[Event] Du sang et des flammes, le fracas des armes en Naelis

Ce RP fait suite à celui-ci : L'échiquier de l'Ithri'Vann

Citation :

Synopsis :
La province de Naelis connait actuellement une période de croissance depuis que la ville fut conquise par l'actuel dirigeant : Glenn Hereon.
Profitant d'un flottement dans la gestion de la ville et surtout grâce au fait que les force armées des Drows connaissent une crise suite au démantèlement du quatrième Ost, un ordre nouveau s'est érigé en Itrhi'Vann.
Seulement la situation reste fragile et son dirigeant le sait. Il faut trouver de toute urgence du soutien et la situation de quasi-guerre en Diantra n'arrange pas les choses.
En ce mois de printemps la province reste isolée et attentive. L'incertitude prendra bientôt fin alors que les Drows sont à nouveau signalés sur les terres de Naelis, des bandes recrutées par la Prime Sorcière des Drows en personne. Les forces sont modestes mais restent composées d'anciens militaires de l'armée du quatrième Ost. La menace revient au grand jour et la campagne à venir marque le baptême du feu pour Glenn en tant que dirigeant de la province.

Premier Acte : Le retour des Lames Noires

Le soleil venait de se lever sur l'étendue boisée. Les rayons de lumières se reflétaient sur les quelques étendues de neige qui subsistaient ici et là, un clame régnait sur la scène uniquement brisé par le son de l'écoulement de quelques ruisseaux sur la terre encore gelée.
Sur une route de terre, un petit convoi que quelques chariots avançait timidement, encore transit du froid de la nuit. La dizaine de gardes accompagnant le convoi portait l'uniforme conventionnel des soldats de Naelis, petite province située sur les côtes nordiques de la Mer Olienne. L'hiver avait été particulièrement rude, tout comme les précédents, mais le redoux s'annonçait et la vie allait reprendre dans les campagnes et les champs. L'heure était venue de reprendre la vie typique qui animait la province depuis des siècles, loin des considérations politiques, la routine ancestrale de la vie reprenait ses droits.

Le petit convoi était destiné à ré-approvisionner certains avant-postes le long de la frontière, il fallait remettre à niveau les stocks de nourriture et d'armes, donner la solde aussi pour les guetteurs. La route empruntée serpentait le long de la forêt d'Aduram, la frontière n'était pas bien loin, moins d'un kilomètre tout au plus. En temps normal nul convoi stratégique n'aurait emprunté une route aussi exposée mais c'était le seul chemin praticable avec le dégel, les autres étant encore obstrués par la neige et impraticables. De plus, Naelis traversait une période de sécurité relative, la paix était au rendez-vous depuis plusieurs mois déjà, nul pillards n'était venu et les Drows semblaient bien loin de la province après leur retrait. Du coup la prudence s'était quelque peu estompée pour le petit convoi, l'idée de revoir les Sombres aujourd'hui n'était pas dans les esprits.

Pourtant, la menace allait de nouveau resurgir des ténèbres de la forêt. A l'Est, de nouvelles forces avançaient et le timide soleil de printemps ne laissait rien présager de la tempête qui allait éclater.
Non loin du convoi, de nombreuses paires d'yeux observaient les soldats qui allaient devenir leurs proies. Une vingtaine de cavaliers revêtus d'armures noires avaient profité de l'obscurité de la nuit pour s'infiltrer en Naelis. Dans leurs yeux brillait l'envie du combat et du massacre et ces quelques soldats de Naelis allaient faire un bon entrainement. Nul doute qu'ils seraient repérés par les tours de guet disposées non loin de la meute, une fois à découvert d'autres ennemis allaient venir à eux. Mais ils n'en attendaient pas moins, ils étaient là pour tester la combattivité de ces humains trop sûrs de leur sécurité. Le système de surveillance de Naelis avait beau être efficace ils n'allaient pas pour autant oeuvrer à couvert.

Alors que le convoi allait aborder un petit bois en bois, le Drow commandant la petite troupe dégaina son arme pour lancer le signal de l'attaque. Comme un seul homme, la petite cavalerie surgit hors des bois et se mit à charger les soldats humains situés à quelques centaines de mètres. Au dessus du groupe flottait un étendard entièrement noir et orné de symboles d'argent, l'appartenance Sombre des assaillants n'allait pas faire de doutes.

Pnj : Tarcel

Les faubourgs étaient bien calme depuis plusieurs mois, voire trop calme pour certains… En cette matinée de printemps, les paysans se levaient à peine qu’un convoi de guetteurs arpentait déjà la route nord. La nuit avait été courte pour ces dix soldats que voilà. Ils n’avaient que peu profité de leur séjour à Naelis, préférant rejoindre leurs confrères à la tour de guet ouest le plus tôt possible. Le convoi était chargé de pièces d’armures, pointes de flèches et autres équipements nécessaire, que les guetteurs ne pouvaient se procurer sur place. Pour ce qui était des vivres, ils allaient aux marchés locaux des villages alentours. Mais plus important, le convoi transportait la solde pour la garnison de la tour ouest. Cette solde était souvent dépensée à la taverne de Ruven, un village situé au centre des faubourgs.

Le convoi était bientôt arrivé à destination et les guetteurs pensaient être au bout de leur peine. Le voyage s’était déroulé sans encombre. A vraie dire ils n’avaient rencontrés personne sur les chemins qu’ils avaient empruntés… Tarcel, un vétéran d’une trentaine d’années, dirigeait ce convoi. Comme la grande majorité des soldats de Naelis, c’était un ancien militaire de Serramire. Il avait été promu sergent des guetteurs par Erestor en personne depuis la prise de Naelis. Être au cœur du combat l’intéressait plus que tout, c’est pour cela qu’il choisit de rejoindre l’ordre des guetteurs. En cas d’invasion, ces derniers étaient les premiers exposés. Mais il s’était habitué à cette routine qui s’était installé depuis quelques mois et au fond de lui, il était satisfait de ce temps d’accalmie.

Le convoi allait s’engager dans un sous-bois quand Tarcel, en tête de colonne, fut parcouru d’un frisson… Ce même frisson qu’il avait ressenti lors de la bataille d’Alonna… Ce sergent était un homme qui se fiait souvent à ses impressions et au moment où il leva le bras pour ordonner au convoi de s’arrêter, des cavaliers surgirent des bois. C’étaient des drows, l’étendard que portait l’un des cavaliers ne laissait aucun doute possible. D’un geste vif, Tarcel saisit son arbalète courte. « Tirez ! » Tous les guetteurs disposaient d'armes à distance, allant de l’arc à l’arbalète. Il n’était pas question de fuir et une dizaine de projectiles jaillirent sur les sombres une fois l’ordre de Tarcel donné. Ils n’avaient pas pris le temps de viser, et seulement quelques carreaux atteignirent leur cible. En digne sous-officier, Tarcel dégaina son épée et s’écria : « En avant!». Les guetteurs s’élancèrent au-devant des drows bien qu’en infériorité numérique. Mais Glenn Hereon ne leur avait pas-il dit, lors de ce fameux discours, que ceux qui portaient l’emblème de Naelis valaient trois de ces misérables êtres sombres?

Le choc ne se fit pas attendre et la clameur du combat retentit. Les deux conducteurs des charrettes couvraient leurs compagnons à l’aide de leurs arcs et Tarcel faisait sonner son cor d’alarme d’un souffle interrompue, espérant ameuter une patrouille ou même la tour de guet plus loin. Un sombre tenta de le surprendre sur son flanc droit mais le sergent para le coup avant que son adversaire ne succombe d’une flèche. Sur la gauche, Tarcel aperçut un de ses compagnons qui gisait à terre, le ventre transpercé. La situation n’allait pas à leur avantage, il fallait tenir jusqu’à l’arrivée de renforts. Et avant de s’élancer, le sergent souffla une nouvelle fois dans son cor d’alarme.

Le combat était perdu… Pris par surprise et en infériorité numérique, les guetteurs n’avaient rien pu faire. Mais la reddition et la fuite ne faisaient pas partis de leur langage et ils combattraient jusqu’à leur dernier souffle. D’ailleurs, n’était-ce pas le but d’un soldat ? Tarcel continuait de soufflait dans son cor, le destin de son unité en dépendait. Profitant de leur avantage, des drows descendirent de leur monture afin de prendre le contrôle des chariots. Les guetteurs encore debout étaient au plein cœur de la mêlée et ils ne pouvaient empêcher cela… Mais soudain, les sombres commencèrent à reculer, une de leurs sentinelles venaient de les prévenir. Mais les prévenir de quoi ? Mais de l’arrivée d’une patrouille de Naelis bien sûr, Tarcel n’avait pas soufflé en vain.

En effet, sur une petite colline à l’est qui surplombait le champ de bataille, on pouvait aisément distinguer une vingtaine de cavaliers. Avec leur armure de cuir et leur cape rouge, plus de doute, il s’agissait bien d’une patrouille de guetteurs. Wilhem, lieutenant de l’ordre dirigeait en personne ce détachement. Après avoir observé d’un bref coup d’œil la situation, ils chargèrent, droit sur les drows. Ces derniers commencèrent à se replier vers l’ouest, abandonnant ainsi le combat. Mais aucun ne devaient en réchapper, telle était l’ordre de Wilhem donné à ses soldats. Ceux qui avaient tentés de conduire les chariots furent les premiers à périr, transpercés par de multiples carreaux d’arbalètes. Quatre membres de la patrouille allèrent à la rencontre de Tarcel tandis que le reste du détachement galopa en direction des fuyards.

Tarcel n’était pas blessé mais sa targe était complètement bousillée. Il expliqua à ses confrères, qui venaient de lui sauver la vie, en détail ce qui s’était passé. Le sergent le savait, il n’avait pas été assez prudent, normalement il aurait dû envoyer des éclaireurs en avant du convoi pour justement prévenir ce genre d’embuscades. Mais cela faisait un an qu’aucun raid drows n’avait été lancé sur les faubourgs, voilà comment pouvait s’expliquer ce manque de vigilance… Ensemble, ils regroupèrent les cadavres et donnèrent les premiers soins aux blessés. Cinq morts et quatre blessés, c’était le bilan de cette escarmouche pour l’unité de Tarcel. Mais ils n’avaient pas démérités, on pouvait compter sept morts du côté drows. Bien sûr, quelque ’uns avaient été tués avec l’arrivé de la patrouille.

D’ailleurs, après une vingtaine de minutes, le lieutenant Wilhem et ses hommes étaient de retour. Ils n’avaient pu rattraper que quelques fuyards, le reste des sombres s’enfonçaient trop à l’Est et il était inutile de les suivre plus longtemps, déclara le lieutenant. Ce dernier s’avança vers le sergent Tarcel, qui salua son supérieur. Wilhem jeta à ses pieds une sorte de lance, qui s’avérait être en réalité un étendard, avant de parler.

« L’ordre de la Lance Noir de Gorhur Dan'Hiun, 4em Ost. Ils sont de retour Tarcel ; et j’ai le sentiment que cette petite embuscade n’est que le début ! »

Malheureusement, il ne se trompait pas…

Second Acte : L'assaut de Valtrigon

Trois jours s'étaient écoulés depuis les premiers sangs de l'embuscade sanglante sur le petit convoi de ravitaillement. En apparence la terre de Naelis conservait son aspect de changement de saison, la terre étant totalement indifférente aux mouvements des vivants. Mais l'atmosphère à la frontière était particulièrement échauffée suite aux événements des heures précédentes. Les tours de guets des humains étaient plus vigilantes que d'habitude, le regard tourné vers les terres de Sol'dorn d'où plusieurs raids de cavaliers noirs étaient venus tester les défenses des guetteurs. Ces présages étaient néfastes et chacun savait au fond de lui que ce sentiment qu'il ressentait ne laissait entendre qu'une chose : les Sombres allaient de nouveau porter la guerre. Est ce que la petite province pouvait faire face ? pour le moment les guetteurs n'avaient à faire qu'à de petites incursions qui pouvaient être jugulées rapidement avant qu'elles ne s'enfoncent trop profondément dans les terres. Mais les attentes allaient être dépassées ce jour.

