Le loup est dans le bois... [Gli]

Sujet: Le loup est dans le bois... [Gli] Jeu 30 Jan 2014 - 19:54

Le Favori contemplait la canopée dénudée d'où filtrait les pâles rayon d'un soleil hivernal se levant paresseusement. Aussi étrange que cela puisse paraître, Bol d'Jiv'Elgg se sentait assez serein ici. Le froid qui cristallisait la vapeur de sa respiration, le silence d'une forêt engourdie par l'hiver, la caresse froide du jour. Il y avait une certaine paix en ce lieu. Et cette impression, même la nuit passée à marcher ne pouvait l'enlevée. En fait, il fallait bien avouer que la fatigue ne pesait plus vraiment sur lui, pour arriver là où il était, il lui avait fallu passer au delà de bien plus que des nuits blanches.

Si agréable, il en aurait presque regretté ce que lui soufflait les messagers de Kiel Elghinn. Anaëh devait brûler. C'était la volonté de la déesse. Elle devait souffrir comme elle avait souffert et d'une manière ou d'une autre, il faudrait qu'il s'arrange pour que les cendres de ce cataclysme octroie à Kiel une puissance sans égal, élevant sa Mère au delà de toute autre déité. Tel était le dessein et le destin du Haut-Prêtre, c'était pour cela qu'il avait été créé, pour la grandeur de sa maîtresse. Et en ce jour, il allait retrouver une des nombreuses expériences qu'il avait tenté sur son chemin pour accomplir ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avaient pu, su ou osé accomplir.

Il brûlait d'impatience de revoir l'enfant. Son enfant. Après tout, comme Kiel l'avait façonné et lui avait donné l'existence, il avait façonné cette Elfe jusqu'à la rendre digne d'être considérée comme sa fille adoptive... du moins, en partie. Il n'avait pas vraiment besoin de chercher, il savait où elle se trouvait. Non pas qu'il avait avec précision la capacité de la localiser à tout moment, mais l'Art de Kiel Elghinn laisse parfois des traces indélébiles. Et il avait apparemment conservé un lien avec ce que les mages qualifieraient irrespectueusement de magie et qu'il avait utilisé pour créer l'enfant. Maintenant, parfois, il arrivait à retrouver sa trace, un peu plus à l'instinct qu'autrement, mais l'essentiel y était.

Il se demandait comment elle avait bien pu échapper à sa vigilance. Mais si le vieux fou avait vraiment des pouvoirs aussi grand qu'il le pensait, alors il n'était pas à exclure que l'Elfe ait trouvé refuge auprès d'allié aussi puissant que lui. Dés lors, il devait rester sur ses gardes. Ici, Kiel lui indiquait qu'elle ne pouvait lui offrir une protection parfaite, ou plutôt pas une protection habituelle. Son pouvoir n'était en rien diminué, mais il n'avait plus cette tranquille assurance d'être au delà de tout danger, à l'abri de Teweïon et au dessus de toutes atteintes bassement physiques. Non, ici, c'était différent.

Cette différence ne le gênait pourtant en rien. Le fait de devoir agir prudemment ne gâchait pas le tableau de la forêt assoupie. Elle ne gâcha pas non plus, l'ombre qu'il perçut du coin de l’œil. Non plus que l'accélération des battements de son cœur lorsqu'il se retourna vers elle. Ainsi, il ne s'était pas trompé. Non loin de lui se tenait l'Ust Kor, encore bien inconscient du potentiel qu'il renfermait. Derrière son masque un sourire déchiré entre bienveillance et sadisme s'étira sur ses lèvres gercées et craquelées.

"Ainsi donc, c'était ici que tu te cachais... Mon enfant..."

Sujet: Re: Le loup est dans le bois... [Gli] Ven 31 Jan 2014 - 14:39

Cela faisait déjà un moment que l’Égarée était sous la tutelle de Celle qui Guide, tutelle que la jeune femme appréciait et ce pour différentes raisons : tout d'abord son enseignement lui permettait d'au moins essayer de contrôler la colère qui montait en elle à cause de ces fichus "murmures de Kiel", ensuite parce qu'elle pouvait avoir une confiance en elle nécessaire puisqu'elle se trouvait loin des autres - et donc n'était pas un danger si jamais elle venait une nouvelle fois à se perdre - et qu'Aerlinn était toute à fait capable de la maîtriser si besoin. De plus, le comportement complètement différent de celui de la Gardienne de Kÿria qu'avait l'Eäla à son égard ne pouvait que l'aider dans sa tâche. Cependant, comme Glinaina avait pu le pressentir ou du moins le deviner au départ, la partie d'elle-même qui s'évertuait à prendre le dessus en cas de danger mortel ou de magie, lorsque ce n'était pas plus, ne l'avait pas laissée très longtemps en paix dans sa recherche d'écoute de la Symphonie. L'elfe commençait seulement à ressentir un minimum de cette magie propre à cette forêt lorsque "cela" revint : plus elle était réceptive à la Symphonie, plus cela réagissait et donc plus la colère essayait de la prendre, la mettant dans une situation de malaise et d'incertitude qu'elle avait du mal vraiment gérer et accepter.

Rouvrant les yeux, l'elfe respira à pleins poumons pour essayer d'évacuer sans recourir à l'explosion la tension qui était revenue à elle. A combien de fois en était-elle ? Deux ou plutôt trois ; la première fois elle avait été surprise, la deuxième elle avait essayé de faire taire cette colère et là... non, elle n'y arrivait pas, elle n'arrivait plus à se contrôler comme il le fallait... Avec un soupir, l'archère jusque là assise en tailleur sur la neige se releva, prit ses armes et alla marcher dans l'immense Prime Forêt dans l'idée de retrouver Aerlinn, lui faire part de son problème. L'Ulnusst ne lui servant aucunement dans ce genre d'exercices, elle la laissait presque toute la journée dans sa petite besace. Elle se disait que marcher un peu lui ferait du bien... sauf qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'une certaine personne croise son chemin, cette route menant par prolongement au front.

En près d'une demi-heure de marche tranquille, la colère qui la rongeait de l'intérieur avait fini par passer et la laisser quelque peu sereine dans la forêt endormie et couverte d'un manteau blanc et froid. Une chose qu'elle appréciait encore après plusieurs ennéades d'apprentissage auprès de l'Eäla. Cependant il lui fallut s'arrêter : elle ressentait quelque chose de fort en elle, quelque chose qui lui était inconnu... Fronçant les sourcils, Lina écouta l'intuition qui lui demandait d'aller vers la droite, qu'il y avait quelqu'un. Par pure habitude militaire, l'elfe prit son arc en main et encocha une flèche même si elle ne pensait pas être surveillée. Non, quand quelqu'un, même bien caché, ne vous quitte pas des yeux vous le ressentez et automatiquement vous vous retournez. Là ce n'était pas le cas, c'était une autre sensation... Elle se bougea donc d'une dizaine de pas et, en effet, il s'y trouvait bien quelqu'un : un être sombre au masque hideux et étant serti d'une très longue chaîne. Il ne semblait pas l'avoir remarquée encore, aussi préféra-t-elle mettre fin à la vie de l'indésirable (surtout en temps de guerre) qui avait elle ne savait de quelle façon réussi à passer la ligne de front. Elle verrouilla son bras d'arc, commença à tirer sur la corde sans faire le moindre bruit et... elle le reconnut. Elle sentit son être trembler à ce moment précis et une joie qui n'était pas la sienne la prit, une partie d'elle-même souhaitant retrouver cet être comme une créature heureuse de revoir son créateur. La peur la prit elle, tout comme la détermination d'en finir avec ce cauchemar survenu du passé avant qu'il ne se rende compte de sa présence. Elle leva son bras d'arc et amena la corde jusqu'à la jointure de ses lèvres, visant l'être infâme, lorsqu'elle ne put desserrer les trois doigts qui retenaient la corde. Pourquoi ? Comment ? Elle n'en savait rien. Elle eut beau se traiter intérieurement de tous les noms, rien n'y fit, la flèche restait sagement sur la corde tirée, ses doigts ne voulant lui obéir.

Glinaina sentit son souffle se faire plus fort et l'angoisse la prendre. De la buée chaude sortait de sa bouche à une cadence rapide, son esprit ne comprenait plus rien. Quel était ce maléfice ? Était-ce seulement réel ? Voyant bien qu'elle ne pourrait utiliser son arme de prédilection, elle rabaissa ses bras et détendit la corde, tenant la flèche de la même main qui tenait l'arc. Et là, le plus étrangement du monde, sa main droite lui répondit en laissant ses doigts bouger normalement. De stupeur Glinaina l'écarta de son arc et la regarda, bougeant par là même un peu trop ce qui eut pour effet d'attirer l'attention du Tourmenteur. Son cœur battait violemment contre sa poitrine tant l'angoisse était grande et lorsqu'elle releva les yeux, elle croisa ceux du prêtre de Kiel. La peur, encore et toujours, quoique tout son être ne semblait pas être en accord sur ce point-là.

"Ainsi donc, c'était ici que tu te cachais... Mon enfant...

Cette voix... Non, ce ne pouvait pas être vraiment lui, non ! Face à face avec celui qui l'avait en partie détruite, des souvenirs revinrent à elles, souvenirs tous plus horribles les uns que les autres, sous formes d'images et de sons. Non elle ne voulait pas... elle devait partir, là maintenant ! Et elle n'était pas son "enfant", pas plus qu'elle n'était celui du seigneur protecteur Adantar. Pour une fois elle voulait fuir alors qu'une autre partie d'elle-même voulait s'approcher de lui, tant et si bien qu'elle ne réussit à faire aucun pas. Il fallait qu'elle se calme... Faisant appel à tout ce qu'elle avait pu apprendre à l'armée, elle enferma un instant ses émotions au fond de son être et répondit au drow de la façon la plus détachée qu'elle soit.

