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| [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel | |
| | Auteur | Message |
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Asdrubal de Soltariel
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 37 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Dim 10 Mar 2013 - 13:26 | |
| Mois de Karfias
Les dernières chaleurs de l'été se faisaient sentir sur Soltariel. L'astre du jour, presque au zénith, accablait de ses rayons ardents les pauvres hères qui s'y exposaient. La population cherchait donc refuge dans les venelles ombragées de la cité, dans ses estaminets et ses tavernes, à la recherche d'un peu de fraîcheur et d'humidité. Les rares places publiques de la ville étaient désertes et toute la cité semblait assommée de chaleur. Seul le port bruissait encore d'une activité fiévreuse, les marins chargeant les derniers bateaux qui devaient partir avec la marée de mi-journée tandis que d'autres aidaient à accoster ceux qui arrivaient tout juste. On pouvait facilement reconnaître ces travailleurs à la peau très bronzée qui les caractérisait.
Pendant ce temps, le palais ducal, sis bien loin de cette plèbe, semblait au diapason de la ville, et seuls quelques murmures parcouraient ses couloirs de marbre blanc et ses colonnades aux bas-reliefs ciselés. Pourtant les serviteurs allaient et venaient comme à toute heure du jour et de la nuit, tandis que les eunuques de la garde ducales restaient fièrement à leur poste. Mais l'on s'efforçait de faire aussi peu de bruits que possibles pour ne pas gêner le couple qui se prélassait comme à son habitude dans les jardins d'intérieur du palais, à l'ombre des arbres pour ne pas prendre un teint hâlée parfaitement vulgaire.
Asdrubal somnolait, plongée dans l'eau tiède d'un petit bassin, dans laquelle on avait versé une généreuse quantité de sels de bain qu'il faisait venir de fort loin. Des fleurs déposées à la surface délivraient un parfum enivrant qui le plongeait dans une profonde méditation, laissant son esprit emporté par les notes qu'égrenait une délicieuse harpiste à quelques mètres de lui. La duchesse quant à elle devait se trouver à semblable occupation, peut-être auprès de la ménagerie qu'elle entretenait ailleurs dans le palais, et qu'Asdrubal évitait soigneusement, l'odeur fauve des animaux en cage lui agressait les narines et avait tendance à s'accrocher à ses étoffes.
Un eunuque aux vêtements particulièrement riche, montrant ainsi sa position élevé, et d'ailleurs l'un des rares de la maisonnée à ne pas avoir été trouvé orphelin mais confié à la couronne ducale par un couple espérant y monnayer quelques avantages, vint se présenter, restant soigneusement à quelques mètres du bain en attendant qu'on l'invite à s'approcher. Sur une invitation de la part du nouveau venu, la harpiste pinça quelques cordes qui ne manquèrent pas de réveiller Asdrubal. Avisant l'interruption, il invita l'intendant du palais, puisqu'il s'agissait de lui, à s'approcher et à transmettre ce qu'il avait à dire, tandis qu'un autre eunuque venait récupérer les fleurs de lotus qui dérivaient doucement. L'intendant s'approcha et vint s'agenouiller près du bassin, posant son front contre terre en guise de révérence.
-Mon Seigneur, un visiteur qui se prétend propriétaire d'un de vos domaines demande audience auprès de vous. -N'est-ce pas la duchesse qui demande à être prévenue en première de l'arrivée d'invité ? -Si fait, mais elle m'a chargé de vous en informer et ne souhaite pas s'occuper de celui-ci. -Eh bien, fais-le entrer en ce cas. Je le recevrais dès que je serais vêtus. -C'est que, mon Seigneur, c'est un nain. Sur un poney.
Asdrubal haussa un sourcil.
-Un nain ? Petit, avec de la barbe, une odeur pestilentielle et les chausses couvertes de boue ? -Et bien, il ne sentait pas spécialement fort, et comme il était sur un poney ses chausses étaient propres, mais sinon c'est tout à fait cela oui. -Et bien pourquoi ne le fais tu pas entrer s'il semble propre ? -Un nain, propriétaire terrien, mon Seigneur ? -Ma foi c'est étrange, mais ce ne serait pas la première fois que mes cousines ou ma sœur me surprendraient. -Et il y a le problème de son poney. -Ce palais abrite une ménagerie complète d'animaux, et tu oses me déranger pour un poney ? -Mes excuses mon Seigneur... je prends les choses en main. -Fais-donc. Mais, ce nain s'est -il présenté ? Demanda Asdrubal alors que son intendant quittait les lieux. -Lorsque je lui ai demander qui annoncer, il m'a simplement dit « Du nerf ! » je n'ai donc pas insister et suis aller quérir ma Dame la Duchesse. -Étrange, marmonna le duc en laissant filer l'intendant.
Il se releva, l'eau ruisselant de son corps et s'étira avant de sortir du bain. Une servante accourut aussitôt pour l'aider à se sécher et s'habiller. Il l'arrêta d'un geste quand elle voulut toucher à sa chevelure, son coiffeur personnel n'était pas là, il recevrait donc le nain ainsi. Après avoir enfilé ses deux chevalières, il quitta les jardins pour se rendre au salon de réception, ou son intendant avait du mener l'invité surprise. Son bâton décolla paresseusement du sol, arrachant un glapissement à la harpiste tout prêt, et le suivit paresseusement avant de rejoindre sa main. Après quelques couloirs sans grand intérêt, suffisamment larges et hauts pour laisser passer une escorte de cavalerie et suffisamment décorés pour occuper un visiteur durant quelques heures, il arriva à la pièce sus-cités. C'était un salon assez classique pour une demeure soltarii, d'assez belle taille, orné de boiseries claires ou de bas-relief ciselés, bien que ces derniers n’impressionneraient sans aucun doute pas le visiteur présent. Un large vitrail au ton pastel laissait voir la ville en arrière-plan et découpait la lumière du soleil en multiples reflets qui se perdaient sur les murs et le sol. Quelques divans et coussins, ainsi qu'une table basse, constituaient le mobilier de la pièce. Le tout venait directement de la baronnie de Sybrondil toute proche, connue pour ses bois fins.
