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 [Lourmel]Seule [Solo]

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeMer 23 Déc 2015 - 1:25

Le silence avait remplacés les allé et venues dans les couloirs et la cours. Les grincement du parquet et les pas furtifs s'étaient tus à leur tour. La lune était haute mais sans personne pour la voir, à quoi bon s'y attarder ? Le vent sifflait en s'engouffrant par une fenêtre bien précise. Un vent venu des montagnes, glacial pour la saison. Il semblait se plaire à se perdre dans cette chambres et y tournoyer quelques instants, comme s'il cherchait à s'infiltrer plus encore entre les tentures qui protégeaient le lit et ses occupants pour rejoindre la voix légère qui lui faisait concurrence.

De toute façon, toutes ces facéties n'auraient pas servies à grand choses. La seule personne qu’abritaient les couvertures était parfaitement réveillée. Assise en tailleur, la couste tirée sur les genoux, adossée à la tête de lit, Cécilie inspirait profondément. Quelques gouttes de sang maculait sa chemise diaphane depuis qu'elle s'était acharné une fois de trop sur son index gauche. Ses cheveux libres glissaient pêle-mêle sur les oreillers et le materas. Elle expira en un long soupire.

La notion de temps lui était étrangère. Les paupières fermées par confort plus que par nécessités, sa poitrine souleva de nouveau, tirant sur le seul lacet de sa tenue. Elle était aussi consciente du frottement de l'étoffe sur sa peau que de la pression de l'air sur son visage. Et par dessus tout, de l'énergie qui circulait autour d'elle, frôlant sa peau, laissant une traîné de note qu'elle se savait seule à percevoir et à comprendre, même si l'influence qu'elle avait dessus n'en était qu'encore à ses balbutiements. Cette énergie imprégnait toute chose. En l'inspirant, elle la sentait lui réchauffer les entrailles. Elle était bercé par l'harmonie calme de sa toile de fond. Elle expira en modulant un refrain doux.

La concentration, le contrôle et cette harmonie. Voilà tout ce qui la séparait des abîmes.

L'exercice était plus ardu qu'il n'y paraissait. Elle n'avait pas de cobaye. Personne. Personne d'autre qu'elle-même depuis qu'elle avait douze ans. A cette époque ce n'était qu'une répétition, les sensations étaient les même. Mais maintenant, elle pouvait agir sur toute cette force. De façon infime, lacunaire, dangereuse, certes, mais elle le pouvait. Et elle n'avait pas hésiter une seconde, mettant en toute connaissance de cause sa vie et sa santé mental dans la balance pour cette nuit. Rester à la foi assez lucide pour sentir les ondulations de la magie sous sa propre volonté et assez paisible et ouverte pour ne pas ne pas se défendre contre l'action qu'elle essayait elle-même de réaliser. Elle inspira à nouveau pour continuer sa mélodie.

Depuis que la porte de sa chambre l'avait laissée seule, la rengaine brisée, ralentie, tournait en boucle. L'air raisonnait comme du cristal. Qu'on puisse l'entendre ou pas depuis les remparts, la cour ou le couloir lui était égale, elle n'était plus consciente. Plus totalement. Plus de la même façon. Elle ne voulait plus l'être. A quoi bon ? La seule chose qu'elle voulait, c'était le pouvoir et l'endurance de maintenir cette paix précaire.

La fin du jour était partie en poussière. Elle l'avait passé avec Aline et n'en gardait que peu de souvenirs. Elle s'était faite portée pâle pour le dîné et avait rapidement congédier Rose sans même lui demander comment avait été sa journée... Avant de la retenir au dernier moment pour lui demander d'amener Anthoine. La porte était à peine ouverte lorsqu'elle s'était adressé à lui d'un ton calme mais ne souffrant aucune remarque. Elle n'aurait pas pû dire si le battant avait à un moment été fermé ou même si Rose était restée.

-Jindanor m'a dit qu'il comptait quitté mon service pour se rendre au Front. Faites savoir au Capitaine que je libère Jindanor de mon service directe et qu'il peut disposer comme il le souhaite. Tant que je serais à Lourmel, je compterai exclusivement sur notre cher Capitaine pour ma protection personnelle. Quel tous les membres missédiens de ma garde soient affectés à la garde de Lourmel jusqu'à notre départ. Les Nordiens qui le souhaitent pourront repartir vers Etherna ou vers le front selon leur bon plaisir mais je serais honorée qu'ils décident de rester jusqu'à ma prochaine entrevue avec leur seigneur.

-Bien Madame... mais puis-je vous poser une question ?

-Faites.
-Pourquoi ne pas vous entretenir de cela directement avec le Capitaine ?

Il n'était pas stupide. Sur le moment, ça avait même accentué un peu son sourire.

-Vous êtes l'ami de Jindanor, je me trompe ?
-Ben.. Oui. Enfin non vous ne vous trompez pas.
-Si je vous demandais de le suivre au front, que répondriez vous ?

Il n'avait fallu bien longtemps pour convaincre le jeune homme. De toute façon, elle était déterminée. Elle ne voulais pas avoir cet homme sur le dos. Sa manière de parler l'horripilait.
Elle se doutait que s'il ne lui avait rien dit à elle, il avait bien dû confier ses projets à quelqu'un. Qui d'autre que l'homme qu'il lui avait lui même décrit comme une personne de confiance et un ami des plus loyaux ? Alors elle avait une bonne idée de la raison pour laquelle il ne partait pas.

Puis elle s'était enfin retrouvée seule. Elle n'en avait pas spécialement envie. Elle aurait mille fois préféré pouvoir se confier à quelqu'un mais Maélyne semblait avoir ses propres problèmes. Elles n'étaient plus les deux fillettes qui passaient leur vie ensemble. Quant à Rose... Elle n'avait pas vraiment besoin de lui en parler pour être sûr qu'elle connaissait ses sentiment. Mais elle ne voulait pas lui faire porter en plus le poids de cette relation qui... qu'elle n'aurait jamais dû espérer ni tenter.

Elle avait insister pour se préparer seule. Rose avait seulement posé sa chemise de nuit sur le bord de son lit avant de partir, toutes ses tentatives pour tirer de son amie plus que quelques banalités et un sourire de façade ayant échoué. L'aveugle avait bien mis deux bonnes heures pour se repérer, se vêtir, démêler ses cheveux avant de se glisser sous les couvertures. Deux heures d'efforts mentaux contraignant qui ne lui avaient laissé de place que pour reprendre ses entraînements vocaux et magiques.

Enfin assise en tailleur sur son lit, enfoncée dans le matelas moelleux, elle n'avait pas envisagé une seconde de se coucher. Les deux potions de l'herboriste du château étaient sur sa table de nuit, comme toujours. Mais elle sentait que ça serait loin de suffire cette fois. Son esprit trouverait un moyen d'échapper aux médecines.

Elle arriva à bout de souffle et pris une nouvelle inspiration. Depuis plusieurs heures, elle se luttait contre ses propres divagations. Un filet de sueur empoissait son front et collait ses cheveux contre son crâne. Son souffle était de plus en plus court et avec lui raccourcissait la boucle sans fin de sa mélopée. Elle sentait sa peau lui brûler, son esprit tenir difficilement le flux qui l'entourait.

Jusqu'à ce qu'elle soit incapable de continuer à chanter. Ses poumons se gonflaient de façon erratique alors qu'elle s'empressait de mettre fin à son sort avant que la magie ne lui échappe totalement. Elle s'effondra sur le côté en haletant. Se chemise collait à sa peau de la manière la plus indécente. Son cœur s'emballait à lui faire physiquement mal. La tête lui tournait et chaque passage de son propre sang déclenchait une douleur à la limite du supportable. Sa peau ne sentait qu'une brûlure diffuse. Ses oreilles bourdonnaient tellement qu'elle n'avait plus la moindre perception du monde instable dans lequel elle était plongée. Elle ne pouvait que lutter faiblement contre l'inconscience.

Longtemps. Très longtemps. Son esprit garda vaguement le sifflement du vent et, peu à peu, la couverture en boule sous sa joue.

Mais le charme était brisé et elle n'avait plus de force. Ses muscles lui répondaient à peine et ses émotions la submergeaient finalement. Une colère presque aussi puissante que la tristesse. Une tendresse bien plus grande que la culpabilité de ne rien avoir réussit à dire... Et qui ne faisait qu'exacerber cette dernière. Elle se recroquevilla davantage. La moindre pensée lui rongeait le cœur... Et elle savait qu'elle n'aurait pas deux occasions.

En se souvenant de la scène. Le pas de Béa, l'air frais, les bruissement des arbres et des oiseaux plus loin, sa voix dominant tout le reste. Calme et sombre. Tendue et désolée. Puis le ton rauque sur lequel il l'avait quittée...

La jeune femme se bâillonna des deux mains avant de laisser ses doigts descendre pour enserrer sa gorge. Elle serait toujours plus, toujours plus proche de l'étouffement pour s'empêcher de sangloter. Elle ne comprenait pas pourquoi il l'avait annoncé ainsi ? Pourquoi après cette journée... ? Pourquoi sans qu'elle puisse bouger ou le sentir ? Il ne pensait donc pas qu'elle comprendrait ? Elle lui avait proposé jadis d'aller au Front, de ne pas se laisser freiner par le serment qu'il lui avait fait... Ce qu'elle avait été sotte.

Elle lui en voulait presque autant qu'elle s'en voulait à elle-même. Il ne la croyait pas capable d'encaisser ? Il ne voulait pas lui avouer ? Serait-il parti sans un mot ? Elle s'était laissée convaincre. Corrompre. Ses émotions débordaient trop pour qu'elle arrive à les différencier mais ses yeux restaient secs.

D'un coup, la rage sourde qui lui brûlait les entrailles pris le pas sur le reste. Incapable de rester immobile, elle se releva d'un bond, ses jambes manquant de se dérober sous elle, et expira un grand coup pour reprendre le contrôle. Les gestes et la respiration saccadés, elle retrouva la sur-robe qu'elle portait et la passa par dessus sa chemise de nuit, réussissant par miracle à ne rien cogner. A taton, elle récupéra également la canne toujours posée sous son lit en cas d'urgence et s'approcha de la porte pied nus faute d'avoir put mettre rapidement la main sur des souliers.

Sa canne claquait rapidement contre le sol alors qu'elle suivait le mur jusqu'à l'étage principal. Elle devait trouver le capitaine. Un message pour le Front, pour Jérôme, voilà qui ferait tout à fait l'affaire. Ses pieds se glaçaient peu à peu contre la pierre froide. Elle ne le remarquait pas.

Mais ce qu'elle fut obliger de remarquer... ce fut son état de fatigue. A peine avait-elle descendue une première volée de marche que le monde se remis à tanguer. Suspendue entre sa canne et le mur auquel elle s'adossait lourdement elle respirait avec difficulté. Au bout de quelques secondes, elle fut obliger de se laisser glisser le long de la paroi pour ne pas tomber.

Elle resta là, inerte, pouvant à peine respirer. Puis elle repris le contrôle une fois de plus. A quatre pattes, elle serra les poings. Elle aurait hurlé de frustration. Mais elle ne pouvait pas aller plus loin. Et tout ce qu'elle avait pris pour de la rage se transforma de nouveau en culpabilité. Son poing frappa la pierre sans produire plus qu'un son mate. Il lui fallu plusieurs minutes avant de pouvoir remonter le petit escalier et retourner jusqu'à sa chambre. Il fallait absolument qu'elle se réveille à la première heure pour le voir avant son départ.

