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 [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris

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Kassandra
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeVen 19 Fév 2010 - 12:13

    Quelle outrecuidance ! Monsieur le Capitaine se laissait aller aux sous-entendus les plus troublants devant sa mousse ! Il y avait de quoi en sourire, franchement. Ces deux-là s'étaient bien trouvés, même si comme il était aisé de le deviner, les contacts entre eux pouvaient facilement passer du plus fusionnel au plus électrique. C'était souvent le cas avec les fortes têtes : mettez deux caractères bien affirmés dans un tube à essai, agitez, et il y avait autant de chances que le mélange vous explose à la tête, ou que vous ayiez conçu le nectar le plus divin au monde. C'était ça, le risque entre Ajilah et Kassandra. Il suffisait que l'un s'emballe pour que l'autre suive, et la machine meurtrière était en marche. A vos risques et périls. Mais pour le moment, ni la rouquine ni le demi-elfe n'étaient assez proches pour concevoir que leur couple - si tant est que ce mot leur "convienne" - était dangereux, et ce même pour eux-même. La demoiselle n'aurait peut-être pas reculé, après tout, sa capacité à se nuire à elle-même était si poussée. Mais il semblait que l'auto-destruction lui allait comme un gant, c'était bien ça le pire : droguée comme elle était, elle n'en paraissait que plus ... Séduisante et attirante, sûrement parce qu'imprévisible, instable et risquée.

    « Je veux bien tout savoir. Allez-y, dites-moi donc tout. »

    Ses bras se reposèrent tranquillement de chaque côté du siège, alors qu'elle croisait ses jambes étendues sur le bureau, poussant ça et là quelques cartes qui gênaient au repos nonchalant de sa personne. Son flegme de félin paresseux et avide, salivant devant la proie insaisissable fut brisé par la remarque d'Ajilah, qui la fit sérieusement sourire avec cynisme. Ca sentait le piège à plein nez, allez savoir pourquoi.

    « Et qui êtes-vous pour juger qui me mérite et qui ne me mérite pas ? »

    Elle ne le prenait ni bien ni mal, c'était tout de même d'ailleurs flatteur d'entendre son supérieur vous dire que peu d'hommes vous méritaient à bord. Et aussi rassurant : Kassandra se voyait mal avec un édenté, un pervers alcoolique ou un fétichiste de la torture - rompre avec un sadique était quelque chose de délicat, je vous laisse imaginer pourquoi -. Mais de l'autre côté, qui méritait-elle ? Lui ? Oh, la perspective était tentante. Mais lui demander aurait été équivalent à tendre le bâton pour se faire frapper. Ce qui n'était pas dans l'optique de la jeune femme.

    Elle écouta d'ailleurs son récit, avec attention, n'affichant aucune fierté à être si convoitée. Comme dit précédemment, que des dizaines ou des centaines d'imbéciles et de fourmis la désirent dans leur lit lui était bien égal. Kassandra visait plus haut, bien plus haut, et son ambition aurait été satisfaite s'il s'était agi de dizaine de capitaines et de dirigeants de flottes qui auraient bien voulu faire de Kassandra leur "quatre heures". C'est donc avec un léger scepticisme et une moquerie évidente qu'elle renifla de dédain envers ce Thaar, qui avait, lui, volé un peu trop près du Soleil. Ses ailes de cire en avaient fondu ... Et la chute allait être douloureuse.

    Le rictus d'Ajilah la fit hausser un sourcil, son sourire se teintant de l'ombre d'un doute : oh, que l'Amiral soit menacé de mort par un andouille qui allait se faire réduire en bouillie demain ne l'inquiétait pas ; c'était plutôt le fait qu'elle ne verrait pas la scène. Et que malgré tout, elle ... Non, elle n'avait pas peur, voyons, les noms "Kassandra" et "peur" dans une phrase ne pouvaient pas coexister pacifiquement. Mais dans un sens, que son capitaine doive perdre du temps avec un idiot en mal de rapports charnels l'agaçait. Déjà qu'elle allai déserter prochainement, si en plus, elle laissait à Ajilah des mâles en rut, ca n'allait que ternir davantage l'image qu'elle laisserait. Et si elle revenait ... Oh, elle ne voulait pas imaginer les multiples réactions de son chef. Insultes, mépris, refus, violence ... Peut-être même qu'il la ferait tuer dès la première expédition. Bref, il fallait éviter la casse qu'elle avait prévu d'avance au maximum.

    « Peut-être que je pourrais m'en charger, en fait. Je ne doute aucunement de l'issue de sa vaine tentative de meurtre, mais vous avez sûrement autre chose à faire que de devoir gérer Thaar. »

    C'était dit de manière claire mais adoucie, presque comme une suggestion sucrée, une petite friandise qu'on vous tend et que vous aimeriez refuser mais qui vous fait tellement les yeux doux que vous la gobez tout rond.
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeSam 20 Fév 2010 - 18:39

Kassandra et son incessante rébellion sous-jacente. Jamais soumise, jamais rebelle, toujours voguant entre les deux, à la recherche de l’équilibre parfait. La rouquine était une femme exigeante, aussi bien avec le monde qui devait se plier à ses désirs qu’avec elle-même. Son corps, source de plaisir et de jouissance, était continuellement mis à rude épreuve, en témoignant les quantités affolantes de produits nocifs qu’elle pouvait ingurgiter sans la moindre prudence. Depuis qu’elle était sur l’Onirique, elle avait pris ses marques, et s’était faite sa propre place au sein d’un monde machiste au possible. Elle tutoyait le danger parce qu’elle ne voulait rien de plus que vivre, et il n’y avait jamais de moments durant lesquels on se sentait plus en vie que quand on frôlait avec la mort.