-Je ne suis pas votre enfant et je ne le serai jamais. Pourquoi être revenu ?"

Une question le temps de retrouver le contrôle d'elle-même. Se forçant comme jamais moralement parlant, elle réussit enfin à sentir ses jambes devenir moins raides face à la querelle qu'il y avait entre elle et "cela". Elle doutait qu'elle pourrait vraiment combattre et doutait encore plus de pouvoir fuir. Prisonnière d'elle-même, au moins pouvait-elle esquiver si jamais le sombre tentait de l'attaquer par un sort ou une arme matérielle.

Elle tenait l'arc mais il était le serpent. Il la tenait dans son étreinte hypnotique comme un cobra d'ombre et de fer. Elle avait beau lutté, elle ne trouverait pas la force de le tuer. Il s'était enfoncé trop profondément en elle que pour qu'elle ait la force de lui résister ou de réellement le blesser. Sous la surface de cette elfette sans aucun intérêt, il pouvait sentir battre sa création. Elle non plus de la laisserait pas le blesser, ni ne la laisserait le fuir. Elle ne lui échapperait pas cette fois. En tout cas, pas avant qu'il n'en aie fini avec ce qu'il devait faire.

Goûtant pleinement son avantage, il plongea son regard dans celui de l'esclave. Il était le Favori et elle était son oeuvre. Comme elle lui répondait, impétueuse et impertinente, il esquissa son premier pas qui crissa sur une des plaques de neige qui parsemaient la forêt. Sa démarche était gracieuse, sensuel et fluide. Pour le Haut-Prêtre, cette endroit était déjà un terrain conquis. Bientôt Kiel régnerait sur ce monde et lui, son avatar, serait placé à la tête de son empire. Et du sommet de sa propre damnation, il exécuterait les ordres contradictoires, fous et malsains des voix de la déesse qui régissait toute vie.

"Je ne suis pas votre enfant et je ne le serai jamais. Pourquoi être revenu?"

"Ce n'était pas à ta misérable existence que je m'adressais, Elfe. Quant aux raisons qui m'amènent ici, elles sont multiples. Mais disons que je viens de la part d'un bon ami à toi qui m'a fort élégamment renseigné sur ta situation..."

Et comme les mots coulaient voluptueusement de ses lèvres gercées par le froid, le manque d'eau et le vent d'hiver, il continua son avancé. Captivant de son regard son interlocutrice et réveillant de ses prières et de ses murmures inaudibles la chose qui était tapie au fond d'elle. Sa main se resserra légèrement sur une des bourses en peau de nains qui pendaient à un anneau de sa ceinture. Il savait comment il la marquerait. Il voulait encore lui faire mal, lui voler le reste de pureté qu'elle avait pu conserver.

Bol d'Jiv'Elgg haïssait la pureté. Il ne savait pas très bien pourquoi. Peut-être était ce parce que lui même l'avait perdue très tôt. Ou bien parce qu'il ne trouvait désormais plus de réconfort que dans la déchéance, la décrépitude, la rouille et le sang. Après tout, cela lui importait peu, seules comptaient les voix et leurs ordres. Kiel était sa Mère et sa Mère le guidait. Il en vint à sa positionner devant elle, si proche que les nuages de buée de leur respiration se mêlaient presque. Il ne la dominait pas de beaucoup, mais juste assez que pour asseoir sa supériorité sur sa proie.

Il détailla ses traits. Il fallait qu'il trouve l'endroit parfait pour la marquer. Si il l'avait pu, il l'aurait marquer en plein sur le front, au vu et au su de tous. Une marque indélébile de son asservissement à son nouveau maître: lui. Mais, il songea plutôt que son cou serait une cible autrement plus appréciable. D'un geste vif qui contrastait avec la lenteur de ses mouvements jusqu'alors, il lui saisit les poignet, se fichant comme d'une guigne de l'arc ou de la flèche. Il passa dans son dos, s'humecta abondamment les lèvres et déposa trois baisers dans le cou de Glinaina. Retenant difficilement d'une seule main sa proie, il plongea l'autre dans sa bourse et en ressortit une poignée de poudre blanchâtre.

"Nakor te remet son bonjour, petite Elfe..."

Et il plaqua la soude sur les trois marques entrelacées de sa bave pour se dégager ensuite et la regarder se débattre avec la douleur. Il se laissa envahir par sa douleur et huma pleinement sa souffrance. Elle libéra en lui les effluves de la volonté de Kiel Elghinn et, comme un poison suintant des crocs d'un reptile froid, il insinua son esprit dans celui de sa proie, dans la marque de sa morsure. Il déversa ses illusions en elle comme le violeur dévide son désir et son plaisir dans sa victime impuissante. Quand cela lui brûlait, elle verrait le vieux mage rire. Quand elle se ferait mal en chutant, elle croiserait le visage sévère d'Y'Shahinn. Et lorsqu'elle voudrait éteindre le feu sur sa gorge, Naelis serait en proie à la ruine et aux flammes sous ses yeux, ses remparts cloués de cadavres empalés et pourrissants, aux visages indistinct. Mais nul doute qu'elle verrait en eux certains êtres qui lui étaient chers.

Bol d'Jiv'Elgg ne comptait pas laisser passer sa chance de marquer ainsi sa victime. Il ne pouvait pas passer à coté de l'opportunité inouïe et quasi divine de lier l'Ust Kor à son plan, au plan de sa déesse, de sa Mère. Et lorsque la créature de Kiel prenait les choses en main, il le faisait bien, très bien et c'est pour cela que ça faisait si mal.

"Ce n'était pas à ta misérable existence que je m'adressais, Elfe. Quant aux raisons qui m'amènent ici, elles sont multiples. Mais disons que je viens de la part d'un bon ami à toi qui m'a fort élégamment renseigné sur ta situation...

Les sourcils de Glinaina se froncèrent sous l'incompréhension : s'il n'avait pas parlé à elle, alors qui appelait-il "mon enfant" ?! Pourtant il avait bien prononcé ces mots en sa direction et non envers quelqu'un d'autre alors à moins qu'il ne soit complètement fou, il parlait bien d'elle non ? D'elle ou bien... de "cela". Oui, plutôt de cette partie d'elle-même qu'elle ne contrôlait pas à cet instant précis, de ce qui l'empêchait en ce moment de courir loin de ce cauchemar vivant ou encore de tuer une bonne fois pour toute cet être qui l'avait tant fait souffrir au cours de son existance. Elle elle voulait faire un premier pas, se réveiller de sa torpeur. Cela avait de puissance pour la garder clouée sur le sol, laissant ainsi la machine infernale qu'était l'avancée de son tourmenteur à ses yeux avancer. Elle avait peur, elle ne pouvait le nier, et la joie qu'elle ressentait au fond d'elle-même quant à cette situation la terrifiait au point qu'elle finit par sentir ses membres commencer à trembler tout en restant complètement tétanisée. Il avança de sa démarche toute aussi crissante que fluide et sensuelle, encore et encore, laissant le temps à l'elfe de voir ressurgir dans son esprit une partie fort douloureuse de son passé. Elle savait que cela allait recommencer, qu'elle allait souffrir bien plus qu'elle ne le voudrait, mais pouvait-elle seulement empêcher cela ? Non. Là était le problème...

Avant même qu'elle ne puisse vraiment se rendre compte de ce qui était en train de se passer dans son esprit, Glinaina revint sur terre presque en sursaut lorsqu'elle sentit l'air chaud provenant de la bouche du tourmenteur venir caresser son visage devenu pâle à cause du froid. Elle ne réagit pas lorsqu'il agrippa violemment son poignet gauche, faisant tomber de la sorte arc et flèche. Mais quand il la prit de sorte à ce qu'elle se retrouve dos à lui, pouvant ressentir tout le contact physique entre leurs deux corps, un mot, comme par instinct, s'échappa en un cri de sa gorge.

-Aerlinn !

Comme si elle pouvait l'entendre... Comme si elle pouvait venir à son aide... Elle n'en savait rien, cela lui avait échappé avant même que son corps haïssant le contact physique avec le sombre ne commence à se débattre sans pour autant à arriver à s'affranchir de son bourreau. Alors que le visage d'ébène se penchait sur son cou pour l'embrasser et ainsi la marquer, l'elfe sentit une larme perler le long de sa joue, larme lui permettant d'extérioriser toute la peur qu'elle éprouvait à cet instant. Elle commençait à ressentir de la douleur déjà... et malheureusement ce n'était que le début de ses tourments, comme l'annonçait la poignée de poudre blanche qu'elle ne vit pas arriver.

-Nakor te remet son bonjour, petite Elfe..."