L'aube pointait à peine lorsqu'elle descendit dans le petit salon où elle l'avait reçu sans l'avis de Maélyne lors de sa toute première visite au chateau. Rose était déjà dépêcher. Il ne restait plus qu'à attendre. De légères cernes marquaient le visage de Cécilie, n'ayant réussit à dormir que d'un œil et pendant fort peu de temps. Ses doigts se torturaient toujours plus, des entailles apparaissant maintenant visiblement sur certains d'entre eux. Elle était agitée. Elle attendait l'arrivée de son visiteur comme jamais.

Elle aurait voulu l'incendier, entendre sa voix, l'insulter, le supplier, le congédier, l'embrasser, le gifler, se serrer contre lui, le supplier de l'excuser, de ne pas lui tenir rigueur de la veille, l'assuré de toute l'affection qu'elle avait pour lui, ne plus jamais le voir... S'il...

Non elle ne pouvait tout simplement pas imaginer une chose pareille. Après Gaël qui ne lui avait pas écrit une fois depuis son départ de Beaurivages plusieurs mois auparavant, elle ne pouvait pas imaginer de le voir partir, lui. Pas Jindanor. Allongée sur le dos dans le néant de sa chambre, elle avait senti à nouveau chaque baiser, chaque caresse. Elle avait laissé ses propres mains les suivre, les devancer, les inventées, n'arrivant pas à décider si avoir sans cesse son nom sur les lèvres la réconfortait ou agrandissait le vide qui la dévorait de l'intérieur. Mais tout cela n'était pas mensonge. Ses mots non plus. Il ne disparaîtrait pas de sa vie comme ça. Mais si c'était ce qu'il désirait vraiment... alors... alors elle ne demanderait rien. Elle s'excuserait. Elle le supplierait de rester une journée de plus. Une seule journée. Une seule nuit... pour... elle...

Le loquet de la porte émit un faible son. Elle se leva, un espoir illuminant désespérément ses traits. On fit un pas dans la pièce. Et son cœur se serra.

Un seul pas.

-Je suis navrée. Il semblerait qu'Anthoine et lui soient parti plus tôt que prévu. Ils ont quitté le château hier au soir.
-... Et bien r... r...

Doucement, Cécilie se rassit sur la banquette retrouvant son sourire figé, incapable de remonter jusqu'à sa chambre ou même de le suggérer. Rose fut près d'elle en une fraction de seconde. Sans un mot, on glissa quelque chose entre les doigts de la musicienne. Quelque chose de plutôt lisse et tiède. Du bois. Elle en explora rapidement les deux côtés. Et se figea. Ses doigts meurtris repassèrent plus lentement sur des irrégularités. Une deuxième. Une troisième fois. Une quatrième. Et elle s'effondra en pleur.
Incapable de trouver quoi que ce soit à dire, Rose ne put que la prendre dans ses bras. Les mots décousus de son amie la plus cher oscillaient entre des reproches haineux et un déni catégorique. Mais une phrase revenait plus souvent que les autres. Une phrase que Rose ne put que trop interpréter.

-Il m'avait promis de ne pas disparaître...


Dernière édition par Cécilie de Laval le Dim 20 Mar 2016 - 21:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeJeu 28 Jan 2016 - 22:16


9e jour, 3e ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle

Les journées s'enfuyaient paisiblement à Lourmel. On aurait pu croire que la petite cité vivait hors du temps, comme l'une de ces cités elfiques que l'on trouvait dans les contes. L'intendance était un devoir exigeant mais à force de travail, de bonnes initiatives et de persuasion, que ce soit par sa douceur désarmante ou sa non moins grande fermeté, Cécilie avait fini par se faire plus ou moins écouter par la plupart des personnes avec lesquelles elles devait traiter... A défaut de se faire respecter.

Tout en traitant une quantité de travail interminable, elle trouvait toujours du temps à passer avec sa nièce, souvent même au sein du bureau auquel elle avait accès. A part quelques entrevues avec des femmes bien intrigantes, son temps libre était occupé par la magie. Un entraînement mental accaparant toutes ses pensées, presque un repos au milieu de tous les problèmes bien réels qu'elle avait à gérer. Son Professeur ne cessait de s'étonner de ses progrès fulgurants depuis sa première manipulation réussie. Huit ans d'exercices personnels et deux ans de mentorat portaient plus de fruits qu'espérés... Mais sa harpe prenait la poussière.

Ses doigts couraient sur des cordes invisibles et sa voix murmuraient des mélodies pour plier les flux magiques, mais pas une fois elle n'avait réellement chanté ou jouer depuis des jours... Des ennéades même lui avait fait remarqué Rose. Elle avait désormais bien trop de travail répliquait-elle avec un léger sourire... mais elle ne pouvait lui cacher que ni son appétit ni son sommeil n'étaient pleinement rétablis.

Cette après-midi ne dérogeaient pas aux autres. Après avoir déjeuné avec Maélyne, un passage qui l'obligeait à prendre un sérieux repas pour ne rien laissé paraître, elle s'était de nouveau installée dans le bureau. Rose lui servant de scribe, c'était elle qui s'installait la plupart du temps au bureau principal, bien qu'une table d'écriture ait été installée dans un coin pour un souci de bienséance. Cécilie, elle, installée comme la majeur partie du temps sur un fauteuil bien plus confortable, les doigts glissants sur des cordes invisibles pour l'aider à se concentrer, mettait à contribution toute sa mémoire et son esprit pour faire les opérations mentales nécessaire à son devoir. Une tâche complexe à première vue, mais qu'elle effectuait depuis qu'elle était assez âgée pour savoir parler et apprendre ses leçons. A forces d’entraînement, elle n'avait plus que rarement besoin de demander à Rose de répéter une information et cela lui permettait de traiter des problèmes complexe directement avec les données précises.

En plein milieu d'un problème épineux dont elle énonçait quelques bribes à voix haute pour qu'elles soient notées sur le livret qu'elle tenait tout de même pour elle, trois coups interrompirent sa réflexion.

« Rose. »

La brunette fronça un sourcil et reposa sa plume à la verticale dans l'encrier. Ce genre d'impromptu était rarement bon signe et aujourd'hui elle n'avait absolument pas envie de commencer à crapahuter d'un bout à l'autre du château avec Cécilie à son bras pour régler des problèmes inattendus.
Sans un mot, elle se leva, remis de l'ordre dans sa tenue, constata avec un claquement de langue agacé que de l'encre maculait ses doigts, et vint malgré tout ouvrir la porte. Son air revêche aurait pu refroidir le plus ardent des chevalier... et ce fut sur un messager fatigué aux vêtements témoignant d'un long voyage que se posa ce regard gris d'un froid polaire.

« On... m'a dit que j'pouvons trouver la Damoiselle d'Laval ici...
-En effet. Que nous vaut votre présence ?

Sa grosse main passa à l'intérieur de son manteau en détournant les yeux.

-Un houlier d'Amblère m'a r'mis ça avant qu'il aille à la mortaille. On m'a bien dit : Par matin s'ra le mieux mon gars ! Et j'l'ai créant. Alors v'la, Damoiselle.


Le pauvre homme n'en menait pas large. Il parlait bas, comme pour éviter qu'un passant l'entende. Son accent Oesgardien à coupé au couteau mangeait la moitié de ses mots et fouettait l'oreille du non-initié. Si Rose n'en laissa rien paraître, elle n'avait pas compris grand chose de l'explication du barbu à part le nom d'Amblère. En revanche, elle sentit son cœur se serrer lorsqu'elle posa les yeux sur l'objet qu'il venait de sortir de ses défroques. Finalement courir  d'un bout à l'autre du château n'était peut-être pas si dérangeant... Néera la pardonne de son énervement.

Un peu plus douce, elle reçu le morceau de bois gravé avec un signe de tête et gratifia même l'inconnu crotté d'un sourire un peu forcé. Ce n'était certainement pas de sa faute si elle était de mauvais poil et il avait du traverser bien des épreuves dans cette guerre...

-Merci mon brave.
-Vo'te obligé noble Dame. Si on m'mandions, j'convoie demain à l'anjorner.

Il salua maladroitement et s'éloigna dans le couloir d'un pas rapide en se grattant la tête. Rose refera la battant ne pouvant retenir un air amusé. Avec les atours simples mais de bonne facture qu'elle portait, ce n'était pas la première fois qu'un étranger la confondait avec sa jeune Dame... mais cela ne les gênait plus ni l'une ni l'autre dans ce genre de circonstances. La jeune suivante se contentait de rétablir la méprise quand c'était nécessaire... Mais là, l'incongruité du messager lui avait presque fait passer le goût amère du message.

Revenant vers le bureau, elle hésita à dire que ce n'était qu'une lettre comme les autres et d'inventer un contenu à la volée... Elle en aurait été pleinement capable et Cécilie l'aurait crue sur parole... ça aurait été plus simple pour tout le monde quelque part. La vie avait repris son cours depuis des ennéades. Tout était calme et Cécilie paraissait plus sûr d'elle, plus forte. Elle n'avait pas besoin de ça... Elles n'avaient pas besoin de ça ni l'une ni l'autre.

Mais ça aurait été trahir sa confiance.

Lorsque Rose se rendit compte de ce qu'impliquait son premier mouvement, elle s'en détourna aussitôt, dégoûté et énervée par sa propre idée. Elle s'approcha bien vite de son amie qui lui tendit la main en entendant la direction de ses pas.

« Un... message pour toi... j'imagine... »

Cécilie fronça les sourcils en entendant l'hésitation presque grotesque dans la voix de sa suivante.

-Comment-cela ? Demanda la demoiselle avec un léger rire. Tu as l'air de ne pas savoir par quel bout prendre cette nouvelle. Que dit la missive ?
-Vois par toi même...

Au lieu de la main qu'elle s'attendait à attraper pour faire asseoir Rose près d'elle, c'est une surface rugueuse et bosselée qui atterrit dans la paume de la jeune femme. Une longue tablette de bois gravée d'un côté comme de l'autre. De petits symboles griffaient discrètement la pulpe de ses doigts, risquant à tout moment d'y laisser une écharde ou deux. Elle s'immobilisa.

Rose se mordait l'intérieur de la joue en essayant de décrypter la réaction de Cécilie... sans vraiment de succès. Après une petite éternité de surprise, Cécilie tendit de nouveau le morceau de bois avec son sourire habituel comme s'il s'agissait de la façon la plus naturelle de réagir.

-Pose cela de côté, tu veux ? Je m'en préoccuperai quand nous aurons fini.

Rose faillit rétorquer quelque chose... Mais attrapa finalement la tablette pour la déposer sur le bureau. Presque aussitôt, la jeune noble reprit le fil de pensé que le messager avait interrompu. Dire quelque chose n'aurait fait aucun bien. Cécilie avait l'air de prendre la chose avec détachement... Mais cela ne pouvait être vrai. Pour la première fois, Rose s'apercevait qu'elle était devenu incapable de différencier ce masque du sourire qui retranscrivait le véritable calme de son amie.





4 jours plus tard


Une nouvelle aube se levait sur le château. La belle saison étendait ses rayons sur les collines et chauffait les têtes et les visage de tous ceux mettant le nez dehors. Mais ce matin là, comme tous les matins, une jeune femme n'avait pas attendu les premiers rayons pour s'éveiller. Et comme tous les matins, elle commençait sa journée assise en tailleur dans son lit par des exercices magiques.

Maintenant, elle n'avait plus vraiment besoin des remèdes de l'herboriste du château. Elle avait pris l'habitude de s'entraîner le soir jusqu'à tomber de sommeil. Sur les conseils de son professeur, elle étudiait ses propres émotions, perceptions et ceux de son entourage. Mais contre son avis, une fois la nuit tombée, elle essayait de se mettre elle-même dans ses différents état pour les comprendre et affiné le ressentit qu'elle en avait, la mélodie qu'elle y associait. Un bon entraînement où elle tentait de se dépasser, bien que plus risqué pour sa santé, était aussi efficace qu'un somnifère... quoi qu'un peu plus long à faire effet. Aussi, ne sachant pas à quelle heure du jour ou de la nuit elle se réveillait lorsque les serviteurs n'étaient pas encore debout et que ses mériales n'étaient pas encore éveillées, elle s'exerçait également en attendant qu'on vienne la tirer du lit... ou qu'elle tombe de nouveau de fatigue.

