Renaître des cendres. | Azmurael

"Eh bien, je ne sais point ce que j'ai ingurgité, mais ce fut plaisant..."

Azmurael était parti des alentours de Yutar plus d'une semaine auparavant. Il avait parcouru de longues routes poussiéreuses, et traversé des villages de plus en plus petits, car il se rapprochait des terres Drow. Et les Drow n'étaient vraiment pas commodes. Dans l'un des derniers villages traversén il avait remarqué une femme médecine, qui devait sans doute posséder quelques pharmacopées. Il l'avait approché, et avait feint une grande douleur. Elle lui avait alors vendu un produit, fait à partir de plantes locales, censé calmer la douleur. Elle l'avait toutefois prévenu qu'il y avait de possible effets secondaires. Il lui aurait presque ri au nez. C'était ça qu'il cherchait.

Il était donc repartie, après avoir passé une fort mauvaise nuit couché sur une paillasse miteuse. Pour se soulager de l'infernale monotonie des paysages désolés, et de la longueur de la route pleine de caillasse, il avait ingurgité l'étrange préparation. Le problème, c'est que maintenant, il était paumé, et que en plus il se trouvait en plein territoire Drow ! Néanmoins, l’expérience avait été fort plaisante, et il ne décida que de conserver ce souvenir agréable.

« Ma foi, les territoires Drow sont un peu monotones. J'osais espéré plus de fantaisies de leur part... Enfin bon, c'est de toute façon vers là que me conduit ce périple... »

Périple fort intéressant, il est vrai. Néanmoins, une légère brume d'inconscience flottait sur ce doux projet, qui était tout simplement s'introduire dans les quartiers du Puy d'Elda, et de voir si les connaissances magiques des Drows était si poussés que ça... Pas de tentative de combat en vérité, non seulement le vol de quelques traités intéressant sur la magie... Ils en avait sûrement largement assez pour qu'il en dérobe un ou deux... Enfin, pas voler, ni dérober . Le terme emprunter a très long terme conviendrait mieux.

Azmurael marchait donc, dans les plaines du sud de la contrée de Miradelphia. Son grand manteau noir claquait dans le vent fort qui soufflait, et il se félicita d'avoir la présence d'esprit de ne jamais s'en séparer. Son visage était rongé par une importante barbe poivre et sel, et, il marchait aidé d'un bâton noueux. Il chercha un foulard dans l'une de ses nombreuses poches, et le noua autour de son visage, afin de protéger son nez et sa bouche. Le vent soufflait très fort par ici...
Il vit néanmoins de la fumée, et se dit qu'il valait mieux s'en approcher. Sans doute des Drow qui lui apprendrait les charmantes coutumes de leur charmant pays.

S'approchant d'avantage, il vit que la fumée était importante, et se dit qu'il assistait à un feu naturel, sans doute fréquent dans les environs. Intrigué, il se rapprocha encore, et vit, au sommet d'une colline, une cercle d'arbres fumants et craquetant, bruit dû à la fournaise qui régnait dans leurs branches. Il s'activa, et grimpa au sommet de la colline.

Il s’arrêta surpris. Au sommet de la colline, balayée par le vent, se trouvait un cratère, d'environ neufs pieds de diamètre. Et là, assis, se tenait un elfe noir, entièrement nu, gisant a quelques mètres d'une épée et d'un impressionnant marteau. Ah, et il y avait aussi une bourse...

Il trouva étonnant que le drow ne l'avait pas déjà vu et invectivé, mais il s'approcha tout de même, posant précautionneusement son bâton au sol, afin d'être plus libre de ses mouvements. De toute façon, s'il fallait se battre, il l'aurait plus gêné qu'autre chose. Au fur et a mesure qu'il se rapprochait, il put détailler l'elfe. Il était grand, fin et musculeux, comme la majorité des elfes noirs. Mais son visage était peut être un petit peu plus fin que ses confrères, l'une de ses mains était atrocement brûlés, comme par de l'acide. Néanmoins la blessure semblait vielle. Et ses yeux. Deux miroirs blanchâtres avec un soupçon d'or, montrant la raison pour laquelle le drow n'avait pu le voir.

