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| [Fort Norkan] Tractations et négociations | |
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Hanegard Kastelord
Ancien
Nombre de messages : 2168 Date d'inscription : 22/10/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans Taille : 1m90 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: [Fort Norkan] Tractations et négociations Ven 7 Juin 2013 - 9:37 | |
| Neuvième jour de la sixième ennéade (54 de Favrius), 7ème année du 11ème cycle.
Trois jours s’étaient écoulés depuis notre arrivée dans les Wandres, mais j’avais l’impression que cela faisait beaucoup plus. Cela venait-il du choc de retrouver ma terre natale ou plus prosaïquement des épuisantes journées au cours desquelles je perdais toute notion du temps ? J’aurais été bien en peine de le dire, mais la fatigue n’était pas une illusion. Pleinement conscients de notre vulnérabilité sur ce rivage potentiellement hostile, nous avions immédiatement entamé la construction d’un fortin destiné à protéger le comptoir naissant. Cependant, et malgré la qualité des velteriens dans l’art de construire des fortifications, on ne bâtit pas en un jour une enceinte destinée à accueillir durablement plus d’un millier d’âmes.
Le comte Nimmio n’étant pas encore remis de ses blessures reçues lors du combat naval contre le Norkan, et Darius passant beaucoup de temps auprès de son protégé, il m’était donc revenu la lourde charge de coordonner la construction du fortin. Assez ironiquement, cela me rappelait l’époque où au sein des légions noires de Serramire j’utilisais fréquemment ce genre de fortifications de campagnes. A l’époque je fuyais les Wandres et mon passé, aujourd’hui j’y revenais… la boucle se trouvait bouclée, et je ne savais trop si cela devait m’apaiser ou m’angoisser. J’aurais aimé pouvoir en parler à Jena, écouter ses sages avis et bénéficier de son soutien, mais aucun de mes rêves ne m’avait ramené en cet étrange lieu hors du temps. Chaque soir je m’endormais en espérant retrouver ce jardin onirique, et chaque matin je me réveillais avec simplement un mal de dos du à la piètre qualité des lits de camps disponibles.
Ce matin là, comme les précédents, j’inspectais la palissade extérieure du fortin, vérifiant que les pieux se trouvaient plantés suffisamment profondément pour ne pas risquer de se déchausser à la faveur des intempéries hivernales. De temps à autre, j’observais la lisière de la forêt qui s’étendait sur des dizaines de lieux. De loin en loin on y devinait la présence de quelques collines dénudées, mais l’environnement rappelait plus l’Anaëh que la péninsule. Seul le fleuve au bord duquel nous nous étions installés et une lointaine chaine de montagnes basses marquaient de véritables trouées dans l’immensité verte.
Un mouvement sous les arbres attira soudain mon regard. Un animal ? Je n’ignorais rien de la faune de la région ni des grands prédateurs qui rôdaient à l’affut d’une proie. Pour l’instant nous n’avions pas enregistré de pertes, mais les rares hommes à s’être éloignés du fortin ne l’avaient fait qu’en groupe solidement armés. De nouveau le mouvement se répéta, et plissant les yeux je constatais qu’il ne s’agissait pas d’un quelconque prédateur. Un homme se tenait là, et je ressentis une brusque émotion en revoyant pour la première fois depuis tant d’années un guerrier des clans. Me tournant vers l’un des soldats qui m’accompagnait dans mon inspection, je lui ordonnais :
Prévenez le comte et Darius que nous avons des visiteurs.
Puis, vérifiant distraitement que mon épée coulissait correctement dans son fourreau, je m’avançais lentement vers l’inconnu. J’espérais bien ne pas avoir à tirer ma lame, mais mieux valait être prudent tant que l’attitude du clan sur le territoire duquel nous étions installés ne serait pas clarifiée. La présence de cet émissaire, car il fallait bien l’appeler ainsi, semblait prouver que nous pourrions à tout le moins tenter de négocier, mais je restais sur mes gardes. Un piège n’était pas à exclure, et j’évitais donc de trop m’approcher, m’arrêtant à mi-distance du fortin et de la lisière. Comme s’il comprenait mes réticences, le wandrais s’avança également, quittant l’abri protecteur des arbres.
Alors que le soleil levant l’éclairait, je le détaillais du regard et en restais surpris de nos ressemblances. Même taille, même corpulence, des traits de visage presque identiques… seuls nous différenciait les quelques kilos en trop que m’avaient apporté les cuisines d’Alonna et que la nourriture plus frugale de cette expédition n’avait pas encore gommé. Nous aurions pu être frères, et à voir le regard que me jetais le wandrais, nous en étions aussi étonnés l’un que l’autre. Car si voir cet émissaire me rappelait de nombreux souvenirs, l’inconnu devait de son côté se demander ce qu’un des siens faisait en compagnie de cette mystérieuse expédition abordant leurs rivages.
La tenue et les armes du wandrais, de bonne facture et bien entretenus, dénotaient un certain rang parmi son clan. S’agissait-il du chef en personne ? Plus probablement un de ses fils ou un de ses meilleurs guerriers, tout du moins est-ce ainsi que j’aurais agis à leur place. Nous gardions tous les deux nos mains bien en évidence, en signe de paix, mais sans oser être le premier à prendre la parole. La surprise chez lui et le trouble chez moi bloquaient nos langues dans nos bouches, et nous nous contentions dans un premier temps de nous jauger du regard, comme deux adversaires avant un duel. Car même s’il restait diplomatique, je ne doutais guère que notre entrevue s’apparenterait dans les faits à une sorte de duel. |
| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Mar 18 Juin 2013 - 7:59 | |
| Entrant en trombe dans la tente, le garde Velterien se mit immédiatement au garde-à-vous tandis que le compte tentait difficilement de se relever. Les mots de têtes le tiraillaient sévèrement et la fièvre avait fait son apparition depuis quelques jours. Nul doute que la salive du Norkan eut contenu un quelconque poison pour l'organisme humain. Néanmoins, les soins de Darius s'avéraient particulièrement efficaces et le Comte s'autorisait régulièrement une sortie afin de galvaniser les troupes. La présence du garde et son allure pressé ne laissait aucun doute sur le motif de son entrée. Les Wandriens s'étaient manifestés. Restait à découvrir de quelle manière. Votre grandeur, le Baron Hanegard m'envoie vous prévenir qu'un Wandrien s'est porté à notre rencontre. Un Wandrien... un seul... Un diplomate donc. Passée la surprise, la farouche tribut de ce guerrier avait donc prévu de rencontrer les étrangers dans un cadre paisible, afin de se quérir de ses intentions avant d'agir. Cette preuve d'intelligence prouvait, s'il le fallait encore, au Comte, que les Wandriens n'étaient en rien les sauvages que l'on dépeignait dans la péninsule. Peut-être même s'avèreraient-ils être des partenaires bien plus rentables que prévus. Tentant de se lever définitivement, le Velterien perdit l'équilibre, la fièvre troublant ses sens, et fut rattrapé par Darius qui, d'une main ferme, le maintint sur ses appuis. Il était encore dans un sale état et cela se voyait sur ses traits, néanmoins, il lui fallait se présenter en personne devant l'émissaire pour ne pas courroucer sa tribut. Rassemblant ses forces, le Comte se stabilisa enfin et entreprit de revêtir son armure de cérémonie, avec l'aide de son écuyer. Au delà du symbole et de la resplendissance qu'elle conférait à son porteur, cette dernière servirait aujourd'hui à cacher, du oins en partie, l'état piteux de son porteur. Une fois solidement arnaché, Nimmio entrepris, sous bonne escorte de marcher à la rencontre de son curieux visiteur. Il était de coutume, dans la péninsule, d'inviter les ambassadeurs au sein du campement, mais le fait que l'homme soit resté à la lisière de la forêt semblait montrer une préférence très claire des wandriens pour les négociations dans un espace neutre. Traversant rapidement la distance qui séparait la porte du camp, sur laquelle étaient désormais fièrement fixée la colossale tête du Norkan, de son curieux visiteur, le Comte tenta avec un certain brio de faire bonne figure, malgré la douleur lancinante et la fièvre qui troublait sa vision. Arrivé à portée de voix de son interlocuteur, il se laissa introduire par son écuyer. Sa Grandeur Nimmio de Velteroc, Comte de Velteroc, Baron de Hautval et pourfendeur du Norkan des abysses ! Laissant apparaitre un léger sourire lors de la citation de son dernier titre en date, le Comte porta son attention sur son curieux visiteur. Ce dernier, ainsi que sa tribut aurait sans doute observé avec une certaine attention l'immense crâne de la créature. Cela jouerait certainement sur les négociations, les Wandriens étant réputés pour leur adoration des exploits martiaux. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Lun 24 Juin 2013 - 13:25 | |
| Le wandrais paru un instant surpris lorsque l’écuyer du comte de Velteroc énonça le dernier des illustres titres de son seigneur. Se tournant un peu vers moi, comme s’il préférait ne pas admettre son ignorance face à un total étranger, il demanda :
Un Norkan ?
