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 L'Ombre de la guerre.

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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: L'Ombre de la guerre.   L'Ombre de la guerre. I_icon_minitimeMar 5 Aoû 2014 - 19:37



7ème énnéade de Favrius, quelques jours après l'arrivée d'Alanya à Ydril.

Le prêtre avançait doucement dans les ruelles étroites et sales d'Alonna. Celle que les habitants surnommée la Grande Citée lui semblait étrangement exigüe et malsaine en ce jour de Favriüs. Dans sa poche pesait un lourd fardeau qu'il lui fallait remettre au plus vite à la Voix, son guide, qui avait su faire de lui un homme repentit. Sous sa toge de Néériste, il n'était que Karam et Stra. En lui s'affrontait les deux entités, comme dans l'univers entier. Mais ce jour, le Karam se faisait sentir. Il suintait lentement sur les murs des maisons, dont la pierre froide rappelait étrangement la caresse de l'acier. Il frissonna, marchant dans les quelques flaques d'eau nauséabondes, croisant un ou deux rats sur son passage. Il n'était pas dans les beaux quartiers. Celui-ci, on l'appelait Trois-Mur. Rien de bien réfléchit, vu qu'il s'agissait de la partie la plus externe de la ville, dont le dernier et troisième rempart formait l'enceinte de cette dernière. Ceux qui habitait ces petites ruelles aux maisons rarement droites et rarement propres étaient les petites gens. Voyoux, petit groupes d'orphelins, paysans labourant les champs à la sortie de la ville, toute la pauvreté Alonnaise y était concentré. Beaucoup craignait, à juste titre, de se faire détrousser, et beaucoup d'autres encore n'y passait presque jamais. De jour comme de nuit régnait cette fétide puanteur.
Le prêtre arriva à une petite place. En fait ce n'était pas une place, mais les fondations d'une ancienne maison à présent écroulée. Tout était désert et aucun bruit ne se faisait entendre à part le fracas régulier de ses souliers sur la chaussée. Tout sauf une petite forme ingrate au milieu du tableau gris et placide. En s'approchant jusqu'au bout de la rue, la petite forme se mua en petite fille. Du moins, telle était son apparence. Malingre et blafârde, elle était sale et semblait chercher quelque chose sur le sol. Curieux, il s'avança d'avantage, veillant à ne pas la déranger dans sa recherche. Sa face émaciée laisser voir une coupure dentelé du coin de ses lèvres jusqu'à sa pomette -bie ntrop saillante- droite. Une plaie ancienne mais encore rouge, d'où sortait un affreux liquide jaunâtre. Un sourire s'étira sur cette bouche trop grande sur ce visage si petit, laissant apparaitre toute les dents du même côtés. redressant son buste osseux, tenant fièrement enter ses doigts un insecte plus grand que sa main. Dans un geste lent et triomphal, elle croqua cette nourriture. Un tord-boyaux qui faillit bientôt rendre malade le prêtre qui, sans un mot, s'éclipsa en tentant veinement de retirer l'image de la gamine de son esprit.
Bientôt il arriva à une petite maison délabrée, sale et puante comme le reste du quartier. La porte de bois était gonflée par l'humidité et les fenêtres semblaient si peu entretenues que l'on ne pouvait voir à travers. Le Néeriste pris une inspiration et toqua en expirant. Il sentait que bientôt le poids dans sa poche ne serait plus pour lui qu'un lointain souvenir. Il aurait accompli sa mission. Une femme aux cheveux poivre et sel ouvrit. C'était une adepte du Karamstra, il la connaissait. Elle était venue à lui, une fois, après la visite de la baronne. Elle avait un visage marqué par le temps et elle portait une robe vert sombre, alourdissant son grand corps maigre et élancé. "Tenez". Il tendit une missive au sceau du faucon. Dessus était écrit, dans une encre noire, avec une calligraphie féminine et soignée: A la lumière qui guide les égarées. En dessous figurait le nom du temple de Néera. Il savait que la femme le donnerait à la bonne personne.

La missive contenait ces quelques mots, dont le sens était soigneusement dissimulée:
"A celui qui guide dans la torpeur de l'hiver,
Ne blasphémant ni sa famille ni les dieux,
D'Alanya de Broissieux, Baronne d'Alonna et enfant perdue.

Entendez ma crainte et mon désespoir. Je ne savais vers qui tourner mon horreur et mes larmes de sang, aussi ai-je pensé que vous pourriez m'aider à trouver la lumière.
Les temps sonttroubles, d'épais nuages noirs planent sur ma tête et je ne sais quelle direction prendre. M'aiderez-vous?
Il y a tant de distances, de chemins et champs que je brûle d'envie de parcourir mais dont la noirceur de l'avenir m'empêche d'y penser. Je suis perdue, Ô Guide, dans les méandres profonds du doute. Aidez-moi à supplicier le Mal, à mettre à genoux la Vermine, et ensemble, nous construirons quelque chose de neuf, de grand, de beau, où je pourrais alors chasser d'un revers de la main ce temps instable. J'aimerais avoir l'appui des Puissants, ceux qui veillent en silence.
Voyez, en toute chose il faut voir l'inactivisme et le mouvement. Trop de temps sans rien faire, reste le pas en avant, la douce conquête. Je suis perdue, aidez-moi, alliez votre sagesse à ma puissance, utilisez votre ruse quand moi j'utiliserais la mienne. Montrez-moi la Voie, celle que l'on empreinte mais dont seuls la victoire ou la défaite peuvent expier tout nos péchés.
Aidez-moi.
"
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MessageSujet: Re: L'Ombre de la guerre.   L'Ombre de la guerre. I_icon_minitimeDim 24 Aoû 2014 - 17:34

Début de la 8ème énnéade de Favrius.