Ce matin là ne faisait pas exception... à ceci près qu'elle était morte de soif.

Elle se leva avec précaution et glissa doucement sur le parquet, repérant la table de nuit, la coiffeuse, le rebord de la fenêtre, jusqu'au bureau sur lequel Rose avait coutume de laisser une cruche et un verre en étain. C'est bien innocemment que ses mains tâtonnaient sur le meuble dans le but de trouver de quoi se sustenter... Et tout aussi fortuitement qu'ils rencontrèrent une structure difforme.

La main de l'aveugle vola en arrière avec un frisson. Quelque chose de... tiède... était posé quelque part sur ce bureau et avait sursauté à son contacte. Dans le silence seulement brisé par le souffle de la brise nocturne, elle tendit l'oreille, légèrement inquiète. Son attention était si grande qu'elle en avait presque les oreille qui sifflaient.

Soudain, une légère cavalcade passa près d'elle pour sautée vers la fenêtre. L'humaine se tourna vivement, le cœur battant. Le souvenir du bruit sourd d'hommes sautant dans la pièce déclencha une vague de sueur froide. Le souvenir d'une lame qu'on dégaine dans le silence, d'une voix grave, d'un ordre terrifiant... Elle secoua la tête.

« Voyons Cécilie. C'est bel et bien fini. Tu t'étais promis de ne pas te laisser abattre par ces barbare. »

Une main serra son pendentif alors que l'autre ramenait ses cheveux libres sur une de ses épaules pour les caresser doucement.

« N'y pensons plus. Tu avais soif. Alors trouve donc de l'eau »

La compagnie de sa propre vois détendait légèrement la jeune femme, lui permettant de se focaliser sur autre chose que les craquement des murs et les bruits de la nuit. Sa main quitta ses mèches et s'aventura de nouveau sur le bureau. La cruche fut vite trouvée. Le verre... Un encrier. Un monceau de papier alourdit d'une... tablette en bois.

Elle se stoppa. Comme des jours auparavant. Incapable de laisser ses doigts courir sur l'écriture fine qui marquait la surface du bois.

Trois ennéades... Cela lui semblait une petite éternité... Une petite éternité pendant laquelle elle s'était formellement interdit de penser à Son absence. Elle avait fait la rencontre d'une jeune femme fantastique et parlait plus librement que d'ordinaire avec Maélyne. Elle prenait peu à peu sa vie en main sans plus attendre que sa famille finisse par la reconnaitre, elle se sentait plus sûre d'elle et de ses capacités qu'elle ne l'avait jamais été. Magie, intendance, équitation, commerce pour son fief, chargement de blé pour Diantra... Elle menait plusieurs projets de front au lieu de se laisser aller à l'indolence dans cette période complexe de l'Histoire de la Péninsule.

Mais... même sans un moment de répit, même en s’assommant de travail, elle ne pouvait l'oublier aussi simplement.

Le départ de Lyarra était encore vivace. La statuette qui ornait sa table de nuit n'avait pas bougée. Hésitante, elle s'empara finalement de la tablette en murmurant une rapide prière à Arcam et continua son chemin jusqu'à un tabouret bas sur lequel elle s'asseyait pour laisser Rose s'occuper de sa crinière. Un peigne en nacre et une brosse en soie de sanglier et bois de cerf étaient posés juste à portée de main... Mais ces doigts se posèrent avec un frisson sur un autre bois.

lettre:

lecture:

Les premières lignes furent plus difficiles à décrypter que dans son souvenir. Certaines lettres manquaient. Elle du s'y reprendre une fois, deux fois, s'attardant sur un mots, détaillant une forme. Puis, peu à peu, ses doigts recommencèrent à courir sur la surface devinant et lisant à moitié, ne buttant plus que sur les noms propres qu'elle ne pouvait déchiffrer que caractère par caractère.

Un premier sursaut. Elle repassa une bonne dizaine de fois sur le passage pour être sûr de ne pas s'être trompée, elle serra les paupières et pinça les lèvres. Ses doigts s'immobilisèrent. Son bras se leva pour jeter l’œuvre loin d'elle. Dans un coin de la pièce où elle ne pourrait le suivre... Mais immobilisé à demi tendu, il finit par retomber sans avoir accomplit sa tache.

Après un nouveau moment d'hésitation, ligne après ligne, ses doigts recommencèrent à courir sur les gravures. Son visage restait calme, presque froid, sa main sûre.

suite:

Combien de temps lui demanda cette lecture ? Elle n'en eu pas la moindre idée. Elle repassa une fois plus rapidement sur les caractères. Puis la tablette glissa paisiblement sur ses genoux. Elle en sentait les détails à travers sa chemise de nuit. Un sourire incertain planait sur son visage.

« Si je vois le même ciel que toi ? Un sacré sens de l'à propos... »
murmura-t-elle entre ses dents.

Etait-il parti si loin qu'il avait même oublié qu'elle était aveugle ? Cela lui était-il indifférent à ce point ? Ou était-ce la distraction des combats ? Un autre message derrière cette phrase à la fois si tendre et si cruelle ? Ou avait-il l'esprit pour lui envoyer cela ? Comment avait-il réussit à trouver un messager pour Lourmel ? Comment avait-il trouver le temps de lui écrire ? Sa curiosité maladive revenait à la charge, imaginant cet homme aux pieds des murs de la ville sous les pluies de boulets envoyés par les trébuchets alliés. Son ton était franc. Il décrivait les risques de la situation... et osait lui demander de ne pas s'inquiéter !

Elle n'aurait jamais du lire ces lignes...

Elle soupira.

Son cœur lui faisait mal aux côtes a force de cogner. Ses mains s'emparèrent de ses cheveux qui traînaient jusqu'au sol, les caressant, les démêlant pour s'occuper. Non elle n'aurait pas dû. Elle voulait en savoir plus. Elle voulait le retrouver vivant. En trouvant les mots, elle avait entendu sa voix grave les prononcer avec cette chaleur si particulière. Elle s'était souvenue bien trop précisément de son contact, de la douceur de ses gestes. Elle voulait entendre à nouveau son souffle profond et passer des heures à discuter de tout et de rien.

Non elle n'aurait pas dû lire ces lignes... Cela la torturait, la mordait au cœur et la prenait aux tripes. Elle avait peur. Elle lui en voulait toujours terriblement. Incapable de penser à lui sans que l'amertume ne jette un voile âcre sur chaque souvenir. Elle s'en voulait de ne pas avoir su le retenir. Mais maintenant elle avait une certitude le concernant : au début de la seconde ennéade il était toujours en vie... et il comptait revenir. Qu'elle le veuille ou non, cela la soulageait plus qu'elle ne pouvait l'avouer.

Doucement, ses doigts s'avancèrent jusqu'à rencontré d'autres formes, d'autres gravures.

Cécilie attira sa harpe jusqu'à son épaule. Ses mains s'activèrent sur chaque clef pour vérifier son exactitude. Les premiers essaient réveillèrent les deux mériales suspendues dans leur cage. Plusieurs fois, les volatiles répétèrent les fausses notes de l'instrument... puis enfin les accords coulèrent de nouveau.

~ une mélodie simple ~

Une fois. Deux fois. Elle profita de l'instant. Puis sa voix s'en mêla, trouvant le refrain de la ballade qu'elle avait tant cherché. Chaque mots se détachait dans l'air du matin, sonnant jusqu'aux remparts par la fenêtre.

J'attends
Aussi loin qu'il erre
Toujours
Revient en mes terres
Il va
Au devant des guerres
Toujours
Revient en mes terres

Il sait
Bien d'autres langage
Toujours
Revient aux rivages
Il va
Au devant des guerres
Toujours
Revient en mes terres.
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Jindanor Numanor
Humain
Jindanor Numanor


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MessageSujet: Re: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeDim 7 Fév 2016 - 13:02


1er jour de la 4ème énnéade de Verimios, huitième année, onzième cycle



Journée... Mouvementée, c'était peu dire en réalité. Et qui donc savait combien de surprises celle-ci leurs réservait encore ?
Jindanor n'étant pas prophète, devin ou quelconque charlatan de la sorte, préféra jouer la carte de la sécurité.. Après le bombardement soudain, tout aussi soudainement arrêté par l'action d'un éclair projeté depuis le centre du campement Serramirois, Jindanor avait pris, son heure de pause, laissant Anthoine aux portes.

Alors qu'il remontait d'un pas assez lourd le long du sentier battu qui s'étalait entre les tentes, comme le ferait un réseau de tunnel dans une fourmilière, il put observer par endroits, des rochers de plusieurs tonnes, enfoncé dans le sol sur les premiers cents mètres du camp, à divers endroits.. Bien peu de morts étaient à déplorer, mais l'effet de choque était bien là. Et concernant les morts ou les blessés, ce qui était certains était que ceux-ci n'allaient pas s'en remettre de si tôt... Les blessés, j'entends. Il est fort improbable que les morts ne s'en remettent.

Le visage crade de la boue et de la poussière qui avait été projetée à quelques mètres de lui, le teint un peu blafard du coups de la surprise et de l'effet psychologique qu'avait eu le roc de trois tonnes qui s'était écrasé à trois mètres de lui, il parvint devant la parcelle de campement désigné au groupe de l'Ordre... Se traînant vers un tonneau contenant de l'eau, sur lequel était posé une choppe dont il s'empara pour la remplir, avant de la vider avec allégresse sur son visage croûté de terre qui avait eu le temps de sécher le temps de l'escalade. Il passa le morceau de tissus qui pendait difficilement de son gantelet gauche sur son visage humidifié, décrottant celui-ci après deux trois essais.

-Foutues Drow... Dit-il avant de retirer ses gantelets et de plonger ses mains dans l'eau pour se rincer le visage une énième fois, s'ébrouant comme le ferait un chien avant de s'éloigner du tonneau en s'emparant de ce qui lui appartenait, se glissant vers sa tente en passant entre deux, trois camarades qu'il salua d'un geste de la tête.

-T'vu c'qu'c'est passé Jindanor ?

-... J'étais aux premières loges, l'premier roc s'est écrasé à quatre mètre de moi... Mais ouais.. J'y étais ouais.

-Y'a beaucoup d'blessés ? J'po vu gr'chose, j'entendu seulement 'faîte... C''tait quoi l'tintouin ? On'rait dit un orage

-... C'était un éclair, ça venait de la tente de commandement.. J'veux pas savoir qui traîne avec nos Seigneurs.. Mais tant qu'il est d'notre côté, j'me sens plus en sécurité face à ces Drow's d'malheur. Laissa échapper Jindanor en riant, revoyant déjà le craquement de l'éclair sur la roche, la peur bleu de ces Drow's, et l'arrêt net des rochers qui s'écrasaient difficilement sur le No Man's land ou sur les barricades du camp, sans trop endommager bien plus les armées.

Ils rirent très légèrement, presque jaune, avant de se lever pour observer l'étendu des dégâts..

Jindanor , enfin seul, se glissa vers sa tente, où il détacha ses parties d'armures métalliques pour les déposer calmement près de son sac de voyage, y déposant sa lame et sa ceinture, son plastron de cuir plaqué, et tout ce qui s'en suit... Lorsqu'il fut enfin en chemise blanchâtre... Crottée de terre en bonne partie puisqu’elle n’avait pas été totalement épargnée par son plongeon, et en pantalon de cuir, ses bottes aux pieds il se laissa chuter sur son lit de paille en soufflant... Observant la toile de tente.