D’un geste, je lui indiquais la tête géante du monstre qui trônait à l’entrée de notre campement. Une lueur de compréhension apparut dans le regard de l’émissaire, qui ne devait pas connaître la faune aquatique de l’Eris, les siens n’étant guère connus pour leurs qualités de navigateurs en haute mer. Leurs navires rudimentaires ne devaient pas servir au-delà de quelques actions de pêche côtière, loin des eaux hantées par les prédateurs géants comme celui qui nous avait assaillis. Mais la seule taille de la tête du Norkan permettait de deviner qu’il s’agissait bien d’un véritable titan.
Oh, je vois. Il y a de l’honneur à remporter un tel combat, et j’espère qu’un jour vous pourrez me le raconter.
Au moins l’inconnu parlait couramment notre langue, bien qu’avec un accent assez prononcé. Si la langue des Wandres et celle du royaume ne différaient guère, la présence de nombreux patois auraient pu compliquer nos efforts diplomatiques. Sans doute son père avait-il choisi ce jeune homme comme émissaire justement du fait de ses facilités linguistiques. Apprises auprès d’un marchand de passage ? Auprès d’un érudit de son clan ? Peu importait au fond, nous pouvions nous satisfaire d’avoir abattu cette première barrière.
L’espace d’un instant, la tension diminua et je me pris à croire que notre installation serait assez aisée, que nous aurions sinon la bénédiction du moins l’accord des locaux. Mais qui pourrait croire qu’installer un comptoir au sein d’une terre comme les Wandres se ferait sans accrocs ? Dégainant son épée, le wandrais la planta dans le sol, et fermement appuyé dessus, déclama d’une voix de stentor :
Je suis Siegmund, fils de Segest, chef du clan des Sicambre. Les terres de mon père s’étendent du fleuve jusqu’aux collines du nord, et nul envahisseur n’y a jamais posé pied sans y verser ensuite son sang.
Bon, ok, ça se gâtait. Si la tête du Norkan avait éveillé l’intérêt de notre visiteur et lui avait sans doute donné bonne opinion de nos capacités martiales, il n’allait pas pour autant renoncer à porter son message, et ce message était clair « vous n’êtes pas les bienvenus ». Je n’attendais certes pas qu’on nous accueille à bras ouverts en nous jetant des fleurs, mais l’émissaire venait de confirmer mes craintes. Cependant, sa seule présence en lieu et place d’une attaque laissait espérer que son père préférait éviter un conflit face à un envahisseur alignant un nombre de soldats aussi imposants.
Que devais-je faire ? L’espace d’un instant, je pensais laisser parler le comte de Velteroc, mais je me ravisais et pris moi-même la parole. Mieux valait que Nimmio ne s’engage pas trop vite dans la discussion mais reste présent comme une puissance supérieure, bien que l’expression soit exagérée. Darius et moi pouvions tirer les premières salves, et laisser ensuite le comte intervenir pour concilier ou acter un désaccord. Méthode classique en diplomatie visant à ne pas laisser la seule personne réellement en mesure de prendre la décision trop s’avancer avant de savoir quel jeu l’adversaire tenait en main.
Nous ne sommes pas des envahisseurs, Siegmund. Comme vous avez pu le constater ces derniers jours, à aucun moment nous n’avons cherché à étendre notre campement au-delà du minimum requis pour nous loger. Seul le commerce et la recherche d’alliance nous amène en ces lieux, et à aucun moment nous ne cherchons à remettre en cause le légitime droit des Sicambre sur ces terres.
Lors du bref discours du wandrais, j’avais noté un élément intéressant. Selon lui, les terres de son clan ne commençaient qu’au niveau du fleuve, indication que d’autres dominaient au-delà. Or je ne doutais pas un seul instant que la recherche du contrôle de cette voie navigable et prolifique en poissons devait avoir entrainé bien des conflits entre les clans de la côte. Nimmio ne m’avait-il pas dit qu’il comptait se servir des éternelles rivalités entre les clans à son avantage pour forger des alliances ? Lâchant ma flèche du parthe, j’ajoutais donc :
Votre père, en fin politique qu’il est, verra sans aucun doute les avantages qu’il pourra tirer de notre présence sur ses terres… et non pas sur celles de ses ennemis. |
| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Mar 25 Juin 2013 - 8:57 | |
| Bienvenue à toi Siegmund, fils de Segest. Je suis Nimmio de Velteroc, meneur de cette expédition. La voix provenait de la frèle silhouette qui faisait face au vigoureux wandrien. Ainsi, agissait-il de l'homme qui avait vaincu la créature dont la crâne colossal ornait la porte du camp . Étrange, tant il paraissait petit à côté du colosse borgne qui le suivait comme son nombre. La fièvre n'était toujours pas tombée et apparaitre affaibli à un tel moment eut été une erreur stratégique majeur. Ainsi avait-il demandé à son acolyte Mogarite d'employer un de ses sortilèges de combat, annulant douleur et fatigue afin qu'il puisse paraitre sous son meilleur jour. Nous ne savions pas en arrivant en ces lieux que nous arpenterions les terres du fier peuple des Sicambre. Nous nous excusons de ce fait, mais vous comprendrez que nous ne pouvons à présent plus faire marche arrière. Néanmoins, comme l'a fort bien dit messire Hanegard, nous ne venons pas en ennemis et vous aurez beaucoup à gagner en nous accueillant. Le Comte posa son unique main sur le pommeau de son épée, tandis que le vestige de l'autre était désormais caché en écharpe sous une longue toge blanche. Impossible il était de dire s'il s'agissait d'un bras cassé où d'une blessure plus grave et le jeune seigneur ne comptait pas mettre fin au mystère de si tôt. Nous savons que vous n'êtes pas les sauvages que dépeignent bien de nos compatriotes péninsulaires. Nous savons également à quel point il est difficile de vivre en ces lieux inhospitaliers et à quel point la lutte entre vos grandes tributs peut être acharnée et violente. Si nous sommes ici, c'est parce que nous pensons pouvoir vous apporter quelque chose qui vous manque... Et nous pensons que vous avez, vous aussi, quelque chose qui nous manque. Nous avons à vous proposer notre aide et notre amitié... Nos armes et notre savoir faire... Nos produits et nos vivres. De votre côté, vous disposez du contrôle des anciennes voix commerciales avec les nains... D'hommes forts et déterminés... Et des ressources de vos forêts impénétrables. Comme vous le voyez, nos intentions ne sont pas belliqueuses ni invasives. Je sais que les Wandriens accordent beaucoup d'importance à la parole donnée. C'est une de nos similitudes. Si d'aventure, nous venions à nous entendre sur un accord réciproquement profitable, je puis vous assurer que jamais rien ne pourras nous amener à revenir sur cet engagement d'honneur. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Mer 26 Juin 2013 - 11:47 | |
| Le comte prit à son tour la parole, expliquant posément au wandrien les objectifs de son expédition, à savoir l’installation d’un comptoir de commerce pour établir des échanges fructueux entre le royaume et les Wandres, échanges tant maritimes que terrestres. Subtil mélange de diplomatie, de douceur et de sous-entendus, le discours de Nimmio fit son petit effet. Siegmund prit le temps de la réflexion, comme pour peser le pour et le contre de la proposition qu’il venait de recevoir, avant de rengainer son épée en signe d’apaisement et de répondre :
Vos paroles sont emplies de sagesse, je vais les rapporter à mon père et il décidera que faire. Souhaitez-vous m’accompagner ?
