Convaincre Lourmel.

Les choses avançaient, l'ost réunit sous le commandement de Jérôme s'était divisé comme prévu en deux. Son frère Guillaume avait le commandement d'une partie et il s'était dirigé vers le premier château clé de la défense de Bastylle. Cette fois, il ne devait pas changer les plans et suivre ceux de son ainé, le châtelain devait capituler, d'une façon ou d'une autre, il ne fallait personne dans leur dos. L'autre partie de l'ost, composé d'une coalition de nombreuses bannières, avait prit la direction de Lourmel. Il était important que cette châtellenie reste dans le giron de Brochant et qu'elle ne rejoigne pas les rebelles. Maélyne accompagnait les troupes sous la protection du baron, elle voulait parler au conseil et rallier la ville et les bannerets sous sa coupe tant que sa sœur jumelle, seigneur légitime de Lourmel était détenu par les forces de Bastylle.

Enfin, la ville, capitale de la région, fut en vue. Maélyne eut droit de parler au conseil et elle demanda à Jérôme de l'accompagner. Celui-ci le fit bien évidemment, il était important qu'il sache ce qu'il se disait et ce qu'il serait décidé, tout autant qu'il avait promit à la dame de la protéger tant qu'elle ne se mettrait pas en travers du chemin de Brochant ou du sien. Ils se dirigèrent donc avec une troupe d'escorte jusqu'aux portes du château et ils finirent la route ensemble. Le protocole fit alors son arrivé, il y eut échange de courbettes et de salutations, surtout en raison du statut de baron de Jérôme ainsi que du lien entre Maélyne et Lyanna. Cela dura une éternité pour le dirigeant d'Etherna qui laissa pourtant faire car c'était un passage obligé et il ne fallait surtout pas froisser ceux qui avaient en main la ligne de conduite de puissants seigneurs. Jérôme reste en peu en retrait, laissant la dame parler au début, lui même observa attentivement les réactions des membres du conseil. Elle fit tout son possible pour faire pencher la balance et que Lourmel reste du côté du nouveau marquis. Elle arriva au bout de sa plaidoirie et elle demanda au baron s'il avait quelque chose à ajouter. Il était temps de rajouter un poids sur la balance et la faire pencher un peu plus. Il s'avança, droit et regardant tout le monde avec toute la prestance dont il pouvait faire preuve. Il parla alors d'un ton neutre et dégagé, calme et serein afin de donner du courage et montrer la confiance qu'il avait en lui. Il ne voulait pas rebuter les conseillers, loin de la, juste leur expliquer les réalités

"Si vous me permettez, dame d'Outremont" il marqua volontairement le titre de Maélyne, plutôt que de la nommer juste ma dame "Comme vous avez pu l'entendre, tout est mis en œuvre afin de retrouver la châtelaine et de la libérer. Un nouveau marquis a été élu et je le soutiens avec les forces qui sont les miennes. Si vous nous rejoignez, nos forces seront telles que Bastylle se trouvera dans l'obligation de négocier et de se rendre. S'ils faisaient le moindre mal à votre seigneur, ce serait un mal impardonnable et je pense qu'ils sont assez intelligent pour se rendre compte qu'ils ont déjà perdu. Je prie pour que vous preniez la bonne décision. Pensez aussi à vos enfants et vos femmes et aux conséquences qui surviendraient si vous décidez de rejoindre Bastylle. Quel que soit le résultat et le vainqueur, c'est tout Serramire qui en sortirait perdant. Je vais maintenant allais prier Néera pour que vous preniez la bonne décision et vous comptez comme allié dans la campagne qui s'est ouverte, que les félons et les traitres soient châtiés et que les purs se rendent à l'évidence et déposent les armes. Qu'ainsi Serramire soit de nouveau forte et unie et que la dame de Lourmel revienne saine et sauve à la tête de cette terre qui, j'en suis certain, l'apprécie à sa juste valeur."

Il recula alors et suivit Maélyne. il espérait qu'il avait réussit à appuyer la dame d'Outremont et que du sang serait épargné.

Le tension était palpable, l'atmosphère oppressant. Lourmel semblait en position d'attente, se demandant ce qu'elle devait faire et les conseillers n'étaient apparemment pas tous en accord les uns avec les autres. Un silence s'était installé après les déclaration de Jérôme, il fut rompu par un homme sur lequel le baron tourna son regard. Le conseiller commença par parler de l'honneur du seigneur d'Etherna, sa réputation le précédait elle ? il était toujours bon de savoir qu'on était reconnu pour ce que l'on était, surtout lorsque la rumeur disait vrai et que c'était flatteur. La suite fut pourtant moins agréable à entendre, il parla de vaines promesses avant d'en venir au marquis de Brochant. La crainte des seigneurs fut perceptible autour de Jérôme et il était évident que les deux familles ne se portaient pas dans leur cœur. Il était heureux que la dame d'Outremont lui en parle avant sinon il aurait été prit de court. Pour l'homme qui parlait, il était évident que la campagne qui s'annonçait ne s'arrêterait pas tant que les dissidents ne seraient pas chassés, de même que Lyanna était déjà morte pour eux. Il demanda alors au baron de le dire, que le fait de se ranger derrière lui scellerait sa perte et qu'alors il serait temps de parler.