-Bordel... C'vrai que ce rocher est pas passé loin... J'suppose que j'devrais dire... Merci ? Dit-il calmement, presque dans un murmure, il passa son index et son majeur sur le centre de son front en soufflant...Quelque peu pensif.

Il se releva calmement, assis sur le lit de paille il décida à prier... Prière qui n'avait que pour seule but de lui donner du baume au cœur... Le confirmer dans l'espoir de rentrer entier, et le plus vite possible. Une prière pour évacuer l'anxiété qui s'accumulait sur ses épaules chaque  jours depuis qu'il était arrivé, une prière pour s'échapper un instant de là où il se trouvait. Se revoyant dans un temple, loin de ce carnage. Un moment de paix. Et puis accessoirement pour remercier dans les règles la Dame qui avait veillé sur lui.

Il ne sut pas réellement combien de temps dura sa complainte, mais lorsqu'il rouvrit les yeux il sut qu'il devait écrire, lui écrire...

Il s'empara de son ciseau à bois, et de la plaque qui lui restait.. Commençant à écrire calmement tout ce dont il devait lui faire part... Il ne savait pas ce que le futur lui réservait, et la guerre n'est jamais quelque chose dont on peut être sûr de revenir vivant... Peur ? Bien sûr qu'il avait peur... Mais...
Il craignait bien plus pour l'amour qu'il avait su obtenir de la part de celle-ci.. Que pour sa propre vie. Raisonnable ? Non.

Alors il grava dans le bois, toute ces pensées, ces derniers mots qu'il allait lui envoyer, car d'ici qu'elle les reçoive.. Il aurait soit péris aux murs ou dans l'enceinte d'Amblère, soit serait-il sur la voie du retour.

Il gravait ces mots d'une traite, sans réellement réfléchir aux conséquences. Il lui faisait part de ce qu'il avait sur le cœur, des quelques craintes... Alors qu'il gravait... Il eut un moment de doute.

-... Et.. Et si je ne tenais pas ma promesse ... ?

Il déglutit en observant le vague, attrapant une sueur froide. La peur de la Mort venait de l'empoigner, cette main froide lui caressait le dos, lui donnant des frissons désagréables. Il déposa délicatement la plaque de bois sur le lit de paille, s'étant arrêté en plein milieu d'une phrase pour sortir prendre l'air..

Il tremblait, imperceptiblement, mais il tremblait, ses mains étaient moites, son visage légèrement pâle. Il était passé à quelque mètres de la mort, et demain, après demain, l'ennéade prochaine, chaque seconde, chaque minute n'était qu'un pas de plus vers cet assaut. Beaucoup n'en reviendraient pas, beaucoup ne reviendraient jamais... Soit cette guerre les aurait emportait, soit celle-ci aurait emportée une part d'eux même. Chacune de ces possibilités était aussi horrible que l'autre.

Il prenait des respirations longues, quelque peu désagréable, soulevant un poids sur son cœur... Il passa sa main sur sa barbe en errant prés des tentes, mordillant l'intérieur de sa joue.
Puis il se laissa glisser sur les genoux devant la statue de la Damedieu... L'observant avec la peur dans le fond du regard, la gorge serrée.. Il ferma de nouveau les yeux.

Il ne priait plus simplement pour s'échapper de l'anxiété... Il... Portait sa Foi vers la Damedieu, lui demandant de tout son être, de toute sa conviction, de veiller sur lui, afin qu'il puisse tenir cette promesse qu'il avait faîte à cette femme qu'il aimait tant.
Il ne demandait pas, il suppliait.. Puis... Il fut coupé, il sentit une main se poser sur son épaule.
Il regarda l'homme, distinguant Anthoine en contre-jour.

-Hey... Ça va Jinda' , T'm'as l'air pâlot... T'digères mal ?

-... Non, non ça va. Juste... Un coups d'frayeur. Mais ça va mieux.. Dit-il en se relevant, riant jaune. T'as finis ton tour ?

-Nope, j'viens juste chercher un peu d'flotte, Dargos a pris ma place en attendant. J'dois faire vite.

-Ouaip,j'comprends. File-va, t'voudrais pas que Meinhard n'vienne te décoller les oreilles. Dit-il en ricanant, le bousculant légèrement avant de rejoindre sa tente.

Puis... Il reprit son écrit, distinguant un Anthoine passer devant la toile de la tente, filant vers son poste avec une gourde remplie.


Une heure s'est écoulée depuis... La lettre, ou plutôt la tablette de bois gravée, était enfin terminé, et Jindanor s'était allongé sur ce lit de paille en repensant à Elle... Ce serait mentir que de dire qu'il n'avait pas l'esprit vagabond, et peut-être un peu trop imaginatif.. Ce qui lui valut quelques désillusions désagréable en rouvrant les yeux...
La voir, elle, devant lui, près de ce bosquet, sous un magnifique soleil... La brise... Puis le réveil brusque du à un branle d'acier... Son soupire déçu accompagnait souvent ses désillusions.


Mais cette tablette n'allait pas s'envoyer seule... Aussi devait-il trouver le messager et conviait d'un nouvel accord avant le départ du bougre... Il se releva presque en sursaut, s'emparant de la dite tablette, attachant sa lame et son fourreau à sa ceinture avant de sortir avec une certaine précipitation. Trottant dans le campement en direction du lieu où il l'avait trouvé la dernière fois.

Sans succès.. Il demanda, à X, à Y, sans succès. Il grommela après près d'une heure de recherche dans ce campement qui se trouvait être un véritable foutoir maintenant qu'il devait trouver une personne en particulier...

Il faillit baisser les bras avant de le voir sortir d'une tente légèrement éméché.

-Bordel ! Te voilà ! J'croyais que tu étais déjà partis !

-Oh... L'géant... T'vas bien ?

-...Ouais ouais ça va... Combien pour que tu envoies cette tablette ?

Il baissa le regard vers la main, pensif.

-... Deux piastres... Et une tournée. Hic.

-... T'fais chier... Bon écoute, voilà pour toi. Dit-il en sortant la bourse et la déposant dans sa pogne. Tu feras la tournée toi même, et tu prends les piastres que tu veux... Mais tu envois cette tablette... C'est clair ?

-... Par la Damedieu.. T'ça ? T'tiens toi à c'que j't'envois t'missive... t'pas eu d'réponses pourtant que j'sache.

-... Ça te r'garde ? Fais juste passer l'message. Et qu'il arrive à destination. Ou j'te broie... Même personne que la dernière fois

-Ouais ouais ça va... Pas besoin de me menacer...Encore. Dit-il en s'emparant de la tablette de bois et de l'argent.. J'pars ce soir t'manière... Hic... Quand j'aurais décuvé.

Jindanor soupira longuement... Sa missive était entre les mains d'un type complètement saoul... Qui partait le soir même. Il secoua la tête de droite à gauche avant de laisser sortir un :

-Faîtes en sorte qu'il y parvienne, en direction des cieux.

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeMer 17 Fév 2016 - 2:04


9e jour, 4e ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
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Et la guerre se poursuivait. Égale... lorsqu'elle était vu depuis les terres qu'elle épargnait en tout cas. Ils recevaient régulièrement des nouvelles… Mais avec une ennéade de latence quand tout se déroulait parfaitement bien, tout cela semblait se passer dans un autre monde.  

Dans quatre jours, elle pourrait dire que cela faisait cinq ennéade que Jindanor était parti pour ajouter sa pierre à l'édifice… ou plutôt pour enlever les pierres de celui des drows. Trente-neuf jours. Et elle avait eu un pincement au cœur en se rendant compte que le lendemain, ils auraient passés plus de temps loin l'un de l'autre que côte à côte depuis qu'il avait fait le serment de la servir. Quant au nombre de jours qu'elle aurait pu passer dans ses bras, il s'était enfui des ennéades auparavant.

Certains disent que l'absence éteint la flamme. D'autre que les difficultés la voient grandir d'autant plus. Le dicton « loin des yeux loin du cœur » aurait sans doute pu être appliqué par les premiers… Mais Cécilie y prêtait assez peu foi.

Et pourtant… Pourtant elle ne pouvait nier que les jours filaient de plus en plus légers et lourds à la fois. Elle pensait moins à ceux qui étaient partis. Plus à ceux qui demandaient son attention. Les habitants de Lourmel. Aline. Maélyne. Puis, le soir venu, elle était rattrapée par l'absence, par l'attente et la peur qui lui creusait le ventre. Par l'amour. Elle s'en voulait soudain de s'être trouver bien quelques temps alors qu'elle répétait à qui voulait l'entendre que le meilleur moyen de rendre hommage à ceux qui donnaient leur vie au Nord était de continuer à vivre la leur. La peur de laisser ces sentiments s'effacer peu à peu alors que Jindanor se battait pour la survie de tous la prenait à la gorge, l'étouffant à demi. La peur de ne plus jamais entendre sa voix la faisait suffoquer. Puis, de nouveau, elle s'inquiétait, s'apaisait, s'inquiétait de nouveau. Son esprit tournait en boucle, faisait des bonds soudains avant de retomber comme une vague de tempête.

Elle changeait. Peu à peu, sans presque s'en apercevoir elle-même. Le travail de la jeune intendante avançait bien. Elle avait finit par trouver ses marques et cela lui avait donné de l'assurance. La tristesse de la mort de son grand oncle s'estompait peu à peu. Et avec le temps, les rumeurs selon lesquelles elle garderait définitivement cette charge allaient bon train. Peu être cette perspective lui donnait elle aussi un poids supplémentaire mais peu à peu, ses interlocuteurs s'étaient mis à lui faire un peu plus confiance. Elle décelaient même une pointe de respect dans la voix de certains. La magie, les responsabilité, l'absence de voyage, les cours d'équitation, les discussions à bâton rompu avec Maélyne ou avec des seigneurs, des messagers, tout cela la modelait plus rapidement qu'elle ne pouvait l'imaginer. Elle restait au yeux du monde une noble loin de ses terre sans réelle légitimité et au handicape plus que diminuant, mais elle apprenait toujours aussi vite. Elle repoussait ses limites, gagnait en expérience, après les épreuves de ses derniers voyages, son caractère toujours aussi doux d'apparence avait retrouver la fermeté du temps des grandes soirées Missèdoises.

Depuis que Lyarra était repartie, elle avait repris ses habitudes critiques envers la sincérité des gens. Toujours aussi sereine et avenante, elle ne se laissait plus aller à tant de sensiblerie. Elle se fustigeait encore quelques fois devant son propre surplus de confiance, mais elle était en bonne voie de contrôler cette fâcheuse tendance.

Et, ce qui aurait fait hurler son père, avec l'expérience et l'assurance, revenait la certitude que Beaurivages serait plus prospère sous sa direction que sous celle de Gaël.

D'ailleurs, les négociations avec les guildes de commerces pour l'exportation de blé à Chiard et Beaurivages se déroulaient bien. Une utilisation préférentielle du Port de Beaurivages pour atteindre le Médian et le fait de jouer sur la concurrence les avaient un peu calmé. Les capacité de négociation de la jeune femme et son calme avaient joué en sa faveur autant que le fait que la plupart d'entre eux sous estiment une aveugle. Loin d'être des prix cassés, quelques voyages… Et parfois quelques menus coup de pouces de ses nouveaux atouts magiques pour que tout le monde soit plus sympathique et enclin à la négociation, lui avaient permis de s'accorder peu à peu sur des montants très raisonnables pour une période de guerre.

Une fois de plus, elle posa le pied dans la cour du château, retenant une quinte de toux à cause de la poussière. La main de Rose se saisit de la sienne pour la guider au travers du château pendant qu'on s'occupait de leurs montures.