Azmurael prit un peu de son courage, et lança une phrase au guerrier Drow, a une bonne distance tout de même. Il était certes fou et la plupart du temps, drogué, il n'en était pas moins prudent. S'il pouvait éviter de finir étêté, il choisirais cette option...

« Hola, Guerrier Drow. Ce n'est pas un lieu où se reposer, et tu dois être exténué, pour ainsi coucher par terre. Mon nom est Azmurael, mage errant, et vagabond. Ma foi, mon plaisir serait grand d'apporter une quelconque aide à votre enveloppe corporelle qui me semble en difficulté. Ne comprenez pas par là que je suis une homme médecine, loin de là, mais je puis, je pense aider à oublier votre douleur. Quant à mon être, ne vous interrogez pas sur ma présence en ce bas monde... Je présume que la vôtre est bien plus intéressante.»

Azmurael observa l'étrange drow avec amusement, tandis que diverses émotions s'imprimait sur son visage. Il sentit d'abord la colère, et vit avec inquiétudes les impressionnants muscles de l'elfe se bander, prêt à lui coller une raclée dont il se souviendrait...
Mais elle passa très vite, et Azmurael, soulagé observa la résignation de l'elfe noir, forcé de traiter avec une race jugé inférieure. Le mage rit de cette prétendue supériorité... Les Drow étaient finalement très drôle, pour avoir réussi a se maintenir avec un tel aveuglement. La race ne prédispose en rien des qualités futures d'un être... Celles ci sont laissés au bon vouloir des puissances supérieures. Et le mage dut avouer que son interlocuteur avait été gâté...

Il se mit à lui parler dans un dialecte humain approximatif, et utilisa un mot Drow : « ssussun ». Sans doute un mot pour « étranger ». Il se dit victime d'un incident magique, et dit se nommer Ryld.
Azmurael, s'il se foutait royalement du nom de son interlocuteur, était déjà plus circonspect quant à la teneur d'un quelconque incident magique... Surtout de la part d'un pyromancien. Certes, les arbres étaient brûlés, et certes il y avait un cratère attestant de la présence d'une explosion, mais il émit toutefois quelques doutes. Déja, un accident produisant un aussi impressionnant cratère ne pouvait que tuer l'être à l'origine de l'accident... De plus, aucune trace de brûlures sur le corps du Drow, ou tellement légères qu'elles indiquaient que le soit disant Ryld s'y était préparé...

Non, décidément, ils ne pouvait se résoudre à croire son interlocuteur. Il décida toutefois de jouer le jeu, ne tenant pas a ce que l'elfe, bien qu'aveugle, n'écrase ses espoirs de survie d'un impressionnant coup de marteau.

« Permettez que je fume ? » 

Sans attendre la réponse, il sortit une pipe, qu'il bourra de tabac. Pas d'herbes pour le moment, il voulait sonder es intentions de son hôte... Il prit ensuite un silex et un amadou, avant de faire jaillir une étincelle, qui embrasa sa pipe. Il tira dessus, et tandis que le tabac rougeoyait, il laissa partir dans les airs quelques jolis ronds de fumée. Il s'autorisa une courte réflexion, choisissant avec soin les mots avec lesquels il allait s'adresser au Drow. Il décida de commencer par répondre à sa question.

