-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

 

 De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise.

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Arichis d'Anoszia
Ancien
Ancien
Arichis d'Anoszia


Nombre de messages : 1618
Âge : 30
Date d'inscription : 27/05/2013

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 47 ans (né en 961)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise. Empty
MessageSujet: De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise.   De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise. I_icon_minitimeMer 2 Oct 2013 - 15:17

Une ennéade après l'enterrement.


    Rien n’est jamais acquis, chaque nouvelle lune voit un combat naitre, perdurer puis se taire. Cette lutte incessante pour se maintenir la tête hors de l’eau, pour se hisser au sommet des monts reconnaissance et gloire. Grimper, toujours grimper en évitant la chute ou les pierres lancées par les autres. Le plus dur reste pour ceux qui grimpent avec des attaches aussi rudes que le fer, ralenti par des principes aussi contraignant que des poids. Mais alors quelle joie, quelle ivresse lorsqu’on brandit son poids fièrement, à bout de bras, devant le monde entier de sa hauteur. Criant bien fort « Regardez ! Regardez mécréants ! J’y suis, et ce avec honneur ! Et ce, pour l’honneur ! » à toutes et à tous. La fierté n’est alors que trop peu pour exprimer ce sentiment d’allégresse. On dit que les Anoszia sont honneur, on dit qu’ils œuvrent pour l’honneur.

    A Velmone, comme à Timenze, Valcona, Cloyi, Mirabelo, Fannozia et Ojiane on remplissait les greniers à grain pour l’hiver ou la guerre selon des colporteurs. La nouvelle était très vite arrivée, l’archonte et son rhum visitaient les geôles diantraises. En fils digne de son père, Oscario veillait sur les affaires de son géniteur et exécutait les ordres qu’il recevait par missives codées de celui-ci. Désappointement lorsque Missède ignora son écrit, ignorant la main tendue dans un acte de bienveillance et de réconciliation. Mais le jeune Anoszia ne se laissa pas chagriner plus longtemps, et entreprit sa sortie.


~~


    L’astre sélénite éclairait de ses rayons la colonne qui galopait vers Mirabelo, les rayons vaporeux s’immisçaient entre le feuillages des arbres, et seul le bruit des sabots et celui des hiboux troublait le silence paisible d’une nature endormie. Très vite, aux flancs d’une ancienne montagne écrasée l’ombre d’une muraille apparue. En tête de colonne, une immense bannière noire fut levée à la clarté d’un rayon et aussitôt le pont baissé et les portes ouvertes. Au levé du jour, dix montures se rajoutèrent à la cohorte qui disparut près des bosquets de Timenze. La région fortement boisée abritait une riche population de gibier, le bruit des feuilles écrasées trahissait de leur présence. Les chevaliers s’arrêtèrent dans une clairière autour du tronc d’un vieux chêne mort. Celui qui semblait être le chef de la file sauta de son cheval en premier avec prestance riant de la plaisanterie de son camarade qui entreprit de regrouper les chevaux. Le groupe s’organisa très rapidement, cinq d’entre eux escaladèrent des arbres un peu plus loin pour jouer aux sentinelles tandis que d’autres entreprirent de chasser la perdrix. Une demi-journée plus tard, des ululements d’arbre en arbre parvinrent à leurs oreilles. Ce signal annonçait une troupe alliée en approche.

«Gustavo de Milo ! Mon ami ! J’espérais te voir plus tôt. Mais soit, chevauchons. »


    Chevaucher pour arriver au crépuscule devant Ydril, l’une des plus grandes et plus peuplée ville de la péninsule, du royaume qui est entrain de voler en éclat. On racontait qu’une province du nord avait déclaré son indépendance, que le Comte d’Arétria était tenu captif, que la guerre était proche et sur toutes les lèvres. A l’abri des arbres, Oscario patientait avec ses hommes. Puis un feu illumina le haut d’une tour, un bucher fut allumé, c’était le signal. Alors tel des spectres, la cinquantaine de chevaliers sortirent du couvert des arbres en ligne horizontale lentement tandis que le pont-levis s’abaissait et que les portes s’ouvraient.
 
