liens familiaux des Lourbier, mais qui semblait déranger quelque peu certaines personnes de la suite de la Duchesse, qui voyait là une potentielle mine d’information.



Et lorsque le navire accosta finalement à Ydril, la jeune femme put finalement constater que son arrivé avait été planifié en grande pompe. Le comte, lui-même était venu l’accueillir au port, accompagné de sa suite. Gracieusement, la duchesse, drapée dans une somptueuse robe de soie rose et de broderie d’or descendit du vaisseau avec une élégance majestueuse. Ces longues boucles brunes, laissées libres, virevoltaient grâce à l’air salin. Une tenue qui, malgré les innombrables détails, semblait bien sobre pour une duchesse. Pas de tiares, que quelques bijoux qui avaient une signification particulière. Les regards curieux convergèrent vers elle, tandis qu'elle avançait avec assurance, laissant dans son sillage une aura de raffinement et de prestige. Le changement de mer à terre ne semblait même pas l’avoir affectée. La nordienne s’avança tranquillement vers le Comte avant de finalement le saluer ; « Votre Grandeur » Commença-t-elle avant de lui tendre délicatement le dos de sa main afin que ce dernier la salue. « Je vous remercie encore une fois pour cette invitation. J’ose espérer que nous pourrons bâtir des fondations solides pour votre règne. » Son regard se déplaça doucement vers le côté, la jeune femme inclina la tête devant le noble non loin du Comte. « Messire Louis. » Le salua-t-elle avant de fuir rapidement son regard pour retrouver celui de Norbert. Étonnamment, la jeune femme avait réussi à conserver son calme, camouflant la tristesse qui semblait avoir remonté alors qu’elle avait aperçu le jeune homme. Oui, c’était définitivement pour le mieux.

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Louis d'Ydril
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MessageSujet: Re: Au coeur de la tempête [Louis]   Au coeur de la tempête [Louis] I_icon_minitimeDim 3 Déc 2023 - 12:19


L’éclaireur sortit du salon à la table ovale sous le regard de l’archonte, qui se détourna pour observer par la grande fenêtre l’océan sous ses yeux. Le navire de la prétendue duchesse avait été repéré, et il arriverait dans quelques heures, il était temps de l’accueillir comme il se doit. Enfin, le jour approchait où le duc lui laisserait sa place, et Soltariel s’inclinerait lui. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. L’idiotie d’Adriano aurait causé sa perte. Tout était prêt, il n’avait plus qu’une chose à faire. Rajustant sa tenue, il sortit à son tour de la pièce pour se diriger vers la fauconnerie, donnant au passage l’instruction de prévenir sa suite de préparer l’arrivée de la duchesse à l’un des majordomes du palais. Il attacha lui-même la missive qui partit pour Soltariel dans l’heure. Il regarda le faucon partir jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision, et prit la route du port. Le groupe de nobles et de gardes n’eut pas à attendre longtemps. Le navire accosta, et la duchesse et sa suite en descendirent d’un pas aisé pour certains, moins pour d’autres. Norbert s’inclina le premier, imité par ceux qui l’entouraient.

« Votre Altesse, j’espère que vous avez fait bon voyage. Les discussions qui nous attendent me font trépigner d’impatience. Je vous en prie, veuillez nous suivre, nous serons plus à l’aise au palais. »

La voix de son frère fit frémir Louis. N’importe qui se sentirait flatté par ses mots, son sourire charmeur, son visage rassurant et ses gestes invitants. Il était le seul à le connaître suffisamment pour reconnaître dans son ton mielleux que quelque chose se tramait : il l’avait vu à l’œuvre suffisamment de fois dans leur passé. Le jeune homme n’avait pas connaissance de la suite de son plan, il savait juste que quand Adriano arriverait quelques jours plus tard, le garçon devait se tenir prêt, lui et son équipe. Il avait fini par payer une petite compagnie de trois mercenaires au teint mat qui feraient parfaitement l’affaire. À eux quatre, ils n’auraient aucun mal à maîtriser le duc une fois qu’il serait presque seul. Louis répondit au salut de la dame par une légère formule de politesse. Il ne la regarda pas dans les yeux, se contentant d’observer un point au-dessus de son épaule. La revoir ici lui provoquait des sentiments très contradictoires qu’il avait du mal à garder pour lui. Il se pencha donc à l’oreille de son frère et lui dit à voix basse :

« J’ai quelques détails à régler avec Félix. Je te retrouve tout à l’heure. »

Norbert acquiesça et regarda le comte héritier s’excuser auprès de la suite ducale avant de s’éclipser sans se retourner. Il le regarda une seconde de trop, avant d’offrir son bras à la duchesse pour la guider hors du port, vers le palais qui les attendait. La populace autour de la procession ne faisait que grandir, et des applaudissements et acclamations se faisaient entendre dans tout Ydril. Ils célébraient l’arrivée de la nouvelle duchesse, et de l’alliance qui se formait entre l’archonte et elle, perspective d’un avenir heureux et paisible. Les gardes qui entouraient et protégeaient les nobles semblaient sur les nerfs, mais à part quelques villageois un peu trop enthousiastes, il n’y eut pas de débordement, et ils arrivèrent sans problème au palais du comte. Quelques valets les attendaient. L’archonte prit alors la parole, élevant la voix pour que tous l’entendent.