La pièce était encore vide et Asdrubal gagna l'un des divans, face à la porte, et s'y allongea sur le flanc, son bâton allant délicatement reposé contre le bord de la la fenêtre, le saphir qui l'ornait venant ajouter son propre jeu de reflet à la lumière de la pièce. Peu de temps après, la porte s'ouvrit pour révéler un garde ducal, lequel s'inclina rapidement devant Asdrubal avant de s'effacer sur le côté de la porte pour laisser entrer l'invité, un nain. Pour le duc, qui n'avait jamais vus de nains auparavant, celui-ci semblait tout autant correspondre à ce qu'on lui en avait dit que s'éloigner drastiquement des rumeurs colportés par les marins de Soltariel les plus aventureux et qui étaient allés jusque dans les territoires nains si loin au nord qu'on rapportait que l'on ne pouvait pisser à l'air libre sans se geler l'organe. Lorsqu'un capitaine lui avait raconté cela, Asdrubal signala que les eunuques de la garde ducale étaient toujours ravis de compter de nouveaux membres dans leur rangs et la conversation s'était arrêté là. Le nain donc, était en effet fort petit et sa barbe, si elle ne possédait pas l'excentricité de certaine qu'on lui avait conté, n'en restait pas moins de qualité, surtout aux yeux d'Asdrubal qui savait reconnaître des poils bien entretenus lorsqu'il en voyait, qu'ils poussent sur la tête ou sur un menton. A part cela, et bien, la tenue était surprenante, mais comme on ne lui en avait jamais dis davantage sur le sujet, le duc estima qu'elle était parfaitement normale.
-Salutations, maître nain. L'on m'a rapporté que vous souhaitiez me rencontrer, et que vous posséderiez certaines des terres qui composent mon domaine. Je vous en pris, prenez place et éclairez-moi donc sur le but de votre visite, qui me semble pour le moment bien obscur. Et, si vous aviez l'amabilité de vous présenter, mon intendant s'est avéré incapable de répondre à cette simple question. |
| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Lun 11 Mar 2013 - 2:52 | |
|       Soltariel, patrie des eunuques et de la démesure ! Lorsque Dun Eyr était encore sur le ponton du navire, et que la douce brise marine venait mouiller sa barbe avec de l’écume salée, ses yeux avaient retrouvé avec émotion les côtes amples et gonflées des terres qu’il avait autrefois foulées. Boniverdi n’avait pas changé, si ce n’est que plus d’or encore s’écoulait par les fenêtres richement parées des demeures ; et le Nain avait tenu à arriver par la mer et le large, pour revoir en premier les contours nacrés du Phare d’Inès — de son Phare.       La Merveille de Soltariel se dressait toujours sur les contreforts de Boniverdi, fidèle au poste, et drapée d’une gaze de pierre qui avait fièrement tenu tête à la morsure des embruns. Des langues d’eau venaient lécher inlassablement les petons de la Statue, comme Inès l’avait voulu, et jamais elles ne mouillaient plus haut que trois orteils ; splendeur ducale oblige. Superbement esquissé au sommet de la bâtisse, la Duchesse de granit veillait sur Soltariel de son visage sans défaut — rendu bien plus parfait que nature, par le burin flatteur du maître d’oeuvre.
      « Ah, Soltariel ... grogna Dun Eyr, je t’avais bâti la plus formidable des merveilles ; et toi, Inès, tu n’as pas même envoyé une orange pour rassasier les Nains de Kirgan en ruines. »
      Le Nain cracha goulûment dans la mer, et disparut dans le gaillard avant de la goélette ; il avait ses affaires à récupérer, avant de poser le pied sur la terre ferme du Duché.
      Le navire avait à présent débarqué le Nain, et celui-ci se faufilait au travers de la cité toujours noyée par la foule ; il avait bondi sur une gondole de transport, comme il en circulait tant sur les canaux bondés de la capitale, et l’intrépide pilote faisait louvoyer sa corvette au grand effroi du Nain. L’on avait beau s’appeler Dun Eyr, et avoir traversé six fois l’Eris par la mer, et festoyé sur les navires ducaux, et connu les choses de l’amour avec la Dame d’Othyll, Baronne d’un clan issu des océans ... on n’en demeurait pas moins un Nain ; et le Haut-Prêtre avait à présent passé tant et tant de nuits dans l’aridité calcaire des galeries d’Almia, qu’il en avait perdu le souvenir des étendues aquatiques.       Lorsque la course folle fut achevée, et que les pieds du Nain eurent retrouvé la rassurante stabilité des quais du Tyrion, Dun Eyr put lever les yeux vers la bâtisse qui lui faisait face : le Manoir de l’Aedificator. C’était cette demeure que Dame Inès lui avait cédé il y avait sept ans de cela, en tout paiement de son labeur pour la gloire de Soltariel ; et encore n’était-ce qu’un manoir à l’étage supérieur, car les fondations se trouvaient ouvertes pour stocker les pierres de construction, et jusqu’au moindre entresol avait été occupé par les châlits des ouvriers supérieurs — les esclaves restaient dormir sur la côte battue par les embruns.       Le Nain avait presque oublié jusqu’à l’existence de cette bâtisse : lorsque le Phare avait été achevé, et qu’il avait quitté Soltariel pour monter en Alonna, Dun Eyr avait confié la gestion du Manoir à un eunuque, Brinio; celui-là semblait versé dans les affaires, et les livres de compte qu’au Lirganique, régulièrement, il expédiait, confirmaient que la demeure du Nain avait largement pris appui sur les bonnes relations entre Soltariel et Thanor, pour s’ancrer dans un commerce aux quatre vents. Dun Eyr s’entretiendrait plus tard avec le fidèle eunuque ; pour l’heure, il déposa simplement ses lourdes gibernes dans un coffre d’ébène, et fila vers le Palais Ducal.
