Des retardataires dans la plaine du Brissalion

Dernière édition par Gothral le Lun 30 Nov 2009 - 0:21, édité 3 fois

Ça y est, le soleil printanier atteignit son apogée éclairant de son plein potentiel la plaine du Brissalion, cette même plaine qui avait vu passer plus de dix milles Nains quelques mois plus tôt. Les quelques nuages blancs qui passaient par là se retrouvaient vite percés de quelques rayons lumineux. L’air ambiant était relativement sec et la forêt d’Aduram non loin de là apportait régulièrement des bouffées d’air frais de par sa grande masse de verdure. Au milieu de ce décor de couleurs chaudes, un hanglyosi broutait paisiblement son repas quotidien ne prêtant pas attention au divers volatiles qui tantôt profitaient de son ombre, tantôt se doraient au soleil sur le cuir épais de son dos.

Non loin de là, un bruit de pas accompagné de cliquetis qui trahissaient un fardeau composé majoritairement de métal vint perturber les murmures naturels de la plaine. L’être de petite taille responsable de ce trouble, sillonnait la route principale dégagée. Une large carrure prouvant que son bagage n’était pas trop lourd contrastait avec la peine qui se lisait sur le visage du Nain. En effet, bien que très endurant, Gothral n’avait pas l’habitude de voyager et ses pieds qui avançaient par la seule force de la volonté auraient bien pris une pause méritée. Cependant, persévérant à son habitude, il s’était fait la promesse tacite de ne pas faire de halte avant d’avoir mis un pied dans la forêt d’Aduram ou dans le duché humain le plus proche ignorant certains principes de bases du voyageur. Sa rêverie et ses souvenirs l’aidaient à maintenir l’allure, bien décidé de se forger des qualités de bon marcheur.

Cela faisait cinq ans qu’il bougeait peu, cinq ans qu’il était assidu à l’enseignement de Hleidvar "Roc d'Acier", cet ingénieur runiste vétéran de la garnison de Thanor. Voilà qu'au moment où ce seigneur nain revêt son armure légère pour aller accompagner Garmin "le Vengeur" à la guerre dans l'artillerie, son disciple décida de rester renforcer ses convictions religieuses auprès des prêtres de Mogar de la vallée de la Virnée.

* Nom d’une enclume runique, je fais là un bien piètre disciple ! J’abandonne mon maître à la guerre pour une formation de prêtre que je ne finis pas ... *

Maugréant contre lui-même, il perdit son objectif de voyage et diminua sa vitesse de marche. Il serra sa hache fermement entre ses mains comme s’il était prêt à se battre contre lui-même s’en voulant de ne pas être là au bon endroit, au bon moment. Sa détermination effaça son manque de confiance en lui favorisé par la solitude providentielle. Sa conviction se fit sentir au niveau de la prise avec son arme et la représentation du demi-dieu Girdon qui se distinguait sur la rune de la hache commença à s’éclairer légèrement libérant un brin du potentiel magique dans le corps de Gothral. Un éclair de motivation traversa l’échine du Nain tel un coup de fouet réveillant un galioth trop lent à se mouvoir sous le poids de sa charge. Le forgeron se ressaisit et reprit son cap avec un rythme plus soutenu.

Si l’esprit de l’être a pu être berné un temps, son corps, quant à lui, n’était pas dupe ! Bien que d’un point de vue extérieur, le troglodyte ne laissa pas son image changé d’un pouce par rapport à quelques instants plus tôt, il est certain qu’il ne tiendrait plus très longtemps sa marche soutenue au cours de son expédition. A proximité, impassible, l’hanglyosi releva la tête en mastiquant et comme si la végétation de cette parcelle de la plaine n’avait plus de goût, il s’éloigna d’un pas lourd sous l’astre du jour qui baignait le bout du Brissalion de ses rayons chauds.