Jérôme s'avança pour être bien vu de tout le monde

"Je me vante en effet d'être un homme d'honneur, mes actes parlent pour moi. Je ne vous ai fais pour l'instant aucune promesse, je n'en fais donc pas de vaines et je fais tout mon possible pour honorer celle que je fais."

Il marqua une très courte pause avant de reprendre

"Vous parlez du seigneur de Brochant et des désaccords que vous avez eu avec lui. J'en ai entendu parler par la dame d'Outremont et je comprends vos craintes. Sire Aymeric à réussit à rallier sous sa bannière Versmilia et la capitale, faisant de lui l'homme le plus puissant de Serramire actuellement. Il m'a fait plusieurs promesses concernant le marquisat, telles que le redresser et veiller à sa sécurité. Dans ce soucis de ramener Serramire à la puissance qui doit être la sienne, je ne pense pas que d'affronter les seigneurs pacifiques soit une bonne solution. Si cela peut vous rassurer, elle pourra en témoigner, j'ai fais la promesse à la dame d'Outremont de la garder sous ma protection et d'interférer en sa faveur si jamais Brochant voulait lui faire du mal, du moins tant que celle-ci ne fait rien contre lui."

Il tourna sur lui même et regarda les personnes présentent dans les yeux une par une, montrant sa sincérité

"La promesse que je peux vous faire, c'est que si les seigneurs de Bastylle se rendent et font serment, je ne leur ferais rien et j'accepterais de leur laisser leurs titres et les terres en leur possession. Par contre, je serais sans pitié pour ceux qui décideront de résister et il y aura des sanctions de prises, la marquisat ne peut plus rester dans la division qu'il connait actuellement, il est temps de marcher main dans la main."

Il laissa ses paroles planer un petit moment afin que les personnes présentes ne les assimilent puis il reprit

"Concernant le dame de Lourmel, je n'ai aucune idée de la réaction qu'auront les seigneurs de Bastylle. Soit ils la tueront sans hésiter et alors effectivement, me suivre la condamnera, vous avez raison. Soit devant l'ampleur des forces qui leur feront face, ils la garderont vivante, pour négocier ou en pensant que sa captivité leur servira de bouclier. Devant ce constat, il est évident que si vous nous suivez, le nombre encore plus important de troupes face à eux leur prouvera qu'ils n'ont aucune chance et nous avons un mince espoir pour que la lutte soit courte, voir même que nous réussissions à leur faire rendre les armes si nous nous montrons magnanime."

Jérôme espérait sincèrement qu'il réussirait à ramener Bastylle à de meilleurs sentiments. Il se doutait qu'il y aurait tout de même des heurts car une rébellion ne baissait pas facilement les bras mais il priait ardemment pour que Lourmel le rejoigne et que Bastylle se rende compte que son défi était voué à l'échec.

La réponse ne se fit pas attendre et elle fut cinglante. Celui qui avait apparemment reprit la tête de Bastylle et de sa rébellion se prénommait Norbert. La conversation revint ensuite sur le marquis de Serramire et le fait qu'il voulait se vengez. Effectivement, la châtellenie avait été promise à Jérôme et par conséquent, la dame avait été écarté, c'était un fait. Celle-ci l'avait apparemment accepté mais était ce réellement le cas ? voila qui était un dilemme insoluble pour le moment. Le conseiller parlait et il expliquait que c'était l'homme fort mais que si sa faiblesse était étalée aux yeux de tous, alors il perdrait l'appui des autres seigneurs. Fallait il donc frapper immédiatement Bastylle en laissant les autres châteaux dans leur dos ? c'était un problème non négligeable. Déjà pour Serramire, Guillaume avait foncé sur la capitale et le résultat avait été la prise de celle-ci mais ils s'étaient retrouvés encerclés ensuite par les châtelains et aucun, hormis Guilhem n'avait cédé, rendant la situation complexe. Il fut heureux qu'un accord soit trouvé et les châtelains de l'est, réunifiés.

Un silence gênant s'installa dans la salle alors que tout le monde semblait réfléchir à toute vitesse des conséquences de leurs choix. Finalement une réponse fut donnée, elle était mitigée. Lourmel était prévoyante et la sagesse semblait faire parti des conseillers. Ceux-ci décidèrent de rester neutre mais vu que cela serait sans doute mal prit, ils décidèrent d'apporter leur soutien à la logistique mais ils ne fourniraient aucun soutien militaire. C'était un premier coup dur au baron qui comptait dessus pour faire un ost tellement important qu'il intimiderait et pourrait amener à des redditions plus aisées. Enfin, il ne fallait pas non plus devenir pessimiste, les armées étaient déjà conséquentes et elles pourraient venir à bout mais il se pourrait que le chemin soit plus long et que les pertes soient plus importantes. Jérôme n'insista pas pour sa part, il ne voulait pas montrer qu'il comptait sur les troupes de Lourmel et il était déjà satisfait qu'ils ne se rangent pas du côté de Bastylle. C'était une très bonne chose qui aurait été beaucoup plus inquiétant.

Il pensait ce qu'il disait. Il n'en ferait pas la promesse car il y avait des chances qu'elle soit exécutée et il le savait mais il tenterait de négocier sa libération.