      Le Lirganique fut rapidement introduit à l’audience ducale, après qu’un intendant simplet lui a fait répéter quatre fois son nom ; lorsqu’il partit quérir le nouveau Seigneur de Soltariel, il ne paraissait toujours pas assuré des deux syllabes qui formaient tout le patronyme du Nain.
      « Non, les soltari ne m’auront pas manqué, grommela Dun Eyr en lissant sa barbe avant de paraître. »
      Les portes s’ouvrirent et le Nain pénétra dans l’alcôve ducale ; là reposait Asdrubal, Duc de Soltariel, successeur de le Sérénissime — bien qu’issu d’une branche plus éloignée. Il avait le port fier, et altier, de tous les gens de sa race, et une crinière rousse qui convenait à merveille pour qui régnait sur la plus suderonne des terres. Là, dans ce Duc à peine monté sur le trône, Dun Eyr retrouva en un instant le parfum capiteux et enfragrancé de Soltariel et de ses intrigues.       Comme le voulait la tradition, le Haut-Prêtre s’inclina et laissa le Duc lui adresser la première parole ; courbé qu’il était, Dun Eyr sentait brûler sur sa nuque le regard avide de qui n’avait jamais vu un Nain. C’était à désespérer d’un Duc dont la puissance marchande faisait aujourd'hui vivre pour moitié l’Ouest de la Nanie, sur les pourtours de la baie de Thanor.
      Lorsqu’Asdurbal eut fini de s’adresser au Nain, qu’il présenta comme un mystère depuis l’emplacement de ses terres jusqu’à la sonorité de son nom, le Haut-Prêtre eut le loisir de redresser l’échine et répondre :
      « Dun Eyr d’Almia, Soltari Altus Aedificator du Phare de Boniverdi, et maître d’un Manoir sur les quais Ouest de la Cité-aux-Canaux, ainsi que de quelques carrières de pierre cédées par le Duché à ma vigilance, salue Asdrubal de Soltariel, de la maison Dawson, Duc de Soltariel et de ses autres territoires. »
      Le Liganique laissa un sourire couler dans sa barbe : même après deux années bientôt complètes, et quatre saisons, il n’avait rien oublié du verbiage pompeux qui faisait rosir les Suderons.
      « Les Nains d’Almia offrent au Duc de Soltariel, en remerciement de son secours attentif pour nos frères de l’Ouest, poursuivit Dun Eyr en grossissant abusivement le trait, pour qu’Asdrubal comprît l’importance de ses navires de commerce vers Thanor et la Nanie, un présent ; qu’il daigne l’accepter. »
      Le Haut-Prêtre n’avait pas puisé dans les tréfonds de l’orfèvrerie Naine pour satisfaire ce Duc inconnu, et surtout imprévu ; Dun Eyr était en Alonna, pour retrouver ses frères exilés durant la Grande Foire de la Baronnie, lorsque la nouvelle avait couru que le trône d’Inès recevrait un nouvel hôte. Les orfèvres Nains, ses amis, avaient tendu à Dun Eyr le premier bijou qu’ils trouvaient, avant que le Lirganique ne file à bride rabattue et voile redoublée vers Soltariel.       C’était un rubis, gros comme le poing, à peine retaillé ; il n’était aucunement ouvragé ou serti sur une pièce, et le Nain n’avait eu que le temps de limer les arêtes saillantes pour que l’Humain ne se blessât pas en le recevant entre ses paumes. A le considérer, Dun Eyr se dit que la pierre avait surtout pour elle sa grosseur ; et son profond éclat rouge, qui doublait idéalement la crinière de flamme d’Asdrubal.
      Enfin ... dans ces terres si riches et imprévisibles, peut-être le présent du Haut-Prêtre allait-il déchaîner un engouement coquet pour les pierres brutes ; mais ces affaires importaient peu à l’esprit de Dun Eyr, il n’était pas venu pour cela.
      Se rappelant les longues formalités qui encadraient les conventions soltari, le Nain se tut alors et attendit que réponde le Duc.
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| | | Asdrubal de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Mar 12 Mar 2013 - 23:12 | |
| Asdrubal nota qui était son interlocuteur. Dune Air donc, patronyme intéressant, il comprenait maintenant la méprise qu'avait pus faire son intendant. Cela ne la rendait certainement pas excusable pour autant, il ne manquerait pas de lui rappeler d'aller se faire fouetter à l'occasion. Sans que son visage n'en soit affecté, il sourit intérieurement à la mention du phare. Ainsi il avait devant lui l'artisan si réputé qui avait construit cette merveille, la même qui chaque matin lui rappelait le doux et détesté visage de sa cousine et permettait à tout un chacun de perpétuer le souvenir de la précédente duchesse. Il envisageait de remédier à cela rapidement -ne pouvant continuer très longtemps d'interdire aux personnes proches de lui d'y jeter un regard- et se trouvait donc fort aise de recevoir à l'improviste celui-là même qui l'avait taillé. Il nota distraitement les propriétés qu'il possédait, s'étonnant qu'Inès -puisqu'il ne faisait maintenant guère de doute qu'elle était à l'origine des propriétés de ce nain- ait accepté pareil offre. Les carrières étaient toujours une ressource intéressante, surtout lorsque l'on s'avérait aussi consommateur que la noblesse soltarii.
