[jardins]Quand la pluie guette [Norman]

Sujet: [jardins]Quand la pluie guette [Norman] Dim 27 Mar 2011 - 13:16

L'automne était plus que bien ancré sur la péninsule humaine. Le temps ce jour là semblait néanmoins clément envers les pauvres âmes que nous sommes. En cette après midi, j'avais décidé de prendre l'air contre l'avis de Camille qui craignait ce ciel ne se déchire en orage. Il est vrai que le ciel était ombragé de lourds nuages gris mais la température extérieure n'était pas froide ni venteuse.
Ayant mes entrées à la cour royale, je pouvais aisément profiter de la quiétude et du calme des jardins royaux. Comme d'habitude, le calme y régnait car les courtisans étaient en majeur parti dans le palais à faire leurs habituels rond de jambes et à jouer aux cartes ou aux dés. Il est vrai que je les imitais bien souvent.

Marchant lentement dans les allées des jardins, je levais les yeux au ciel en observant les nuages. Camille avait peut être raison, il se mettrait sans doute à pleuvoir d'ici la fin de journée. Ma camériste avait trop souvent raison, hélas...
Un banc de pierre se dessinait dans une allée un peu reculée, à l'abri des regards et du monde qui passait par moment. M'engouffrant dans cette voie, je m'assis. Les mains jointes posées délicatement sur le devant de ma robe, un fin soupire se fit entendre de ma part.

Me laissant envahir par mes pensées, je réfléchissais à ce qu'avais été ma vie jusqu'à présent: une orpheline exilée chez sa tante, une épouse timide et maladroite, une amante déchue et répudiée. A présent qu'étais je ? Une noble sans terre, une jeune femme répudiée, une courtisane comme tant d'autres... Rien de bien glorieux en soi.
L'épouse de mon cousin, Elanore d'Odélian, avait raison sur un point. J'étais jeune et belle, je ne devais pas perdre espoir de retrouver un galant qui veuille m'épouser. Mais qui ? Je ne connaissais personne qui accepterait une jeune femme ayant déjà été mariée.

- Puis-je m'asseoir ?

- Il fait bien froid pour une si petite femme dehors.

J'étais assise paisiblement sur ce banc de pierre dans une impasse des jardins royaux. Un soupire et un regard perdu trahirent ma présence en ce lieu reclus. Une silhouette à l'allure imposante s'avançait en ma direction sans que je n'en distingue outre mesure les traits hormis que ce soit celle d'un homme d'une impressionnante stature.
Une fois l'homme à ma hauteur, dans une phrase de politesse, il demanda à s'assoir. Pourquoi là ? Pourquoi à côté de moi alors que je faisais tout pour paraître invisible aux yeux du monde ? Je n'avais pas la réponse à cette question et celle ci m'importait peu en réalité. Acquiesçant d'un geste de la tête à sa requête, l'inconnu prit place à côté de moi sur ce banc isolée.

Alors que je demeurai dans un certain silence, il enchaina sur le temps. Il n'avait pas tord sur le fait que le ciel se couvrant, la température diminuait très grandement pour laisser la place aux premiers frimas de l'hiver. Par contre pourquoi pour une si petite femme ? Je n'ignore pas le fait d'être de faible constitution ni même d'allure fragile mais pourquoi cette affirmation à mon égard ?
Sans même tourner mon regard vert en sa direction , fixant toujours l'horizon de façon perdue dans les méandres spirituelles, je lui répondis. Ma voix était fine, un peu lointaine comme si je n'étais pas tout à fait présente. Mon corps était là mais mon esprit ne l'était plus. Je devenais une poupée sans âme.

La froideur extérieure n'est rien comparée à l'étouffement de ce lieu, de ce palais, de ce jardin, de cette … vie.

