La rumeur des glaives, l'odeur du sang.

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Aetius d'Ivrey
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Aetius d'Ivrey


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MessageSujet: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeSam 31 Déc 2011 - 20:33

La rumeur des glaives et l’odeur du sang habitaient le château tout entier. Moineaux, murailles et corridors étaient encore le théâtre de heurts meurtriers et brusques. Ca se tuait dans les coursives du palais ! L’intrusion des hommes du comte de Scylla avait été aussi subite qu’imprévue. Et, comme huit ans auparavant, ce furent les traîtres qui donnèrent Diantra.

Tout avait commencé quelques mois plus tôt, lorsque la plèbe, agacée par le prix des vins, affamée par le manque de pain, s’était ébranlée contre le cousin du roi, Aetius d’Ivrey. Le jeune comte, fils d’Aemon d’Ancenis, félon et assassin de la gent diantraise, avait été le catalyseur de toutes les tensions, de toutes les haines. Les quartiers se divisaient entre hommes du roi et hommes du comte, les guildes, les corporations et autres confréries prenaient parti pour l’un ou l’autre. Dans les tavernes mêmes, un homme commandant un « joyeux vin de Hautval » pouvait finir suriné par quelque royaliste un peu zélé. L’expression, meurtrière en d’autres temps et d’autres terres, du « chez qui bois-tu » avait été remplacée par le « qu’est-ce que tu bois ? » Et si la tournure était autre, elle déclenchait les mêmes passions, faisant couler, encore ici, le sang à gros bouillons.

Tout s’était embrasé quelques semaines auparavant, lorsque la reine fut retrouvée morte, assassinée. Ainsi commencèrent les émeutes, les pillages et la fuite. Et lorsque la capitale fut rafraichie par huit cents cinquante sept hectolitres d’hémoglobine diantraise, les gens du roi, les plus durs et les plus mauvais, vinrent en masse jusqu’au château. Trystan, incapable de rien faire contre ce peuple si décidé et si nombreux, se rendit aux médiocres. Et ceux-ci ne tardèrent pas à prendre les choses en main. Chassant les derniers partisans du comte et les hommes de bon sang, ils provoquèrent Aetius et l’aristocratie toute entière, bafouèrent la royauté et firent diverses autres choses fort répréhensibles. Les voilà qui demandaient des libertés, des privilèges et des droits, ces pendards ! Les voilà qui, usurpant le sceau royal, retiraient terres et titres à Aetius, prenaient les offices à leur compte, donnaient des domaines aux gens de petite condition.

Tout cessa cependant bien vite. Le comte, venu avec une armée, entra comme on rentre chez soi. Aidées par une poignée de bourgeois et d’arsouilles avec qui il s’était lié par quelques lettres et promesses secrètes, les brutes sanguinaires déboulèrent. Les portes s’ouvrirent au petit matin, soulevant le cœur de tous les bourgeois, qui prirent grand-peur et s’égaillèrent, tandis que les reîtres des cités libres, les chevaliers de Hautval, les cavaliers des Wandres et les sauvages aux plaids bariolés d’Helderion s’adonnaient déjà aux trois jours de pillage traditionnels.

Le château tomba le jour même. Non pas à cause de l’avidité d’une poignée de pingres merciers, mais bien plutôt par la peur que fit naître cette invasion, si rapide et brutale. Les chefs des petites gens se rassemblèrent et disputèrent, mais ils craignaient tant pour la vie de leur famille et l’intégrité de leurs biens, qu’ils formèrent une ambassade placé sous les signes de la paix et de la déesse. Mal leur en prit ! A peine les émissaires eurent-ils passé la poterne que déjà mille hommes d’armes fondaient sur eux, les démembrant sans pitié, volant les reliques et déchirant les oriflammes sacrés. Néera, madone au cœur fermé, avait laissé ses enfants être dévorés par les loups du Landnostre et des cités pharétanes, ces hérétiques et païens consommés.

Aussi, sous le regard vairon et louche d’un ciel noir attifé de deux lunes pleines, on finissait de teindre la pelisse blanchâtre d’un rouge cramoisi, on finissait d’égorger le rufian comme le prud’homme, de prendre leur femme et leurs enfants, de saccager leur foyer et dérober leur argent. Les sergents et les archers, partout, criaient vengeance et partaient à la curée, tandis que des colonnes de fumée noire étaient vomies en direction de la nuit aveugle et obscure, comme si les Hommes sacrifiaient, de nouveau, aux dieux du crépuscule et de naguère.

Aetius n’était pas de ceux-là. Accoudé au rebord d’une fenêtre au vitrail éclaté, au sommet de la plus haute tour des cinq-cent-soixante-quinze tours de la ville royale, il contemplait son œuvre et la volonté des dieux. Auprès de lui, allongés sur un sol poisseux et noir, des corps d’hommes qui ne se souciaient plus du paysage reposaient, lardés de coups d’épée et de poignard. La rumeur des glaives et l’odeur du sang habitaient le château tout entier, et pourtant elles ne dérangeaient pas cette salle désertée, où un silence sépulcral régnait. Du moins jusqu’à ce que le bruit des bottes qui piétinent et de la clinche qu’on décoche ne viennent rompre tout ça.

Des chevaliers aux baudriers d’argent, au moins douze, se ruaient dans la pièce. Les yeux exorbités, l’épée au clair, leur tabar était recouvert de sang et de viscères ; leur nuit avait dû être riche. Tous s’arrêtèrent lorsqu’ils virent leur seigneur sain et sauf.

« Mon seigneur, allez-vous bien ? »

« Je crois, La Jaille, mais je crains qu’il ne me faille un nouvel écuyer… » Il indiqua du menton le cadavre d’un jeune homme éventré, avant de se diriger vers un autre mort, qu’il mit sur le dos d’un coup de botte. C’était Trystan Ier, du moins ce visage lacéré y ressemblait fortement.