L'elfe hurla sa souffrance lorsque la poudre fut brusquement appliquée sur ses nouvelles marques, sentant comme un feu envahir toute la partie alentour de son corps. Instinctivement sa main opposée vient se porter sur la plaie et des images s'insinuèrent dans son esprit : tout d'abord son vieil et joyeusement fou d'ami qu'était Nakor en train de rire puis, comme son esprit désirait éteindre le feu qui l'embrasait, l'image d'une ville réduite à feu et à sang, ruinée et ses habitants empallés dans l'atrocité la plus grande sur des pics de bois lorsque ce n'était pas sur des lances ou encore d'autres immondices. Elle n'eut pas le temps de se poser la moindre question que les odeurs du brûlé et de la mort naissaient au niveau de ses narines et que ses yeux reconnaissaient tant d'êtres avec qui elle avait pu se lier d'amitié ou plus : soldats, villageois, Letwyn, Trimack, Glenn ! C'était impossible, cela ne pouvait pas se faire ! Et comme son esprit se bloquait à l'intrusion du haut-prêtre, la douleur se fit encore plus forte et son esprit lui-même se sentit mis à mal, broyé par une opression qu'il ne pouvait voir, les yeux de l'elfe s'étant fermés. Elle tomba sur la neige gelée, la princepts lui apparu alors. Tordu de douleur, le corps se retrouva en un rien de temps allongé sur le sol, incapable d'obéir à l'esprit de l'elfe. Les images la hantaient de plus en plus, la faisant crier et provoquant des larmes, et pourtant elle ne pouvait se dire que c'était vrai, il devait lui mentir fourbe et sadique qu'il était ! Jamais Nakor n'aurait fait quelque chose menant à ce qu'elle souffre ainsi, il la protégeait trop contre cela. Et pourtant il connaissait son nom ainsi que le fait qu'elle soit amie avec le vieux mage. Alors quoi ?

Manipulée. Pantin aux prises de son tortionnaire. Enfant ne pouvant que subir la malveillance d'un adulte. Cette situation lui rappelait exactement celle qu'elle avait connue il y a plus de soixante-dix ans, alors qu'elle rencontrait cet être cruel pour la première fois lors d'un massacre. Des images de ce passé se mêlèrent quelques secondes à celles insérées par le représentant de la maudite Kiel, la douleur devint encore plus forte. Elle n'en pouvait plus, déjà. Elle ne pouvait pas supporter cela plus lontemps aussi rassembla-t-elle ce qu'il restait de sa volonté pour briser la peur dont elle était la proie et accepter la douleur l'envahir tout entière, tout comme elle s'était forcée à accepter l'intrusion de l'esprit de Nakor dans le sien lorsqu'il avait accepté de l'aider. Son corps cessa de gesticuler autant, sa main droite, elle, resta fermement crispée dans la neige. Elle voulait que tout cela ne soit que mensonge, que ces êtres qu'elle aimait ne soient pas morts... mais elle voulait surtout que tout cela s'arrête, maintenant. Et, parallèlement comme ironiquement, elle se sentait en paix, baignée dans sa souffrance.

Il contempla l'elfe se contorsionner de douleur sur le sol glacé. Il aimait bien sa manière de ramper quand il la soumettait à sa poigne. Mais son cri évoquait en lui un sentiment très désagréable. Comme si on venait de lui cracher le nom d'un ennemi mortel et éternel au visage. Le Favori aimait prendre son temps pour faire les choses convenablement, mais il n'aurait peut-être pas toute la latitude nécessaire pour pouvoir se le permettre. Aussi s'avança-t-il vers le corps tremblant qui semblait vouloir le fuir plus par réflexe qu'autre chose.

Il l'agrippa par les cheveux, la força à se cambrer en enfonçant sa botte dans le creux de son dos et tira jusqu'au point d'arriver à la limite d'extension de la colonne. Il secoua un instant la tête de sa proie pour l'étourdir encore un peu avant de la retourner violemment sur le dos. Il relâcha dans le même temps sa poigne et pour faire bonne mesure lui décocha un coup de pied dans la poitrine avant de l'a plaqué au sol par les épaules en se mettant à califourchon sur elle. Il cracha son mépris à son visage, tant que c'était l'elfe, cela ne l'intéressait pas.

Il décrocha sa main droite et vint caresser le sein de sa victime. Lentement, délicatement, comme un amant longtemps absent... avant de le serrer, de le presser limite, il voulait encore l'entendre crier. Et lorsqu'il atteignit le volume souhaité, il relâcha la pression et la saisit à la gorge de sa main gauche. L'autre serre s'éleva vers son propre visage. Il détacha son masque d'un coté et se pencha vers le visage de l'Elfette. Il était temps de ramener une vieille connaissance à la surface. La sangle coulissa dans son fermoir et son vrai visage si parfait se révéla. Il le pencha tout proche de celui de Glinaina et lui adressa enfin la parole d'une voix inhumaine, brutal et autoritaire.

"Regarde moi. Regarde moi! Tu te souviens de mon visage? Oui bien sûr que tu t'en souviens et tu sais ce que ça signifie, hein? Alors montre toi petit con! Je t'ordonne de vaincre cette salope d'Elfe et de venir devant moi tout de suite!"

Et pour faire bonne mesure, il saisit la lèvre inférieur de l'Elfe et la mordit un bon coup jusqu'au sang. Pas au point de vraiment laisser une entaille profonde, juste pour stimuler l'autre et faire mal. Il prenait beaucoup de trop de temps au goût de son maître. En temps normal, la Créature de Kiel Elghinn n'en aurait rien eu à faire, mais là, les voix le pressaient d'agir. Et quand elles était aussi urgente, cela ne lui absolument pas agréable. C'était une forme de douleur que même lui avait du mal à supporter. Il n'y avait pas de raison pour que sa création n'aie pas son propre lot...

Fallait-il que ce bien-être malsain puisse continuer, laissant l'elfe dans une souffrance qui aurait fini par s'éteindre d'elle-même ? Non, il en avait décidé autrement, au plus grand malheur de l'Egarée. Déjà elle n'avait plus la force physique de lutter contre lui, ce que son esprit combattif détestait, et en plus de la façon dont elle était allongée sur le sol blanc elle ne pouvait voir les mouvements du sombre ; elle l'entendit se rapprocher d'elle, ressentit qu'il arrivait près de son corps et surtout put sentir ses muscles se crisper quant à l'idée de la douleur qu'il pourrait causer. La peur, oui, c'était bien cela : peur du passé, peur de ne pouvoir voir ce qu'il se passait à l'instant présent et peur de l'avenir proche qui se profilait.

A partir de ce moment, tout ne fut plus que torture et cris : les cheveux tirés alors qu'une botte empêchait son corps de se laisser relever, un étirement forcé et des plus atroces, l'odeur de sang se faisant encore plus présent dans l'esprit de l'elfe qui en plus de cela n'était toujours pas libérée des images que le tourmenteur lui avait glissées par la marque. Un coup de pied bien placé, puis une autre sensation qui fit frémir les membres de la jeune femme ; il venait de s'asseoir sur elle et lui plaquait en même temps les épaules sur la neige dure. Alors le Tourmenteur put sentir sous lui le corps de sa victime, presque hors de contrôle de l'esprit, commencer à trembler plus que jamais et pas en réponse à la peur de l'elfe. Non, contrairement à l'esprit le corps se souvenait très bien, trop bien même de ce que le drow lui avait fait subir, de la façon dont il l'avait pénétré... En effet, si l'esprit pouvait oublier suite à un traumatisme le corps, lui, ne pouvait pas.

La douleur, encore et toujours, de plus en plus forte, au point que le cri finit par se faire trop aiguë. A la poitrine cette fois-ci. Son sang battait fort à son cerveau au point qu'il commençait à renfermer l'esprit de Glinaina sur lui-même, lui faisant voir avec beaucoup de mal ce qu'il se passait près d'elle. Ses yeux ne suivaient plus, ses paupières s'ouvraient et se fermaient à tout va, sans aucun lien logique. La douleur était bien trop forte et alors que pendant la nuit où Lina était passée sous les fouets et l'arme appelée Stigmate le bourreau avait joué sur la longueur et donc sur l'endurance, ce qui n'avait pas été si désastreux que cela pour l'elfe. Cependant, là, le sombre jouait sur l'immédiat et détruisait son corps autant que son esprit pour arriver à ses fins. A partir de là, Glinaina ne pouvait pas offrir la même résistence qu'une année auparavant.

"Regarde moi. Regarde moi! Tu te souviens de mon visage? Oui bien sûr que tu t'en souviens et tu sais ce que ça signifie, hein? Alors montre toi petit con! Je t'ordonne de vaincre cette salope d'Elfe et de venir devant moi tout de suite!

Ces injonctions furent comme une pique venant transpercer la conscience autant que les oreilles de la pauvre femme, déchirée entre son esprit qui voulait faire tout le contraire de ce que son bourreau ordonnait, son corps qui n'arrivait plus à suivre la cadence et cette partie d'elle-même qui la grifflait de l'intérieur et la tirait vers l'inconscience pour retourner auprès de son créateur. Mais elle ne voulait pas non, elle ne voulait pas que cela arrive... Elle n'acceptait pas qu'il puisse réussir ainsi, qu'il soit réellement "son" maître.

Les yeux de l'elfe finirent par se fermer après une lutte de consciences et une morsure à la lèvre inférieure et sa respiration s'arrêta. Quelques secondes seulement, juste le temps suffisant. Puis elle reprit, calme. Les yeux de l'elfe se rouvrirent alors, bien plus vifs que quelques secondes auparavant. Un sourire en coin se dessina sur le visage de la victime et alors que "cela" s'empêchait de cracher au visage de son père pour l'avoir traîté de petit con - il n'avait qu'à faire son expérience autrement ! - il (ou elle) se mit à rire avant de lancer, presque comme si cela allait de soi :

-En même temps ça aurait été moins intéressant si elle était moins forte d'esprit, non ? Cela faisait longtemps..."

Il sourit, tapota la joue de son enfant en souriant comme pour gratifier un gamin. Il se remit ensuite debout et fit craquer sa nuque. Il était dommage qu'il n'aie pas plus de temps devant lui. Dans son esprit, il sentait venir une menace... Ou plutôt, les voix le sentaient. Le Favori ne fit pas attention à leur urgence douloureuse, il reporta son attention sur sa créature. Oui, cela faisait longtemps en effet et il était curieux de voir à quel point il avait grandit.

"Je pensais qu'après autant de temps tu aurais presque pris le contrôle de son corps. A croire que je t'avais surestimer..."

