Une randonnée dans les montagnes [Rp avec Aureane]

Dommage pour la jeune Aureane. Lorsqu'elle était venue pour déposer la cape sur les épaules de Nicolaï, le jeune homme s'était endormis. Il n'avait donc rien entendu de se qu'elle venait de lui dire. Rien du tout. Vraiment dommage pour la jeune femme. Il aurait certainement agit de manière plus aimable si il avait entendu ou s'il avait sentit sa main dans ses cheveux.

Lorsqu'il se réveilla, sa réaction fut tout à fait immédiate lorsqu'il aperçut Aureane à côté de lui. Il se redressa et s'éloigna d'elle. Sans un regard, sans un seul mot. Il ne voulait pas plus la voir que la veille. Sans doute moins encore. Il n'avait pas la moindre envie de la retrouver et de l'entendre à nouveau parler. Il avait tout dit quelques heures plus tôt. Sans doute avait-elle oublié. Comme elle avait oublié qu'il lui avait dit qu'il l'aimait. Ou qu'elle avait prétendu qu'il voulait la vendre aux drows. Quoi de plus normal qu'elle ait oublié se qu'il lui avait dit? Elle ne s'était pas rappelée de se qu'elle lui avait dit deux minutes plus tôt? Non. Il n'y avait certainement aucune chance qu'elle se soit rappelée de se qu'il lui avait dit.

Il se prépara sans lui jeter le moindre regard. Il ne voulait même pas imaginer se à quoi pourrait ressembler leur conversation.

Tout avait été dit la veille.

Lorsqu'il fut prêt et qu'il l'aida à monter sur leurs cheval, se fut toujours sans rien dire ni lui adresser un regard. Mais également en la mettant sur la selle de manière sans doute un peu brusque. Contrairement à se qui s'était passer la veille, il ne la serra pas contre lui, la laissant presque se débrouiller toute seule et résumant leur contact au strict minimum. Quoi qu'elle fasse, il ne lui prêtait pas d'attention.

Qu'elle ne rêve même pas, au moment ou Je'skar décida qu'il était temps de s'arrêter, Nicolaï n'avait pas décoléré et laissa Aureane se débrouiller toute seule pour descendre de sa monture.

Un repas vite avalé et le chevalier s'allongea en s'enroulant dans sa couverture.

En y réfléchissant, jamais il n'avait prêter aussi peu d'attention à Aureane. Et il n'était pas certain que les choses changent rapidement. En tout cas, pas si ça continuait ainsi.

* * *

Le lendemain se déroula de manière identique. À l'exception du fait qu'ils eurent la joie non négligeable de retrouver l'air libre.

À ce moment, Je'skar, visiblement d'excellente humeur décida qu'il était temps de s'arrêter. Ils mirent donc en place leur campement à l'entrée de la grotte et mangeairent un repas frugal.

Mais une chose n'avait pas changé.

Nicolaï ne s'approchait d'Aureane que lorsque c'était tout à fait nécessaire.

Aureane sursauta lorsque Je’skar la réveilla : elle ne s’était pas aperçue qu’elle sombrait dans le sommeil. Nicolaï se levait déjà, l’ignorant ostensiblement. Les événements de la veille lui revinrent brutalement en mémoire la clouant sur place un instant. Il la détestait... La jeune fille ravala ses sanglots tant bien que mal : elle n’allait pas pleurer dès le réveil, non ? D’ailleurs… pourquoi en étaient-ils là ? Elle eut tout le loisir d’y réfléchir alors qu’ils reprenaient la route dans un silence pesant. Elle se souvenait de certaines choses, mais pas de tout, elle avait bien conscience qu’il y avait des trous dans l’enchainement logique de ses souvenirs.

Nicolaï faisait comme si elle n’existait pas, elle avait même failli rester près du lac, histoire de simplifier radicalement la situation. Et puis… elle avait dû convenir qu’elle ne supporterait pas de le voir s’éloigner. Il ne la regardait même plus et c’était sans doute idiot de vouloir le suivre, mais c’était comme ça. Finalement, elle se mit aussi à l’éviter, tant son silence lui faisait mal. Elle le sentait accusateur, mais elle se souvenait à peine de quoi et c’était encore pire. Elle lui avait dit des horreurs, sans doute, mais… mais rien du tout, elle devait reconnaître qu’il avait sans doute de quoi la rejeter.

La veille, Aureane aurait tout à fait pu se replonger dans ses délires, mais à présent, ces derniers s’étaient bien trop estompés pour qu’elle y parvienne. Elle savait qu’ils rentraient à Dyriet, que sa famille était absente, qu’un drow leur servait de guide et, surtout, que Nicolaï se trouvait sur le même cheval qu’elle mais s’obstinait à l’ignorer. Elle avait commencé le trajet en lui jetant des coups d’œil indécis, elle cessa bientôt de le regarder, elle aussi, se renfermant dans sa tristesse.

Lorsqu’ils s’arrêtèrent, elle mangea à peine et resta encore une fois assise à l’observer, maintenant qu’il était tourné et ne la regardait plus. Elle finit par s’endormir dans son coin en pleurant, épuisée.

La journée suivante se déroula de façon aussi morne, la découverte du puits de lumière laissa Aureane parfaitement indifférente. Quelle importance ? Voir l’expression renfermée de Nicolaï était encore pire pour elle, à la lumière du jour. Elle eut envie de faire demi-tour et de repartir dans l’obscurité. Ce serait mieux pour tout le monde, non ? Le souvenir de ce qu’il lui avait dit la frappa tout à coup : elle ne voulait pas comprendre que sans elle, il ne pouvait pas être heureux. Elle ne se souvenait plus de ses mots exacts, mais c’était l’idée générale. Et elle lui avait dit qu’elle non plus… Elle jeta un drôle de coup d’œil au jeune homme, essayant de faire le point. Tout cela n’avait pas de sens mais… finalement peut-être que si. Il avait aussi dit qu’il en avait assez de faire sans cesse le premier pas… qu’il n’en pouvait plus… c’était juste après que… que quoi ? Elle avait dû faire ou dire quelque chose qui l’avait blessé. Et puis… elle s’était excusée, de cela elle se souvenait. Elle se rappelait aussi qu’après ça, il s’était à nouveau préoccupé d’elle, un peu…

Assise avec son repas dans les mains, Aureane ne mangeait pas, réfléchissant à tout cela. Elle avait deux solutions à présent : soit elle abandonnait, comme il semblait le souhaiter… soit elle essayait de réparer ses bêtises. Dans le second cas, elle risquait d’aggraver la situation, parce qu’elle savait pertinemment, à présent, qu’elle n’était pas dans son état normal. Elle observa Nicolaï un instant : il ne paraissait pas vraiment être heureux. Pas du tout, même. Il était en colère, de ce genre de colère qui vous ronge. La jeune fille prit sa décision : au pire, elle ferait encore pire que ce qu’elle avait déjà fait, alors il lui en voudrait tellement qu’il ne serait même plus triste, juste furieux. Ce serait toujours mieux, du moins pour lui. Au mieux… à cela, elle ne préférait pas réfléchir pour ne pas se donner de faux espoirs, c’était suffisamment dur comme cela.