~~

    Sur les marches menant au palais, cinquante lances se tenaient bien droit le regard jeté au loin. Tout en bas, Gilderio leva un regard déterminé vers la lune qui montait. Cet astre l’avait depuis sa plus tendre enfance fasciné et bercé de sa lumière blanchâtre, il avait trouvait en elle une confidente fidèle et une gardienne de ses tourments. Dernier regard et il mit son casque pour gravir les marches, deux gardes lui ouvrirent les portes et les autres le suivirent deux à deux en colonne. Plus il avançait et plus des gardes se déployaient sur les différentes ailes du palais pour se saisir des familles et des partisans d’Altiom qui y habitaient, ainsi que la garde rapprochée sur laquelle il n’avait pas d’influence directe. Arrivés à la salle du trône, le guet d’Ydril sembla interrompre une beuverie entre camarades de l’archonte, celui qui régentait à la place du régent était là également. L’un d’entre eux bafouilla un qu’est ce qui se passe alors que les lances les encerclant s’abaissèrent et que des arbalétriers apparurent à l’étage surplombant la salle. Gilderio en armure, retira son casque.    
 
« Au nom de la royauté, et du Comte d’Ydril je vous arrête pour trahison, usurpation et félonie.  »


    Alors qu’on les conduisit aux cachots, Oscario d’Anoszia, deuxième fils d’Arichis d’Anoszia gravissait les marches du palais en conquérant, ceux que Gilderio de Mirabelo fils d'Odoric et neveu d'Arichis avait gravit juste avant après avoir ordonné à ses hommes d'ouvrir les portes de la ville et d'envoyer le signal à son cousin. Gilderio qui avait, avec l'aide de son Guet fait taire la garde archontale en les prenant par surprise. On ferma les portes du castel , baissa la herse et on releva le pont levis. Dehors dans la ville portuaire, Gilderio se fit capturer par un de ses lieutenants qui criait à la traitrise. Oscario attendait que les armées Anoszia viennent renforcer les rangs. Bien haut, flottait à présent la bannière d'Alastein ainsi que celle du dragon d'or sur la citadelle de la ville. Dehors Oscario pouvait voir des feux s'allumait et des gens déambulant en arme, sur ce visage il craignait pour la vie de son cousin.


Dernière édition par Arichis d'Anoszia le Mar 15 Oct 2013 - 21:26, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Altiom d'Ydril
Humain
Altiom d'Ydril


Nombre de messages : 642
Âge : 30
Date d'inscription : 28/08/2010

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 32
Taille
:
Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise. Empty
MessageSujet: Re: De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise.   De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise. I_icon_minitimeVen 1 Nov 2013 - 23:39

On s'emmerdait. Diable ce que l'on s'emmerdait! À s'en bouffer les paluches, à s'en éclater la carafe contre un mur, à se baigner dans de la poix en feu, à s'en aller se dandiner nu comme un verre dans les faubourgs de la Dross! Lâchant un gros soupir aviné dans l'air frais du soir, les yeux perdus dans les lunes nimbées qu'on devinait à peine -deux pâles halos nébuleux-, Gilberto entreprit de se caler plus confortablement sur son siège ; ledit siège laissant au passage échapper un grincement plaintif. C'est que le bestiau devait bien peser ses deux cents livres! Habitué de l'établissement voisin, il avait acquis du patron qu'on lui laissât une tablée extérieure durant ses gardes nocturnes. De quoi "reposer son vieux dos fatigué" expliquait-il l'air dolent, agrémentant le tout de son regard de Gilberto battu. Mais plus finaud qu'il n'y paraissait, le pendard usait de la combine pour organiser d'occasionnelles parties de cartes avec ses camarades sous la chaude lumière d'une torchère murale. On ne le dirait jamais assez: le sud était une terre de complots, du plus fruste des roturiers au plus vicelard des ducs! Bref, le vil matois n'eut pas à poireauter trente six plombes pour voir débouler ses fallacieux complices.
- Ah par Mogàr, cinque minùtes dè plùs è y'en était quitte poùr un'escara au culo! clabauda-t-il aux loustics.
- Ba! Niente qu'un po' di vino nè saurait guèrir! lui rétorqua-t-on une boutanche de gros rouge qui tache à la main. Tout ce beau monde prit donc place et l'on eut tôt fait de sortir dés, godets et cartes.
- On dèvrait tout dè même êtle plùs prùdents, y'imayine même pas la rossèe què l'on va sè prendre quand lè capitano nous tombèra dessùs.
- Ma che? Tù prèfèrerais qu'on passe tutta la notte à sùrveiller dè pierres? Y a plùs un rat dans lè rùes dèpùis lè coprifuoco! Qu'est-ce qu'on peut bièn louper, è? Cinquanta cavalieri qui dèbarquent dè nùlle part per prendre la città? Toute l'assemblée s'esclaffa bien-sûr à ces mots, pérennisant le sempiternel et surabusé cliché de la blagounette prémonitoire.