« Un jour peut-être, si tu tiens assez longtemps pour ça. »

Il en avait, des choses, à montrer, mais il ne se livrait pas à la première venue - même si la mousse n’était plus vraiment la première venue - et n’accordait jamais réellement sa confiance. Profondément égoïste, il estimait que son prochain devait l’être aussi, au moins un jour, et qu’il valait mieux être préparé à cette éventualité. C’était toujours plus agréable que de sentir la froide morsure de la trahison.

« Qui je suis ? Mais ton capitaine, mon amie ! »

Léger clin d’œil… mais néanmoins véritable rappel. Il était toujours bon de remémorer certains faits importants aux êtres qui prenaient le plus leur aise. Kassandra jouissait d’un nombre impressionnant de « petits privilèges » dont elle n’avait sans doute pas conscience elle-même, et il ne souhaitait pas qu’elle en oublie leurs places respectives. Il aimait trop jouer au capitaine pirate pour se voir coiffer au poteau par une femelle qu’il aurait trop gâté, au risque de se perdre lui-même. Changeant alors de sujet, ne voulant pas voir s’enliser la conversation dans un houleux débat sur la place de chacun en ce monde, il lui annonça alors les soucis qu’il rencontrait avec Thaar, en grande partie - sinon la totalité - à cause de la façon dont elle s’était joué de lui.

La réaction de Kassandra, quand il annonça que le coq voulait s’en prendre à lui, le surprit légèrement. Allons bon, lui qui pensait l’inviter aux réjouissances, voilà qu’elle cherchait à régler l’histoire elle-même… ce qui était fort louable, mais aussi incroyablement vexant pour le demi-elfe imbu de lui-même. Lui lançant un regard dédaigneux, il haussa les épaules avant de reporter son regard sur le coffre à alcool toujours fermé. L’envie de boire un bon coup lui monta subitement à la gorge, mais il la réprima.

« Thaar est un divertissement bienvenu. »

Un retour aux origines après avoir été si longtemps coupé de la véritable piraterie, celle qui se marchait sur les pieds en permanence.

« Un divertissement qu’il m’aurait fait extrêmement plaisir de partager… après tout, tu étais la première concernée. »

Il entra en mouvement, se laissant retomber au sol sans pour autant arrêter de se servir de la table comme soutien. Ses yeux tutoyèrent un instant ceux de Kassandra, avant de pencher la tête et de mimer un air interrogateur.

« Mais il semblerait que tu souhaites voguer en solitaire sur cette excitante aventure qu’est la tentative de meurtre de Thaar sur ma pauvre personne. Ca m’étonne de toi. »
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeMer 24 Fév 2010 - 18:40

    « Ouais. Vous avez soif ? »

    Quoi ? Elle, relancer les hostilités de manière suicidaire ? Que nenni ! C'était simplement là une politesse toute faite qui était sortie de sa mignonne petite bouche sans aucune intention vile ou narquoise ! Et n'allez pas imaginer par ici une quelconque forme d'ironie. Ce serait vraiment bien mal connaître le personnage ...

    Dévoilant sa blanche dentition dans un sourire odieusement sarcastique, la jeune femme rétorqua avec justesse et néanmoins logique.

    « C'est ce qui fait le piment du personnage, non ? Si j'étais tout le temps prévisible, vous finiriez par me jeter à la poiscaille. »

    La pirate eut un sourire en demi-teinte, ses pensées voguant vers le futur. Il était flou : et bien que l'imprévu n'avait jamais gêné la jeune femme habituée à vivre au jour le jour, ne pas savoir ce qu'il adviendrait d'elle et de son capitaine la travaillait légèrement. Chose qu'elle n'avait pas l'habitude d'éprouver et qui la rendait confuse, plus qu'elle n'aurait du l'être. Elle savait, comme une prémonition des plus désagréables, que sur le continent, les gens étaient parfois bien plus fourbes qu'une troupe de pirates assoiffés devant un tavernier en grève. Et que, sans aucun doute, le genre de conversations qu'elle vivait là, détendue, avec le sourire, lui manquerait. Ca, elle ne le formulait pas à voix haute, osant à peine se le dire ; c'aurait été équivalent à se comporter comme une de ces potiches qu'elle méprisait, qui regrettait tout pour un rien. Bon sang, il y en avait des tas d'autres, des hommes qui en valaient la peine ! Elle ne s'était pas encore envoyée en l'air avec toute la côte. Ajilah ne valait peut-être même pas tant que ça le risque ... Bah.

    Plus sérieusement, la mousse reprit.