« … Et un nouveau roi. »
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Nakor
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeDim 1 Jan 2012 - 21:39

Le temps est les années avaient filé comme le vent sur la barbe du vieux magicien eternel qui, après six cent vingt six ans de vie, arpentait encore cette terre. Voilà un petit moment déjà que le magicien avait reçu au château de Diantra, la visite du nain Kiran, envoyé du conseil des nains survivants pour renouer des liens ténus avec le monde des humains. Il avait alors prit la décision de partir pour la nanie, afin de rétablir lentement une union presque morte et pourtant si difficile à faire naitre de nouveau. Nakor avait, une dizaine d'année auparavant, plus que ses entrées dans le monde nain. Il était devenu, au fil des siècles un habitué des cavernes souterraines du nord, il avait sympathisé avec un grand nombre d'être de petites tailles puis avait finit par devenir un ami du roi. D'abord le roi nain Bromar, puis son successeur Garmin. Mais le voile était arrivé, les dieux avaient décidé autrement de l'avenir du monde et les nains avaient chèrement payé leur tribut à Mogar. Leur peuple avait été dévasté, leur cité reine Kirgan, détruite et le roi, disparu. Il s'en suivit une époque sombre pour le petit peuple et Nakor n'avait donc pas hésité une seule seconde. Il était parti pour le nord avec Kiran et avait découvert l'état désastreux dans lequel avait été plongé la civilisation naine, autrefois grande, accueillante, forte et brillante et qui n'était plus que division, ruine, haine et combats acharnés.

Le conseil des nains avait accueilli tout de même comme il se devait le conseiller en magie du roi Trystan. Nakor avait toujours pensé que, si son contact avec le peuple nain était bon et possible, c'était grâce à sa longue barbe et son amour de l'alcool. Il avait donc visité les terres naines, avait aidé, conseillé, il avait fait ses rapports au roi et à la cours, qui était dans une situation ou seule une aide minime voir inexistante pouvait être accordée au petit peuple. Nakor allait donc régulièrement dans le nord, dans de rares occasions pour aider dans la lutte contre les gobelins et autres créatures maudites. Dans d'autres occasions, ce fut pour donner son point de vu sur des stratégies militaires et politiques. Nakor utilisa aussi son temps pour se rendre en Lante et déployer tout son charisme afin de sympathiser avec les nains de cette ville. Ils étaient bien plus repliés sur eux même, ils refusaient complètement l'idée de lien ou de contact avec les autres races mais au fil du temps et parce que le magicien avait plus d'un tour dans son sac, les nains s'habituèrent à lui. Il parcourut les environs et rencontra un jour un sacré nain, un chef de clan qui avait été chassé du nord lors du voile Markvart Salarius. Il était puissant, fort, fier et presque apeurant avec son armure et sa peau d'ours. Mais lui aussi, devint un contact, un lien, un ami autant que faire se peut. Nakor l'aida même dans quelques raides contre les gobelins parce que tout simplement Markvart avait l'étoffe pour devenir, en temps de très grandes crises, un dirigeant fort sans être pour autant un infernal tyran.

Ce fut donc lors d'un énième voyage dans le nord que le vieux magicien se rendit auprès des nains de Thanor. Il participa à un conseil qui se déroula dans les profondeurs d'une caverne et il fut donc très absorbé dans tout ce qu'il se passait. Il y eut des débats intenses ainsi que des beuveries sans fin, ce qui d'ailleurs était un argument de masse chez le peuple nanique. Cela dura plusieurs jours. Une fois les tergiversations terminés, des tests furent fait et des attaques furent menées. Nakor accompagnait ses amis nain, il les aidait dans leur difficile combat et permettait surtout, non pas du combat au corps à corps, mais plutôt des pièges de grandes envergures. Ainsi, trois ou quatre gobelins se retrouvaient écrasés par un éboulement de pierres ou des flammes venaient les dévorer. Bien sur la magie ne réglait pas tous les problèmes et ne permettait pas toutes les folies, surtout quand des nains étaient présents et risquaient au moins autant que les gobelins si Nakor ne prenait pas gardes aux réactions en chaines que pouvaient causer ses sortilèges. Puis un grand repos fut accordé à tous les guerriers victorieux de cette petite escarmouche. Et c'est donc plusieurs semaines après son départ de Diantra que Nakor s'octroya une journée de repos, il sorti de la cité et alla s'aérer l'esprit.

Il faisait beau, il y avait la lune dehors, un ciel dégagé et un vent léger. Tout ce que Nakor aimait. Le vieillard se tenait donc là tranquille et comme à son habitude, déploya un peu sa magie autour de lui, pour entrer en lien avec la nature et communier avec les forces du monde. Il était là, ressentant les effluves du monde quand soudain il fut percuté par une horrible onde mentale et une sensation de danger imminent et destructeur, comme une fin proche et définitive. Un appel au secours. Par tous les dieux du ciel, c'était un appel au secours et qui venait de Trystan, Nakor reconnu cette force, cette aura. L'onde venait de très loin, trop pour que le roi s'amuse a un petit test, trop même pour que le roi parvienne à émettre cette onde, cette demande, cet appel. Il devait se passer quelque chose de dramatique et de terrible pour qu'il parvienne à lancer avec tant de force une telle magie. L'espace d'un instant, le cœur du vieux magicien sembla s'arrêter de battre : le pire pouvait-il être en train de se produire pour le roi? Quelqu'un s'en prenait-il à Sa Majesté? Quelqu'un était-il en train de faire tomber ce si bon gouvernant ... par les dieux! Le sang du sorcier ne fit qu'un tour. Il appela du fond de son âme toute sa puissance, l'air crépita de magie et dans un cri terrible Nakor hurla de colère. Il fallait qu'il prenne garde, ce sortilège était dangereux et s'il ne se maitrisait pas complètement il pourrait finir en bouilli. Mais il avait tenté l'expérience à quelques reprises, suffisamment pour pouvoir y arriver. La distance était tout de même très grande et à l'arrivé à Diantra il serait fatigué, peut-être trop pour aider efficacement le roi, mais l'Archimage avait de la ressource et il ne pouvait rester là sans rien faire alors que Trystan avait besoin d'aide.