À quelques centaines de mètres de là, les tristes acteurs d'une tragédie que l'on avait par trop souvent jouée entamaient leur premier acte. D'ombres chancelantes, la cohorte se mouvait avec une lenteur inquiétante sous les rais blafards des astres nocturnes. Un conglomérat informe de silhouettes vaporeuses, oscillant paresseusement de droite à gauche, montées qu'elles étaient sur leurs destriers chimériques -d'étranges bêtes camouflées dans le secret de la nuit, silencieuses, dont on percevait tout juste de lointains et angoissants échos. La masse noire glissait lentement sur la petite plaine, se déversant des bois comme une malédiction, un essaim grouillant, un augure du fléau sans nom qu'elle amenait avec elle sur ces terres. Était-ce bien des hommes qui pénétraient la ville?
La lumière frappa subitement Vittore. Une simple torche, soleil flamboyant dans cet océan de noirceur, qui l'éveilla de ce terrifiant songe. Déjà la troupe s'engouffrait sous la grand-porte sud-est, l'Arca Sirocco, pour remonter doucement l'avenue. Attendait-on quelque visite diplomatique, en pleine nuit? Une délégation de cinquante hommes, tout en armes et en plates rutilantes? Des renforts peut-être. Le régent en second avait pourtant bien interdit tout mouvement militaire, entendant éviter l'escalade et résoudre la crise par le dialogue et la négociation! Des murmures sourds s'élevaient ça et là. Des voix inquiètes, des paroles précipitées, des mots terribles. D'autres semblaient plus sereins, étrangement. Distants peut-être, le regard bas et fuyant, les réponses brèves et évasives. Non. Résignés. Quelque chose s'était abattue sur les hommes du guet, une peur pernicieuse, comme une main glacée venue étreindre leurs cœurs, comme un vent de ruine. Puis un ordre du capitaine secoua les rangs, et l'on s'ébranla à la suite de Gilderio, descendant les murailles dans un silence de tombe, comme si déjà l'on portait le deuil de toutes ces choses qui bientôt brûleraient dans les feux de la guerre.


Mais tous ne semblaient pas autant se soucier l'avenir du comté! Bien avancés dans leur partie, nos cinq compères de tantôt avaient d'ores et déjà dépassé l'étape des galéjades salaces et l'incontournable quart d'heure philosophie de comptoir. Encore deux-trois coupettes et les zigomars en seraient quittes pour un moment émotion qui fleurerait bon la camaraderie à la suderonne!
- SLOUBI TROIS CENT VINGT-DEUX, SLOUBI TROIS CENT VINGT-TROIS, SLOUBI TROIS CENT VINGT-QUATRE, SLOUBI TROIS CENT VINGT-CINQ!!
- SLOUBI!! éructa l'un des bougres entre deux rires gras, l’œil humide et pétillant, avant d'empoigner les dés à son tour. Alors, comme toujours, ce fut au comble de l'esclaffade, à l'apogée du fendage de poire, au paroxysme du tapage sur les cuisses que résonnèrent les cloches de la fatalité -ou plus prosaïquement qu'une couille vint tomber dans le potage. D'un bruissement assourdi -qu'on n'aurait décemment pu distinguer sous les beuglantes porcines des autres gaillards-, la menace se mua lentement en un concert de cliquetis, de risées méprisantes et de renâclements rauques. C'est toute une colonne de cavaliers argentés, presque fantomatiques sous la pâleur des lunes, qui surgit au coin de la rue pour investir l'avenue principale. Sans même un regard, les parjures traversèrent la Strada a Sette Teste, s'éclipsant à la vue après un nouveau tournant, comme une vision onirique, un simple mirage.
- Mia parola y'ai dès hallùcinàcions maintènant.. tù nous a refilè un picrato frelatè cazzo! couana un Lupo déjà bien imbibé.
- Strano... Vous avez reconnù leur bandièra?
- Lè drago d'oro... hm celle dès Ferricelli no?
- Lès d'Anoszia coglione, lè visconte di Calozi! Una visite diplomatica sùrement, conclut Marzio d'un ton rassurant. Allez Gilberto, youe! Mais Gilberto n'avait déjà plus la tête à youjouer.
- È.. continùez sans moi, fit-il l'air concerné en se levant -son tabouret ne perdant pas une occasion de grincer à nouveau tout son mécontentement.
- Ba! Tù nè viendras pas tè plaindre si lè capitano t'envoie una sèmaine au càchot per diserzione!
- E toi s'il mè fait monter en rango per avoir fait èchouer una congiura, rétorqua l'intéressé du tac au tac.
Rattrapant vivement le contingent anoszien, d'un pas leste et feutré à la Gilberto -soit pataud, grotesque et à l'exact antipode de toute notion de discrétion-, le mouchard en herbe vint se coller à l'angle du mur. Déployant toute sa maestria de l'art de l'espionnage, il passa subrepticement un œil derrière l'arête millimètre après millimètre. Soit, la bedaine proéminente du ventripotent milicien saillant avec hardiesse à cinq bons centimètres de la façade ruinait quelque peu le tableau, maaaais.. au moins faisait-il l'effort d'essayer. Quelques minutes de ce ballet burlesque -qu'on singerait bientôt dans les petits théâtres populaires de la cité- et voilà que toute la troupe paraissait au-devant du pont-levis de la citadelle. Interdit, Gilberto lorgnait le sinistre spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Chevaliers et hommes du guet défouraillant de concert, chargeant leurs arbalètes et levant bien haut une forêt de lances scintillant comme mille étoiles. Des étoiles à l'éclat glacial. Cette fois-ci Altiom n'était plus là, cette fois-ci le Vagabond ne pourrait plus protéger son peuple de la folie des hommes. Et son oeuvre connaîtrait la ruine.