La nature s'éveillait, la floraison s'épanouissait, mettant sa beauté à jour. Ce monde magique emplit de merveille se laissait bercer par la douce brise provenant du nord. Un vent froid, qui s'avérait être plaisant pour les joues rugueuses du nain trentenaire qui contemplait ces lieux d'un œil plutôt inquiet. Il craignait de voir sombrer son monde, dans un univers de chaos et d'anarchie. Tant de chose échappait à son contrôle, tout d'abord sa famille restait introuvable, il ne cessait d'y songer et sans cesse il pensait à ce qu'il pouvait faire pour la retrouver... Son regards volage voguait sur le parterre de la plaine, ou d'innombrables empreintes parsemaient le sol terreux. Une quantité incommensurable d'animaux petits et gros avaient foulés ce sol, afin d'aller s'abreuver au petit étang qui brisait la longue étendue de terre et d'herbe. Le mélange de traces d'animaux, recouvrait les nombreuses empreintes de nains qui avaient foulés ces lieux, il y a quelques semaines.

Sans objectif, sans détermination et sans volonté, Eldor Mardir reprit la route. Son maigre paquetage sur le dos, il marchait péniblement, il était plus meurtrit par le fait que sa famille lui manquait, que par la douleur qu'il trainait depuis quelques temps au niveau de sa cuisse gauche. A présent que pouvait il faire? Nul indice, ne lui permettait d'entrevoir la probabilité qu'il pourrait un jour, serrer sa femme dans ses bras ou de jouer à nouveau avec son unique enfant. Le désespoir emplissait son cœur et l'envie de vivre le quittait peu à peu! Bientôt il allait s'asseoir là le long d'un de ces arbres qu'il voyait à ne serait ce que quelques mètres. A la suite de cela, il s'endormirait, rêvant de ses êtres proches qu'on lui avait enlever injustement et de par ce chagrin considérable, son âme déciderait peut être à le quitter afin de les rejoindre.

Un piaillement de volatile le sortit de ses pensées malsaines. Il perçut grâce à son regard, un début d'affrontement entre quelques corbeaux qui se disputaient un morceau de chair qui eut appartenu à ce qui ressemblait vaguement à un cerf. Mais Eldor ne put le déterminer avec précision, il quitta des yeux cette scène représentative de l'ancestral querelle entre les espèces afin de se nourrir.

Tout en marchant il sortit sa harpe, un instrument magnifique qui embellissait le cœur du nain à chaque fois qu'il le sortait. Il prenait plaisir à le contempler, il s'émerveillait à chaque note qu'il jouait et tout cela malgré ses grandes lacunes de pseudo musicien. Il s'essaya à jouer un morceau connu dans le monde des nains, les notes se suivait, la mélodie s'immisçait dans son ouïe amateur de belle belle musique. Puis il cessa toutes activités, mécontent de lui, il remit sa petite harpe dans sa besace et maugréa quelques jurons. Néanmoins il sentait au fond de lui, une volonté de persévérer de jouer plus fréquemment, il reprendrait donc son étude de la musique plus tard...

Arriver aux abords de l'étendue d'eau, il se baissa, emplit sa gourde d'eau et se redressa. Une forme indistincte apparaissait à quelques mètres de cet étang. Masqué temporairement par les ombres créer par la multitude d'arbres qui parsemaient cette contrée, l'inconnu se rapprochait... Eldor l'observait indubitablement, en prenant la précaution de vérifier si son armement était aisément joignable.

Dernière édition par Gothral le Lun 30 Nov 2009 - 0:23, édité 3 fois

* Frrr Cling * * Frrr Cling * * Frrr Cling *

Le pas de Gothral faiblissait au fur et à mesure qu’il avançait sur la route. Ses bottes soulevaient une couche de poussière terrestre à chaque foulée car ses pieds devenus lourds traînaient à présent sur le sol. Ce bruit singulier de bottine frottant suivi du choc métallique qui ne lui était pas familier au départ de son voyage semblait maintenant faire partie intégrante de lui car il ne l’entendait même plus. Ses oreilles tressaillirent au son de quelques notes de harpe d’un vague air connu témoignant de la présence d’une créature qui ne faisait habituellement pas partie d’un décor naturel de plaine.

Lirgan m’en soit témoin, mes oreilles ne m’ont quand même pas trompé ! Ça ressemblait bien à ...