Ou bien qu'il l'avait sous-estimé elle. Mais il préférerait subir encore le tourment des voix plutôt que de le dire haut et fort. Il était curieux de savoir où elle avait trouvé la force de tenir si longtemps qui étaient ceux qui lui avait offert l'aide sans laquelle elle serait certainement tombée sous sa coupe tout entière. Son expérience était inachevée à cause de cette seule vicissitude: les amis de la gourdasse. Et puis, il fallait bien dire que titiller son interlocuteur n'était pas pour lui déplaire.

"Enfin, passons... Avant qu'on ne parle de tes progrès et de tes déboires, il faut que je t'avertisse d'une chose. Tu vas devoir te tenir à carreau un petit temps. Et ne commence pas à me faire chier avec tes gémissements. La marque va servir à cacher ta présence et elle te servira de signal, à un moment, elle va s'activer, tu ne sauras pas de tromper. En attendant ce jour, tu vas prendre des forces et lorsque ça arrivera, tu pourras passer à l'action. Compris? Compris?!"

Il avait haussé le temps en voyant que l'autre n'avait pas l'air du tout enchanté. Il comptait bien avoir son assentiment avant qu'il ne soit trop tard. Quel dommage qu'il ne puisse pas jouer un peu avec lui. Cela faisait presque deux Ennéades qu'il n'avait plus rien violé, et le manque commençait à se faire sentir. La Créature de Kiel était aux abois, et c'était bien ça le problème. Cela augmentait ses frustrations, distordait ses désirs et lui donnait irrémédiablement l'envie de détruire quelque chose... quelque chose de beau de préférence et de conscient, parce que faire mal en prime était plus satisfaisant.

"Maintenant tu peux te plaindre si tu veux."

Et il espérait bien qu'il lui donnerait l'occasion de le frapper un bon coup. Il avait envie de sang, de haine, de douleur, de tripes... Non, en fait il avait envie de Silence. Le Haut-Prêtre voulait que les Voix se taisent, qu'elles arrêtent de le torturer. Il avait compris le message, alors pourquoi n'arrêtaient-elles pas? Qu'est-ce que sa Mère voulait qu'il fasse de plus? Sans s'en rendre compte, il laissa filtrer du pouvoir jusque dans ses doigts, emplissant ses yeux, sa bouche et ses membres. Mais il n'y avait rien sur quoi il pouvait se défouler... Ou en tout cas, rien qu'il n'aurait regretter d'avoir détruit ou rien qui n'en vaille réellement la peine.

C'était une véritable tempête dans son esprit, bien que calme en apparence. Il y avait tout juste l'un ou l'autre tressaillement de sa lèvre ou de son sourcil pour traduire son trouble. Il remit son masque lentement, alors qu'il aurait voulu l'écraser sur son visage pour arrêter la douleur dans son âme. Et c'est là qu'il ressentit la chose pour la première fois... Elle le distrait un instant de son calvaire, de sa colère,... Mais d'où pouvait bien venir cette sensation? Qu'avait-il perçu?

Cela fit la grimace lorsque son créateur lui tapota la joue. Non vraiment, il aurait dû ne pas se retenir de lui cracher au visage ; après l'avoir traîté de con, voilà qu'il se comportait avec lui comme s'il était un gamin de deux ans ! S'il aurait pu - enfin plutôt s'il ne s'était pas douté que son "père" n'était pas venu dans cette maudite forêt le retrouver pour une bonne raison - il aurait volontier laisser exploser sa rage pour lui faire comprendre qu'agir de la sorte avec lui n'était pas la meilleure des idées. M'enfin bref ! La Créature de Kiel s'étant relevée, l'Ust'kor se releva à moitié, profitant de ces trop rares moments où il pouvait vraiment voir le monde, contrôler un corps et discuter sans avoir à une énième fois se battre contre cette insolente d'elfe qu'il avait pour colocataire spirituelle - ben oui, faut pas croire, être à deux dans un même corps n'est pas ce qu'il y a de plus simple, surtout lorsqu'on est incompatibles. Il fit tourner sa main devant ses yeux puis commença à se mettre debout, devant rapidement s'arrêter à cause de la douleur devenant trop forte au niveau du sein gauche de l'elfe. Il eut un petit sourire à cela : lui qui avait dès le début réussi à entrer en action aux moments où l'elfe était en présence de magie ou de grand danger, faisant complètement fi des douleurs du corps pour réduire à néant la menace - ou du moins ce qu'il considérait comme tel - la douleur avait à un moment été ce qui permettait à l'enfant de rester assez concentrée pour ne pas le laisser prendre sa place. Et là, cette même douleur poussée à l'extrême avait fait complètement l'inverse ! Belle ironie, non ?

"[...] il faut que je t'avertisse d'une chose. Tu vas devoir te tenir à carreau un petit temps. Et ne commence pas à me faire chier avec tes gémissements. La marque va servir à cacher ta présence et elle te servira de signal, à un moment, elle va s'activer, tu ne sauras pas de tromper. En attendant ce jour, tu vas prendre des forces et lorsque ça arrivera, tu pourras passer à l'action. Compris? Compris?!

Il s'était retourné vers son père et maître, toujours assis sur la neige, se concentrant jusqu'alors beaucoup plus sur les connexions entre son esprit et son corps qu'aux paroles désobligeantes de son patriarche. Mais quand il entendit la demande du sombre, il sentit une pointe de colère monter en lui et ce fut un regard noir qu'il envoaya à Bol. Quoi ?! Encore ? Mais qu'est-ce qu'il avait à vouloir le faire attendre maintenant ? Ne se départissant pas de sa colère il répondit, le ton bien plus froid qu'avant.

-Soit... mais j'aimerais savoir en quoi le fait de devoir attendre aura de l'importance.

Sous-entendu : "cher papa, que prépares-tu donc ?" mais en moins bon enfant. Ce n'était pas qu'il était à bout de patience, loin de là, mais attendre encore tout en se laissant faire était en plus d'être une chose qu'il n'aimait pas trop un fait risquerait de lui compliquer la vie. En effet, le fait que l'elfe suive des leçons pour apprendre à s'ouvrir à ce que ces idiots d'Elfes à la peau blanche appelaient la Symphonie agrandissait la barrière qu'il y avait entre elle et les murmures de Kiel, l'affaiblissant en même temps. L'elfe avait bien choisi son refuge pour le coup, tout comme son maître...

-Maintenant tu peux te plaindre si tu veux.

Si le haut-prêtre de Kiel savait très bien se contrôler, l'Ust'kor ressentit qu'au contraire son créateur n'était pas si calme qu'il laissait le supposer. Etait-ce parce que son corps avait tendance à ne pas supporter la magie ou bien parce qu'il était l'enfant, la création du sombre ? Il n'en savait rien mais s'en foutait plutôt bien. Se relevant tout en se nourissant de la folle douleur qui naissait en lui - il n'avait pas raté l'elfe, à sa grande joie - comme pour se renforcer encore plus, il se rapprocha de son père tout en gardant une distance entre eux deux respectable et lança, après avoir jeté un oeil aux alentours :

-Elle a appelé l'Eäla, non ? Alors elle ne devrait pas trop tarder à arriver. Il faudra faire attention, elle est très liée à leur chant des arbres... Elle s'est même mis en tête d'ouvrir l'elfe à ce chant.

Il n'aimait pas ça... et il commançait à se rendre compte que c'était peut-être cela qui mettait à nerfs son père. Et ça l'énervait lui-même plus qu'autre chose de le ressentir. Il regarda le drow remettre son masque, cachant ainsi son beau visage. Il ne vit pas l'interrogation naître dans l'esprit de Bol à ce moment précis, aussi ce qu'il dit ne donna guère de réponse au "cela" de son maître.

-Me plaindre n'est pas ce dont j'ai envie pour l'instant... Mais si tu souhaite mieux la connaître, sache que la détruire n'a fait que renforcer son esprit, lorsque personne de l'extérieur ne rentre en compte."

Sujet: Re: Le loup est dans le bois... [Gli] Dim 16 Mar 2014 - 18:05

Il se contenta de sourire en coin. Il était bien conscient de cela, la petite avait du caractère. Même si le reconnaître à voix haute ne figurait pas au programme, il devait tout de même le lui concéder. Mais il y avait toujours cette impression bizarre lorsqu'il observait sa création. Il avait la désagréable sensation de sentir qu'il y avait autre chose, un changement imprévu...

"L'Eala... Cela explique beaucoup de chose..."

Comme la sueur qui coulait le long de son échine et l'effort qu'il devait fournir pour ne pas hurler et se tordre de douleur sur le sol. Pourquoi les Voix ne le laissaient pas en paix? Il commençait à avoir du mal à recentrer ses idées. A croire que le monde n'était plus qu'un océan de souffrance, qu'il était retourné dans la chambre magmatique, enfermé dans son sarcophage entrain de subir l'Ordalie Suprême. Pourtant, il était en Anaëh, entrain de parler à l'Ust'Kor. Pitié, Mère, laisse moi juste le temps de finir mon oeuvre... Murmura-t-il dans son âme en serrant les dents.

Il se reconcentra sur la sensation étrange, il venait à nouveau de le sentir. Il s'approcha à nouveau de l'autre, fronçant les sourcils et titubant un peu sous la pression mentale des Voix. Il mit sa main sur son front, puis sur sa joue, son coup ensuite, sa poitrine et finalement son ventre... Un instant, les Voix se turent, et lui n'y fit plus attention. Il releva ses yeux rond vers son interlocuteur qui n'avait pas bronché. Il y avait quelque chose là dedans et il ne savais pas vraiment jusqu'à quel point cela modifiait ses plans...