Il mit en branle toute sa magie et la fit se mouvoir à une très grande vitesse, de haut en bas, dans tout son corps. Il fit appel aux forces de l’éclair et en devint un qui parti comme une furie vengeresse dans le ciel. A grand renfort de bruit et de lumière, Nakor, éclairisé au possible, traversa de grandes distances en peu de temps. Les forces du sorcier se consommait comme neige au soleil tant le sortilège demandait de la ressource mais la distance elle aussi disparaissait en un rien de temps. Le nord et la cité de Thanor disparu en quelques instants et le monde des hommes approcha. Nakor focalisa sur la source de l'appel mental de Trystan et s'y précipita. Il fallu sans doute quelques courtes minutes pour traverser une telle distance. Le résultat fut le suivant : un éclair défonça la grande fenêtre d'une pièce dans laquelle un grand éblouissement et un bruit assourdissant retentit. Lorsque la lumière se dissipa et au milieu du bruit encore vivace se tenait Nakor qui respirait fortement et qui, le regard fou, observait la scène à la recherche d'une personne en particulier. Mais soudain la colère s'estompa et ses vieilles mains se mirent à trembler. La pièce était jonché de cadavres, des hommes armés étaient encore debout, se remettant de l'aveuglement momentanée et du sang, du sang partout. Une odeur fétide, des bruits de combats et du sang. Nakor baissa le regard sur les cadavres et finit par voir celui qui se trouvait non loin d'un des hommes debout. Un noble que Nakor avait déjà vu à la cours. Les mains de Nakor tremblèrent de plus belle et dans un souffle il dit à peine

"Trystan non ..."

Puis il courut jusqu'au corps, manqua de trébucher sur des cadavres et dans tout ce sang et se jeta sur ses genoux, à même le sol, aux côté du cadavre qu'il avait reconnu, tout en continuant de souffler des "non" éteins au départ mais de plus en plus fort. Puis une fois sur le corps allongé à terre il hurla

"Nooooooooooooooooooooooooooon"

Puis il prit Trystan dans ses bras, ou ce qu'il en restait, une main sur le torse, une main derrière la tête. Le visage du roi était lacéré, lardé de coup de couteaux mais Nakor reconnaissait ces traits, il avait passé suffisamment de temps aux cotés du roi pour ne pas hésiter. La voix du très vieil homme se fit entendre, tremblante et égrainé par le temps

"Trystan non ... par tous les dieux Trystan ... pourquoi ... ho non Trystan!"

Puis caressant avec une grande tendresse la partie la moins détruite du visage de ce qui n'était plus que l'ancien roi, Nakor se mit à pleurer. Le magicien pensait avoir pleuré toutes les larmes de son corps voilà bien des siècles, lorsqu'il avait mit lui même en terre ses enfants. Ceux qu'il avait adopté, puis élevé et vu vieillir mais là, il s'avérait que non, il avait encore de quoi déverser des larmes de tristesse et d'effondrement sur le corps de Trystan d'Erac. Et c'est donc en éclatant en sanglot que le magicien posa son front contre celui du mort. Une fois de plus son fardeau, sa malédiction, sa longévité lui causait de grandes souffrances. Une fois de plus, il voyait partir quelqu'un qui lui était extrêmement cher et dans la fleur de l'âge, un homme bon, qui avait dirigé avec justice. Mais tout venait d'être détruit, soufflé en l'espace d'un instant et la mort dans sa terrifiante perversité avait amené Nakor aux premières loges de ce forfait afin qu'il souffre tout son soul. Ce fut un peu comme si le monde autour de lui n'existait plus, les battements de son cœur n'étaient que souffrance et chaque mouvement cardiaque durait une éternité. Il ne pensait plus qu'à la perte douloureuse de ce jeune garçon si bon et si sympathique, de cet élève difficile mais appliqué en magie, de ce roi si exigeant envers les siens pour le meilleur du royaume. Mais cela ne pouvait pas durer et les mains pleines de sang, poisseuses et glissantes obligèrent Nakor à relever la tête, encore plein de larmes sincères et de déposer le corps du roi là où il gisait. Puis gardant toujours une main sur le torse de Trystan, il plongea son regard délavé par les ans dans celui dont le nom venait de lui revenir, puis dans les armes qu'il avait aux mains et ajouta alors dans une voix toujours tremblante mais raffermie et moins aigu

"Pourquoi Aetius d'Ivrey ... pourquoi ... pourquoi tout ce gâchis et cette folie ... pourquoi?"

Entre chaque petit morceau de phrase Nakor prenait une grande inspiration, il fallait qu'il réagisse et qu'il se reprenne. La plaie dans son cœur le ferait souffrir encore longtemps et la fatigue n'aidait en rien, mais s'il restait ainsi prostré, tous ces hommes armés pourraient le transpercer. Or même si la perte de Trystan l'accablait, Nakor n'avait aucune envie de tomber et pas comme ça, pas ici, au milieu d'un champ de cadavre, au devant de chiens, à genoux dans le sang, la larme à l'œil et les mains aussi tremblante qu'une vieille toupie grabataire. Non s'il mourrait ça serait dans un tourbillon de magie, en emportant avec lui l'ennemi qui le vaincrait. Pour avoir vécu longtemps, le magicien savait que les choses ne s’arrêtaient pas à une mort et que les rois s'enchainaient les uns aux autres, tout comme les empires. Mais il n'était pas évident de relativiser si vite et de passer à autre chose. Une seule image pour le moment, semblait hanter l'esprit du pauvre vieux fou, mais pourtant s'il devait réagir parce qu'on le mettait en danger, il espérait trouver la force de se relever et de se battre pour survivre et quitter ce maudit enfer qu'était subitement devenu Diantra.
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeLun 2 Jan 2012 - 13:07

Quelque part au Nord...