D’accord. Alors elle allait réagir pour que ce cauchemar cesse. Elle allait essayer. Cette idée lui amena une vague de soulagement. Elle n’avait qu’une envie depuis l’avant-veille : pleurer et en finir. Là, finalement, elle allait se reprendre en main. Enfin, quoi, on ne l’avait pas élevée de façon à ce qu’elle s’apitoie sur son sort ! Bel effort… sauf qu’elle se demandait à présent ce qu’elle allait faire. Elle jeta un nouveau coup d’œil à Nicolaï : ce dernier mangeait en ne s’occupant surtout pas d’elle. Il semblait de plus en plus déprimé à mesure que le temps passait. Elle ne pouvait quand même pas le laisser comme ça…

Aureane passa encore un moment à se mordiller la lèvre en essayant de trouver que faire. Rien ne lui venait, elle était trop bouleversée pour réussir à trouver comment s'y prendre. Sauf que Nicolaï terminait son repas et qu'elle ne voulait pas passer une nouvelle nuit à se torturer sans avoir rien tenté. N'y tenant plus, elle alla finalement s’agenouiller devant lui, décidant de passer outre l’indifférence qu’il lui opposait.

" Nicolaï… "

Que dire ? Elle n'en savait toujours rien. Elle lui prit la main doucement, puis le lâcha de peur de le faire fuir. Il fallait qu'elle dise quelque chose avant que... Elle n'osait pas trop le regarder, fixant plus souvent ses mains que son visage.

" Je… "

Elle n’avait jamais été douée pour prendre contact. Même dans sa famille, elle était l’oreille attentive, elle consolait avec un regard compréhensif, mais elle n’avait jamais été capable de dire les mots qui apaisaient. Écouter, elle savait, on l'appréciait même pour ça. Mais parler… Elle fit un effort pour se calmer, faillit ajouter quelque chose mais se ravisa en ayant peur de dire une nouvelle bêtise. Elle finit par essayer de capter son regard, même si elle ne savait pas trop ce qu’elle s’attendait à y voir. De la colère ? Sûrement, oui, elle savait que ce qu’elle avait dit n’avançait pas à grand-chose. A rien, même... Mais que dire, en fait ? Il lui manquait terriblement. Le Nicolaï qu’elle connaissait semblait avoir disparu. Elle se mit soudain à parler précipitamment, avant qu'il ne décide qu'il en avait assez entendu et ne coupe court.

" Je ne peux pas revenir en arrière mais... mais si je pouvais je le ferais... je m'en veux mais... mais je n'y peux rien... m'excuser encore ne changera rien alors... alors je ne sais pas quoi faire... "

C'étaient des mots qui venaient du cœur, absolument pas réfléchis, d'ailleurs si elle avait médité deux minutes sur le sujet, elle se serait sans doute dit que rappeler au jeune homme qu'elle n'avait plus toute sa tête n'était pas une bonne idée... Mais le regarder en face l'empêchait de réfléchir correctement. La gorge nouée, elle murmura finalement :

" Tu me manques. "

Nicolaï avalait son repas sans réelle conviction. Il n'avait pas faim. Il n'avait pas envi de manger encore la même chose que la veille et l'avant veille. Et puis aussi, il se sentait déprimer. Cette petite gué guerre qu'il menait contre Aureane le minait intérieurement. C'était... insoutenable. Il n'avait qu'une seule envie: la prendre dans ses bras. Mais d'un autre côté, à chaque fois qu'il y pensait, il se souvenait des mots qu'elle lui avait dit ainsi que du fait qu'à chaque fois qu'il s'était approché d'elle, elle avait tout fait pour s'éloigner. Ou bien un malheur les avaient tout les deux séparé. Bref. Aureane était sans aucun doute bien mieux comme elle l'était maintenant. Même si les larmes qu'il l'avait entendu verser la veille et le déchirement que le jeune homme ressentait lui disait le contraire.

Plus déprimer à chaque seconde qui passait, Nicolaï regardait son morceau de boeuf salé avec un regard torve. Lorsqu'ils seraient rentré à Ysari, il dévorerait tout un cageot de pomme et peut-être même qu'il viderait les cuisines du palais d'Harnyll de tout leurs fruits. Il en avait assez de la viande salée.

Au moins, pendant qu'il grognait intérieurement après le fait que les rations étaient ridiculement petite et la nourriture à peine mangeable, il ne pensait pas à Aureae.

La jeune femme se mordillait la lèvre de plus en plus nerveusement. Mais bon. Ça, bien entendu, il ne pouvait pas le voir puisqu'il ne la regardait pas. S'il avait été un peut moins idiot, sans doute aurai-t-il levé les yeux. Il aurait vu l'état dans lequel elle était et aurait certainement sentit venir quelque chose. Mais foutue tête de pioche comme Gregor aimait dire qu'il était, il avait gardé les yeux obstinément baissé pour ne pas la voir. Notre gros benet (eh oui au bout d'un moment, il faut dire aussi se qui est) de chevalier était en train de finir son repas, en se demandant s'il allait pouvoir supporter d'entendre pleurer Aureane une nouvelle fois. Elle avait dit des choses qui l'avaient terriblement blessé. Mais... jamais elle n'avait été aussi lucide qu'en ce moment depuis leurs retouvailles. Elle ne tressait pas son cheval et ne parlait pas non plus à des membres des sa famille. Elle était Aureane.

Parfois (même souvent d'ailleurs) les filles se ventent d'avoir plus de jugeote que les garçons. Soyons clair, nous en avons un exemple flagrant sous les yeux. Se fut Aureane qui se dirigea vers Nicolaï la première. Est-ce qu'elle avait craquer? En tout cas, se fut elle qui mit fin au silence qui s'était installé entre eux. Elle alla finalement s'agenouiller devant lui.

Réaction instantanée de Nicolaï: on ignore la jolie jeune femme. Si elle désirait à nouveau dire quelque chose de blessant, au moins il ne pourrait plus faire preuve d'indifférence. C'était déjà le cas. Et puis, vu tout se qu'il avait déjà encaissé, il voyait difficilement se qu'Aureane pouvait faire de pire.
" Nicolaï… "

Bon début. Elle ne l'avait pas appelé Fald. C'était déjà ça de prit.

Il sursautat très légèrement lorsqu'il sentit la main d'Aureane se poser sur la sienne. Puis lorsqu'elle repartit, une vague de désespoir l'envahit.

*Non. Laisse la. Je voudrait sentir ta main sur la mienne. Je veux te savoir prêt de moi. Aureane. Reste... Espèce d'idiot. Pourquoi est-ce que tu n'arrive pas à le lui dire tout simplement?*

Elle n'osait pas la regarder et lui non plus. Ils faisaient vraiment la paire tout les deux. Un oracle interessant avait prédit que les enfants de Nicolaï auraient les yeux d'Aureane (holà, ça vas plus. Les délire de la CB envahissent le RP). Mais les caractères réunis de nos deux tourteraux qui se tournent autour ferait un mélange des plus intéressant. Enfin, c'est un avis du narrateur qui vas vite reprendre sa narration avant de se faire virer par le big boss dehors qui a pas l'air follement ravis.

Après toute ces petites divagation, revenons en à notre narration. Aureane semblait en pleine panique, n'arrivant pas à parler comme si on lui avait subitement retirer les cordes vocales. Vouloir prendre les choses en mains et briser ce blocus de silence qui s'était installé entre eux, c'était une chose. Parvenir à franchir la pas, s'en était une autre.

" Je… "

Si Nicolaï ne regardait toujours pas la jeune femme, elle avait toute son attention. Allait-elle réussir à faire le premier pas vers lui? C'était se qu'il espérait depuis tant de temps. Qu'elle lui dise quelque chose. N'importe quoi. Mais quelque chose qui lui ferait comprendre les sentiments qu'elle avait à son égard. Même si s'était pour s'entendre dire qu'il faudrait qu'il arrête d'insister. Il le ferait. Mais il voulait l'entendre de sa bouche. Lorsqu'elle était lucide et consciente de se qu'elle lui disait.

Il était tout à fait conscient que se n'était pas facile pour elle. Mais il voulait l'entendre. Il ne la laissait pas accrocher son regard. Cela risquerait de la bloquer dans son élant. Elle était partie. Hors de question de l'arrêter maintenant.