« Je vous en prie, prenez le temps de vous remettre de ce voyage. Nous dînerons tous ensemble dans quelques heures, la noblesse ydrilote est heureuse de vous recevoir dans notre merveilleuse cité. Nous espérons que vous y passerez un excellent séjour. »

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Adélina
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MessageSujet: Re: Au coeur de la tempête [Louis]   Au coeur de la tempête [Louis] I_icon_minitimeLun 4 Déc 2023 - 10:56





La jeune femme reprit rapidement son sourire avant de s’accrocher légèrement au bras tendu pour le Comte, le touchant à peine. Tout cela lui semblait si faux et lorsqu’il la guida au travers des rues, elle eut l’impression qu’on paradait comme un trophée. Néanmoins, cette dernière ne montra guère ses pensées, saluant les gens qui étaient venus la voir, attrapant certaines fleurs que des enfants lui tendaient. C’était un peu... Trop. Cette démonstration se termina alors qu’ils arrivèrent finalement au palais du comte. Adélina lâchant rapidement le bras de ce dernier, le laissant à nouveau faire son numéro. Définitivement, elle avait l’impression que le Comte avait de multiples personnalités. Il y a quelques ennéades, ce dernier ne l’avait même pas regardé une seule fois pendant son banquet - et là maintenant qu’elle était Duchesse - ce dernier prenait un malin plaisir à écouter ses conseils et à la mettre sur un piédestal. Pour elle, Norbert était un de ces nobles exécrables et profiteurs pour lequel seul le titre importait. Peut-être était-ce la faute d’Antioche? Mais ce dernier essayait trop. « Je vous remercie, Votre Grandeur. Je vous rejoindrais sans faute. » Sans attendre, la jeune femme suivit un des valets qui la mena à ses appartements.



Là, les heures passa lentement. La jeune femme profita d’un bain chaud, laissant ses pensées vagabondés. Plusieurs fois l’expression de Louis était revenue à son esprit, et plusieurs fois elle l’avait chassée, regrettant presque sa visite dans le Comté. Puis, une de ses servantes vint l’aider, coiffant ses longues boucles brunes en un chignon savamment négligé, laissant certaines boucles brunes encadrer son visage. Sa robe était digne d’une duchesse. Cadeau de son mari, elle était faite de la plus fine soie lavande du langecin, cintrée au buste, cette dernière se déployait gracieusement au niveau de ses hanches alors que des broderies argentées et des paillettes encadraient parfaitement les courbes de la Duchesse. Elle venait à peine de terminer qu’un valet ne vint à nouveau la quérir, lui annonçant que le dîner allait être bientôt servi. Sans attendre, cette dernière le suivit pour arriver dans la salle à dîner. La jeune femme salua les nombreux nobles qui étaient déjà là, certains qu’elle reconnaissa pour les avoirs vu au banquet Ydrilote. Le Comte n’était curieusement pas arrivé, mais la Duchesse n’en fit guère d’émoi, parlant sans aucun problème avec les quelques Seigneurs et Dames présents dans la pièce.

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Louis d'Ydril
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MessageSujet: Re: Au coeur de la tempête [Louis]   Au coeur de la tempête [Louis] I_icon_minitimeLun 4 Déc 2023 - 17:55



Louis arriva au moment où la duchesse posait ses nobles fesses sur sa chaise confortable. Il l’avait vue arriver, et avait attendu discrètement pour ne pas avoir à partager ce bout de chemin qui menait à leurs assises. La voir dans cette robe si belle aux détails saisissants fit bondir son cœur, et il réprima ce sentiment de mélancolie qui tenta de le submerger. C’est soupirant qu’il franchissait les portes de cette salle qu’il commençait à bien connaître, maintenant. Il salua respectueusement les nobles présents un par un, les appelant tous par leur titre et leur nom qu’il avait révisés avec un précepteur quelques heures auparavant, avant de s’installer en face du siège vide à côté d’Adélina. Il lui adressa un signe de tête en l’inclinant légèrement.