Nous n’en attendions pas plus, conscients que le jeune homme ne devait disposer que d’une marge de manœuvre limitée, les vraies décisions se prenant ailleurs. Mais je ressentis un petit moment de satisfaction car Siegmund nous laissait l’opportunité de rencontrer directement l’homme dont notre installation allait dépendre. L’amitié de ce fameux Segest constituerait la pierre angulaire de la stratégie du comte de Velteroc, et je n’hésitais donc pas une seule seconde à accepter.
Ce sera avec joie que nous irons présenter nos hommages à votre père. Si nos propositions lui agréent, nous pourrons voir à organiser une rencontre officielle entre lui et le comte de Velteroc pour sceller cette alliance ?
Je me doutais que Nimmio risquait au retour de me chauffer les oreilles de l’avoir laissé ainsi sur la touche, mais mieux valait qu’il ne nous accompagne pas dans son état de faiblesse que seul cachait le sortilège mogarite lancé par Darius. Le colosse paru d’ailleurs un instant hésitant, car il avait bien compris que le « nous » valait également pour lui. Laisser son patient au camp ? Certes le comte allait mieux, mais Darius assurait son rôle de soigneur et de garde-malade avec une rigueur toute militaire. Cependant, il agissait également en ces lieux comme le représentant du comte et devait rechigner à me laisser la seule responsabilité de nous représenter devant le chef des Sicambres.
A l’inverse, l’absence du comte pouvait aisément se justifier. Nimmio se devait de parler d’égal à égal avec Segest, se présenter en quémandeur au village des Sicambre aurait affaibli sa position. Darius et moi, étant d’un rang inférieur au sien, pouvions parfaitement assurer un rôle d’ambassadeur. Cette manière de traiter officiellement de puissance à puissance entre nous et le peuple des Sicambre me laissait espérer qu’ils apprécieraient et ne se sentiraient pas offensés. Comme Darius ne bougeait pas, tiraillé entre le désir de rester auprès du comte et celui de rencontrer le chef wandrais, Siegmund prit probablement son hésitation pour de la crainte de tomber dans une embuscade.
Quelle que soit la réponse de mon père, je vous promets qu’aucun mal ne vous sera fait. Soyez assuré que l’honneur des miens n’est pas un vain mot.
Darius ayant finalement accepté de venir également, il ordonna à une quinzaine de soldats de se joindre à nous afin de servir de garde d’honneur, force suffisante en cas de pépin sans paraître pour autant belliqueuse. Le Grand Prêtre ne les avait pas choisit au hasard, piochant dans ses troupes d’élites et non pas dans la masse des piétons dont la loyauté et la solidité en combat réel ne pouvait être garantie. La confiance n’excluait pas la prudence, attitude que je ne pouvais qu’apprécier. Et tandis que le comte regagnait son lit de souffrance, nous pénétrâmes donc dans la forêt.
Chemin faisant sous les frondaisons, je demandais à Siegmund quelques détails supplémentaires au sujet du peuple des Sicambre. Bien que réticent à trop se dévoiler, le jeune homme m’expliqua cependant que les siens vivaient dans une petite dizaine de villages répartis le long de la côte. Il nous conduisait au principal village, celui où régnait Segest et dont il venait lui-même. L’atmosphère se détendant, nous commencions tous deux à parler des Wandres, à évoquer des chasses, à comparer des méthodes de traques et d’embuscades.
Mais alors que nous approchions du village des Sicambre, une désagréable odeur de fumée commença à emplir l’air. A peine perceptible d’abord, puis peu à peu plus prononcée. Palissant brutalement, Siegmund accéléra le pas, puis se mit à courir, oublieux de son rôle d’ambassadeur. Malgré que nous ayons nous aussi commencé à courir, nous ne pouvions tenir son rythme et bientôt seul le bruit de sa course nous guida. Bruit qui s’arrêta d’un coup, signe que Siegmund venait de s’arrêter. Lorsque nous débouchâmes à notre tour à l’orée d’une vaste clairière, le jeune homme était figé comme une statue et regardait d’un air horrifié le spectacle qui s’offrait à lui.
Le village des Sicambres était en feu… |
| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Jeu 4 Juil 2013 - 9:06 | |
| Des flammes virevoltantes sur les maisons des Sicambres, voici le spectacle qui accueillait la colonne diplomatique Velterienne. Un spectacle de désolation comme celui-ci avait de quoi surprendre les observateurs, mais le jeune négociateur Wandrien ne sembla pas perdre son sang froid pour autant. Levant la main en silence, dans un mouvement universellement reconnu pour stopper une avancée, il s'immobilisa à la lisière de la forêt. Tout le monde en fit autant, scrutant le moindre mouvement, écoutant le moindre son.
Visiblement, le pillage était toujours en cours... Mais aucun cris d'horreur ne s'élevait de ce lieu sans doute remplis de vie quelques heurs auparavant. Cela ne pouvait signifier qu'une chose, les assaillants avaient trouvés le village désert en arrivant.
Comme on s'y attendait, les Barangons ont lancé une offensive, profitant de notre situation précaire dans laquelle votre arrivée nous a enfoncé pour tenter de nous chasser de notre territoire. Mon père et ses hommes ont dû se replier dans un de nos villages plus facilement défendables. Suivez moi.
Darius avait fortement envie de tester son marteau face à ces sauvages qui semblaient à présent festoyer au cœur de leur conquête. Mais il était suffisamment lucide pour savoir qu'on ne se lance pas dans un combat sans connaitre le nombre de ses adversaires où en étant accompagne que d'une frêle escorte, ce qui était le cas en ce jour. Lâchant un grognement qui ne laissait que peu d'interprétations possibles, le colosse entreprit de suivre leur jeune guide, pour une marche qui durerait quelques heurs de plus.
Le chemin fut long au travers des bois, tandis qu'ils évitaient soigneusement les quelques chemins communément empruntés. Le jeune Sicambre semblait connaitre les lieux comme sa poche et ils avancèrent vite malgré l'épaisseur des bois. Le soleil déclinait fortement quand ils aperçurent enfin le village tant recherché, posé qu'il était au cœur d'une clairière artificielle.
Pour un péninsulaire, le spectacle qui se dressait devant eux était fort intéressant. Ce nouveaux lieu de vie n'avait rien de commun avec celui qu'ils avaient laissé quelques heurs plus tôt. Il ne s'agissait pas d'un simple village protégé d'une palissade en bois. Non, ce village ressemblait d'avantage aux oppidums qui se dressaient dans la péninsule autrefois, avant que les architectes n'apprennent à ériger des forteresses plus inexpugnables. Ainsi, le village qui venait de tomber n'était-il sans doute qu'un village d'été, un lieu plus commode quand le climat est clément pour élaborer un semblant de culture et accéder à la mer et au fleuve.