Le forgeron ne finit pas sa phrase. Dans sa naïveté, il accéléra le pas pour trouver d’où venait la mélodie qui avait cessée. Baissant complètement sa garde, il scruta l’horizon pour tenter de récupérer des informations sur ce qui venait de se passer. Rien, le paysage ne laissa rien transparaître à part un chemin qui se séparait en deux plus loin survolés par deux corbeaux qui semblaient animés. A croire que sa chance était à la hauteur de sa fatigue, car si traquenard il y avait, Gothral s’y était jeté les deux pieds dedans ! Son espoir s’estompa au moment ou l’ombre de l’arbre qu’il venait d’atteindre rafraîchit son crâne lisse. Tout d’un coup, il vit un bagage en cuir aux formes peu communes qui se tenait à proximité d’un point d’eau à moitié caché par les arbres et en retrait de la route.

Aaah !

Gothral laissa échapper un petit cri de terreur en laissant tomber sa hache lourdement sur le sol à la vue de l’individu qui se tenait là devant lui en train de s’abreuver. Il s’empressa de corriger son effroi par une interjection plus amicale tentant de dissimulé son premier cri de surprise.

Haha ! Voyageur, bien le bonjour ! A qui ai-je l’honneur ?

Il écarta les bras en guise de geste de bienvenue comme pour essayer de justifier son incapacité à maintenir son arme en main quelques instants plus tôt. Néanmoins, il resta statique, immobilisé par la peur d’un dénouement brutal de la situation. Il était clair qu’il n’était pas à l’aise et qu’il le cachait très mal mettant en évidence son manque d’aplomb et de charisme. S’appuyant sur un sourire à moitié naturel et à moitié interrogateur, il dévisagea son vis-à-vis en prenant conscience petit à petit qu’il venait de rencontrer l’un de ses frères. Une respiration profonde emplit ses poumons et soulagea tous ses muscles. Ses jambes qui n’en pouvaient plus de supporter un tel poids commencèrent à trembler légèrement sous le coup de l’adrénaline d’abord, puis du relâchement ensuite. En attendant la réponse de son homologue, un temps qu’il perçut comme une éternité, s’en suivit. Il espérait que l’image maladroite qu’il venait d’afficher de lui convaincrait le ménestrel.

Sujet: Re: Des retardataires dans la plaine du Brissalion Sam 21 Nov 2009 - 9:37

A présent, l'étranger était sortit de l'ombre, ainsi son visage se laissa percevoir. Un nain d'environ un mètre quarante se tenait à quelques pas d'Eldor. Une longue barbe brune parsemait son torse, son crâne rasé ne cachait en rien une large cicatrice située aux alentours de son œil gauche. Le soleil illuminait les deux personnages, ils restèrent là un instant à s'admirer, à se juger et à s'interroger. Les premières impressions d'Eldor furent assez encourageante, l'inconnu semblait manquer d'assurance, il tentait désespérément de paraître courtois et amical mais apparemment il ne savait comment s'y prendre pour donner ce genre d'impression. Néanmoins sa détermination afin d'être le plus aimable possible grâce à une gestuelle hésitante, fit tout de même mouche. Eldor pressentait que cet individu n'avait rien d'hostile et qu'il devait baissé sa garde afin de le mettre à l'aise. Le nouveau venu brisa le silence qui régnait dans cette contrée.

Le moment était venu de se présenter...

- Salutations, étranger, je me nomme Eldor Mardir, pseudo ménestrel et apprentis mercenaire, je voyage sans savoir ou je me rends. Tout en portant le poids de la mélancolie et de la tristesse sur mes épaules. M'écouter parler en ces temps obscurs, est synonyme de peine et de chagrin, passez votre chemin inconnu car ma compagnie de quelques heures ne vous réjouira pas le cœur.