« Ma dame, vous êtes toujours aussi rayonnante. Je suis ravi de vous revoir. » Le ton de sa voix contrastait avec ses mots. L’enthousiasme n’était toujours pas revenu, et il avait du mal  à tenir son regard. « Vos devoirs en tant que duchesse ne bousculent-ils pas trop votre vie ? »

La jeune femme ne manqua guère l’expression de son ancien amant. À travers cette froideur, elle put voir la tristesse, la rancœur. Adélina ne put s’empêcher de déglutir, et pendant une courte seconde il put voir la peine qui l’habitait. Le mal que tout cela lui avait fait. Elle s’en voulait. C’était clair. Mais la nordienne ne pouvait revenir derrière et elle devait vivre avec les conséquences de ses actes. Reprenant rapidement constance, Adélina inclina doucement la tête, avant de répondre à son tour : « Tout le bonheur est pour moi, Messire Louis. J’espère que votre voyage de retour s’est fait sans anicroche. »

La mélancolie de la duchesse ne passa pas inaperçue. Pendant cette fraction de seconde, Louis pensa qu’elle regrettât sa décision, qu’elle s’en voulût, qu’elle le désirât de nouveau, chimère de plus d’une imagination irrationnelle. Il secoua doucement la tête lorsqu’elle parla de son voyage. « Malheureusement, messire Grégoire et moi-même avons dû nous défendre contre une famille de voyous qui nous ont attaqué sur la route. »

Elle aurait voulu lui dire qu’elle avait prié pour lui. Prié pour sa sécurité au travers de ces routes dangereuses, mais elle se retint. « Quant à mes devoirs, je dois vous avouer qu’ils ne me sont guère différents de ceux que j’avais précédemment. La seule différence est que j’ai quelqu’un à mes côtés pour les partager. » Répondit-elle simplement, n’osant guère lui avouer la nouvelle qu’elle avait apprise il y a quelques jours.  « Quant à vous, comment se portent vos affaires? Catarina m’a mentionné que vous aviez d’innombrables projets ensemble… »

Louis lui rendit un léger sourire presque désolé. Il se rappelait ses paroles la nuit de leurs retrouvailles, l’absence d’affection du duc envers elle, et ce besoin qu’il avait compris dans son ton et dans ses gestes. L’image nette de son visage à l’expression bien différente pendant leurs ébats lui revint alors, et il avala d’un trait son verre d’eau pour la chasser de son esprit. « C’est étonnant, je pensais que le rôle d’une duchesse différait beaucoup de celui d’une baronne. Enfin, c’est peut-être mieux ainsi. Oui en effet, dame – il insista sur ce mot – Catarina m’a partagé certains de ses projets qu’elle désirerait mener pour sécuriser le royaume. Je pense qu’ils peuvent porter leurs fruits. Ajoutant à cela le renfort militaire aux milices des villes et aux patrouilles circulant dans le comté, je n’ai aucun doute quant à la sécurité de nos terres dans les prochains mois, mais d’ici là, la prudence reste de mise. »

Adélina eut l’impression que son sang se glaça en attendant que le jeune homme s’était de nouveau fait attaquer. Son regard devint inquiet, avant de détailler doucement Louis pour s’assurer qu’il allait bien. Elle ne croyait pas l’avoir vu blessé alors qu’il s’approchait - ce qui la rassura quelque peu. Quant à la réplique au sujet de sa belle-fille. Adélina ne put qu’acquiescer avant « Si je peux vous être d’une aide quelconque - n’hésitez pas à me quérir. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider. »

Louis s’apprêta à répondre quand les portes de la salle s’ouvrirent de nouveau, et toutes les têtes se tournèrent vers le nouvel arrivant.



***



Dans l’un des salons du dernier étage du palais, trois nobles penchés conversaient et complotaient à voix basse, en visible désaccord. Le plus jeune d’entre eux, Norbert d’Ydril, serrait les dents, dominant de son rang ses deux conseillers qui appelaient à la prudence.

« Il faut frapper fort, et vite. Si la duchesse s’aperçoit de quoi que ce soit, nous courons droit à la catastrophe. »
« Votre Grandeur, ayez patience. Il n’y a pas de raison de s’affoler. »
« Adélina ne se doute de rien. Dans peu de temps, elle sera à votre merci, et le Duc pliera les genoux et suppliera pour sa vie. »
« J’ai peu d’espoir que tout se passe aussi bien. Il y a toujours un élément perturbateur, messieurs. Toujours. Et je ne vois pas quelle forme il va pouvoir prendre. »
« Votre inquiétude est bien placée, mais nous avons tout prévu. Vous avez le soutien des puissantes maisons ydrilotes, et vous êtes dans votre droit. »

Norbert sembla hésiter. Il n’était de toute façon plus temps de reculer. Patienter encore deux jours, faire semblant, donner le change face à la duchesse… Était-ce vraiment dans ses cordes ?

« Vous en êtes capable, Norbert. Vous nous l’avez déjà prouvé. » Le jeune homme soupira et sentit la main rassurante de son conseiller lui presser l’épaule. « Allez donc la rejoindre au dîner, elle vous attend. »

Rajustant une nouvelle fois sa tenue, l’archonte acquiesça et fila, sous le regard attentif de ces deux hommes mûrs. Il descendit deux par deux les marches de l’escalier qui menait jusqu’au rez-de-chaussée, et suivit le tapis rouge qui menait vers la salle d’audience transformée pour l’occasion en grande salle à manger. Une vingtaine de nobles l’attendaient déjà. Deux tables de dix avaient été disposées presque côte-à-côte, l’une d’elle avec la haute noblesse ydrilote et la duchesse, l’autre composée des seigneuries moindres qui avaient fait le déplacement pour voir la nouvelle suzeraine de leur comte. Norbert frappa des mains en approchant et fit un grand sourire aux convives qui s’étaient tournés vers lui et s’exclama d’une voix forte :