Asdrubal décida de ne pas relever les nombreux titres manquant à ces salutations, l'on pouvait raisonnablement supposer que ce nain n'en avait jamais eu connaissance. Même certains courtisans se laissaient parfois prendre à en oublier un, ce qu'ils regrettaient souvent amèrement, d'une manière ou d'une autre. Aussi cette magnanimité était surprenante et le duc put même voir l'eunuque prêt de la porte hausser à peine un sourcil lorsqu'il la remarqua. Mais ce nain l'intriguait, et puis le cadeau fit rapidement oublier l'affront. Bien que l'on voyait toute sorte de marchandises passer par Soltariel, venus d'Ydril pour une bonne partie, de tels joyaux n'étaient pas pour autant monnaie courante. Le rubis, bien qu'il semblât grossièrement taillé, était impressionnant par la taille. Les joyaux n'étaient pas une marque de richesse très répandus à Soltarii, où l'on préférait les sculptures, boiseries, tapisserie, fresques et peintures en tout genre, mais ils n'en devenaient que plus remarquables. Lorsque Dune Air, donc, tendit le joyau, celui-ci commença doucement à léviter, avant de s'approcher du duc sur son divan qui agitait ses doigts en tout sens tandis que ses lèvres articulaient à voix basse. Le rubis tourna doucement dans les airs, Asdrubal l'observant sous toutes les coutures, puis voleta pour aller se poser au centre de la table basse.
-J'accepte votre présent et vous pourrez vous considérer comme mon hôte privilégié aussi longtemps que vous le souhaiterez. Mais je manque à tous mes devoirs, peut-être voulez-vous boire quelque chose ?
C'est précisément cet instant que choisit un eunuque pour passer une porte de service et apporter un plateau sur lequel reposait deux verres en cristal et une demi-douzaine de fiasque aussi finement travaillées, au verres de couleurs vives, que le fumet de leur contenu était alléchant. Le regard de l'eunuque ne passa même pas sur le rubis lorsqu'il posa le plateau à quelques centimètres de celui-ci. Il servit d'abord le maître de maison, d'un vin doux des terres du Sud, puis servit Dune Air à sa convenance. Asdrubal but une première gorgée, le goût légèrement sucré roulant contre son palais. Il ne goûtait guère aux alcools, mais un vin de qualité avait toujours sus charmé ses papilles. Il restait le regard plongé dans la douce couleur du liquide, qui tournoyait doucement dans son verre, tandis qu'il s'adressait à son invité.
-Je me demandes quand même pourquoi vous êtes là ? Je ne me souviens pas jamais vous avoir vus au cours des dernières années, et pourtant cela se serait immanquablement sus, la ville est un vivier de rumeurs aussi riche que les mines d'argent. Peut-être voulez-vous discuter des comptoirs de Thanor, mais alors il est étonnant que vous soyez venus me trouver, je possède bien assez de conseillers pour ne pas avoir à m'occuper de chaque bateau en personne. Son regard vint finalement se poser sur le nain. Ou alors vous venez présenter vos hommages au nouveau duc, inquiet que vous pourriez être de la sauvegarde des domaines que vous venez de me citer, et cela semblerait tout à fait normal, tant l'on a pus voir de purges du pouvoir par le passé. En certaines époques, il ne faisait guère bon être l'artiste favori du défunt dirigeant. A moins que, vos motivations ne m'échappent totalement. Alors éclairez-donc ce point, après quoi je pourrais daigner à vous accorder le temps que vous méritez. |
| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Mer 13 Mar 2013 - 23:42 | |
|       Dun Eyr attendit que le Duc eut porté le premier la coupe de vin à ses lèvres, avant de boire lui-même le riche alcool : son palais de Nain avait oublié ces arômes de qualité, pensés pour dérider l’esprit et non pour endurcir le corps. Avec politesse, le Haut-Prêtre but goulument et afficha un visage ravi ; aussi légère qu’elle soit, l’ivresse était toujours un bon prélude aux conversations graves.
      C’était avec grand intérêt que le Nain avait écouté Asdrubal de Soltariel énoncer, l’un à la suite de l’autre, les intérêts qui pouvaient pousser l’ Altus AEdificator à reparaître soudainement sous les latitudes du Sud, au moment même où une branche du Duché tombait et une autre la remplaçait. Même sans être entouré de ses stratèges experts des possessions du Nord, le seigneur avait compris l’intérêt bien senti d’un Nain à venir séduire le pouvoir qui commandait aux grands marchands soltari ; Dun Eyr se résolut à parler à mots choisis.
      « Seigneur Asdrubal, énonça le Lirganique, le blason de Soltariel est depuis plusieurs années admiré dans l’Ouest des contrées Naines ; et mon peuple s’honore d’être parmi les premiers à venir saluer votre nouveau pouvoir, avant même que les autres nobles péninsulaires ne se soient ici réjouis à vos festivités. »
      Dun Eyr repensa à sa folle course à travers les contrées du Sud, dès lors qu’il avait appris que la roue avait tourné à Soltariel ; c’était assurément un honneur qui lui avait coûté son flot de sueur, et son poids d’or en chevaux et navires pour atteindre le Duché avant la fin de l’Eté.