    « Ca me dérange pas que vous tuiez Thaar. En fait, vous faites ce que vous voulez, c'est vous mon chef, pas l'inverse. »

    Elle soupesa du regard Ajilah, considérant sagement qu'il aurait été fortement déplacé de s'écrier que c'était son droit à elle et pas à quelqu'un d'autre de faire mordre la poussière à ce connard, d'autant plus que cela aurait sûrement réduit la colère de l'Amiral qui allait certainement atteindre des sommets d'ici quelques jours. Kassandra songea, comme pour se réconforter, qu'avec un peu de chance Haer paierait à sa place les pots qu'elle aurait brisés pour son départ-surprise. Quand il y en a qui débarquent à l'improviste le plus total, d'autres sont doués pour faire faux bond au plus désagréable des instants.

    Tandis qu'elle laissait à nouveau vagabonder ses yeux dans le sinueux chemin des iris verdoyantes de son interlocuteur, la jeune femme poussa un soupir, basculant la tête en arrière pour observer le plafond l'air de rien, laissant une attente théâtrale rythmer ses paroles, avant de redescendre le menton et d'à nouveau observer le demi-elfe, calmement, ingénument.


    « Mais ... Vous savez ... Peut-être que j'ai le droit de donner mon mot ... Peut-être qu'il ne s'est finalement pas gêné et est passé outre votre refus ... Ou qu'il va le faire. »

    Le murmure retomba platement sur ses lèvres tandis que la rouquine parachevait sa venimeuse suggestion qui allait empoisonner l'esprit résolu et cruel du Capitaine, passant une main distraite sur sa cuisse comme pour y enlever un cheveu ou une poussière. Bien sûr, c'était partiellement erroné : Thaar n'avait jamais osé entreprendre quelque périlleux rapport physique forcé. Cela dit, alors qu'il semblait avoir failli enfin laisser tomber son masque de petit froussard zélé respectant les ordres d'Ajilah à la lettre, un soir de beuverie particulièrement excessive, le dit gentil petit mousse avait clairement laissé entendre qu'il n'en avait "rien à taper, c'est pas sa femme qu'euj' sache !". Oh, certes, il n'y avait eu que des paroles, pas de gestes, aucun attouchement plus ou moins subtil et forcené. Mais comme chacun le savait ou l'apprendrait plus ou moins à ses dépends, Kassandra avait une manière bien particulière de mettre à sac l'harmonie ambiante qui pouvait parfois régner entre les hommes. Comme quoi la femme pouvait être talentueuse quand il s'agissait de destruction.

    Et dire qu'on jetait la pierre aux sexistes ...
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeSam 27 Fév 2010 - 23:09

Ajilah soupira, secouant la tête, amusé malgré lui. Kassandra ne pouvait-elle pas raisonner autrement qu’avec un verre d’alcool dans la main ? A mesure qu’il apprenait à connaitre le personnage, le sang-mêlé saisissait toutes les notes subtiles qui composaient sa symphonie. Discordance bienvenue, ses différentes addictions le laissaient pensif, impressionné et respectueux. Sa jeune mousse vivait ses passions débridées jusqu’au bout, et tant pis pour les conséquences désastreuses sur son organisme.

« Non, Kassandra, je n’ai pas soif. »

Et tant pis si cela mettait un frein à la bonne humeur qui s’installait. Il avait joué une fois, avait perdu et était assez intelligent pour ne pas retenter l’impossible. Surtout que jouer deux fois au même jeu manquait de charme. Mieux valait toujours innover, changer les règles à mesure qu’elles naissaient, sans jamais prendre de pause. Au risque de s’approcher un peu trop près du soleil et de sentir les ailes de cire de la complicité fondre sous le soleil arrogant de l’arrogance. Car les deux personnages étaient arrogants, par bien des côtés, et si Ajilah n’avait pas fait marche arrière à la dernière minute dans un élan de bonté, il y avait fort à parier que les deux énergumènes auraient fait navires à part. Ce qui, soit dit en passant, aurait été fort dommage.

« Hum… Peut-être bien. Thaar peut-il être considéré comme faisant parti de la poiscaille ? »

Car oui, Kassandra était protégée par l’intérêt que lui portait son capitaine. Qu’elle devienne du jour au lendemain inintéressante, et alors elle n’aurait rien de mieux à faire que de quitter l’Onirique au plus vite… afin de fuir la horde de matelots qu’elle avait pu frustrés au court de son long séjour. Des viols, Ajilah en avait déjà vu, et savoir qu’il s’en produisait un dans ses cales ne lui faisait ni chaud ni froid, tant que la victime ne faisait pas parti de sa liste privilégiée.

« Le chef aime faire participer ses subordonnés, quand les missions sont assez plaisantes pour le permettre. » Sourire moqueur, teinté d’amusement. « Loué soit-il, lui et sa générosité. »

Elle était proche… belle et désirable, comme au premier jour. Le faisait-elle exprès ? Surement. Et force était de constater que son petit jeu fonctionnait, au moins en partie. Oui, le demi-elfe la trouvait belle, oui il n’aurait pas été contre passé une nuit torride avec elle… mais il n’était pas encore subjugué au point d’en perdre la raison. Il préférait de loin la voir céder elle, quitte à passer sa frustration sur une jolie serveuse… ce n’était pas comme si elle manquait, et il était l’Amiral, après tout. Le souci était qu’il ne faisait pas grand-chose pour la faire céder, ce qui faisait se prolonger le petit jeu de séduction entre les deux… hum, tourtereaux n’était peut être pas le terme adéquat. Admirant le corps qu’elle offrait à ses yeux dans son petit jeu - conscient ou non - de tentation, il n’en gardait pas moins la tête assez froide pour suivre la conversation.