Comme d'habitude, le Capitaine et Rose ne la quittaient pas d'une semelle. Ils voyageaient toujours deux jour, et pas plus loin qu'une journée. Grâce aux leçons de Cécilie, ils pouvaient se contenté de monter à cheval plutôt que de prendre le carrosse qui les ralentissaient beaucoup. Elle n'était de toute façon jamais bien loin de Lourmel… Jamais bien loin de Maélyne et Aline surtout.

Une fois la noble demoiselle reconduite à sa chambre et devant son obstination à se préparer seule pour le repas du soir, Rose était repartie à son autre occupation principale : la lecture. Elle s'était arrangée avec quelques personnes du château pour avoir accès à toutes sortes de livres. Les récits et ouvrages du Nord étaient légèrement différents de ceux du Médian mais rien de bien loin non plus. Et elle venait justement d'en finir un de plus… Ce que la bibliothèque de Missède pouvait lui manquer tout de même !

Discrète comme une ombre, Rose passait par les couloirs de services pour gagner les cuisines, le petit livre dissimulé dans les plies de sa robe. Voilà quelque chose qui ne changeait pas. Dans tous les châteaux, tous les palais, toutes les grandes demeures, la cuisine était le même cœur d'activité. Les voix et les odeurs se chevauchaient dans une trame complexe dont il était difficile de voir les fils pour un néophyte… Et Rose, malgré ses vingt années de service, avait presque tout d'une néophyte.

Une seule chose changeait dans chaque lieu : les accents et les odeurs. Des petits détails que Rose prenait un plaisir fou à noter… littéralement. Aux portes de l'agitation, elle s'arrêta une seconde pour sortir une petite liasse de papier reliée et un fusain. Poser quelques mots rapidement griffonnés sur le premier coin de page blanche était presque un réflexe lorsqu'elle était seule… seulement lorsqu'elle était seule.

Puis elle rangea ses outils et scruta plus attentivement le balais de serviteurs. Côté cour, trois femme s'affairaient autour de trois pauvres volatiles. Elle esquissa un sourire et se faufila dans leur direction, esquivant de justesse une matrone portant une marmite presque aussi imposante qu'elle pour aller la pendre à la crémaillère de la plus grande cheminée.

« Rose ! S'écria soudain une jeune fille qui tirait à grand coup les plumes récalcitrantes d'une oie blanche. Son visage aurait put être des plus attirant, s'il n'avait pas été marqué par la petite vérole… Alors, tu viens à la veillé tantôt ?
-Ce soir sans problème ! En plus j'ai finit un recueil de conte hier, je pourrai vous en raconter.
-Nan. Tes histoires sont mieux ch'suis sûre.
-A ça y a pas a jacter là-dessus, ajouta sa voisine en abattant son hachoir sur le cou d'un poulet rond de graisse.

Rose sourit, ne sachant trop quoi dire de plus. Et finalement, elle embraya.
-D'ailleurs Adélaïde… Si tu pouvais…
-Tu les manges ma parole ! Et ta miss intendante là, elle peut point t'en dégoter que'ques uns ?
-Oh mais elle m'en procure ! Mais pas de...
-ça va, j'y demandera.

La dénommée Adelaïde essuya rapidement ses mains sur son tablier et Rose lui remis le petit ouvragea avant qu'elle se remette au travail. Les quatre femmes discutèrent encore un peu, avant que Rose ne file à nouveau, emportant l'air de rien deux gâteaux à l'orange et au miel avec la cruche de lait qu'elle était officiellement venue chercher.

Ses souliers plats claquaient dans les escaliers de service. Le plafond était bien bas mais cela n'était pas plus gênant que ça une fois habituée. Arrivée au bon étage, elle cessa de fredonner et parcouru aussi rapidement que possible la distance entre l'escalier et les appartement de Cécilie. Sa chambre était accolée à la sienne, mais elle aurait tout le temps d'y faire un tour après. Un léger sourire aux lèvres, elle frappa deux coups à la porte de son amie… Pas de réponse. Elle frappa une seconde fois… Toujours rien… Même pas le bruit de la harpe ou un soupçon de voix.

Et bien si elle était sorti, elle aurait au moins une douceur pour son retour…

Elle tira le battant et… s'immobilisa une seconde. Précipitamment, elle posa son plateau sur le guéridon le plus proche, appela à l'aide par dessus son épaule et se précipita en avant, se laissant tomber à deux genoux sur le sol dur.

Non loin du tabouret qu'elle occupait pour jouer, Cécilie était étendue sur le sol, face contre terre.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeMer 17 Fév 2016 - 23:46


2e jour, 5e ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
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Une douleur sourde pulsait aux limites de sa conscience.

Elle avait chaud. Tellement chaud.

Sa peau collait.

Une pierre  lui oppressait la poitrine, l'empêchant de prendre plus que de minuscules goulées d'air.

Sa gorge était sèche comme du parchemin.




Entendant une porte tournée sur ses gonds, Rose releva vivement la tête. Le guérisseur la salua d'un sourire et s'approcha de la couche. Immédiatement, la servante se releva pour venir parler à voix basse au vieil homme qui ne manqua pas de lui prendre les mains avec compassion.

-Elle a repris connaissance quelques instants… je crois

La voix de la jeune femme se brisa.

-Du calme voyons. Nous nous occupons bien d'elle. Faites nous confiance.


Elle hocha vigoureusement la tête, évitant soigneusement de porter le regard sur le visage de son amie aussi blanc que les oreillers. Du coin de l’œil, elle semblait dormir paisiblement, sa respiration avait retrouver un rythme normal… mais elle restait bien trop immobile… Et la fièvre n'était pas tombée.

-Vous êtes sûr qu'elle…
-Elle s'en sortira sans faute. Ce n'est qu'un peu de surmenage, mêlé au surdosage de ses traitements pour le sommeil. Un simple coup de froid aura été destructeur. Mais ce genre d'état ne dure pas. Elle sera remise d'ici peu.

Devant l'air dubitatif de la suivante, il sourit, presque paternel.

-Ce n'a rien a voir avec l'état de son prédécesseur, croyez moi. Allez donc me chercher un linge propre et de l'eau fraîche.


Sur un dernier hochement de tête, Rose quitta la chambre, la main plaquée sur la bouche pour s'empêcher de sangloter comme une idiote. A peine était-elle sorti d'un soupire de lassitude passa entre les lèvres du médecin. Plus de deux jours et pas un signe d'amélioration… Mais pas de dégradation. La fièvre était suspendu à la limite de ce que pouvait supporter un corps humain… sans la dépasser. Et il était bien placé pour savoir qu'elle avait presque arrêter de prendre ses remèdes somnifères. Elle n'était pas enceinte, elle n'avait pas d'antécédents étranges – mis à part ses yeux- et pas de fragilité notable...

Après tant d'année au service de la santé des autres, la seule chose qu'il savait avec certitude, c'est que rien n'est acquis dans la médecine. Sauver quelqu'un que les dieux avaient décidés d’emmener n'était tout simplement pas possible. Et d'autres souffraient d'un mal mortel pour des villes entières puis reprenaient le cour de leur vie. Les meilleurs des spécialistes sont souvent ceux qui arrivent à concilier pieux mensonges et réalité du diagnostique.
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MessageSujet: Re: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeMer 2 Mar 2016 - 18:38


3e jour, 5e ennéade de Verimios
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Entourée dans un délicieux cocon de coton épais, le monde n'était que bribes de sons et frôlement de tissus poisseux de sueur. Un monde brûlant. Un volcan ne lui aurait pas donné moins chaud. Elle sentait parfois des gens s'agiter autour d'elle. Elle entendait leur petites musiques. Elle sentait la chaleureuse pression de leur présence. Lointaine. Mais sa concentration s'effilochait bien trop vite pour qu'elle comprenne leurs paroles avant de recommencer à dériver paisiblement dans le néant.

Loin de sa propre identité. Loin de toute émotion. Elle était bien. De temps a autre, on venait la chercher dans son coton de tranquillité. On l'agressait, on la tirait, la poussait. Cette fois-ci, elle renvoya fermement cette présence, se fermant à tout dans un bien heureux oubli.

Puis elle sombrait de nouveau dans cette gangue cotonneuse qui l'enveloppait, perdant jusqu'à sa propre identité.

Elle ne se souvenait pas ce qu'était advenu de la bague de sa grand-mère.





Rose salua de la tête l'homme qui sortait des appartement de Cécilie. Son Professeur, comme il était présenté officiellement sans préciser que le seul art qu'il enseignait était celui de la magie. Chaque jour, il passait la voir, matin et soir, pour lui parler, disait-il… Mais la servante espérait qu'il ne faisait pas que ça. Si la magie pouvait aider en quoi que ce fut, il fallait tenter. Le dos légèrement courbé, le pas traînant, il disparu dans le couloir sur un dernier sourire compatissant… Tant de fatigue ne ressemblait pas au pauvre homme.

Plus de trois jours maintenant, et la noble demoiselle n'arrivait toujours pas à rester consciente plus de quelques minutes. Fatigue extrême avait répétés les guérisseurs. Fa-ti-gue ex-trê-meuh. Mais même la fièvre n'avait pas bougée. Elle respirait à peine. Toujours aussi blanche que ses draps.

Rose s'assit sur le siège qui avait été laissé au chevet de la malade. Les mains, en coupe, elle recommença a faire la seule chose qui était en son pouvoir pour aider son amie : prier.

Comme chaque jour, Rose ne quitta le chevet de son amie que lorsque le médecin vint s'enquérir de son état, trouvant toujours de nouvelles raisons de ne pas douter du rétablissement rapide de la comateuse.

Un livre dans les bras, son éternel carnet et son fusain dans un plis de sa jupe, la jeune femme quitta alors la pièce pour dîner. Après le médecin venait toujours le professeur. Elle avait donc quelques heures… Qu'elle avait bien du mal à occuper.

« Damoiselle d'Laval ! »

Elle sursauta, sortant immédiatement de ses pensées pour regarder autour d'elle. Elle s'attendait a voir Cécilie à l'angle d'un mur dans ses robes habituelles... Mais ne trouva qu'un homme crotté qui traversait le couloir.

« J'gagions point vous avoir trouvé ! »

Elle fronça les sourcils. C'était à elle que cet homme s'adressait ? Quand il arriva à sa hauteur, elle l'observa de bas en haut... puis de haut en bas. Il lui disais vaguement quelque chose.

« Que puis-je ? » demanda la suivante, quelque peu décontenancée.

Le type gratta ce qui lui servait de tignasse et qui était collée à son crane par la sueur.

« Tudieu ! Z'êtes toute palote. On allions pas tomber dans l'chou du moins ?
-… Comment ? »

Devant le visage de plus en plus impatient de Rose, le jeune homme sembla soudain décider que s'enquérir de la santé de ses destinataires n'était pas dans ses attributions.

« Peste soit des batelage… J'étions là pour c'te jactance. »

Rose le regarda farfouille dans sa besace pour en sortir un bout de bois… Non pas un bout de bois… Et soudain elle remis un souvenir sur cette façon de parler à peine compréhensible.

« Le messager d'Amblère !
-Si fait. Pas l'un, m'enfin, l'un d'testuit.
-… C'est pas faux… »

Elle s'empara de la plaquette de bois gravée et passa les doigts à sa surface, incapable d'en déchiffrer le moindre mot… Et sans avoir personne à qui la donner pour l'heure…

-Le guignon m'poursuivions. Outré pour le r'tard. Vraiment, j'y pouvions ni ho ni jo.
-Ne vous en faites pas pour cela.

L'air embêté du messager avait aidé la jeune femme à comprendre ce qu'elle n'avait pas saisi à l'oreille. Elle serra les phalanges autour du message et le glissa dans un replis de sa jupe avec son carnet.