      « C’est pourquoi me voici ici devant le nouveau Duc de Soltariel, reprit celui qu’on nommerait désormais Dune Air dans ces pays du sud, afin de lui offrir le gage que les Nains souhaitent renouveler leur pacte avec la terre du Soleil. Le phare de Soltariel représente aujourd'hui le passé de vos domaines, et ce profil qui a déjà disparu des Soltars et des autres monnaies, ne devrait pas s’attarder au-dessus de la mer. »
      Le Nain se souvint avoir médité, sur le navire le menant au Tyrion, à une nouvelle taille sur le Phare d’Inès. Le projet semblait ardu, car la pierre retenue par l’ AEdificator en première place était robuste, et le sel des embruns n’avait fait que l’endurcir encore. Si Dun Eyr entreprenait de redessiner l’auguste visage à son sommet, cela serait une rude tâche, qui lui coûterait de nombreux bras et de nouvelles pierres ; mais avec les moyens mis à sa disposition par Inès, et qu’il tenait encore, il ne voyait rien d’impossible à cela. Avec une tête ou l’autre sur son trône, Soltariel demeurait, et demeurerait, le bastion de la démesure des œuvres sur les hommes...
      « Que le Duc me laisse lui offrir, pour preuve de l’amitié du peuple Nain, que son visage trône par-dessus les sept mers et rayonne depuis le Tyrion jusqu’à Thanor. »
      Dun Eyr s’inclina légèrement en présentant sa proposition. Dans ces terres guidées par la convoitise — peut-être était-ce pour cela que Soltariel et les Nains s’accordaient si bien ? — le Lirganique balaya de quelques paroles les angoisses territoriales qui pouvaient encore planer dans l’esprit du Duc :
      « Sitôt que mon œuvre sera achevée ici, je laisserai l’entretien du Phare aux plus nobles artisans de Soltariel ; et leur cèderai par conséquent l’usage des carrières qui m’ont été données, afin que la pierre du Phare toujours demeure pure. »
      A la Naine, enfin, Dun Eyr vida d’un trait le fond de sa coupe de vin et, repu du breuvage inhabituellement riche, attendit que son offre soit pesée par l’esprit de l’Humain.
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| | | Asdrubal de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Sam 16 Mar 2013 - 19:47 | |
| Visiblement, ou Dune avait passé longtemps à Soltariel ou bien il avait côtoyé son lot de nobles car son phrasé et son discours ne déparerait pas dans les boudoirs soltarii, pourtant renommé dans toute la péninsule pour leur sens de la formule et les langues de vipères qui s'y complaisaient. L'on disait d'ailleurs d'eux que les seuls fois où la vérité sortait de leur bouche, c'était lorsqu'ils vous méprisaient. Et Asdrubal ne leur aurait certainement pas donné entièrement tort.
-En effet, vous êtes le premier hors de Soltariel à venir me rendre cet hommage, il faut dire que les festivités n'auront lieu que dans quelques semaines, peut-être en avez-vous même déjà aperçus les préparatifs.
Au détour des rues l'on pouvait parfois surprendre les préparatifs : les barques des canaux étaient remises au goût du jour, les ponts se paraient de tous leurs éclats, les tavernes faisaient le plein de boissons et victuailles, la garde se montrait plus présente qu'à son accoutumé et en général tout ce qui pouvait reluire davantage avait tendance à le faire. Dune Air reprit son petit discours, qui savait fort bien flatter le nouveau duc là où il le fallait.
-En effet, l'Histoire doit savoir laisser place au présent, acquiesça-t-il sur un ton mielleux.
Puis son invité en vint au cœur même de sa proposition, en s'inclinant devant lui. Les choses étaient pour le mieux. Asdrubal décida alors de se relever, quittant son confortable sofa pour se diriger vers la sortie de la pièce, tout en signifiant au nain de le suivre. Sans encore prononcer un mot, il l'entraîna au gré des couloirs, d'un escalier et d'un autre salon privé pour finalement débarqué dans l'une des galeries qui ornaient la façade du palais. Celle-ci donnait sur le nord et, par ce temps dégagé, il était possible pour un bon observateur d'apercevoir au loin la côte et le phare de Boniverdi. Même de cette distance, le phare gardait une certaine impression de majesté.
-Il est très désagréable, maître Air, de savoir qu'à quelques lieues seulement du siège de votre pouvoir, à l'entrée de votre territoire, trône la gigantesque sculpture de votre prédécesseur. Et chaque marchand de s'étonner « Mais qui est cette femme sur le phare, si ce n'est la duchesse? ». La simple vision de ce bâtiment me frappe tel le gantelet d'un duelliste qui sait que vous ne le ramasserez pas. Et impossible de tout simplement le faire disparaître, d'après mes conseillers cela nuirait grandement à notre commerce. Ce phare n'a que quelques années et il semble que déjà chaque capitaine ai oublié comment naviguer sans lui. Je soupçonne ma cousine de l'avoir érigé dans le simple but de narguer ceux qui la suivraient. Mais elle ne pensait certainement pas qu'ils arriveraient si promptement, un sourire mauvais éclaira son visage à cette pensée.
Il se retourna alors vers Dune Air, son visage ayant repris l'expression neutre qu'il arborait la plupart du temps.
-Mais puisque vous le proposez, vous allez pouvoir changer cela. Vous allez pouvoir effacer cette injure du passé et rétablir ce qui doit être. Néanmoins...
Il laissa planer ce dernier mot tout en reprenant sa marche le long de la galerie, comme pensif.
-Quelle faveur souhaitez-vous donc de moi ? Quel intérêt trouverez-vous dans cette affaire, maître Air ? Je ne suis pas dupe, la plupart des gens qui passent par ici ont quelque chose à me demander. Je ne puis croire qu'un nain traverserait probablement l'entièreté de la Péninsule, tout cela pour venir m'offrir plusieurs mois de travail et redonner en sus les cadeaux que vous avait fait le duché par le passé. Alors, que voulez-vous ? |
| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Lun 18 Mar 2013 - 23:21 | |
|       A apprendre qu’il présiderait à la refonte du Phare de Boniverdi, Dun Eyr s’inclina une nouvelle fois devant Asdrubal de Soltariel — Mogar sait pourtant la répugnance des Nains à se faire plus petits encore devant les longues-guibolles ! Le Duc avait mené le Lirganique jusqu’à balcon ouvert sur le Nord, depuis lequel se laissait deviner la colossale silhouette du Phare érigé par la main du Haut-Prêtre ; sa stature régnait sur les navires et forçait les capitaines à plier les reins pour voir jusqu’à son sommet, car telle était la volonté de Soltariel.