Mais l'attente s'éternisait et il ne se passait rien. Nicolaï hésitait à se mettre à parler. D'une certaine manière, il avait autant envie que la jeune femme que cette situation s'arrête. Mais il ne dit rien.

Elle se mit soudain à parler précipitamment. Les mots s'échappant de ses lèvres comme une cascade. Elle ne maîtrisait plus rien du tout et se laissait totalement aller.

" Je ne peux pas revenir en arrière mais... mais si je pouvais je le ferais... je m'en veux mais... mais je n'y peux rien... m'excuser encore ne changera rien alors... alors je ne sais pas quoi faire... "

Oui. Il ne servait à rien de remuer le passé. C'était inutile. Mais ce passé la ne l'était pas encore assez pour que Nicolaï l'oublie complètement. C'était trop récent. Les excuses? Elle les lui avaient déjà dites. En effet. Cela ne changerait pas grand chose. Se n'était pas des excuses qu'il voulait. S'était l'entendre dire quelque chose. Une chose que la VRAIE Aureane lui aurait dit. Elle le lui aurait en tout cas dit après le bateau. Juste avant qu'ils ne soient séparé. Se n'était pas une phrase en particulier. Mais... Enfin, c'est compliqué de décrire ça.

La gorge nouée, Aureane murmura finalement :

" Tu me manques. "

La réaction de Nicolaï fut presque instantanée. Ses yeux trouvèrent ceux d'Aureane.

Elle était belle. Il ne l'avait pas regardée pendant deux jours et la trouvait d'autant plus belle. C'était comme s'il la voyait pour la première fois. Oui. Vraiment belle.

Il resta un bon moment sans faire le moindre geste. En tout cas, pas immédiatement. Il resta là, planté devant elle sans paraître comprendre se qui se passait là. Elle venait de dire se qu'il attendait depuis si longtemps.

" Tu me manques. "

Trois mots qui étaient à présent définitivement gravé dans la mémoire de Nicolaï. Ils effaçaient tout se qui avait été dit avant. Doucement, il s'approcha d'Aureane et lui prit la main. Une main qu'il tourna un moment dans ses propres mains, la caressant doucement. Il resta à la regarder un moment avant de prendre la jeune femme dans ses bras, la serrant contre lui. Il restèrent un instant ainsi. Aureane paraissait complètement s'abandonner dans ses bras.

« Je... Je... Je t'... J... »

Non. Il n'arrivait pas à le lui dire. Il n'y parvenait plus. Sans doute le souvenir des deux fois qu'il avait prit cette liberté avec elle.

Doucement, il prit la main d'Aureane. Appuyant doucement, il traça les mots qu'il était incapable de dire. Espérant qu'elle comprendrait le message qu'il tentait de lui faire passer.

Elle arrivait enfin à capter son regard. Aureane n'y croyait plus, à ce moment, elle s'attendait à le voir s'éloigner sans avoir daigné lui dire un mot. C'était en soi un soulagement, mais elle ne savait toujours pas à quoi s'attendre. Il ne disait plus rien, elle non plus, son cœur s'accéléra à mesure que le temps passait. Qu'allait-il faire ? La rejeter ? Lui dire qu'elle en avait assez fait comme ça et qu'il voulait qu'elle le laisse en paix ? Ses yeux se remplirent de larmes mais elle continua à le regarder. Elle n'avait plus envie de fuir. Elle savait qu'elle n'était pas dans son état normal, mais pour une fois, cela pouvait lui servir, alors autant en profiter pour s'accrocher et aller jusqu'au bout.

Nicolaï finit par réagir, lui prenant la main, la jeune fille cessant de respirer... jusqu'à ce qu'il la prenne dans ses bras. Elle l'enlaça spontanément, le serrant de toutes ses forces. Elle ignorait si elle riait ou pleurait, sans doute un peu des deux, elle ne savait plus où elle en était, mais elle avait compris qu'il n'allait pas la rejeter. Alors, c'était sans doute des larmes de joie qui coulaient. Elle s'écarta un peu de lui alors qu'il tentait de lui parler, le regarda prendre sa main et tracer... J...

Aureane resta fixée sur sa main un instant, releva les yeux vers Nicolaï l'air d'avoir quelques secondes de passage à vide... puis elle sourit légèrement, hocha la tête pour montrer qu'elle comprenait, alors que son visage s'illuminait peu à peu. Cette fois, ce fut elle qui le prit dans ses bras. Elle se sentait soulagée et surtout... heureuse. Pleinement heureuse. Comme elle ne l'avait pas été depuis... depuis... elle ne savait plus, elle était trop émue, mais depuis suffisamment longtemps pour se sentir transportée. Elle n'avait plus envie de lâcher Nicolaï, elle voulait rester blottie contre lui, mais... Il restait une zone d'ombre dans tout cela, qui lui fit perdre son sourire rapidement. Elle se recula à nouveau et baissa les yeux.

" Je suis désolée... je suis tellement désolée... "

Ce n'était pas seulement des excuses, c'était aussi une façon d'exprimer la peur qu'elle avait de recommencer à divaguer. Elle avait eut le temps de réfléchir, de se poser des questions sur ce qu'elle avait pu dire et, si ses souvenirs étaient flous, elle avait vu le résultat de son comportement. Enfin, elle n'avait pas fait tout cela pour ne plus oser le regarder en face, aussi elle planta à nouveau ses yeux dans les siens et formula plus clairement :

" Je n'ai jamais voulu te faire du mal mais... j'ai peur de recommencer. "

Voilà, c'était dit. Elle respira à nouveau plus librement, mais lui prit les mains : elle avait besoin de savoir qu'il était là. Comme chaque fois qu'elle était perdue, elle se mordit la lèvre mais finit par ajouter :

" J'ai peur de te dire encore des horreurs que je ne pense pas... que je ne penserais pour rien au monde, tu comprends ? "

Elle s'aperçut qu'elle lui serrait les mains trop fort tant elle était tendue et relâcha légèrement la pression, continuant malgré tout.

" Je sais que... que je ne me souviens pas de ce que j'ai dit... ou fait. Mais je sûre que jamais, jamais je n'aurais pu dire consciemment quelque chose qui... enfin... "

Elle n'arrivait pas à finir sa phrase mais l'idée générale y était. Elle ne posait aucune question et n'exigeait pas de réponse : elle savait qu'elle lui avait fait du mal mais... elle aurait aimé qu'il montre qu'il comprenait, au moins un tout petit peu, qu'elle n'avait jamais voulu le faire souffrir.

Nicolaï tenait Aureane contre lui. Mais il y avait une différence notable entre aujourd'hui et toutes les fois ou il l'avait fait. Cette fois, Aureane n'était pas vraiment repliée sur elle même. Non. Elle l'enlaçait elle aussi, le serrant aussi fort qu'elle en était capable contre elle. Son corps était secoué autant pas les sanglots que par les rires? Nicolaï la sera un peut plus fort contre lui.

Lorsqu'ils s'écartèrent pour qu'il parvienne à lui délivrer son message, Aureane ne fondit pas en larme. Elle avait comprit qu'il ne la laisserait pas.

Restant un moment le regard fixé sur la main du jeune homme après qu'il eu tracé les lettres sur sa paume, Aureane semblait réaliser petit à petit se qu'il venait de lui dire. Elle fini par hocher la tête pour lui signifier qu'elle avait comprit. Nicolaï ne respirait plus, attendant sa réaction pour permettre à l'air d'entrer à nouveau dans ses poumons. Le visage d'Aureane s'illuminait petit à petit. Elle avait l'air heureuse, comme Nicolaï ne l'avait jamais vue aussi heureuse. Finalement, chose inédite, se fut elle qui le prit dans ses bras. Le chevalier ne tarda pas à refermer ses propres bras sur la jeune femme. Mais s'était elle qui avait eu l'initiative. Son visage était tout à fait rayonnant. Elle était heureuse.