Oui, j'étouffais. Non pas à cause d'éléments extérieurs mais à cause de ma propre vie. De nombreux éléments me rappelaient sans cesse l'échec de ma propre vie, de mon existence toute entière. Je n'avais été qu'un fardeau pour tous : pour ma mère, pour mon époux. A présent j'étais seule, et je devais être un fardeau pour Camille. Pourquoi continuait elle à si bien s'occuper de moi ? Heureusement qu'elle était là. Elle était plus que jamais mon seul réconfort en l'état actuel des choses.
Finalement, détournant mon regard du paysage, je vins à croiser celui de cet inconnu. Il avait des cheveux blonds comme les blés, faisant écho à la couleur de ma chevelure. Un bouc venait à renforcer la froideur de son visage qui pourtant avait quelque chose de charismatique. Des yeux d'un bleu glacial donnaient cette impression d'être transpercée par son regard. A son allure générale, cet homme n'était pas du Sud mais du Nord. Sa musculature ne laissait assez peu de doutes quant à ses origines.

C'est la première fois que je vous rencontre. Il est rare de voir les seigneurs du Nord descendre dans la capitale.

-En effet, c’est l’une des rares fois où je suis descendu ici. Je me nomme Norman, Seigneur d’Uberwald et Gardien de la Forteresse de Nebelheim, fief dans la baronnie d’Oësgard

- Nous ne devrions pas nous attarder dans ces jardins, l’averse arrivera bien vite et pour qui n’y est pas bien préparé, elle peut être source de maladie. Allons à l’abri.

- Nous continuerons notre discussion au chaud, le temps peut se montrer traitre.

Cet homme du Nord avec lequel je conversais confirma mes suppositions concernant sa présence en ces lieux. Il déclina son identité en galant homme qu'il semblait être. Il était le seigneur d'une province nordique en Oësgard, baronnie voisine à celle de mon cousin le Comte. Alors qu'il se présentait, le ciel se déchira.
Un éclair fendit le ciel grisâtre me faisant frémir de peur ce qui ne put passer inaperçu auprès de ce seigneur qui me scrutait de son regard azur. Il ne pleuvait pas encore pour le moment mais les nuages étaient bas et chargés. On pouvait sentir dans l'air une certaine humidité qui laissait prévoir une pluie diluvienne dans peu de temps.

Il se leva du banc et me tendit son bras comme la bienséance le voulait tout en glissant une petite phrase sur le temps orageux. Le seigneur d'Uberwald me proposait son assistance pour que nous allions nous mettre à l'abri dans l'enceinte même des murs protecteurs du palais avant que la pluie n'arrive, évitant ainsi d'attraper un quelconque mal.
Levant alors délicatement mon bras, ma main vint à se déposer telle une plume sur son avant bras. Mon corps fit ensuite de même, me redressant avec grâce et délicatesse. Nous commençâmes alors quelques pas que la pluie se mit à tomber d'un coup alors qu'un nouvel éclair pourfendit le ciel.

Alors que l'eau tombait à torrent sur nos deux êtres, je levais les yeux vers cette masse grise et menaçante. Le ton de ma voix se fit alors comme détaché, comme si cette pluie n'existait pas alors que la force des gouttes chargées d'eau me décoiffait et mouillait ma robe.

Cela faisait longtemps...

Un adage bien connu dit qu'après la pluie vient le beau temps. Ma vie était un orage actuellement, cette tempête annonçait elle des jours meilleurs ? Je l'ignore. Seul le temps avait la clef de cette réponse.
Je ne m'étais toujours pas présentée alors que lui, il l'avait fait. Ce n'était pas par manque de politesse ou quoique ce soit c'est juste que cet élément m'avait échappé, pensant l'avoir déjà fait. L'esprit se joue de son hôte quand celui ci est plongé dans le tourment.

-Je ne connais pas le lieu, pourriez-vous nous indiquer un endroit où nous serions au sec et au chaud ?

-Vous ne vous êtes encore pas présenté. Puis-je vous demander votre nom que je puisse en mettre un sur votre joli visage ?

Après ce court interlude, nous reprîmes notre marche en direction du palais de façon plus soutenue afin de nous mettre à l'abri. Une fois dans le palais, alors que l'eau ruisselait sur nos visages, il me fixa de ses yeux bleus et me demanda où il était possible de trouver un lieu paisible au sec et au chaud dans ce palais.
Il est vrai qu'il venait du Nord et qu'il ignorait tout de l'agencement de ce château. Cela faisait quelques temps que j'étais revenue à la cour aussi en me baladant dans les couloirs et les divers salons que tous les courtisans affectionnaient tant, j'avais remarqué un petit salon peu fréquenté où trônait une cheminée.