Au fond de sa cave dans une bourgade du Nord du Serramire, entouré de ses Grands Prophètes, ses Oracles, les plus fidèles, Arawn grommelait. Natan n'était parti que depuis une heure que voilà déjà un autre message alarmant qu'on lui amenait. Allons bon, n'arriveraient-ils pas à ourdir en paix? Comment donc pouvait-on croire que ses plans porteraient leurs fruits si les fourbes s'employaient à le déranger?


Le messager karamstrien, tout juste échappé d'Oësgard après l'assaut de Jérôme de Clairssac et reconverti presque instantanément par ses pairs, dansait d'un pied sur l'autre en tendant une lettre. L'écriture y était belle, le style obséquieux et ésotérique. Fort heureusement que personne n'avait vu ce parchemin avant lui! Un membre du clergé pentien aurait rapidement compris de quoi il en retournait... Soupirant et se laissant aller à la lassitude, le gourou se laissa tomber dans son petit trône de bois et de fourrure.


-"Mes frères, les nouvelles viennent d'Alonna. La baronne nous demande son aide."


Certains se mirent à rire, d'autres se figèrent dans des expressions sérieuses et sévères. La nouvelle de la conversion de la baronne ne datait que de la veille pour la plupart d'entre eux. Une situation inédite, prompte à créer du changement. D'un geste brusque l'ancien lâcha le petit paquet sur la table. Sa voix gronda.

-"Je ne sais ce qu'elle a en tête! Cette femme est imprévisible, avide de puissance et prête à tout j'en suis certains. Sans doute a-t-elle prévu de bouger prochainement. A moins qu'elle ne soit trop incapable pour diriger sa place."

Des rires nerveux tombèrent nerveusement de part et autres de la grande table dressée pour les vingt hommes et femmes qui avaient pu venir, qui avaient dû, en réalité. Une main monta et une voix s'éleva, brisant le silence gêné qui avait suivi les petits éclats d'hilarité timide. Une voix féminine, celle de l'Oracle Tercia, la Grande Prophétesse, une des seules, du Sud-Est d'Alonna.


-"Honorable Voix du Culte, cela remettrait-il en cause vos projets?"

Le vieillard leva son immense corps et posa une main sur la table, tenant dans l'autre son bâton qu'il fit fermement claquer au sol, marquant son autorité.


-"En partie sans doute, tant que je ne sais pas ce qu'elle a en tête, je ne peux pas prédire si des actions strictement guerrières pourraient l'aider ou non. Il va fall..."


-"Mais Voix du Culte, comment pouvons-nous agir sans connaître les intentions de nos alliés?"


Des yeux chargés de colère tombèrent sur le Grand Prophète Grimnin, chargé du Sud de Serramire. Lentement Arawn porta une main à son glaive d'acier forgé par les elfes. En une fraction de seconde il le sortit et le planta devant lui, avec une violence inouïe. Rendu subitement fou de rage par cette intervention malvenue, il hurla au coquin:


-"L'ont fait silence quand je parle! Que je n'ai pas à te le répéter Grimnin! Me crois-tu suffisamment stupide pour ne pas avoir réfléchi à toutes les éventualités? Crois-tu qu'en deux fois ta misérable vie je n'ai pas su m'adapter?"


Une brève quinte de toux l'interrompit, aussitôt toute colère sembla le quitter et il rengaina son arme, satisfait. Son regard, devenu bienveillant, parcouru l'assemblée tétanisée et en particulier la cible, dans un état second. La fureur d'Arawn était crainte de tous, même des membres les plus élevés. Surtout d'eux, en fait.


-"Rappelons les faits qui ont été débattus la veille. Nous sommes environ cent cinquante voire deux cent répartis dans les loges alentours. Nous avons maintenant trois objectifs prioritaires: établir une base ferme dans les Wandres, entamer notre grande campagne de conversion d'Alonna puis de Serramire ainsi que permettre aux partisans de la baronne de Broissieux de gagner du terrain en Oësgard. 


Nous savons de plus que le misérable Marquis Serrois a levé le ban et menace de partir vers les Wandres, bien que certains clament qu'il veut éliminer Jérôme de Clairssac, ce pitoyable conquérant qui est malgré tout notre allié indirect... Le marquis ne doit réussir dans aucun de ces objectifs.
Mon plan est simple: vu notre faible nombre, nous allons chercher la route empruntée, d'après des marchands elle se trouverait vers Montvélin, pour ceux d'entre-vous qui l'ignorez. Comme toute armée en campagne elle aura besoin de ravitaillement. De beaucoup de ravitaillement.


Et si nous détournions vers Alonna ces vivres et ce matériel? La population, dans une difficile période d'après-guerre, nous en serait des plus reconnaissantes... Faisons d'une pierre deux coups."


-"Et pour les Wandres, Voix du Culte?"


Le poing d'Arawn se crispa et ses yeux s'enflammèrent. 
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