Une larme perla le long de sa joue, elle dévala lentement l'épiderme rugueux pour finir sa course au coin de ses lèvres. Le nain Eldor sombrait peu à peu, sa souffrance était monumental et nul ne pouvait y remédier. Il détourna la tête, espérant ainsi échapper au regard du voyageur. Par un regard discret, il scruta l'individu, il se tenait là, devant lui n'émettant aucun bruit. Le silence devînt pesant, ainsi que son observation insistante... Eldor manqua de l'agresser verbalement, mais il se retint de justesse, tout en prenant un ton aimable, mais emplit de chagrin il adressa ces paroles:

- Malgré mon état déplorable et ma compagnie peu en-joueuse, je me ferais un plaisir de bavarder quelques temps avec vous. Nous pourrions nous installer en ces lieux et ainsi nous contés nos histoires respectives auprès d'un bon repas. Qu'en dites vous? Mais tout d'abord comment vous nommez vous?

Eldor observa que les jambes du nain fléchissait, son être tremblait, il semblait épuiser... Raison de plus de se poser là, à attendre que ses forces lui reviennent. S'il déclinait cette invitation, sa aurait été parce qu'Eldor avait fait une mauvaise impression et que la peur de rester auprès de lui l'avait poussé à prendre la route.

Le cœur de Gothral qui battait à toute vitesse reprit un rythme normal pendant qu’il écoutait attentivement Eldor. Surprit de croiser l’un de ses compatriotes en ces lieux, et qui plus est, à la couleur de pilosité assez rare pour un Nain, Gothral ne réagit pas aux premières paroles mélancoliques de son interlocuteur. En conséquence Eldor fut agacer mais ce dernier n’ayant aucune intension malsaine cessa de parler de lui et mit Gothral plus à l’aise.

Les jambes coupées, le forgeron saisit l’occasion de cette rencontre pour se reposer. Sur les dernières questions, il ramassa sa hache et frotta d’un revers de la main la terre qui venait de se loger dans les reliefs da la rune. Il ne voulait pas s’avouer qu’il venait de manquer à son objectif : s’arrêter une fois la forêt ou le duché humain atteint. Il se prétexta à lui-même que son échec personnel était dû à un élément extérieur. En confiance, il continua la conversation avec Eldor pour avoir un peu de compagnie en ces terres inconnues et peut être un nouvel ami avec qui il pourrait braver les événements futurs, lui qui n’avait pas l’habitude de voyager. Gothral ne remit pas les paroles d’Eldor en doute, compatissant avec la douleur de son frère et content de l’avoir rencontré. Pourtant, s’il avait été méfiant, il aurait pu croire à un roublard manipulateur qui aurait pris des airs de victime pour s’attirer une compagnie naïve. Heureusement, pour lui, à nouveau, il n’en était rien. Il annonça fièrement son nom et sa provenance comme il le faisait à l’accoutumé pour se présenter.

Je suis Gothral Guldar, dit « l’Enclume Téméraire », fils de Mardok « le soufflet brillant », du sang de Grumkhol « le Marteau Eclair » du clan Cortyhn, disciple du runiste Hleidvar « Roc d’Acier » de la garnison de Thanor !

Les différents noms raisonnant encore dans son esprit et la différence d’âge entre les deux Nains lui avaient redonné confiance en lui. Son visage n’était plus hésitant. Contrastant avec le Gothral qui laissa tomber sa hache peu de temps auparavant, il s’approcha d’Eldor plein d’assurance en tenant les propos suivants :

Par la barbe du grand Mogar, j’accepte avec joie de me joindre à toi, le jeune ! Tu m’as l’air de t’y connaître en expédition.

Suivit alors une tape amicale sur le dos d’Eldor pour lui prouver sa reconnaissance et à la fois comme pour le consoler de la tristesse qui le rongeait. Le contact entre le plastron du mercenaire et la main calleuse du forgeron provoqua un bruit sourd qui fit un écho dans la plaine. Gothral déposa son bouclier et sa hache au sol et se laissa glisser lourdement à côté du point d’eau pour récupérer de sa marche. Pendant ce temps, il fit l’inventaire de ses provisions. Lorsque le chef des éclaireurs de son clan, Sylksorli « Pied Léger », l’avait laissé seul ce matin-là face à sa quête, il lui avait donné une cuisse de drifaron et une gourde remplie de bière de Criss pour la suite du voyage. Le Nain de soixante-quatre ans avait encore tant de chose à raconter à son nouveau camarade.

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