      « Merci, Seigneur Duc, répondit Dun Eyr d’une voix enjouée, la confiance que vous me portez sera promptement honorée, et votre visage trônera bientôt sur Boniverdi. D’ici à ce que le Phare soit refait, et sans en ternir l’éclat pour les marins et les marchands, je veillerai à recouvrir et voiler, autant que faire se peut, le visage de la statue ; ainsi les hôtes de vos festivités ne seront pas importunés par cette ombre du passé. »
      Un sourire apparut sur les lèvres du Nain, qui poursuivit avec douceur :
      « C’est pour cela que je suis venu avant tous vos invités, Duc Asdrubal. »
      Il était vrai que Dun Eyr avait atteint le Duché avec une large avance sur les réjouissances programmées, et la contrée du Soleil bouillonnait d’une activité trépidante. Partout, ce n’était que folie et empressement, et les allées du Palais se trouvaient grouillantes de serviteurs affairés ; depuis toutes les places environnantes, de riches marchands avaient investi les quartiers centraux de la Cité au Canaux, cherchant à vendre leurs meilleures étoffes et draperies pour parer les festivités du nouveau Duc. L’été s’annonçait fiévreux pour les négociants soltari ; Brinio, l’eunuque en charge des affaires de Dun Eyr dans ces terres, avait déjà présenté de juteuses perspectives au Nain, à peine entamées par la cession de l’usage des carrières de pierre.
      Lorsque le Haut-Prêtre reprit la parole, pourtant, son esprit était tout entier tourné vers d’autres préoccupations ; car Asdrubal lui avait demandé ce qu’il voulait, et le Lirganique ne devrait choisir ses mots qu’avec une suprême délicatesse.
      « Seigneur Duc, Thanor et les Nains vous remercient pour la fructueuse confiance qui lie nos contrées depuis plusieurs années maintenant ; et l’emblème du Soleil est un étendard admiré sur les quais lointains du fjord de Boren, là où s’étire la ville. Il y a pourtant, Seigneur, une place au-dessus de laquelle le blason de votre famille ne flotte qu’avec une maigre gloire ; et le nom de Soltariel n’y est pas honoré comme il le devrait. A Sardar, la maladie le dispute aux dépenses perdues ; et, de toutes les richesses qui sont extraites des carrières proches, trop sont noyées avant de rejoindre les coffres de Soltariel. Les Nains eux-mêmes évitent cet endroit sinistre, devenu un repaire d’aigrefins qui ternissent l’éclat du Soleil.
      Aussi, Seigneur Duc, laissez-moi réorganiser Sardar sous votre bénédiction ; cette enclave est lointaine pour vous, isolée dans le Nord, et ses affaires semblent minimes. Mais c’est parce qu’une intendance avinée y engloutit les richesses qui devraient en jaillir. Avec votre confiance, il est possible de restaurer à cette place le rayonnement qu’elle mérite, et y faire doubler un négoce encore moribond ; l’or y roulera entre les soltaris et les Nains, et la sagesse d’Asdrubal effacera de l’esprit de mon peuple les erreurs dispendieuses de l’ancien pouvoir. »
      Dun Eyr avait à présent beaucoup parlé, aussi il se tut. Derrière sa barbe tissée en trois nattes, son visage placide et bonhomme conservait un doux sourire pour le Duc ; celui-ci saurait-il saisir l’offre juteuse que lui soumettaient les Nains ?
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| | | Asdrubal de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Mer 20 Mar 2013 - 9:18 | |
| Asdrubal resta silencieux tandis que Dune Air énonçait la situation qui l'avait amené à quémander l'intervention ducale. Le nouveaux duc, même lui devait le reconnaître, n'avait pas encore connaissance de tous les tenants et aboutissants, en particulier des expéditions en terres naines, généralement laissées au bon goût de quelques capitaines nommés par le pouvoir et investis de quelques moyens supplémentaires. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce que certain en abusent. Quant à savoir s'il convenait de laisser un nain rendre la justice en son nom... Cela pouvait s'avérer à double tranchant.
-Croyez bien que la situation que vous me décrivez m'attriste et qu'elle ne saurait rester longtemps ainsi, néanmoins il me faudra m'entretenir avec quelques uns de mes conseillers avant de pouvoir vous assurer d'une réponse. Et également décider des moyens que nous mettrons à votre disposition pour ce faire. Néanmoins soyez assurés que cette réponse ne saurait tarder. De toute façons, vous ne pourrez partir qu'une fois le phare redécoré, cela nous laissera le temps nécessaires à l'élaboration de cette petite expédition. Et puisque nous parlons du phare, il serait bon de vous informer d'un détail qui vous sera certainement utile.
Asdrubal claqua des doigts pour interpeller un domestique qui passait, chargé de quelques draps qui remontaient sans doute du lavoir. Celui-ci s'approcha rapidement et vint s'incliner devant le duc, gardant la tête baissé.
-Où est la duchesse ? -Au deuxième étage seigneur, dans l'un des jardins suspendus.
Un signe de la main désintéressé congédia le domestique qui se retira à reculons, sans oser relever la tête et se détourner avant d'être arrivé au bout de la galerie. S'adressant de nouveau au nain, le duc reprit.