Sauf que comme toujours, une ombre passa dans son regard. Elle s'écarta un peu, baissant les yeux. Son corps semblait hurler qu'il ne voulait pas être séparé de celui de Nicolaï. Et le chevalier n'avait qu'une seule envie: la reprendre dans ses bras. Mais elle restait en retrait et l'air sombre qu'elle affichait n'était pas pour rassurer le jeune homme. Qu'allait-il encore se passer?

" Je suis désolée... je suis tellement désolée... "

Ce n'était pas seulement des excuses. Il y avait autre chose derrière. Nicolaï avait peur de savoir de quoi il s'agissait. Non. Il ne voulait pas qu'elle en reparle. Ils étaient bien là. Tout les deux. Il voulait la garder contre lui. Sentir son souffle annimer sa poitrine et ses mains se serrer et se relacher doucement pendant qu'elle dormait. Le reste n'avait pas la moindre importance en fait.

Finalement, elle le regarda dans les yeux avant de reprendre d'un air décidé:

" Je n'ai jamais voulu te faire du mal mais... j'ai peur de recommencer. "

Elle parut à nouveau respirer plus librement. Pourtant, l'esprit de Nicolaï s'était un peut assombrit. Pourquoi est-ce qu'elle lui disait ça? Elle était en train de tout gâcher. Doucement, elle prit les mains du chevalier dans les siennes. Comme si elle avait besoin de s'assurer qu'il était bel et bien là. Peut-être aussi un peu pour qu'il ne parte pas. Un tic devenu révélateur de sa nervosité, Aureane se mordit la lèvre. Mais fini par ajouter:

" J'ai peur de te dire encore des horreurs que je ne pense pas... que je ne penserais pour rien au monde, tu comprends ? "

Oui il comprenait. Et il avait peur lui aussi qu'elle recommence à délirer et lui dise des choses qu'elle ne pensait pas mais qui lui ferait du mal. Contrairement à se qu'on pourrait penser, Aureane n'est pas dépourvue d'une certaine force. Elle serait les mains de Nicolaï assez fort d'ailleurs. Quant elle s'en aperçut, elle relâcha un peut son éteinte sans pour autant laisser ses mains tranquille.

" Je sais que... que je ne me souviens pas de ce que j'ai dit... ou fait. Mais je sûre que jamais, jamais je n'aurais pu dire consciemment quelque chose qui... enfin... "

Stop.

C'était trop. Nicolaï avait déjà laissé Aureane aller trop loin. Qu'elle ne puisse pas continuer sa phrase parce qu'elle ne s'en sentait pas la force ou parce que Nicolaï intervint à ce moment là, cela n'avait aucune importance. Elle n'allait plus dire un mot. Dégageant une main de la douce éteinte de la jeune femme, Nicolaï alla la poser doucement sur les lèvres d'Aureane. Il fallait qu'elle arrête. Stop. C'était passé. Elle ne voyait donc pas qu'ils étaient heureux? Pourquoi n'en profitai-t-elle pas tout simplement?

Bâillonnant toujours de ses doigts la jeune femme, Nicolaï prit la parole.

« Chut Aureane. Ne dit plus rien d'accord? »

Doucement, le chevalier retira sa main du visage de la jeune femme avant de remettre sa main dans la sienne.

« Je ne veux pas qu'on en parle. Et encore moins maintenant. Je veux t'avoir auprès de moi et profiter de ce moment d'accord? Se que tu vas dire ou faire, je m'en moque. Du moment que tu me promet de tout faire pour rester aussi lucide que possible, je ne veux pas savoir le reste. »

Se n'était peut-être pas très clair pour elle. Mais en tout cas, cela l'était pour lui.

« Je ne veux pas que nous gâchions ce moment en nous demandant quant tu risque de dire à nouveau des paroles que tu ne pense pas. Je... »

Il eu un moment d'hésitation. Puis, il se pencha doucement vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres. L'attirant ensuite contre lui, il sentit le corps frêle d'Aureane tout contre le sien. Il la tenait dans ses bras et ne voulait pas la lâcher. Le chevalier caressa doucement une joue d'Aureane. Comme s'il touchait un objet précieux qui risquait de se briser s'il était trop brusque.

« Je veux profiter de ce moment avec toi. Pendant que tu es toi. Je ne veux pas le gâcher en pensant à se qui se passera si jamais tu te remet à délirer. »

Il déposa un léger baiser sur le nez de la jeune femme et lui adressa un joli sourire.

« Si tu me promet que tu reviendras à la raison, que tu ne restera pas toujours dans cet isolement, cela me suffit. Je n'ai pas besoin d'en savoir plus. Tout se que je veux, c'est savoir que quoi qu'il arrive tu restera avec moi. »

Se doigts emmêlé à ceux d'Aureane, il resta un moment à la tenir contre lui sans bouger. Il y avait une chose qu'il aimerait l'entendre dire. Mais pouvait-il le lui demander comme cela? De toute façon, se n'était que des mots. Mais des mots qui avaient de l'importance pour lui. Même si d'une certaine manière, elle avait déjà répondu.

Finalement, Nicolaï se décida à prendre les devant. Elle ne pouvait pas savoir ni répondre s'il ne lui demandait pas clairement.

« Aureane... est-ce que tu m'aime? »

Nicolaï ne voulait pas qu'elle continue mais elle avait besoin de parler et de clarifier la situation une bonne fois pour toutes. Elle savait ce qu'elle disait, pour une fois, même si elle sentait que ses pensées avaient du mal à ne pas se limiter à l'instant présent. Mais si cela ne durait pas... Il fallait qu'elle parle. Elle se tut pourtant lorsque le jeune homme posa une main sur ses lèvres. Après tout, elle en avait assez dit, remuer le passé ne serait que plus douloureux et c'était à présent inutile d'en rajouter. Mais il fallait qu'elle sache s'il avait compris... au moins un tout petit peu, ou s'il niait simplement l'évidence. Ce n'était pas du tout pareil, pour elle. Elle avait braiment besoin de savoir, elle ne pouvait pas faire comme si tout allait bien.

" Je ne veux pas qu'on en parle. Et encore moins maintenant. Je veux t'avoir auprès de moi et profiter de ce moment d'accord ? "

Aureane lui jeta un regard désespéré. Bien-sûr qu'elle aurait préféré profiter de l'instant ! Mais ensuite ? Que ferait-il lorsqu'elle profèrerait à nouveau des horreurs ? Il se boucherait les oreilles en attendant que ça passe ? Et elle, que ferait-elle quand elle ne serait plus qu'en mesure de constater les dégats ?

" Ce que tu vas dire ou faire, je m'en moque. Du moment que tu me promets de tout faire pour rester aussi lucide que possible, je ne veux pas savoir le reste. "

Après quelques secondes d'hésitation, elle finit par sourire à nouveau : c'était suffisant. Elle hocha la tête aussitôt, rassurée :

" C'est promis. "

Il l'embrassa, avant de la serrer contre lui et elle se réfugia dans ses bras avec bonheur. C'était presque trop beau pour être vrai. Aureane se sentait déjà déconnectée de la réalité mais jusque là elle en avait souffert. A présent, elle était transportée de joie, peut-être encore dans un état second, mais tellement contente d'avoir retrouvé Nicolaï que ça n'avait plus d'importance. Même s'il se trompait et qu'elle savait qu'elle était loin d'être elle-même, il avait raison : ce qui comptait c'était de profiter de l'instant présent.