« Si tel était le cas, je pense que je le saurais. Thaar ne sait pas sur qui compter. » ou comment entretenir le mythe que rien n’arrivait sur l’Onirique sans que son capitaine ne soit au courant.

Se relevant, il s’éloigna un peu de la jeune femme, partant s’assoir sur son fameux coffre à alcool… un brin provocateur. Lui savait l’ouvrir sans le moindre effort, alors que Kassandra… Eh bien disons que ses tentatives n’avaient pas été très concluantes.

« Eris en soit témoin, ce caniche d’eau douce mourra demain soir. Après… Peut-être y a-t-il moyen de s’amuser un peu. N’as-tu pas envie de t’amuser ? »
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 13:21

    « Ca tombe mal.. Bon, eh bien je vais fumer alors. »

    Quelle gamine ! Non, vraiment, une petite enfant capricieuse n'aurait pas mieux réagi ! C'était comme forcer Ajilah à lui obéir, auquel cas le chantage serait d'usage. Et c'était le cas. D'une moue ingénue de celle qui ne pense aucunement à mal, la rouquine extirpa de sa taille désirable sa petite boîte dorée, promesse d'envolées psychiques inatteignables, jouant avec du bout de ses ongles. Chaque léger claquement à la surface ouvragée était uen façon de narguer le capitaine, de lui susurrer suavement à sa conscience : " Vous êtes sûr de me refuser votre rhum ? ". Oui, la pirate voulait le faire céder, oui, la mousse avait bien à gagner à annihiler les défenses de l'homme : car la vérité était qu'elle attendait bien plus de sa part qu'une bouteille ou un consentement. Lui comme elle désiraient la même chose, elle n'en doutait pas : mais c'était une forme de compétition nouvelle, à savoir qui résisterait le plus longtemps, et qui serait le premier à abandonner toute retenue quelconque pour s'avouer vaincu. En soi, le défi ne regorgeait pas d'imprévisible, l'issue était fatale et inévitable, mais ce n'était pas le but qui intéressait nos deux loups de mer ; c'était plutôt le moyen. Ou les moyens, dans le cas présent, car Kassandra n'avait pas que de fameux talents de séductrice et d'agaçante petite vipère, elle avait aussi le corps qui allait de pair avec ses qualités - en admettant que cela en soit - et ne rechignait pas à user de toutes ses possessions pour s'assurer la victoire.

    « Thaar est pire que ça. C'est ... Une algue. Une algue collante et maladorante. Alors ne me jetez jamais à l'eau, capitaine. Je vous en conjure. »

    Elle osa un coup d'oeil malicieux en direction du capitaine avant de s'étirer, lâchant un soupir d'aise qui une fois de plus rendait son attitude équivoque et troublante. Son buste se cambra un peu sous la tension qu'elle imposait à ses muscles, avant de se relâcher, doucement, lentement, comme une danseuse agile et habile. Bien des hommes auraient rêvé de pareille femme dans leur couche, et bien d'autres veinards avaient eu cette chance ... Et c'avait été sûrement une des nuits les plus incroyables qu'ils avaient du avoir dans toute leur vie, comme une sorte de dernière volonté avant la mort, réalisée de manière grandiose, inoubliable ; un morceau de paradis offert avant votre dernier soupir aurait eu la même saveur. Mais au fond, pour la jeune femme, ca n'était rien d'autre qu'un nom en plus, parfois même, il n'y avait pas de nom : peu importe qui tu es, il n'y a que ton corps qui m'intéresse, et ca ne sera rien de plus qu'un défouloir pour moi. Voilà ce que ses yeux, aguicheurs et sournois, inspiraient souvent face à ses amants éphémères. Rares étaient ceux qui lui restaient en mémoire ; et parmi le peu d'identités encore vives dans ses souvenirs, celle d'un homme surnageait dans le lot, lui rappelant aussi une désagréable sensation qui lui donnait envie de ... vomir. Sûrement l'arrière-goût sirupeux de l'inceste.

    « Je le savais, décidément, le type qui gère ce vieux rafiot est un génie. »

    Taquine ? Si peu ! Et même si ces mots avaient ce double-sens peut-être trop tranchant, le capitaine saurait indubitablement faire la part des choses : et qu'il ne s'attende pas à ce que Kassandra lui tende la main et le supporte comme la première des groupies énamourées. Elle n'était pas comme ce genre de ... choses.

    Dans un soupir boudeur, la rouquine afficha une moue un brin déçue dans l'unique but d'attendrir l'Amiral. Ah, la diablesse, elle savait y faire. Qu'est-ce qui retenait Ajilah de ne pas craquer ? Bien des choses. Sa fierté, en premier. Son orgueil en second. Et des tas d'autres qualificatifs qui rappelaient que cet homme en était bel et bien un, et que sa virilité le poussait automatiquement à d'abord faire plier la belle. Et pas l'inverse. Voilà qui promettait une belle partie ... Si seulement elle n'avait pas déjà décidé de fuir le surlendemain !

