Sur le départ... [pv Alric]

Décidément, les jours se poursuivaient mais ne se ressemblaient pas...
Deux jours auparavant, Seren se faisait agresser par des bandits, sauver par un preux chevalier qui lui fera tout autant peur durant les heures suivantes. Le lendemain, alors qu'elle accusait le coup de la trahison qu'elle venait de découvrir, elle rencontrait la Baronne de Missède qui lui offrait de vivre à la Cour sous sa protection. La toute jeune femme n'y cru tout d'abord pas. Puis, à mesure que les heures passaient, elle commençait à songer à tout ce que ce nouveau statut de Dame de compagnie pourrait leur apporter à elle et à son enfant. Après de longues semaines, voire des mois à vivre dans l'instabilité de sa situation, voilà qu'on lui proposait de retrouver toute la sécurité qu'elle aurait pu obtenir pour sa famille par le mariage. Enfin presque.
Le soir-même, Seren entretint son frère sur la proposition de la Dame de Missède et le voir accepter aussi aisément la rassura, elle qui avait perdu toute confiance en son propre jugement. Ce fut donc avec une joie grandissante qu'elle se prépara au départ dès le lendemain. Elle prévint les prêtres, fit son sac, prit des provisions pour le voyage et des vêtements chauds pour Léandre.

Malgré tous ses préparatifs, la jeune fille ne put s'empêcher de penser qu'il lui restait une tâche à accomplir... Elle trouvait toujours son preux chevalier toujours aussi insondable et il lui faisait encore peur mais elle se sentait obligée de le prévenir à cause de leur lien de parenté. Et puis, n'avait-il pas lui aussi proposé de les héberger ? Il fallait bien qu'elle lui réponde. Mais elle appréhendait le fait de se retrouver face à lui, encore plus en privé. Elle s'installa alors à la table de sa chambre et entreprit de lui écrire une lettre. Elle s'y reprit à plusieurs fois avant de parvenir à trouver les mots justes... ou en tout cas qui lui semblait les plus appropriés pour refuser sa proposition et lui en expliquer les raisons. Elle ne choisit aucun argument personnel, préférant lui parler avec l'esprit plutôt qu'avec le cœur car il n'avait pas su comprendre le sien.

Vint finalement le moment de lui porter cette missive d'adieu. Elle quitta alors sa chambre pour se diriger vers celle du Chevalier qu'elle n'avait pas été capable de visiter depuis leur dernière conversation. Elle avait toutefois pris quelques nouvelles par le biais des moines. Trouverait-elle porte clause ou ouverte ? Serait-il à l'intérieur ? Oserait-elle frapper ou glisserait-elle le mot sous sa porte ?
Tant de questions tournaient dans son esprit et, alors qu'elle apercevait finalement le fameux pan de bois, elle s'arrêta net.

Un léger sourire s'esquissa sur les lèvres de Seren alors que le chevalier abordait la question de son honneur. Il s'impliquait tant dans une histoire qui lui était pourtant étrangère. Ce n'était pas lui qui l'avait séduite, pas plus qu'il n'avait porté atteinte à l'intégrité de son honneur de jeune fille. Il ne saurait être responsable des actes de son frère.

Votre honneur n'est nullement remis en question, mon Seigneur. Vous n'êtes en rien en cause dans tout ceci. Vous avez montré bien plus d'honneur depuis hier que votre frère durant toute la durée de son séjour en Ysari.

Seren avança d'un pas et prit une main du chevalier tandis qu'elle le regardait à nouveau dans les yeux. Non, vraiment, elle ne voulait pas qu'il endosse la responsabilité de quoi que ce soit concernant Félix. Il l'avait déjà bien assez fait souffrir lui-même.

Vous n'êtes pas fautif de ce qu'il s'est passé.

Les yeux bleus de la belle se plongeant dans ceux du chevalier, elle s'y perdit l'espace d'un instant. Bien qu'un peu plus clairs que les siens, ils n'en avaient pas moins quelque chose... d'envoutant.
Seren fut soudain prise de stupeur tel quelqu'un se tirant d'un songe. Quelque chose dans le regard d'Alric l'avait perturbée sans qu'elle puisse définir ce dont il s'agissait. Elle lâcha la main du Seigneur, détourna timidement le regard et recula d'un pas. Elle était honteuse de s'être montrée soudainement si familière dans ses actes. Essayant de reprendre un peu de contenance, elle sourit brièvement à Alric avant de poursuivre.

Vous savez où adresser vos lettres. Je les attendrais.

Elle acceptait donc de correspondre avec lui.
Elle réalisa une rapide révérence en entreprit de prendre congé. Il était temps pour elle de partir. Ewen l'attendait.

Prenez-soin de vous, mon Seigneur.