Nous, qui sommes appelés de par les Cinq à régner sur le trône d'Ydril... Nous vous invitons à (...) nous prêter serment d'allégeance avant notre arrivée en nos terres, prochainement. L'odieux maledetto venait donc réclamer son dû, maintenant que le seul vrai comte croupissait dans la fange et les regrets d'une existence par trop honorable. Les loups sortaient du bois désormais que les bergers n'étaient plus. Scylléens, Diantrais, Sybronds, ses propres frères Ydrilotes tant qu'à faire! Tous prêts à s'entre-dévorer pour les derniers lambeaux d'un monde à l'agonie. Des bêtes immondes! Des vers! Des ramassis de larves infectes se délectant d'une carcasse anémiée qu'on eût jadis appelée Royaume. Pah!
Froissant la missive en serrant la mâchoire, Alarico finit par se lever d'un bond pour la jeter dans les flammes dévorantes de l'âtre proche ; et renvoyer ces ignobles dires là seul où eux et leurs instigateurs méritaient d'être: le néant. Venant se rasseoir sur le trône qu'il avait occupé tant d'années durant en l'absence de son ami de toujours, l'intendant se saisit d'une seconde lettre. Douze fois déjà qu'il relisait le parchemin, douze douloureuses fois. Deux jours à peine après sa réception avait-on eu vent du sort que les usurpateurs de la Couronne déchue avaient réservé aux "félons". Altiom s'était-il seulement rebellé? La rumeur parlait bien d'un véritable tollé, d'un schisme total, mais parfois aussi de cet archonte qui n'avait qu'imploré la paix et la conciliation. Certains pourtant le disaient farouche défenseur de son suzerain, d'autres encore juraient l'avoir vu embrasser la sécession et s'autoproclamer seul maître de ses terres, à l'image du Roy de Sgarde. Les fantasmes allaient bon train, mais parmi tout cela un unique fait resurgissait: les Régentistes avaient souillé ce jour de deuil royal du sang des innocents, entaché leur honneur de bassesses innommables, perdu toute noblesse en engeôlant les rares justes qui méritaient encore ce titre. À l'archonte on avait passé les fers, et sa suite par le fer. Ces monstres aimaient donc à ce point la saveur de l'acier.. Grand bien leur fasse, ils y goûteraient assez tôt! Alarico aurait suivi les préceptes de son frère d'armes jusqu'à l'ultime instant, préservé la paix jusqu'à l'ultime frontière, mais aujourd'hui il devait céder. Il n'était pas assez fort, pas assez fervent en leur cause pour accepter tant d'affronts, encaisser tant d'humiliations et endurer tant de souffrances. Souillée, Ydril s'était battue. Vaincue, Ydril s'était soumise. Ravagée, Ydril s'était relevée. Reniée, Ydril s'émanciperait. Le viol d'Isabelle, le désastre des champs d'Arcani, la tutelle Soltarie, l'occupation Scylléenne, la trahison d'une coterie d'usurpateurs et les prétentions d'un comte opportuniste. C'en était assez.