« Messires, mes dames, veuillez m’excuser pour mon retard ! Je vous en prie, mangez, buvez ! Il est grand temps de souper ! » À grandes enjambées, il rejoignit sa place aux côtés de la duchesse et face à son frère, qui était arrivé tout juste après elle, et s’inclina avant de s’asseoir. « Mes respects, votre Altesse. La traversée du Garnaad n’a pas été trop longue ? J’espère que vos appartements vous conviennent ? »

La nordienne n’eut pas l’air énervée pour le moindre du monde alors que le Comte s’asseoyait à ses côtés en s’excusant pour son retard. Après tout, les aléas d’un dirigeant demandait parfois une attention particulière au moment les plus impromptu. Reportant son regard azuré vers le Comte, Adélina reprit rapidement la parole; « Il n’y a rien à pardonner, Messire. Je ne connais que trop bien les aléas de la noblesse pour vous reprocher un quelconque retard. » L’archonte lui sourit en lui rendant son même regard. « Tout de même, j’essaierais de me faire plus ponctuel à l’avenir. Dans mon patelin, l’homme qui fait attendre la femme n’est pas bien vu, et une telle que vous mérite d’étre à l’heure, sinon en avance ! »  

Adélina ne put s’empêcher de faire un léger sourire, pinçant légèrement les lèvres, comme ennuyé par un tel compliment. C’était une technique typiquement suderon… Flatter la beauté, l’ego de son invité pour pouvoir l'amadouer. Adélina avait remit à sa place le Duc la première fois qu’il avait fait cela avec elle, lui rappelant qu’elle n’était pas l’une de ses jouvencelles que l’on pouvait flatter avec un ou deux compliment bien placée, mais elle ne répondit rien au Comte.

Elle remercia d’un sourire un serviteur qui lui servait du vin, avant de prendre doucement le verre d’eau juste à côté pour le porter à ses lèvres, buvant une gorgée, cette dernière reposa doucement le verre de cristal avant de recommencer; « La traversée s’est faite rapidement et sans encombre. Il se trouve que le Duc a doublé la garde qui m’accompagne. Ce dernier semblait très perturbé par les récentes attaques. Quant à mes appartements… » La nordienne retourna son attention vers le Comte avant de continuer; « Je vous avoue que je n’ai guère besoin de beaucoup pour être contenté, mais je vous serai éternellement reconnaissante pour les efforts que vous avez fait. »

Les louanges de la duchesse firent mouche auprès du comte qui s’inclina de nouveau, les joues rosissant subtilement. Il imita son interlocutrice en buvant une gorgée d’eau sans toucher à son vin. « Il est vrai que les attaques sur nos routes m’inquiètent tout autant. Il est temps qu’on s’occupe sérieusement de ce problème, ce n’est pas acceptable pour un comté comme le mien. » Adélina jeta un rapide coup d'œil vers Louis, espérant attraper son regard avant de retourner son attention vers ce voisin de table. « Comment va ce cher Messire d’Essenburg ? S’est-il remis du mal qui l’accablait ? »

Louis ne l’avait pas quittée du regard depuis l’arrivée du noble. Ses yeux pétillants l’envoûtaient, le mouvement de ses lèvres quand elle parlait le captivait, et sa voix le berçait. Quand elle le fixa à son tour, il cligna des yeux et réagit une seconde trop tard en éloignant son regard du sien, avant d’engager la conversation avec son voisin de table, le seigneur de Cloyi, qui n’avait pas pu assister au mariage du duc et qui se retrouvait directement face à la duchesse. Norbert, qui ne remarqua toujours rien, pris dans ses propres réflexions, finit par répondre en soupirant :

« Messire d’Essenburg ne va pas mieux, non, les médecins pensent que c’est son foie. Je ne vais pas vous faire un dessin, il a perdu beaucoup de poids récemment et est très faible. J’ai peur qu’il ne nous quitte très prochainement. »

Des mensonges bien inventés. Il n’avait pas rendu visite à ce cher Antioche depuis longtemps, qui croupissait encore dans la geôle la plus profonde du palais. Louis ne manqua rien de cet échange, mais fit mine de ne pas réagir. Ce n’était absolument pas l’excuse que lui avait donnée son frère. Pour lui, Antioche était parti voir un proche souffrant à Diantra. Avait-il dû s’en débarrasser ? Pourquoi ne pas avoir averti le cadet, dans ce cas ? Ses questions lui firent perdre le fil de sa conversation, et il dû demander au seigneur de répéter pourquoi ses côtes étaient plus en sécurité que les leurs.