"Qu'est ce que c'est? Que cache-t-elle en elle?"

Et pourtant, il connaissait déjà la réponse à cette question. Elle était enceinte. Elle attendait un enfant. Et cette petite chose risquait de lui donner la force de se reconstruire. Mais comment? Qui? Il ne l'avait jamais entendu murmurer le nom de quiconque lorsqu'il la torturait et les Elfes ne sont pas du genre à batifoler aussi jeunes...

"Cette salope attend un sale mioche?! Pourquoi ne m'as tu rien dit? Je refuse de voir cette sale bestiole empiéter sur mes plats de bande! Tu m'entends!"

Et il frappa violemment son ventre une première fois. Il en faudrait d'autre pour faire mourir l'enfant, mais il s'en moquait. La colère avait fait place à la surprise et la douleur ne faisait que l'accentuée. Il décocha un autre coup de pied, manqua de peu la zone qu'il visait mais l'atteignit quand même à la hanche. Il essayait de s'enfuir cette ingrat. Mais le Favori le poursuivrait de son courroux. Il se saisit de ses cheveux et l'immobilisa d'une clef. Libérant une de ses deux mains, il s'apprêta à venir fouailler de ses griffes de métal le vagin de cette catin et d'extraire lui-même l'immondice qui grandissait à l'abri des regards dans son ventre.

C'est le moment où les Voix arrêtèrent brusquement de le faire souffrir pour lui sommer de se préparer au combat. Un ennemi mortel venait d'entrer dans la clairière...

Sujet: Re: Le loup est dans le bois... [Gli] Dim 16 Mar 2014 - 18:31

Ce jour était celui de Celle qui se Bat, réveillant les souvenirs de la Gardienne que fut Aerlinn dans son existence précédente, avant de renaître sous les traits de l'Esprit. Ses Frères souffraient, agonisaient sous les caresses brûlantes des flammes que les fanatiques drows avaient fait naître en ces lieux, et cette souffrance faisait écho à une plus ancienne, se transformant en une colère qui avait vu la fin de tant d'êtres...
L'incendie pourtant ne l'affectait pas totalement... Bien sûr, d'innombrables voix s'éteindraient... Mais l'avenir verrait de nouvelles s'élever... Elle avait suffisamment vécu pour le voir, et avait contemplé et connu bien pire.
La sagesse et l'imperturbable sérénité de Celle qui Guide laissa sa place à la violence aveugle et libérée de Celle qui se Bat... Que les Drows fassent les fiers, ils seraient rappelés à leurs places, car en ces bois où elle existait, elle était prédateur et eux la proie.

Ainsi, à l'écart des combats des troupes des cités de pierre, elle chassait, évoluant d'arbre en arbre avec une habilité et une facilité presque déconcertante, se fiant à tous ses sens, tant la Symphonie que ceux de la Blanche, pour suivre les profanateurs. Elle se concentra sur des petits groupes, les suivant, rompant la distance avec discrétion avant d'employer sur eux une magie impitoyable... Des membres furent brisés, broyés, arrachés même par des lianes et racines mues par ses soins. Et quand la plupart était passé de vie à trépas, qu'il n'en restait que quelques survivants déboussolés et déjà sérieusement affectés, c'est armé d'un couteau, qui d'ordinaire n'avait pas un tel usage, qu'elle bondit de sa cache pour les achever.
Et laissant là les traces d'une boucherie qu'on n'aurait pas su prêter naturellement à un elfe, elle retrouvait le couvert des arbres, se mettant en route pour sa proie suivante.

Mais l'Esprit savait demeurée attentive, alerte... Et c'est dans les courants de la magie, non plus d'une Symphonie saturée qu'elle trouva non loin de là une présence singulière, un poids plus lourd que les autres. Il lui faudrait s'en charger, car, avec des considérations plus terre à terre, elle se trouvait être ici la plus puissante des représentants magiques pour protéger l'Anaëh.
Un cri acheva de la convaincre de se détourner de sa prochaine proie pour y préférer celle-ci... La détresse, la douleur... Nul besoin de Symphonie pour savoir que son actuel protégée était la cible de l'intrus. Qu'importe sa nature... Qu'importe ses raisons...

Alors qu'elle se mit en route, la Brume se propagea autour d'elle, s'étendant, sans excès... C'était un atout, mais elle n'avait pas besoin de couvrir une surface trop importante pour l'utiliser contre cet adversaire. Un instant, elle s'interrogea sur l'étendue supposée des connaissances des drows aux sujets des Eäla, et de son propre sujet... La Brume était le signe de sa venue pour les Filles et les Fils, et ils avaient racontés de nombreuses histoires et hypothèses à son sujet... Un soupçon était-il parvenu jusqu'à ces mondes où elle n'existe pas, ou plus encore qu'un autre, ce damné serait plongé dans le brouillard ?

Alors qu'elle descendait de l'arbre qui l'amenait à une distance raisonnable, mais suffisamment proche, elle observa les deux êtres, se concentrant davantage sur l'intrus, sans ignorer ce qui semblait être la situation actuelle de sa protégée, encore dissimulée, le rideau de brume prenant naissance à quelques mètres d'eux seulement... Si elle n'aurait pas pu juger de sa malveillance comparée à celle d'un autre, à coup sûr, il était d'après elle plus tordu que la plupart de ses semblables... Et les mots qu'elle avait pu saisir... Une vieille connaissance ? Le seul drow marquant dans l'histoire qu'elle savait de Glinaina était celui qui lui avait infligé sa malédiction. Était-ce celui-ci ?

La Brume finalement, s'éclaircit légèrement, la faisant apparaître à leurs regards, aussi fantomatique que d'habitude, rompant un peu plus la distance qui les séparait encore, mais si généralement, c'était une douceur apaisante qui accueillait le regard des égarés, il n'y avait là que la froideur d'une colère pour l'heure retenue et d'un mépris non dissimulé.
Et c'était avec autorité qu'elle offrit ses premiers mots.

« Écarte toi d'eux, Fils Egaré, et cesse de la brutaliser de la sorte. »

C'était un ordre, et il fut appuyé par la menace naissante de deux lianes perçant à travers la neige, flanquant les côtés de l'Esprit, prêtes à frapper, suggérant l'absence de discussion sur l'exigence prononcée. Et par ses mots, elle adressait un rappel à sa protégée... à ses deux facettes. Elle les considérait tout les deux, savait leurs existences propres, à l'un et l'autre, bien que liés, et n'en négligeait aucune, même en cet instant.

Sujet: Re: Le loup est dans le bois... [Gli] Sam 22 Mar 2014 - 20:55

"Cette salope attend un sale mioche?! Pourquoi ne m'as tu rien dit? Je refuse de voir cette sale bestiole empiéter sur mes plats de bande! Tu m'entends!"

Une sensation, étrange, la prit : un tressaillement, venant de quelque part dans son corps, la faisant vibrer des profondeurs de son âme où elle se trouvait juste à l'instant. Plongée dans un noir complet depuis que l'autre esprit, sombre lui, s'était emparé de son être, la conscience de Glinaina commença alors à entendre ce qu'il se passait à "l'extérieur". Cette vibration si particulière qui était née en elle alors que son tourmenteur injectait avec mépris ces propos fut comme un réveil pour elle. Un sale mioche... De quoi ? Comment ça ? Ainsi donc elle était enceinte ? Oui... C'était comme une évidence pour celle qui se réveillait alors que jusque là elle n'avait pas été capable de ressentir cette présence, ne serait-ce même de s'imaginer qu'une telle chose puisse arriver. Etrange... Mais qu'il en soit, quelle que fut la hauteur de la surprise de la jeune femme, le fait restait le même : elle était enceinte, un enfant grandissait en son sein. Celui de Glenn. Celui d'une personne qu'elle protègerait, que ce soit par amour comme par loyauté.

Deux esprits se partageaient un même corps et pourtant, à cet instant précis, on aurait pu dire que chaque esprit avait sa propre forme : celui de Glinaina avait la forme du corps tandis que celui d'Ust'Kor avait celle d'un elfe noir - quoiqu'il n'est pas sûr que des esprits aient une couleur de peau spécifique. Alors qu'à l'extérieur le haut-prêtre de Kiel - qu'elle soit plus maudite que ses propres malédictions celle-là - commençait à frapper sa création au niveau du ventre, souhaitant tuer le futur enfant pour une raison que l'elfe ne cherchait guère à savoir, Glinaina agrippa Ust'Kor par l'épaule, rafraîchie par la force de la nouvelle et dit

*Laisse-moi y retourner. Cette histoire me concerne bien plus que toi.*

La douleur, la colère de celui qui la tirait par les cheveux, la soudaine reprise totale de connaissance... Tout cela la fit pousser un cri, assez petit mais un cri quand même. Cela la concernait, c'était son enfant... tout comme son propre corps dont elle n'avait sur le coup pas eu souvenir de l'atroce douleur que l'ignoble créature se trouvant juste derrière elle lui avait infligée. Ressentant la main du tourmenteur se dégager pour gagner son bas-ventre, la première réaction qu'elle eut fut de donner un coup de coude dans ce même bras pour l'éloigner de cette partie de son corps qu'il cherchait à atteindre. Coup qui n'eut pas énormément d'effet et, surtout, qui provoqua une douleur intenable à la poitrine, son sein éclaté à l'intérieur n'appréciant aucunement le geste.