- Guardie! Faitès mander lès ufficiali e rassemblez l'alto-concilio. Cè soir noùs lèvons lès osts, demain noùs marchons sùr Ojianè, e bièntôt même Diantra nè poùrra plùs se dresser entrè Idrilà e son conte! clama bien haut le régent en second, finalement résigné.
Et ce fut ainsi que tout prit fin. Les hommes d'armes n'eurent que le temps de faire un pas, les pupilles d'Alarico s'étrécir d'épouvante, une bûche ardente s'affaisser dans le foyer en une volée de bluettes.

- Au nom de la royauté, et du Comte d’Ydril je vous arrête pour trahison, usurpation et félonie. Était-ce.. le capitaine du guet?
- Gilderio? L'intendant discerna la livrée au dragon d'or sur l'un des chevaliers, et le monde s'écroula sous ses pieds. Voùs.. VOÙS PÀRMI TOÙS!! Lès d'Anoszia ont toùyoùrs soutènù lè lignaggio d'Ydril, dès siècles dùrant voùs avez ètè nos seuls vrais alleati ed amici! Da Cinque.. voùs n'êtes què d'odieux traditori.. YÈ NÈ MÈ SOUMMETTRAI PÀS DÈVANT DI LURIDIE GENTAGLIE!! SOLDATI, A ME!! DI LAME E SANGUE, PER LA GLORIA E L'ONORE!! hurla-t-il à s'en déchirer les corde vocales, les yeux tout bonnement exorbités, la face déformée par sa fureur soudaine. Et tout juste entendit-on le premier écho vibrant d'une lame que l'on dégaine, qu'un claquement sec eut tôt fait de couvrir. L'embryon de révolte était matée. Le genou à terre, un carreau dans l'épaule, Alarico serrait les dents, les yeux clos. Il avait failli. Failli à Altiom, failli à leur cause, à tous ses frères. Il n'avait pas été assez fort.
Au travers du castel, de coursives en salles d'armes, de chambrées en chemins de ronde, des cuisines aux tours de garde, le dragon d'or engloutissait toute résistance ; repaissant sa faim vorace de toute la valetaille que comptait les entrailles du fort, caméristes et troupiers, nobliaux de passage et membres de la cour. Aucune distinction n'était faite, l'engeance raflait de ses griffes toute proie à sa portée. Dans les cris et les pleurs on tirait les marmots de leurs lits, on séparait les mères de leurs fils et filles, on se gaussait de voir ainsi l'hydre d'or jetée à bas. L'archonte pédant et toute sa cohorte de dégénérés semblaient bien misérables dans leur débâcle! L'heure bénie ne s'était que trop fait attendre, tous avaient maintenant hâte de hisser bien haut le chimérique étendard.