« Messire, je puis vous indiquer, avec ma connaissance géographique toute relative de cette région, que nous sommes en Ithri'Vaan. Je crains que votre cécité ne vous permettre d'admirer des panoramas de toute beauté, et je pleure pour vous. Mais cessons en palabres poétiques, je vis bien que vous ne m'appréciez guère, mais il me semble que nous avons besoin l'un de l'autre. Une relation a bénéfice réciproque vous semble t elle envisageable ? On appelle cela du mutualisme, bien que votre esprit d'elfe étroit ne vous permette peut être pas de comprendre cela... »

Il était ouvertement moqueur, et s'amusait énormément. Un compagnon colérique ne le satisferait absolument pas... Ce qu'il faisait passer pour de l'outrage à peone voilée était en fait quelque chose permettant de tester son compagnon d'infortune. Il s’arrêta un instant, savourant sa pipe, et lâchant encore quelques ronds de fumée. Puis, il reprit, d'un ton plein de malice :

« J'ai néanmoins une question. Vous êtes un arcaniste Drow, vous avez sûrement quelques connaissances au Puy... Pensez vous qu'il me soit possible d'emprunter quelques ouvrages Drow sur la magie ? Si ce n'est pas la cas, je pense toutefois que vous pourriez m'être utile... Néanmoins, je comprends absolument votre réticence de s'associer avec moi, un simple humain, aussi, serais je ravi d'entendre vos conditions, messer. »

Cette foutue pipe qui n’arrêtait pas de s’éteindre ! Azmurael sortit une fois de plus son amadou, et il réussit à tirer sur sa pipe environ trois secondes, avant qu'elle ne s’éteigne mystérieusement... Il vida le fourneau, vérifia que le tuyau n'était pas encombré, et après une longue vérification, il en déduit que Mogar, dieu de Feu, en avait vraiment après lui... A moins que le pyromancien qui se tenait face à lui, explique une partie de cette bizarrerie. Ce Ryld,, ma foi, avait l'air plus intelligent que ses pairs... Non pas qu'il ne remette en cause l’intelligence et le savoir Drow, mais leur manque de savoir vivre était absolument insoutenable... Et ce Drow, comme une fleur, lui lançait une gentille petite pique, alors qu'il bouillait intérieurement, a en voir l'expression de son visage. Néanmoins, le mage tiqua lorsque le pyromancien commença à le tutoyer... Passant outre, il déclara :

« Ma foi, un Drow voulant apprendre d'une race qu'il considère comme inférieure... Voilà de quoi sérieusement se remettre en question. Comprenez, messire, que le mutualisme, est une relation entre deux individus d’espèce différente, comme par exemple, certains poissons nettoyant les dents des requins. Il y a bénéfice réciproque en effet, car si le requin ne mange pas le poisson, c'est qu'il y a une raison ! Le poisson mange les restes de nourriture accrochés au dents du requins, tandis que le requin se fait faire sa petite toilette, si vous me passez l'expression. Le Mutualisme, mon cher, est exactement l'inverse de la compétition, que se livrent deux espèces afin de dominer un territoire pour sa survie... Ainsi, si Drow et humain, en tant que race, sont dans un relation de compétitivité, on peut aisément concevoir une relation mutualiste entre deux individus. Qu'en dites vous ? »

Il laissa son interlocuteur réfléchir à sa déclaration, tandis qu'il cherchait un moyen de fumer, sans que cet elfe arrogant l'en empêche... N'en trouvant aucun de satisfaisant, il se résigna à fumer plus tard. Il se gratta la tête un instant, avant de interroger son compagnon d'infortune :

« Je comprends avec aisance la raison de votre refus... Mais permettez moi d'insister. Je puis vous aider dans quelque tâche que vous voulez accomplir, et en échange, et bien, vous devez sans doute posseder quelques vieux traités qui traînent dans votre bibliothèque, n'est ce pas ? »

Il s’arrêta songeur, et regarda son interlocuteur. Son regard qui regardait par dessus son épaule avait de quoi surprendre, et Azmurael hésita à se retourner, avant de se souvenir qu'il était aveugle. Il était toujours nu, mais tenait son marteau et son épée dans les mains, posés négligemment au sol. Il n'avait pas de blessures apparentes, à part de petites griffures, qui se trouvait dans son dos, et qu'Azmurael ne pouvait distinguer avec netteté. Il dut avouer que traîner avec un Drow nu n’était pas vraiment habituel, et se dit qu'il faudrait lui trouver des vêtements... Quant à la suite des événements, et bien, face au prochain refus du Drow, il fallait dès maintenant y songer...