La lune avait depuis longtemps rejoint sa petite sœur ; Mémoire ne dormait pas. Depuis quatre ans, le sommeil la fuyait, tant qu'elle pouvait passer parfois plusieurs jours sans goûter aux bras duveteux du repos. Cette nuit là, cependant, était différente. Assise en tailleur contre le tronc noueux d'un arbre, la Gardienne gardait les yeux clos et ses lèvres remuaient au rythme de ses murmures inaudibles. Au chaud sous sa couverture, Plume ne manquait rien du spectacle. Bien entendu, elle mimait le sommeil, au cas où sa tutrice sortît de sa léthargie, mais ses yeux demeuraient grand ouvert et son sang drow lui dévoilait la posture étrange de la sorcière dont elle savait, malgré quatre années passées avec elle, si peu. Ce n'était pas la première fois que l'enfant la surprenait ainsi, parlant à la nuit, écoutant les zéphyrs du vent.

« Tu ne me diras pas, n'est-ce pas, ce qui s'est passé ? » prononça Mémoire, de façon audible cette fois-ci. Esquissant un sourire sans joie, elle haussa vaguement les épaules. « Je comprends, peu nombreux sont ceux qui désirent conter les circonstances de leur trépas. »

Un jour, un enfant avait affirmé à Plume que sa mère adoptive était folle. Cette dernière l'avait défendu, affirmant qu'au contraire, Mémoire faisait bien souvent preuve d'une clairvoyance impressionnante. Pour autant, devant pareille manifestation, difficile de penser que la sorcière pût posséder encore toute sa tête. D'un autre côté, elle était une magicienne, et douée par dessus le marché. Peut-être dialoguait-elle avec des forces que l'enfant drow ne pouvait imaginer.

« Repose en paix, vieil ami, » murmura finalement Mémoire, avant de se redresser. « Lilianna t'attend. »

Seul le hululement nocturne d'une chouette en chasse lui répondit.
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 13:02

Sigmund tira un coup sec. Ce qui restait de peau se détacha et il la posa dans un panier avant d’attraper un couteau à l’aspect menaçant. Il avait pris cette bête-là à la chasse et avait insisté pour qu’on le laisse s’en occuper. Il regardait les muscles dénudés luire doucement. La porte s’ouvrit et un jeune page entra. Il s’apprêtait à parler lorsque notre homme, levant un doit droit comme la justice, lui intima de garder le silence.
Il fit glisser sa lame sur la chaire animale, la caressant avec délice, une langue assidue dépassant de sa bouche humide. Puis enfin, presque tendrement, l’acier ouvrit la bête de haut en bas et Sigmund s’écarta juste à temps pour éviter le torrent de sang qui s’en déversa.

« Qu’est-ce que tu veux ? Demanda-t-il finalement en s’approchant à nouveau du corps inanimé.
- C’est le Comte qui m’envoie, il… Le garçon réprima un haut-le-cœur lorsque son interlocuteur s’employa à retirer les viscères de l’animal. Il souhaite vous voir monseigneur !
- Ah donc ! S’écria le chevalier en s’écartant de son terrain de jeu, les bras chargés d’intestins. Il s’approcha du page dont le visage avait pâli et déposa son sanglant butin entre ses bras. Occupe-toi de ça petit. »

Et sans ajouter un mot, il avait abandonné son tablier et ses couteaux avant de partir, laissant là un garçon couvert d’entrailles. Quelques jours plus tard, il accompagnait l’Ivrey à Diantra.



Ce fut là un solennel carnage. Sigmund avait servi Baudoin, Baudoin avait attaqué Diantra et Diantra avait eu raison de lui. À présent l’agreste achevait l’œuvre de son ancien suzerain en répondant aux volontés du nouveau. La boucle était bouclée. Un peu simple comme raisonnement mais chacun sait que notre héros est un homme d’action et non un pédéraste philosophe. Il le prouva d’ailleurs aux côtés de ses nouveaux frères d’armes, en massacrant avec soin ceux qui croisaient sa route. Il tua et brûla avec une telle application que son arme finit par se briser en tuant un ladre qui s’était caché dans une échoppe.
Sigmund attrapa une saucisse sèche dans l’étal avant de prendre un large couteau à la lame grossière sur le corps de l’homme dont il venait de transformer la tête en une fleur d’os et de cervelle baignant dans une flaque de sang. Il alla s’assoir sur un tas de gravats et entreprit de se couper quelques tranches de saucissons. En réfléchissant à la fin de Baudoin et à son existence qui venait de retrouver pleinement son sens. Mais un homme s’approcha finalement, l’arme au clair, et le sauva d’une migraine certaine :

« Hé là mon bon ami, s’écria Quibius, viendrez-vous donc ?
- Pour sûr ! Ne devions-nous pas entrer au palais les premiers ? D’ailleurs, où est l’Arde-Gazelle ?
- Avec La Jaille, ils sont partis les premiers. Mais ne vous inquiétez pas, je connais un raccourci ! »

Sigmund passa le couteau à sa ceinture et abandonna la charcuterie pour suivre son compère. Les deux chevaliers plongèrent dans le dédale des ruelles de la capitale où le pillage se poursuivait, étripant les quelques bougres isolés qu’ils croisèrent. Quelques minutes plus tard ils rattrapèrent le reste de la troupe d’avant-garde et poussèrent les portes du palais. Ou courait dans les couloirs, les cris résonnaient ici et là. Des cadavres et autres gens agonisants étaient abandonnés dans leur sang. On cherchait l’aveugle.
Ce fut finalement le Scylléen qui trouva le Roi et montra son corps mutilé aux yeux de ses chevaliers qui l’avaient rejoint au sommet de la plus haute tour des cinq-cent-soixante-quinze tours de la ville royale. Auric jeta un œil au cadavre et cracha au sol. C’était fait, Trystan de Diantra était mort.

