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 Les sourdes menées du triste sire de Montsoupir

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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Les sourdes menées du triste sire de Montsoupir   Les sourdes menées du triste sire de Montsoupir I_icon_minitimeJeu 22 Oct 2015 - 19:56

1ème jour de la 1ère énéade de Verimios, 8ème année du 11ème cycle.

Léonard, que ses compères nommaient Vairon, n'aimait pas Oësgard. L'ordre qui régnait dans cette ville suffisait à lui seul pour dégouter le porte-brette d'avoir accepté sa mission. À vrai dire, ladite mission ne l'intéressait désormais guère plus, car voila plusieurs énéades que le ladre en avait manqué l'échéance. Il concevait aujourd'hui un dessein bien plus grand - le sien - et dont le marquis n'avait aucun soupçon. Pour autant, il blâmait encore ce dernier de l'avoir envoyé à Oësgard.

Propre quoique triste, vaguement peuplée quand elle aurait du être comble, la Bir Maark offrait aux yeux bicolore de notre héros d'un jour l'image dont on devait avoir de la baronnie dans son entièreté : exsangue, fade. Les façades des plus prestigieuses guildes se lézardaient, les gamins arboraient une mine famélique. Même les puterelles étaient désœuvrées. Il semblait bien en effet que la profession ne fut victime d'une offre toujours croissante, si bien que le cours de la passe avait été inversement proportionnel à celui du topinambour.

La chose, puisque nous en sommes à ces affaires, avait tour à tour amusé, ravi, puis finalement lassé Montsoupir. Après qu'il eut épuisé son pécule en de prosaïques divertissements, le factotum s'en était revenu à ses habitudes, bien plus saines. Après que l'or du marquis fut avalé en bonne compagnie, le gentilhomme se remit à son compte, renouant avec la noble activité du truandage indépendant. Au diable ce Brochant! il avait usé de lui comme d'une vulgaire enseigne, lui, dont le sang trônait au pinacle des maisons péninsulaire. Quel pouacre que cet homme.

À n'en pas douter, le ressentiment de Montsoupir envers son ancien maître devait tenir plus du destinataire que de la course en elle-même - après tout, il avait fait bien pire. Quand le marquis, prêt à partir devant Amblère, lui avait remis, plusieurs semaines auparavant, un pli à destination de Flourens, le ladre ne s'était pas fait prier pour l'ouvrir derechef. Déchiffrant l'écriture fine du seigneur de Serramire, il avait bien vite compris quel sort ce dernier réservait à ses amis, et celui qui l'attendait, lui. Aussi, notre compère s'était résolu de ne plus servir désormais les intérêts du marquis, mais les siens. Ce n'était que justice.

Ainsi, durant de nombreux jours, le triste sire de Montsoupir s'était immergé tête la première dans la pègre oesgardienne, tissant sa toile, aiguisant sa miséricorde. Son plan désormais arrêté, il attendit patiemment que l'occasion ne se présente. Celle-ci se manifesta au premier jour du mois, quand la rumeur vint annoncer qu'Aymeric portait à nouveau les armes pour chasser les puysards.

Obliquant après la halle aux pains, le gentilhomme remonta quelque venelle, pour débucher dans la cour d'un petit hôtel particulier. Cela faisait plus d'une énéade qu'il avait repéré cette maison aux volets verts, et pour cause, le bon Flourens, vaillant capitaine du Roy d'Oesgardie, y avait ses entrées. C'est qu'après moult enquête, l'ineffable Montsoupir avait découvert le nature de l'hôte : une noble dame, rien de moins qu'une parente de feu Goar! S'il s'était premièrement mis en tête de nuire à cette belle amourette, le coquin s'était ensuite ravisé, préférant mener son plan à terme, ce qui supposait sans devoir croiser le fer avec le bâtard de Kahark.

Lorsque Montsoupir quitta la maison aux volets verts, guère n'était différent à l'intérieur, sinon qu'un petit pli se trouvait désormais déposé sur un secrétaire. Le papier, dépourvu de date ou de sceau, comportait un message que le marquis avait jugé assez personnel pour que son simple paraphe ne suffise - il ignorait cependant que sa missive se retrouvait délivrée avec plusieurs semaines de retard.

Citation :
Ami Flourens, salut.

J'en appelle aujourd'hui à votre sens de la chevalerie, et à votre clairvoyance. Je marche dès à présent pour bouter le drow hors d'Oësgardie. Le Primat ne saurait accéder à ceci, aussi je vous le demande : soyez semblable à cet faucon que admiriez, et fondez à mes côtés sur nos ennemis. Votre maître, vous voyant revenir vainqueur, ne saurait vous en tenir rigueur.

Aymeric

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