-Mille merci. Je ne manquerai pas de me souvenir de votre empressement.
-Rien, Damoiselle ! Mais me conchions pas, faut que j'mande. Votre homme m'a donné l'sou. Et plus de l'un ! Un pleine giberne c'te coquebert ! Il avait l'air tristeusement fagoter, l'tarin démis, j'le peinturons un peu. Lors j'aimerions lui mander qu'ques nouvelles.
-Cake nou... ?
-Si fait. Qu'ques jactances pour vot' bon gaultier d'ours.
-Ah. Des nouvelles. Une réponse. Et bien…

Elle hésita un moment et déglutit difficilement. Ses mains se serrèrent d'avantage sur le revers de son vêtement. La position dans laquelle elle était… tout cela était plus que délicat. Elle aurait put spécifier qu'elle n'était pas la demoiselle de Laval, mais il aurait fallu expliqué l'état de Cécilie et cet homme n'aurait pas manqué de retransmettre l'information.

Si elle était farouchement opposée à l'espèce d’idylle qui semblait naître entre les deux jeunes gens pour un tas d'excellente raison, elle n'avait rien contre le géant. Et elle ne lui souhaitait certainement pas d'apprendre la déconvenue qu'ils vivaient à Lourmel alors qu'il devait avoir lui-même bien d'autres choses à penser…

Agacée, elle fronça le nez en dévisageant le pauvre homme qui n'avait que demandé un petit mot pour un correspondant. Finalement, elle répondit rapidement, avant de se détourner sur un dernier regard hautain.

-Dites lui que j'ai lu chacun de ses rapports et que je meurs d'envie d'apprendre la fin de cette guerre.




4e jour, 5e ennéade de Verimios
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Au loin, derrière la gangue cotonneuse qui la séparait d'elle-même, une présence l'observait. Une présence connue, habituelle. Agaçante. Cette présence qui la retenait, l'appelait, la tirait. Comme une corde tendue, cette volonté la ramenait peu à peu à la surface, qu'elle le veuille ou non.

Son propre esprit, paisible, lourd, éparpillé.

Son propre esprit restait suspendu entre deux eaux. Des dizaines d'éclats d'un même miroir qui coulaient doucement, emportés, dispersés par le courant, et que cette volonté rattrapait un à un avant qu'ils ne s'échappent. Recollant les souvenirs. Recollant les émotions.  

Elle se serait laissée emportée sans une hésitation dans ce néant qui lui tendait les bras. Mais on ne lui laissait pas le choix. L'énergie qu'elle avait déployée pour se libérer de cette étreinte la dernière fois lui manquait. La présence se faisait plus forte, plus incisive. Une désagréable sensation de devoir s'insinuait dans son univers vide sous la forme d'une culpabilité de plus en plus oppressante. Un sentiment de manque la vidait de toute force dès que cette chose qui venait la chercher s'approchait.

Et cette fois, la présence réussit à attraper les derniers fragments sans qu'ils ne puissent se dérober.


Cécilie prit pleinement conscience de la présence de son Professeur. Elle eut l'impression de bondir d'un seul coup, prenant une immense inspiration, avant de retomber sur l'oreiller à a peine un centimètre au-dessous de sa tête. Ses poumons se déployèrent comme si elle était en apnée depuis des jours et ses yeux s'ouvrirent sur le néant. L'air rêche assaillit ses poumons. Une quinte de toux la plia en avant alors que l'atmosphère glaciale sur sa peau humide la faisant trembler. Le réel était agressif, imprécis, incompréhensible. Elle n'avait qu'une envie : se rendormir.

Heureusement, ou malheureusement, la main de son Professeur sur son épaule la fixa dans le moment présent aussi bien de corps que d'esprit.

Au delà de sa respiration qui reprenait doucement un rythme viable et de la fatigue qui s'étendait dans chaque fibre du corps auquel elle devait de nouveau s'habituer, elle saisit une autre respiration traînante, épuisée.

« Et bien Demoiselle de Laval, on peut dire que vous m'avez donner du fil à retordre. Je ne m'attendais pas à ce que vous soyez si butée... »

La voix lasse du Professeur arracha un rire de soulagement à Cécilie alors que la main sur son épaule glissait jusqu'à son poignet pour lui donner un verre d'eau. Elle voulu le remercier mais ses cordes vocales se renfrognèrent aussitôt, la menaçant d'une nouvelle quinte de toux. Elle vida le contenant d'un trait, puis un nouveau rempli à ras-bord avant de reprendre sa respiration.

« Que c'est-il passé ? »

Elle avait gardé la main de l'homme dans la sienne pour se rassurer. Ses souvenirs s'arrêtaient à quelques notes sur une harpe après avoir réglé le enième problème de la journée. Elle avait voulu faire ses exercices magiques. Puis plus rien.

« Vous avez tenter une folie… »

La voix du mage avait soudain pris des accent bien plus sévères.

« Je ne sais pas exactement ce que vous avez tenté, mais votre magie vous a échappée… de façon assez spectaculaire je dois dire. Votre esprit était sur le point de se scinder en deux. Ce n'est pourtant pas faute de vous avoir interdit de vous exercer seule. A vous de me dire ce que vous avez exactement tenté de faire… Encore une illusion ?
-Je…

Il leva un sourcil devant l'hésitation de la demoiselle. Elle déglutit lentement Tout cela n'était pas habituel. Elle avait l'air... troublée... en plus de la fatigue qui devait la tirer lentement vers un sommeil plus réparateur.

-Vous ne vous souvenez de rien. Laissa-t-il tomber, rompant le silence qui commençait à prendre ses aises. Vous avez été retrouvée inconsciente dans votre chambre...
-Non… Navrée… C-Combien de temps… Depuis combien de…
-Cinq jours.

La jeune femme resta interdite un instant. Elle  dû se retenir de mettre en doute la parole de son ange gardien du jour pour ne pas le mettre encore plus en colère. Le ton du mage était sans appel, plus inquiet et en colère que fatigué. Bien loin de l'agacement dans lequel elle le mettait presque quotidiennement par sa soif d'apprendre et ses question répétées.

Les longs doigts osseux de son professeur serrèrent un peu plus les siens mais il ne put retenir un soupire avant d'ajouté :

-Ecoutez… quoi que vous ayez tenté, c'est la dernière fois que je me répète. La magie est dangereuse et une dame de votre rang ne devrait pas se risquer à la pratiquer seule avant d'avoir de solide base, et…

-Plus de dix ans à les répétées seules ces bases. Ce ne sont pas elles qui me donnent du soucis, et vous le savez.

Comme pour ponctuer l’insolence de la jeune femme, quelque part, un corbeau lança son cris de crécelle. La voix du professeur descendit encore d'un octave.  

-Vous êtes d'une sensibilité rare et je pense que vous pourriez devenir une mage de talent avec le temps. Mais si vous allez contre mes méthodes, je ne pourrai pas rester votre professeur. C'est la dernière fois que vous mettez en doute mon jugement. Suis-je clair ?

Il n'avait pas hésiter une seconde avant de parler. Pourtant il risquait beaucoup à tenir un tel discours. Issu de la roture, il était entretenu par la famille de cette jeune femme a laquelle il venait presque de poser sa démission…
Cécilie en avait parfaitement conscience, mais cela ne changeait rien pour elle. Il était son professeur et ils commençaient à peine a vraiment pouvoir travailler ensemble. Elle avait parlé trop vite, épuisée, à fleur de peau… Et maintenant elle ne ressentait que de la honte.

-Pardonnez-moi.

-Vous êtes passée plus près de la mort que vous ne semblez le voir. Vous n'étiez pas seulement dans un état d'épuisement dû à la magie. Je ne sais pas ce que vous avez tenté exactement mais votre esprit était comme retenu par quelque chose et presque brisé. Je ne sais pas si je pourrais vous être d'une aide quelconque la prochaine fois et cela m'a beaucoup coûté. Vous vous remettrez plus vite que moi de cette expérience et j'en prend la responsabilité, puisque je n'ai pas su vous prévenir du danger. Mais j'attends de vous un respect scrupuleux de mon travail désormais. A commencé par nos entrevues qui reprendront quotidiennement quelle que soit la quantité de travail que vous acceptiez à côté.


-Bien… Je suis vraiment désolée… Je vous promet que ce genre d'inattention ne se reproduira plus.

Quelques instant s'égrainèrent de nouveau avant que le mage ne se lève.

-Dormez. Vous en avez besoin.

Il pressa une dernière fois les doigts de son apprentie avant de se diriger vers la porte. Elle s'était endormie avant qu'il fasse deux pas.

En refermant le battant, il ne pût contenir un sourire. Sa main glissa dans une de ces poche pour en tirer une petite bague en or dans laquelle était enchâssée une pierre rouge sang soigneusement pôlie. La lumière qui glissait dans le couloir l'anima presque d'un feu intérieur…

C'était bien la première fois qu'il avait une apprentie aussi téméraire. Il avait une petite idée de ce qu'elle avait tenté… et s'il avait raison, lui-même ne s'y serait jamais risqué.

Et pourtant elle avait survécu. Elle avait même réussit à repousser ses tentatives pour l'atteindre. Au milieu de la colère et de la peur qui l'avaient agité et malgré sa fatigue extrême, il ne pouvait s'empêcher de ressentir la fierté lui gonflé le torse.

Il repartit d'un pas traînant, directement vers ses appartement. Il était plus sage de faire en sorte qu'une autre personne découvre le réveil de la demoiselle si on voulait éviter les questions sur sa soudaine rémission. Le bijou rebondi une fois dans sa paume avant de disparaître à nouveau. Le lendemain, ils tenteraient des exercices un peu plus corsés.

Le sourire ne quitta pas les traits du mage.



Dernière édition par Cécilie de Laval le Dim 6 Mar 2016 - 12:51, édité 1 fois
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: [Lourmel]Seule [Solo]   [Lourmel]Seule [Solo] I_icon_minitimeDim 6 Mar 2016 - 12:48


5e jour, 5e ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Lourmel

Une drôle de sensation la tira du sommeil. Un grommellement désagréable aussi bien pour les oreilles que pour le reste du corps. Les yeux toujours fermés, Cécilie grogna en réponse avant de se tourner sur le coté.

-Cécilie !

La voix de Rose la tira définitivement du lourd sommeil réparateur dans lequel elle était plongée depuis plus de vingt-quatre heures. Sa gorge était rêche comme du parchemin mais elle se força a articuler.

-Rose…

Un poids s'effondra sur elle et la serra à l'en faire suffoquer. Les sanglots de son amie mirent encore un certain temps avant de chasser les brumes de l'esprit de la musicienne. Un petit pic d'adrénaline fit le reste. Ses bras se refermèrent faiblement sur sa suivante, sa main caressant ses cheveux.

-Néera m'a entendue… parvint-elle a articuler entre deux hoquets. Je l'ai su quand j'ai vu dans les yeux du guérisseur qu'il ne s'attendait pas à ce que ta fièvre tombe. J'en étais sûre !
-Je vais bien Rose… je vais bien…

Cécilie avait l'esprit étonnement clair. Elle entendait chaque bruissement, repérait parfaitement l'endroit ou elle se trouvait. Il ne lui fallu qu'un léger mouvement mental pour entendre de nouveau la mélodie que produisait Rose… tellement tourmentée et libéré à la fois. Puis elle se rappela de l'entretient avec son professeur et s'éloigna soigneusement de ses sensations magiques pour se concentrer sur l'amie qu'elle tenait dans ses bras.

Bientôt, la suivante essuya ses yeux d'un revers de manche.

-Je vais prévenir le guérisseur. Ne fait rien de stupide, d'accord ?
-Je ne bougerais pas si tu promets de me ramener quelque chose a manger et que tu me donne la carafe d'eau

aussitôt demandée, aussitôt reçu. Rose avait éclaté de rire, soulagée. Cécilie s'appliquait à agir comme si de rien était.