A Valtrigon, petit village fortifié de deux cent âmes situé sur la frontière, les hommes étaient sur le qui-vive. La position du village le mettait en rapport direct face aux tentatives des Drows pour envahir Naelis. Les faibles murailles gardaient l'un des rares passages permettant à un ennemi de passer en force, la garnison avait même été renforcée au fil du temps même si les défenses n'étaient pas comparables à celles de la ville de Naelis.
En début de matinée, une sorte de grondement alerta les sentinelles. La passe symbolisant la frontière s'emplit petit à petit de son lointains mais néanmoins puissants, semblant se rapprocher de minutes en minutes. Non loin des portes, quelques cavaliers sombrent se montrèrent, semblant observer le mur d'enceinte avant de se replier précipitamment pour se porter tout autour de la ville. A peine une dizaine de minutes plus tard, les abords du village s'emplirent de colonnes d'hommes en armes, avançant aux sons de cors et brandissant de nombreux étendards Sombres.
Les sentinelles surent aussitôt que le village ne risquait pas de tenir longtemps, ils attendaient un raid certes mais uniquement de quelques centaines de Drows. Hors la petite plaine devant Valtrigon continuait à se remplir de soldats Drows, ce n'était pas moins de deux mille combattants ordonnés en rangs de bataille qui venaient envahir Naelis. Il y avait de tout, des archers, des lanciers et de nombreux cavaliers, des sorciers semblaient même être aperçus non loin des rangs arrières, un imposant mangonneau était même présent et mis en batterie aussitôt son arrivée.

Les habitants ne pouvaient pas espérer évacuer le village à temps, les cavaliers auraient tôt faits de transformer la retraite en véritable carnage. C'était donc à un contre plus de dix que les défenseurs de Valtrigon allaient devoir se défendre, néanmoins l'alerte avait pu être donnée avant que l'encerclement du village ne soit effectif.
Le déploiement terminé, les défenseurs se préparèrent à la hâte mais les Drows ne semblaient pas encore attaquer. Au milieu des rangs, une guerrière en armure sombre se tenait sous un grand étendard noir et entourée de nombreux hallebardiers. Les symboles du drapeau n'étaient pas ceux des habituelles bandes de pillards mais on pouvait remarquer au dessus des rangs trois étendards reconnaissables ceux-ci : ceux de la Bande des Crocs Sanglants, l'Ordre de la Lance Noire et la Bande des Loups Nordiques. Tous semblaient sous les ordres de la femme en armure dont les couleurs étaient celles de la Garde Noire, garde prétorienne de la Prime Sorcière des Drows. Cet étendard n'avait plus flotté contre les humains depuis la bataille d'Alonna mais ses membres semblaient toujours aussi menaçants.

Un émissaire sembla être envoyé auprès des défenseurs, un simple esclave humain qui fut poussé devant les murs afin qu'il délivre son message. Pétri de peur, il trouva néanmoins la force de transmettre à haute voix le message.

De la voix de la Da'ron de la Garde Noire Saenathra Doa'rihn, envoyée personnelle de la Prime Sorcière des Drows, Dame et souveraine de la Magie Y'Shahinn Nehleän !
Toute résistance dans le village de Valtrigon doit cesser sur le champs et les portes ouvertes. Naelis se doit à nouveau de payer le tribut de sang et d'esclaves à ses maîtres !
Si vous vous rendez .. vous aurez tous la vie sauve. Autrement périssez en subissant la colère du peuple Sombre !

Quelle est votre réponse ?

Pnj : Wilhem

Les escarmouches de ce type se multiplièrent malgré les précautions prises par les guetteurs. Toutes débouchaient de la même façon, les drows prenaient la fuite quand des patrouilles arrivaient en renfort. L’ordre des guetteurs était mal en point et les villageois étaient maintenant directement menacés. Erestor, meneur de l’ordre, décida d’appliquer une mesure d’urgence destiné à protéger le peuple de ces raids menés par les sombres… Ainsi, ne laissant qu’une très maigre garnison aux tours de guet, les guetteurs vinrent se placer directement dans les villages les plus importants. Le seigneur de Naelis avait été évidemment informé de ces évènements récents. L’ordre des guetteurs avait été créé pour pallier à genre de problèmes, ce n’était pas pour rien qu’un cinquième de l’armée de Naelis était chargé de défendre les faubourgs. Erestor avait donc carte blanche. Valtrigon, un village de deux cents habitants situé proche de la frontière Est, accueillait maintenant une trentaine de guetteurs aux ordres du lieutenant Wilhem. Les palissades avaient été renforcés et le village comprenait maintenant un stock d’armes afin d’équiper les villageois si jamais les drows s’en prenaient au village. Grace à ses nouvelles mesures, Valtrigon pouvait aisément faire face à une attaque d’une centaine de soldats drows.

Wilhem faisait le tour du chemin de ronde en compagnie du doyen du village. Ce dernier était très inquiet par rapport aux récents accrocs de ces derniers jours. Le lieutenant le rassurait tout en lui faisant l’éloge des fortifications du village. « Ces pillards ne passeront même pas la grande porte ! » lui disait-il. Il s’apprêta même à rire mais quelque chose au loin requit son attention. Non, plus de doutes : le fanal de la tour de guet Est était allumé : le signe d’une invasion drows plus importante que les précédentes. « Tout le monde au poste de combat ! » quand Wilhem prononça ces paroles, la peur se lisait dans les yeux du doyen. Les guetteurs se positionnèrent sur le chemin de ronde et attendirent, scrutant l’horizon. Une vingtaine de minutes plus tard, une masse noire commençait à remplir la plaine. Cette masse ne cessait de s’agrandir, devant les regards inquiets des Naelisiens. Quand enfin cette marée finit par s’arrêter, Wilhem lâcha un « putain ». L’armée qui se tenait là, devant Valtrigon, était composée de deux milliers de soldats au bas mot… « Toi, va avertir Erestor au village de Ruven et toi file prévenir notre seigneur : deux milles drows nous envahissent, deux milles ! Naelis même est directement menacé ! » L’armée drow n’avait pas encore encerclé totalement le village, deux cavaliers légers pouvait aisément s’échapper. En bon officier, Wilhem gardait son calme et ses hommes firent de même. Il attendait la suite des évènements.

Et cette suite ne se fit pas attendre : un individu sortit de la masse noire et se dirigea vers les portes de Valtrigon. C’était un homme, enchainé… Un esclave. Il venait en porte-parole des drows et délivra à haute voix son message. Ainsi, si les bandes rivales du 4em Ost s’étaient réunis c’était parce que la prime sorcière avait mît son nez là-dedans. C’était une dure question que l’esclave venait de poser et c’était à Wilhem de répondre. La reddition ne faisait clairement pas partie de leur langage et ils préféraient mourir plutôt que de perdre leur liberté. Néanmoins, des vies étaient en jeu. De sa réponse dépendait l’avenir des habitants de Valtrigon.

- Avant de donner ma réponse, donnez-nous votre parole que vous ne tuerez pas les villageois si nous nous rendons ! »

Quoi qu’il en soit, Valtrigon était condamné. Wilhem avait prononcé ces paroles uniquement pour gagner un peu de temps… Il s’adressa ensuite au doyen.

- Si ça n’en tenais qu’à moi et à mes hommes, je combattrai pour défendre votre village. Mais si je fais ça, ils nous tuerons tous. Ouvrir les portes de Valtrigon reste la meilleure solution si vous tenez à vos vies.
- Mais et vous que…
- Nous partons avec les plus jeunes enfants. Ils tueront ceux qui ne pourront leur être utile, je ne peux pas défendre Valtrigon mais je sauverai ses descendants, c’est mon devoir. Vite dépêchez-vous, il nous faut partir tout de suite tant que le village n’est pas totalement encerclé ! Rassemblez les plus jeunes sur la place ! »

Les guetteurs disposaient tous de montures et ils pouvaient encore fuir le village. Pour Wilhem, c’était la meilleure solution. Fuir n’était pas une pratique courante chez le lieutenant mais si cela permettait de sauver les habitants de Valtrigon, il n’y avait pas d’hésitations possibles. D’autant plus que leur sacrifice aurai été inutile, Glenn aura bien besoin de son unité plus tard. Après quelques minutes, les guetteurs étaient prêts à partir, accompagnés d’une vingtaine d’enfants allant de moins d’un an à 8 ans. Et c’est dans les cris et les larmes qu’ils quittèrent Valtrigon par la porte Ouest, à triple galop. Mais ils n’étaient pas encore tirés d’affaire, déjà la cavalerie ennemie semblait se mettre en mouvement. Wilhem dégaina son épée afin d’être prêt. Les dernières paroles du doyen résonnaient dans sa tête : « Vous n’avez pas à vous excuser… Je pensais que votre seigneur pouvait nous sauver du joug drow… Je le pensais vraiment… »

Les Drows donnèrent un léger temps de réflexion aux humains pour que ceux-ci débattent de l'ultimatum. Après tout c'était une décision difficile mais chaque réponse possible, à savoir un combat ou une reddition, aurait le pouvoir de satisfaire l'Ost. Cela dit la Da'ron de la Garde Noire espérait que le village opterait pour se rendre, elle avait des quotas à respecter pour le butin qu'elle devrait ensuite donner à sa maîtresse la Prime Sorcière. dérouiller un peu les troupes par un bon siège était un bon moyen de calmer l'agressivité des soldats mais il fallait veiller à ne pas tuer tout le monde.
Bien sur les Humains voulurent des garanties et l'esclave savait exactement quoi répondre. Ils auraient sa parole.

La Da'ron de la Garde Noire Saenathra Doa'rihn vous donne sa parole qu'aucun villageois ne sera tué si le village se rend ! Déposez les armes et ouvrez les portes !

Pendant ce temps les Sombrent achevaient d'encercler le village. La petite place fortifiée était parfaitement incapable de subir un tel assaut et chaque camp souhaitait limiter les pertes. Mais tout esprit Drow était fourbe et Saenathra savait que certains n'allaient pas rester calmes sans rien faire. Elle hâta le mouvements des compagnies pour éviter tout risque de fuite, si une masse de fuyards sortaient des portes alors il n'y aurait que très peu de survivants. Le véritable problème provenait plus des guetteurs qui eux étaient des soldats ne souhaitant pas trop se rendre. Certaines consignes les concernaient également, un cavalier ou deux pouvait forcer le dispositif pour qu'ils aillent prévenir leur petit seigneur à Naelis mais le reste devait soit être tué ou fait prisonnier. Leur sort sera décidé plus tard.

Quelle est votre réponse ?

Devant les murs le stress de l'esclave augmentait de plus en plus. Si la réponse ne venait pas alors ses maîtres lui avaient juré qu'il serait mis à mort pour ne pas avoir réussi à obtenir un résultat et les minutes qui passaient dans le silence n'étaient pas pour le rassurer.
Au milieu des rangs disposés en ordre de bataille, le dirigeant de l'ordre de la lance noire vint voir la Da'ron de la Garde Noire.

Leur réponse est plutôt lente à venir .. Nous devrions attaquer dame Doa'rhin.

- Non .. ils ne semblent pas garnir leurs faibles murailles et il ne semble y avoir de clameurs dans le village, c'est trop calme.

Le son d'un cor provenant des alentours de la porte Ouest stoppa court la conversation. Sous les yeux des deux officiers une troupe de cavaliers venait de franchir la porte à tombeaux ouverts. A y regarder de plus près il s'agissait des guetteurs chargés de la protection du village, les yeux Sombres ne pouvaient manquer les enfants en bas-âge que chaque humain tentait de faire tenir sur leurs selles. Le spectacle amusa les deux Sombres. Croyaient ils vraiment pouvoir s'échapper ainsi ?

- Voici votre distraction messire Dan'Hiun. Envoyez vos cavaliers tuer ces imprudents. Je vous laisse décider de leur sort. Laissez-en un quand même s'échapper pour qu'il porte la nouvelle.

Le cavalier Drow sourit à pleine dent avant de lancer un furieux coup de cor, donnant le signal de la course-poursuite. La cavalerie Drow s'élança sur les traces des guetteurs dans un grand grondement. Sur la plaine, les rangs des Drows s'avancèrent pour investir les portes et s'emparer de Valtrigon.
Les guetteurs eurent à subir quelques tirs de la part des archers Sombres avant d'avoir directement sur leurs talons plusieurs dizaines de cavaliers usant eux aussi de projectiles. Malgré la fureur de la poursuite les guetteurs avaient un avantage : celui d'être plus légers que leurs adversaires bien que tenir un enfant n'était pas sans difficultés.
Mais les drows avaient de nombreux tours dans leur sac. Deux cavaliers brandirent vers le ciel ce qui semblaient être de longs bâtons. Le bruit couvrait les cris mais subitement de la magie crépita au bout des hampes et des projectiles frappèrent le sol au devant de la petite troupe humaine. Aussitôt le sol se mit à gronder et des crevasses et de nombreux trous se dessinèrent de manière aléatoire, rendant la course des chevaux difficile. La confusion stoppa net la fuite mais certains cavaliers pouvaient s'échapper avant que les poursuivants ne fondent sur ceux qui n'auraient pas cette chance.

Wilhem était un de ces héros qui manquaient cruellement à l’humanité. Cet homme, né parmi le peuple du commun, avait acquis ses galons uniquement par ses talents militaires et sa loyauté sans failles. Parlons-en de sa loyauté, tiens. Dès son intégration au sein de l’armée ducale de Serramire, il fut tout acquis à la cause des Séraphins. Autant dire qu’il ne réfléchit pas deux fois avant de rejoindre la cause de Glenn Hereon. Sa vaillance et sa bravoure lors de la prise de Naelis lui valurent le grade de lieutenant des guetteurs ainsi que la gestion de la tour de guet est. Autant dire que Wilhem avait un bel avenir devant lui, sachant qu’il venait à peine d’avoir vingt-cinq ans.

Le village étant perdu, il s’était tout de même trouvé un but louable dans cette fuite : sauver les héritiers de Valtrigon. Il chevauchait en fin de colonne avec ceux qui, comme lui, ne portaient pas d’enfants. Les guetteurs restaient plus rapides que les cavaliers drows, malgré le poids des enfants. La vitesse, c’était le point fort de l’ordre des guetteurs, chargés d’intercepter les bandes de pillards qui oseraient s’aventurer en Naelis. Or, cette fois il ne s’agissait pas d’une bande mais bien d’une armée qui pénétrait dans les faubourgs de la ville.

Une douleur se fit sentir, une flèche venait de se planter dans la jambe gauche de Wilhem. L’armure de cuir avait absorbé une partie du choc et le lieutenant serra les dents. Il répliqua d’un tir d’arbalète, accompagné par ses hommes qui avaient les mains libres. Mais les guetteurs prenaient de l’avance et c’était certain maintenant, les drows ne les rattraperaient pas. Mais sa certitude était-elle bien fondée ? Son visage se décomposa quand le sol en dessous de lui se mît à se craqueler. « Sorcellerie ! » En effet de la magie était à l’œuvre et la terre se fissura de part en part. Heureusement la tête de colonne pu éviter à temps le sortilège, mais le reste de la troupe était pris en plein dedans. Les chevaux perdirent leurs marques mais les guetteurs étaient d’excellents cavaliers et aucun ne fut désarçonné. Mais les drows arrivaient. Les enfants devaient être sauvés et pour ça, il fallait donner du temps aux guetteurs qui les portaient. « Pour Naelis ! Pour Valtrigon! » Et Wilhem et les sept autres guetteurs qui ne portaient pas d’enfants firent face à la cavalerie drow et chargèrent pendant que le reste de l’unité tentait de sortir du bourbier. Wilhem, habité par la fureur de Mogar, frappait sans relâche ses adversaires. Ses cris encouragèrent ses compagnons qui firent de même. Mais la douleur se faisait de plus en plus intense et malgré tous ses efforts, le brave lieutenant tomba rejoindre les cadavres de ses victimes, la gorge en sang. Sa vue se troubla mais il entendait toujours des cris autour de lui. Sa dernière vision fut celle d’un drow plus équipé que les autres qui, pique à la main, se préparer à l’achever. A cet instant, il voulut dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche…

Glenn, impassible, écoutait un messager dans la salle du trône. Ce messager n’était autre qu’un guetteur et il avait une nouvelle des plus importantes à apporter. Mais tout ceux présent dans la salle savaient déjà de quoi il s’agissait : ils avaient tous vu le feu qui brillait sur la tour de guet est. Quand le guetteur finit son récit, Glenn serra très fort son poing droit et frappa violement l’accoudoir du trône de pierre. Deux milles drows sur Valtrigon, le guetteur était formel. Avec un nombre aussi important il était clair qu’ils n’allaient pas s’arrêter là. La situation était grave, très grave, Naelis même était directement menacé. Le seigneur Hereon se leva lentement de son trône et s’adressa aux personnes présentes.

« Raymond, rassemblez immédiatement tous les officiers présent dans la salle du conseil. Vous, en désignant un des serviteurs présents, apportez moi de quoi écrire, j’ai deux lettres urgentes à envoyer. Vous, en désignant le guetteur, toujours agenouillé, relevez-vous, j’ai encore besoin de vous. Il est temps de montrer aux drows qui nous sommes ! »

Glenn bouillait intérieurement, il s’était attendu à une invasion de la sorte mais pas si tôt. Qui avait bien pu réunir les bandes rivales du 4em Ost ? Avant de rejoindre la salle du conseil, Glenn eut une pensée pour les habitants de Valtrigon et le lieutenant Wilhem, chargé de défendre cette position. Naelis venait de perdre un héros aujourd’hui.

Agenouillés, mains liées et les têtes baissées, les habitants de Valtrigon n'osaient relever la tête. Au milieu de la population asservie et disposée en rangs la Da'ron faisait de lents allers-retours, étudiant d'un regard inquisiteur ceux qui avaient eu la sagesse de se rendre. Un étrange calme résonnait au sein des rangs, chaque esprit étant concentré sur le cliquetis des pas produit par l'armure de la Drow. Parfois elle s'arrêtait devant un humain et l'observait d'un peu plus près, parfois de manière brutale avant de repartir vers d'autres victimes, sans jamais dire un mot.
De nombreux soldats sombres assistaient à la scène mais le calme régnant sur la place du village contrastait avec l'agitation que connaissait les lieux. Les soldats étaient en train d'investir chaque maisonnée, fouillant chaque recoin et sortant tout ce qui pouvait avoir de la valeur. Bétail, argent, étoffe, tout ce qui pouvait être monnayé était rassemblé près du petit temple de Valtrigon. Aucun meuble ne fut sortit pas plus que les Drows ne causèrent de destructions. Les lieux étaient destinés à servir de camp de base pour l'armée et afin de fournir une base de départ pour les futurs raids sur les faubourgs. Bien sûr les lieux étaient trop petits pour contenir deux mille combattants et chaque compagnie s'affairait à monter son campement maintenant que le siège était terminé mais pas un drow n'allait dormir dans des lieux préalablement incendiés.

Saenathra était satisfaite malgré le maigre butin. Deux cent personnes étaient désormais sous leur coupe et l'ost n'avait pas eu à subir de pertes pour un siège inutile. Les choses ne faisaient que débuter et les prisonniers seraient bientôt conduits vers leur nouvelle vie de servitude, la Prime Sorcière serait satisfaite des premiers résultats. Naelis était certainement avertie du danger à l'heure actuelle mais peu importait, il était impossible pour ces frêles humains de s'opposer à tant de soldats Drows. Les prochains jours allaient être extrêmement durs pour la petite communauté humaine, ce n'était pas quelques feux d'alerte qui stopperaient le retour des Sombres.

L'attention de la Da'ron fut détournée de son inspection lorsque les cavaliers partis à la poursuite des fuyards revinrent au village. Les Drows semblaient satisfaits du petit divertissement, de larges traces de sang souillaient les armures et au bout des piques se voyaient les têtes des guetteurs qui avaient été rattrapés. Cela dit il semblait qu'une bonne partie des guetteurs eu trouvé le moyen de s'enfuir du piège, qu'importe, ils rencontreront une mort certaine lors des prochains combats. Pour le moment les cavaliers victorieux brandissaient les têtes de leurs victimes comme des trophées, le reste des dépouilles restant gisantes sur le lieu de leur perte, les corbeaux feront le reste.
Mais les cavaliers semblaient amener une surprise à la Da'ron et des rangs émergèrent de nouveaux prisonniers. Quatre guetteurs, tous blessés à divers degrés mais encore pleinement conscients, furent agenouillés sans ménagement devant l'officier. Deux enfants faisaient partie du lot, un garçon de dix ans et une petite fille qui semblait à peine dépasser les quatre. Derrière chaque guetteurs prisonniers se trouvait un Drow qui observait les réactions de la Da'ron, deux autres tenant d'une poigne ferme les deux enfants apeurés.

Je vous ramène quelques parts du butin Dame Doa'rhin ! Ils sont à votre disposition.

La silhouette du commandant de l'Ordre de la Lance émergea des rangs des cavaliers avec le sourire, présentant ses prises. Derrière la Da'ron, les têtes des prisonniers du village observaient avec crainte ce que Saenathra allait décider, voir deux enfants en bas-âge être rattrapés n'étaient pas dans leur imagination, eux qui espéraient qu'ils seraient en sécurité en fuyant le village. La peur de mauvais traitement envers les enfants supplanta celle de la Da'ron et certains villageois tentèrent de se relever en implorant avec grands pleurs la clémence de la Drow avant de se faire violemment remettre au sol par les gardes.
De son coté la Da'ron observait son homologue officier. Ses ordres avaient pourtant été clairs : aucun survivant parmi les fuyards rattrapés. La promesse de vie sauve ne concernaient que ceux qui étaient restés au village et qui s'étaient rendus. Mais Saenathra comprenait que le cavalier souhaitait faire un exemple des guetteurs prisonniers devant les villageois, chaque Drow se tenant derrière un guetteur avait déjà son cimeterre de dégainé. L'autre question était également celle du sort des enfants, allaient ils rejoindre les rangs des villageois comme esclaves ?
La Drow, après un court instant de réflexion toisa le regard du cavalier.

La question du sort des guetteurs ne se pose pas : exécutez-les ... Elle regarde ensuite les deux enfants, son regard s'attardant un instant sur la silhouette de la petite fille apeurée et qui semblait tenir dans ses mains ce qui restait d'une poupée de chiffon.
Amenez le garçon avec les autres villageois, tuez celle qui n'est pas en âge de travailler.

La Da'ron se détourna ensuite, fendant les rangs des Drows pour gagner sa tente, totalement indifférente aux cris d'effrois et aux bruits des têtes roulant sur le sol.

Troisième Acte : Rassemblement

Le conseil avait débattu pendant plusieurs heures avant de se mettre d’accord sur la marche à suivre et d’établir un plan. Tous les officiers supérieurs avaient assistés et participés à cette réunion particulière. Les éclaireurs avaient étés formels : c’était bien deux-milles drows qui avaient attaqués Valtrigon. Deux-milles était un nombre important, surtout quand l’on connait le nombre de soldats que compte Naelis, mais toutefois ce n’était pas suffisant pour prendre d’assaut la ville, surtout que les rapports ne mentionnaient qu’une unique machine de siège. Avec les nouveaux rapports venant tout droit des survivants de Valtrigon, l’objectif des sombres était devenu plus clair : la Prime sorcière voulait se servir en esclaves et en ressources et par là même donner une bonne leçon aux indépendantistes qu’étaient les Naelisiens. D’après ce que Glenn en savait, la Prime sorcière bénéficiait d’une forte influence au Puy… Un ennemi de choix, mais qui n’avais pas osé se montrer.

Des mesures exceptionnelles avaient donc été prises : pour Glenn, il était hors de question de se planquer derrière les murailles de la cité en attendant que les drows ravagent toute la région alentour. Tous s’étaient mis d’accord : il fallait stopper cette invasion. La garde appelait les habitants de la cité à s’engager dans la lutte afin de former une milice et de soutenir les soldats. Beaucoup d’habitants avaient de la famille dans les faubourgs et Glenn avait ravivé leur sentiment patriotique envers la cité, toutefois peu croyaient en la victoire… Mais la nouvelle de renforts venant d’Alonna avait ravivée les plus petites flammes et les engagés se faisaient de plus en plus nombreux. Ces derniers étaient encadrés par la garde de Naelis qui se chargeait par la même de leur procurer une formation : la place publique du quartier de l’aigle et la cour de la caserne était maintenant remplis de miliciens, s’exerçant de leur mieux. Leur équipement restait assez sommaire, les forges travaillaient avec acharnement afin de fournir de plus en plus de lances et de flèches.
Pendant ce temps, dans les faubourgs, Erestor avait rassemblé l’essentiel des forces des guetteurs au village de Ruven, au centre de la région. Les nombreux paysans vivant dans des hameaux isolés tentaient de fuir dans cette direction, bien que d’autres restaient trop attachés à leur ferme pour pouvoir la quitter. Les guetteurs tentaient de surveiller les mouvements de l’ennemi : aux dernières nouvelles, les sombres établissaient leur campement à côté de Valtrigon. La réponse des Ydrilotes tardait à arriver, mais c’était compréhensible vu la distance qui séparait les deux cités. A ce jour, la milice ne comptait pas moins de deux cents membres. Ce n’était pas énorme, comte tenue de la population de la ville, mais ce chiffre augmenterait, Glenn en était certain.

C’était la deuxième nuit que Glenn passait en sachant que des intrus squattaient son territoire. Pire que des intrus, c’étaient des drows, et Glenn les détestaient plus que tout au monde. Le lendemain matin, il quittera la ville en compagnie de ses Chevaliers afin de rejoindre Erestor à Ruven. C’était là qu’il fallait stopper l’avancée des drows. Avec la chute de Valtrigon, tout l’est du territoire était à la merci des sombres… De là-bas, il préparera la défense en attendant que le gros de ses troupes le rejoigne ainsi que les renforts envoyés par le Baron d’Alonna. D’autres auraient laissés tomber leurs engagements devant une telle menace mais Hanegard ne l’avait pas fait… Un allié de poids et Glenn saura lui rendre pareille ne temps voulu. Malgré toutes ses préoccupations, le seigneur de Naelis arrivait à dormir. Il était important d’être en forme avant une bataille. Mais on ne ne le dérangea pas pour autant, le réveillant en pleine nuit :

« Mon Seigneur, des elfes viennent d’arriver dans la cité, l’ordre des éclaireurs au grand complet. Ils ont eu vent de l’invasion drows et désirent nous aider. »

Des elfes ? Voilà une aide qui était plus qu’inattendue et véritablement bienvenue. Peut-être que les négociations de Glinaina avait déjà portées leurs fruits ? Glenn se leva péniblement de son lit et enfila sa tunique seigneuriale. Il lui fallait tout de même saluer ces elfes et les remercier de leur aide. On les avaient conduits dans la ville haute et ils s’étaient rassemblés sur une place. Voir ces visages fin et gracieux rappela immanquablement à Glenn sa belle archère manquante… Ils étaient bien une bonne centaine, cent-cinquante pour être plus précis. L’ordre des éclaireurs au grand complet…

« Je me réjouit de voir que le peuple elfique nous porte de l’intérêt, votre aide dans cette lutte nous sera plus que précieuse. Votre route as dû être bien éprouvante depuis Aleandir, nous allons vous conduire vers des logements où vous pourrez passer la nuit. »

Puis il s’avança devant celui qui, accompagné d’un aigle, semblait être le chef. Il tendit la main vers lui, un geste plus qu’amical mais peut être que l’elfe ne le comprendrait pas.

« Nous discuterons stratégie au lever du soleil, si vous avez besoin de quoi que ce soit, demandez. »

Glenn était vraiment fatigué, il avait besoin de sommeil. Cela était clairement visible aux cernes qui décoraient assez maladroitement son visage...

Spoiler:

C’était au début de la nuit. Une heure du matin peut être, deux, tout au plus. La porte s’était ouverte d’un coup, mon second faisant irruption dans ma chambrée :

- Lieutenant ! Venez vite, nous avons un problème.

Il sortit aussi vite qu’il était rentré. L’agitation qui couvrait le quartier général des éclaireurs était à son comble. Les soldats couraient partout, exposant des cartes, cherchant des informations, questionnant un de nos membres, assis sur une chaise, essoufflé. Je récupérais mes sabres, sortant en trombe, me dirigeant vers la table centrale. Une discussion était engagée.

- Combien sont-ils ?
- Environ 2000. Les rescapés du 4ème Ost.
- Que Kyrïa les protège…

Naelis, cité neutre de l’Ithri'Vaan, semblait être prise pour cible par des Drows. Depuis plus d’une année, aucun Sombre n’avait été aperçu en ces territoires qui semblaient avoir acquis leur indépendance vis-à-vis de ces contrées que les Drows revendiquaient comme leurs territoires.

- Lieutenant, la nouvelle nous est parvenue il y a quelques minutes.

Trois de mes seconds étaient autour de la table, analysant les données qu’un messager de notre corps, stationné à la frontière avait fait parvenir au quartier général de l’armée. L’armée Drow avait franchie la frontière. Encore ensommeillé, je me frottais le visage, espérant en faire sortir la torpeur qui rongeait mon être. Je posais les mains sur la table. Les Drows arrivaient de l’Est. Une journée, deux tout au plus les séparait de Naelis.

- Quels ordres avons-nous ? Demandais-je
- Ceux qui veulent rejoindre Naelis peuvent agir selon leur gré.

C’est à cet instant précis que le silence se fit. Dans les salles de notre quartier général, personne n’esquissait le moindre geste. Le silence régnait, troublé dans son règne par le feu qui crépitait. Tous attendaient ma réponse.

- Quels sont les chiffres ? Demandais-je
- 2000 Drows. Aucune informations sur Naelis...

Je savais ce que voulaient mes soldats. Beaucoup étaient des rescapés d’Ellyrion. Ils avaient vus leurs frères mourir. D’autres ne cherchaient qu’une occasion pour en découdre avec des Sombres, dont leur fourberie n’avait d’égal que le Mal qui régnait en eux. Je ne sais toujours pas aujourd’hui si j’ai bien agi ce matin là. Peut-être que oui, ou pas.

- Scellez les chevaux, nous partons !

Les Elfes explosèrent de joie, fiers et impatients d’en découdre avec les Drows. Personne n’attendait notre arrivée. Si nous ne nous arrêtions pas, la distance pouvait être courue en une journée.

- Préparez les bannières, votre équipement, les chevaux, vos tenues, tout. Nous partons en guerre contre les Drows.

Je tenais 150 Elfes sous mes ordres. Assez pour équilibrer les forces. Pour gagner la guerre ? J’en doutais. Je rentrais dans ma chambre, ramassant mon carquois et le nouant autour de mon bassin, faisant passer la lanière au dessus de mon épaule. Mes affaires prises et une vérification faite, je m’occupais de la tâche administrative. Je chargeais le même rôdeur de prévenir l’administration de notre départ, puis m’attelais au voyage. Le chemin le plus direct passait par l’Eraison. Le but était de parvenir à Naelis en moins d’une journée. Nos chevaux seraient au bord de mourir d’épuisement, une fois cette course achevée.

Une heure passée, nous quittions la capitale. Notre cortège avait fière allure. Les soldats étaient vêtus de leurs sombres armures de cuir renforcés noirs, leur heaume ne laissant pour fente que celle pour les yeux. Arcs et sabres en places, chevaux scellés et bannières arborées un peu partout dans la colonne des 150 cavaliers. Les premières lieues furent lentes à parcourir, les routes étant tortueuses dans la forêt. Puis la pierre laissa la place à la terre, et nous galopâmes le plus que nous pouvions. Alors que le soleil se levait, nous étions à la frontière de l’Eraison. Les souvenirs de mes premiers affrontements avec les Drows me revinrent en mémoire. Chassant ces funestes souvenirs, je continuais la route, m’arrêtant à la frontière, où Anaêh combattait Aduram. La splendeur des arbres n’avait rien de comparable, ceux d’Anaëh conservait la splendeur des millénaires passés.
C’est en fin d’après-midi, que loin, très loin dans la plaine, l’extrémité de l’Ost Drow se fit voir. Nous prîmes sans hésiter nos distances, bifurquant finalement vers le Nord pour rejoindre la côte et Naelis. Nos chevaux renâclèrent sous l’épuisement, nous forçant à nous arrêter, les abreuvant de nos gourdes.

L’Ithri'Vaan était de ces contrées plates, fondées de plaines, dont la flore boisée et les forêts étaient rares. Le manteau de l’hiver luttait d’une manière épique contre le soleil qui réchauffait inlassablement la terre, qui serait bientôt prête à accueillir de nouvelles semences et nourrir les habitants de cette belle contrée. Le soleil se couchait. Le cycle recommençait. Nous n’avions pas emportés de provisions. Trop lourd. La faim se faisait sentir. Nous continuâmes notre chevauchée. Il devait être environ 3 heures du matin, car la Lune était à son apogée. Les remparts de Naelis se dessinèrent au loin.

- Ismyr, sonne le cor.

Le son sourd de la corne retentit dans l’ensemble de la plaine. Nous entamâmes la dernière ligne droite jusqu’aux premières barricades de la ville. Les soldats ne nous arrêtèrent pas. En voyant les bannières qui ornaient notre cortège, ils n’en crurent pas leurs yeux. Les portes de Naelis s’ouvrirent sans que nous n’ayons à nous arrêter. Naelis était une cité bâtie sur un rocher. La herse qui venait de se lever offrait un chemin qui continuait son ascension, s’enroulant autour du fort. Sur notre passage, les soldats se penchaient, les habitants nous regardaient, certains n’avaient vu que très peu d’Elfes, et pas en aussi grand nombre. J’avais eu vent de la capitaine de la garde de Naelis, une Elfe nommée Glinaina. Mais je ne la connaissais pas. Nous nous arrêtâmes dans la cour du fort, une vaste zone aisée à défendre, spacieuse avec des créneaux et des meurtrières à foison. Une troupe de soldats nous suivait, sans que nous y prêtâmes attention. Ismyr, et Alëah, mes deux seconds, vinrent près de moi, commentant l'architecture de la cité.

Une vaste porte s'ouvrit devant nous, un Homme jeune, trentaine peut-être, sortant, les yeux ensommeillés et le visage meurtri. C'était Glenn Hereon, seigneur de Naelis. J'en avais eu certains échos, ceux d'un Homme digne et combattant, meneur d'hommes hors pair et grand dirigeant. Un allié digne. Il se dirigea vers moi, tandis que Quendendil venait se poser sur mon épaule. Il regarda mon aigle quelques instants, puis se tourna vers moi :

« Je me réjouit de voir que le peuple elfique nous porte de l’intérêt, votre aide dans cette lutte nous sera plus que précieuse. Votre route as dû être bien éprouvante depuis Aleandir, nous allons vous conduire vers des logements où vous pourrez passer la nuit. Nous discuterons stratégie au lever du soleil, si vous avez besoin de quoi que ce soit, demandez. »

Puis il esquissa un geste étrange, il me tendit sa main verticale et tendue.

- Lieutenant, le salut Humain, me glissa Ismyr

Je m'inclinais en réponse. Je ne voulais ni vexer le seigneur Hereon, mais si j'avais serré sa main, mes soldats auraient été sceptiques de me voir agir ainsi. S'incliner était un geste que l'on effectuait en notre patrie devant un supérieur. Glenn devait le savoir. En tout cas, je l'espérais. Surprenant quelques regards du coté Humain, je pris la parole du ton le plus digne que je pus :

- Bien que les Humains n'aient agi de même à Ellyrion, nous venons vous aider en ces heures sombres. Le destin de votre ville ne doit pas connaître le même qu'Ellyrion, c'est pour cela que nous venons. Nombre d'entre nous ont perdus de la famille contre les Sombres. Nous chevauchons depuis vingts quatre heures sans halte. Nos montures sont épuisées et affamées, tout comme leurs cavaliers. Le reste de la nuit sera suffisant pour reprendre de l'énergie pour combattre. Où pouvons nous installer ?

[pnj]

Glamdring bourra sa pipe et l’alluma, savourant cet instant de détente après une rude journée de voyage. D’un œil distrait, le nain regarda le soleil se coucher au loin sur l’Olienne et admit que le paysage valait le déplacement, même si ses montagnes natales lui manquaient. Non loin de là les bruits du campement que les alonniens installaient pour la nuit arrivaient à ses oreilles mais, perdu dans ses pensées, il n’y prêtait guère attention.

Ancien garde royal au service de Garmin, il se trouvait détaché en mission à Almia lorsque la colère de Mogar avait frappé les siens. Glamdring revoyait encore les hordes de gobelins submerger les défenseurs de la cité, il entendait encore le fracas des armes et les hurlements des blessés. Ce jour là, nombre de gobelins étaient tombés sous les haches des nains mais toujours plus arrivaient et la vaillance ne peut éternellement suffire contre le poids du nombre. Une fois les murailles prises, plus rien n’avait pu arrêter les envahisseurs.

Ayant survécu par miracle à la chute de la cité, le nain avait pris la route de Lante où se regroupaient la plupart des survivants ayant échappé à la fournaise de Kirgan. Après quelques années passées à servir le nouveau chef de la cité, le général Ironwrist, Glamdring avait finalement quitté les terres naines où trop de souvenirs douloureux s’imposaient quotidiennement à lui. Pendant des mois, il avait erré à travers le Nord à batailler comme mercenaire au service de tel ou tel petit seigneur avant finalement de venir se fixer à Alonna.

Et désormais, il se trouvait en route pour Naelis, une ville dont il ne connaissait rien.

Que suis-je venu faire dans cette guerre ? marmonna le vétéran dans sa barbe.

Lui-même ne le savait pas, ou peut être n‘osait-il pas trop méditer sur le sujet. Lorsque la nouvelle qu’une expédition de secours se montait pour aller aider Naelis attaquée par les drows, Glamdring n’avait pas hésité un seul instant. Quittant la petite maison où il demeurait près du temple de Lirgan, il s’était rendu au château et avait sollicité de pouvoir accompagner l’armée. Par moments, le nain se demandait s’il ne cherchait pas tout simplement la mort au combat afin de pouvoir rejoindre ses frères tombés à Almia et à Kirgan.

Chassant ces pensées morbides, il revint au présent et à ses compagnons de route. L’armée avait bien avancé depuis Alonna, prenant la route du Sud-est jusqu’à la côte avant de bifurquer vers l’Est et vers Naelis. Vers la guerre. Quand bien même l’avance se faisait à marche forcée, ils n’avançaient pas assez vite au goût de Glamdring. Les chariots sur lesquels se trouvaient les armures lourdes, les massifs pavois et toute la logistique nécessaire les ralentissaient sur ces routes mal entretenues. Hélas, le nain savait bien qu’une armée se déplace beaucoup plus lentement qu’un guerrier seul qui peut porter tout ce dont il a besoin sur lui.

Alors qu’il avançait lentement sous les arbres, le nain fut tiré de sa rêverie par un fracas de lames s’entrechoquant suivi d’un gargouillis étranglé. Ses réflexes guerriers reprenant immédiatement le dessus, il saisit sa hache qui pendait dans son dos et piqua un sprint jusqu’à la source du bruit.

Débouchant dans une petite clairière, Glamdring se trouva face à face avec deux drows qui fouillaient le cadavre d’un soldat alonnien. Le malheureux s’était apparemment éloigné du campement afin de satisfaire un besoin naturel, preuve en était son pantalon baissé sur ses chevilles. Isolé et surpris, il n’avait pas fait le poids bien longtemps contre les deux sombres. Le sang du nain ne fit qu’un tour dans ses veines, et poussant un hurlement de rage il fonça tête baissé les maraudeurs.

Nul n’ignore les qualités martiales des drows, mais le vétéran nain n’en était pas non plus à son premier combat. Déviant un coup de cimeterre, il flanqua le manche de sa hache dans la mâchoire du premier drow, la lui brisant net. Reculant précipitamment, il esquiva un vicieux coup d’estoc du deuxième qui vint racler sur son armure sans réussir à la pénétrer. Remerciant Yaron, Glamdring pivota et de toute ses forces abattit son arme. Le drow réussit certes à se mettre en garde à temps pour parer, mais la puissance du coup brisa net son épée en deux et la lourde lame de la hache vint se planter en plein dans sa poitrine.

Le nain chercha du regard son premier adversaire et le vit s’enfuir, apparemment peu désireux de continuer les réjouissances. Avant que le pillard n’ait pu atteindre la lisière de la clairière, des claquement secs se firent entendre et deux carreaux d’arbalètes vinrent se planter dans son dos, le projetant raide mort au sol. Se retournant, Glamdring vit que plusieurs arbalétriers conduits par un sergent venait d’arriver, sans doute eux aussi attirés par le bruit du combat.

Vous allez bien maître nain ?
Moi oui, mais ils ont eu votre gars.

Les humains s’approchèrent et restèrent un moment en silence à regarder celui des leurs qui venait de les quitter.

Je le connaissais, il venait d’un village près de Kregan. Pauvre type, il me parlait pas plus tard qu’hier de sa femme et de son gosse. Son temps de service touchait à sa fin et il se réjouissait déjà de pouvoir les rejoindre et ne plus avoir à les quitter. Pour lui, c’est foutu désormais.
Crever le cul à l’air, pas la mort la plus glorieuse hein ?
Ta gueule, râla le sergent, il a peut être le froc baissé mais son épée est dégainée. Il a donné sa vie pour Alonna et est mort en guerrier. Rendez le présentable et prévenez un prêtre de préparer une cérémonie religieuse.
Et les drows, on en fait quoi ?
On les laisse. Que les charognards les bouffent, ils ne valent pas mieux.

Alors que les humains emmenaient leur camarade tombé au combat afin de lui rendre les honneurs militaires, Glamdring essuya la lame de sa hache avant de les suivre d‘un pas lourd. Le premier mort de cette campagne, et les dieux seuls savaient combien d’autres suivraient. La présence des deux maraudeurs à l‘Ouest de Naelis, même s’il ne s’agissait vraisemblablement que de bandits de grands-chemins isolés et ayant reniés leurs anciennes allégeances, indiquait que les drows s’enhardissaient d‘une manière inquiétante.

La nuit était déjà bien avancée et un calme tout "drowesque" régnait sur le village de Valtrigon. Le peuple sombre n'était que peu sujet à la fatigue, ses membres pouvant rester éveillé plusieurs jours durant avant de ressentir le besoin de se reposer. Mais nous étions en campagne militaire donc chaque soldat s'affairait à ce qu'il savait faire pour tuer le temps. Certains rigolaient entre eux autour d'un feu de camp, d'autres s'entrainaient au combat tandis que d'autres étaient de corvée d'entretien ou de devoir de garde. Dans le temple du village, désacralisé pour l'occasion, les lieux avaient été aménagés en quartier général de campagne et accessoirement quartiers privés de la Da'ron commandant le contingent.
Illuminés par diverses bougies, des pions étaient disposés sur une carte jaunie représentant la province de Naelis, autour de la table quatre paires d'yeux observaient les configurations d'un plan de bataille dans une ambiance studieuse.
Saenathra présidait la tablée, les trois commandants composant son état-major disposés de part et d'autres de la table. Divers verres et plats contenant un reste de repas encombraient le meuble tout autour de la grande carte et chacun des Drows avait délaissé son armure pour des tenues d'officiers plus confortables étant donné la longueur de la réunion. Chacun était concentré sur le déplacement des pions sur la carte, la planification de la soumission des Humains de Naelis devait se faire dans une organisation bien rodée.
Sur l'instant présent le commandant des Lances Noires, Gorhur Dan'Hiun, exposait son point de vue en bougeant certains pions.

Nous devrons faire vite pour atteindre nos objectifs. Nous sommes tous d'accords que le bourg de Ruven constitue la clef qui ouvre la voie vers la ville de Naelis, c'est d'ailleurs là que les populations rurales tenteront d'abord de se réfugier. Seulement l'attaque des hameaux se doit d'être nocturne et doit débuter dès ce soir sinon trop de personnes vont tenter de fuir en emportant leurs biens avec eux. Je propose d'envoyer les troupes à pieds de nuit pour atteindre les hameaux les plus aux nord et au sud et de les faire remonter vers Ruven pour faire jonction avec le corps principal de cavalerie et de la Garde Noire.
Je penses qu'en trois jours nous aurons nettoyé tout ce qui se trouve avant Ruven.

Les autres commandants n'avaient pas vraiment d'objection à ce plan de bataille, après tout ils avaient le nombre derrière eux et l'armée de Naelis opterait pour une défense derrière de vrais murs et non sur un terrain nu. Pour le moment attaquer la ville-capitale était exclu mais les Drows s'attendaient à ce que Ruven soit défendue. Battre les quelques centaines d'hommes Naelisiens devant ce bourg signifierait la fin de l'armée de province et, en poussant l'avantage, une Naelis incapable de se défendre faute de soldats serait facile à prendre.
La Da'ron était satisfaite des premières heures de la campagne mais elle savait qu'elle serait jugée sur les résultats finaux. Elle laissa les autres commandants continuer à débattre des détails, Malah'Gaï Lunis des Loups Nordiques particulièrement.