Levant un regard timide en sa direction, je lui dis d'une voix un peu nouée quelques mots qui trahissaient une certaine timidité.

Veuillez me suivre, il y a un petit salon où nous pourrons nous réchauffez.

Baissant les yeux pour les reporter sur le sol, je n'osais retirer ma main de son bras. Finalement nous continuâmes notre avancée comme cela fut dès le début. Après quelques minutes à travers les différents couloirs immenses de ce labyrinthe, nous finîmes par arriver à ce petit salon.
Posant délicatement ma main libre sur la poignée de la porte, je l'ouvris doucement. Le salon se dévoila alors sous nos yeux. Il n'était pas très grand, plutôt intimiste. Deux canapés se faisaient face, séparés par une table basse. Une grande cheminée dont les flammes de la flambée illuminaient la pièce de ses reflets chatoyants. Quelques tableaux aux murs, une bibliothèque dans un coin...

Je n'avais pas encore répondu à sa question sur mon identité quand nous étions dans le couloir, respectant un silence quasi religieux. Une fois entrée dans le salon et prenant place dans l'un des canapé, je croisais mes mains sur les pans de ma robe tout en les fixant avant de lui répondre.

Je me nomme Lucrèce Théodora de He...

Non... Ce n'était plus mon nom, j'avais été répudiée. J'avais du mal à me faire une raison, c'était bien trop récent. Je repris après cette légère coupure.

... d'Adamantine. Vicomtesse d'Adamantine et cousine du Comte d'Odélian que vous devez certainement connaître de part la proximité de ces deux territoires.

J'espérai qu'il ne connaisse pas mes déboires. Beaucoup de gens de la noblesse m'évitaient depuis ma répudiation par le baron d'Ysari. Aussi je n'avais que peu d'amis et cela me plongeait dans une certaine solitude.

-Votre ancien époux doit sans doute regretter de ne plus vous avoir à ses côtés. En effet, le comte d’Odélian est un proche voisin.

Mon identité était dévoilée. Ce nom que j'aurai aimé dissimuler car il représentait trop de choses, trop d'horreurs... Je m'attendais à ce qu'il s'en aille et se détourne comme nombreux l'ont fait avant lui mais bien au contraire il resta sur ce canapé où il avait pris place en face de moi. Je n'avais vu ce léger sourire qui s'était dessiné sur son visage car j'avais le regard baissé, mal à l'aise.
Sa voix s'éleva brisant le silence qui venait de s'installer. A ses paroles, je sus qu'il avait eu vent de mes tribulations. D'ailleurs ses paroles me firent lever les yeux pour le fixer. Il put alors y lire non pas de la colère ou quoique ce soit s'y rapprochant mais de la tristesse, du désarroi et de la honte qui se mélangeaient. Oui, j'étais honteuse... J'étais innocente de ces accusations de tromperie mais personne n'avait cherché à savoir la vérité. Celle qui faisait de moi une victime...

D'une voix un peu tremblante, je lui répondis. Je ne voulais pas lui montrer que cela m'affectait profondément mais c'était peine perdue car cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, pour ne pas dire qu'on ne voyait que ça...

Je l'ignore mais le connaissant il a déjà dû trouver une quelconque ribaude pour se consoler.

Sur ces paroles, mes mains se crispèrent sur les pans de ma robe avant que mon regard ne se baisse à nouveau. Me levant du canapé, je me dirigeai vers l'âtre crépitante, faisant dos au seigneur Norman. Je sentais son regard qui pesait sur mon être. Ce regard était pesant, je ne sentais que cela...
M'agenouillant devant la cheminée, sur le doux tapis qui était posé juste devant, je défis mon chignon. Ma chevelure libérée de ses entraves tomba cascadant tout le long de mon échine. D'une main, je la fis passer au dessus mon épaule avant de tendre mes deux mains vers les flammes brûlantes pour me sécher.

Norman qui me contemplait pouvait alors voir ma nuque. Mon comportement pouvait sans doute lui sembler enfantin mais mon innocente et mon naturel candide faisant que cela ne m'était pas apparu comme inconvenant.
Malgré la chaleur du feu, l'humidité de mon cœur remplit mes yeux. De dos, il ne pouvait pas le voir. Une larme ruissela le long de ma joue empourprée par la chaleur avant qu'un fin sanglot ne se fasse entendre entre deux crépitements.