C'est alors qu'elle sentit la brume, qu'elle se rendit compte qu'elle était présente. Et cette voix qui en sortit... Aerlinn. Elle était venue. Son tortionnaire lui relâchant alors les cheveux, elle tomba à même le sol sans essayer de se retenir ou encore de continuer plus loin vers l'Eäla. Généralement, lorsqu'elle se réveillait, c'était après tout un temps de sommeil où son corps avait pu récupérer de l'énergie que lui demandait son côté sombre. Or là, elle se trouvait à un moment plutôt critique pour celui-ci : il ne supportait plus ce qu'on lui infligeait. Sa respiration était lourde, la douleur l'irradiait de partout et elle tremblait de tous ses membres. Glinaina comprenait qu'elle ne pourrait rien faire ainsi, que cela se jouerait entre la Guide et le Tourmenteur. Elle cracha un peu de son sang venant lui troubler la bouche, rougissant la neige si pâle et si bienfaitrice. Elle se sentait bien allongée sur le ventre ainsi, sa tête bouillonnante posée contre le sol gelé.

Il entendit la voix et les Voix se turent dans un dernier avertissement douloureux. Il relâcha sa prise sur son instrument et se redressa. Il n'avait certainement pas pu éliminer le foetus répugnant qui menaçait ses plans, mais qu'importe. Ust'kor n'avait plus son attention, plus maintenant que cet adversaire là était entré dans l'arène. Il pouvait sentir le danger et la voir pulser la force dans cette créature.

Une Elfe? Bien mal avisé serait celui qui penserait ainsi. Non, cette chose était plus que ça. Il n'aurait jamais pu dire comment ni préciser ce vague instinct mais il en était persuadé. Il était tendu désormais. Remettant son masque en place pour faire face, il se préparait à un affrontement tel qu'il n'en avait jamais connu, même dans le septième niveau du Puy. Il se redressa de toute sa hauteur et avisant les deux serpents végétaux qui encadraient son potentiel adversaire, il se saisit de la Chaîne de Kiel.

Ses yeux d'ambre rencontrèrent ceux améthyste de la chose. Il ne cilla pas. Les deux prédateurs se faisait face, attendant sans doute que l'autre bouge ou jaugeant la dangerosité de l'autre. En tout cas, lui jaugeait et attendait, il était plus que conscient de sa situation précaire. Mais cela ne l'empêcha pas de conserver son ton assuré. Il parla comme en son domaine, parce que c'était ainsi. La forêt n'était que douleur et la douleur était sa demeure. Au final, face à celle-là, le ton en était presque arrogant.

"Ceci est un entretien privé. Qui es-tu pour m'interrompre?"

Il positionna lentement ses pieds sur le sol, prêt à bondir au moindre signe d'attaque. Tous ses sens étaient en alerte et dans sa tête résonnaient les prières et homélies à Kiel Elgghin. Il ne devait rien laisser passer, il n'était pas arrivé là où il était pour mourir face à un Elfe ou quoi que pusse avoir été cette chose. A coté de lui, il pouvait sentir le doute et la confusion dans le corps de l'Elfette, il espérait juste qu'Ust'kor s'en tiendrait au plan et que cette petite pétasse n'allait pas reprendre ses moyens au point de le gêner dans une situation à l'issue déjà suffisamment indécise comme cela.

HRP:

Le Fou qui se tenait devant elle avait beau se comporter avec assurance, l’attitude défensive qu’il prenait offrait l’expression de son contraire… Il savait, du moins, soupçonnait l’évidence, il n’était pas face à un adversaire ordinaire, la prudence était de mise. Mais pensait il réellement avoir les outils pour se défendre ? Sa Déesse n’était pas présente, ou bien alors contrainte de se taire en ce lieu, il était seul.
Et même si elle ne le lui devait pas, elle fit le choix de lui répondre, de se présenter, elle renforcerait et répondrait même à ses soupçons, alimenterait la crainte sous-jacente qui se cachait derrière sa relative assurance… Qu’il sache, qu’il en tremble et maudisse le fait d’avoir foulé ce sol.

“Nous sommes une Eäla, Celle qui Guide, bien qu’en ce jour, la Folie qui est tienne, et celle aveugle des créatures que tu as relâché au sein de la Première Fille dont nous avons suivi la piste nous ait contraint à redevenir Celle qui se Bat… Une nouvelle fois.”

Et sur ces mots, réponse à la position défensive qu’abordait le Fils Égaré, elle déploya d’autant plus sa propre force, et les sens de son adversaire purent apprécier l’agitation dans la magie environnante, dont une partie se concentrait sous les pieds de l’Eäla, pour venir s’étendre comme les racines d’un arbre dans la terre, même jusque sous ses propres pieds.
Durant ces préparatifs, elle n’avait pas quitté des yeux le Fou qui se tenait face à elle, le jaugeant… De l’arrogance, de l’assurance… C’était un Fils Égaré par delà les Terres Stériles, telle était leur attitude, mais il changerait avant que leurs chemins ne se séparent, à moins qu’elle ne décide de mettre en pièce sa chair. Mais si il était celui qu’elle pensait avoir face à elle, la mort ne serait finalement qu’un soulagement, tandis qu’elle pouvait lui infliger une double peine, l’humiliation d’une défaite, et la perte de ce qu’il considérait comme un jouet et une précieuse et longue expérience.

“Tu dois être celui qu’elle considère comme son tourmenteur… Celui qui prétend reproduire ce qu’il ne connaît pourtant pas, arrogant malgré sa profonde ignorance…”

Et qui lui donnerait des réponses, si il ne voulait pas sortir briser en morceaux de l’Anaëh. Sur ces mots, elle fit un premier pas qui sembla provoquer une réaction en chaîne, tout autour du sombre, la magie s’agitait, l’une des deux lianes qui flanquaient l’Eäla disparut sous terre tandis que l’autre grandissait rapidement pour venir fouetter l’air droit sur son adversaire du jour.

Spoiler:

La décharge d'adrénaline qui annonçait le début du combat claqua dans son corps au moment même où le fouet végétal débutait son mouvement. Il sauta avec agilité pour éviter cette arme vivante. Non pas qu'il était agile, ou qu'il ne ressentit pas le poids de son armure par le biais d'un long entrainement ou de l'habitude. Il se foutait juste de la douleur qu'un tel effort faisait éclater dans ses muscles. De même que la souplesse du rebond qui le propulsa hors d'atteinte de cet attaque n'était que l'expression d'un dédain profond pour les cris de ses articulations.

Le Favori savait qui elle était et c'était bien pour cela qu'il n'avait pas fuit. C'était une louve, la louve d'Anaëh, et tourner le dos à ce genre de prédateur ne signifiait que la mort. Peut-être bien qu'il allait au devant d'un ennemi bien plus fort que lui, mais c'était aussi cela, la voie de Kiel Elghinn, souffrir pour la gloire mais ne profiter d'aucune fortune. Il exprimait l'art de sa foi et le silence des Voix en était le meilleur aveu. Le seul moyen de se tirer de se mauvais pas était de trouver la faille.

Il y avait toujours une faille, en chaque être. Un point délicat, une douleur enfouie, une souffrance refoulée, quelque chose qui pouvait être révélé, exploité, magnifié par la volonté de sa Mère. Même ici dans le domaine d'Anaëh, il n'était pas aussi seul que l'autre semblait le penser. Il était le héraut de la douleur, les cors de la souffrance et l'étendard de l'agonie et du calvaire. Son pouvoir était la souffrance et la souffrance était partout!

Et comme en écho à cette pensée, sa jambe sembla se déchirer lorsque le second serpent ligneux vint le saisir en traître. Il le coupa dans son élan, ramenant brusquement toute sa masse au sol sur cette jambe piégée dans une position anormale. Il sut bien avant d'atterrir ce qui allait arriver, son corps le sentait et il s'en réjouissait autant qu'il le craignait. Les prières obstruaient pourtant déjà toute notion de plaisir ou de tourment.

Il y eut un étrange bruit lorsque sa jambe toucha le sol, entre craquement et bruit sourd, sa cheville et son genou cédèrent le laissant avachi sur le sol. La douleur fusa et, comme dans un même réflexe que son esquive, il s'en saisit. Se pliant vers sa jambe, il remit les articulations en place toujours dans la même dynamique, comme si son corps n'avait fait que rebondir sur le sol, même si le mouvement était clairement moins gracieux. Le retour de l'autre fouet ne fit qu'aggraver l'éclair déchirant qui fusa en lui et il manqua d'en perdre le contrôle. Mais dans un effort de concentration que seul celui qui avait survécu à l'Ordalie Suprême pouvait fournir face à une telle douleur, il s'en fit une flèche acérée et la lança comme sa voix, devenue gutturale et profonde, lançait dans une langue ancienne, sans doute proche de l'elfique, les derniers mots d'une volonté pieuse:

"Ressens ma douleur, impie!"

Le trait brûlant fila vers sa cible. L'air ne sentait plus uniquement le prédateur et l'humus, il sentait désormais aussi le sang et le fer. Peu importe que le nom qu'ils donnaient à ces énergies différa, la magie de Celle qui Chasse se mêla à la volonté de la Reine des Tourments dans les premiers pas d'un ballet qui s'annonçait terrible. C'était là le premier choc entre Kiel Elghinn et Anaëh: le combat de leurs champions...