Nous sommes d'accords sur le plan mais nous devrions garder un oeil sur les agissements des humains. Le risque qu'ils tentent une stratégie de harcèlement sur nos colonnes de pillage n'est pas nul. Ils ne vont certainement pas engager leurs meilleurs soldats avant la bataille finale mais une guerre est aussi une bonne collecte de renseignements.

Les autres Drows hochèrent de la tête pour sceller ce détail, les cavaliers seront mis à contribution pour surveiller les agissements des Naelisiens. Saenathra, revêtue d'une tunique en lin et d'un pantalon militaire de cavalier en cuir, les laissa discuter entre eux tout en surveillant l'évolution du plan de bataille, les pions continuant à bouger au dessus de la carte. L'assemblée fut interrompue lorsqu'un soldat porteur d'un courrier entra dans le temple. Après avoir salué, il vint donner sa missive à la Da'ron qui s'empressa de le lire, une expression de mécontentement venant s'afficher sur ses traits, chose qui ne passa pas inaperçue aux autres Drows présents.

Un problème Dame Doa'rihn ?

Il se peut en effet .. on m'informe que les bandes de l'Etendard Nocturne et des Fers-Luisants se sont alliées et ont attaqués nos bases de ravitaillement en Sol'dorn. Ils rassemblent près de trois cent lances.

La Drow lança d'un air rageur la missive sur la table tandis qu'une chape de plomb s'abattait sur l'ambiance studieuse qui régnait jusque-là. "Les sales opportunistes .. " lâcha le commandant des Crocs Sanglants. Il était évident que ces mots sonnaient juste : les autres bandes du quatrième Ost pouvaient tenter de se tailler une part du gâteau en s'en prenant aux positions délaissées en Sol'dorn par le contingent. C'était un risque vu que l'Ost n'était pas encore réunifié mais Saenathra avait espérée que les choses ne montra moins soudaines.

Ne nous laissons pas abattre. Dame Doa'rihn .. donnez moi quatre cent combattants et je me charge de repousser ces bandes rivales et de sécuriser nos lignes d'approvisionnements.

Dégarnir un contingent en pleine campagne n'est pas une chose à faire Or'Diarn !

Nous ne pouvons permettre de nous retrouver isoler en Naelis même si nous avons le nombre avec nous ! Da'ron Doa'rihn, laissez moi y aller.

Les trois commandants se tournèrent vers Saenathra qui était restée pensive. Chacun d'eux avait raison, elle ne pouvait pas dégarnir ses troupes mais encore moins se retrouver avec un contingent rival dans son dos.

Commandant Manhirn .. Prenez les hommes qu'ils vous faut et retournez en Sol'dorn. En retour envoyez moi les "conscrits", ils seront mieux à combattre les humains que des soldats d'autres bandes.
Nous allons revoir notre stratégie, nous n'avons guère le choix mais cet incident va nous ralentir de plusieurs jours par manque de soldats. Naelis risque de rester sur la défensive, choisissons de les garder devant nos yeux plutôt que d'avoir des lances dans notre dos.
Partez Commandant Manhirn. Quand à vous messires Dan'Hiun et Lunis vous pouvez également disposer, les raids commenceront dès demain soir.

Le Drow des Loups Nordiques acquiesça avant de saluer et de sortir du temple pour rallier ses troupes, les deux autres firent de même. Mais au moment de se lever, la Da'ron remarqua que le commandant des Lances Noires n'avait pas emboité le pas à ses collègues et était resté à sa place. Celui-ci dévisageait Saenathra comme s'il cherchait quelque chose. La drow se leva et s'approcha d'une commode non loin pour se resservir en vin.

Y-a t-il quelque chose dont vous souhaiteriez me parler messire Dan'Hiun ?

Le Drow se mit à sourire alors qu'il contournait la table à pas lents.En effet Dame Doa'rihn, l'incident de Sol'dorn m'a fait penser à quelque chose.
Vous êtes Da'ron de la Prime Sorcière et commandez ce contingent mais savez-vous vraiment ce que représente l'Itrhii Vaan aux yeux du quatrième Ost ?

Insinuez vous que je suis une étrangère et ma maîtresse également ?

Précisément .. Vous ne savez pas ce qui nous anime nous autres Doeben, ou plutôt vous commencez à les connaître.

Et quel est donc votre objectif en me parlant de ceci ? La Da'ron était intriguée et plutôt crispée par le sentiment Doeben que reflétaient les paroles du Drow, pourquoi fallait-il qu'il sorte ça maintenant ? La Drow lui tournait le dos, occupée à siroter son verre tout en regardant au travers d'un vitrail. Il n'y avait aucun risque qu'il ne l'attaque, le conseil ne faisant non armé mais néanmoins il était intriguant de le voir ainsi.
Un début de réponse parvint à Saenathra lorsqu'elle sentie le commandant des Lance Noires s'insinuer dans son dos, quasiment collé à elle, son souffle se faisant ressentir doucement dans son cou. Dans le reflet du vitrail elle pouvait voir celui du Drow, son regard venant attraper celui de la Da'ron.
Sans attendre il lui murmura à l'oreille.Que diriez vous chère Saenathra de reconsidérer le fait que vous soyez étrangère à ces terres ? Oubliez la Prime Sorcière, vous dirigez un important contingent, vous gâchez votre potentiel, faites vôtre ce que vous prenez .. ou plutôt faisons nôtre les domaines de ces Humains chétifs et apeurés. Je dirige la force la plus nombreuse, les Loups Nordiques et les Crocs Sanglants se plieront devant nous.
Ensembles nous pourrions réunir le quatrième Ost et régner ensembles sur ce qui seront nos terres, loin du Puy .. Rien que nous ...
Saenathra sentie les bras du Drow se refermer sur elle tandis qu'il enfouissait son visage dans son cou et sa chevelure. Une main vint caresser doucement sa hanche avant de descendre lentement le long du cuir du pantalon. La Drow restait mutine alors que son subordonné s'enhardissait un peu plus en glissant une main dans l'ouverture de sa tunique pour venir saisir sa poitrine alors qu'il se pressait d'autant plus dans son dos, l'autre main cherchant à s'insinuer sous la ceinture ceignant sa tenue.
Finalement la Da'ron se retourna dans les bras du commandant, plongeant son regard dans le sien. La suite fut rapide lorsque le Drow sentit un violent coup de genoux atterrir dans son estomac, le faisant reculer sans respiration.
Sans attendre Saenathra le projeta au sol avant de de maîtriser sur le dos, la Da'ron le surplombant. Or'Diarn Manhirn aurait espéré une telle position mais son sourire lubrique se figea lorsque la Drow s'empara d'un couteau sur la table et de l'introduire dans l'ouverture de son pantalon. Le commandant des Lances Noires pouvait sentir la lame froide sur un endroit plutôt particulier de son anatomie. Au dessus de lui la Da'ron semblait en colère et prête à l'émasculer sur le champs.

Sieur Or'Diarn Manhirn je vous somme de vous rappeler vos engagements. Tant que je serais présente vous être sous les ordres de la Prime Sorcière, sous les miens par ricochet étant donné que je suis sa représentante. Parlez encore de la trahir et j'offre à vos hommes la partie de votre corps que vous étiez prêts à m'offrir. Vous avez de la chance que je ne vous tue pas.

Le Drow resta un instant silencieux avant de relever les bras dans un simulacre de reddition, un large sourire amusé sur le visage. Les deux Drows finirent par se séparer, une Da'ron gardant son couteau à la main et le commandant qui continuait à la reluquer sous tout les angles.

Très bien dame Doa'rihn. Je resterais fidèle à la Prime Sorcière. Mais continuez à réfléchir à mon offre, un corps comme le vôtre est plus à vénérer qu'à protéger un autre.

Or'Diarn Manhirn sorti en riant tandis qu'un couteau rageur venait s'enfoncer dans le bois de la porte. dans son esprit il était dommage qu'il ne soit pas arrivé à ses fins mais la soirée se terminait sur une note joyeuse pour lui. Demain il fallait rassembler les troupes pour débuter les razzias, encore une occasion de se faire "bien voir" auprès de la Da'ron.

Ruven n’était qu’un hameau. Un village fortifié avec des barricades de bois. Et nous allions devoir tenir, contre deux milliers de Drows, dans un village consolidé, bâti sur un rocher et protégé par des barricades de bois. Autant dire que les seuls atouts qui s’étaient placés de notre côté étaient l’avantage de la surprise et la position du village. Un rocher, surplombant un plateau. Hereon m’avait fait part de tout ceci lors de notre arrivée à Ruven.
Des villageois avaient été armés. La moitié savait à peine se battre, et l’autre était soit des jeunes, soit des vieux. Hereon avait placé sous ma responsabilité la totalité de ses archers. Miliciens ou soldats de métier, leur expérience et leur équipement était varié. Je me trouvais dans un coin du village, que nous avions aménagé pour servir de terrain d’entraînement. Attendant les recrues, je discutais avec mes seconds :

- Ismyr, sois indulgent. Ces Hommes se battent pour leur foyer.
- Capitaine...notre entraînement ne leur servira à rien. Il faut des années à un Elfe pour acquérir ses compétences en matière d'archerie.
- Nous ne comptons pas leur procurer nos compétences. Nos secrets nous concernent, pas eux. De plus, seul un Elfe peut manier un arc aussi parfaitement.
- Formez les comme vous formeriez un Elfe. C'est un ordre.

Le reste de mes troupes patrouillait sur les remparts. J'avais exploré le flanc sud, que nous couvririons. Nous pouvions tenir la totalité de nos rangs, mais j'avais mieux comme stratégie. Les Drows ne nous attendaient pas, nous comptions leur préparer une surprise. Notre discussion fut interrompue par la venue de mes nouveaux élèves. Beaucoup étaient des soldats. Ils étaient au nombre de 300. C'était beaucoup. Tous m'obéissaient, selon l'ordre de Glenn, qui les avait placé sous mon commandement. Je leur demandais de s'asseoir, et je me tins face à eux.

- Je suis le capitaine Aldaron Anaëh Dil du corps des Éclaireurs de l'armée royale de Sa Majesté le Roi des Elfes. Durant le temps qui nous sépare de la bataille, je vais vous former à mieux utiliser l'instrument qu'est l'arc. Premièrement, l'arc, et plus précisément, la flèche qu'il encoche, est le prolongement naturel de votre bras. Si votre bras est oblique, la flèche perdra de sa vitesse et déviera de la trajectoire. Ismyr...

Ce dernier fit une démonstration. La première fois, il leva son bras excessivement, créant un angle large entre la flèche et son épaule. Décochant, cette dernière se logea au centre de la cible, sans pour autant la percer. Il reprit une flèche, plaçant cette fois son bras en alignement parfait avec la flèche. En plus d'être deux fois plus rapide, la flèche perça la cible, s'enfonçant dans la paille de la moitié de sa longueur.

- Le fer qui compose l'armure de nos ennemis peut être percé avec cette technique. Sinon elles se briseront sur leurs côtes, ou les perceront, sans plus. Essayez donc.

Ils firent 10 files, pour les dix cibles qui constituaient le terrain. Les pantins de pailles, les épouvantails comme ils les appellent, étaient peints de noir aux endroits où les armures devaient trouver leurs emplacements. Certains apprirent la technique rapidement, d'autre avec peine. Certains avaient du mal à tendre leur arc...J'aidais un jeune villageois, plaçant convenablement ses doigts sur la corde. L'index et le majeur raflant la surface de la corde, afin d'attendrir le tissu. Je raffermissais sa poigne sur la poignée de l'arc.

- Ton poing est le viseur, place ta flèche sur l’extrémité de ton pouce.

Il tremblait légèrement, mais il y parvint décochant la flèche parfaitement. Je lui souris, laissant Ismyr et Alëah gérer l'entraînement. Ils passèrent à la vitesse de décocher des flèches, à la visée. Tout ce qui devait prendre des années chez des Elfes, nous le faisions, certes en piètre qualité, en quelques heures. Cela ne suffirait peut être pas. Mais certains savaient à peu près convenablement manier un arc. C'était un progrès pour eux. Collaborer était difficile pour mes soldats, qui gardaient l'image d'Humains faibles et lâches qui nous avaient abandonnés à Ellyrion. L'affaire des bûcherons en Anaëh n'avait pas arrangé la chose, et se battre aux côtés d'Humains les mettait mal à l'aise. Je fis une réunion avec tous mes soldats, regroupant l'intégralité des Elfes pour leur parler. Nous nous installâmes dans le plateau, à l'extérieur des remparts. Une fois tous installés, je pris la parole :

- Je sais que cela met mal à l'aise beaucoup d'entre vous, de combattre aux côtés de ceux qui nous ont abandonnés
- C'est vrai, Capitaine. Pourquoi les aidons nous, alors que eux ne nous ont pas aidés ?
- Je comprends votre désarroi. Mais n'étiez vous pas contents de partir d'Aleändir pour ce combat ? De lutter contre les Drows et de leur faire payer leur existence ?
- Mais Capitaine, là...
- Là quoi ? C'est différend ? En quoi ? Voulez vous faire subir aux Humains les mêmes atrocités que les Drows nous ont fait subir ? Voulez vous voir des familles décimées et des enfants massacrés comme lors des assauts des derniers mois ? Des femmes violées, des enfants décapités ? Notre race est réputée pour être sage. Comportez vous comme tel. Vous êtes des Elfes, et rien que pour cela, j'exige de vous une intégrité, un respect vis à vis des Humains. Vous n'obéissez qu'un à une seule personne. Moi. N'obéissez à aucun ordre venant d'une autre personne que moi, si ce n'est le seigneur Hereon, Ismyr ou Alëah. Montrez l'exemple. Nous ne sommes pas rancuniers. De plus, Naelis est indépendant, et je suis sûr qu'Hereon saura reconnaître ceux qui l'ont aidés par le passé, pour construire un futur meilleur.
- A vos ordres, Capitaine.

Je retournais au village, satisfait. Mes archers se placèrent sur le plateau. Je devais m'entretenir avec Glenn à présent. J'avais élaboré une stratégie, pour surprendre les Drows. Rentrant dans la taverne qui était devenue le centre des opérations, je hélais Glenn et me dirigeais vers lui.

[pnj]

Lorsque l’armée d’Alonna avait atteint Naelis, ils avaient appris que le seigneur Hereon se trouvait au village de Ruven où il comptait stopper l’avance des drows puis les refouler hors de ses terres. Abandonner ainsi les murailles de la cité pour les palissades d’un village isolé pouvait paraître quelque peu risqué, mais Glamdring comprenait la logique de cette stratégie. De même que les gobelins, les drows agissaient en pillards et dévastaient les fermes dont Naelis tirait sa subsistance. Et de même qu’avec les gobelins, mieux valait se débarrasser d’eux aussi vite et aussi loin que possible de ses centres vitaux.

Avant de quitter Naelis, le nain tint malgré tout à passer dans une taverne afin d’étancher sa soif. Le malheureux tavernier qui se trouva ce jour là face à ce client d’une rare exigence s’entendit dire ce que Glamdring pensait de la qualité de sa bière. La moitié de la rue dut d’ailleurs également l’entendre, la tirade ponctuée de jurons nains ayant été plus beuglée que déclamée, le tout sous le regard hilare des soldats d’Alonna qui commençaient à connaître leur rugueux compagnon de route et son léger manque de tact.

Tout ça ne vaut pas une bonne caverne, fut le jugement maugréé par le nain en quittant Naelis.

Bref, l’armée poursuivit sa route jusqu’à Ruven où ils furent accueillit par le seigneur Hereon en personne, fort soulagé de voir arriver des renforts. Au vu de la puissance de l’ost drow, cela pouvait se comprendre. Un rapide tour de Ruven confirma Glamdring dans sa certitude qu’ils étaient mal embarqués. Certes le lieu, bâtit sur un massif rocheux, ne laissait que deux voies d’accès à l’assaillant : l’une sur le flanc nord et l’autre au sud-est, pour autant cela suffirait-il face à un ost drow ?

Les alonniens installèrent leur campement au niveau de la porte nord du village et commencèrent à fortifier la voie d’accès au plateau qu’il leur faudrait défendre. Le chemin était assez large et peu tortueux, suivant la courbe du rocher pour monter au plateau. Tout en regardant les soldats planter des pieux et installer des barricades, Glamdring se fit la réflexion que les assaillants allaient devoir payer un lourd tribut pour passer mais que si les drows réussissaient à percer jusqu’au plateau, les défenseurs se trouveraient dans une situation quasi-inextricable.

L’arrivée de l’armée d’Ydril fut la seconde bonne nouvelle pour les défenseurs. Venus de loin, les suderons seraient un atout de poids et l’espoir commençait à renaître à Ruven. Commençait seulement, car nul n’ignorait que même une alliance entre les hommes et les elfes aurait fort à faire face aux terribles sombres. Le soir tombait lorsque Glamdring se rendit à la taverne où les chefs tenaient un conseil de guerre. Bien que ne faisant aucunement parti de la hiérarchie, Sargril avait indiqué que le nain pouvait y assister, son expérience de vétéran et sa participation à de multiples guerres pouvant se révéler utile.

L’ancien garde royal alla sans façon s’asseoir à côté du commandant elfe, ricanant intérieurement à l’idée de l’effet que sa douce haleine d’oignon frais et de bière allait produire. On lui avait longuement expliqué que les elfes se trouvaient là pour les aider et qu’il fallait leur parler avec courtoisie, pour autant leur exhaler en plein visage son doux fumet n’était pas interdit. Tout en allumant sa pipe, le nain écouta Sargril qui, penché sur la carte, discutait avec Altiom, Aldaron et Glenn de la meilleure façon de briser l’armée drow.

Si les drows agissent selon leurs tactiques habituelles, ils vont d’abord envoyer des troupes sacrifiables pour tester et user nos défenses avant de lancer leurs meilleures unités dans la bataille. Vu que nous disposons de la position dominante pour nos archers, faire durer du combat est à notre avantage et permettra au capitaine Aldaron de prélever un lourd tribut sur les troupes adverses. Il va nous falloir mettre en place plusieurs lignes de défense le long des montées au plateau, chaque ligne disposant d’un sous-officier pouvant ordonner le repli, faute de quoi la débandade d’une unité entrainera un chaos indescriptible.

Revoyant mentalement la montée, Glamdring compris la tactique proposée par Sargril. La largeur des chemins ne permettant pas aux deux camps d’y déployer toutes leurs forces, un rude et indécis combat d’usure était à prévoir. Un système basé sur plusieurs lignes de défenses permettrait aux humains de faire payer cher aux drows leur avance dans la montée, les troupes faiblissant pouvant se replier derrière une nouvelle ligne garnie, elle, de troupes fraîches. Pour les drows qui allaient devoir combattre surplombés par les archers elfiques, la montée ne serait pas de tout repos.

Pour autant, les drows se moquaient des pertes et une panique au sein de leur rang demeurait peu vraisemblable, au contraire de ce qui pourrait se passer chez les défenseurs au fur et à mesure que la liste des pertes s’allongerait. Se penchant un peu en avant et se gratta vigoureusement la barbe, le nain prit à son tour la parole :

Vous avez beaucoup de miliciens ou de paysans qui n’ont jamais combattus. Et même parmi vos soldats combien ont déjà affronté les drows ?

Les regards se tournèrent vers le nain, un peu surpris de voir le petit être barbu se mêler de conversations qui au fond ne le concernaient pas vraiment. Mais pour avoir connu la bataille d’Almia et pour être hanté par les images des hordes de gobelins submergeant les défenseurs, Glamdring s’était promis de ne plus jamais laisser un tel désastre arriver. Bien qu’il ait agit par impulsion lors de sa décision de venir aider Naelis, désormais qu’il se trouvait dans le bain (façon de parler) il ne comptait pas prendre les choses à la légère.

Lorsque les drows arriveront, comptez sur eux pour tenter de terrifier vos hommes avant d’attaquer, et croyez bien qu’ils savent y faire. La meilleure défense n’est pas plus solide que le moral des hommes qui la garnissent, aussi il va vous falloir insuffler du courage à vos troupes face à la terreur qu’inspirent les drows.

Le nain n’avait pas encore réfléchit à ce qu’ils pourraient faire comme acte apte à redonner confiance aux défenseurs. Au-delà des insultes habituelles, il allait leur falloir trouver quelque chose de plus marquant. Un duel peut être ? L’orgueil des drows les amènerait à coup sur à relever un défi lancé par les assiégés.

Comme prévu, la grande salle de la taverne servit de salle de réunion. Une grande table avait été disposée au centre de la pièce, qui servait de support pour divers cartes et pions. Autour de la table, les principaux meneurs de l’alliance débattaient sur la marche à suivre. La plupart des officiers assistaient aussi à la réunion et la grande salle étaient pleine. Glenn commença par évoquer le positionnement des troupes et les rôles attribués à chacun. Tenir le croisement était un objectif vital pour la bataille à venir et Sagril, à qui revenait la tâche d’accomplir cet objectif, expliqua son point de vue sur la chose. En effet, la position surélevée donnait un avantage aux défenseurs et il fallait exploiter cet avantage au maximum. Le seigneur de Naelis avait prévu le coup et des séries de barricades étaient installés depuis peu au niveau du croisement. Aldaraon lui avait part quelques heures auparavant d’une tactique qu’il emploierait. Pour les archers du plateau, la surprise serait un atout important et ça, l’elfe l’avait très bien compris. De leur position, les drows ne devraient remarquer aucune présence sur le plateau… Etias, arcaniste de Naelis, prit ensuite la parole et expliqua qu’il placerait ses mages sur tous les fronts. Les mages de guerre devraient pouvoir assister l’ensemble des troupes en les protégeant de la magie adverse notamment. Glenn enchaina :

« Nous pouvons aligner près de deux-cents cavaliers, à l’intérieur des fortifications ils ne nous sauront d’aucune utilité. Utilisons les au mieux de leurs capacités en les chargeant harceler les flancs de l’ennemi et pourquoi pas, de provoquer leur fuite. Je mènerai en personne la cavalerie, Sagril, préparez vos archers montés, demain matin nous quitterons le village pour rejoindre les bois au sud. Nous aurons un petit aperçu sur le champ de bataille et Etias se chargera de nous donner le signal. »

Attendre à l’extérieur des fortifications ne lui plaisait pas trop, il aurait un maigre aperçu sur le champ de bataille et aucun ne contrôle sur le reste de troupes. Mais sa tâche était des plus cruciales, surprendre les drows par derrière une fois la bataille bien entamée pourrait belle et bien leur donner l’avantage. Un nain se détacha du groupe des officiers et s’approcha de la grande table. C’était le dénommé Glamdring, unique représentant de sa race, qui avait accompagné l’armée d’Alonna. Il évoqua une notion importante du combat, le moral, qui pouvait manquer aux miliciens et même aux plus aguerris des soldats. Glenn lui répondit instantanément :

« Messire Nain, je suis prêt à parier que de nous deux, je suis celui qui as le plus combattu les drows. Mes soldats ont quant à eux tous participés à la bataille d’Alonna et cela fait plus de six ans que nous repoussons sans cesse des bandes de pillards drows. Quant aux miliciens, ces hommes ont vécus assez longtemps sous le joug des sombres et ont déjà faits les frais de cette terreur et maintenant, leur haine dépasse leur peur. »

Altiom proposa ensuite de faire un discours pour l’ensemble de l’armée. Il avait raison, le discours de l’avant-veille, comme on l’appelait dans le jargon, pouvait donner un impact important sur la bataille à venir. Et à l’adresse des officiers :

« Faites rassembler vos hommes sur le plateau immédiatement, nous ne savons pas quand les drows attaquerons, mais une chose est sûre : c’est pour bientôt. »

Une petite heure plus tard, près de deux-milles soldats étaient donc rassemblés sur le plateau, faisant face à leurs quatre représentants : Altiom, Sagril, Aldaron et Glenn. Le soleil était en train de se coucher ce qui créa une ambiance fort propice à la situation. Altiom invita Glenn à parler le premier. Des discours, Glenn en avait prononcé un bon paquet. Ce n’était pas un grand orateur mais il jouait de son charisme pour augmenter la portée de ses phrases. Seulement, là, les mots lui manquaient. Il refusa d’un geste de la tête et laissa la place à l’Archonte, d’un geste de la main. Altiom prononça des paroles pleines de convictions, ayant un mot pour chaque armée présente. Comme pour achever cette longue tirade, Glenn s’avança à son tour, dégaina son épée et la brandit bien haut dans le ciel.

« Soyez sans pitié, battez-vous avec force et courage ! Que votre lame soit rapide ! Que votre esprit soit sans peur ! Car NOUS n’avons pas le droit à l’erreur ! »

Quelques cris partirent des Chevaliers de Naelis et les soldats brandirent à leur tour leur arme en beuglant des « Morts aux Drows ! » et autre. Glenn laissa ensuite la parole à ALdaron et à Sagril, si ces derniers avaient quelque chose à rajouter. Le seigneur Hereon était vraiment fatigué et il se coucha tôt cette nuit-là, car cette nuit pouvait très bien être sa dernière…

HRP:

Je n'eus pas le loisir de lui demander ce que j'avais à dire. Ce qui n'était pas si grave, ce n'était pas très important. Il me demanda de m'asseoir, car le conseil allait débuter. Les récentes arrivées des deux armées alliées de Naelis, les armées d'Alonna et d'Ydril avaient rejoints Ruven quelques minutes avant. Le baron d'Alonna, un certain Hanegard Kastelord, avait mandé 400 soldats à Naelis. Et...un Nain. Je n'en avais que très peu vu, le seul que j'avais rencontré était Dun Eyr, que j'avais combattu durant l'invasion des Drows quelques semaines auparavant. L'armée d'Ydril était quand à elle menée par son dirigeant, Altiom d'Ydril, un combattant joyeux et ivre de joie, heureux de vivre malgré ces temps troublés.

La taverne servait de quartier général, où les chambres avaient été réquisitionnées pour servir de logis aux commandants : Glamring le Nain, Altiom d'Ydril, Glenn Hereon et bien sûr moi. Mais j'avais préféré loger avec mes troupes, au sud du village. Le conseil avait commencé. Le Nain, qui sentait la bière et l'ail, prit place à mes côtés. Je le saluais d'un signe de tête. Après quelques minutes de discussion, il prit la parole :

- Vous avez beaucoup de miliciens ou de paysans qui n’ont jamais combattus. Et même parmi vos soldats combien ont déjà affronté les drows ? Lorsque les drows arriveront, comptez sur eux pour tenter de terrifier vos hommes avant d’attaquer, et croyez bien qu’ils savent y faire. La meilleure défense n’est pas plus solide que le moral des hommes qui la garnissent, aussi il va vous falloir insuffler du courage à vos troupes face à la terreur qu’inspirent les drows.

- Messire Nain, je suis prêt à parier que de nous deux, je suis celui qui as le plus combattu les drows. Mes soldats ont quant à eux tous participés à la bataille d’Alonna et cela fait plus de six ans que nous repoussons sans cesse des bandes de pillards drows. Quant aux miliciens, ces hommes ont vécus assez longtemps sous le joug des sombres et ont déjà faits les frais de cette terreur et maintenant, leur haine dépasse leur peur.

- Seigneur Hereon, affronter des pillards est autre chose qu’un ost entier. J’étais à Ellyrion. J’ai vu toute la puissance des Drows face à deux milliers d’Elfes. La bataille d’Alonna n’était rien, tant qu’en enjeu et au nombre déployé, comparé à la bataille d’Ellyrion. Maître Nain à raison. Mes archers ne fléchiront pas. En revanche, je ne peux pas garantir que certains de vos plus jeunes guerriers fléchissent devant l’ennemi. Mes guerriers sont des expérimentés des affrontements entre nos races. Le courage est une chose, mais le leur donner en est une autre. Un discours serait de mise. En revanche, Seigneur Hereon, bien que mes soldats privilégient le combat à distance, ils sont équipés pour faire face à du combat direct, et à ce titre peuvent également servir de combattants.

Le conseil se poursuivit, et une entente se forma pour motiver les troupes, quelques heures précédant l'arrivée des Drows. Les quatre dirigeants se trouvaient sur le rempart qui faisait face au plateau, ce dernier étant rempli de l'intégralité de nos troupes, soit un peu moins de deux milliers de soldats. Ce fut Ydril qui parla le premier. Il harangua la foule avec un discours guerrier et violent, qui provoqua un vif enthousiasme chez les troupes. Puis ce fut au tour de Glenn, qui parla brièvement. Il se recula légèrement, me laissant le choix de prononcer quelques mots. Je pris mon inspiration, m'avançais et fis face aux soldats. A peine que ma bouche s'ouvrit, mes éclaireurs hurlèrent de joie. Je souriais légèrement, levant la main pour les faire taire.

- Dans quelques heures, le calme et la beauté de ces plaines seront remplacés par les cris et les combats. Dans quelques heures, Ruven s’élèvera face à un envahisseur que trop de peuples haïssent ! Un envahisseur, responsable de massacres dans toutes les contrées ! Un envahisseur qui n'a aucune considération de la vie, qui n'a pas de pitié, qui nous ôte ce que l'on a de plus cher au monde !

Je marquais une pause.

- Il ne nous appartient pas de savoir notre destinée. Mais nous pouvons agir, lutter et persévérer pour survivre, et repousser l'inévitable. Il est temps de lutter pour nos convictions, de repousser les Drows qui massacrent nos semblables, que nous soyons Humains, Elfes ou Nain ! Pensez à vos femmes ! Pensez à vos fils et à vos frères ! A vos maris et à vos filles ! Pensez à tous ceux que les Drows vous ont enlevés ! Ce soir, vous avez l'occasion de faire goûter aux Drows le goût de la vengeance et de la haine, qui sera votre bras armé pendant la bataille. Nous mêmes, Elfes, n'avons que trop subis les actes des Drows en nos terres ! Il est temps que cela change ! Il est temps que les peuples se soulèvent, que la tyrannie cesse son joug oppresseur et meurtrier, que les Nations s'unissent et triomphent de leur seul ennemi en commun ! Ce soir, combattez ! Pour tous ceux qui vous sont chers ! Pour Ruven !

Les Humains et les Elfes hurlèrent en agitant leurs armes, provoquant les tremblements de la terre et de la pierre, sentant en leurs cris leur fougue et leur rage reprendre le dessus.

Bien que dans une situation sans espoir, l'elfe semblait peu affectée par une quelconque peur ou crainte. Pour la Da'ron ce n'était pas une déception de le constater car elle savait qu'on ne pouvait rien tirer de pleutres versant toutes les larmes de leur corps en espérant qu'on les épargnasse, ce genre de personne dirait n'importe quoi pour faire plaisir. Et même si les elfes étaient un peuple haïs ils étaient quand même un niveau au dessus des humains.
L'objet le plus intriguant était de savoir pourquoi des humains acceptaient d'être commandés par des elfes et pourquoi cette femme travaillait pour un humain naïf. Il devait y avoir de nombreux parias dans cette région et tout pouvait arriver en vérité. Saenathra ne devrait pas tellement chercher le pourquoi du comment, au contraire elle imaginait comment elle pouvait tirer profit de la situation cet les situation les plus singulières étaient celles qui avaient le plus de potentiel.

En "temps normal" il est vrai que je ne souhaiterais pas savoir dans quel lit une elfe, en dehors de sa forêt, se glisse. Mais je crains que ton rang ne te rende intéressante pour mon entreprise. Tu n'a donc guère le choix face à mes questions et je saurais ce que je veux savoir .. avant que je n'ordonne ta mort évidemment.

Il n'y a aucun honneur à te donner mon nom, tu l'entendra certainement plus tard. Ne crois pas qu'il y aura une telle frivolité que l'honneur entre nos deux espèces.

Inutile de s'énerver face à cette petite elfe qui pensait pouvoir tenir tête à la commandante d'une armée entière de Drows. Glinaina était une ennemie servant dans l'armée adverse donc il importait de savoir quelle était sa mission. L'attaque de Ruven allait bientôt avoir lieu et la présence d'un officier sur le terrain indiquait un probable mouvement ennemi. D'un autre coté il était étonnant d'envoyer un tel gradé aux commandes d'une si petite troupe d'éclaireurs, peut être était ce un coup de chance d'avoir mis la main sur elle ou alors l'elfe était elle en mission de reconnaissance.
La question se délia d'elle-même lorsqu'un Drow vint apporter à la Da'ron une lettre cachetée retrouvée dans les affaires des prisonniers. Sous le regard de Glinaina la Drow ne fit que peu de cas du cachet et ouvrit le message, lisant en silence le contenu. Un sourire d'amusement vint éclairer son visage alors qu'elle finissait, tout était clair maintenant sur la présence de l'elfe en pleine campagne. D'un regard triomphant, Saenathra reposa ses yeux sur sa prisonnière, la lettre dans sa main en évidence.

Je vois que mademoiselle le lieutenant a fait un long voyage. Je suis certaine que la Prime Sorcière sera très intéressée par cette lettre, je vais d'ailleurs la lui envoyer sur le champs.
Pour te remercier je pense que tu va continuer ta mission de coursière, cette fois j'ai besoin d'envoyer un message à ton maître d'humain.
Mais je ne possède ni encre ni parchemin enluminé donc tu va devoir porter ce message avec ta chair et ton sang.

La Da'ron se tourna vers ses sbires et se mit à parler d'une voix ferme. Confiez cette Elfe au bourreau Karlhian, qu'il me la prépare pour une séance de "parade". Il est libre de faire ce que bon lui semble mais qu'il me la garde en vie et en un seul morceau. Son compagnon également.

Plusieurs Drows s'emparèrent des prisonniers pour les mener ailleurs dans l'armée. Autour d'eux les rangs des soldats se remirent en marche vers leur destination mais la nuit allait certainement être très longue pour les survivants de la patrouille.