Mais soudain, les éléments semblèrent se déchaîner et dans une bourrasque de vent bardée de lumières vives et éblouissantes un éclair humain fit son entrée pour le moins fracassante dans la pièce. Sa barbe s’anima de moult lamentations tandis que Sigmund l’observait avec stupeur. Un sorcier ! Et apparemment il n’était pas des leurs. Aussi sans attendre que le comte réponde à cet indésirable individu, l’homme brandit le couteau qu’il avait récemment acquis et se jeta sur le vieillard en beuglant comme un taureau, se bourrelets secoués animant son corps d’une onde impétueuse.

Au cadavre du roi on ajouterait bientôt la tête de son magicien.
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 21:27

Les hommes autour de celui qui hériterait sans doute de la colère et de la haine eternel de Nakor étaient immonde, des porcs, des barbares pleins de sang, sans doute des violeurs, des bouchers et des pervers cruels. Oui Aetius le rat d'Ivrey avait pour soldat, garde ou qu'importe leur nom de chien, des êtres abjectes et sans cervelle. Seul d'eux transpirait le savoir de la force brute, cette force musculaire qui leur donnait une ascension sur le reste du commun des mortels. Oui, voilà bien là l'archétype détestable des hommes aux bras puissants, au cœur éteint et à la capacité à faire le mal, comme un droit acquis avec leur poings, leur permettant de mépriser le monde autour d'eux, leur permettant de tuer sans vergogne qui bon leur semblait. Comme Nakor les détestait, comme il les haïssait à jamais, comme il pouvait avoir envie de leur faire subir la même chose qu'ils faisaient subir aux autres. Mais faire cela réduirait le vieillard à la même bassesse qu'eux, il emploierait les mêmes moyens, pour des causes certes différentes mais il y aurait les mêmes conséquences et les mêmes résultats. Alors le vieux fou ne le ferait pas, il n'éventrerait personne, il ne se vengerait pas. Il se laisserait sans doute consumer par la haine envers ces créatures qu'il refusait de nommer homme mais il ne leur ferait pas de mal ... tant qu'aucun d'eux ne leur ferait de mal. S'il essayait de le tuer et qu'ils s'y mettaient tous, bien sur il mourrait, mais il les emporterait tous avec lui dans la tombe. Aetius le monstre le savait sans doute, voilà pourquoi il sembla prendre le temps de la réflexion avant de répondre aux questions directes du sorcier. Ce ne fut par contre pas le cas d'un de ces chiens à sa botte. Il sembla juste prendre le temps de comprendre l'information, son cerveau ayant besoin d'un moment avant de comprendre ce qui venait de se passer entre l'éclair et les pleurs du vieil homme. Il se mit à hurler comme un ours, fondant sur sa proie un large couteau à la main. Il n'avait pas attendu que son maitre lui donne un ordre, il n'avait pas réfléchi, il était juste alimenté par la soif de sang et l'envie de meurtre d'une bête infernale qu'il était devenu au milieu de ce chaos.

Le vieillard était véritablement fatigué, mais pas à terre. Tout comme un guerrier qui avait mené un long combat déjà, il lui restait encore un peu de force pour montrer qu'il n'était pas mort. Nakor plongea donc son regard dans celui de l'être qui lui fonçait dessus. Son regard s'étrécit, comme si un peu de colère dépassait sa tristesse face au cadavre de Trystan. Sa main droite trembla légèrement moins et il activa sa magie. Sigmund courrait, couteau à la main, il ne pensait plus à rien qu'à sa cible. Le magicien en profita donc et dans un grand geste, il balaya l'air devant lui en ramenant sa main droite au devant de son épaule gauche dans un vaste mouvement circulaire. Comme s'il avait lui même un couteau dans la main et qu'il donnait un grand coup à un ennemie invisible. En réalité il avait projeté sa force mentale sous forme d'une onde de surpression en direction du couteau de Sigmund et de son poing. Prit dans l'élan de sa course, ce dernier ne put s'arrêter ni contrôler cette contre-pression. Comme si quelqu'un avait tapé dans son poing par le dessous avec une grande force et sans que celui ci ne s'y attente, le bras de Sigmund se replia sous l'effort, le coude descendit et le poing, encore bien fermé sur le couteau, alla directement se planter dans l'œil droit du bâtard qu'il était. Le couteau étant à lame épaisse, il aurait put mourir sur le coup. Mais ce diable de barbare devait avoir en lui assez de force pour contrôler son poing et surtout assez de maudit reflexe pour éviter la mort. Néanmoins le couteau se figea avec une petite profondeur dans l'œil de cet imbécile. Aucun soigneur, aucun mage ne pourrait lui sauver son œil droit, il était perforé de toute part, il était en train de se vider et Sigmund devait ressentir une douleur assez rarement ressenti chez un homme. L'œil est en effet un point très sensible du corps, la terminaison d'un système nerveux très réceptif à la moindre petite chose. Alors un gros couteau qui venait de crever l'orbite de cet organe. Il y avait de quoi arrêter un taureau dans sa course, afin qu'il puisse hurler de douleur de tout son soul et être incapable de menacer quelqu'un pour la journée. Pour lui faire cesser ses ardeurs revanchardes, Nakor se releva en forçant sur ses vieux genoux et donna de nouveau un grand coup sec devant lui, envoyant une nouvelle bourrasque compressé sur Sigmund. La lame du couteau s'en décrocha, afin que l'œil puisse bien se vider et n'être jamais récupérable et lui même gros lourdaud, fut projeté en arrière sous l'effet de la force magique de Nakor. Ce dernier ajouta tout de même d'un ton sec et charriant de la glace

"Rappelle tes chiens Aetius, je suis encore capable de mordre!"