    « Demain soir ? Et pourquoi pas ce soir ? »

    Ses yeux brillaient. Elle fixait Ajilah d'un regard joueur, téméraire et malin. Dites oui, dites oui, semblait-il supplier ...
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 23:58

Fum… Eh ! Elle n’avait pas le droit ! Kassandra allait, sous son nez, enfumer sa précieuse cabine. Il la sentait déjà, la détestable odeur, imprégnant le pauvre bois innocent pour les semaines à venir. Avec une unique « fenêtre », comment espérer se débarrasser rapidement de ces pestilences, hein ? Surtout qu’elle avait promis de ne rien faire de désastreux tant qu’il serait là pour le voir… Mais il ne lui ferait pas ce plaisir de l’arrêter en chemin. Quoi qu’il fasse, il savait que la rouquine allait « marquer un point » dans ce brumeux et perpétuel jeu qui était le leur. Enfin, vu l’avance qu’il avait pu accumuler, ce n’était pas vraiment un problème. Il l’observa l’air de rien sortir l’objet du délit, rouleau infâme et malodorant… Mais comment donc pouvait-on prendre goût à telle horreur ? Pour son grand bonheur, elle ne mit pas sa menace à exécution, passant à autre chose comme si de rien était. Un soulagement qu’il dissimula à merveille, préférant se concentrer sur les mots suaves de la tentatrice qu’était Kassandra.

Elle voulait bien arrêter de se trémousser de la sorte ? Se concentrant sur son visage, il souriait. Eris, qu’elle était belle, surtout quand elle minaudait de la sorte. Ajilah était un homme, il aimait qu’on le flatte, allait jusqu’à le faire lui-même quand l’envie lui en prenait, sans pudeur aucun, sans honte mal placée. Il était fier, incroyablement fier, de lui, de ce qu’il était, de ce qu’il avait fait, accompli au court des quatre décennies de sa vie.

« Quel jugement hâtif… Une algue… C’est méchant, tu les insultes en les comparant à… ça. » lâcha-t-il avec un sourire moqueur.

Ah, sa mousse commençait à bien le connaître. Un type génial, lui ? Si peu… Bon, allez, il n’allait pas refuser un tel compliment, aussi gratifia-t-il la diablesse d’un sourire entendu. Taquine, elle l’était, sans l’ombre d’un doute, mais ils pouvaient très bien être deux à jouer ce petit jeu là. En fait, ils étaient deux, et la partie s’éternisait un brin. Depuis combien de temps se poussaient-ils dans leurs retranchements respectifs ? Depuis combien de temps lorgnaient-ils sur le corps de leur camarade, alors qu’il était certain depuis le début que leurs esprits s’accordaient à merveille ?

Mais l’heure n’était pas encore aux actes désirés mais inavoués, non… L’heure était au complot qui se tissait, filet qui s’enroulerait bientôt autour des jambes de Thaar alors que ce dernier se jetterait sur un Ajilah qu’il était certain de terrasser. La vie pouvait parfois être cruelle. Il fut surpris par la remarque de la mousse, et ne le cacha pas. Pourquoi pas ce soir, en effet ?

« Mais… Kassandra. Je ne choisis pas encore le soir où on essaie de me tuer, tu sais ? »

Petite voix condescendante merveilleusement feinte, il avait déjà vu à quel point cela pouvait agiter la rouquine et ne se privait jamais de la voir lever les yeux au ciel pour implorer il ne savait quel dieu.

« Enfin… On peut toujours lui donner une raison de passer à l’action plus tôt que prévu. » Il marqua une pause, comme s’il hésitait. « La vraie question serait plutôt : pourquoi ferions nous une telle chose ? »

Et là, le jeu laissait place à un regard inquisiteur. En effet… Pourquoi ?
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 20:06

    L'effet escompté fut approuvé par la rouquine, qui balaya le plafond de ses prunelles mauves non sans un rictus nostalgique. Comme la mère considérant l'enfant, canaille, avec une pointe de tendresse maternelle. On était loin de la réalité : Kassandra aurait fait une bien mauvaise mère, et jamais un gamin n'eut été à la barre de l'Onirique et Amiral de la Marine Marchande de surcroît. Quoique ... Ce dernier point demeurait somme toute discutable, alors que la rouquine savait que les agissements impulsifs et défiants du capitaine étaient souvent à portée presque infantile, l'homme misant davantage sur cette chance improbable qui était une seconde maîtresse plus que sur sa propre intelligence ou ses aptitudes à la réussite. Un choix hasardeux et casse-cou, mais qui avait bien payé, la preuve en était sa réussite quelque peu fulgurante après des mois de silence.

    Mimant la tristesse, son visage se plissa sous l'expression qu'elle voulait moduler, sa voix se lamentant dans une mélodie infiniment charmante.

    « Et moi qui croyais que vous pouviez influencer jusqu'à l'instant de votre dernier soupir ... Le mythe se brise, Ajilah. »

    Puis la question vint, celle qu'elle attendait avec une impatience bien dissimulée, celle qui fit s'entrechoquer ses mains dans un claquement de satisfaction brute. Ses yeux pétillèrent d'une joie féroce, le contentement du Diable qui sait qu'il va faire mal, et qui se réjouit d'infliger dans un futur tellement proche une douleur bien peu supportable pour sa victime. Il se délecte, son imaginaire le contente, mais la réalité n'en sera que plus jouissive, Kassandra n'en doute pas sur ce point. Ce petit ... Divertissement en duo promettait d'être le premier d'une longue série mémorable, autant pour elle que son capitaine, elle craignait de le décevoir à ce sujet.