Partager une douleur… Était-ce là l’atout magique de ce Fou ? Contre la plupart des adversaires, elle y perçut l’intérêt… Mais c’était une chose dont elle était, elle, coutumière… Elle était Celle qui se Bat, Celle qui fut la Favorite… Celle qui, parmi les Filles et les Fils de Kÿria, partageait, ressentait le plus les émotions de ses Frères, les plus douces autant que la douleur de l’acier frappant l’écorce, faisant couler la sève, comme la morsure d’une flamme gloutonne. Cette douleur était différente… C’était celle physique d’un corps de chair et d’os, mais elle avait apprit à surmonter cela, même si elle devait devenir impitoyable et aveugle alors.
Le premier choc surmonté, n’attendant pas une attaque de ce genre, elle déploya une partie de ses moyens à atténuer une partie du mauvais tour que lui faisait son adversaire, et si les lianes, durant période devinrent inactive, elle savait son adversaire incapable de l’atteindre… Car après tout, elle savait qu’il souffrait… Qu’il ait pu, au nom de sa Folie Divinisée, apprendre à la surmonter, ou y tirer plus de plaisir ou de malaise était une chose… Mais le corps ne répond, lui, pas de la même façon.
Des yeux clos, une respiration profonde, elle tentait de se calmer malgré la douleur qu’elle ressentait, et avant de porter le moindre coup, elle éprouva sa propre jambe pour n’en constater aucune faiblesse.
Ainsi ne touchait il qu’à l’esprit, à l’instar de ses Frères, il partageait l’émotion, le ressenti uniquement…

“Est-ce tout… Fou ? La douleur d’un être misérable… Est-ce là ton atout ? Nous sommes Celle qui Entend nos Frères et Celle qui se Souvient… L’acier pénétrant l’écorce, les hurlements de douleur brisant la mélodie d’une Symphonie agréable… Le feu glouton léchant, dévorant un Frère vivant, agonisant avant de s’éteindre… Nous nous souvenons, nous n’oublierons jamais le Chant qui se rompt, la Mélodie qui se brise… Nos Frères si bavards devenant soudain silencieux et sourd… Nous nous souvenons avoir marché dans ces bois qu’à présent l’on nomme Aduram, d’avoir entendu ce Chant Brisé qui menèrent certains de tes ancêtres et nos frères d’alors, à la mort, ou pire, à la Folie… Insupportable, invivable… Une douleur constante, une symphonie chaotique et désordonné, déformé par les évènements de ces temps, par la guerre et la folie des Enfants d’Elenwë…”

“Tout cela… Toute cette douleur, davantage que tu ne pourrais en imaginer, davantage que tu ne pourrais en ressentir, davantage que tu ne pourrais jamais en concevoir, dont même ta Folie Déifiée n’est pas capable d’en reproduire la gravité en la Fille que tu tourmentes… Tout cela, nous l’avons connu. Nous avons apprit… Nous nous en sommes servies pour devenir Celle qui se Bat…”

“Et toi, misérable chose… C’est avec ta seule douleur que tu prétends nous vaincre ? Nous allons te briser, Fou qui apprécie tant le tourment… Briser tes membres, briser tes os et ta chair jusqu’à ce que tu ne puisses plus en supporter, jusqu’à ce que toi, Tourmenteur, tu supplies qu’on mette un terme à ton calvaire… Même si nous devons en prendre une partie pour nous-mêmes, même si nous devions souffrir… Nous nous relèverons, comme nous l’avons toujours fait, et toi, misérable, tu ramperas dans ces bois, agonisant… Priant ta Folle qu’aucun prédateur, que rien ne vienne sur ta route vers la délivrance salutaire de la lisière de ces bois que tu désires souiller.”

Elle était l’expression d’une colère très ancienne, mûrie par le temps, nourries par l’expérience et les innombrables souvenirs de Celle qui se Souvient… Elle ne débordait pas dans la voix, mais grandissait dans l’influence sur la magie environnante, et ses Frères en firent l’écho tout autour d’elle… Aerlinn Merileryn… Celle qui Guide, se Souvient et se Bat. Aerlinn Merileryn, autrefois la Fille Choisie de Kÿria, sa Gardienne plusieurs siècles durant, jusqu’à l’épuisement, et désormais Fille et Esprit d’Anaëh, Soeur… Voici ce qu’elle était, voici ce dont ils se rappelaient, voici ce qu’était l’adversaire du fou venu l’affronter.

Les lianes s’activèrent de nouveau, changeant, et deux autres vinrent les rejoindre. Posant un regard impitoyable sur le Tourmenteur, les lianes désormais hérissés d’épines repartirent à l’assaut avec la même frénésie.

Un atout? Non, lui appellerait plutôt ça un réflexe, une réaction instinctive dictée par une tactique éprouvée contre un adversaire classique. Il lui fallait gagner du temps, la patience était sa qualité première, mais là, le Favori avait comme priorité d'être prêt à se défendre, à encaisser un autre assaut. Bien sûr, il avait écouté ce que cette esprit honnis des bois lui avait dit, toujours à l'affût d'une faille, d'un levier. Et si il n'avait pas encore de schéma précis, il avait une idée derrière la tête. Il sourit sous son masque et regarda l'autre droit dans les yeux.

"Le volcan ne crache pas d'entrée ses coulées, Elfe."

Il sentait pulser l'air autour de lui, les arbres semblaient se courber sur lui pour observer la destruction d'un ennemi d'Anaëh. Il sentait la colère et ses lianes qui dansaient sous ses yeux comme une menace imminente l'empêcherait de mettre au point quelque chose de complexe. La subtilité était donc omise d'emblée. Sa meilleure défense serait l'attaque et la Chaîne de Kiel répondit à cet instinct en volant dans un mouvement dictée par la dextérité de l'usage, elle frôla les lianes dans une légère courbe pour fondre vers Celle qui se bat. L'acier sacré résonnait d'une seule pensée, prise au vol dans le discours: le feu.

Le Favori voulait la souffrance et apparemment, c'était face à la forêt elle même qu'il se dressait. Alors, il attiserait le deuil de cette forêt. Il lui restait de la douleur à communiquer et une volonté de faire souffrir sans limite. L'image ne fut pas difficile à trouver puisqu'elle le suivait d'à peine un jour ou deux. Le crépuscule sans fin, le craquement du bois trop sec, l'odeur de fumée et de chair brûlée, le ronflement des flamme et, surtout, l'image de ces feux que les fanatiques avaient allumé. L'acier serait le vecteur de ses images et il espérait bien que cette Elfe qui disait ressentir et partager les communiquerait autour d'elle. Si il fallait viser l'entièreté d'Anaëh pour la toucher, alors qu'il en soit ainsi.

Il était conscient de l'ouverture dans sa défense, mais il était aussi bien plus au fait du manque de douleur. Il ne pouvait atteindre son plein potentiel dans l'état actuel des choses. La voie de Kiel passait par le sacrifice, parce que si le calvaire donnait la force, sans souffrance, il n'y avait aucune puissance pour le Favori. Au pire, il pourrait se servir de l'autre enfant de catin qui gisait à coté. Mais il répugnait à faire usage d'Ust'Kor plus que nécessaire, ce n'était pas là son usage. Mais la suite de l'affrontement déciderait de ce qu'il en serait...

HRP:

Une magie orientée vers la souffrance, sa création autant que sa suggestion… Mais le Sombre voyait sa stratégie souffrir de son manque de connaissance… Il savait, n’ignorait sans doute pas l’existence de la Symphonie, mais si le chant pouvait être commun, il naissait de l’individualité, la multitude pouvait en faire l’écho qui le propagerait, mais c’était supposer ses Frères esclaves de ses propres émotions, la suivant aveuglément. La vérité était contraire… Ainsi, si la suggestion eut un effet, il demeura restreint à l’Esprit, et si cela suscita une douleur, elle y était habituée… Elle avait apprit, comme il venait de l’apprendre, à se servir de cela pour se battre avec plus de volonté encore qu’au sein d’une forêt paisible. Et l’effet se dissipa bien vite face à la contradiction de ses sens, car ses Frères suggéraient tout l’inverse…
Elle comprit toutefois, et considéra avec méfiance la chaîne de son adversaire. Combien d’autres atouts, combien d’autres façons de tenter de la briser avait-il ? Elle n’avait pas de réponse, mais en avait-elle réellement besoin ? Elle recula, sans considération pour la manière dont il prendrait son geste, et même ses lianes cessèrent d’attaquer pour se tenir à ses côtés, prêtes à faire échouer un éventuel assaut ou à intercepter la chaîne.

Et sa plus puissante création se mit en branle… Du sol autant que de l’Esprit émanait une brume d’abord légère, s’étendant rapidement pour les englober tous, puis finalement, elle gagna en densité, masquant le soleil et sa lumière, fondant dans l’unité les détails pour offrir une perception unique... Des arbres identiques plongés dans une Brume si épaisse qu’il ne pouvait voir plus de deux mètres devant lui. Il y perdrait ses sens et ses repères, ses yeux et ses oreilles le trahiront, lui mentiront, de même que sa magie. Elle avait égaré tant des Filles et des Fils que des adversaires, les condamnant à errer, tournant parfois en rond, en petit cercle, sans en avoir conscience.
Tel était l’atout maître de Celle qui Guide.

Elle avança vers lui, se mettant précisément à la frontière de ce qu’elle savait être sa perception, apparition fantomatique dont on ne pouvait déterminer si elle était ou non réelle.

“Nous avons assez joué, Fou… A présent, tu vas parler… Tu vas nous dire ce que tu lui as infligé, et comment le défaire, alors, peut-être que tu pourras partir, et vivre encore, autrement... et bien...”

Elle lui adressa un sourire amusé avant de faire un pas en arrière et disparaître pour s’éloigner encore, observant celui qui était à présent égaré.

Il fit face à l'apparition avec une certaine circonspection. Dans l'esprit de la Créature de Kiel, le chemin qu'empruntait celle qui se bat avait du mal à se trouver un sens satisfaisant. Une stratégie? Un piège? Et pourtant, il n'y avait que brume. Une bien étrange brume, il est vrai. Un nuage cotonneux dont tous ses sens hurlaient l'aspect surnaturel. La gauche, la droite, le droit de l'envers et tout notion de bruit ou de repères commençaient à perdre leur sens. Sans même avoir bougé, il sut qu'il était égaré.