Une larme coula encore sur la joue buriné du vieillard, il était maintenant debout et non plus à terre et il toisait celui qui se nommerait sans doute le nouveau roi de la Péninsule sous peu. La suite, il fallait bien l'avouer, serait soit le son de cloche pour Nakor qui mourrait sous les attaques répétés de tous ces chiens ou il survivrait et pourrait partir libre, épuisé, accablé de peine et effrayé de l'avenir du monde des hommes.
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeVen 6 Jan 2012 - 15:25

Alors qu’Aetius savourait son petit trait d’esprit et la sérénité que procurait la fin des combats et le début des pillages, une fenêtre innocente, une des seules aux vitraux encore intacts, fut fracassée avec fureur. Un rai de lumière violent et braillard vint percer le calme silence qui avait enveloppé la pièce – car les hommes, pour ensauvagés qu’ils étaient, contemplaient un macchabée royal et essayaient d’en prendre l’entière mesure.

A cette lumière fulgurante fit place à un vieillard émacié, au long chapeau, et à la mine triste. Cela détonait fortement avec le reste de la troupe, revêtue de mailles de fer et de plaques d’armures, barbouillée de sueur et de sang. Il fallut un instant au comte pour saisir qui était cette apparition subite. Un vieillard à la barbe longue et blanche, pleurant sur le corps lardé de coup de Trystan Ier, et apparaissant sous la forme de la foudre, il ne devait y en avoir beaucoup. Cependant, la fatigue des combats, et les blessures du prince du sang (un maraud avait réussi à jeter son couteau au visage du noble seigneur, et une estafilade plus large que longue l’avait meurtri entre les lèvres et la joue), le rendaient un peu lent, et au moment où il comprit que le pleureur n’était autre que Nakor, déjà son capitaine, le brave Sigmund, se jetait sur lui.

Mal lui en prit ! Et par un quelconque sortilège, Nakor retourna la lame du Landnostrien contre lui-même avant de le propulser à quelques pas du reste de la troupe. Un moment de flottement accueillit ce petit tour, et les chevaliers, assurés par le hurlement du capitaine aux pieds d’airain qu’il n’était point mort, firent un pas en avant de la sinistre intention de débarrasser le monde de l’arrogant magicien.

« Paix ! Paix ! » s’écria Aetius en direction de ses hommes, qui s’arrêtèrent sur le champ, peut-être peu enclins à tenter la chance contre ce monstre sur lequel couraient tant de rumeurs. Le comte aussi connaissait ces racontars, et il fallait bien avouer que la perspective de se faire dévorer âme et pulpe alors que son triomphe était entier avait de quoi refroidir le plus brave des guerriers. Ainsi le silence retombé, plus tendu qu’auparavant, et l’Ivrey reprit la parole.

« Encore une fois, vous avez failli Nakor. Le roi est mort, et votre intervention aurait pu sauver le seigneur des Hommes. Vous n’êtes plus le bienvenu ici. Il est temps pour vous de repartir d’où vous êtes venu. » L’invitation avait été dite sur un ton neutre bien que las, mais tous attendaient impatiemment la réponse du mage, le poing serré sur l’épée. Tous devaient penser comme l’Ivrey. Aux Enfers les sortilèges et l’étrange entourage du précédent roi. Les seigneurs et les chevaliers devaient reprendre la destinée du royaume en main.
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeLun 9 Jan 2012 - 20:45

L'imbécile heureux qui avait foncé sur lui comme un taureau écervelé hurlait encore que tous ses camarades partirent au quart de tour afin de faire rendre gorge le vieux cinglé qui avait osé faire ça ici. Mais le rat d'Ivrey intervint, car jamais Nakor ne le nommerait par un autre titre plus fastueux et emplie de toutes les nouvelles fonctions qu'il venait de gagner en tuant Trystan. Voilà donc qu'il donna son ordre aux rapaces qui l'entouraient. Ils obéirent comme de bons chiens et se stoppèrent. Ce fut donc dans l'arrogance tendu la plus surprenante qui soit et dans la lassitude d'un homme déjà blasé de la vie qu'Aetius lui adressa la parole. Il accusa le vieillard d'avoir échoué puis lui intima de s'en aller car il n'avait plus rien à faire ici, ni lui ni rien qui représenterait l'ancien régime du roi Trystan. Nakor plongea son regard antique dans celui du jeune homme et il hocha la tête de droite à gauche, comme pour signaler à quel point il était déçu et effondré de voir ce qu'il était en train de voir. Le vieillard ouvrit la bouche, d'un ton neutre, bas et grave, monocorde et lent tout à fait digne du plus célèbre professeur de potion de l'histoire de la littérature

"La magie ne peut opérer de grands miracles. Je n'étais pas le garde du corps de Trystan, mais un ami et un conseiller aussi saugrenu et impensable voir incompréhensible que cela puisse vous paraitre. Je m'en vais soyez en sur, le cœur lourd de voir que comme au fil des siècles les empires s'élèvent et tombent ensuite pour laisser place à ... et bien à autre chose de toute évidence."