-Voyez-vous, si vous ne le saviez pas, ce n'est pas mon couronnement mais mes épousailles qui sont censées être à la fête dans les prochaines ennéades. Je suis marié, et par là-même duc de Soltariel. Mais dans le cas qui nous intéresse, la seule chose qui compte est que je ne peux décemment apparaître seul sur le phare. Il vous faudra nous représenter tous deux. Néanmoins j'estime que vous saurez qui mettre en premier plan.
Ces derniers mots furent comme glissés à mi-voix.
-Bien, je pense vous avoir mis au courant de tous les détails. A moins que vous n'ayez d'autres questions, ou demandes sujettes à ce fameux soucis d'intendance ? Sinon, si vous désirez voir votre deuxième modèle, je suis sûr qu'elle acceptera de vous recevoir un instant, que vous puissiez vous pencher sur votre travail au plus tôt. |
| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Jeu 21 Mar 2013 - 23:11 | |
|       Dun Eyr s’inclina brièvement en entendant la réponse du Duc Asdrubal, quoique le terme de « redécoration » pour la transformation du Phare fit apparaître un sourire sous sa barbe : sculpter une forme toute nouvelle dans cette tour colossale, et faire émerger deux silhouettes là où il n’y en avait qu’une, allait lui demander de déployer des trésors d’ingéniosité s’il ne voulait pas y consacrer ses trois prochaines années. Déjà les engrenages s’activaient à tourner et retourner le problème inattendu, ce « détail » dont on ne l’informait que maintenant. Mais Soltariel était le Duché du Paraître, et le Nain répondit d’une voix égale :
      « Soyez assuré, Seigneur Duc, que mon travail sera digne, comme je suis certain que votre décision sera sage. »
      Voilà qu’un serviteur déjà se profilait dans l’angle d’une porte, attendant que Dun Eyr le suive ; apparemment la Duchesse acceptait de le recevoir séance tenante. Le Nain, trop accoutumé à Soltariel pour savoir qu’on n’y faisait pas patienter indûment une Duchesse, s'attarda cependant un instant encore auprès d’Asdrubal ; il restait une dernière inquiétude qui hantait son esprit, alors il reprit la parole avant que l’entrevue ne soit complètement achevée.
      « Un dernier mot, Seigneur Duc, car j’ai reçu des nouvelles préoccupantes du Nord. Dans le Brissalion s’élève Lante, et son nouveau Roi semble remuer des projets féroces ; mais cela ne serait d’aucun souci pour le Duché du Soleil, si l’on n’avait vu des bannières d’Ydril pénétrer dans les murailles de la Cité des plaines. Les corbeaux messagers me rapportent que l’Archonte lui-même a été aperçu auprès du Roi de Lante ; pourtant, que votre vassal aille porter secours au Brissalion, là où toute route avec Thanor est rompue depuis six ans maintenant, j’ai peine à le croire, Seigneur Duc. »
      Il était inutile à Dun Eyr d’en dire plus, et il n’en savait d’ailleurs guère plus que ceci ; mais le Nain avait confiance dans la sagesse de Soltariel, qui jamais n’avait tenté d’hasardeuses manœuvres dans les terres du Nord. Une guerre dans les montagnes aurait eu pour premières victimes les marchands du Soleil.
      « Permettez-moi à présent de me retirer, Seigneur Duc, reprit Dun Eyr en s’inclinant, afin que j’aille rencontrer dans l'instant la Duchesse, votre Dame. »
      Les salutations d’usages étant dites, le Nain prit congé d’Asdrubal de Soltariel et, lissant les trois natte de sa barbe, emboîta le pas du serviteur pour aller à la rencontre de Margot. Voilà qu’allaient recommencer les révérences dictées par l’étiquette : penser que le Nain n’avait pas fait la moitié de sa journée au Palais...
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| | | Asdrubal de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: [Palais ducal] La Septième Merveille de Soltariel Dim 24 Mar 2013 - 13:05 | |
| Asdrubal resta pensif aux dernières nouvelles apportées par Dune Air. Il laissa l'artisan se retirer d'un geste de la main, puis resta un instant pensif, accoudé au balcon de la galerie. Se relevant soudainement il rebroussa le chemin qu'il avait arpenté en compagnie du nain un instant plus tôt et intima au premier serviteur croiser de faire venir l'intendant du palais à son bureau.
Lorsque celui-ci poussa la porte de la pièce, il la trouva présentement vide. Par la force de l'habitude, il leva les yeux en l'air, pour apercevoir Asdrubal allongé sur l'un des divans suspendus qui faisaient le tour de la pièce, juste au-dessus des boiseries. Il semblait pensif et ne remarqua pas, comme à l'habitude l'arrivée de l'intendant. Celui-ci referma doucement la porte et s'approcha du bureau, où un bout de parchemin griffonné se trouvait en évidence. Il s'en saisit et lut l'écriture tout en boucle et déliée du Duc.
« Convoque le Sénéchal, le Haut Prévôt, le capitaine de la Flotte du Nord et le Maître du Trésor. Maintenant. »
L'intendant glissa le parchemin dans sa manche et se retira prestement du bureau. Dans les instants qui suivirent, quatre messagers partirent du palais aussi vite qu'il leur était possible, et quelques temps après les quémandés arrivaient au palais, cultivant un faux air de négligence pour s'impressionner les uns les autres de leur relation prétendument détendue avec le jeune duc, même si chacun avait fait aussi vite que possible pour espérer arriver avant les autres. L'intendant les accueillis avec toutes les formalités et titres possibles, les faisant patienter dans la salle de réunion qu'utilisait le couple régnant pour les discussions officielles. Lorsqu'ils furent tous là, on vint prévenir Asdrubal, qui congédia aussitôt le serviteur et fit appeler ses habilleurs personnels.