-Ne me refait plus jamais une frayeur pareille…
-Promis.



7e jour, 5e ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Lourmel

Cécilie et Rose poussèrent un soupire de concert avant de rire de façon tout aussi synchronisée. En seulement quelques jours, le travail s'était accumulé… Bien plus que Cécilie le pensait. Et en plus de cela, elle devait respecter les horaires imposés par son professeur… Horaire qui n'était plus bien loin.
Il ne fallu pas plus de quelques minutes pour que Cécilie rejoigne le petit salon dans lequel ils avaient l'habitude de se rencontrer. Venue par ses propres moyens, elle frappa quelques coups et le mage l'aida à prendre place sur un fauteuil aux pieds duquel elle posa sa canne avant de commencer.

Plusieurs fois, son professeur lui fit la remarque qu'elle était dispersée. Plusieurs fois elle fit un grand effort pour se reconcentrer sans grande conviction. Depuis son réveil, elle était incapable de fixer son attention plus de quelques minutes… l'une des raisons pour lesquelles, elle avait du mal à rattraper le retard dans son travail.

« Stop. Arrêtez. »

Les mains de la musicienne s'immobilisèrent et elle s'éloigna mentalement du courant magique qui lui caressait la peau.

« Vous risquez encore de vous épuisez si vous continuez comme ça…
-Je suis désolée, j'ai du mal à rester focalisé depuis mon réveil. »

Le mage poussa un soupire et s'agita sur son siège. Elle pouvait clairement distinguer l'agacement dans chaque mouvement de son professeur. Une habitude à force…

« Quelque chose vous tracasse ?
-Je… oui. Je veux dire. Qui ne serait pas touché par une guerre qui n'en fini pas ? Mais… Il y a aussi ce que j'ai fait.. ? Ou essayé de faire.
-Vous vous souvenez de quelque chose ?

Un ton bien moins grave qu'il n'aurait du l'être. On pouvait presque entendre une pointe de curiosité et l'homme venait de se pencher en avant sur son fauteuil, signe d'une attention bien particulière qui fit tiquer l'aveugle.

-C'est vague… Des impressions fulgurantes plus que des souvenirs précis.

Des vêtements qui se froissent. Un homme au pas lourd qui passe dans le couloir.
Sans un mot, des doigts osseux s'emparèrent de son poignet pour déposer dans sa paume un petit objet. Tiède, lourd, métallique. Souple pour un alliage… et biscornu. Comme si ce petit morceau de métal avait été plié et écrasé par une force colossale. Elle sentit un bord tranchant lui érafler la peau, comme si l'objet avait été tranché net et qu'il en manquait un morceau. Mais ce qui était encore plus étrange que ce métal biscornu, c'était cette petite pierre logée en son centre, à moitié cachée par un replis. Elle était fendu en deux mais parfaitement polie mise à part ce détail. Une pierre entouré de quatre petite perles qu'elle n'eut aucun mal a reconnaître. Elle fronça les sourcils.

-C'est impossible… qu'est-ce qui est arrivé ?

-Alors c'est bien votre bague ?
-Je… je pense oui. Mais comment a-t-elle fini dans cet état ?

Elle passa de nouveau ses doigts sur le petit objet.

-Je l'ai retrouvée dans la cour, près écuries.
-Vous pensez que quelqu'un…
-L'aurait prise pour la mettre dans cet état là et la laisser sur le bas côté ? Assez peut probable, pour un bijou de cet valeur. Les perles ne sont pas tout a fait dans les traditions nordiennes.

Le mage se laissa allé à un sourire orgueilleux en voyant son apprenti froncer de plus belle les sourcils. Il le fit d'autant plus volontiers qu'il avait la certitude qu'elle ne s'en offusquerait pas.

-Vous savez ce qu'il s'est passé n'est-ce pas ?
-J'en ait une assez bonne idée, oui. Mais il est préférable que vous retrouviez le sens de tout cela par vous-même. Vous voulez essayer trop de choses différentes sans approfondir. Vous inquiéter un peu vous évitera peut-être de nouvelles déconvenues.

Elle soupira et serra le poing sur la bouillie métallique.

-En attendant, reprenons voulez-vous ? Rester concentrer même en situation de stress ou d'angoisse est une nécessité. Et si vous arrivez à tenir nous pourrons peut-être reparler de cette histoire de protection. Ajouta-t-il mine de rien, au plus grand plaisir de son apprentie.




La fin de journée se déroula rapidement. Plus concentrée sur le travail que précédement, la jeune intendante put  rattraper une bonne partie du retard. Elle pensa a se faire excuser pour le repas du soir mais après la frayeur qu'elle avait faite à Maélyne, elle voulait prouver que les choses étaient revenues à la normal… Et puis aussi pour Aline qui s'était fait un sang d'encre, la pauvre petite.  

Son rétablissement soudain en laissait plus d'un pantois. Après la gravité de son état, le fait qu'elle mette à peine 24h pour reprendre le travail sans avoir ni cerne, ni coup de fatigue était proche du miracle… et les rumeurs ne se privaient pas de donner toutes sortes d'explication à la mystérieuse maladie autant qu'à ce rétablissement inespéré. Malédiction, sorcellerie,  empoisonnement et antidote, tout y passait. Le nom de Lyanna flottait parfois sur les lèvres mais cela passerait vite.

En fin de soirée, Cécilie put enfin remonter dans sa chambre en discutant à voix basse avec Rose. Une rapide toilette, le troc de d'une robe pour une chemise toute simple et les deux jeunes femmes recommençaient à discuter de sujets et d'autre. De ce qui s'était passé pendant l'inconscience de Cécilie, du temps, des voyages, de la famille.

« J'avais oublié ! » Lança soudain la suivante en déposant le peigne sur le bureau non loin de Cécilie.

Elle s'éloigna de quelques pas avant de s'approcher de nouveau.

« J'ai gardé de côté les missives qui t'étaient adressées personnellement et non en tant qu'intendante. Une lettre de Renard et Philippe qui te remercie pour les affaires et t'invitent à passer les voir autant personnellement que de la part des Émissaires. Une de notre cher admirateur du Sablonet qui t'envoie ses meilleurs sentiments et espère que tu reviendras vite.  Une de Colombe qui insiste pour venir te rendre visite. Une de ma mère qui nous est adressée à toutes les deux. Ils semblent s'être donné le mot pour les envoyer tous au mauvais moment. Soupira-t-elle faussement ennuyée.

-Allons, nous nous occuperons des réponses demain. Et pas un mot sur mon état des derniers jours. Tout est en ordre à présent. Ils ne sont pas obliger de se faire du souci pour ce genre de futilité, les temps sont assez chaotiques comme ça.

-Et bien justement, à ce propos il y a également eu deux messagers en provenance d'Amblère.

Cécilie leva un sourcil. Dans l'absolue, elle aurait put être étonnée qu'une lettre lui parvienne du front, mais le plus étonnant était l'arrivée de deux messages à intervalle si rapproché… Son cœur fit un bon. Cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose : un événement imprévu et particulièrement important était advenu…

-Deux ? Les deux sont… gravées?
-Non. Une seulement.

La gorge de la musicienne se serra encore d'avantage. De qui alors ? Anthoine ? Pourquoi lui écrierait-il alors qu'ils n'avaient jamais échangé et que Jinda aurait put faire passer un message ? Non… ça ne pouvait pas être….

-Cécilie ! Qu'est-ce qu'il y a ! Tu es pâle comme un linge !
-ça va. Dit moi juste de qui est la seconde, je t'en prie.
-De la vagabonde que  vous aviez reçue : Lyarra.

Une grande inspiration gonfla de nouveau les poumons de Cécilie. La jeune femme laissa tomber son visage dans ses mains, se demandant s'il valait mieux rire ou pleurer de sa sensiblerie. Les bonds émotionnels qu'elles faisaient depuis des ennéades ne s'arrangeaient pas… Mais là elle avait vraiment craint le pire et le soulagement était au moins fulgurant que l'angoisse.

-Cécilie ?

La musicienne se redressa en riant légèrement.

-Oui. Tout va bien. Je suis trop émotive quand il s'agit de la guerre. Et que me veut cette femme ?

Régler la questions pris un petit moment, et même une fois fait, Cécilie se demanda longtemps si elle avait pris la bonne décision. Puis on en profita pour lire la lettre de sa mère, écrite de la main de Colombe. D'un commun accord, elle n'avaient pas reparlé du message de Jindanor. De toute façon c'était bien la seule missive que Cécilie pouvait déchiffrer seule. Mais avant de se retirer pour la nuit, Rose s'attarda encore un instant.

-Le messager m'a pris pour toi et demandé un message de retour. J'ai dit que j'avais bien lu tous les rapports et que j'avais hâte que la guerre se finisse. Je ne voulais pas que Jindanor s'inquiète…
-Tu as bien fait. Soupira la demoiselle après quelques secondes de réflexions.

La nouvelle était loin de l'enchanter mais Rose avait sûrement agit au mieux. Il ne fallait pas lui en garder rigueur, la seule à blâmer, c'était sa propre personne puisqu'elle s'était blessée toute seule…

-Cécilie…
-Oui ?
-Nous n'en avons pas parlé, et je te remercie de ne pas m'obliger à choisir entre toi et mon devoir envers ta famille… Je ne suis officiellement au courant de rien et c'est très bien comme ça... Je ne sais pas jusqu'où… enfin si… Mais bref. Je t'en prie, ne fais rien d'inconsidéré pour. Et si tu ne m'écoute pas moi, pense à lui. Si tu continues, tu le mettras en danger d'une façon dont il n'a même pas idée… et tu le sais. Ne met pas ceux à qui tu tiens en danger. Que ce soit moi, Maélyne… ou même lui. Je… Il fallait juste que je te le dise. Que tu saches ce que je pense de tout ça.
-Et que voudrais-tu que je fasse ?
-S'il revient d'Amb…
-Il reviendra.
-Délie le de son serment.
-Et quoi ? Je le renvoie à une vie de vagabond ? Après ce qu'il a fait pour nous ?
-trouve lui une place de garde à Beaurivages ou à Chiard. Renard ne crachera pas sur un homme de son talent. Ou même tout à fait autre chose. Trouvé des idées, c'est ta spécialité. Ne me fait pas croire que c'est par obligation que tu n'envisages pas d'autres alternatives.

Un léger silence s'étira sans que Cécilie ne perde sont sourire. Ses doigts dansaient toujours sur les cordes de la harpe, les frôlant à peine pour ne pas couvrir leur voix. Comme si la conversation qu'elles venaient d'avoir était des plus banales, la musicienne repris finalement.

-Je te remercie de m'avoir donné ton opinion sur la question. Bonne nuit Rose.
-… Bonne nuit Cécilie.

Rose s'inclina. Même son amie ne pouvait la voir, elle gardait ce respect des convenances qui la caractérisait et la demoiselle entendait ses vêtements se froisser de cette façon caractéristique.

La porte se referma.

Cécilie soupira, son dos se détendant peu à peu.

Cela faisait longtemps qu'elle redoutait une mise au point de Rose… parce qu'elle avait raison. Mais la musicienne ne voulait pas le voir. Elle allait peut-être trop loin. Elle repensait parfois à cette nuit, alors qu'elle croyait que Jindanor était encore dans les murs… Ce qu'elle aurait été prête à faire pour le garder près d'elle un jour et une nuit de plus… Elle en rougissait encore.

Mais en cinq ennéades, l'oppressante sensation de vide ne s'était pas apaisée. Elle était juste devenue habituelle. Comme une foulure ou un léger mal de crâne qui persiste. Alors pour l'heure, elle voulait juste être certaine qu'il sorte vivant de cette guerre. A chaque fois qu'un messager ou des réfugier arrivaient du Nord, elle était à l’affût de la moindre nouvelle.