«Messer, il va falloir vous trouver des vêtements. Je peux vous prêter quelques frusques, mais je pense qu'il seront trop petit pour vous. Mais, essayons tout de même. »

Il lui tendit un paquet de vêtement qu'il sortit de son manteau, enfin, paquets de vêtement, c'était en réalité un pantalon grisâtre, associé d'une tunique verte, qu'il lui servait actuellement d'oreiller, et qu'il avait récupéré sur un marché...
Il évalua rapidement l’état de santé du Drow, qu'il jugea assez bon, mais il fallait faire quelques choses pour ces étranges griffures... Il prononça alors, d'un ton malicieux :

« Permettez également que je jette un coup d'œil à vos blessures, je crois avoir en ma possession quelques bandages dans mon manteau qui pourrait bien vous être utiles. Allons, tournez vous, il faut bien que quelqu'un s'occupe de cela... Je ne suis point un homme médecine, je crois vous l'avoir déjà souligné, mais je sais traiter éventuellement les blessures superficielles. Évitons qu'elles ne s'infectent, je crois savoir que le dos est une partie du corps difficilement soumise à l'amputation. »

Il réfléchit un instant, ressortant sa pipe éteinte, qu'il tenta une nouvelle fois d'allumer. Encore un échec... Quelle allez être la suite des opérations ? Un flou total englobait ses pensées dés qu'il songeait a cet épineux problème. Toujours est il qu'ils allaient devoir bouger, parce qu'il commençait a se faire tard, et que dormir dans un cratère, entourés d'arbres qui brûlent n'était pas nécessairement une très bonne idée... Mais quant à la direction à choisir, elle allait dépendre de la réponse du Drow, hostile a tout type de projet venant du mage errant... Il ne serait pas surpris que Ryld mette à profit ses compétences naturelles pour lui fausser compagnie. Et dans ce cas là, le vagabond allait être dans une belle mouise. L' Ithri'Vaan... Une région fort intéressante ma foi, mais qu'il ne connaissait absolument pas ! Ainsi, c'est d'un ton plaisant qu'il prononça les mots suivants :

« Messire Ryld, je crains qu'il faille envisager un départ rapide de cette colline. Je vous apprecie, messire, vous et votre subtilité. Veuillez acceptez mon accointance, et partons comme deux compagnons de voyage, du moins, après la présentation de vos projets futurs. Mais, avant cela, pourriez vous m'aidez à allumer ma pipe, je crains qu'un esprit malin essaye à tout prix de m'enlever ce petit plaisir... »

Le mage regarda son homologue Drow, face à lui, et ma foi, il devait avouer qu'il s’amusait beaucoup. Le visage du Drow avait pris quelques expressions qui auraient méritées d'être esquissées par un artiste... Sa confession d'ignorance avait déjà du lui coûter, mais il ne s’attendait sûrement pas à ce que le mage lui débite un monologue sur la théorie de l'évolution... Mais le Drow n'avait pas répondu à son interrogation, et le mage se dit que finalement, la question ne l’intéressait pas... Et pourtant, les Drow allait finir par disparaître, c'était inéluctable. Cela prendrait sans doute plusieurs centaines d'années, mais les humains en viendrait à bout, s'étalant et grignotant leurs territoires, jusqu'à ce que la splendide armée Drow ne soit plus composé que de gueux armée de faux, face à un roi désireux de les éradiquer de la surface de la terre. Lorsque l'on se trouve en infériorité numérique, la bravade, et le ton hautain ne sont pas vraiment à adopter... Cette race était vraiment amusante, tellement extrême qu'elle en était presque caricature d'elle même.

Mais l'individu qu'il avait e, face de lui était réellement différent. Azmurael ne savait dire pourquoi, mais instinctivement, il sut que l'elfe n'était pas vraiment qu'un elfe. Mais il laissa ses sentiments de côté, et se força a le considérer comme un Drow habituel. Si celui ci manifestait une ouverture d'esprit inhabituelle (la preuve, il avait encore une tête...), on sentait tout de même que la condescendance restait son trait le plus marqué. Et il y avait matière à jouer avec cela, étant donné que l'elfe ne pouvait pas (encore) se permettre de l'abattre. Quitte à s'amuser, autant le faire jusqu'au bout...

Petit poisson... Il ne manquait pas d'air cet elfe. Mais ma foi, c'était bien trouvé. Azmurael, un tantinet vexé par cette remarque, répliqua, sur un ton tout aussi acidulé :

« Que le requin n'essaye pas de croquer le poisson, il pourrait s'y casser les dents. Tout cela dit, bien entendu, sans animosité aucune. »

Quant à sa proposition de rémunération contre service, et bien... On peut dire que le Drow était résistant. Mais il lui proposa, avec un sourire sadique, d'aller voir un de ses confrères... Comme si le mage était assez fou pour aller se coller dans les pattes d'un mage Drow... Mais qu'est ce qu'il faisait là ? Hmm, finalement, la proposition du Drow l’alléchait, bien qu'il sentit la raillerie dans sa voix. Il décida de ne pas réponde a cette provocation et ma foi, qui sait s'il n'allait pas parvenir à ses fins ?

Le Drow s'habilla, et lui rendit la tunique, jugée trop petite.

« Décidément les Drow n'aiment pas les nains », murmura le mage à lui même.

Puis il lui prit des mains quelques bandages avant de s'enrouler la main gauche avec, mécaniquement.Il refusa par contre sa proposition de le soigner, et Azmurael l'accepta avec joie. Il n'aurait sans doute fait qu'aggraver les choses... Après avoir protéger son membre gauche, il commença à s'équiper de ses baudriers, pour ensuite y glisser ses armes. C'est donc l'épée au côté et le marteau dans le dos que le Drow l’interrogea sur la direction dont il provenait. Azmurael eut un souvenir moqueur. Il déclara :

« Serait ce le mot « perdu », que vous avez du mal à comprendre messire ? Je ne peux vous répondre à cette question pour plusieurs raisons. Déjà, je ne connais absolument pas cette région, comme la définition du mot perdu peut le laisser envisager. Ensuite, je possède un très mauvais sens de l'orientation. Et pour finir, voilà une autre application de cette belle définition : Je ne me souviens pas de mes actes se situant avant il y a quelques heures. Qui sait si je n'ai pas tourné autour de cette colline pendant plusieurs jours ? Je crains de ne pouvoir vous aider... Mais si vous tenez à avoir une direction, je peux vous indiquer que j'ai grimpé cette colline par cette face. »

D'un geste théâtral, il indiqua la direction du sud est. Puis il s’arrêta un instant songeur, ses yeux fixant un point à l'horizon. Il reprit peu a peu ses esprits, avant de déclarer à l'elfe :

« Par contre, je n'ai jamais entendu de cette route, de Thaar. Où mène t elle exactement ? Il y a t il une localité se nommant Thaar dans votre accueillante région ? Sinon, je dois avouer ne pas comprendre la nomination de cette route...  Mais pour ce qui est de la direction a suivre, je vous fais confiance.»

Puis il sortit sa pipe, qu'il réussit à allumer sans peine cette fois ci. Il tira dessus quelques bouffées, avant de cracher quelques magnifiques ronds de fumée. Retirant sa pipe de son bec, il déclara :

« C'est avec une joie non feinte, que je voie que l'esprit farceur a décider de se retirer, messire le Requin. Je dois posséder une deuxième pipe dans mon manteau. Voulez vous partagez un peu de tabac avec moi ? »

Le mage écouta avec attention l'elfe parler. Au fur et a mesure qu'il l'écoutait, son esprit bouillonnait, tant l'arrogance de ce Drow stupide lui pesait. Le pseudo supériorité de sa race lui donnait franchement envie de vomir. De toute façon, les requins n'était vraiment pas une bête très attractive... Bien qu'ils soient bien moins dangereux que ce Drow aux dents longue... Mais le petit poisson n'était pas démunie non plus, et quitte a prendre une raclée, il allait montrer au Drow une autre façon de penser :

« Messire. Il me semble entendre du sarcasme dans votre voix... L'explication n’était pas un voile. J'étais sincère messire. Mais actuellement, vous n'êtes non pas une espèce mutualiste. Non vous êtes un parasite arrogant, dont le ton me déplaît. Un parasite avec un pouvoir très élevé, je n'en doute as, mais un parasite tout de même ? Qu'ai je a faire d'une quelconque direction a prendre, étant donné que ma vie n'est absolument pas dirigé par une entité quelconque, ou même une volonté quelconque ? Vous me donnez une forte envie de vomir, vous et vos préceptes propagandistes à l'encontre de toute évolution, allant jusqu'à prôner une domination absurde d'une race absolument pas crédible ? »

Il tira une grosse bouffé sur sa pipe, et souffla sa fumée sur le visage de son interlocuteur. Il recula vivement, avant de continuer :

« Vous vous complaisez dans une luxure démente et dans un culte a faire vomir l'humain le plus stupide ayant jamais existé sur ce monde. Vous ne vous remettez jamais en question. Dans votre cerveau, il est graver « Drow Domine. ». Il devrait plutôt y être écrit « Drow stupide ». Je vous agresse messire, car la suggestion semble trop fine pour votre cerveau aliénée par un bourrage de crane vomitif. Vous ne vous rendez m^me pas compte du pouvoir qu'ont les mots, car vous ne les comprenez même pas. Ne pensez vous pas que chaque individus sur cette terre possède un certain pouvoir, et que ce pouvoir, mit bout à bout, dépasse vs rêves de grandeur les plus fou ? Pensez vous réellement que la force à une quelconque influence sur des gens, qui ne savent même pas ce que vous êtes ? Pauvres elfes sombres stupides... L'évolution naturelle n'est censé ne garder que les plus aptes à la survie, ce qui présente des avantages. La complaisance dans la barbarie et dans la cruauté envers sa propre espèce , ainsi qu'une forte tendance au comportements guerrier vous assurent une déchéance propre et rapide, un déclin extrêmement net. Vous êtes forcés d'évoluer, mais vous, vous revenez aux comportements primaires, initiaux, avec un raffinement pour les choses les plus inutiles extrêmement marqué. »

Il s’arrêta, reprit son souffle, rangea sa pipe, après avoir vidé son fourneau, et remit en place son grand manteau noir. Il prit une pierre dans son manteau, taillé, de forme sphèrique, qu'il serra dans la main gauche. Puis il reprit :

« Mais contrairement à vous, parasite gigantesque, dont la comparaison avec un pou ne saurait souffrir, et dont l'arrogance, le mépris et l'ingratitude sont les maîtres mots, ma philosophie est solidaire. Et bien que manifestant un fort dégoût pour les arriérés de votre race, je puis toutefois vous indiquer l'Ouest. »

Il se déplaça vers l'ouest, et il prit l'elfe par le bras, et le tira e, direction du soleil couchant. Il s’arrêta, contemplant l'énorme boule de feu embrasant l’atmosphère. Il fut pris d'un pincement au cœur, et déclara :

« La cécité doit vous peser. Jamais un sens tel que la vue ne devrait vous priver du spectacle de contempler un paysage magnifique... La réalité est des plus importante, et c'est pour cela que certains cherchent à la fuir... »

Il avait murmuré la dernière phrase, comme adressé à lui même. Il décrispa son poing gauche mais ne rangea pas la pierre pour autant. Il réfléchit a une manière d'amener les choses, et dit, la vois rauque d'avoir tant parlé :

« Êtes vous du côté de l'évolution, messire Ryld, ou considérez vous mon discours comme inutile ? Dans ce cas, il vaut mieux que notre chemin se sépare. Mais dans le cas contraire, et bien, je choisirais l'option de nous diriger vers Aduram, car c'est un lieu que j'aime. Quel est votre avis sur la question ? »

Le drow n'était donc finalement pas dénué de sentiments... Intéressant. Voila qui allait être amusant. Le provoquer avait parfaitement marché... Même s'il faisait mine de ne pas entrer dans son jeu. Une sacrée subtilité. Mais moins intelligent qu'il ne le pense. Enfin.

Azmurael retira son masque de colère, avant de se composer un visage cynique :

« Ma foi, messire, vous prenez la mouche. Il y a de quoi je dois l'avouer. »

Un sourire béat éclairait son visage. Les drow. Une race très intéressante, et peut être que l'inimité abordé au premier abord n'était qu'un réflexe immunitaire...

« Mais je dois avouer que l'histoire est écrite par ceux qui font la guerre. Et je dois admettre que leurs versions sont parfois sujette à quelques exagérations... Enfin, je dois reconnaitre que vous m'apprenez quelque chose sur ce trait typiquement humain, qui est de prétendre savoir beaucoup, alors que l'on ne sait pas grand chose... Voyez vous, s’avancer a faire des généralités est déjà une preuve de faiblesse... Et je dois avouer que j'ai quelques accès de faiblesses... »

« Le plus souvent lorsque je suis en capacité de penser clairement... » murmura t-il doucement pour lui même. Il s’arrêta pensivement, et déclara au Drow :

« Dirigeons nous vers l'ouest. Nous pourrons continuer cette discussion en chemin, n'est ce pas ? »

Il rajusta son manteau noir, et observa l'elfe sombre ramasser ses affaires. Puis il partirent en direction de l’énorme boule de feu, qui embrasait le ciel de ses couleurs mordorées. Après avoir parcouru une lieue, Azmurael, songea que la conversation n'était pas des plus passionnantes, et bien qu'il fut sûr que son interlocuteur ne sauterait pas de joie en le voyant reprendre la parole, il se risque a prononcer quelques mots :

« Messire, vous m'en voyez désolé si le terme parasite ne vous sied pas, mais parasite n'est pas exactement un terme péjoratif... Si la relation de parasitisme existe, c'est qu'elle est utile et prends en compte la rigueur d'un équilibre naturel. Si le parasite peut sonner comme péjoratif dans l'esprit de bien des personnes, il est en réalité nécessaire à la régulation des population,s ou encore, a entretenir une relation de compétition saine entre diffèrent espèces... Du moins c'est ainsi que je voie la chose. Aussi, raisonner au niveau de l'individu pour définir un parasite n'a aucun sens. Le parasite est une espèce relié a une autre espèce par une certaine relation. De plus, le parasite a besoin d'un hôte... Croyez vous réellement que je ne puisse survivre sans vous ? »

Sur cette dernière phrase il éclata de rire, avant de reprendre une contenance. Il se gratta pensivement la barbe, tandis qu'il passait à coté d'un bosquet dont les bourgeons, soumis a la dure loi du printemps, grandissaient, avant de donner lieu a de fraîches pousses.

« Quant a prétendre d'une supériorité, je ne vois absolument pas de quoi vous parlez... Je me vois comme un humain normal, assez faible, dont l’espérance de vie n'est pas de plus d'une centaine d'année, avec énormément de chance... Ai-je vraiment chercher a établir une supériorité par rapport à vous ? Je possède sûrement des connaissances qu vous n'avez pas, et réciproquement, mais ne croyez vous pas qu'en cherchant a me prouver que j'ai tort, vous ne cherchez pas à me prouvez votre propre supériorité ? La vérité, c'est que nous sommes deux races mortelles, discutant et opposant des arguments, mais où planent toujours au dessus de la discussion le spectre d'un clivage ancestral. J'oublie mes préjugés, messer, et vous oubliez les vôtres... Ou du moins nous essayons... »

Il arrêta de parler, et contempla la mère nature, autour de lui. Le printemps montrait ses droits sur l'hiver et s'était confortablement installé. Les nouvelles pousses étaient décorés avidement par les animaux sortant de leur jeûne hivernal. Regardant, autour de lui, jetant son regard vers les montagnes les entourant, il vit une avalanche dévaler les pentes, emportant avec violance arbre et animaux. La Nature rappelait qui dominait cette terre... Azmurael s'adressa alors a son compagnon de voyage :

« Nous ne pouvons nous comparer aux dieux, et la nature qu'ils ont créé, si par miracle ils existent. Pensez vous réellement pouvoir vous mesurer a la puissance de la nature. Vous ne pouvez prétendre une quelconque supériorité par rapport à toute chose, pour la simple raison que tout est intrinsèquement lié, et que la domination n'a de ce fait aucun privilège... Pensez vous réellement que le poisson pense que le requin lui est supérieur, ou l'inverse ? Ce concept a été inventé par des races pensantes en mal d'identité... »

Azmurael repassa les scènes qu'il venait de vivre dan sa tête en quelques minutes. Il passait tellement rapidement d'une émotion à l’autre, qu'il devait paraître assez étrange a son interlocuteur... Mais il jouait sa pièce de théâtre, et le Sombre allait lui aussi jouer, a sa manière, un rôle dans sa pièce en constante évolution.

« Votre point de vue est intéressant. Je n'imaginais pas de différence aussi importante entre deux races, pourtant si semblable. Cela doit être du à la culture j’imagine. »

Azmurael s'enferma ensuite dans le silence, ressassant les paroles du Drow. Il est vrai que l'on ne pouvait espérer une égalité parfaite entre deux races, c'est le principe même de la compétition inter espèce. Mais le fait même que les deux races ai pu cohabiter pendant plusieurs centaines d'années n'était pas anodin. Il était sur qu'un jour, les deux races finiraient par se mélanger. Ainsi, pas une seule race gagnante, mais bien les deux. L'entente cordiale finirait par arriver, puis, la reconnaissance, et enfin, l’acceptation. Mais c'était sans doute trop précoce pour un Drow, même si celui là avait l'air plus ouvert que certains de ses compatriotes. Il ne souhaitait pas partager ses idées, si mal reçu par cet esprit un peu obtus. Attaché à ses traditions, certes, il n’empêche que sur certains points, l'elfe noir, avait raison. Il était illusoire de prétendre qu'il n'existait pas de relation dominant dominé.

Ils marchaient depuis un bon moment déjà, traversant la forêt, dont les couleurs vertes tendres éclataient avec la venue du printemps. L'Ithri Vaan, était vraiment un région étonnante, où les collines boisés se mélangeait au terres arides plus au sud. Ils n'avait croisé personne pour l'instant, et vu la densité de population dans cette région, Azmurael doutait que cela change. Mais ils se dirigeait vers une route principale, où ils allaient sûrement croiser des caravanes marchandes, et alors, l'impression de non civilisation disparaîtrait. A regret. L'Ithri Vaan n'était certes pas la plus accueillantes des régions, mais elle était resplendissante de par la mixité des paysages qu'on n'y découvrait. Azmurael se dit qu'il allait sans doute prolonger son voyage dans ces terres, peut être en allant jusqu'à Thaar. Mais il ne savait pas s'il allait être très bien reçu, aussi demanda t-il conseil au Drow :

« Messire, auriez vous quelques informations sur la vile de Thaar ? Je souhaite poursuivre mon périple en Ithri Vaan, et la visite d'une importante cité me paraissait approprié. Aussi me demande-je, si je puis pénétrer en la cité sans danger. Et si vous pouvez aussi me donnez quelque informations sur la politique de cette ville, cela me siérait grandement. »

Il regarda son hôte, tandis que leur but, la route, se rapprochait petit à petit.