Il se laissa tomber de son perchoir, chutant lentement pour venir se poser délicatement les deux pieds contre le parquet, puis rejoignit ses appartements. L'on changea ses atours, il enfila un gilet cyan rehaussé d'une simple ligne d'or sur une chemise jaune pâle, ainsi qu'une paire de chausses noires. Puis vint son coiffeur. Lorsqu'enfin il se présenta devant ses conseillers, ceux-ci patientaient depuis déjà plus de deux fois plus de temps qu'ils n'avaient mis à venir mais ils n'en laissèrent rien paraître lorsqu'ils s'inclinèrent devant lui tandis que l'on annonçait tous ses titres. Il prit place dans son fauteuil, les autres équitablement répartis autour de la table et de lui. Tous attendaient qu'il prenne la parole.
-Messieurs... Comment se porte notre commerce au nord ?
La question tira un haussement de sourcil au plus expressifs d'entre eux. Le capitaine fut bien évidemment le premier à y répondre.
-La Compagnie du Ponant assure toujours le commerce avec les colonies naines, votre Altesse, et s'emploie du mieux possible à remplir vos caisses. -Vraiment ? Je me suis laissé dire, par un nain que j'ai reçus voilà peu de temps, comme vos espions vous en ont peut-être déjà informés -pas de réactions-, que certains de vos mandataires ne servaient pas avec tout le zèle que nous exigeons d'eux. En fait, je crois même que l'on ai parlé de corruption. Maître du Trésor, un mot à dire là-dessus ? -Et bien, la production des différents comptoirs est assurément très inégales, sur la demi-douzaine installée il me semble même qu'un ou deux soit déficitaires. Rien que ne puisse cependant rattraper les autres. -La chose est possible, et si elle est avéré je veillerai à ce qu'elle soit punie dans les plus brefs délais. Il avait eu l'intelligence de ne pas nier. -Votre incompétence est déjà à l'origine de cette situation. Votre Altesse, laissez mes prévôts prendre cette affaire en main, ils ne manqueront pas de faire régner la justice pour vous comme ils s'en occupent déjà dans votre territoire péninsulaire.
La rivalité entre le Haut Prévôt et les capitaines de la Compagnie du Ponant était bien connue des sphères soltarii. Les premiers géraient la justice et l'autorité du Duc à Soltariel même et d'une manière plus discrète sur l'ensemble du duché, d'Ydril à Sybrondil. Les seconds avaient depuis longtemps reçus la charge de s'occuper des possessions maritimes et commerciales du Duc : comptoir, relais... Ce qui était vus comme une insulte de la part du Haut Prévôt. Celui-ci ne manquait donc pas une occasion de réclamer à intervenir sur leurs terrains. Dès lors les deux représentants se livraient une bataille de mots aussi acharnée que subtile, tentant d'amadouer Asdrubal par la flatterie ou de salir la réputation de l'autre tout en sachant rester dans les limites de ce qui était acceptable en cette pièce.
-Il suffit !
Cela eut l'effet escompté et tous deux s'arrêtèrent en attendant le verdict de leur supérieur.
-Sénéchal -bref hochement de tête de l'intéressé- vous allez ordonner la constitution d'une petite troupes d'hommes d'armes, juste de quoi rétablir l'autorité en cas d'opposition. -A vos ordres votre Altesse. -Capitaine, vous allez commencer à préparer une petite expédition pour Sardar, le comptoir incriminé. Ne prévoyez que le nécessaire pour assurer un transport sans encombre. -Doit-on s'attendre à une marchandise particulière ? -Sans doute une coquette somme d'or, rien d'autre. -Et... qui commandera une telle expédition, si je puis me permettre ? Risqua le Haut Prévôt.
Un sourire s'étendit sur les lèvres d'Asdrubal.
-Dune Eyr, le nain qui m'a informé de cette situation. Un natif de cette terre saura se faire respecter des populations locales et je suis certain qu'il saura où se trouve son intérêt. Maintenant partez, tous les trois, dit-il en désignant le Maître du Trésor, le sénéchal et le capitaine-.
Il n'y eu aucune protestation, bien que l'on en sentait presque dans l'air. Les trois désignés se levèrent, s'inclinèrent et quittèrent la pièce. Le capitaine ferma peut-être la porte un tout petit peu plus fort que ce qu'il était nécessaire.
-Une première chose de réglé. Maintenant, prévôt, pouvez-vous me dire où se trouve l'archonte d'Ydril ? -L'archonte d'Ydril, votre Altesse ? Articula lentement le Haut Prévôt. -Osez me le faire répéter et vous nourrirez les mordorinthe de la salle de torture. Où ? -C'est que... il ne passe guère à Ydril et mes hommes ont beaucoup de mal à suivre ses déplacements. On la vus en Ithri'Vaan, la chose est certaine... -Et bien je vais vous dire où il est. A Lante. Où on l'y aurait vus en compagnie du nouveau roitelet local. -Cela aurait-il une quelconque importance ? -Oui. Thanor et Lante ont depuis un certain temps rompus tous liens. Si les nains de Thanor venaient à se dire que nos marchandons également avec Lante, nous pourrions perdre de substantiels bénéfices. Vous allez donc me confirmer rapidement la position de ce noble de pacotille et le ramener ici. Il aura quelques explications à donner. -Sauf votre respect, votre Altesse. Pourquoi le garder ?
Pour toute réponse Asdrubal haussa les épaules et congédia le Haut Prévôt d'un geste de la main. Une fois celui-ci partit, Asdrubal se releva, et décida de se détendre. Gagnant l'une des chambres secondaires, il fit venir la harpiste et ordonna à ce que l'on ne le dérange pas. |
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