    Mais elle en était persuadée, elle avait marqué un point en tentant le capitaine pour le pousser à une petite séance de taquineries pirates avec ce cher Thaar. Il ne crachait pas dans la soupe, mais se demandait plutôt quel serait leur alibi. Ce qui confirmait leur future activité nocturne, et rajoutait encore un peu de baume au coeur pierreux de la créature sournoise, qui agita un peu ses boucles acajou d'une main distraite.

    Se redressant un peu sur le fauteuil confortable qu'occupait le chef du navire en temps normal, ses mains se reposèrent de chaque côté de son buste, s'étendant avec paresse sur chaque bras de tissu molletonné. Le corps se pencha un poil plus en avant, la rouquine ignorant - ou non - une fois de plus l'étendue du paysage qui pouvait s'offrir aux yeux curieux et investigateurs d'Ajilah. D'une voix aux accents mystérieux, et sous le ton de la confidence, Kassandra souffla à son supérieur.

    « Mais parce que vous avez laissé votre mousse ô combien protégée s'échapper de votre champ de vision ! La pauvre hère s'est malencontreusement aventurée sur le territoire de Thaar le terrible ... Et lui, si perfide, si intelligent, pensant voir arriver la chair fraîche et délectable qu'il croit pouvoir impunément déguster et dérober, se jettera sur ce qui n'est qu'un appât. Pris la main dans le sac, le capitaine était en réalité occupé à rôder ... Et il était de mèche avec la vile damoiselle. »

    Un sourire futé orna ses lèvres alors qu'elle se laissait retomber doucement contre le dossier du meuble qui accueillait son corps, impassible, reprenant un air plus serein et sérieux qui convenait à ces gens d'une société raisonnable et enferrée dans leurs principes archaïques, ennuyeux et démodés. Des gens loin d'Ajilah et Kassandra.

    « Oh bien sûr, après, il n'y a pas forcément besoin d'une raison. Et puis, vous pouvez toujours refuser ... Si vous êtes donc si sage que cela. »

    Ces subtiles paroles, aux intentions tout juste voilées de blanc, ne faisaient qu'enfoncer le clou et tenter le fidèle puritain. Oh, il cèderait. Kassandra ne doutait pas de ses forces multiples et orales.
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 21:22

Qu’elle approche, la jolie rouquine, et il lui montrait à quel point le mythe était loin de s’être effrité. Il suffisait qu’elle cède, tout simplement. Sauf que voilà, céder à quoi ? La vie d’un Amiral était pleine de contre temps, et voilà bientôt un an qu’ils coincé à Meca. En cela, le Conseil des Leaders avait finement joué, car en effet, l’Onirique n’avait pris que deux ou trois fois la mer depuis le retour du pirate. Mais le demi-elfe estimait leur avoir rendu la juste monnaie de leur pièce, sous la forme d’une mort pure et simple de la « Marine Marchande ». Meca était devenue l’ennemi du Roi, ainsi qu’il en aurait toujours du aller, et c’était tant mieux. Mais désormais, il avait fait le tour des possibilités que lui offrait ce jouet qu’était l’île volcanique, et il allait bientôt de nouveau prendre les voiles. Le Fossoyeur avait quitté le port, surement pour aller rechercher son foutu capitaine, et s’ils y parvenaient, alors il retrouverait un quelconque intérêt à faire valoir son titre.

Mais Eris appelait, et il répondrait bientôt… Le service demandé par Sirya tombait vraiment à pique. La demi-elfe ne savait pas à quel point son « frère de sang » pouvait lui être redevable, en quelque sorte… et elle ne l’apprendra jamais. C’était elle qui aurait une dette à rembourser, et pas l’inverse. Mais surtout… Kassandra ne pouvait-elle pas rester immobile ? Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi désirable, hum ?

Mais le désir qu’elle faisait naître, et qui aurait pu être discrètement visible s’il avait porté autre chose qu’un large pantalon de toile, ne survécut pas à l’empressement que Kassandra eut à avancer la petite fête qu’il souhaiter organiser pour le lendemain au soir. Ou, tout du moins, la fête de Thaar, qu’il comptait bien reprendre et améliorer. De toute façon, le « pirate » ne savait rien faire de bien tout seul, aussi Ajilah était-il un grand homme en se proposant spontanément de l’aider. Mais voilà qu’on contestait son timing… sans aucune raison apparente. Kassandra voulait s’amuser, ce soir, son regard suppliait comme jamais il ne l’avait fait.

Elle cachait quelque chose, et il n’aimait pas ça.

Il tenta bien de lui demander ce qu’elle avait derrière la tête, mais elle minauda, la perfide. Elle détourna la question, ou ne la comprit pas, au choix. Ajilah préférait croire qu’elle la détournait, d’ailleurs, après tout elle avait jusqu’à présent fait preuve d’une vivacité d’esprit assez impressionnante. En vérité, il était presque vexé. C’était sa tentative d’assassinat, il pouvait quand même décider de quand elle aurait lieu, non ?