Puis Nakor baissa la tête pour regarder une dernière fois Trystan de Diantra, Grand Roi des hommes, puis il versa une dernière larme et ne put retenir un frémissement de ses lèvres lorsqu'il releva la tête

"Vous avez déjà profané son corps, son âme au moins vous ne l'aurez pas! Adieu mon cher Trystan!"

Puis convoquant les dernières forces qu'il lui restait et maudissant sa folie d'avoir laissé son bâton dans sa chambre personnel à Thanor chez les nains il fit appel à une magie délicate, difficile et rare mais non moins efficace. Il ouvrit son esprit aux alentours et ne fit qu'un avec la nature. Il employa alors ses forces à détourner de lui les rayons de la lumière. Heureusement qu'il faisait nuit et que la luminosité était faible. Le sortilège demandait une bonne concentration et une sacrée dose d'énergie. Nakor espérait qu'il lui en resterait assez pour quitter le plus vite possible le charnier infernal de cette cité qui était tombée aux mains de fous furieux et de bêtes ni plus ni moins. Il disparut donc à la barbe de tous ces monstres et d'Aetius dont il eut le temps de ressentir l'aura autour de lui. Cet homme qui pensait mettre un nouveau monde en place était aussi un magicien. Tu parles d'un changement! Nakor se mit à avancer d'un pas hâtif mais posé. Il évita les flaques infectes de sang et sorti de la pièce en évitant de rentrer en contact avec un des hommes qui se précipita pour donner des coups d'épée dans le vide qu'avait laissé Nakor. Ils se mirent à rire mais Nakor était déjà sorti de la pièce. Les couloirs étaient vides et le magicien libéra sa puissance magique afin de préserver ses forces. Il restait concentré et longea les murs. Nakor s'aidait de ses mains encore tremblante pour prendre appuie sur le mur et ne pas choir sur les cadavres qui jonchait le chemin. Il entendit quelques bruits et déploya de nouveau son sortilège. Il se mit à courir doucement dans le jardin, passa aux côtés d'une troupe bruyante qui lui donna envie de vomir, tout occupé qu'ils étaient à trousser à tour de rôle des jeunes femmes de Diantra qui n'avaient pas eut la chance de mourir par l'épée et qui allaient donc subir ce traitement infernal durant de long jours.

Nakor arriva au milieu de la cours du château et se posa mentalement la question de la marche à suivre : avait-il assez de force pour quitter la ville ou devait-il trouver un refuge et rester caché pour reprendre des forces. Ses jambes avaient déjà du mal à le tenir debout. Puis le magicien entendit venir de la ville des cris en continu, et imagina aisément ce qui se passait. Après tout, cela faisait six cent vingt six ans qu'il parcourait le monde, il avait vu des villes se faire saccager, il avait luttait pour tenter de sortir les gens de ces situations mais à chaque fois la folie atteignait le sommet le plus haut qui pouvait être atteint par des hommes et les cités prises devenaient des enfers durant des jours et des jours pour les survivants. N'ayant aucune envie de garder de Diantra l'image d'un chaos sans fin, le magicien prit une grande respiration, là invisible et se mit à courir pour de bon. Des larmes coulèrent encore de la joue du vieillard, en pensant à tout ce qui se passait et à la souffrance qu'avait crée l'ambition d'un homme. Le sortilège du vieux fou eut quelques petites faiblesses et si les gens regardaient bien, ils auraient put voir de temps en temps des pans de robes ou un bout de chapeau. Nakor prit le plus souvent possible des passages sombres, afin de n'avoir qu'une infime dose de lumière à détourner de lui. Heureusement, celui qui était désormais l'ancien conseiller en magie du roi Trystan, connaissait bien la ville, les raccourcis et les coupes gorges dangereux mais qui permettaient de gagner du temps pour atteindre une des portes de sorti de la ville. Nakor était essoufflé et il sentait qu'il ne tiendrait pas plus longtemps. Il leva alors son sortilège, attendit un peu pour reprendre des forces et surtout un peu de souffle et ne put qu'entendre au loin des femmes hurler et des hommes se faire torturer. Il entendait aussi les rires gras des soudards. Il se courba légèrement posa ses mains sur ses genoux et prit de grandes respirations. Le souffle de moins en moins court il glissa un regard au coin du mur afin de voir si la voie était libre.

Et là, la malchance continua, il y avait un groupe de quatre hommes armés jusqu'aux dents, qui surveillaient les environs et surtout qui gardait la porte de sortie qu'il avait atteinte. Nakor maudit la terre entière dans sa tête et chercha une solution. Malheureusement s'il faisait du bruit pour les attirer ailleurs ils ne partiraient pas tous et le problème resterait le même. Non il fallait leur faire peur. Le magicien joignit ses mains et ferma les yeux, il psalmodia doucement, ce qu'il faisait très rarement, mais ses réserves d'énergies étaient trop basse pour faire autrement. Il invoqua trois colonnes de flamme : une très chaude, bleu qui s'éleva à quelques mètres des hommes. Ils ouvrirent tous de grands yeux, un brin terrifié. Nakor convoqua une deuxième colonne de flamme qui s'éleva sur deux mètre de haut avant de disparaitre, d'une étrange couleur verte, moins chaude car Nakor faiblissait. Puis une troisième colonne tout prêt des hommes, rouge et donc encore un peu moins chaude. Puis Nakor attendit et joua sa dernière carte, après cela il n'aurait plus aucune ressource et devrait longuement se reposer avant de pouvoir de nouveau faire de la grande magie ... maudit soit la distance immense entre Thanor et Diantra. Si seulement il avait eut moins à parcourir sous forme d'éclair, il aurait encore un peu de réserve. Il fallait qu'il progresse encore sur ce point. Les hommes restèrent donc là dans un silence de plombs, tous apeuré de ce qui venait de se passer. Ils imaginaient sans doute quelques monstres magiques et quelques esprits frappeurs non loin de là. Puis Nakor donna une dernière impulsion avec le bras en direction des hommes. La porte qu'ils gardaient s'ouvrit en claquant très fort et en faisant donc un bruit notable. Les hommes prirent leurs jambes à leur coup au lieu de faire face à la noirceur de la nuit au dehors de Diantra. Nakor n'attendit pas, il se mit à courir ... enfin plutôt à boiter difficilement, vidé de ses forces et à bout de souffle, comme un athlète ayant terminé un long marathon. Il manqua même de tomber et se rattrapa in extremis. Il passa par la porte et s'engagea dans la prairie noire qui lui faisait face. Il ne gardait qu'une idée en tête : avancer. Une fois loin de la ville il pourrait s'arrêter et attendre pour reprendre de ses forces en faisant sans doute quelque chose qu'il ne faisait plus depuis longtemps : dormir.