Adélina perdit rapidement son sourire, portant son regard vers le Comte avant de rétorquer: « Vous m’en voyez désolée, Messire. Si je peux vous être d’une quelconque aide dans les prochaines ennéades je vous en prie de me le faire part. Après tout, je suis ici que pour vous aider. » Enfin, c’était ce pourquoi elle lui avait offert sa visite. Adélina avait été à la tête de sa propre baronnie avant de régner au côté d’Adriano. « Certes, le Nord est quelque peu différent du Sud en mentalité et en moyens… Mais je suis certaine que nous pourrons retrouver un juste milieu. Surtout ce qui a trait aux attaques dont vos gens ont été victime. » Adélina porte de nouveau son regard vers le Comte avant de continuer; « Après tout, ce sont eux qui sont importants… »  

« Votre sollicitude est touchante, » reprit le comte, « je ne manquerais pas d’en faire part à Antioche quand j’irais le voir demain. Il sera ravi de vous savoir bien arrivée. » Une pensée malsaine lui titilla l’esprit : l’ancien régent en serait plutôt particulièrement désolé. Après tout, la présence de la duchesse entre ces murs signifiait que le piège était établi, et que le duc serait mort dans quelques jours. « Nous discuterons de tout ça dans les prochains jours. Je suis très curieux de savoir comment vous sécurisiez vous-même vos terres, en Alonna, mais assez parlé de sujets très sérieux. » Il prit son verre de vin et le leva à l’attention de la duchesse. « Trinquons ensemble, voulez-vous ? À l’alliance solide entre nos deux familles que nous sommes en train de créer, et à la paix qui se prolongera encore de nombreuses années. »

Adélina ne put qu’acquiescer à la réplique sur le pauvre Antioche. Ce dernier avait fait du bon travail pour son mari et il était assez dommage que ce dernier ne tombe ainsi malade, surtout qu’il venait à peine de retrouver les deux jeunes hommes. Quant au toast proposé par Norbert, la jeune femme prit le verre d’eau avant de le lever à l’attention du Comte, approuvant d’un léger mouvement de tête ce que venait de dire son hôte. « À une paix durable et des terres prospères » répondit-elle le plus sincèrement du monde. Il y avait quelque chose de faux chez Norbert. La nordienne ne put guère poser le doigt dessus, mais décidément quelque chose clochait dans tous ses discours. Rapidement, elle déposa le verre de nouveau sur la table, avant de porter son attention sur le Comte. « Dites - moi, Votre Grandeur. Comment vous accommodez- vous de votre nouveau rôle? Acquérir un titre par naissance ou mariage est déjà une lourde tâche. Je n’ose m'imaginer en acquérir totalement par surprise. » Adélina tourna son regard de nouveau vers le Comte avant de rétorquer: « Vous vous plaisez dans votre nouveau rôle?  »  

Norbert ne manqua pas de remarquer que l’ancienne baronne n’avait pas touché à son verre de vin. Trinquer avec de l’eau… Il ne pouvait y avoir qu’une seule raison à cela. Il trempa ses lèvres dans le liquide rouge, profitant de ce goût si prononcé qu’il avait appris à connaître pendant ce long mois d’automne. L’élément perturbateur… Il était sous ses yeux ; un être qui n’était pas encore né, et qui pourrait être celui qui l’empêchait d’accéder au trône de Soltariel. L’archonte allait devoir s’en débarrasser, et s’il le fallait, sa future mère avec lui. Aucune malice ne transparaissait dans son visage, et il ne fit aucun commentaire. Son visage restait calme, rassurant, et souriant. Il reposa son verre et commença à palabrer sur ce nouveau rôle de comte auquel il était déjà bien préparé. Il parla de son rôle de chef de famille à Tylère, où il avait dû s’occuper des besoins de son frère et de ses proches, continua sur les longues leçons de ses précepteurs et les suggestions avisées de ses conseillers, et leur présence quotidienne qui l’aidait beaucoup dans une humilité assumée et une touche d’assurance dans la voix.

La discussion continua avec fluidité, sans accroc ni erreur. Un regard de trop échangé entre Louis et Adélina fit lever le garçon de table. Il s’excusa platement, prétextant de ne pas se sentir bien, et prit la poudre d’escampette pour se réfugier dans l’un des jardins. La voir ici, si belle, si rayonnante, était trop difficile pour lui. Il allait devoir faire des efforts pour réussir à l’esquiver pendant son long séjour ici.

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MessageSujet: Re: Au coeur de la tempête [Louis]   Au coeur de la tempête [Louis] I_icon_minitimeSam 9 Déc 2023 - 15:08





Calimehtarus, troisième jour de la neuvième ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Palais d’Ydril



L’après-midi touchait à sa fin, et mettait un terme à cette longue journée pour les nobles en présence dans le palais d’Ydril. Pourtant, pour certains, ce ne serait que le début d’un drame terrible qui se jouerait entre ses murs. Les battants de la porte de la salle du trône s’ouvrirent dans un grincement sourd, laissant aux prestigieux invités la vision d’une scène stupéfiante. Autour d’un long tapis rouge se dressaient des soldats tous les quatre mètres, la hallebarde levée au plafond, alignés en rang comme un élan d’honneur. Au fond de la salle, réhaussé sur une scène à hauteur de genou, Norbert, assis sur son siège de velours, avait les yeux rivés sur la duchesse entourée de ses quatre gardes. Il l’observait, elle qui s’avançait si sûre d’elle, suivie par ses quatre gardes, répondant à sa convocation très officielle de l’archonte. Adélina n’avait pas eu le choix. Les soldats du palais avaient été prévenus, et si elle l’avait tenté, lui aurait refusé tout passage qui la détournerait du chemin vers le comte. Autour de lui quelque peu en retrait, deux hommes plus âgés que lui suivaient son regard, dévisageant la femme ornée encore une fois d’une robe magnifique.


Ces deux hommes étaient deux conseillers proches de l’archonte. L’un d’eux était le responsable militaire et général des armées d’Ydril ; l’autre, le grand Intendant du comté, responsable des dépenses et des recettes du pays. Les trois personnalités les plus puissantes d’Ydril dominaient la duchesse. Leur expression dure, presque colérique, contrastait avec l’accueil chaleureux qu’elle avait pu avoir ces derniers jours. Il régnait dans cette grande pièce une atmosphère lourde, prologue d’un évènement qui changerait à jamais le Duché.

« Votre Altesse, » déclara le comte une fois qu’elle arriva devant eux, « votre duperie n’a que trop duré. »


La situation avait pris un tournant des plus étranges. Adélina avait suivi sans rouspéter ses gardes ainsi que les soldats. L’atmosphère du palais avait changé… On pouvait presque sentir la tension, certains soldats fuyaient même le regard de la belle et une fois qu’elle mit les pieds dans la salle du trône. Et c’est à ce moment, qu’elle comprit. La nordienne comprit qu’elle était tombée dans un piège. S’avançant avec dignité et grâce. Son regard azurée plongé dans celui du Comte, elle ne laissa paraître aucune peur, aucune inquiétude. Au contraire, une confiance à toute épreuve s’émanait de la jeune duchesse alors qu’elle s’arrêta devant les trois hommes. Adélina porta son regard sur chacun d’entre eux, imprégnant sa mémoire de chacun des visages. On aurait presque dit qu’elle n’écoutait même pas ce que le Comte disait et lorsque ce dernier eut finalement fini, Adélina posa finalement son regard sur Norbert. Un regard beaucoup plus pesant, comme si la mer de ses yeux commençait à se déchaîner. « Pour une fois vous avez raison…» La nordienne fit un signe à ses soldats pour les arrêter  alors qu’elle se mit à monter les quelques marches qui la séparait du trio, ne s’arrêtant que lorsqu’elle fut à la hauteur du Comte. Baissant son regard pour le dominer à son tour. « Mais je crains que je ne sois pas celle qui porte un masque. »


« Ah ! » s’exclama le Comte en se levant, pointant d’un doigt menaçant la duchesse qui osait garder tant d’assurance. « Tenter de dévier la faute est l’attitude typique d’un coupable, dame Adélina. » Un sourire mesquin se dessina sur ses lèvres. Adélina ne broncha guère, même lorsque ce dernier se leva en tentant d’être menaçant. Il était pathétique… La jeune femme, l’air toujours neutre, leva légèrement le menton, soutenant le regard du noble alors que ses mains se rejoignirent sur son bas ventre. Le plus calmement du monde elle reprit; « Encore un fois je pourrais vous retourner la même réplique fugace. Mais puisque vous semblez si certain que j’ai commis un crime, peut-être voudriez-vous nous éclairer. » Puis levant le doigt, comme si une idée venait de traverser son esprit: « Qui plus est pour vous cela sera Votre Altesse.»


Le sourire du comte s’élargit, la regardant avec un sourcil levé de dédain. « Votre calme est louable, votre “Altesse”. Je n’en attendais pas moins de vous. Dîtes donc à vos soldats de lâcher leurs armes et de s’écarter, nous ne désirons pas un bain de sang. Vous êtes seule coupable de piraterie, ici. » Pour la première fois depuis leurs altercations, cette dernière eut un air surpris… Avait-elle bien entendu? De tout ce qu’il aurait pu l’accuser de… Il avait choisi la piraterie. La duchesse eut un sourire, avant de laisser s’échapper un léger rire cristallin. Puis reprenant son calme - non sans garder son sourire - l’alonnaise reprit rapidement la parole. « De piraterie? Vraiment? De toutes les faussetés que vous avez pu trouver, c’est de ÇA que vous avez choisi de m’accuser ? » La jeune femme secoua la tête avant de plonger à nouveau son regard dans celui du Comte, faisant même un pas vers ce dernier. Son air s’était refermé alors qu’elle défiait le soi-disant noble. « Je suis calme car je joue à ce jeu depuis plus longtemps que vous… Vous venez de démontrer votre sottise, mais aussi votre inaptitude à régner. Vous- » Le comte coupa net la duchesse d’un geste sec du bras. « Cessez donc de vous enfoncer, nous avons les preuves de ce que nous avançons. Tout sera présenté au Duc à son arrivée. En attendant, vos nouveaux appartements vous attendent. Vous n’êtes plus en liberté, Adélina. »


Adélina secoua la tête devant la sottise de l’homme devant lui avant de murmurer; « J’ai hâte de vous voir les pieds dans le vide, Norbert… » La jeune femme se retourna, pour descendre les escaliers qui les menait à ses gardes qui avaient rapidement dégainés leurs épées. « CESSEZ. » Ordonna-t-elle à ses hommes qui ne surent pas quoi faire sur leur moment. Puis se retournant finalement vers Norbert, la jeune femme reprit la même position qu’elle avait il y a quelques minutes. « J’espère que vous êtes prêt à affronter les tempêtes qui arrivent… » Car elles seraient définitivement terribles.