" Si tu me promets que tu reviendras à la raison, que tu ne resteras pas toujours dans cet isolement, cela me suffit. Je n'ai pas besoin d'en savoir plus. Tout ce que je veux, c'est savoir que quoi qu'il arrive tu resteras avec moi. "

Aureane perdit instantanément son sourire. Elle ne pouvait pas lui promettre cela, ça ne dépendait pas d'elle. Elle pouvait lui promettre de s'accrocher, mais... Elle n'avait jamais su mentir, elle garda le silence et le serra à nouveau dans ses bras en essayant de se convaincre elle-même. Après tout, elle savait qui il était pour le moment, où ils se trouvaient et dans quel but ils voyageaient. C'était mieux que rien. Elle finit par soupirer :

" Je ferai tout ce que je peux, c'est promis. "

Elle ne pouvait rien lui promettre de plus en restant honnête avec lui et elle refusait de lui mentir en le sachant, elle le faisait suffisamment lorsqu'elle était inconsciente. Restant serrée contre lui, elle se dit une fois de plus qu'il valait mieux profiter de l'instant présent. Ça faisait deux jours qu'elle rêvait de le retrouver, alors elle pouvait bien cesser de s'inquiéter.

" Aureane... est-ce que tu m'aimes ? "

La jeune fille se raidit un instant et le regarda à nouveau en se mordant la lèvre. Elle finit par répéter doucement :

" Est-ce que... "

Pourquoi est-ce que cette question lui paraissait si compliquée et menaçait à nouveau de la faire paniquer ? Enfin, pas compliquée parce que la réponse était évidente mais...

" Je... "

Se jetant à nouveau dans ses bras, elle murmura finalement :

" Oui, oui, oui et... je te l'aurais dit plus tôt si... mais... je voudrais... "

Elle le serra plus fort dans ses bras pour être certaine qu'il n'allait pas s'envoler et poursuivit :

" Je voudrais... savoir que je suis moi et... te le dire... te le dire en face... te le dire vraiment... "

Non, elle ne voulait pas encore pleurer, elle l'avait assez fait dernièrement. Aussi, elle se redressa pour plonger à nouveau dans son regard métallique et ajouta doucement :

" Je ne doute pas, ça j'en suis sûre, mais... je veux être moi, tu comprends ? "

Elle eut un petit sourire et lui caressa la joue tendrement :

" Je crois que j'ai beaucoup de chance de t'avoir rencontré. "

Un petit moment de silence, puis :

" C'était lors d'un tournoi, n'est-ce pas ? "

Elle se souvenait... d'un chevalier en armure étincelante. C'était comme un rêve, en mieux. D'ailleurs, elle devait être dans un rêve, ce ne pouvait qu'être ça, c'était trop beau pour être vrai. Ce n'était pas grave, tant qu'elle était avec lui. Oui, elle revoyait ce jeune homme qui faisait le tour de la lice et qui s'approchait d'elle tandis que son cœur s'accélérait.

" Tu es... le chevalier d'argent... au dragon azur ? "

Elle souriait, heureuse de se rappeler enfin de quelque chose d'un peu plus consistant. Elle ne savait pas ce qui se trouvait avant et après ce souvenir, mais elle savait que c'était un beau souvenir.

Nicolaï sentit Aureane qui, dans ses bras se raidit un instant. Aurait-il dut s'abstenir de poser cette question? C'était sans doute un peu soudain. Mais il avait besoin d'une réponse. Il voulait savoir se qu'il en était avant qu'Aureane ne se remette à délirer. Là, elle était lucide. Il voulait savoir si elle l'aimait alors qu'elle avait les idées claires. Se mordant à nouveau la lèvre, Aureane finit par répéter doucement :

" Est-ce que... "

Elle hésitait et Nicolaï sentait une boule se former dans sa gorge. Une telle hésitation n'était pas vraiment bon signe. Enfin, de son point du vu essentiellement. Il attendait le verdict. Même s'il se doutait de la réponse qu'elle allait lui faire, il avait besoin de l'entendre. Se serait pour lui comme une armure contre tout se qu'elle pourrait lui dire par la suite. Mais... se n'était pas uniquement pour cela qu'il voulait entendre sa réponse.

Finalement, elle se jeta à nouveau dans ses bras, lui murmurant à l'oreille ces mots qu'il désirait tant entendre de sa bouche. Nicolaï la sera contre lui alors qu'elle était en train de parler.

" Oui, oui, oui et... je te l'aurais dit plus tôt si... mais... je voudrais... "

Que voudrai-t-elle? Il n'en avait pas la moindre idée. Aureane le serra plus fort dans ses bras. Elle semblait avoir décidé de s'assurer que son chevalier ne s'envolerait pas. Nicolaï n'en avait pas la moindre intention d'ailleurs. Il ne s'envolerait pas à moins de pouvoir emporter Aureane avec lui. Elle continua assez vite à parler, apportant à Nicolaï l'explication sur se qu'il n'avait pas comprit quelques secondes plus tôt.

" Je voudrais... savoir que je suis moi et... te le dire... te le dire en face... te le dire vraiment... "

Aureane paraissait au bord des larmes. Mais elle se retint. Refusant que les larmes ne coulent le long de ses joues. Elle se redressa et plongea son magnifique regard bleu dans les yeux du chevalier. Elle se mit à parler doucement. Comme si elle était en train de lui confier un secret.

" Je ne doute pas, ça j'en suis sûre, mais... je veux être moi, tu comprends ? "

Elle eut un petit sourire, levant la main, elle lui caressa tendrement la joue. Nicolaï lui souris à son tour, radieux de toutes ces petites preuves d'amour qu'elle lui offrait. Et dire que quelques semaines plus tôt, il lui arrivait encore de l'appeler ''messire''. C'était comme si des centaines d'années s'étaient écoulées depuis qu'ils avaient quitté Dyriet pour se rendre à cette plage qu'ils n'avaient jamais atteint.

« Je comprend, murmura tendrement le chevalier. Mais là, maintenant. Tu es toi. »

Elle lui sourit à nouveau et reprit:

" Je crois que j'ai beaucoup de chance de t'avoir rencontré. "

« Et moi donc, répondit Nicolaï. »

La main d'Aureane continuait à lui caresser doucement la joue. Le chevalier ne voulait perdre en aucun cas cette douce caresse. Il voulait garder la main d'Aureane doucement posée sur son visage. Se fut la jeune femme qui brisa le léger silence qui s'était installé entre eux.

" C'était lors d'un tournoi, n'est-ce pas ? "

Même si elle avait récupéré son esprit, Aureane ne semblait pas se souvenir de tout. Aucune importance en fait. Ses souvenirs, elle pourrait les retrouver. Ça, il pouvait l'y aider. Il était là pour elle et maintenant que la bulle d'Aureane avait crevée, le plus difficile était fait. Se qui restait, c'était de la rigolade. Il ne faudrait plus grand chose pour qu'elle ait reprit toute la pleine conscience de se qui s'était passé et ne soit vraiment Aureane à nouveau.

" Tu es... le chevalier d'argent... au dragon azur ? "

« Oui. Et toi, la demoiselle bleue. »

Elle souriait, apparemment heureuse de se rappeler enfin de quelque chose. Elle n'était peut-être pas tout à fait certaine que c'était vrai ni même se qui se déroulait vraiment dans son souvenir, mais elle s'en souvenait et cela la rendait heureuse. Nicolaï sourit à son tour. Il se dégagea de son éteinte (se qui sembla la faire légèrement paniquer) et alla chercher leurs couvertures. Il les mit en place sur le sol et s'y allongea, prenant Aureane dans ses bras et l'étreignant à nouveau.