Mon père doit nous attendre. Suivez moi.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Jeu 4 Juil 2013 - 14:19 | |
| Croyez-le ou non, mais notre premier contact avec le chef des Sicambre ne fut pas des plus cordial. Attitude surprenante, n’est-ce pas, car après tout il venait juste de voir un des villages de son clan brulé au moment où une armée d’envahisseurs débarquait sur ses côtes. Il nous accueillit cependant dans ce qu’il appelait sa salle du trône, en réalité un simple hall décoré et réchauffé par deux grandes fosses à feux. Il commença assez rapidement ses récriminations sur notre « invasion » et le fait qu’elle le laissait à la merci de ses ennemis en l’obligeant à diviser ses forces sur toutes ses frontières. De nombreux guerriers se trouvaient également là et nous regardaient d’un air hostile, comme si nous étions des intrus... ce qui en un sens était la plus stricte vérité.
C’est dans ce hall enfumé que j’appris qu’ayant dispersé ses guerriers dans les différents villages Sicambres et utilisé le reste pour nous tenir à l’œil, Segest s’était vu surprendre par les Barangons, ennemis héréditaires de son clan mais qui s’était tenus à carreaux depuis plusieurs années en guettant le moment propice. Ces derniers avaient apparemment profité de notre arrivée pour lancer ce raid contre les Sicambres, considérant leurs voisins comme suffisamment affaiblis pour courir ce risque. Moins de trente guerriers Sicambre restaient alors pour défendre le village, bien trop peu pour affronter la centaine de Barangons. Segest et les villageois n’avaient eu que le temps de fuir pendant que les braves retenaient l’adversaire et donnaient leur vie pour protéger leur chef.
Siegmund et Darius tentèrent bien d’expliquer la proposition de Nimmio, mais le vieux Sicambre restait sur la défensive et nous faisait porter l’entière responsabilité de l’attaque des Barangons, écoutant à peine ce que l’on lui expliquait. Je compris alors brusquement pourquoi les Barangons attaquaient : il ne s’agissait ni de notre arrivée ni des guerriers Sicambres, non. Ils attaquaient car ils savaient que Segest n’était plus que l’ombre de lui-même, l’âge érodant son courage et sa capacité à prendre des décisions. Le vieux chef de guerre s’accrochait au pouvoir sans comprendre ou réussir à admettre qu’il ne possédait plus la poigne de fer nécessaire à cela, et le respect que lui portaient encore les Sicambres les empêchait d’agir. Pour avoir moi-même tué le chef de mon clan dans ma jeunesse, je savais à quel point les wandrais respectaient les traditions et honoraient leur chef, quel que soit leur jugement sur lui. Dans un monde hostile où seuls survivaient les forts, les chefs de clans demeuraient les seuls piliers sur lesquels s’appuyaient les clans, et un dicton disait que mieux valait un pilier pourri que pas de pilier du tout.
Assez !
Bon, cela ne se passait pas comme j’espérais, aussi il allait falloir forcer un peu le destin et prendre quelques risques. Pour l’instant, Segest voyait en nous la plus grande menace, ce qui ne nous avantageait absolument pas dans nos négociations. Mais réveiller son honneur de guerrier pourrait permettre de tourner vers les Barangons sa colère, et lui faire passer au second plan notre… invasion… de son territoire. A défaut, j’espérais lui forcer la main en profitant du fait que nous nous trouvions en public.
Ne dois-je revenir dans les Wandres que pour entendre des palabres ? Les Barangons festoient dans votre village, au milieu de vos habitations incendiées et des cadavres des vôtres, alors que vous restez là à attendre. Est-ce ainsi qu’agit un guerrier ? Vos ennemis sont persuadés d’avoir réussi à vous vaincre, ils sont en train de se moquer de vous et de vous traiter de femmelettes en buvant votre vin et en mangeant le fruit de votre chasse ! Agissez ! Abrutis par le pillage, ils seront des proies faciles pour vos lames et apprendront par le sang que nul ne doit sous-estimer le peuple des Sicambres !
L’espace d’un instant, le silence se fit, avant que des murmures ne sortent des rangs des guerriers Sicambres. « C’est bien parlé ! », « Il a raison », voilà ce que je pouvais entendre. Titiller leur orgueil, voilà une méthode qui je savais ne ratait que rarement, et j’en connaissais peu d’aussi orgueilleux que les guerriers des clans. Se penchant en avant et me fixant de son regard chargé d’ans, le vieux chef des Sicambres me demanda :
Que proposes-tu ? Menez une contre-attaque avant l’aube. Les Barangons passeront surement la nuit dans votre village avant de repartir, vous pouvez les surprendre si vous agissez rapidement. Nous vous aiderons, nous avons une quinzaine de guerriers avec nous, de vrais braves près à combattre à vos côtés. Nous en ferons venir autant de notre campement, et si vous disposez d’une cinquantaine de guerriers prêt à affronter vos ennemis sans faiblir, vous n’aurez plus de désavantage numérique.
Me basant sur ma discussion avec Siegmund, j’avais rapidement fait mes comptes de ce que les Sicambres pouvaient envoyer sans affaiblir ses propres défenses. Entre leurs morts et leurs blessés, les Barangons n’aligneraient dans le village la centaine d’homme de la veille. Poussé par ses guerriers, Segest ne pouvait refuser ma proposition sans passer pour un couard, le combat se ferait en quasi-équivalence numérique. Il ne restait qu’à espérer que les envahisseurs sous-estimeraient les Sicambres et seraient persuadés que le vieux chef de clan n’oserait mener de contre-offensive, qu’ils n’aient pas reçu de renforts, qu’ils ne détectent pas notre approche et que les renforts de Fort Norkan arrivent à temps. Autrement dit, mille raisons pouvaient encore amener cette affaire à se terminer misérablement, mais si nous réussissions, nous aurions gagné l’estime des Sicambres, à défaut de celle de leur chef.
Moins d’une heure plus tard, je repris la route du village, Darius et Siegmund à mes côtés, cinquante wandrais et quatorze velteriens derrière nous. Siegmund avait reçu de Segest l’ordre de mener l’ensemble du groupe, et nous avions accepté ce choix pour laisser aux Sicambres l’honneur de la victoire que nous espérions tous. Peu importait de tels honneurs à Darius ou à moi tant que nous pouvions obtenir l’autorisation de rester dans la région avec la bénédiction de Segest. Le quinzième soldat velterien était lui en route pour Fort Norkan, accompagné par deux guides wandriens et porteur d’une missive de Darius à Nimmio lui expliquant la situation et lui demandant de nous envoyer une vingtaine d’hommes en renfort au plus vite. |
| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Lun 15 Juil 2013 - 8:54 | |
| Un étrange message venait de parvenir au Comte, ce qui le laissait fort perplexe. Hanegard le prévenait que la guerre qu'ils attendaient avait enfin éclatée... Du moins, que la première confrontation s'annonçait dans les heurs à venir, mais il ne demandait à son suzerain qu'un faible nombre d'hommes pour venir renforcer son escorte. Sans doute voulait-il ne point froisser les Sicambres en déployant d'emblée une force face à laquelle ils ne pourraient démontrer leur bravoure. Wandrien lui même il connaissant sans doute bien leur code de l'honneur... Et ces hommes du nord semblaient d'avantage s'attacher au respect qu'on leur porte, plutôt qu'à la puissance de leurs partenaires. La démonstration de force ne serrait donc pas pour aujourd'hui.
Se tournant vers son aide de camp, le Comte demanda à ce que l'on prépare une vingtaine d'hommes supplémentaires afin d'épauler les gardes Velteriens déjà en lice. S'il n'était pas à douter que ces derniers fassent montre d'une grande bravoure et de prouesses martiales, le Velterien voulait montrer aux Wandtrien une autre de ses formations d'élites. Les Arbalétriers Beltrodois, fiers combattants de la ville éponyme allaient à leur tour montrer aux hommes du nord combien l'on était habile dans le Médian pour porter le fer à ses ennemis.
A Peine avait-ils fait passer le mot, que de nombreux hommes se portèrent volontaires pour êtres les dépositaires de la besogne à accomplir. Cela faisait quelques jours qu'ils étaient arrivés et maintenant que les premières étapes de construction du camp étaient terminées, nombres d'entre eux espéraient enfin en découdre avec ceux qu'ils étaient venus combattre. Une vingtaine d'homme furent sélectionnés parmi ces volontaires et furent envoyés au renfort, escortés par les éclaireurs Sicambres.