Et puis peu importait ce que pouvait en penser Rose pour l'instant ! Elle désirait son retour. Elle voulait le sentir de nouveau près d'elle. Point. Ils auraient tout le temps de réfléchir au détails plus tard.

Attrapant son bâton d'une main, elle laissa reposer sa harpe et se leva du tabouret pour retrouver son lit. Elle tira les tentures et se glissa sous les draps, libérant fort indécemment ses jambes de la chemise pendant l'opération. Une fois son bâton sous le lit, pas de bougie à moucher. Quand il n'y avait pas de voyant, Cécilie vivait dans le noir et s'en accommodait très bien. Comme convenue, Rose avait laissé les objets arrivés d'Amblère sur sa table de nuit.

Il ne fallut pas plus de quelques instant à la main de la jeune femme pour trouver son chemin entre un gobelet en étain, les restes de sa bague et les carnets de Lyarra pour finalement mettre la main sur ce qu'elle cherchait.

Les couvertures remontées jusqu'aux épaules, pelotonnée sur le côté, Cécilie retourna plusieurs fois la petite tablette de bois pour trouver le début du message. Puis ses doigts s'agitèrent sur les symboles grossièrement taillés.

lettre:

Elle sourit. Il la connaissait bien. Oui, elle s'était demandé pourquoi. Elle se demandait sans cesse ce qu'il vivait, ce qu'il voyait, ce que les hommes d'Amblère pouvaient bien ressentir. Comment arrivaient-ils à tenir ? Qu'est-ce qu'ils craignaient le plus ?
Elle aurait voulu pouvoir connaître chaque détail de ce qu'il affrontait jour après jour. Savoir s'il allait bien ou s'il était blessé. Elle craignait que même un pied dans la tombe, il refuse de lui faire part de son état réel. L'idée d'un bombardement la faisait frémir. Les cadavres relevés aurait du être le Niflheim , pourtant c'était la première fois qu'il utilisait ce terme. Alors que pouvait-il y avoir de pire ?

lettre(suite):

La phrase resta en suspend et Cécilie renifla pour ne pas laisser couler une larme d'émotion. Le cœur à fleur de peau, quelques mots suffit à dissiper ses angoisses… pour en faire naître de nouvelles. Après avoir passé des ennéades à oublier, s'en vouloir, souffrir, douter et sombrer de nouveau, elle avait encore une fois une preuve terriblement simple que la distance et l'absence n'avait en rien affaiblit ses sentiments… Elle était touchée. Elle était même soulagée. Il ne l'oubliait pas.

Cette missive, elle l'avait attendue… A chaque mot qu'elle décryptait, elle avait l'impression d'entendre la voix de basse de Jindanor le prononcer à nouveau. Le timbre, le grain, les accents, les expressions utilisées, tout y était. Dieux ce qu'il pouvait lui manquer.

Sur le bois, pas de point, juste un espace vierge de toute trace pour reprendre plus bas. L'écriture était plus serrée, plus imprécise, chaque lettre était gravée à la hâte, comme si celui qui les avaient posées était pris de frénésie. Cela n'arrangea en rien l'état de la lectrice. Avant même qu'elle n'en découvre le sens, l'interruption subite et le changement l'inquiétèrent.

lettre (suite2):

-Non…

la culpabilité et l'impuissance venaient de nouveau lui mordre le cœur. Elle ne lui avait rien envoyé… rien depuis leurs adieux au retour de sa première balade à cheval. Elle avait certes été dans une colère noire au début. Elle avait voulu le haïr, l'oublier… Mais elle ne pouvait pas. Comment aurait-elle put lui en vouloir de risquer sa vie pour ses terres. Elle en aurait fait de même si cela avait eu la moindre utilité.
Et maintenant il était bien trop tard pour lui envoyer quoi que ce soit… Comme il le disait, surtout avec le retard du messager, l'assaut était sûrement passé à présent. Ou il le serait dans quelques jours. Et combien de temps avant son retour ? Comment lui faire parvenir un message qui ne pourrait pas être lu par un autre que lui ? Qui ne risquerait pas d'être intercepté ?

lettre(suite3):

Comment lui dire qu'elle respectait son choix ? Comment lui dire qu'elle s'était plongée corps et âme dans la discipline de la magie pour essayé de le chasser de ses pensées sans résultat ? Comment lui dire qu'elle admirait son courage et qu'elle faisait cauchemar sur cauchemar lorsqu'elle se laissait à douter un instant de son retour ? Qu'elle… l'aimait…

Ces mots qu'il semblait coucher avec tant de facilité à chacun de ses messages… qu'elle avait du mal même à penser sans gêne… Elle voulait pouvoir les lui dire une fois encore. L'assurer que sa réaction en apprenant son départ était passée, oubliée…

L'écriture précipitée. Ses aveux. Tout dans ce message s'évertuait à donner une note troublante… presque désespérée… Bien différente de la première partie. Plus crue, plus à vif.

Au lieu de la simple culpabilité, cette fois c'était bel et bien la peur qui prenait le pas.

" Je t'ai juré que je te reviendrais... J'espère que cela ne tarderas plus. "

" Je t'ai juré que je te reviendrais... "

Oui il reviendrait. Elle n'en doutait pas. Elle ne devait pas en douter. Le refrain de la rengaine qu'elle avait achevée les ennéades passées tourna en boucle dans sa tête. Elle relut les dernières lignes, rougissant de nouveau de la simplicité et de la réalité de ses mots.

Ils lui faisaient autant de mal qu'il lui faisait de bien. Mais pour quelques instant, elle avait l'impression de l'avoir encore un peu près d'elle, cet homme qui n'avait finalement que traverser sa vie sur quelques ennéades. Assez stupidement, elle se laissa submerger par des sanglots qu'elle essayait de chasser d'un geste rageur.

Elle repensa a ce qu'il exprimait dans sa lettre. Les regrets… l'angoisse… qu'il éprouvait uniquement par sa faute à elle. Elle devait trouver un moyen… Essayer. Même si l'assaut avait lieu avant ou que le messager ne trouvait jamais le destinataire. Il fallait qu'elle trouve un moyen.

Plusieurs méthodes lui traversèrent l'esprit…mais comportaient toutes une part de risque.

Haaaan… Si seulement les voyages n'étaient pas si longs et dangereux… Ou même s'il y avait un moyen simple de faire passer un message d'un point à …

Elle se figea.

Une fulgurante impression de déjà vue la prenait aux tripes. Lentement, elle posa la tablette près d'elle et tendit la main vers sa table de nuit. À taton, elle passa sur le fourreau du stylet qu'on l'obligeait à garder tout le temps près d'elle et heurta enfin l'objet rechercher : le fatras métallique.

Elle l'explora une fois de plus, essayant de comprendre comment il avait put être tordue. C'était étrange. Comme si plusieurs forces l'avait tiré ou compacté dans des direction différentes. Elle inspira profondément et le monde lui apparut de nouveau dans toute sa complexité énergétique. Chaque détail, chaleur, pression, musique… des trames qui s'étendaient dans toutes les directions. Ce qu'elle avait dans les mains en était encore légèrement imprégné…  

"Je l'ai retrouvée dans la cour, près écuries."

Elle n'aurait quand même pas essayé… Diantre…

Elle dégluti difficilement en comprenant soudain plus précisément ce que l'intervention presque immédiate de son professeur lui avait évité de subir. Altérer la trame de l'espace… C'était pure folie… Pourquoi aurait-elle tenter une chose pareille… Par curiosité...?

… Et en même temps, ce petit aggloméra de métal était la preuve que c'était faisable… pire… qu'elle l'avait fait… d'une certaine façon…

Cela lui donnait le vertige.

Elle reposa la boule de métal, défaite. Dans la couste, ses mains rencontrèrent de nouveau le bois gravé. Elle perdait pied. Un peu plus chaque jour. Elle changeait au point de ne plus se reconnaître dans ses propres actions… et c'était terrifiant. La perspective de ces deux derniers mois la fit frémir. Rien n'était comme avant. Rien…

Elle se recroquevilla, serrant la lettre de bois contre sa poitrine, mais se fustigea mentalement avant de se redresser. Non. Elle n'avait pas le droit de se plaindre pour si peu.

Elle parcouru une fois de plus la missive… Et une idée fit doucement don chemin. La musicienne s'empara de son stylet ornementé et se mis au travail.




8e jour, 5e ennéade de Verimios
8e année du 11e Cycle
Lourmel

Rose s'était levée avec le soleil ce matin là. Contrairement a Cécilie, elle était bien plus du matin que du soir… enfin avant ses insomnies. Elle avait même eu le temps de coucher quelques lignes à l'encre dans son carnet avant de se diriger vers la chambre de sa Demoiselle.

Maintenant, à chaque fois qu'elle voyait cette fichue porte, elle ne pouvait s'empêcher d'angoisser à l'idée de trouver son amie inconsciente. Mais la routine habituelle reprenait doucement, pour son plus grand bonheur.

Elle était entrée à pas de loups et avait préparé quelques affaires avant de tirer les tentures du lit… pour loucher sur un spectacle qu'elle ne s'attendait pas à voir.

Cécilie dormait comme une bien heureuse… couverte de copeaux et de poussière de bois..

La jeune femme mit près d'une minute pour se remettre et tirer son amie du sommeil.

-Bonjour, lança la voix ensommeillée.
-Bien dormi ?
-Comme ça ne m'était pas arrivé depuis des ennéades.
-Tant mieux… Mais je peux savoir ce qu'il s'est passé ?
-Comment ça ?
-Il y a des copeaux de bois dans ton lit…
-Oh… oui… J'ai eu une idée hier soir. Je me suis dit qu'il fallait que je la note pour m'en souvenir j'ai utiliser une tablettes de bois. C'est aussi bête que ça.

La jeune femme ponctua son explication d'un geste de la main. Main qui fut immédiatement saisie par Rose.

-Par la Dame-Dieu !
-Q'y a-t-il ?
-Tu n'a pas mal ?
-Non…
-Ta main est couverte de sang…
-Ne t'inquiète pas comme ça, j'ai simplement du me couper.
-Ce que tu peux être inconsciente !
-Calme toi voyons.

On farfouilla. En moins d'une seconde, un tissus humide atterrissait précautionneusement sur sa paume. Lorsque le chiffon passa à la base de son index, une vie douleur remonta le long de son doigt.

-Je me calmerais quand tu arrêteras de faire n'importe quoi ! La magie. L'équitation. Et maintenant tu t'amuse à jouer du couteau pendant la nuit ? Tu ne te rend vraiment pas compte ma parole !

-Ce n'est qu'une égratignure. Tu t'en fais beaucoup, rétorqua la jeune noble avec un léger rire. D'ailleurs il faut aussi envoyer ça à Amblère, et au plus vite. A destination de Jindanor. Il a été recruté dans l'Ordre de messires Walter de Hohenburg et Meinhard d'Andorf. Tu pourras t'en occuper ?

Rose tiqua, soupira, mais rendit les armes.

-Et je dois envoyer quoi ?
-Attend… Voilà.

Cécilie tendait la tablette qu'elle avait lu la veille.. Enfin ce qui avait été cette tablette. Sa surface était irrégulière, parfois au point qu'on en voit des échardes. Le travail était… exécrable. Mais elle avait été débarrassée de la quasi-totalité de ses gravures. Seuls quelques symboles avaient été épargnés.

Elle attrapa la plaque en faisant attention à ne pas se blesser et soupira une nouvelle fois, e qui ne sembla faire ni chaud ni froid à sa compagne.

-Très bien. Ce sera fait dès que possible…



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