« Je ne te demande pas la réponse adéquate pour que j’avale ta couleuvre. » Il s’était peut-être fait un brin dur, et il tenta de se détendre un peu, penchant légèrement la tête. « Kassandra, s’il y un problème… »

Il s’arrêta. Eris toute puissante, il n’allait tout de même pas proposer son aide, tout de même ? Haussant les épaules comme si de rien était, il tenta d’opérer une transition en douceur entre « gentil Ajilah » et « Ajilah normal », et il y parvint plutôt bien. A peine plus d’une demi-seconde d’hésitation. Une petite demi-seconde.

« Tu sais ce qu’on dit, l’Eris n’attend pas, mais elle ne se presse pas. »
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeSam 6 Mar 2010 - 21:52

    L'excitation apparente de son capitaine échappa au regard acéré de la lionne, et ce fut une grande chance pour le capitaine, qui aurait été fort gêné de devoir justifier cette soudaine vitalité corporelle inexplicable alors qu'il se trouvait plantée devant la vision d'une rouquine brûlante à souhait. Après tout, elle cherchait à voir son pouvoir d'attirance confirmé sur la gente masculine, et en aurait été plus qu'honorée de savoir que même Monsieur l'Amiral n'était pas indifférent à des courbes aussi charnelles. Mais le lien qui s'était forgé entre les deux pirates rendait l'idée encore plus jouissive pour la tigresse, qui aurait bien ri pendant longtemps à ce détail, le rappelant à chaque moment où Ajilah aurait voulu rappeler la mousse à l'ordre. Un désagrément qui aurait déplu et usé à la longue. Il valait mieux, donc, que chacun se contrôle et patiente, jusqu'à ce que communément ils abandonnent et se laissent prendre au véritable jeu.

    La question la prit au dépourvu. Ses yeux s'écarquillèrent, d'abord, lentement, alors que son dos retombait mollement contre le fauteuil. Incrédule et interloquée, ses yeux se baissèrent, fuyants, puis il y eut un temps d'hésitation, suffisamment léger pour que ses mains cherchèrent un appui où se détendre, avant que finalement, sa voix sensuellement voilée se fasse de nouveau entendre, basse et douce à l'oreille.

    « Oui, il y en a un, je ... »

    Elle battit des cils, ses yeux fixant les ondées verdoyantes du demi-elfe, d'un air quasiment désespéré, perdu, ses lèvres s'étirant avec douceur, la sincère confession perlant pour écore au bout de cette bouche tentatrice, plainte désespérée et gémissement évocateur ...

    Qui se transforma en moquerie pure, éclat de rire hilare et regard malicieux, yeux trompeurs qui avaient berné le capitaine un instant illusoire. Trop illusoire.

    « J'ai soif. Non, sérieux, capitaine, vous me faites une crise de quelque chose ? Vous m'avez fait peur. »

    Elle s'était fait peur, elle aussi, l'espace d'un moment effrayant, elle avait cru que son coeur allait exploser et lâcher tous ses secrets en mille morceaux dans un hallucinant baragouinage balbutié et incompréhensible, où le capitaine découvrirait alors, déçu et dédaigneux, que sa mousse protégée et tant appréciée allait déserter pour une histoire de familles. Mais elle dissimulait trop bien ses craintes pour qu'Ajilah s'en rende compte et avant même qu'il eut le temps de dire " Rhum ", la rouquine avait repris tout son panache, souriant comme à l'aube d'une beuverie mémorable.

    « Mon bon capitaine, c'est gentil de vous soucier de moi, mais je suis simplement horriblement impatiente et capricieuse. C'est maintenant que je veux m'amuser, pas demain. »

    Et tant pis s'il voulait se faire Thaar quand lui le voulait, il se retrouverait tout seul ... Et Kassandra n'en aurait rien à faire. Ou presque.
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeMer 24 Mar 2010 - 15:31

Ajilah n’était pas en colère. Du moins, pas vraiment. Son regard était dur, mais pas forcément hargneux. Pas du tout, même. Il était juste… froid. Ajilah observait Kassandra comme si elle n’était rien de plus qu’un moustique posé sur son épaule, une tique gênante qui commençait à se permettre un brin trop de chose. Quoi qu’il lui avait toujours permis de se moquer de lui, l’irrévérence n’était pas un problème pour un capitaine tant que derrière, les ordres étaient appliqués à la lettre. Sauf que voilà, cette fois-ci, le demi-elfe avait commis une erreur. Non pas que proposer son aide ne lui arrivait jamais, loin de là. Mais sur ce coup là, il n’avait eu aucune arrière pensée. Bien souvent, son aide se monnayer, parfois avant, parfois après quand il était trop tard pour faire marche arrière. Pas avec Kassandra.

Cela ne lui arrivait pas souvent, et c’était d’autant plus désagréable quand le retour se résumait à un foutage de gueule en bonne et due forme. Il ne pouvait pas en vouloir à Kassandra, elle avait agit exactement comme il l’aurait prédit si on lui avait présenté la scène, mais cela ne l’empêchait pas d’être vexé. Et il en fallait beaucoup, pour vexer la sang-mêlé. Impatiente et capricieuse, ainsi se résumait la jeune mousse. Une poignée de minutes plus tôt, il aurait souri et rebondi sur la plaisanterie, la caricaturant à souhait jusqu’à ce qu’elle se rebelle et affirme « qu’elle n’était absolument pas comme ça. ». Le sourire qui se peignit sur son visage ne contenait aucune joie, aucune malice. Il était aussi froid que son regard.