Il se mit alors à lui titiller la mémoire, lui rappelant quelques anecdotes heureuse. Les tartes au citron, le passage du marchand embulant et tout un tas d'autres petit fait. Juste pour lui titiller la mémoire.

Se ne fut que bien plus tard dans la nuit qu'il se rendit compte que la jeune femme avait fini par s'endormir paisiblement dans ses bras. Avec un sourire, il remonta doucement la couverture pour qu'elle n'aie pas froid et la sera un peu plus dans ses bras. Il sentit sur son torse les mains fines et chaudes d'Aureane. Cela lui tira un léger sourire.

Quelques minutes plus tard, Nicolaï sombrait à son tour dans le sommeil.

Jour 4

Ce n'est pas sans surprise que Je'skar retrouva les deux humains étroitement enlacés l'un contre l'autre. Il les avaient entendu murmurer une partie de la nuit mais après l'obstination qu'avait passer le jeune homme à ignorer la jeune femme pendant les deux derniers jours, Je'skar n'aurait pas cru avoir le temps de les voir se réconcilier. Bah... Les humains étaient moins rancunier et pardonnaient vite. D'un autre coté, eux n'avaient pas l'éternité. Leurs brêves vies les obligaient à vivre à cent à l'heure. Il les réveilla sans douceur et ils repartirent pour une journée de chevauchée. Les paysages rocailleux devenaient répétitif et lassant... La journée ne fut ponctuée que par une pause repas avant la nuit.

Jour 5

Les premiers grains de sable commencent à parsemer notre route. Nous avons chevauché toute la journée, mais déjà les vents nous rendent la tache difficile. Je'skar choisit d'arrêter le voyage avant la tombée de la nuit et de rester à couvert des montagnes. Ils étaient déjà fatigués. Demain... Demain ils affronteraient la difficulté du désert, des tempêtes de sable et de la peur de se perdre...

{ Je n'interviendrais plus dans ce topic, je vous ai donné la base des deux jours. Demain, je lancerai la traverse du désert Wink

}

_________________

Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

" Je comprends. Mais là, maintenant. Tu es toi. "

Non. Elle n'était pas elle-même, elle le sentait et ce n'était pas qu'une question de souvenirs. Elle aurait été incapable de dire ce qui clochait, mais elle n'était sûrement pas dans son état normal, elle l'aurait juré. Tant pis, elle ne voulait pas briser l'instant et les illusions de Nicolaï. Après tout, ça ne changeait strictement rien à ce qu'elle ressentait pour lui, de cela elle était certaine.

" Oui. Et toi, la demoiselle bleue. "

La jeune fille laissa échapper un petit rire à cette idée, même si elle situait assez mal la scène, elle y voyait bien Nicolaï et elle savait qu'elle aimait le bleu... Lorsqu'il se leva pour aller chercher les couvertures elle eut un instant d'inquiétude mais se rassura rapidement. Il était plus que temps de dormir et elle s'allongea contre le jeune homme sans se faire prier, gardant un petit sourire ravi aux lèvres. C'était quand même bien mieux de l'avoir tout contre elle que de se contenter de la chaleur de sa cape. Il commença à lui parler de ce qu'elle avait oublié et elle s'endormit sur tous ces souvenirs heureux, se sentant toute légère.

Le lendemain matin, la brusquerie de Je'skar laissa Aureane indifférente tant elle se sentait sur un petit nuage. Se réveiller aux côtés de Nicolaï l'avait mise d'excellente humeur pour la journée. Ni les courbatures dues à la chevauchée, ni la paysage morne ne lui firent perdre le petit sourire qui flottait sur ses lèvres.

Jusqu'à ce qu'ils s'allongent à nouveau pour la nuit... et qu'elle voit quelque chose dans l'obscurité qui la fit se raidir. Jetant un coup d'œil à Nicolaï, elle s'aperçut que ce dernier s'était déjà endormi et elle n'osa le réveiller. Ce n'était pas si grave. Peut-être que demain... elle ne verrait plus rien ?

Ce fut la première chose qu'elle vérifia se réveillant : elle la voyait encore. Sans la quitter des yeux, elle posa une main sur le bras du jeune homme, anxieuse.

" Nicolaï... "

Au son de sa voix, il n'était pas difficile de voir que quelque chose n'allait pas. Pas du tout, même. D'ailleurs, elle fixait le vide d'un air effrayé.

" Est-ce que... Est-ce que tu la vois ? "

Non, il ne voyait rien du tout, tout simplement parce qu'il n'y avait rien à voir si ce n'était la pierre du paysage et un drow qui préparait sa monture en se demandant sans doute ce qu'elle allait encore inventer comme délire et combien de temps il mettrait avant de craquer et l'assommer pour avoir la paix. Il n'y avait rien. Au moins, Aureane s'en doutait un peu. Sauf qu'elle, elle avait un autre spectacle devant les yeux et qu'elle ne pouvait pas en faire abstraction comme ça.

" Qu'est-ce que tu fais là ? " demanda-t-elle finalement d'une petite voix, mais pas en s'adressant à Nicolaï.

N'obtenant qu'un regard noir en retour, elle se tourna vers le jeune homme, légèrement désespérée, en essayant de faire taire la panique qui commençait à l'envahir :

" Je t'ai déjà parlé de ma famille ? "

Possible, elle ne se rappelait pas vraiment. Enfin, mieux valait tard que jamais si ça n'avait pas été le cas. Elle continua précipitamment :

" J'ai... j'ai... une sœur... Cyrielle... et je... je la vois... Elle n'est pas contente du tout... Elle nous suit... Je l'ai déjà vue hier soir... "

Aureane hésitait entre y croire ou pas. Elle voyait sa sœur : elle la voyait même très nettement. Mais elle avait aussi promis à Nicolaï de s'accrocher et elle savait qu'il y avait peu de chance pour que Cyrielle soit réellement là. Seulement, c'était tellement... enfin, elle avait vraiment l'impression de pouvoir la toucher. En même temps, elle avait peur que le jeune homme prenne très mal ce nouvel accès de ce qui était probablement de la démence.

" Je sais que... "

Elle avait besoin d'une confirmation. Dans un sens ou dans l'autre, peu importait, mais qu'il lui dise ce qu'elle pouvait croire avant qu'elle ne craque définitivement. Cyrielle ne cessait de les fixer d'un air réprobateur. Aureane serra le bras de Nicolaï pour s'assurer qu'il était encore là et répéta en essayant d'empêcher sa voix de trembler :

" Dis moi si tu la vois... "

Je'skar les réveillas assez brusquement Le lendemain matin, pour être tout à fait honnête, Aureane comme Nicolaï s'en moquait pas mal. Ils s'étaient retrouvé. Ils s'étaient avoué se qu'ils pensaient. Tout deux étaient sur leur petit nuage et il en faudrait beaucoup pour les en faire descendre. Malgré la journée de course à travers les montagnes, Nicolaï était toujours aussi heureux. Un bain leur ferait certainement du bien à tout les deux. Mais cela non plus n'avait aucune chance d'entamer leur bonne humeur. Aureane avait eu un doux sourire sur son visage pendant toute la journée. Un sourire qui faisait sortir le coeur de Nicolaï de sa poitrine.

Après un repas rapidement avalé, ils s'allongèrent tout les deux l'un contre l'autre. Cette fois, se fut Nicolaï qui s'endormit le premier. À dire vrai, le chevalier s'effondra comme une pierre.

Le lendemain, il se réveilla assez tôt et resta à contempler le doux visage d'Aureane alors que la jeune femme était en train de dormir tranquillement. Elle ne tarda d'ailleurs pas à se réveiller, regardant autour d'elle comme si elle cherchait quelque chose. Cela intrigua fortement Nicolaï. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien chercher? Il était là. Tout proche d'elle. Je'skar quant à lui scellait son cheval, préparant déjà leur départ.

Sans quitter des yeux ce point qui l'observait et semblait la terrifier, elle posa doucement une main sur son bras. Aureane paraissait avoir peur. Comme si elle était en train de voir un fantôme.

" Nicolaï... "

Au son de sa voix, Nicolaï eu la confirmation qu'il se passait quelque chose qui n'était pas normal. Pas normal du tout même. Aureane fixait le vide d'un air tout à fait terrifié. Qu'est-ce qu'elle voyait? Est-ce que c'était un nouveau tour de son esprit? Il pensait pourtant qu'elle en avait fini avec ça. Qu'elle ne risquait plus d'avoir des visions.

" Est-ce que... Est-ce que tu la vois ? "

La voir? Voir qui? Il n'y avait personne à part eux deux et Je'skar. Et à moins que le mercenaire cache quelque chose, elle était en train de parler d'une autre personne. Mais de qui? Quel était ce nouveau délire? Nicolaï respira profondément. Il allait falloir trouver quelque chose à faire pour l'aider. Pour qu'elle ne reste pas dans cet état.

" Qu'est-ce que tu fais là ? "

Les choses prenaient une tournure pour le moins désagréable que Nicolaï n'appréciait pas du tout. Voilà qu'elle recommençait à parler à une de ses visions. La jeune femme fini par regarder Nicolaï. Elle était désespérée. Ne sachant pas quoi faire, Nicolaï attendit qu'elle lui parle. Il ne pouvait pas l'aider si il ignorait se qui était en train de se passer. À supposé qu'il soit capable de l'aider si elle lui disait se qui était en train de se passer. Mais rien n'était moins sur.

" Je t'ai déjà parlé de ma famille ? "

Oui. Elle lui en avait déjà parler. Aureane lui avait dressé un portrait assez détaillé de chacun des membres de sa famille. Le désespoir gagna pourtant le chevalier lorsqu'elle lui dit cela. Elle devait certainement à nouveau voir certains des membres de sa famille. Mais au moins, il y avait une avancée. Elle se rendait apparemment compte que se n'était pas possible et qu'il y avait un problème quelque part.

Elle continua précipitamment :

" J'ai... j'ai... une sœur... Cyrielle... et je... je la vois... Elle n'est pas contente du tout... Elle nous suit... Je l'ai déjà vue hier soir... "

Bon. C'était la panique là. Elle était en train de voir sa soeur. Une soeur qui apparemment n'était pas du tout contente après elle. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire? Ils étaient loin du Puy et Aureane savait qu'elle était en sécurité maintenant. Elle n'avait pas la moindre raison de faire une ''rechute''. Qu'est-ce qui était en train de lui échapper? Il y avait forcément quelque chose qu'il avait loupé. Quelque chose de tellement évident qu'il n'était même pas capable de s'en apercevoir apparemment. Nicolaï ne voyait pas se qu'il pouvait faire pour l'aider. Son esprit tournait à toute allure.

Se fut d'une voie tremblotante qu'elle s'adressa à lui.

" Dis moi si tu la vois... "

Elle avait besoin d'une confirmation. Dans un sens ou dans l'autre, peu importait, mais qu'il lui dise ce qu'elle pouvait croire avant qu'elle ne craque définitivement. Elle serra un peu plus son bras comme pour s'assurer qu'il était bel et bien réel. À lui au moins elle pouvait se fier si elle était capable de le toucher. De le sentir contre elle. Cela signifiait que lui était bien réel. Il serait son guide dans ce monde de plus en plus incohérent où elle se retrouvait plongée.

Il fallait qu'il lui dise la vérité. Prenant ses épaules, Nicolaï fit en sorte de capter toute son attention.

« Elle n'est pas là Aureane. Oublie là. Ignore là. Cyrielle n'est pas ici. Elle ne te fera aucun mal parce qu'elle n'est pas là. Tu dois te concentrer sur moi et seulement sur moi. »

Ils ne mirent pas longtemps à rassembler leurs maigres affaires. Une fois que cela fut fait, Nicolaï fit monter Aureane sur leur cheval et grimpa rapidement derrière elle.

« Ne fait pas attention à cela. Elle n'est pas ici. Dit le moi si tu vois d'autres choses qui te paraissent étrange. »

Il espérait que se ne soit pas le cas. Mais ses désirs n'étaient pas des ordres.

Aureane s'accrocha au regard du jeune homme en hochant la tête. D'accord, ce n'était qu'une hallucination. D'accord. Une hallucination. Rien de plus.

" Elle... ne me fera pas de mal... Cyrielle ne me ferait jamais de mal. C'est juste que... je crois qu'elle me reproche quelque chose. "

Ce n'était pas sa sœur en elle-même qui lui faisait peur, c'était de la voir alors qu'elle n'était pas censée être là. Elle jeta un coup d'œil vers cette dernière qui semblait la surveiller d'un air sévère.

Le temps de remonter à cheval, Aureane passa le plus de temps possible près de Nicolaï et fut soulagée de se retrouver avec lui sur le cheval. Elle évitait autant que possible de regarder autour d'eux.

" Non... il n'y a rien d'autre, ça va. "

Mais Cyrielle restait et elle les suivait sans aucun doute. Il suffisait qu'Aureane lève les yeux un instant sur le paysage pour qu'elle la voit. Dans ces instants, la jeune fille ne disait rien, regardait les rênes fixement et se serrait un peu plus contre Nicolaï. Lui était bien réel. Enfin... elle l'espérait.

" Je me souviens de la fois où tu m'as montré la mer... " finit-elle par dire, afin de se changer les idées en discutant.

Elle sursauta dans la foulée et ouvrit de grands yeux effrayés avant d'essayer de se calmer.

" Cyrielle... elle... n'est pas contente ! "

Aureane secoua la tête et ferma les yeux pour chasser l'image de sa sœur.

" Mais pourquoi je la vois ? Pourquoi si je sais qu'elle n'est pas là ? Ça n'a pas de sens ! " s'exclama-t-elle, les nerfs à fleur de peau.

Elle rouvrit les yeux, s'aperçut que Cyrielle l'attendait un peu plus loin : elle se plaçait toujours un peu avant l'endroit où ils devaient passer. Ils lui passaient devant, puis elle réapparaissait un peu plus loin. Nicolaï pouvait s'en rendre compte, parce qu'Aureane ne put s'empêcher de la suivre des yeux un moment.

Après quelques heures à ce rythme, coups d'œil vers Cyrielle, entrecoupés de périodes où elle s'efforçait de l'ignorer, Aureane craqua, demandant directement à sa sœur :

" Qu'est-ce que tu veux ? "

Elle lança aussitôt un regard d'excuse à Nicolaï, consciente qu'il n'avait pas la moindre envie de la voir discuter avec une hallucination. Mais elle n'en pouvait plus de faire semblant de ne rien voir alors qu'elle avait l'impression qu'en tendant le bras, elle la toucherait. Elle avait besoin d'un semblant d'explication, c'était trop dur de faire comme si de rien était. Et puis... tant qu'elle savait que Nicolaï était bien là, lui, elle ne risquait rien, non ?

Un instant plus tard, elle regardait le jeune homme à nouveau, en soufflant, dépassée par les événements :

" Elle dit que je sais très bien... que je sais très bien pourquoi elle me gronde. "

Cyrielle s'était un peu éloignée, elle les regardait de loin, à présent.

" Mais je ne sais pas moi... Qu'est-ce que je dois faire ? " finit par demander Aureane à Nicolaï, complètement perdue.

Enfin, ça n'avait pas de sens ! Elle savait que c'était une hallucination et malgré tout, elle continuait à la voir, elle parlait avec... Pourquoi voir sa sœur ? Pourquoi elle, d'ailleurs ? Jusqu'à présent, ses autres délires étaient plutôt agréables. Alors quel intérêt de se torturer l'esprit avec une sœur réprobatrice ?

Aureane restait aussi proche qu'elle le pouvait de Nicolaï pendant le trajet. Elle avait prétendu que Cyrielle ne lui ferait pas le moindre mal. Mais au vu de l'air terrifier de la jeune femme, il en doutait de plus en plus. Heureusement, sa soeur était la seule hallucination qu'elle voyait. Elle regardait dans tout les sens. Comme si elle suivait de regard quelque chose qui se trouvait sur le bord de la route. Inutile de demander se qu'elle regardait. Nicolaï le savait déjà. Cyrielle.

Elle avait tenté de le rassurer en lui disant qu'elle se souvenait du jour ou il lui avait montré la mer. Cela ne marchait pas. Elle continuait à regarder Cyrielle. La présence de cette fantomatique soeur était suffisamment inquiétante pour qu'il en faille bien plus afin de rassurer Nicolaï. Elle se contentait de fixer obstinément les rênes de la monture et de se serrer un peu plus contre lui, comme pour s'assurer qu'il était toujours là ou qu'il existait bel et bien.

Elle eu un sursaut et ouvrit de grands yeux effrayés comme si elle venait d'être frappée par quelque chose. Elle tenta ensuite de se calmer.

" Cyrielle... elle... n'est pas contente ! "

Aureane secoua la tête et ferma les yeux comme pour chasser une image qui venait de surgir dans son esprit. Elle avait dit que Cyrielle ne lui ferait aucun mal. Apparemment, elle avait tord. Cyrielle lui faisait du mal.

" Mais pourquoi je la vois ? Pourquoi si je sais qu'elle n'est pas là ? Ça n'a pas de sens ! " s'exclama-t-elle au bord des larmes.

Elle rouvrit les yeux et recommença à fixer les bords de la route. C'était de plus en plus inquiétant. Au bout d'un moment, qu'est-ce qu'elle faisait là cette encombrante frangine? Il devait bien y avoir une raison. L'inconscient d'Aureane avait choisit Cyrielle pour reprocher quelque chose à Aureane. Mais il devait bien y avoir une raison.

" Qu'est-ce que tu veux ? "

Tien. C'était la question qu'il avait envi de poser. C'était un peu inquiétant qu'il lui dise se prenne à espérer pouvoir parler avec une hallucination. Aureane lui lança d'ailleurs aussitôt un regard d'excuse. C'était de plus en plus inquiétant. Elle n'en pouvait plus. Et lui non plus d'ailleurs. Il voulait que cela cesse. Il ne voulait plus qu'elle ait ce genre d'hallucination. Il voulait que cela prenne fin maintenant. Quitte à discuter avec quelqu'un qui n'était pas là.

Tout deux voulaient savoir. Elle avait besoin d'un semblant d'explication et lui aussi. S'en était assez.

Un instant plus tard, elle leva les yeux vers lui pour le regarder à nouveau. L'air perdu et complètement dépassée.

" Elle dit que je sais très bien... que je sais très bien pourquoi elle me gronde. Mais je ne sais pas moi... Qu'est-ce que je dois faire ? " finit par demander Aureane à Nicolaï, complètement perdue.

Bon. S'en était assez. Il fallait en finir maintenant. Nicolaï était suffisamment énervé. Et puis, il avait déjà discuté avec certains des délires d'Aureane. Au point ou il en était.

« Cyriel Eldon. Je suis Nicolaï KalonErc'h. Chevalier d'Ysari. J'exige en tant que chevalier que tu explique clairement quels sont tes griefs contre ta soeur. »

" Cyrielle Eldon. Je suis Nicolaï KalonErc'h. Chevalier d'Ysari. J'exige en tant que chevalier que tu expliques clairement quels sont tes griefs contre ta sœur. "

Aureane en resta bouche bée. Si maintenant le jeune homme se mettait lui aussi à parler avec ses hallucinations ! Elle fixa sa sœur un bon moment, se sentant quelque peu perturbée par tout cela. Elle ne s'était pas attendue à ce que Nicolaï tente de communiquer avec ses délires. Après tout, il avait bien dit que Cyrielle n'était pas là ! Elle eut un moment de silence avant de demander d'une petite voix :

" Tu crois... qu'elle est vraiment là ? "

Elle ne savait plus où elle en était. Sa sœur s'approcha d'eux mais Aureane ne broncha pas. La jeune fille avait l'impression d'être revenue à l'époque de son enfance, lorsque son ainée lui faisait des leçons de morale. Cette dernière la dévisageait d'un regard sévère. Aureane aimait beaucoup Cyrielle, elle lui avait toujours fait confiance, c'était un peu sa deuxième maman. Mais sa sœur avait aussi un sacré caractère et une poigne de fer lorsqu'il s'agissait de s'occuper des petits.

" Elle dit... "

Aureane se comportait comme si elle se faisait gronder et se mit à jouer nerveusement avec ses mains sans plus oser regarder quiconque.

" Elle dit que je sais. "

Elle fit une pause et soupira :

" Ça la rend triste. "

En tous cas, ça rendait Aureane au moins aussi triste. Elle fixait obstinément ses mains, mais continua à parler tout doucement, comme si elle répugnait à s'expliquer :

" Elle dit que ce n'est pas bien et que tu le sais aussi. "

Elle releva soudain la tête, les sourcils froncés et se retourna vers Nicolaï, un soupçon de révolte dans la voix :

" Écoute, je ne veux pas savoir ce qu'elle a à dire, d'accord ? "

Aureane se rebellait. Les dieux seuls savaient contre quoi, mais elle avait décidé d'avoir la paix. Ce devait bien être la première fois qu'elle s'opposait aussi ouvertement à quelque chose, presque violemment - si on prenait ses références, à savoir qu'elle n'aurait pas écrasé un moustique. Une violence toute relative, donc, mais déjà bien présente en cet instant. Elle alla jusqu'à prendre un air légèrement buté.

" De toute façon je ne la vois plus. "

C'était faux, inutile d'être un expert en mensonge pour s'en apercevoir. Et puis, Aureane n'était pas douée pour cacher la vérité, elle ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil coupable à Nicolaï. Elle ne voulait pas lui mentir, mais elle voulait encore moins savoir ce que sa sœur avait à dire. Elle sentait que ça ne lui plairait pas du tout. Or, pour le moment, la situation était assez compliquée comme cela. Elle avait besoin d'un peu de stabilité, elle en avait à peu près trouvé, en se rapprochant de Nicolaï, elle n'avait aucune envie de devoir en plus gérer des hallucinations. Étant donné qu'elle savait que c'était faux, elle pouvait bien les ignorer. Que Cyrielle la laisse donc en paix !

Aureane s'adressa à nouveau au jeune homme, visiblement calmée :

" Je suis désolée... "

De quoi ? Elle ne savait pas trop, mais c'était pourtant sincère. Elle se sentait fatiguée par ce voyage et toutes ces émotions et espérait qu'ils n'en avaient plus pour très longtemps. En fait, elle n'en savait rien et n'osait pas demander. La chevauchée l'épuisait, même si elle trouvait du réconfort à être près de Nicolaï et que pouvoir s'appuyer contre lui la soulageait.

" Ce n'est pas grave... c'est juste la fatigue. " finit-elle par conclure.

Après tout, elle avait peu dormi dernièrement, elle était perturbée, pas étonnant qu'elle invente n'importe quoi. Si elle fermait les yeux... elle ne verrait plus sa sœur. Ce fut donc ce qu'elle fit, se laissant bercer par le rythme du cheval.

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