Quelque grand penseur Suderon avait un jour dit "la meilleure forteresse qu’un prince puisse avoir est l’affection de ses peuples". Et aujourd'hui les Ydrilotes offriraient au leur la plus éclatante démonstration de la maxime qu'il serait jamais donné de voir. Rampant déjà plus qu'il ne détalait, Gilberto avait rallié le poste du guet le plus proche sitôt les anosziens entrés dans l'enceinte de la citadelle. Il l'avait su, dès le début: quelque chose clochait. Mais il n'était pas trop tard! Il pouvait encore faire quelque chose, sauver ce qui restait à sauver! L'archonte et ses partisans avaient été les seuls à jamais avoir défié la noblesse pour eux, simples roturiers, à jamais avoir consenti tant de sacrifices par pure mansuétude. Hommes d'armes, miliciens, aubergistes, pêcheurs, fermiers, tous sans exception leurs devaient ces libertés et privilèges nouvellement acquis. Et Gilberto comptait bien leur rendre la pareille en cette nuit, qu'il le paye de sa carrière ou de sa vie.
- VITTORE!! VITTORE, DÈS CAVALIERI PRENNENT LÈ CASTELLO D'ASSAUT! C'EST UN COLPO DI STATO!! brailla-t-il à son ami du guet. Ce même Vittore qui avait assisté à l'étrange spectacle d'un Gilderio ouvrant les portes à la troupe étrangère. Bien vite les éclats de voix emplirent l'air du soir de cette tension si familière, tels des tambours de guerre amorçant la révolte. Et révolte il y aurait.
- SILENZIO!! Après quelques secondes de réflexion, le lieutenant fit, anxieux: per pietà Gilberto dis-moi què lè capitano n'est pas pàrti per leur prêter main fortè. Un regard dur et triste pour seule réponse, il ordonna à ses hommes d'allumer les feux d'alarmes. Un à un, les brasiers vinrent moucheter l'ombre de leurs lueurs orangées. Bien vite toute la milice urbaine fut rassemblée sur les remparts, tandis que Vittore envoyait ses troupiers quérir chaque officier et assez d'effectifs pour réinvestir la forteresse perdue. Quatre centaines d'Ydrilote vinrent se masser dans les rues, épées au clair, arbalètes bandées et pavois dressés. Mais tant d'hommes ne pouvaient passer inaperçus, et si le nombre permit d'encercler le capitaine honni parti en éclaireur avec une dizaine de félons, il trahit d'emblée leur arrivée devant les douves.
- ALT! Inùtile d'aller plùs loin, lès spergiuri rèmontent lè ponte levatoio. Qu'ils sè terrent donc comme dès lâches! Là fame lès fèra bièn vite sortir dè là. Car pour avoir défendu la paix Alarico s'était refusé à préparer la guerre, et ceux qui avaient condamné sa naïve stupidité devaient aujourd'hui l'en bénir. Aucune mesure n'avait été prise pour tenir un hypothétique siège, et les réserves de la citadelle s'épuiseraient rapidement tandis que la ville continuerait d'être approvisionnée. Chacun possédait ses otages, et les loyalistes étaient en position de force. Il s'agissait désormais de ne pas perdre cet avantage inespéré.
Réveillant toute une armée de taverniers et cuistots à travers la cité, les hommes de Vittore rapportèrent après quelques heures assez de litres de graisse bouillie pour recouvrir toute la place sur laquelle débouchait le pont-levis. La poix aurait été bien trop visible de jour et pouvait toujours servir ailleurs. Dos au castel, les grivetons priaient la Damedieu d'abréger leur pénible tâche et louaient l'inventeur du pavois, tandis que les traits sifflaient tout autour depuis les meurtrières. Derrière les premières bicoques du quartier, on fit installer plusieurs braseros entretenus jour et nuit, occultés à la vue des assiégés. Qu'ils tentent donc une sortie! Les enfers-mêmes viendraient les engloutir! L'un des officiers entreprit quant à lui de bloquer les voies jouxtant les douves avec quelques charrettes réquisitionnées pour l'occasion, avant de faire tendre foultitudes de chaînes d'acier en travers de la seule rue empruntable. Postés dans les bâtisses tout autour, les hommes de trait pourraient abreuver de viretons la cavalerie adverse forcée de démonter ou voir leurs destriers jetés à bas, les pattes brisées. Une vieille tactique que le drille avait apprise d'un vétéran Sybrond de passage, lors d'une soirée à la gargote égayée d'échanges de récits guerriers en tous genres.
Un conseil de guerre fut alors tenu au Fortè la Vigia, où l'on finit par décider de la marche à suivre après d'âpres discussions. Une véritable volée de pigeons fut lâchée en cette morne nuit, enjoignant chaque seigneur à lever le ban et l'arrière-ban et se préparer à tenir un siège. L'ordre ne fut pas donné de marcher sur les fiefs des dissidents, on comptait encore pouvoir dompter le dragon désormais que l'on détenait une partie de sa couvée. Mais ce fut sans nul doute la question des Soltarii qui fut la plus difficile à résoudre. Pouvait-on se permettre de refuser un demi-millier d'hommes par rancœur et fierté? Pour un temps peut-être. Une simple missive explicative fut concédée à ceux que l'on considérait toujours comme "l'occupant", qu'ils soient malgré tout en mesure de mobiliser leurs forces au plus vite. Ainsi se déroulèrent les premières heures de la guerre.


HRP:


Dernière édition par Altiom d'Ydril le Lun 6 Nov 2017 - 13:53, édité 5 fois (Raison : EAURTEAUGRAF + MIZANPAJ + liens zic morts)
Revenir en haut Aller en bas
 
De Velmone à Ydril, où l'on monte sur une chaise.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Altiom d'Ydril - Archonte d'Ydril
» [Velmonè] Une dague pour couper la corde
» [ Domaine de Velmonè ] Détresse [ PV Papi ]
» [Velmonè] Le Vicomte et la Grenouille. [Arichis]
» [Domaine de Velmonè]Doux réveil ~ Azénor

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Duché de Soltariel :: Comté d'Ydril-
Sauter vers: