Ballade en forêt, seulement ? [PV]

Existe-il sensation plus agréable que de voir les choses se produire exactement comme on voulait qu’elles se produisent ? Katalina en doutait, et appréciait toujours avec autant de ferveur ce moment où les engrenages se mettent en place. Cette fois encore, alors qu’elle suivait docilement un Merwyn qui avait exprimé rapidement la volonté de mener leur petite promenade, elle ne pouvait que se féliciter. Car, pour cette après midi au moins, le jeune homme était à elle et à elle seule. Elle mit de côté le fait que, peut être, la joie qu’elle ressentait dépassait la simple satisfaction du travail bien fait.

Elle finit par se lasser de contempler son dos et talonna sa monture pour se mettre à son niveau, juste avant qu’ils ne pénètrent dans la petite forêt bordant les arrières du château ducal, un léger sourire aux lèvres. L’après midi s’annonçait chaude et ensoleillée, agréable et chaleureuse. Les deux jeunes adultes étaient détendues, la barrière qui les séparaient habituellement déjà mise à mal par le caractère de Katalina tendait à s’effacer encore un peu plus, pour le bonheur de la jeune femme. Le couvert des arbres offrait de plus toute la protection et l’intimité dont pouvait rêver la jeune noble.

- Douceur semble vous apprécier.

Jetant un coup d’œil à la monture qui semblait se faire plutôt bien à son nouveau cavalier. Elle et Quiétude avançaient à un rythme régulier et assez lent qui donnait tout le loisir aux promeneurs d’apprécier à sa juste valeur le paysage offert par la forêt - même si le regard de Katalina dérivait parfois sur autre chose que la beauté forestière.

- J’ai remarqué que les chevaux savaient choisir leur cavalier. Si elle vous fait confiance, alors j’imagine que je le peux aussi.

Nouveau sourire, mélange agréable de malice et de tendresse non feinte - tendresse qui l’étonnait d’ailleurs quelque peu elle-même. C’était un aspect de sa personnalité qu’elle n’avait pas l’occasion de montrer souvent, le monde des négociants n’était pas le plus tendre, et celui des nobles n’étant pas non plus en reste. Reconnaissant subitement l’endroit où il se trouvait, son sourire se modifia légèrement, se faisant énigmatique et calculateur. Brisant la monotonie qui commençait à s’installer, elle fit changer sa monture de direction, et laissant échapper un petit éclat de rire, continua comme si de rien était. Elle ne douta pas un instant qu’il la suivait, pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? Deux minutes plus tard, ils débouchaient sur un bosquet au milieu duquel coulait doucement un petit ruisseau. Un cadre idéal pour faire une petite pause, somme toute, le ruisseau formant un petit bassin d’eau.

- Je venais souvent ici, petite… Que diriez-vous de nous arrêter quelques instants ?

Katalina observa le duc descendre souplement de sa monture et s’approcher d’elle. De son perchoir, elle pouvait le détailler sans que cela soit visible, et elle ne s’en privait pas. Elle devait reconnaître que, même si le noir n’était pas sa « couleur » préférée, ses vêtements sombres lui allaient plutôt bien, même si elle lui trouvait parfois un air légèrement endeuillé. Gentilhomme jusqu’au bout des ongles, il tendit la main pour l’aider à démonter. Elle posa la sienne dessus et se laissa gracieusement glisser au sol, faisant attention à ne pas marcher sur sa robe, avant de relever son regard vers Merwyn, qui était déjà occupé à profiter de la beauté de ce petit coin de paradis.

Elle l’excusait sans peine, et observa elle-même les deux chevaux se diriger lentement vers le ruisseau. Katalina n’avait aucune crainte à leur sujet, ils se connaissaient depuis longtemps et ne risquaient donc pas de se battre, et ils n’allaient pas non plus s’enfuir sans leurs cavaliers. Bien dressés - Katalina s’en était assurée - ils se contentaient de s’éloigner un peu.

- Très bel endroit que celui-là.

La noble ne put retenir un sourire amusé, et tout en tournant la tête pour l’observer, elle entama sa réponse.

- Doutiez-vous de moi, si…

Elle s’interrompit quand elle se rendit compte de la ridicule distance qui la séparait du duc, et résista avec peine à l’envie de s’écarter. Ils se fixèrent en silence durant quelques secondes qui parurent durer des heures à la jeune femme, durant lesquelles elle ne savait absolument pas quoi faire. Ce n’était pas comme si elle avait l’habitude de se faire prendre ainsi de court,et plusieurs idées se bousculaient dans sa tête quant à la marche à suivre. Une petite voix soufflait dans son oreille d’agir, son estomac se nouait légèrement et elle avait soudain une pressente envie d’effleurer sa joue de ses doigts, de sentir sa peau sous la sienne, de… Mais elle n’osait pas, il restait tout de même son suzerain, après tout. Elle ne pouvait pas se permettre de telles familiarités, ne pouvait pas se voir rejeter alors qu’elle commençait à peine à entrer dans ses faveurs.

Comme pour briser la glace, Merwyn esquissa lentement un sourire encourageant, mais il n’eut pas l’effet escompté sur la noble incertaine. Son visage se teinta de timidité tandis que son imagination prenait le relais et lui fournissait autant de scénarii que possible. Elle tentait de l’embrasser et il le lui rendait. Elle devenait son épouse et rendait sa gloire passée à sa famille, ou elle devenait une amante anonyme et finissait par quitter le duché. Il la rejetait, mais lui pardonnait son écart, ou devenait froid et partait sans rien dire. Timidement, elle plongea ses yeux bleu-gris dans ceux de Merwyn, et s’y perdit quelques secondes. Néera, qu’elle n’aimait pas cette situation embarrassante. Elle avait certes l’habitude de traiter avec les hommes, mais absolument pas dans ce genre de relations. Elle avait l’habitude des tensions, des constants rapports de force, des menaces et des flatteries. Mais elle n’avait pas l’habitude de la douceur ou même de tels sourires. Et, pendant cet échange de regard, elle lui en fit l’aveu, silencieux, juste en le regardant. S’il savait se montrer habile à lire ses émotions sur son visage, alors il ne ferait aucun doute qu’il comprendrait que la jeune fille ne savait absolument pas quoi faire, malgré cette envie pressante qu’elle ressentait d’agir.

Et puis, finalement, elle rompit l’instant en reculant d’un pas et en se retournant, afin d’observer les montures. Ce faisant, elle se détendit légèrement malgré la déception qui l’envahissait progressivement. D’une voix très légèrement altérée, elle mit fin au silence.

- Quiétude et Douceur semblent s’entendre à merveilles. Le pauvre aura du mal à voir partir sa belle.

La noble tourna sa tête vers moi, un sourire amusé y était dessiné et me répondit, mais sa phrase resta en suspens lorsqu'elle réalisa la courte distance qui la séparait de moi, tout comme, elle ne s'écarta pas. Et on se fixèrent pendant de longues minutes qui nous paraissait des heures au milieu de ce silence. Les yeux bleus-gris de la belle s'accrochèrent à mes topazes, et pendant ce brève échange de regard, cette inspection mutuelle, je sus lire l'expression qu'affichait la belle noble. Elle savait que faire tout en voulant agir, et devant son désarroi je ne voulus la mettre encore plus mal à l'aise et m'écarta en même temps qu'elle. D'étranges pensées avait submergé mon esprit pendant cette échange visuel, j'avais voulu passé par sur elle, la parcourir avec, sentir sa peau contre sa main, goutait à la douceur de ses lèvres. Mais je ne fis rien. Et d'une voix légèrement dénaturée, elle me fit savoir que Quiétude aurait du mal à voir Douceur s'en allait. Je répondis par une comparaison dissimulé que Katalina pourra sans doute l'interprétait comme je l'entendait ou alors y voir seulement une vérité générale qui ne s'applique surement pas à moi en ce moment. Et cette simple phrase aura peut être de l'effet sur elle, si c'était le cas, alors surement les évènements à venir combleraient mes attentes ou en tout cas une partie. Ne pouvait être satisfait d'un seul trait.

- Qui n'aurez pas du mal, en voyant sa belle s'en aller, s'écarter ?

A vrai dire, lorsque j'ai remarqué ma proximité avec Katalina, j'aurais pus penser qu'elle aurait su comment agir. Elle qu'on disait être si sur d'elle, mais apparemment elle n'avait pas vécu cette scène depuis longtemps ou sinon pas du tout. Un léger sourire se redessina sur mes lèvres

Il ne fallu pas beaucoup de temps à Katalina pour récupérer la maitrise de ses sens et de ses émotions, juste une poignée de seconde durant lesquels elle se perdit dans les possibilités que lui réservait cette situation unique en son genre, du moins pour elle. Oh, elle se doutait bien qu’un homme faisant sa cour à une femme à l’ombre d’un bosquet était une scène on ne peut plus banale, pour le commun des mortels. Mais pas pour elle non, pas pour elle. Elle n’avait connu de l’Amour que le mariage forcé et n’avait pas eu l’occasion de s’en faire une idée autrement… Noha s’en était assuré, en bon père voulant le « bien » de sa fille mais surtout celui de sa famille. Et, alors qu’elle s’était parfaitement habituée à sa vie de veuve endurcie, voilà qu’elle s’éprenait de l’homme le plus puissant de Serramire.

Car il s’agissait bien de cela, Merwyn ne la laissait pas indifférente, loin de là, et c’était cette étrange attirance qui l’avait poussée à l’inviter à cette balade, et non comme elle s’en était persuadée elle-même afin de s’assurer la présence d’un tel personnage dans la toile de ses relations. Oh, bien sur, cette motivation l’avait bien aidé, lui avait permis de rationaliser un temps cette étrange attirance, et étant en plus totalement sensée. Etre l’amie d’un duc était une chance qu’elle n’aurait laissée sans aucun prétexte, amoureuse ou non.

Ce fut donc sure d’elle qu’elle se tourna vers le jeune homme. Le dos droit et la tête fièrement relevée, elle planta son regard dans le duc sans s’y perdre le moins du monde. Son rythme cardiaque était toujours légèrement élevé, sa respiration n’était peut être pas totalement apaisée, mais qu’à cela ne tienne, elle était et resterait Katalina Noblegriffon, une femme d’entreprise qui savait où elle mettait les pieds.

- Peut-être la Belle ne s’en irait pas, s’il prenait la peine de la retenir.

Ses lèvres s’étirent en un très léger sourire ironique. Séparée de Merwyn par une distance raisonnable, tout devenait plus facile, et elle avait pu prendre une décision. Il était évident qu’elle aimait le duc, la gêne qu’elle venait de ressentir n’aurait pas eu lieu d’être si elle le considérait comme un contact intéressant ou même un ami. Il fallait qu’elle sache jusqu’à quel point cette vérité était vraie, et pour cela elle ne voyait pas beaucoup de solution sinon agir comme elle le faisait d’habitude : s’approprier l’objet de son désir. Il serait grand temps ensuite de décider de la marche à suivre. Si elle se rendait compte qu’il ne s’agissait que d’une passade, eh bien… Elle agirait en conséquences, quitte à quitter le duché un temps pour s’installer à Diantra. Ses affaires étaient bien rôdées, elle n’avait pas besoin d’être sur le qui-vive en permanence, et avec le monopole qu’elle allait bientôt avoir la bas, sa présence serait de toute façon la bienvenue. Il y avait bien sur le risque qu’il ne l’entende pas de cette oreille, et qu’il exige qu’elle reste, mais d’une part elle en doutait, et d’autre part il aurait juste une mauvaise surprise en réponse à ses ordres déplacés.

- Mais peut être n’en voit-il pas l’utilité. A moins qu’il n’arrive pas à trouver le courage nécessaire.

Joignant ses mains dans son dos, elle s’approcha de son suzerain comme si de rien était, jusqu’à retrouver cette étonnante - et peut être agréable - proximité. Plus sage que Merwyn, elle laissa tout de même une marge d’une cinquantaine de centimètres.

- Qu’en pensez-vous, Merwyn ? Quiétude est-il indifférent ou timide ?

Une nouvelle fois, le duc jouait son jeu, et une nouvelle fois, elle ressentit cette joie de voir que les choses se passaient comme on l’avait prévu. Avec ces métaphores plus ou moins subtiles, elle avait pu sonder Merwyn, et elle pouvait être certaine qu’il la désirait, ce qui n’était déjà pas pour lui déplaire. Pour savoir si son attirance dépassait le simple besoin physique, il lui faudrait prospecter plus longuement, mais elle avait tout son temps. Après tout, elle était certaine que son prétendant ne s’envolerait pas, son duché lui importait trop. Qui pourrait être indifférent ? Elle n’était pas vraiment bien placée pour répondre à cette flatterie déguisée, ayant toujours sciemment ignoré les hommes qui semblaient lui attacher plus d’importance qu’ils ne devraient. Elle était une négociante avertie, et les sentiments n’étaient pas les bienvenus en affaire, ils obscurcissaient le jugement et empêchaient de prendre les bonnes décisions.

Quand finalement le jeune homme décida de passer à l’offensive, elle se demanda si elle n’était pas en train de se jeter dans la gueule du loup, à le provoquer implicitement de la sorte. A jouer ainsi avec le feu, elle risquait de se brûler les ailes, et si elle partageait la couche de Merwyn pour se rendre compte ensuite qu’elle n’était qu’une passade, une femme au bon moment au bon endroit pour jouir des attentions du duc, elle ne savait pas comment elle réagirait. Repoussant bien loin ses inquiétudes, elle décida de jouer le tout pour le tout. Ne pouvait-elle pas prendre quelques risques, par moment ? Faire des affaires impliquaient bien évidemment d’en prendre, mais elle avait toujours su agir avec intelligence, se jouant de ses adversaires et ne s’engageant vraiment que quand elle était sûre d’obtenir ce qu’elle voulait. Avec Merwyn, elle ne savait rien, n’était sûre de rien, et ne pouvait raisonnablement pas affirmer qu’elle avait su capturer son cœur. Mais, qu’à cela ne tienne, pour une fois, elle se jetterait à l’eau.

Le sourire de l’ardent noble se teinta de désir tandis que ses doigts s’élevaient lentement à la rencontre de la douce joue de Katalina. Loin de reculer face à ce contact, elle alla jusqu’à doucement appuyer sa tête contre la main du duc, abandonnant l’ironie pour offrir au duc un sourire tendre et complice. Doucement, sa propre main vint recouvrir les doigts aventureux, et, les saisissants tendrement, les ramena juste au dessus de sa poitrine, sans pour autant l’autoriser à s’y égarer. Sa jumelle vint rapidement la soutenir, et l’aida à guider les doigts du duc jusqu’à la peau douce et tiède d’une Katalina parfaitement calme et sure d’elle en apparence. Le contact l’électrisa mais elle n’en laissa rien paraître. Car si elle l’avait ainsi forcé, c’était pour une bonne raison.

- Avez-vous une idée, mon Seigneur, de l’émoi dans lequel vous me plongez ?

Et, en effet, Merwyn pouvait sentir le cœur de sa belle battre la chamade. Elle soutint alors son regard, cherchant des réponses à ses interrogations. Elle n’avait plus aucun doute, plus aucune hésitation. Elle était maitresse d’elle-même et de ce rôle qu’elle s’était donnée. Mais jouait-elle réellement la comédie ?

- Je suis néanmoins heureuse de partager ce moment privilégié avec vous…

Peut être pas, après tout. Peut être était-elle enfin naturelle, justement. Même la noble ne le savait pas avec certitude, où s’arrêtait son rôle et on commençait l’expression honnête de ses sentiments.

Mon attirance dépassé de loin un simple désir physique. Cela était bien plus, un sentiments que je ne pouvais décrire avec de simple mots. Une chaleur nouvelle m'envahit, pas comme celle d'un amant attendant son amante. Mais celle provoquait par l'accélération du rythme cardiaque, cette chaleur soudaine provenait de mon organe vital et se propageait le long de mon corps. Je n'ai jamais été indifférent aux regards des dames, leur souriant lorsque celle-ci me souriait, et entreprenant lorsqu'un besoin physique se pointait. D'ailleurs durant ma longue vie, je n'ai partagé la couche d'une dame par simple besoin que trois fois, et une seule fois depuis que je suis duc.

Comme Katalina avait pu me sonder, je le pu moi aussi. Elle aussi me désirait mais n'était pas sur que la marche à suivre était la bonne. Elle comme moi ne s'était pas aventuré bien loin dans cette grande mer. Mais si je n'étais pour elle qu'un simple besoin ? Ou alors, elle se servirait de moi pour me mettre dans sa couche et me faire quelque chantage ? Non, ce n'était pas le genre de Katalina mais plutôt de celui d'Esidenir.

A ma joie, Katalina ne se déroba pas de ma caresse, elle alla même jusqu'à appuyer sa tête contre ma main et me sourire. Un sourire tendre comme les précédents, mais aussi, pour une première fois, complice. Et un simple sourire de ma part, refléta celui de la belle noble, affectueux et tendre, comme ceux que j'adressai à mon frère mais en étant tout différent. Des sourires que je ne m'étais pas permit depuis que je suis devenu duc, et que je n'offrais que à mon cher frère. Les longs doigts fins de la riche noble se posèrent sur les mieux et s'y nouèrent, et, les saisissant tendrement me les ramena au dessus de sa poitrine, et sa main droite se posa sur la gauche. Ce contact avec une autre parti de sa peau me raviva mais n'effaça pas mon sourire. La pensée d'explorait avec son corps avec m'effleura mais ne me saisit, je ne me le serai pas permit tout de suite. Sous main, je pu sentir chaque battement du cœur de Katalina qui battait la chamade. Il était le reflet du sien. De nouveau, mon regard accrocha le sien et s'y perdit. Si elle voulait des réponses, elle pouvait les y trouver là-dedans. Jamais, ils n'avaient exprimé quelque chose d'aussi fort et intense, depuis ma soudaine colère de l'assassinat de Naïm. Et je croit, que mes yeux me trahirent en lui disant un peu plus que ce qu'elle voulait. Sans m'en rendre compte, je lui avais vendu mon cœur. Si mon père était encore vivant, il m'aurait dit d'offrir mon cœur à une duchesse et non pas à une "vulgaire" noble aussi riche soit-elle. Mais il n'était pas vivant et je me le permettais. Et enfin, je lui répondis, après quelque minutes de silence qui semblaient des heures. Mes lèvres remuèrent enfin.

- Oui, je le sens. Mais le savez-vous vous ?

Et ce fût au tour de ma main de se saisir de la sienne, une seule, aussi doucement que tendrement et je la portai à mon cœur, son emplacement plutôt. Pour permettre à Katalina de le sentir battre sous ses doigts, que chaque battement lui était désormais accordé. Pendant ce temps là, nos deux visages se rapprochèrent, doucement, réduisant l'écart. Mes yeux ambré dans les siens bleus-gris, un mélange envoûtant, nos lèvres n'étaient plus très loin les unes des autres. Et enfin, elles s'unirent en un baiser. Non pas un baiser seulement pour savourer la douceur des lèvres et le goût exquis de celle-là, peut être un peu, mais surtout pour transmettre son amour à travers. Et ce qui fait sans doute, que les lèvres de Katalina avait un bien meilleur goût que ceux d'Anima. Et une sensation bizarre et nouvelle se déversa en moi lorsque nos lèvres se séparent pour respirer.

Douces sensations qui étreignirent alors le cœur de Katalina et assaillirent son corps de la plus agréable des façons. Une étrange chaleur naissait simultanément au creux de son ventre et à la surface de ses joues, ses lèvres s’étirant en un sourire ravi et peut-être légèrement taquin. Ses doigts massèrent doucement la main du duc, décrivant de petits cercles de ses doigts fins. Lui-même sondait les battements de son cœur, sur son invitation, et ce doux contact ne faisait qu’accélerer le rythme effréné d’un cœur à prendre. Et puis, ce fut à son tour d’être guidée jusqu’au cœur battant d’un Merwyn semblait-il bien conquis. Malgré le tissu qui l’empêchait de vérifier sans doute possible, elle sentait bien la douce mélodie du tambour endiablé. Ainsi, elle n’était peut être pas qu’un simple moyen d’assouvir quelque besoin passager.

C’était une situation étrange, délicieuse mais tout de même décalée. Elle ne savait toujours pas réellement comment réagir, même si apparemment elle s’en tirait assez bien pour le moment, au vu des réactions qu’elle semblait susciter. Doucement, comme si trop se presser risque d’effrayer sa douce, le duc entama une lente descente jusqu’à ses lèvres légèrement entrouverte. Elle-même ne fit rien pour l’aider, sinon lever légèrement la tête. Il était et resterait l’homme, c’était son devoir de prendre les initiatives, au risque de se prendre un soufflet. Sauf que nulle révolte ne vient l’empêcher de faire sienne cette bouche offerte. Et, ce faisant, il recevait le premier baiser que Katalina offrait librement. Elle avait déjà certes du passer par ce genre de chose, du temps de son mariage avec Elyas, mais en de rares occasions et jamais avec plaisir. Jamais elle n’avait attendu avec tant de ferveur et d’envie qu’on vienne ainsi à sa rencontre. Faisant doucement monter ses mains habiles, elle les noua sur la nuque de son suzerain et s’éleva légèrement, prolongeant ainsi l’instant. Poussée par elle ne savait quel désir impétueux, elle ne tenait pas à voir se rompre le contact. Peut-être était-ce parce qu’elle ne savait que faire après. Devait-elle sourire, l’enlacer, rire ou bien faire l’indifférente ?

Elle décida finalement de balayer d’un geste toutes ses incertitudes, décidant pour la énième et dernière fois de laisser faire son instinct. C’était en partie grâce à lui qu’elle se trouvait dans sa position actuelle, grâce à lui que le nom des Noblegriffon n’était plus une simple relique du passé. Grâce à lui, enfin, qu’elle s’était décidée à envoyer cette fameuse lettre. Aussi, s’il l’avait si bien guidé jusqu’ici, alors il n’y avait pas d’inquiétudes à avoir, tout se passerait bien. Et c’est donc sereine qu’elle finit par libérer le jeune homme et qu’elle posait sur lui un regard résolument amoureux, sans pour autant dénuer son étreinte, le forçant ainsi à rester pencher au dessus d’elle.

- Est-ce vraiment sérieux, Merwyn ?

Si Merwyn avait été aveugle, il n’aurait su que penser. Usant et abusant de ses dons, Katalina lui offrait une voix neutre et dépourvue de toutes émotions. Comme si elle n’était qu’une spectatrice extérieure, qui se demandait s’il avait raison de se conduire ainsi. Malheureusement, le sourire qui fleurit au même moment sur ses lèvres cassa tout son effet, bien qu’il se teinta de mélancolie. Ses pousses vinrent doucement masser sa nuque, tandis qu’elle se lovait contre lui.

- Imagine les rumeurs si on nous surprenait… Le scandale, le duc de Serramire enlaçant la dame Noblegriffon. Une veuve indépendante, qui ose s’élever contre les traditions en faisant du commerce…

C’était en effet un problème, et même si ces paroles ramenaient brusquement Merwyn à la raison, elle préférait ça au fait d’entretenir de faux espoirs. L’autre solution était qu’il se réveille un jour et se rende compte de la réputation de son amante. Au moins, ici, décidait-elle d’affronter le problème dès le début, au risque de briser ce moment enchanteur. Mais s’il décidait de passer outre, alors elle pouvait se dire sans arrière pensée que tout était possible. Le passage au tutoiement n’était peut être pas non plus le meilleur moyen de présenter la chose, mais elle s’en était sentie le droit. Elle avait agit d’instinct, fidèle à cette promesse qu’elle s’était faite à elle-même.

Les bras de Katalina vinrent se nouait autour de ma nuque, m'obligeant à rester pencher au dessus d'elle pour pas que je me dérobe. Mais, de toute manière, je ne comptais pas m'affaissait de cela. Au contraire. Katalina posa sur moi un regard résolument amoureux que j'avais vu maintes fois sur le visage de mon père lorsqu'il s'adressait à ma mère. Cela était avant leur mort bien sur, et avant de celle de mon jeune frère, à présent il ne me rester que Edwin qui est de ma famille proche ainsi que Ascillian, mon cousin paternel. Certes, d'après les registres j'avais encore une autre cousine en vie mais je ne sais pas où elle est donc ..

Katalina me demanda si cela était sérieux. Apparemment, elle craignait que cela ne soit qu'une parcelle. Que je ne m'intéressait à elle par simple besoin éphémère, une nouvelle fois je prit la parole. Ma voix était suave et empli de velours, comme je ne l'avais employé que à de très rare moment. La mélopée de mes paroles avait pour but de caresser les oreilles de Katalina et de lui souffler mes mots.

- Je n'ai jamais plus été sérieux, Katalina. Mais vous ?

Contrairement à moi, Katalina m'offrait une voix neutre et sans émotions comme si elle était étrangère à la scène. Mais un sourire florissant cassa cette effet, et sur ma nuque je sentit les pousses de cette dernière me massait la nuque alors qu'elle était lové contre moi. Elle me demanda d'imaginer les rumeurs si quelqu'un nous surprenait ici, l'un des hommes les plus puissant et influant du royaume enlaçant une jeune noble dans une clairière. Mais les rumeurs étaient déjà lancé depuis qu'on nous avait vu quitté les routes ensembles sans escorte à cheval. D'ailleurs, en parlant de cheval, Quiétude et Douceur semblait s'être retiré un peu plus loin comme s'ils voulaient nous laisser un peu d'intimité. Ma main quitta le dos de Katalina où elle s'était réfugié pour caresser doucement sa joue. Certes, les scènes comme celle là n'étaient pas les meilleurs pour mon image ou celle de Katalina, mais qu'importait ? Car j'entendais bien par la suite lui demander de devenir ma femme et de partager avec moi le reste de ma vie, en tout cas c'était ainsi que je l'imaginais. Et je remarquais alors qu'elle était passer au tutoiement. Tutoiement que je ne mettais jamais permit même avec mes parents. J'y passais outre moi aussi, tutoyant une personne pour la première fois.

- C'est pas grave. Nous verrons par la suite ce que l'avenir nous réserve.

Et de nouveau, nos lèvres s'unirent en un nouveau baiser. Je l'aimais, j'en étais sur. Et le contact suave de cette étreinte, m'enivra comme la première fois et je lui murmura à l'oreille.

- Je t'aime, Katalina.

Le souffle chaud de son jeune amant vint s’aventurer jusqu’à l’oreille de sa belle, provoquant chez elle une agréable sensation de chaleur qui parcourut chaque parcelle de son corps sous la forme d’un agréable frissonnement. Les quelques mots qu’il transportait la laissèrent légèrement étourdie, alors qu’elle comprenait ce qu’ils signifiaient et impliquaient. Jamais depuis la mort de sa mère quelqu’un n’avait prononçait son nom avec autant de douceur et d’affection. Ainsi, il l’aimait. Katalina ne pouvait affirmer la même chose avec autant d’assurance que lui, mais au vu de ses propres réactions elle commençait à se faire une raison. Reculant légèrement la tête, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa sur les lèvres de son prétendant un chaste baiser, avant de se laisser retomber au sol. Libérant sa nuque, elle lâcha la bride à ses doigts aventureux qui vinrent se perdre dans la noire chevelure du jeune homme.

- Vraiment, Merwyn ? Me livrerais-tu ton cœur ?

Elle entreprit alors de masser l’arrière de son crâne. Qu’il était bon de se sentir ainsi aimée, appréciée non pas pour ce qu’elle possédait mais pour ce qu’elle était. Elle sentait en elle s’éveiller des sensations et des envies de plus en plus pressentes, nouvelles et bienvenues. Jamais les rares fois où Elyas l’avait prit dans ses bras elle n’avait ressenti un tel déluge de sensations, délicieuses et envoûtantes. La plus part du temps, elle n’avait eu qu’une envie, mettre fin à l’étreinte le plus vite possible.

- J’en prendrai soin, ne t’en fais pas. Personne ne pourra lui faire du mal.

Bien sur qu’elle le ferait, elle allait même le garder jalousement. Déposant un nouveau baiser, cette fois-ci à la commissure de ses lèvres, elle ne put empêcher sa langue de s’égarer, la laissant suivre leurs contours avec ravissement, pendant une seconde à peine. Ses doigts, quant à eux, continuèrent leur ascension, jusqu’à atteindre le sommet du crâne qu’elle entreprit de masser à son tour, s’attaquant aux racines afin d’assouplir le cuir chevelu. Elle aurait voulu sentir les doigts de Merwyn prendre possession de son visage, le voir courir sur sa peau qui n’attendait plus qu’eux, qu’ils daignent s’y intéresser. Pour l’heure, prenant les devants, elle laissa ses lèvres glisser lentement sur le menton imberbe, y déposa un léger baiser, puis continua sa descente. Passant la tête sous celle du duc, l’obligeant par la même occasion à la lever légèrement, elle s’attaqua à sa gorge offerte, y déposa baiser après baiser, laissant parfois une douce humidité, comme un cadeau. Puis, confiante et apaisée, elle posa alors sa tête contre son épaule, comblée par la tournure des événements. Son cœur battait toujours la chamade, mais elle ne voulait pas aller plus loin pour le moment. Elle laissa retomber ses bras, posant ses mains sur celles de Merwyn et les incitant tendrement à lâcher son dos, avant de les guider jusqu’à ses frêles épaules. Puis elle l’enlaça doucement et ne bougea plus.

Ainsi étreinte, elle avait l’impression d’être protégée du monde et de son hostilité. Savoir qu’il se moquait de son statut et de sa réputation parfois douteuse était comme une délivrance, un moyen de s’engager plus facilement. Certes, elle n’avait que des mots pour se rassurer, mais sans savoir vraiment pourquoi, cela lui suffisait. Peut être parce que plus personne ne lui avait parlé ainsi depuis trop longtemps, peut être parce qu’elle avait besoin elle-même d’un peu d’amour. Après tout, elle vivait légèrement en retrait depuis bien longtemps. Ses multiples rencontres étaient souvent tendus, et il n’y avait que peu de gens qu’elle pouvait considérer comme ami. Peut être était-elle lasse de vivre seule, et prête à quelques risques pour y remédier. Pour l’heure, les yeux fermés, sa joue contre l’épaule de Merwyn, elle laissait doucement son cœur s’apaiser.

- Et toi… Veux-tu du mien ?

Timide, elle n’avait pas pu élever la voix, si bien qu’elle n’était même pas sûre que sa question soit intelligible. Inspirant profondément, elle leva les yeux vers Merwyn.

- Si je te l’offrais, le prendrais-tu ?

Tout allait trop vite, elle ne savait même pas pourquoi elle posait cette question. Mais elle l’avait fait, et ne regrettais pas. Et, même si elle détestait ça, elle était suspendue aux lèvres de son duc, incapable même de respirer jusqu’à ce qu’il la délivre en lui répondant.

Je ne savais qu'était ce flot de sensations nouvelles. Jamais, je n'ai résisté au suspens et n'aimant pas les surprise lorsqu'on me disait surprise avant. Katalina se hissa sur la pointe de ses pieds pour déposer sur mes lèvres un chaste baiser, avant de retomber sur ses pieds. je souris légèrement après ce contact onctueux. Et je laissa Katalina prendre les devants, elle savait se montrer dominante quand elle le voulait, et cette pensée accroissais mon sourire. Elle me demanda si je lui livrerais mon cœur. Je prit la peine de le lui confirmer cela dans un léger souffle au creux de l'oreille de façon velouté. Les mains douce de ma belle vassale se joignirent à l'arrière de mon crâne, décidant de me le masser affectueusement. Jamais quelqu'un ne m'avait montré tant d'amour. Avec mes parents, jamais je n'ai montré tant d'amour. Ils me disaient de rester droit et ne me prenait dans leurs bras que très rarement. Et avec mes amantes, cela a toujours était simplement physique. A nouveau, elle déposa un nouveau baiser mais cette fois-ci au coin de mes lèvres, à leur commissure. Cette fois-ci, Katalina autorisa sa langue à s'y égarer et la mienne sortit légèrement à sa rencontre avant de la retrousser alors que la sienne suivait les contours de mes lèvres pendant une seule secondes qui cessa trop vite à mon goût. Et les doigts de ma belle suivirent leur ascension jusqu'au haut de mon crâne assoupissant mon cuir chevelure, même si je ne voyais pas l'intérêt de s'intéresser à mes poils capillaires. Elle prenait l'initiative et m'était favorable car j'avais peur de brusquer un peu trop les évènements, pour moi mais plus pour Katalina. Ses lèvres se détachèrent des miennes et glissèrent sur mon menton pour y déposer un doux baiser avant de continuer leur escarpement. Et Katalina passa sa tête sous la mienne, m'obligeant à lever légèrement la mienne que je reposai sur ses cheveux au toucher de soie sans appuyer et ainsi lui faire mal. Et elle s'attaqua à ma gorge contrairement aux chimères, cela était agréable. Elle y déposa baiser après baiser laissant une humidité exquise et savoureuse. Et puis, comme fatigué, elle déposa sa tête sur mon épaule. Elle attrapa mes mains et les ramena vers ses épaules nues et m'enlaça faiblement.

Ainsi enlaçant, nous étions dans une bulle à part, séparer du monde extérieur. Le ruissellement du ruisseau et le gazouillis des oiseaux nous parvenaient faiblement. Et ainsi, elle me demanda si je voulais du sien. Et par la même occasion, si elle me l'offrait, le prendrais-je. Je la savais suspendu à mes lèvres attendant une réponse qui semblait évidente. Mes mains commencèrent à caresser doucement ses épaules remontant à sa gorge et terminer dans la soie de ses cheveux noirs aux reflet bleutés. Et à mon tour, sans élever la voix, je répondis.

- Oui.

Mes mains dans une cadence régulière caressai ses cheveux alors que j'étais moi-même tout en émoi même si les battements de mon cœur s'étaient apaisé.

Les yeux fermés, la jeune femme se laissait désormais guider par Merwyn et ses mains agiles. Sa tête reposait contre son épaule, et un léger sourire apparut quand il entreprit de la masser aux épaules. C’était une sensation agréable et nouvelle, elle n’avait pas eu ni l’occasion ni l’envie de s’abandonner à un tel délice et ne le regrettait pas. Cela laisser l’occasion au jeune homme de l’initier, et elle se montrait en élève attentive. Malheureusement, il arrêta bien trop vite, faisant courir ses doigts le long de son cou et les échouant dans sa masse capillaire.

A quelques mètres à peine, dans un bruyant croassement, un corbeau prit son envol, brisant la magie de l’instant. Sursautant, la tête de Katalina heurta le menton de Merwyn, l’obligeant ainsi à refermer quelque peu brutalement sa bouche. Mi-riante, mi-gémissante, la jeune noble prise en faute s’extirpa de l’étreinte de son beau duc pour pouvoir se masser le haut de son crâne, maudissant la volaille qui l’avait ainsi surprise, reculant de quelques mètres. Une fois la douleur partiellement apaisée, elle releva un regard désolé vers sa « victime » avant de prendre une moue légèrement accusatrice. Joueuse jusqu’au bout, Katalina s’avança en fronçant adorablement ses sourcils, sans le quitter des yeux.

- Vois-tu dans quel état tu me mets ? J’en sursaute au moindre bruit. Vous les hommes n’avez vraiment aucune pitié à notre égard. Mais n’espère pas t’en tirer aussi facilement !

Quand elle fut de retour à ses pieds, elle posa ses mains sur ses hanches, feignant une indignation amusée. Elle jaugea alors la malheureuse victime de son caractère taquin, prenant plaisir à imiter la mine sévère d’un juge sur le point de rendre son verdict mais attendant que le silence se fasse autour de lui pour être sur d’être entendu.

- Te voilà mon débiteur, et c’est la pire chose qui pouvait t’arriver, je ne suis pas du genre à pardonner ou à être compatissante. Tu vas devoir me supporter et t’habituer à ma présence, parce que je ne te laisserai en paix que quand j’estimerai que tu ne me dois plus rien.

Elle ne put - ou ne voulut - retenir le sourire espiègle qui se dessina alors sur son visage. Posant un doigt sur le torse d’un Merwyn surement un peu perdu, elle appliqua une légère pression, comme pour appuyer ses dires.

- Et crois moi, au vu de ta faute, cela risque de prendre du temps.

Posant alors ses bras sur les épaules de son amant, elle le força à se pencher alors qu’elle-même se dressait sur la pointe des pieds, jusqu’à pouvoir admirer ses yeux sans avoir elle-même à lever la tête. Pourquoi diable Néera l’avait-elle faite si grand ? Elle s’approcha doucement, jusqu’à ce qu’il puisse sentir l’air chaud qu’elle rejetait en parlant courir le long de ses joues avant de s’aventurer aux confins de ses oreilles. Comme pour déstabiliser encore un peu plus l’infortuné jeune homme qui avait fait l’erreur de lui faire la cour, elle reprit alors un air diablement sérieux.

- Mais je te laisse une chance d’alléger ta peine, idiote que je suis. Dis-moi simplement si, oui ou non, tu regrettes tes actes. Si tu le pouvais, reviendrais-tu en arrière afin d’empêcher cette catastrophe ?

Si Merwyn se montrait assez habile, il pourrait déceler l’importance de ce jeu détourné et en comprendrait les enjeux. Heureusement pour lui, comprendre les motivations de son amante n’était pas si ardu, même s’il fallait avoir l’esprit légèrement compliqué pour faire une demande aussi implicite, sans prononcer une seule fois les mots les plus importants. Peut-être aurait-il compris plus aisément si elle avait été directe, mais ainsi était faite Katalina qu’elle aimait observer les figures perplexes de ses interlocuteurs alors qu’ils cherchaient à comprendre le sens caché de ses paroles. Le plus amusant serait s’il ne comprenait qu’à moitié, et qu’elle s’amuse à lui imposer l’autre, à sa plus grande surprise.

Un peu plus loin, perché sur une haute branche entrain de nous observer, un corbeau croassa faisant sursautait ainsi Katalina qui me heurta au menton me faisant sursautait moi aussi par la même occasion. En mon fort, intérieur je maudis ce corbeau ayant sans doute fait exprès de nous surprendre ainsi. Ma belle vassale se dégagea de notre étreinte à moitié riante, et à moitié gémissante. Une fois que sa "douleur" fut exempté, elle revint vers moi fronçant les sourcils si adorablement que j'oubliais vite ma douleur au menton pour la reprendre dans mes bras.

Et joueuse jusqu'au bout, dans une moue irrésistible, elle me fit savoir que c'était moi la cause de l'incident, à cause de l'état dans lequel je la met, et en rajoutant que nous les hommes n'ayant aucune considération pour elle. A mon tour, je prit une moue peinée et m'adressant à Katalina sur le même ton.

- Pense-tu vraiment cela de moi ?

Et me voilà son débiteur. Elle posa ses mains sur mes hanches avant de prendre l'expression d'un des juges de Serramire remettant son verdict. Je lui répondit un peu perdu dans un de mes fameux sourires.

- Et bien, que pourrais-je faire pour l'alléger un peu ?

Je lui dit cela alors que ma tête se dirigea vers son cou l'embrasser tendrement y laissant un sillon d'humidité. Elle posa un doigt sur mon torse m'obligeant à relever ma tête qui s'était un peu perdu au contact de sa peau et me fit savoir que cela prendrais du temps dans un sourire espiègle. En moi, je du dire quelque chose comme << tant mieux >> mais ne répliqua pas à voix haute. Puis ses mains remontèrent jusqu'à mes épaules, m'obligeant à me baisser un peu alors qu'elle même se hissait pour pouvoir me regarder sans à avoir lever la tête. pendant une infime secondes, nos regards se perdirent avant de revenir. Elle s'approcha un peu plus de moi, réduisant l'écart à trois malheureux centimètre et prit une nouvelle fois la parole, en ayant tout à fait l'effet sérieux. Son souffle chaud me caressa les joues puis mes oreilles avant que celle-ci ne deviennent jalouse. Elle me demanda, que si j'avais la chance de revenir dans le passé, est ce que j'aurais éviter cette catastrophe. Cette fois-ci, se fût mon visage qui perdit ses expressions. Si j'avais la possibilité de revenir sur mes pas, j'aurais éviter la mort de mon petit frère et peut être celle de mon père et de ma mère. J'aurais était si heureux, mais malheureusement cela ne pouvait être le cas et le fait que Katalina doute tellement de mes paroles n'était pas pour me ravir. Sortant de mes sombres pensées je lui répondit en un souffle moi aussi.

- Non, je t'aime Katalina. Si j'avais la possibilité j'aurais fait que ce moment se passe bien avant et éviter les drames qui ont frappé ma famille.

Et une nouvelle fois, je l'embrassa. Unissant nos lèvres en un nouveau baiser, ma langue se chamailla avec la sienne avant de se retrousser en disant au revoir à ses lèvres. Mais mes lèvres ne s'arrêtèrent pas là et continuèrent leur chemin jusqu'au menton de ma belle avant de plonger dans sa gorge offerte comme elle un peu plus tôt. Mes mains posé sur ses hanches montèrent un petit peu caressant ses épaules découverte et légèrement ses seins avant de se reposer sur les côtés de son bassin. J'avais peur d'en avoir un peu trop fait en touchant ses joyeux et j'attendis une réaction de sa part.

Le malaise qu’elle crut lire au fond des yeux de son duc lui fit éprouver quelques remords quant à son petit jeu. Pour sa défense, notons qu’elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse ainsi repenser à la mort de son frère - quel autre événement tragique aurait pu mettre Merwyn dans cet état, même plusieurs années après ? - alors qu’elle le couvrait de douce attention depuis quelques minutes déjà. Heureusement, il ne semblait pas aller si mal que ça, en témoignait sa langue inquisitrice qui était venue prendre possession de sa bouche offerte, taquinant la sienne qui céda à l’invitation de jeu sans trop de difficultés. Bien plus intense que les chastes baisers qu’ils avaient pu échanger, ce nouvel échange d’affection faillit lui faire oublier la réponse du jeune homme.

Il ne regrettait pas ! Avait-il saisit à quel point sa réponse était à double tranchant ? Il s’était lui-même exposé à ce que Katalina prenne les devants, lui donnant son accord tacite. Un instant, elle s’en voulut de « jouer » ainsi avec lui, mais ses douces attentions lui firent oublier son sentiment de culpabilité. Dans tout les cas, elle aurait fait sa demande, et n’aurait pas souffert de refus. Mais elle retarda l’instant où elle lui dévoilerait l’étendue de ses projets, se laissant pour le moment aller, accueillant avec joie la tiédeur qui s’affairait sur sa gorge. Les mains du duc s’activèrent à l’unisson de ses lèvres, venant effleureur ses épaules puis sa poitrine légèrement dévoilée. Surprise, elle n’osa pas bouger, ne sachant comment elle devait accueillir cette dernière intrusion.

Elle n’avait pas été désagréable, loin de là, déjà parce qu’elle n’avait pas duré, et ensuite parce son corps l’avait comme… attendue, espérée. Pour autant, elle ne voulait pas aller trop vite, ne voulait pas s’offrir déjà et surtout pas ici, dans une forêt. Elle espérait et voulait mieux pour ce cadeau qu’elle ferait d’elle-même. Repoussant doucement Merwyn, appuyant sur ses épaules, elle lui sourit tendrement, cherchant à ne surtout pas le vexer. Les hommes étaient bien compliqués, et semblaient parfois ne réfléchir qu’à travers ça, or elle n’avait aucune envie de le blesser.

- Il faudra me laisser un peu plus de temps, Merwyn, et surtout retenter dans un lieu plus… approprié.

Le message était passé, elle le savait, le duc en prendrait bonne note et y réfléchirait à deux fois la prochaine fois. Katalina n’était pas une paysanne que l’on déflorait sous les branches d’un arbre, bien qu’elle doutait qu’il la considérait ainsi. Il s’était juste laissé légèrement entraîné, et elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. En d’autres circonstances, d’autres lieux, elle n’aurait peut être pas été aussi prude.

Jugeant l’instant propice pour lui annoncer la bonne nouvelle, elle esquissa un sourire complice. Tout duc qu’il était, il avait intérêt à bien se tenir.

- Alors dis-moi… Dans quelle chambre vas-tu m’installer ?

Eh oui, voilà la surprise de la belle, ce qu’elle entendait par « supporter sa présence ». Lassée de vivre seule dans une demeure bien trop grande pour elle, elle avait décidé de prendre les devants, anticipant une demande peut être déjà prévue. Sacrée Katalina…

A sa phrase, je ne me vexais pas ni me sentit blessé. J'étais juste à présent informé. Et je ne tenterais plus cela avant qu'elle ne soit prête. Un sourire se dessina de nouveau sur le visage fin de Katalina, et elle me demanda dans qu'elle chambre allait-elle s'installer. C'était donc cela qu'elle insinuait par supporter sa présence. Bien que cela n'était pas pour me déplaire, je ne m'attendais pas à ce qu'elle prenne elle l'initiative de s'inviter à habiter au palais.

Elle me demanda donc, dans quelle chambre allait-elle s'installer. Le château comportait énormément de chambre. On pouvait déjà éliminer celle des domestiques et des responsables. Le deuxième étage lui était consacré aux chambres des invités, et elles étaient trop petite pour Katalina, de plus, je ne la voyais pas vivre là bas. Je ne pouvais pas non plus lui proposer de s'installer dans ma chambre du troisième étage. D'ailleurs, à cet étage là, une suite d'appartements étaient libres et inutilisé même par mes plus nobles invités. Je ne savais pas comment Kata' pourrait interpréter ce ce cadeau mais elle signifier pour moi.

- La voisine à la mienne et à mon frère ? Au troisième étage.

On était resté dans cette clairière au moins une heure et bien que j'avais ordonné à mes gardes de rester derrière, ils allaient commencer à s'inquiéter et partir à ma recherche. Je recula un peu et rattacha mes cheveux.

- Je crois qu'il faudrait rentrer à présent. Tu veux que je t'envoie des gens qui t'aideront à déménager ?

Comme s'ils suivaient notre conversation, Douceur et Quiétude approchèrent de nous. A les voir ainsi, on dirait que quelque chose s'était passé entre eux. Je me retins de rire, et afficha un simple sourire complice.