Après de longues minutes de Marches, ils parvinrent finalement à l'orée des bois, en vue du village légèrement fortifié de leurs alliés. Il y régnait une ambiance festive, tandis que les nouveaux propriétaires des lieux, persuadés de leur victoire définitive, semblaient fêter cela dignement sans prendre la peine de se méfier d'une éventuelle contre-attaque. Cela en disait beaucoup sur l'état de faiblesse supposée des Sicambres.
Après avoir opéré la jonction avec les forces déjà sur place, les coalisés entreprirent de se rapprocher discrètement du camp, tandis que les arbalétriers se préparaient à neutraliser les éventuels guetteurs ennemis. Puis, arrivés le long de l'enceinte, ils s'arrêtèrent un instant pour se rassembler avant de cheminer vers la porte fracassé, du camp.
Darius, passablement excité par la possibilité qui lui était enfin offerte d'en découdre, leva alors son énorme marteau au dessus de la tête, prêt à pousser son légendaire cris de guerre, avant de se raviser brusquement. Les Sicambres menaient l'attaque, ils vivraient sans doute comme une insulte, le faite que leur allié les précèdent surs leur propre terre. Un grand guerrier autochtone s'élança lors, suivi de ses compagnons, tandis qu'au bruit des réjouissance, succédait celui des armes que l'on tirait précipitamment de leurs fourreaux. Darius put, quand à lui, enfin se lâcher.
La gloire par le sang !
S'élançant alors, suivit par les gardes Velteriens, le Colosse engloutit la distance qui le séparait de ses ennemis en moins de temps qu'il ne le faut pour l'écrire, abattant son immense marteau sur le crâne malheureusement dénudé du premier ennemis qui passait à sa portée. Le jet de pulpe informe qui s'ensuivit ne laissa que peu de marge d'imagination quand à l'état de santé de sa victime. Derrière lui, s'engouffraient les gardes velteriens, dont les armures étincelantes ne tardèrent pas à se teinter de rouge. Celui des ennemis souvent, leur leur, parfois, tandis que les coups s'échangeaient, dans une joyeuse cohue.
Les Arbalétriers Beltrodois, quand à eux, trouvèrent rapidement une position de tir convenable et se mirent, avec la régularité d'un métronome, à faire pleuvoir la mort sur leurs ennemis, prélevant un lourd tribut chez les Wandriens fort peu protégés. Nombre de plainte suivaient en effet le claquement caractéristique des arbalètes velteriennes, tandis que, percés de part en part, les « cibles » s'effondraient, paralysés par la douleur.
Mais la bataille était loin d'être terminée. Car après la surprise initiale, les ennemis des Sicambres semblaient à présent se ressaisir. Se repliant de quelques mètres, ils se regroupèrent et assemblèrent une ligne de bataille que la surprise ne leur avait pas encore permis de mettre en place. Un mur de boucliers se dressait à présent devant leurs ennemis. Une formation qui n'existait, en péninsule que dans les grimoires historiques. Imitant leurs homologues, les Sicambres formèrent à leur tour une ligne de bataille solide, tandis que les Velteriens de mettaient en formation de combat péninsulaire.
La seconde hase du combat allait commencer.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Mar 16 Juil 2013 - 8:40 | |
| [HRP : ce post est pour partie parodique. Messieurs-les-toujours-sérieux, passez votre chemin.]L’ivresse de la bataille, voilà bien un sentiment malaisé à décrire mais que tous les guerriers vous diront avoir ressenti au moins une fois. Lorsque vous chargez les lignes ennemies au milieu de vos frères d’armes, beuglant vos cris de guerre, vous vous sentez d’un coup différent. Immortel ? Pas exactement, mais la peur de la blessure ou de l’amputation, la crainte de rejoindre le sombre royaume de Tyra, de perdre vos proches, tout cela est balayé en un clin d’œil et remplacé par de l’exultation sauvage. Dans votre tête, vous avez déjà gagné, vous avez déjà massacré vos adversaires et vous vous tenez déjà victorieux au soir du combat, recouvert de leur sang et célébrant votre triomphe. Oui, il y a dans ces moments là une ivresse qu’aucun nectar ne pourra jamais égaler.
Lorsque les Sicambre donnèrent le signal de l’assaut, je dégainais mon grokikoup et me ruais à l’assaut, tandis que derrière nous les renforts envoyés par le comte de Velteroc épaulaient leurs kitirloins. Ces fins tireurs lâchèrent une volée sur les Barangons surpris, et je vis plusieurs de nos adversaires tomber raide, leurs kédurs ne les protégeant pas efficacement des kipkiloins. Ceux équipés de kéduramins tentèrent bien de se protéger, mais les velteriens abaissèrent leurs tirs pour viser leurs jambes découvertes. Encore sous le choc, ennemis encaissèrent assez mal notre première charge, les libations ayant suivi leur victoire les rendant lourds et peu réactifs. Toutefois, voir un guerrier Sicambre vous foncer dessus en brandis son kikoup vous aide à dessaouler plus efficacement que trois litres de café et une lettre du percepteur annonçant un contrôle fiscal.
Fonçant entre les chaumières du village Sicambre, je tombais sur un Barangon tenant un kekrase. Poussant un rugissement de rage, il me fonça dessus en brandissant son arme. Esquivant son attaque d’un pas de côté, je laissais la force de son coup l’entrainer vers l’avant avant de pivoter sur moi-même et d’abattre mon grokikoup sur sa nuque non protégée. Ma lame s’enfonça profondément dans la chair du wandrais, taillant os et chair avec avidité. Il s’en fallut de peu que je ne le décapite, mais déjà je délaissais le vaincu pour réceptionner mon adversaire suivant. Ou plutôt mes deux adversaires, car les Barangons commençaient à retrouver un semblant d’organisation après le choc initial.
Au centre du village, ils avaient formé un lonkéduramin, imités rapidement par les Sicambres. Formation peu utilisée dans le royaume du fait de l’utilisation d’armes de siège et de la cavalerie lourde, le lonkéduramin avait toutefois perduré dans certains combats entre clans. Épreuve de force pure entre les deux lignes qui se poussaient, tentant de toucher l’adversaire par delà leurs kéduramins, ce type de combat pouvait durer jusqu’au moment où une des deux lignes cédait, et alors cela se transformait vite en une épouvantable boucherie. Bien sur, si nous pouvions réussir à tourner la formation des Barangons pour les charger par l’arrière, la victoire serait à nous. Et eux aussi devaient le savoir, raison pour laquelle certains d’entre eux tentaient de contourner le champ de bataille.
Mes deux adversaires devaient faire partie de ces troupes chargées d’aller nous attaquer par l’arrière, bien que je n’avais guère le temps de m’occuper d’une vision d’ensemble du champ de bataille car je devais concentrer toute mon attention à contenir leurs assauts. Parant le kikoup du premier, je reculais, bien conscient qu’il tentait de monopoliser mon attention afin de permettre à son camarade, armé d’un kipikobou de me percer les entrailles grâce à la portée supérieure de son arme. Commençant à fatiguer, mon grokikoup pesant de plus en plus lourd dans mes mains, je me dis que ces années passées dans le jeu politique du royaume avaient nettement réduit mes qualités martiales. Bon sang, je n’allais tout de même pas me faire avoir par ces deux brigands à cause d’un manque d’entrainement !