-Lucrèce, que diriez-vous de devenir de nouveau Dame puis Baronne ? Accepteriez vous d’épouser Norman d’Uberwald ?

Agenouillée devant la cheminée, cheveux détachés, paumes des mains tendues vers les flammes dansantes, quelques fins sanglots se firent entendre. J'essayais de les étouffer mais en vain. J'entendis Norman se lever. Je pensais qu'il allait me laisser seule et quitter la pièce mais au contraire. Les bruits des ses pas se firent en se rapprochant. Le colosse vint à prendre place à mes côtés devant l'âtre.
Je ne sentis pas son regard sur moi cette fois. Il garda un court silence avant de laisser entendre ce qui semblait être une demande en mariage. Il me proposait de retrouver mon statut de baronne à ses côtés. Levant un regard alors embrumé par l'eau, je ne pus m'empêcher de laisser voir mon étonnement.

Ne vous moquez point de moi mon seigneur ! Qui aurait envie d'épouser une femme ayant été répudiée par son précédent époux ? Je vous trouve bien cruel de me faire pareille proposition...

Ma voix était teintée de surprise mais également d'indignation. Je ne pensais pas qu'il pouvait être sincère dans sa proposition. Nous nous connaissions à peine. C'est à se moment là que me revint en mémoire les paroles d'Elanore, l'épouse de mon cousin. Elle avait raison en pensant que ma beauté et ma jeunesse pousseraient à nouveau un homme à m'épouser malgré le scandale.
Finalement baissant le regard, honteuse de m'être ainsi emportée, je vins à déposer une main chaude sur ses mains glaciales avant de m'adresser à lui d'un ton confus. Gardant un instant de silence, je vint à plonger mes prunelles vertes dans l'azur glacial de ses yeux pour finalement prendre la parole.

Je vous prie d'excuser mon emportement. Je ne peux que douter de la réalité de vos paroles et de votre demande. Aussi pardonnez moi...
C'est si soudain. Nous venons à peine de nous rencontrer et vous demandez ma main, m'offrant votre protection par la même occasion. Je suis injuste de douter de la véracité de vos dires, aussi si votre proposition tient toujours, j'accepte de devenir vôtre...

Je ne l'aimais pas, c'était bien trop tôt pour parler de sentiments envers nous. Il devait sans doute voir en moi la noblesse et la richesse de mon nom. Je n'étais pas dupe de cela mais je n'avais pas d'autres choix. Avec le temps peut être, je nourrirai quelques passions pour lui, si ce n'est une amitié qui puisse nous lier dans l'avenir.
Serrant mes doigts fins sur l'une de ses mains, je la portai à mes lèvres pour y déposer un baiser en gage de soumission et de dévouement. J'étais consciente que je n'aurai pas de seconde chance et si une quelconque rumeur venait à circuler sur mes liaisons factices, alors ma tête se retrouverait sur le billot.

-Bien, nous nous marierons dès notre retour en Oësgard et ma nomination à la tête de la baronnie. Dès demain si vous êtes prêtes, je vous ferais escortais vous avec vos biens jusqu’à mon fief.

-Vous deviendrez Lucrèce d'Uberwald.

Une fois sa proposition acceptée, Norman prit la parole pour indiquer les modalités de notre mariage. Il semblait vouloir précipité les choses. Etait ce un mal ? Je l'ignore... Il m'annonça que dès demain si j'étais prête, il me ferait escorter à son fief. Je ne m'attendais pas à cela non plus. J'aurai imaginé que nous allions passer un peu de temps à Diantra avant de devoir quitter la cité royale.
Alors que je relevais lentement la tête après avoir déposer un baiser de soumission sur sa main, mon futur seigneur et maitre de son autre main me releva la tête en me tenant par le menton. J'hésitai à soutenir son regard. Cette situation encore précaire me faisait peur. Je conservais alors les yeux baissés.

Je m'attendais à ce qu'il prenne la parole mais au lieu de cela, il rapprocha son visage du mien et scella ses lèvres sur les miennes en un baiser volé. Alors qu'il se reculait allant prendre la parole, je portais une main quelque peu tremblante à mes lèvres les effleurant. Mes joues s'étaient empourprées. Il annonça alors que je deviendrai Lucrèce d'Uberwald.
Je n'osais rien dire ni rien faire. Je me sentais comme une petite chose fragile face à son assurance et son imposante stature. Norman était aux antipodes de ce qu'est Harnyll. Un bien ou un mal ? Pas de réponses à cette interrogation. Il fallait à présent grandir et ne plus commettre les mêmes erreurs que par le passé.

Comme vous le désirez. Je me tiendrai donc prête demain aux aurores selon votre souhait. Si vous le permettez puis je retourner en ma demeure pour mettre de l'ordre dans mes affaires.

Il est vrai qu'un départ précipité engendrait une certaine effervescence dans une maisonnée. Les domestiques auraient de nombreuses tâches à accomplir pour que demain, je puisse quitter Diantra. Je voulus me relever mais mes jambes étant engourdies à cause de la posture agenouillée qui fut un peu trop longue, je chutai par maladresse sur Norman. Il était témoin alors de ma maladresse habituelle. Je rougissais de confusion, je ne savais plus où me mettre. Si quelqu'un entrait, les rumeurs iraient bon train...

Je vous prie de m'excuser.

Je lui fis mes excuses pour cette chute malencontreuse dans ses bras, cependant je ne fis rien pour me relever dans l'immédiat. Cette situation équivoque avait quelque chose de troublant.

- Evidemment, vous pourriez prendre la route demain dès que vous seriez prête à n'importe quelle heure de la journée. Quant à moi, je prendrais la route vers Ydril où j'aurais des affaires à régler avant de vous rejoindre en Oësgard où nous célébrerons notre mariage. Ne vous inquiétez pas, je vous offre une toute nouvelle vie que vous vivrez pleinement si vous ne me trahissez pas.

- Excuses accordées.

- Désiriez vous entrer chez vous afin de vous préparer ou voulez rester un peu plus en ma compagnie ?

A ma demande pour me retirer, il acquiesça et ajouta quelques détails. Détails de poids... Je n'étais pas obligée de partir aux aurores, je pouvais choisir l'heure qui me plaisait. Je pensais que plus vite je serai partie et plus vite je pourrai mettre le passé derrière moi. Cela semblait être une bonne idée, pour une fois.
La suite m'étonna quelque peu. Norman ne ferait pas route avec moi. Il ne me rejoindrait que plus tard car il devait se rendre dans le Sud, en Ydril, comté voisin de la baronnie d'où je venais. Même si j'avais passé la moitié de mon existence à Ysari, je n'en demeurai pas point de la province de Diantra qui a vu le jour de ma naissance, il y a dix huit années de cela...

Il me dit de ne point m'inquiéter et que cette nouvelle vie, il me l'offrait à condition que je ne le trahisse pas. Lors de mon précédent mariage, je n'avais jamais trahi Harnyll par la chair. Mon pêché s'il existe fut celui d'avoir sombré dans un état second qui nous a fait éclater. Devais je le lui dire ou garder le silence ? Cela viendrait avec le temps, à n'en point douter.
Retombant dans ses bras qui vinrent accueillir ma chute, Norman laissa apercevoir un sourire sur son visage alors que je me confondais en excuse. Cela semblait l'amuser. Je demeurai là, dans ses bras, petite chose fragile et insignifiante. Il accepta mes excuses.

Le seigneur nordique se pencha une nouvelle fois sur moi et profita de cette très grande proximité pour m'embrasser de nouveau. Je fus moins surprise que la prime fois. Cela deviendrait coutume à présent. De plus, je serai dans l'obligation de laisser mes frayeurs derrière moi concernant l'acte d'amour. Je ne pourrai me refuser à lui. Il ne pourrait pas comprendre et serait sans doute moins conciliant que Harnyll à ce sujet.
Ce nouveau baiser fut donné avec plus d'ardeur que le précédent. Baiser durant lequel, je me laissa faire fermant les paupières. Il était dans son droit et il le prenait. Ses lèvres prirent ensuite le chemin de ma nuque offerte à ses caprices. Un frisson parcourra alors mon corps ainsi offert à ses baisers. Je dois avouer que le contacte de ses lèvres sur ma peau ne me laissait pas indifférente. C'était différent qu'avec lui...

Le baiser se finissant, il me glissa une nouvelle proposition. J'étais désarmée. Je ne savais que répondre. Ce baiser m'avait encore plus troublé que le précédent et cela transparaissait clairement. Il me laissait le choix sur l'heure actuelle si je désirai passer plus de temps en sa compagnie ou rentrer en ma demeure pour me préparer pour le lendemain.
Je restai un instant sans voix. Que répondre ? Rentrer et le froisser ? Ou rester et en apprendre plus sur sa personne ? Il est vrai que j'ignorai tout de lui comme lui ignorait tout de moi. Levant un regard smaragdin sur son visage penché sur moi, je levai une main en direction de sa joue où du revers je vins à l'effleurer telle une caresse avant de lui répondre d'une voix douce, tentant de dissimuler mon émoi.

Apprenons à mieux nous connaître si vous le souhaitez. Les gens de ma maison peuvent patienter quelque peu. Je veux connaître celui qui m'offre une seconde alors que les apparences se jouent de moi...

Un instant de silence, reprenant ma respiration.

Parlez moi plus de vous...

- Alors, je suis né dans une famille noble d'Oësgard, celle qui a en charge l'une des plus grandes et belles Forteresse de la baronnie. Mon Père, le Seigneur Kevin était un homme redoutable au combat et gouverner d'une poigne de fer son fief. Lui et Mère sont mort dans un raids drow à la frontière. Je fut élever pour reprendre le flambeau, et en ces de troubles je suis le favori pour devenir Baron d'Oësgard.

- Voilà donc à peu prêt tout ce qu'il faut savoir sur moi en un premier temps.

- Et vous Lucrèce ?

Toujours dans les bras de mon futur époux où je demeurai telle une petite chose délicate, je l'écoutais en silence me raconter ce que fut sa vie. Cela fut assez bref car il ne s'étendit pas sur le sujet. Peut être n'y avait il rien à dire ? Je ne pouvais imaginer autre chose. Mon esprit candide ne me faisait point douter qu'il est pu en être autrement.
Je fus attristée d'apprendre que sa famille avait été décimée lors d'un raid drow. Ils semaient la mort dans les contrées nordiques de la péninsule humaine, au plus grand désarroi des familles y résidant. Il parla à peine de sa succession à la baronnie. J'ignorai s'il y avait d'autres prétendants au titre. Mais cela importait peu. Qu'il soit simple seigneur ou baron, il m'offrait une chance de me racheter.

Il me retourna la question. Fixant ses yeux glacials, je lui répondis honnêtement quand à ce qui fut ma vie jusqu'à présent. Ma voix était emprunte d'une certaine nostalgie et mélancolie à l'évocation de mon passé.

Les origines de ma famille remontent aux provinces nordiques, en Odélian. Par la suite mes ancêtres ont migré à Diantra , à la cour. Le vicomte Flavius Vitigès d'Adamantine, mon père, fut l'un des conseillers de feu roi Ultant avant de mourir alors que je n'étais qu'une toute petite fille.
Ma mère, Adélaïde Godiva, s'occupa de moi, son unique enfant jusqu'à l'année de mes huit ans, où elle m'envoya chez ma tante, régente alors de la baronnie d'Ysari. Ma mère mourut peu de temps après cela.
Par charité et pour un tout autre dessein, elle m'éleva. J'ignorai à cette époque que j'étais promise à son fils, mon cousin, le futur baron d'Ysari. Le temps passa. Pendant huit ans, je ne sus rien de ce qui se tramait dans l'ombre, n'ayant que de très rare occasion de voir mon cousin en privé.
La guerre civile a éclaté et a précipité les évènements. Mon cousin, alors devenu baron, me prise pour épouse. Oui... Il s'agit bien d'une union consanguine de laquelle rien de bon n'est sortie.
La perte d'un enfant, les rumeurs d'infidélité infondées, tout cela eut raison de ce mariage. La suite vous la connaissez déjà... J'ai été répudiée pour le motif fallacieux de l'adultère. Jamais la vérité n'a été entendue et connue dans cette histoire. Je tiens à effacer cela de ma mémoire et oublier pour vivre cette nouvelle vie...

Cela fut ponctué par un soupir que Norman vint interrompre en plongeant ses doigts dans ma chevelure défaite pour les laisser glisser jusqu'à ma joue empourprée. Ces caresses me m'étaient mal à l'aise. Je n'étais point habituée aux contactes charnels. Un nouveau baiser au creux de ma gorge alors que ma tête basculait en arrière lui offrant cette gorge qu'il souhaitait dévorer.
La pudeur et la sexualité allaient être deux terrains de bataille les plus importants contre lesquelles il faudrait que je me batte. Norman semblait être très tactil et je ne pourrai me refuser à lui sans engendrer son courroux. Cette bataille intérieure commençait là et maintenant...

Il écouta d'une oreille attentive l'histoire de Lucrèce, la situation qu'avait ses parents le ravit. Elle devait être sans aucun doute bien riche et connu à la cour de Diantra, et puis elle remontera au Nord. Terre de ses ancêtres. Vers la fin de son histoire, Norman fut surpris de l'entendre insinuer qu'elle n'avait pas tromper le baron d'Ysari. Si cela était vraiment le cas, il n'aurait pas à s'inquiéter pour sa fidélité. Son cousin, en répudiant Lucrèce, venait de faire le bonheur de Norman qui allait se retrouver époux d'une belle fortune et qui n'aurait à ses dires, jamais commis d'adultère. Ne serais-ce pas là un signe de la divine Providence ?

Lucrèce bouscula sa tête en arrière, offrant sa gorge que Norman ne manquait d'embrasser encore et encore. Ce dernier se mit un peu plus à l'aise en enlevant le marteau qu'il avait à son dos et le posa devant lui. Entre les bras du colosse, la dame d'Adamantine semblait si petite et si fragile comparé à la stature impressionnante du géant sculpté dans le muscle, et bâti dans de longues heures de travail. Le Seigneur glissa une de ses mains au dos de la belle pour défaire l'un après l'autre les fils de sa robe, juste après avoir fait tombé sa cape par terre. La robe était à présent plus attaché mais n'était toutefois pas encore tombé. Non, car Norman n'était pas sur que continuer serait une bonne idée. En effet, Lucrèce devait rassembler ses affaires pour se préparer pour prendre la longue route qui l'attendait le lendemain. Le colosse était toujours à genoux avec sa promise dans ses bras, une position non pas confortable mais non adapté pour continuer ce qu'il souhaite entreprendre.

- Êtes vous sur de vouloir continuer ? Vous devez avoir nombres de biens que vous souhaiteriez ne pas quitter et vouloir emmener avec vous en Oësgard. Ne craigniez vous pas ne pas être prête à temps ?

Ne voyez pas là la sollicitude de Norman, non, le futur baron lorsqu'il voulait quelque chose se servait directement sans demander la permission. Mais seulement là, il souhaitait voir au plus vite Lucrèce en route, pour qu'à son retour le mariage puisse être célébré sans plus attendre. Ses yeux d'azur étaient toujours plongé dans ceux smaragdin de la belle, attendant son invitation à continuer ou un geste de sa part un peu plus entreprenant que tomber entre ses bras.

Norman avait écouté dans le plus grand silence mon histoire, ma vie. Il n'avait troublé mes paroles me laissant conclure. Je pus d'ailleurs voir une lueur de surprise traverser son regard quand je lui annonçais n'avoir jamais été infidèle à mes engagements nuptiaux auprès d'Harnyll. Cela pouvait en surprendre plus d'un car les apparences jouaient contre moi.
Suite à cela, Norman dévora ma gorge offerte de baisers ardents. Il fit une pause pour détacher son marteau qui trônait dans son dos. Ensuite je pus sentir ses mains dans mon dos. Mais que faisait il ? Mes yeux s'écarquillèrent en grand quand je compris son geste. Hélas trop tard ! Les fils du corsage de ma robe étaient à présent défaits.

Ma robe ainsi défaite libérait le corsage du dessous. Norman était plein d'ardeur et je ne pouvais qu'espérer qu'il arrête là mon effeuillage. Je n'osai plus bouger, plus parler, plus le regarder. Ma timidité maladive prit le dessus. Même si j'étais toujours vêtue, j'avais la sensation d'être nue. Je sentais son regard sur moi, son envie, son …
Finalement contre toute attente, le seigneur du Nord se stoppa de lui même sans que j'en ai à le lui prier. J'étais soulagée mais je savais que cela ne serait qu'un court répit avant que ses assauts ne reprennent une fois que nous serions en Oësgard. Il faudrait alors que je m'habitue à son souffle, ses caresses, ses baisers...

Norman me demanda alors si je désirai continuer sur cette voix là. Je secouai alors négativement la tête de façon timide. Il invoqua alors le fait que je devais me préparer pour mon départ. Une façon de sauver la face et l'honneur. Cependant cela sonnait comme une envie de se débarrasser de moi. Que croire ? Ses baisers ou ses paroles ?
Cependant il n'avait pas tord sur un point. Plus je tardais ainsi dans ses bras et moins j'aurai de temps pour préparer mes malles. Relevant un regard dont on pouvait y lire une pointe de soulagement, je lui répondis avec un sourire timide.

Vous avez raison. Si je tarde trop, je ne serai point prête pour demain. Je ne voudrai pas vous faire attendre.

Sur ces paroles, je tentai de me relever avec son aide. Une fois debout, je l'invitai à m'aider à lacer ma robe en lui tournant le dos alors que je tressais ma chevelure blonde.

Pourrai abuser de vous et vous demander de m'aider à me rendre présentable?

Ce fut d'ailleurs à ce moment là que la porte du salon s'ouvrit. Un des courtisans galamment accompagné, nous jeta un regard avant de lancer ironiquement une petite phrase bien audible à sa compagne qui gloussait.

Déjà occupée ma chère. D'autres ont eu la même idée !

Cette fois impossible que les rumeurs ne circulent pas. Le couple n'attendit pas pour quitter la pièce et se mettre en quête d'un nouveau lieu pour leur ébat charnel. Je devins alors pivoine et Norman ne put que le remarquer d'autant plus que ma respiration s'était faite en s'accélérant.

Elle secoua négativement et timidement la tête faisant sourire Norman qui ne put s'en empêcher. Tant pis, ils continueront une prochaine fois. Lucrèce devra rapidement se familiarisé avec son futur époux car Norman ne voudrait pas forçait les choses, car ses désirs et ses envies ne se tarissaient qu'une fois exprimés. D'ailleurs sur le regard de la jeune femme, une pointe de soulagement y danser amusant ainsi un peu plus Norman qui se disait qu'une fois en Oësgard, elle devra être plus réceptive.

- Bien, nous nous reverrons alors en Uberwald.

Suite à cela, elle se releva avec l'aide de Norman et lui tourna le dos et commença à tresser sa longue chevelure blonde et lui demanda s'il pouvait l'aider à lacer sa robe. Elle devant lui, elle ne lui arrivait qu'aux épaules et le colosse devait faire deux fois sa largeur. Avant de commencer à nouer ses fils, Norman embrassa le dos de sa nuque découverte y goûtant une dernière fois. Ce fût d'ailleurs à ce moment là que la porte s'ouvrit sur un courtisan et son amante après sans doute s'être bien arroser, il voulait finir sa nuit avec elle. A leur entrée ils constatèrent que la salon était occupé et ressortirent, Norman grogna, les rumeurs allaient partir de bon train le lendemain.

- Sur ce ma Dame, je dois également vous laisser. Une autre affaire m'attends également avant la fin de la nuit.

Norman ramassa son manteau et son marteau, les remit en place et se dirigea vers la porte avant de saluer sa futur épouse avec ce sourire amusé qui ne l'avait presque pas quitter de la soirée avec Lucrèce.

- A très bientôt très chère. Nous nous reverrons très vite en Oësgard.

Et sans plus autre cérémonie, il quitta le salon, dans le couloir on pouvait entendre ses pas pressés. Il sortit rapidement du château en se repérant facilement par rapport à comment ils y étaient rentré puis il prit la direction du centre ville.

» Une demande peu commune. [Norman]
» Sur le chemin d'une armée [PV Norman]
» Quand fièvre vous gagne ... Folie vous guette. ( Solo )
» [Uberwald]Le vent du Nord [Norman]
» Sous la bénédiction des étoiles [Norman]

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