L’archonte éclata de rire et fit signe aux deux gardes les plus proches de se rapprocher. Ils dépassèrent la protection rapprochée de la duchesse sous leur regard médusé et empoignèrent les épaules nues de leur nouvelle prisonnière. « Si vous me parlez de la tentative pathétique des rumeurs qui courent au sujet du Rok, votre prince charmant, qu’il vienne donc. La flotte Soltarii ne fera qu’une bouchée de sa vulgaire cogue. Gardes, emmenez-la. » La jeune femme fixait toujours le Comte, l’air le plus sérieux du monde. On aurait dit que tout le monde retenait son souffle dans la salle du trône, comme ébahi par cette échange. « Vous voulez dire l’homme qui m’a enlevé… Oui très logique… Demandez à vos conseillers ce qui s’est passé la dernière fois que les armées du Nord sont descendues au Sud… » La nordienne jeta un regard dégoûté à l’enfant devant elle avant de tourner les talons, suivant les soldats ydrilotes sous le regard interloqué des gens dans la salle.



***



Les armées nordiennes... Le comte d’Ydril y repensait encore. Et si sa missive était interprétée de la mauvaise manière ? Et si le duc n’était pas parti, et qu’il n’arrivait que plusieurs ennéades plus tard à la tête de ses bans ? Le doute s’installait en lui, mais il n’était plus temps de faire marche-arrière : les rouages du temps étaient enclenchés, et rien ne l’arrêterait. Il salua les deux gardes à l’entrée de la porte qui abritait la pièce très simple où on avait amené la duchesse presque une heure auparavant, et entra, saluant les deux autres gardes qui entouraient Adélina, un flacon à la main, un autre dans sa poche.


« Chère duchesse, il est temps pour nous de discuter, mais auparavant, je vous en prie, buvez cette petite concoction, »  dit-il en lui tendant la fiole. « Elle vous aidera à vous… détendre. »


La duchesse n’avait pas bronché, gardant un air stoïque, neutre alors qu’on l’amenait dans les couloirs du château. Ne disant pas un seul mot, cette dernière suivit les soldats dans une pièce sombre, exigüe. Ils l’invitèrent à s’asseoir, ce qu’elle fit avant que son regard ne se pose sur un point devant elle. Si cette dernière ne montrait aucune faiblesse, elle devait avouer qu’elle grondait de colère. On l’avait trahi. Holden et surtout Louis… Louis. Le noble qui était allé jusqu’à se faufiler dans sa couche pour avoir des informations… Quelle erreur! Ruminant ses pensées, cette dernière ne sembla pas se rendre compte du temps qui avait passé, et lorsque Norbert était entré pour lui tendre la fiole, Adélina l’attrapa avant de la laisser tomber au sol. Elle put entendre le verre se fracasser contre la pierre, alors que le regard azuréen de l’alonnaise fixait celui de l’Ydrilotte. Elle n’était pas assez stupide pour boire un poison ainsi.


Le comte soupira et leva les yeux au ciel. « C’est dommage, on aurait pourtant pu faire ça sans violence. Garde… » L’homme à la gauche d’Adélina se tourna face à elle, la plaqua contre le mur et l’empoigna par le cou, resserrant sa main gantée pour la faire suffoquer. Son visage était neutre, sans aucune compassion, ni empathie. Il était l’un des rares présents à avoir entendu les avœux du pirate dénommé Holden quelques ennéades plus tôt. La Rose n’était pour lui qu’une traîtresse qui ne méritait que la mort. Le duc le répugnait tout autant qu’elle. La fixant de son regard dur, il pressa ses doigts le long de son joli cou, attendant que ses yeux convulsent et que sa conscience fuie.