Reculant à nouveau, j’esquivais une attaque avant de saisir brusquement le kipik que je portais dans le dos à ma ceinture et de le projeter sur le Barangon. Surpris, le guerrier ne put esquiver et se le prit en plein dans le buffet. Fixant avec horreur sa tunique qui se gorgeait de sang, il s’effondra, non sans m’avoir jeté un regard d’incompréhension. Me tournant vers son compagnon, et satisfait de voir que si mes réflexes diminuaient, je n’avais pas oublié les petits coups en traître permettant de se sortir d’une situation difficile, j’écartais les cheveux que ma sueur collait à mon front et grognait :A nous deux maintenant.Pendant ce temps, la bataille continuait de faire rage dans le village.~~~~~ [HRP : afin de faciliter la lecture, voici un petit traducteur] kipik : dague, par extention une épée courte bien que cela soit en cours de révision. kikoup : épée longue, terme parfois utilisé à tort pour désigner tous les types d’épées. grokikoup : épée bâtarde, arme dérivée du kikoup, utilisable à une ou deux mains. kekrase : marteau de guerre, peut parfois s’utiliser pour désigner les gourdins. kitirloin : arbalète standard de l’armée velterienne, modèle AMX30 (Arbalète Moyenne type X30). kipikloin : carreaux ou flèches, pas de distinction connue à ce jour entre les deux. kédur : armure légère, du pourpoint à la cotte de mailles. Différent du kétrèdur, qui désigne les armures feuilletées ou de plates. kéduramin : bouclier, ou par extension toute protection pouvant se tenir dans la main non-combattante. lonkéduramin : mur de bouclier, autrefois utilisé pour désigner également la phalange. La formation en tortue se décrit comme un kédurpartou. kipikobou : lance, attention à ne pas confondre avec les hallebardes (kikoupobou), erreur trop souvent commise. |
| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Jeu 25 Juil 2013 - 13:53 | |
| « Clang » ! Les deux formations venaient de se percuter de plein fouet dans le brouhahas typique des mêlées guerrières. Les Sicambres et leurs ennemis s'en donnaient à cœur joie, poussant de toute leur force pour tenter de prendre l'avantage et de disloquer les rangs adverses. De leurs côté, les Velteriens, coutumiers d'autres type de bataille s'étaient mis en position défensive, bloquant l'entrée du camp derrière deux ligne de boucliers, protégeant les arbalétriers qui s'en donnaient à cœur joie. Pilonnant, de leurs tirs précis, les ennemis isolés et les angles dégagés du mir de bouclier Barangon, ils prélevaient leur tribut avec la régularité d'un métronome.
Au milieu des cris et des armes qui s'entrechoquaient, Darius semblait dans son élément. Un étrange sourire était apparu sur son visage à l'instant même ou les ennemis avaient décidé de faire face plutôt que de tenter de fuir. Dès lors, brandissant son énorme marteau, il semblait se frayer un chemin sanglent au milieu des ruelles du village Sicambre. Ses muscles hypertrophiés par des années d'entrainement intensif et par les effets durables de ses transes mogarites répétées luisaient à présent sous l'effet de la sueur et du sang, lui donnant un air presque divin.
Passant l'angle d'une ruelle qui le portait à présent sur le flanc de la formation ennemie, il vit d'un coin de l'œil, le seigneur d'Alonna aux prises avec ses propres adversaires. Il semblait s'en sortir avec les honneurs, aussi, le colosse décida-t-il de lui laisser la gloire pleine et entière de l'emporter seul. Inspirant profondément, il s'élança lors à pleine puissance, tel un Ajax des temps ancien, marteau en l'air, suivi par un groupe de gardes velteriens, parcourant les quelques mètres qui les séparaient de l'ennemi en quelques secondes.
Si l'effet de surprise ne dura pas plus longtemps que le dépassement des premières maisons, l'impact de cette nouvelle charge fit vaciller lourdement la formation des Barangons, qui ne prévoyait pas de contremesure efficace à une prise de flanc. Le Marteau de Darius s'abattit alors sur le crâne découvert du malheureux qui se trouvait en face de lui, propulsant une pulpe informe sur l'entourage, dans un craquement sonore particulièrement immonde. Relevant son arme aussi vite qu'elle s'était abattue, il frappa à nouveau, encore et encore, projetant par moment, de nouvelles gerbes de sang tandis que son arme trouvait des failles dans la défense adverse. Les garde velteriens quand à eux n'étaient pas en reste et frappaient de taille et d'estoc pour tenter, à l'image de leur chef, de briser les rangs ennemis.
Rapidement, les Barangons commencèrent à céder du terrain, avant de finalement céder tout court. La formation se disloquant, nombre d'entre eux tombèrent simplement en arrière tandis que les compagnons qui les soutenaient l'instant d'avant se repliaient dans le désordre, dans les ruelles agaçantes. Une fois au sol, certains vendirent chèrement leur peau, tandis que d'autres, plus réalistes sur leur chance, se rendaient simplement en lâchant leurs armes.
Détachant son regard de la scène qui n'avait désormais plus d'intérêt pour lui, le zélote de Mogar délogea son marteau du bouclier dans lequel il s'était fiché et entrepris de poursuivre les pillards qui tentaient de se reformer une nouvelle fois en profitant de l'exiguïté de la ruelle dans laquelle ils avaient trouvés refuge.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Ven 26 Juil 2013 - 13:50 | |
| Darius avait parfaitement su lancer la manœuvre de contournement, bénéficiant de l’excellente discipline des soldats velteriens regroupés autour de lui et agissant comme une unité organisée. Le mur de bouclier de nos ennemis frémit sous le choc de leur charge, puis s’ouvrit peu à peu alors que la panique gagnait les rangs. Tout soldat voyant brusquement son flanc découvert reculera automatiquement afin de chercher un emplacement lui permettant de se protéger. Répétez cela à grande échelle et vous aurez la parfaite vision de la bataille que nous menions. Poussant des rugissements de joie, les Sicambres chargèrent leurs ennemis en fuite, les abattants les uns après les autres, les empêchant de se regrouper et de reformer leur ligne.
Mon propre adversaire dut comprendre l’importance salutaire de la fuite car il tourna les talons, et sans plus s’occuper de moi détala comme un lapin. Bien conscient de l’importance du moment pour tout scénariste, je récupérais ma dague sur le cadavre du premier wandrais et la lançais en direction du fuyard, bien décidé à lui percer les omoplates. Vous voyez la scène ? Le héros qui d’un geste adroit abat l’ennemi en fuite, tandis que la spectatrice, la larme à l’œil, s’extasie sur les exploits de celui qui hante ses rêves inavouables. Nous y étions totalement, et le temps paru s’arrêter alors que ma dague volait en direction du dos non protégé du wandrais.
SCHTONG !
Mon jet rata sa cible d’un bon mètre, et je me retrouvais l’air un peu niais à regarder ma dague vibrer dans un arbre alors que le fuyard disparaissait à l’angle d’une ruelle. Dommage, je vous sais amèrement déçu, mais mes entrainements martiaux m’ont plus porté sur les épées que sur les couteaux de lancer. Admettez tout de même que vous pensiez me voir l’abattre, non ? Un peu dépité moi aussi, j’allais donc récupérer ma dague et rejoignis la place principale du village où les derniers Barangons tentaient de retarder l’inévitable face à des forces désormais bien supérieures aux leurs.
En effet, lors de la chute du mur de bouclier, nos adversaires avaient payé un lourd tribut, car chacun d’eux s’était retrouvé avec un flanc exposé tandis que les Sicambres restaient parfaitement en formation. Il s’agissait d’ailleurs bien là du principal problème de cette antique formation : peu couteuse en vies humaines tant qu’elle résistait, cela tournait à une boucherie généralisée dès lors qu’elle se voyait percée. J’estimais à vue d’œil que sur les quatre-vingt Barangons qui occupaient le village à notre arrivée, la moitié gisait raides morts, un quart avait fuit après s’être temporairement retranchés dans une ruelle pour s’y reformer et s’était depuis perdu dans les bois, tandis que le dernier quart se rendait. Une vingtaine de prisonniers donc, ce qui ferait sans doute plaisir au comte de Velteroc si toutefois les Sicambres acceptaient de les laisser en vie.
Siegmund, une profonde entaille barrant son flanc, se tenait au milieu de ses guerriers victorieux qui l’acclamaient. La douleur devait être vive mais la plaie ne semblait pas profonde et le jeune wandrais n’aurait jamais laissé transparaître de la souffrance alors que tous les yeux étaient fixés sur lui. Son heure de gloire venait de sonner, il avait reconquis la terre de ses ancêtres et chassé les ennemis de son peuple après leur avoir fait payé un lourd tribut en vies humaines. Si j’avais été moi-même un Sicambre, nul doute qu’à cet instant j’aurais considéré Siegmund comme l’héritier légitime de Segest et mon futur chef. Dans les Wandres, aucune légitimité n’équivaudra jamais à celle que donne une belle victoire militaire.
Sans mot dire, son épée toujours à la main, le jeune homme me fit signe de m’avancer, le cercle des guerriers Sicambre se refermant derrière moi. Je connaissais bien des rites guerriers dans les Wandres, chaque tribu quasiment ayant le sien pour célébrer la victoire. Mais ce qu’attendait Siegmund de ma part était commun quasiment à toutes. Il s’agissait du plus vieux rite entre guerriers, celui où le sang versé fait de deux hommes des frères d’armes, les liants comme des frères à tout jamais. Croisant nos bras, Siegmund et moi entaillâmes chacun le bras de l’autre avec nos lames, mêlant nos sangs à celui de nos ennemis vaincus.
Par le sang, mon frère. Par le sang, pour la gloire, et mort à nos ennemis !
Brandissant leurs armes, frappant leurs boucliers de leurs épées, les wandrais reprirent en cœur nos cris de victoire. Croisant le regard de Darius qui se tenait légèrement en retrait avec un sourire satisfait aux lèvres, je vis qu’il pensait à la même chose que moi. A cet instant, nous savions tous deux que l’objectif du comte de Velteroc venait de s’accomplir : quelle que puisse être l’opinion de Segest, les Sicambres nous considéraient désormais comme faisant partie des leurs.
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| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Sam 3 Aoû 2013 - 13:12 | |
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La bataille touchait à sa fin et mis à part les suppliques des blessés e les cris d’agonies des moins chanceux, le silence s'était fait à présent dans le village des Sicanmbres. La victoire était fêtée selon la coutume Wandrienne tandis qu'un pacte de Sang unirait à présent les Wandries et les Velteriens. Les gardes Velteriens et les arbalétriers Beltrodois se regroupaient à présent autour de Darius, attendant ses nouvelles recommandations. Celui-ci observait leurs nouveaux amis avec intérêt. Décidément ce peuple suscitait son respect et son admiration. La bataille avait été à la hauteur de ses attentes et Mogar devait se délecter du spectacle qui avait été donné en son honneur. S'avançant vers Hanegard, il attendit que ce dernier se soit légèrement écarté du reste du groupe avant de lui glisser quelques mots pour la suite des événements.
Messir Baron, comme vous le savez, le Comte voudra récupérer autant de Barangons que possibles pour financer la suite de son expédition. Le nombre de blessés est importrant parmi ceux que nous avons combattus aujourd'hui et nous sommes parvenus à en capturer quelques uns. Si nous savons que les Wandriens sont des esclavagistes, nous ne connaissons pas leurs lois quand aux adages pour la suite des événements. Dans le cadre de la négociation d'alliance qui va suivre, sans doute serrait-il préférable de placer l'achat où la récupération d'esclaves de notre part comme un des points important de nos accords.
Marquant une pause, il s'avança pour saluer et féliciter, à sa manière, ces alliés qui avaient remportés une victoire décisive à ses côtés. L'implantation des Velteriens dans le nord était désormais entérinée... restait à établir les modalités avec les premiers amis. Le retour au village fortifié des Sicambres allait bientôt se faire, une fois exécutés les mourants et récupérés les blessés et les prisonniers. Darius attendait à présent la réaction de son compère et négociateur pour préparer ce qui s'annonçait. Ce Hanegard était décidément un fin stratège, jouant finement sur ses connaissances locales pour amener les alliés de demain à se trouver dans les meilleurs conditions pour les négociations diplomatiques.
Déjà, les velteriens et les Sicambres rassemblaient les prisonniers de guerre au centre du village, les délestant de leurs dernières armes et armures avant de les faire s'asseoir en cercle. Les Barangons s'exécutaient sans trop de résistance, leur détermination guerrière s'étant estompée en même temps que leurs lignes de batailles étaient enfoncées par les Sicambro-Veltriens. Certains s'occupaient des camarades blessés tandis que d'autres se contentaient de fixer le sol devant eux, attendant que leur sort soit débattu par les vainqueurs.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Lun 5 Aoû 2013 - 9:36 | |
| Bien conscients que les Barangons pourraient nous jouer le même tour que nous venions nous-mêmes de mettre en place, Siegmund interdit les libations ou autres festivités de victoire. Laissant une solide garnison tenir le village en attendant que la population revienne le peupler et reconstruire ce qui pouvait l’être, nous reprîmes la route par où nous étions venus afin de rapporter notre succès à Segest. Darius ne put toutefois pas nous accompagner, sa réticence à s’éloigner trop longtemps du comte Nimmio encore en pleine convalescence emportant la décision. Accompagné par la moitié des soldats velteriens, l’autre devant « veiller sur moi » selon ses propres termes, il s’enfonça dans la forêt en direction de Fort Norkan.
La nuit fut longue au village Sicambre, car j’avais profité de l’occasion et de l’euphorie de cette victoire inattendue pour entamer des négociations avec Segest. Aucun moment ne s’y prêtait mieux, et Siegmund appuyant mes dires, le vieux Sicambre fut forcé de s’incliner et d’accepter les négociations. Pour autant, la tâche n’était pas aisée, et lorsqu’au matin je me présentais à la porte de Fort Norkan, les cernes sous mes yeux indiquaient qu’à la fatigue physique du combat s’ajoutait la fatigue nerveuse de la nuit. Pour autant le repos ne devait pas m’être accordé dans l’immédiat, car je me retrouvais quasi-aussitôt sous la tente de commandement de Nimmio afin de l’informer des dernières tractations.
Messire Comte, je suis parvenu à un accord avec les Sicambres. J’espère avoir réussi à défendre au mieux vos intérêts, mais il a fallu composer avec la réticence de Segest et de certains anciens qui se méfient encore de nous.
Le vieux chef des Sicambres n’allait certes pas passer d’une hostilité ouverte à une amitié éternelle en seulement quelques heures, et je tenais à rappeler ce point à tous les présents, en particulier les officiers de l’armée que je trouvais un peu trop sur d’eux. Quel que soit la façon dont les velteriens se voyaient, il ne fallait pas oublier que nous restions des envahisseurs, bien que d’un type particulier. Ayant bu une gorgée de vin pour me rafraichir la gorge, je commençais :
En remerciement de notre aide dans la lutte face aux Barangons, Segest nous accorde le privilège de nous installer sur ses terres. La butte sur laquelle est située Fort Norkan, jusqu’au fleuve au Sud, à la source d’eau au Nord et à la lisière de la forêt à l’Est, est désormais sous votre autorité. Cependant, nous ne sommes pas autorisés à chasser sur le territoire des Sicambres, bien que Segest accepte de commercer avec nous. Il n’a pas fait mention de restriction sur la pêche, nous devrions envisager pour l’avenir d’utiliser aussi cette ressource pour nourrir le comptoir.
Pour l’instant nous disposions de réserves suffisantes pour passer l’hiver, mais dès le printemps le comptoir allait devoir subvenir à de lourds besoins alimentaires. Bien que de telles activités ne soient pas aussi glorieuses que de charger l’ennemi épée à la main, je souriais déjà en pensant que bientôt l’établissement de cultures potagères constituerait peut être un sujet aussi sensible que celui de la prochaine attaque des clans.
Au sujet des Barangons prisonniers, j’ai du céder. Segest refuse qu’ils soient considérés comme nos captifs, car il tient à revendiquer pour lui seul la victoire. Les villageois Sicambres ayant perdu leurs biens tiennent à se venger, aussi je n’ai pu obtenir gain de cause. Mais Segest ne voit aucun inconvénient à vous… vendre… à l’avenir leurs prisonniers de guerre. L’or semble d’ailleurs moins l’intéresser que le fer. Si la métallurgie des wandriens est bien maitrisée, ils ont souvent des difficultés à obtenir du minerai de qualité et ont paru fort intéressé lorsque j’ai évoqué les mines du massif des Dents-de-Veltres.
Fer contre esclave, voilà à peu près le marché que Segest proposait. Bien conscient des raisons de notre venue, le chef des Sicambres cherchait à tirer le maximum du tapis à lui, mais même ainsi l’affaire restait juteuse. Un esclave entrainé, sur certains marchés de la Péninsule, valait amplement le cout d’investissement. Mais nous pouvions aussi aller faire notre propre chasse aux esclaves, et bien que de telles tâches me répugnent, j’étais trop engagé dans cette expédition pour m’arrêter maintenant. Déployant une carte sommaire de la région, je désignais Fort Norkan et le fleuve qui s’enfonçait dans les terres. Aucun autre détail n’apparaissait, mais désormais je pouvais les compléter.
Par contre, et en bonne partie grâce à Siegmund, nous en savons plus sur le territoire Barangon et sur les opportunités de raids. A quelques lieux en amont sur le fleuve, un petit affluent part vers le nord et traverse le territoire Barangon. Plusieurs villages mal défendus se trouvent sur ses rives, car la frontière avec les autres clans n’est pas à proximité. Nous pourrions utiliser ce qu’il reste de la flotte pour y mener des raids. Les wandriens ne sont pas des marins et un cours d’eau n’entre pas en compte dans leurs stratégies militaires, jamais ils n’imagineront que nous pouvons y transporter rapidement plusieurs centaines de soldats.
Me taisant enfin, j’attendis la réaction du comte Nimmio. Allait-il estimer que j’avais bien servi ses intérêts ou me reprocher de ne pas en avoir obtenu plus ? |
| | | Nimmio de Velteroc
Humain
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| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Mar 13 Aoû 2013 - 8:45 | |
| Nimmio esquissa un sourire jovial tandis que son ami revenait de sa mission avec une fort bonne nouvelle. Hanegard était décidément un bien bon diplomate, prompt à obtenir un accord particulièrement intéressant avec les Sicambres qu'ils ne venaient qu'à peine de rencontrer et dont ils avaient tout de même spolié une partie des terres pour construire leur comptoir. L'acte était réciproquement profitable et les Wandriens venaient de gagner un allié de poids qui leur permettrait de faire face à leurs ennemis les plus mortels. En face, les velteriens obtenaient une sécurité accrue en se garantissant l'amitié de la tribut qui contrôlait leur territoire d’implantation. De même, ils obtenaient un bon partenaire commercial, prêt à leur donner, esclaves et bois en grande quantité contre du fer Velterien qui ne manquerait pas d'affluer prochainement.
Prenant un bout de papier, le Comte rédigea un ordre à direction de Velteroc, afin que se mette en place une première caravane de fer en direction du comptoir. Cette première d'une longue série se ferrait à pied, avec toutes les difficultés que cela représentait, Velteroc ne disposant pas de port suffisamment grand sur l'Eris pour pouvoir y armer les bateaux suffisants à l'expédition, surtout en cette période de l'année. Des hommes contre du fer... Une telle aubaine assurerait une grande richesse à Velteroc, il n'en doutait point.
Hanegard en venait maintenant au territoire des Barangons sur lequel il avait appris bien des choses utiles. Ainsi, ces derniers disposaient de villages peu protégés, proches d'un bras particulièrement clément du fleuve. Cette information était étrange venant des Sicambres, car si leurs ennemis héréditaires avaient de tels villages, il était clair que les Sicambres les auraient déjà attaqué, usant pour cela d'une quelconque ruse où de quelconques alliances... A moins que les Sicambres ne soient dans une situation plus délicate que prévue... Où que les Barangons ne viennent seulement de rompre une trêve fort longue.
Messire Baron, ces informations sont particulièrement intéressantes et il conviendra de réfléchir à ce que nous pourrons en faire une fois que nous en saurons plus sur l'équilibre des forces dans la région. Il est évident qu'une expédition en remontant le fleuve pourrait être une bonne idée. Néanmoins, je préfère être certain de ce que je vais trouver en arrivant avant d'envoyer mes hommes dans un possible piège. Je pense qu'il conviendra de voir avec nos nouveaux amis si quelques patrouilles de reconnaissances sont envisageables afin que nos hommes repèrent les lieu et que l'on puisse préparer une offensive.
Se levant, le Comte vint se placer aux côtés de son vassal et ami, lui posant la main sur les épaules dans un geste amical. Cet homme s'était montré sous un jour encore plus favorable que Nim l'avait imaginé en le rencontrant. Il regrettait à présent de ne lui avoir accordé que le petit territoire de bord de mer, alors que sa maîtrise diplomatique et sa sagesse lui permettraient de gérer beaucoup plus.
Faites moi penser, messire Baron, à vous faire entrer au Conseil Comtesque lors de notre retour dans le médian... Et peut-être même vous nommer gouverneur de Beltrod si jamais vous y consentez.
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| | | Hanegard Kastelord
Ancien
Nombre de messages : 2168 Date d'inscription : 22/10/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans Taille : 1m90 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Fort Norkan] Tractations et négociations Jeu 15 Aoû 2013 - 9:58 | |
| Le Comte parut pleinement satisfait des nouvelles que je lui rapportais. Désormais allié au clan des Sicambres, il allait pouvoir placer le comptoir dans un rythme de croisière et commencer à diminuer la présence militaire de Velteroc dans les Wandres. Avec un royaume au bord de l’implosion, nul doute que Nimmio aurait besoin de toutes ses ressources et de sa présence au niveau de la Péninsule, ce qu’une interminable guérilla contre Segest et les siens aurait rendu impossible. Ravi, il commença donc à parler récompense pour mes bons et loyaux services…
Ce sera un grand honneur que de faire partie de votre conseil, Messire Comte, et je vous servirai au mieux de mes compétences.
Voilà bien un rôle qui me convenait. Après m’être trouvé sous les feux des projecteurs pendant plus d’une décennie, revenir un peu dans l’ombre ne me dérangeait pas. Je pourrai ainsi prendre la température du Médian, y nouer des amitiés et prévoir l’avenir. Nul ne savait comment la situation à Diantra allait évoluer, aussi rester auprès du Comte me permettrait de disposer de certaines cartes que je ne possédais pas à l’heure actuelle.
Je crains par contre de devoir décliner le poste de gouverneur de Beltrod. Je connais mal le comté de Velteroc, n’y ayant jamais vécu, et cela m’empêcherait d’accomplir mon devoir avec toute la rigueur requise. De plus, vos autres vassaux pourraient voir d’un mauvais œil une telle élévation pour un quasi-inconnu. Dans quelques années, peut-être serais-je un choix cohérent que nul ne pourra sans hypocrisie nier, mais aujourd’hui ce serait le fait du Prince… et au vu de la situation tendue en Péninsule, mieux vaut à mon sens éviter de crisper vos relations avec vos vassaux.
D’une certaine façon, je commençais déjà à agir en tant que conseiller de Nimmio, lui rappelant que la faveur qu’il me portait pourrait rendre jaloux d’autres personnes si elle en devenait trop ostensible. J’espérais que nous n’en arriverions pas là, mais en cas de guerre, mieux valait que le Comte dispose de vassaux parfaitement soudés autour de lui. |
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