Et lorsque la conclusion éclata dans son esprit, il ne put qu'admirer cela. Parce que le Favori savait reconnaître la valeur d'un tourment et que celui-là s'approchait tant de ces illusions qu'il imposait à ses victimes. Il pouvait d'ailleurs sentir l'épaisseur du voile croître et son pouvoir se faire plus pressant. Etait-ce là une vision parfaite? Celle qui dicte d'elle-même sa nature de mensonge mais ne permet pas pour autant qu'on en sorte? La phrase de son ennemie venait de le pénétrer et il s'apprêta même à y répondre lorsque les Voix revinrent d'un même concert.

Le choc fut si violent que la Créature de Kiel elle-même ne put le supporter et s'effondra à genou sur un cri muet. Il avait l'impression que mille griffes cherchaient à s'agripper à son âme et qu'elles dérapaient, lacérait et l'emportait dans leur chute ou leur aspiration inexorable. C'était cette image qui lui venait en tête à mesure que la douleur quittait son paroxysme pour diminuer graduellement. Il ne put retirer qu'un seul conseil, un ordre même serait plus exacte et qui tiendrait approximativement à un "Sors de là" particulièrement haineux.

Et là, Bon d'Jiv'Elgg se mit à rire. Pas d'un rire sadique ou malsain comme il en avait l'habitude. Non, le Favori exprimait une joie aussi pure qu'elle était instinctive et incontrôlée. Pour la première fois depuis des siècles, les Voix s'étaient tues contre leur gré. Mais le rire de l'enfant revenu d'entre les morts ne pouvait que s'évanouir dans la brume lorsqu'il se rappela dans quel situation délicate il était. Il se releva et les mots de La Blanche reparurent dans son esprit plus lucide que jamais. Que lui avait-il fait? Subjugué par la blancheur et l'apaisement, il répondit:

"Ce que j'ai fait... Tu ne veux pas le savoir, Elfe. Nulle ne le veut et même elle ne peut réellement s'en souvenir. Je ne te raconterai rien de mes secrets et encore moins de ceux de la divine Kiel Elghinn qui guide la vie de tous par son impartiale douleur. Mais tu peux savoir que j'ai été envoyé pour défaire ce qui avait été fait... Enfin, autant que j'ai pu en juger avant d'avoir été interrompu...

L'incendie n'était qu'un heureux hasard qui m'a permis d'arriver à elle. L'expérience est terminée, j'ai mes résultats. Et Celui qui m'envoie souhaitait que je libère cette petite conne. Il faut bien dire qu'il y a mis le prix..."

Il lécha les barreaux de son masque dans un geste presque obscène. Un sourire narquois et goguenard déforma ensuite ses traits sous son masque pendant qu'il attendait la réponse de son vis-à-vis... de son prédateur, il devait bien le reconnaître. C'était peut-être sa seule chance de sortir vivant de ces bois. Et il savait aussi qu'il ne devait ce salut qu'à l'incapacité des Voix à l'empêcher d'agir. Elles n'avaient que faire de sa mort, il n'était qu'un outils. La Brume semblait pourtant permettre à cette outils de faire valoir son instinct de survie...

L’Esprit observa l’être misérable en proie à sa propre folie, sans une once de pitié, elle attendait sa réponse, le reste n’avait guère d’importance. Il semblait ne pas être réellement affecté par la Brume, jusqu’à cet instant où il avait réellement perdu la raison. Il se mit à rire, et si elle ne manqua pas de hausser un sourcil devant cette manifestation inattendue, elle n’y vit que la démonstration de ce qu’était ce Fou plié sous ses yeux. Et finalement, il répondit, pas la réponse espérée, mais celle attendue, fondamentalement.
Il parlait d’un autre, d’un troisième individu se mêlant à cette histoire, un troisième ayant envoyé ce tourmenteur la libérer, si elle devait le croire… Mais ce n’est pas ce qu’elle avait vu, ni entendu… Ainsi, elle écarta le soupçon de curiosité qui aurait pu lui apparaître. Plus tard, elle demanderait à la Fille si il en était un autre pour désirer la libérer… Un autre prêt à négocier avec la vermine qui avait engendré ce mal. En attendant, elle se trouvait en présence d’un ennemi, d’un profanateur… Il avait tourmenté la Fille, il avait envoyé ses chiens semer le désordre, et il ne parlerait pas, son sort était donc scellé, tout du moins tiendrait elle parole. Il vivra… Brisé dans sa chair et ses os, mais il vivra… Qu’importe combien il apprécie la douleur, il aura à l’endurer, elle et ses conséquences.

“Réduis à des ruses aussi ridicule… Mais soit, puisque telle est ta réponse…”

C’était comme une voix désincarnée dans la Brume, venant de partout et de nulle part à la fois.

Les lianes demeurées inactives furent à nouveau au centre des attentions de Celle qui se Bat, il était temps d’en finir. Elles fondirent sur lui, et jouissant de la Brume pour les couvrir, elles avaient le loisir de l’atteindre sans offrir une chance d’y échapper. Deux d’entre elles se saisir durement de sa taille avant de le jeter avec violence contre le tronc d’un des arbres voisins, elles se saisirent dès lors de ses poignets et de ses chevilles, l’immobilisant dans une inconfortable position, clouer au sol avec force.

La Brume avait perdu de sa consistance quand l’Esprit réapparut vaguement à Bol, le sourire amusé avait laissé place à un visage fermé et froid, impitoyable et dur. Elle ne ressentait rien, pas de pitié, pas d’égard, pas même une hésitation avant de passer à la suite.

“Qu’avions-nous dis, déjà… Tu ramperas dans ces bois, agonisant… Tu n’auras donc plus besoin de tes jambes…”

Et les lianes commencèrent à exercer une forte pression sur les chevilles, jusqu’à les rompre, l’une après l’autre, d’un mouvement brusque. L’une demeura ensuite à la cheville tandis que l’autre remontait juste en dessous du genou, appliquant une tension, comme essayant de plier ce qui ne pouvait l’être, jusqu’à la rupture, brisant les os, avant de s’attaquer à l’autre jambe. Il ne marcherait plus… Du moins, pas avant un long moment, à supposer qu’il parvienne à atteindre quelques secourables alliés et trouve des guérisseurs à la mesure de la tâche...
Relâchant sa prise, elle ne lui offrit que le temps d’un souffle de répit tandis que les lianes semblèrent s’épaissirent, se durcirent, pour finalement s’abattre avec force, sur les jambes, les bras et le torse, les martelant avec intensité comme si une pluie de coups s’abattaient sur le Sombre. Finalement, elle se saisit à nouveau de lui, le soulevant par une cheville et le ramenant, tête à l’envers, face à elle, hors de portée malgré tout.

“A présent, hors de notre vue, Fou.”

Et elle le jeta de nouveau avec violence, dans la direction où la lisière serait certes la plus proche, mais dans laquelle il percuta de nouveau un arbre, tout aussi durement que la première fois. Et l’Esprit fondit à nouveau dans la Brume persistante, allant auprès de la Fille Glinaina, sans plus accorder la moindre attention à l’être brisé. Cette confrontation était à présent achevée.

Le Favori n'était pas vraiment surpris de la réaction. Alors qu'il était battu par les lianes et les racines, l'idée qu'il aurait sans doute fait pire lui traversa même l'esprit au milieu de deux éclairs de douleur déchirants. Mais au final, c'était un bien maigre tourment par rapport aux nombreux jours qu'il avait vécu dans le sarcophage de l'Ordalie Suprême. Mais cela n'était que prélude à un calvaire bien plus horrible une fois que les voix seraient revenues le hanter.

Bol d'Jiv'Elgg ne saurait dire par la suite quel était le sentiment réel avec lequel il répondit à Celle qui se bat. En temps normal, on aurait pu dire de la colère, mais la tristesse ou l'amertume étaient tout aussi justifiées, de même que l'indifférence. Ce cri était en fait blanc, vide de toute émotion réellement tangible. Il était peut-être juste l'expression d'une défaite, ou la volonté de mourir avant le retour de celles qui seules pouvaient réellement le tourmenter.

"Celle qui guide, c'est ça? Et tu n'es même pas fichue de voir la vérité quand elle s'offre à toi? Pourris avec ta forêt Eala, le jour où Elle me placera à nouveau devant toi, ce ne sera plus aussi facile!"

Et il commença à ramper. Il lui fallait de l'eau. C'était la priorité. Après, il pourrait commencer à soigner ses plaies comme il l'avait fait tant de fois sur lui-même, sur ses victimes ou sur ses subordonnés. Il avait de quoi se stabiliser dans les poches qui pendaient à sa ceinture. Sentant le souffle lui manquer et se réveiller de nouvelles douleurs, il s'arrêta pour faire un tour de son état. Des côtes cassées, le nez qui saigne, les bras qui deviendraient bientôt bleus, les fémurs brisés de même que le tibia droit, une entorse à la cheville gauche et un coccyx qui signalait un peu trop son existence.

Et puis, il y avait l'armure, elle l'oppressait. Sans doute cabossé par tous ces chocs végétaux, le plastron génait désormais plus qu'il ne protégeait. Il eut vite fait d'en sectionner les sangles. Et une fois fait, il pu se remettre en route, s'accrochant à la terre comme à une paroi rocheuse dont le sommet serait sa propre vie. Il avait subi une cuisante défaite mais il étrangement, celui dont on avait oublié le vrai nom était au plus proche du bonheur. Parce que, cette nuit, il n'y aurait ni vision, ni Voix qui troubleraient son repos. Et qu'importe les os brisés et les bêtes d'Anaëh, ils ne pouvaient lui enlever ce gout si délicieux de la victoire dans l'échec.

HRP:

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