La jeune femme ne vut pas le mouvement venir. D’une violence innée, le garde la plaqua durement contre le mur de pierre, sa tête heurtant le mûr alors que sa main enserra son cou. Par instinct, le jeune femme glissa son doigt entre la main de l’homme et sa traché, tentant tant bien que mal de laisser un filet d’air entrée. De son autre, elle tenta de le frapper. Prise de peur, cette dernière frappait encore et encore sur l’armure de l’homme. Ses mains heurtant l’acier, laissant des traces rougeâtre sur ses mains qui subissait le choc. Adélina pouvait sentir l’air lui manquer, ses yeux se firent lourd… Très lourd. Mais elle ne pouvait guère se laisser faire ainsi. Mourir sans procès. Mourir sans qu’elle n’est réellement causée de faute grave. On l’accusait d’un crime et elle n’avait eu aucune défense. Sa main se glissa sur sa cuisse, remontant rapidement le tissu de sa robe pour dégainer la lame dissimulée du Rokvenha. Sans attendre, cette dernière frappa, taillant la joue et le bout du nez du garde. Ce dernier - ne se rendait pas compte de ce qui venait d’arriver, poussa un grognement avant de laisser lâcher la duchesse qui s’écrasa au sol. Une quinte de toux s'empara d’elle, lui laissant un goût métallique dans la bouche.  Cette dernière prit une grande goulée d’air, avant de tenter de se redresser du sol.


« Sale garce ! » grogna le garde qui sentit du sang perler le long de sa joue et au-dessus de sa bouche. Il s’approcha l’air menaçant et écrasa de sa botte la main armée de la duchesse. « Tu vas m’le payer. » Il s’agenouilla contre elle, le genou appuyé contre son ventre, et frappa violemment du revers de sa main gantée son visage immaculé, son autre main saisissant le poignard révélé. « Aide-moi, toi ! » lança-t-il à l’attention de l’autre garde. Ce dernier s’accroupit à son tour et lui força à ouvrir la bouche en pinçant son nez et agrippant son menton. Norbert s’était avancé lui aussi, et avait sorti sa dernière fiole de sa poche. « Tenez-la bien… » ordonna-t-il en se penchant au-dessus d’elle. La femme tentait de se débattre, mais à demi-sonnée, elle ne faisait pas le poids face à la force des gardes qui la clouaient au sol. Le comte ouvrit l'élixir au-dessus du visage d’Adélina et fit précautionneusement glisser le liquide dans sa gorge. « Là… Vous voyez, ce n’est pas si difficile. »


Adélina n’eut le temps de rien faire. À peine libérée, cette dernière ne put s'empêcher de hurler de douleur alors qu’on lui écrasait les doigts. Puis, vint le coup, sonnant de facto la duchesse. Étourdie, cette dernière eut bien du mal à se rendre compte de ce qui se passait, avalant la concoction. Une fois que ce fut terminé, la duchesse toussa encore et encore. Sa tête lui donnant l’impression que sa tête allait exploser… Elle pouvait sentir le sang couler sur sa lèvre. Avant qu’ elle ne lève les yeux vers Norbert qui lui sembla triomphant à ce moment-là. « Pourquoi me donner un poison? Les lames sont beaucoup plus facile…» Adélina ne put finir sa phrase, toussant de nouveau avant de fermer les yeux.


L’archonte la regarda en levant un sourcil. « Un poison ? Chère duchesse, pourquoi voudrais-je vous faire du mal ? La noblesse et le peuple auront tôt fait de vous trouver coupable. Vous n’êtes aucun danger pour moi, maintenant. En revanche, ce qui grandit en votre sein, ce n’est pas la même histoire. » Une lueur sombre rugit dans ses yeux. « Après tout, un fils héritier serait un danger pour la succession de la famille di Alcacio. Dame Catarina en serait fâchée. » Le regard de la duchesse sembla s’agrandir. Ses mains se mirent à trembler alors que sa respiration sembla s’accélérer. « Non…» murmura-t-elle. Puis prise d’une colère aussi violente que soudaine, la jeune femme tenta de se lever brusquement, les gardes n’eurent aucun mal à l’arrêter mais cela ne l’empêcha guère de rugir; « Vous allez payer pour cela! Par Tyra, je vous jure que je vais m’assurer que vous ne prenez jamais ce que vous voulez. Que vous ayez un sort pire que celui que vous m'imposez.  Jamais Catarina ne mariera un être tel que vous…» Le rire tragique du Comte retentit entre les quatre murs de la pièce froide. Il se redressa et épousseta sa tenue en la regardant de haut. « Vos vaines menaces ne m’atteindront jamais. Personne ne vous croira, vous n’êtes après tout qu’une pirate. Gardes, attachez-la, et emmenez-la dans une geôle. Peut-être à côté de celle de ce cher Antioche. » Les soldats s’exécutèrent L’un la retourne et lui bloqua les bras dans le dos, l’autre enroula une corde autour de son corps fragile et la resserra pour l’empêcher de s’en sortir. La voix du comte retentit de nouveau, le ton toujours amusé : « La prochaine fois que nous nous reverrons, Adélina, vous serez peut-être au bout d’une corde. » Il se pencha pour ramasser le poignard et l’étudia quelques instants. Ce n’était ni une arme qu’on confiant à une noble, ni un surin qu’un brigand aurait pu fabriquer par lui-même. Il reconnaissait la patte de ces vauriens de Meca dans cette arme. Après que les gardes eurent relevé la duchesse, il leur tendit cette lame. « Amenez cette preuve à l’Intendant, il saura comment l’utiliser au mieux. Et préparons-nous à l’arrivée du duc, il ne devrait plus tarder, maintenant. »


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