Nakor avait prit le chemin qui menait à l'Est de Diantra. Il poursuivrait sa route en direction de Naelis puis il prendrait au sud pour se rendre en Nisetis. Il avait besoin de calme, de silence et de solitude pour encaisser la mort de son si cher Trystan, la félonie du rat d'Ivrey et la nouvelle vie qui s'offrait à lui et au monde, une fois encore. Le conseiller en magie du roi de Diantra redevenait donc Nakor, le marcheur, le voyageur et le maitre en magie libre qu'il était autrefois ... jusqu'à une prochaine rencontre. Maudit soit l'Ivrey et peste soit de la folie des hommes.
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeJeu 12 Jan 2012 - 5:14

Aetius avait attendu la réaction du mage quant à sa disgrâce avec un peu d’appréhension. Comme les autres, ses mains blanchissaient à force de serrer son glaive. Et malgré l’attention angoissante, le vieillard s’effaça (littéralement !), laissant les chevaliers entre eux, autour du cadavre. Un ange passa, puis l’un d’eux dit.
« J’ai craint un instant qu’il ne le ressuscitât, ce vieux fol. » Et l’assemblée de rire, comme la tension disparaissait. Ils avaient conquis Diantra, et c’était la deuxième fois pour certains. Là, au sommet du château des Dômes, ils savouraient ce sentiment d’accomplissement et de puissance qui devait envahir chaque soldat prenant part à la curée, et pourtant un peu plus fort dans le for intérieur de cette dizaine d’hommes. Les fidèles et familiers du comte ne purent s’empêcher de lui jeter des regards en coin, comme s’ils l’interrogeaient sur les bases qu’allait donner Aetius à son règne.
« Allez quérir les princes, » lâcha finalement l’Ivrey, dominant le cadavre de son cousin. Déjà la troupe refluait comme un seul homme. Aetius les coupa cependant. « Et qu’on ne fasse aucun mal à mes neveux. »

On enterra Trystan auprès de sa femme, à Christabel. Si on n’avait écouté que son cousin le comte, le cadavre reposerait dans une fosse commune, « comme il en fut de mon père » disait-il. Au lieu de cela, on parvint à le faire plier, et s’il refusa qu’on l’enterrât dans le temple cathédral de Deina, auprès des rois de la précédente race, le roi reposa en paix, avec les derniers sacrements nécessaires au voyage vers les Enfers. La cérémonie fut diligemment exécutée, et à peine furent terminés les trois jours de pillage de Diantra que l’on mettait en terre l’altier cadavre à la manière des dernières années de règne du roi de vélin, avec discrétion.

Plusieurs jours étaient passés depuis la mort de Trystan Ier, et on ignorait encore tout des intentions de l’Ivrey. Allait-il déshériter son neveu et sa nièce, Eliam et Lyhan de Diantra ? Allait-il s’emparer de la couronne et imposer ses prétentions ? Pour l’instant, il se contentait de battre la campagne, traversant villes et fiefs des domaines royaux à la tête d’une armée de plusieurs centaines de ladres, et ce malgré l’hiver qui se levait. Partout accompagné des princes, qu’il n’abandonnait jamais, il faisait reconnaître aux vassaux les plus proches du roi leur devoir à l’égard de son héritier, ébranlait les troupes royales, réorganisait les garnisons.


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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitimeJeu 12 Jan 2012 - 8:08

La nouvelle était à peine arrivée qu’un corbeau était envoyé aux seigneurs de ces terres.

Ces terres que lui avaient confié son Roi et ami Trystan, ces terres qu’il avait d’abord du dompter puis pacifier plus d’une fois, ces terres et leurs nobles qui avaient fini par accepter celui qui s’était évertué à nettoyer l’honneur perdu par la félonie de son prédécesseur, il allait devoir les quitter. Son Roi était mort et laisserait la place à celui qui tenait le poignard, et il ne faisait pas grand cas de sa survie à présent.
Il aurait pu se battre, mais le moment de le faire était à son sens déjà passé, et il doutait qu’il y eut un autre résultat que la mise à sac de ses terres, sans succès ni soutien à sa cause… Aussi renonça t-il à tout projet qu’il estimait égoïste et confia la terre aux soins des seigneurs réunis en conseil, autour de lui jusqu’à lors et désormais seuls.

Un navire à Berdes fut affrété tandis qu’Arthur et Roxane accompagnés de quelques chevaliers parmi les plus fidèles au Baron, ainsi que leurs effets personnels quittaient la ville pour se rendre au port marchand.
Là, ils embarquèrent et traversèrent Olienne jusqu’en Ithri’Vaan, et de là… Leurs traces furent effacées par les premières neiges.


[Voila, Ancenis officiellement libre.
Et non, on ne tuera pas Arthur.]
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MessageSujet: Re: La rumeur des glaives, l'odeur du sang.   La rumeur des glaives, l'odeur du sang. I_icon_minitime

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