« Tu m’en diras tant. » Aucune rancœur, aucune complicité. Seulement un constat énoncé à voix haute.

Se redressant, il s’approcha du coffret protégé par son absence de serrure. Il réagissait comme un gamin, un gosse qui proposait d’aider et qu’on remballait, mais qu’importait ? Il avait joué, il avait perdu, sur cette manche au moins, et il savait reconnaître une défaite quand il en voyait une. Il avait baissé sa garde et la rouquine n’avait pas laissé passer sa chance. Donnant un coup de pied sec et savamment placé dans son coffre fort, il en libéra les précieux lingots d’or liquide.

« Voilà qui devrait résoudre ton problème. » commenta-t-il. « Il ne sera pas dit que j’abandonne mon équipage quand il a besoin de moi. »

De telles paroles ne surprenaient pas, dans la bouche d’Ajilah. Il aurait pu les prononcer n’importe quand, comme une plaisanterie teintée de vérité, et c’était d’ailleurs ça qui rendait la scène si étrange. Si dérangeante, d’une certaine façon. Car sa voix était aussi froide que son regard. Jetant un dernier coup d’œil à son trésor, il esquissa un nouveau sourire, plus naturel cette fois, et se pencha histoire de prélever une bouteille.

« Je prends ça… » Il se redressa, et fourra son butin dans l’une des pioches immenses de son lourd manteau. « Et je te souhaite une bonne nuit. »

Il commença à s’approcher de la porte de la cabine, l’ouvrit et avant de franchir la porte, reporta son regard sur la rouquine, où qu’elle soit.

« Mon invitation pour demain soir tient toujours, dans tous les cas. »
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MessageSujet: Re: [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris   [Onirique] Sous l'oeil vigilant d'Eris - Page 2 I_icon_minitimeDim 28 Mar 2010 - 21:47

    Bon. Voilà qu'elle y avait été trop fort.

    Elle le devina sans peine à la façon dont il se refroidit brutalement - et la température ambiante avec -. Merde, ce type était décidément extrêmement doué pour la faire tourner en bourrique et pour presque lui faire regretter de gagner la manche qui venait de se dérouler sans même qu'elle n'en prenne véritablement conscience. Monsieur se mettait à devenir mauvais joueur ? Ca n'aurait du surprendre qu'à moitié Kassandra. Il avait sans conteste la victoire affirmée et exhibée, alors la défaite devait être plus qu'amère pour lui.

    Ce qu'elle comprenait sans mal.

    S'abstenant de tout commentaire face à ses petites répliques "rafraîchissantes", ce qui en soit pouvait être à la fois une gentille preuve de modestie de sa part ou une façon commode et sobre d'afficher un peu plu sa supériorité et son indifférence face à la douleur de la victime, la rouquine s'enfonça paisiblement dans le fauteuil, l'observant se relever. Et il allait lui fausser compagnie ! Il n'allait même pas l'inviter à aller taper du Thaar ! C'était comme ça qu'il comptait lui dire au revoir sans même le savoir ?! Voilà qui fâchait intérieurement la rouquine, qui venait de se voir refuser un privilège auquel elle ne se serait jamais attendue à un "non".

    Sa réaction lui faisait penser à celle d'un enfant vexé parce qu'on lui avait refusé sa récompense après son dur labeur. Eh bien oui, Ajilah apprendrait à ses dépends qu'il fallait savoir accepter la défaite, et surtout, qu'il fallait accepter les idées de l'incendiaire rouquine. Et là, là, il ne cédait pas à son caprice, se contentant de fuire comme un gros bébé ! Mais merde, ca rimait à rien. Il agissait comme un tricheur qui sent qu'il va perdre et qui préfère tout laisser tomber plutôt que de voir la réalité en face.

    Kassandra le jaugea tandis qu'il ouvrait le coffre, lui donnant l'accès et s'y servant quelque instant auparavant. Sans un mot elle continua de le suivre de ses yeux violines, regard impassible bien que teinté d'un amusement cynique et incrédule.

    Demain soir. Ce serait le grand soir, Ajilah. Pas celui que tu attends le plus, crois-moi, songea t-elle. Il s'attaquerait à Thaar seul, s'en amuserait en solitaire, et comprendrait alors bien trop tard qu'il aurait peut-être du faire machine arrière. Mais on ne peut pas jouer avec le temps, et c'est tant pis pour lui.

    Du bout des lèvres, la divine garce lui accorde un clément salut, d'un ton suave et délicat.

    « Bonne nuit Ajilah. »

    Invitation déclinée subtilement, car ses yeux ne flanchent pas, et rien ne vient confirmer sa présence demain sur le rafiot.

    La porte se refermera sur Ajilah sans que ni lui ni elle ne change d'idée. Alors la rouquine se lèvera, sagement, ira fermer à clé la porte avant de finalement ôter tout vêtement superflu, se contentant de piquer au beau milieu du ressac désordonné de vêtements du capitaine une chemise trop grande qu'elle enfilera. Elle ira dormir dans la couchette la plus confortable, seule avec ses pensées bien moins légères que cette soirée, songeant à l'impossibilité de rencontrer Noah. Et, pour se donner un peu de courage, elle inspirera doucement, les effluves masculines d'un parfum bien connu agissant comme un ersatz de somnifère.

    Avant que le sommeil ne vienne définitivement.
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