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 De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya

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Duncan du Lys
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MessageSujet: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeLun 11 Jan 2016 - 10:32

4ème jour de la 1ère énnéade de Verimios



La cité d'Alonna bouillonnait d'activité. Tout le monde s'affairait à préparer les biens de la colonne qui s'apprêtait à s'ébranler. Aux pieds des murailles avaient été rassemblés tous les soldats qui avaient pu être mobilisés pour répondre à l'ordre de levée proclamé. Des cinq milliers prévus, deux avaient convergé au centre du pouvoir baronnial, et les trois autres étaient soit en route, soit au nord, à Kregan, prêts à faire la jonction entre les armées. Le Lys avait revêtu son armure aux couleurs de l'or, et sa cape pourpre caressait le sol lorsque sa jambe gauche menaçait de céder. Il avait décidé de se séparer de sa canne tant qu'il revêtait sa cuirasse. En effet, son mal se retirait petit à petit, et si seule Alanya savait qu'il était en rémission, il tenait à conserver son image de boiteux et d'homme faible. Cela lui donnait un avantage. Toutefois, sa jambe n'était pas entièrement guérie, et l'avis des médecins qui accompagnaient le couple baronnial était qu'il devait s'épargner les efforts inutiles. En soit, le corps médical maudissait en secret les barons, car une s'en venait alors qu'elle était enceinte, et l'autre affligeait à sa jambe des supplices inutiles.

Cependant, de sa douleur, certes inconfortable mais loin d'être intenable, le Lys n'en laissait rien transparaître. Il tenait son casque, ouvert au niveau des yeux et de la bouche, et orné d'une longue crinière rouge, sous son bras, et sa lame au fourreau claquait ses cuisses lorsqu'il marchait. Il descendit les dernières marches, talonné de sa garde personnelle, qui le menèrent à la cour où le carrosse baronnial occupait la primauté de l'attention. Avec un simple signe de tête, accompagné d'un sourire, à l'adresse de son épouse, il monta sur sa monture - non sans qu'on l'ait aidé. Puis, après un regard balayant les quelques nobliaux qui les accompagnaient, et quelques chevaliers parmi les plus riches qui exploitaient l'honneur et le droit de chevaucher en tête du cortège, il leva bien haut la main, ce à quoi les soldats de l'orchestre soufflèrent le plus fort qu'ils purent dans leurs instruments, sonnant le départ. Le baron en tête, les cavaliers entamèrent la descente de la cité, passant devant toute la population de la cité venue pour les acclamer. Des « bravos ! » fusèrent, ainsi que quelques « Vive le baron et la baronne ! ». Lorsqu'ils franchirent la dernière herse, Duncan, souriant aux manants, accéléra sa monture. Tous les cavaliers derrière lui firent de même, et, à un léger galop, le baron et ses chevaliers passèrent devant les deux milliers d'hommes qui n'attendaient plus qu'eux.

Comme un seul homme, l'immense foule armée s'ébranla, et en colonne de quatre hommes de largeur, suivit la tête du cortège. Bifurquant, le baron hissa sa monture sur une petite colline, et le carrosse se plaça sur le côté, afin de laisser passer l'avant garde. Du haut de son piédestal, le Lys admira la discipline de deux milles hommes, avancer fièrement sous la bannière Alonnaise. On entendait les tambours, placés au sein des régiments, rythmer la marche, et le tout avait une allure de défilé. Au matin du quatrième jour de l'énnéade, ils quittaient la capitale. Le soir du cinquième jour verrait la jonction de toutes les troupes à Kregan. Ils se mettraient en direction du Nord au matin du sixième. Le Lys ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il pensa qu'il s'apprêtait à faire irruption face à son ancien suzerain, à la tête d'une baronnie et de cinq milles hommes frais. Duncan pensa alors, avec toute la fermeté qui lui était coutumière, que Jérôme de Clairssac était bien la dernière personne apte à juger Duncan, et que la rencontre entrerait dans l'Histoire. Tandis que les tambours continuaient de jouer, l'avant-garde, composée de quatre cents soldats, continua d'avancer, mais entre icelle et le corps de l'armée, le carrosse d'Alanya et ses gardes se glissa dans le cortège. D'un geste de la main, le Lys congédia ses nobles, les laissant rejoindre les contingents que leurs domaines avaient fournis. Avec sa seule garde, il descendit la colline, et partit rejoindre le carrosse de son épouse, ralentissant le rythme de sa monture immaculée. Parvenu à son côté, il parla d'une voix assez forte pour qu'elle puisse l'entendre.


« Je bénis le jour, ma chère, où vous daigneriez écouter la raison et les médecins. Vous, s'en allant en guerre alors que chargée telle que vous êtes ! Vous êtes un exemple de courage, ou la plus grande des imprudentes. » Il marqua une pause, mais assez courte pour que sa tendre n'ait point le temps de lui répondre. « La guerre contre les Sombres n'est pas celle qui sera la plus ardue à remporter, ma chère. Nous savons tout deux que nous ne nous rendons pas en cette terre malsaine de l'Oësgard pour prêter main forte aux seigneurs qui y sont. »



Dernière édition par Duncan du Lys le Sam 16 Jan 2016 - 19:50, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeMer 13 Jan 2016 - 18:00


« Ma Dame, vous n'êtes pas en état! Je vous en prie, ne mettez pas en péril l'enfant que vous portez... ».
La voix était indubitablement masculine et chevrotante. Une petite forme arquée se tenait face à la baronne tanis qu'elle finissait de clore les affaires courantes avant le grand départ. Sans même lever les yeux sur le médecin, elle poursuivait sa tâche dans un calme troublant. Tantôt paraphant une lettre, tantôt acquiessant du chef sur les choix vestimentaires qu'était en train de faire Ingrid, l'homme aurait pu disparaître qu'elle ne s'en serait soucié.
« Vous vous souciez certainement de trop. J'ai une santé solide et tandis que certaines seraient déjà allitées, je tiens encore vaillement debout. Cessez donc avec vos prédictions apocalyptiques. »
Si le vieil homme fut choqué il n'en montra rien: l'âge avait sur les âmes cette influence bénéfique. Il avait toujours, du plus loins des souvenirs de la Belle, le médecin de sa famille. Il avait même accouché sa propre mère pour sa naissance, s'était dire qu'il la connaissait bien la tempétueuse Alanya. Elle ne l'avait jamais porté dans son coeur, mais après tout, qui aimait les mestres et leurs potions ? Des prédictions ou une réalité latente, cela importait peu. Le mestre portait un visage grave et malgré son physique vouté par le temps, il n'avait jamais tenu tête avec autant de force.
« C'est bien pour cela que je m'inquiète. Votre vaillance vous fera un jour défaut votre Honneur. L'enfant à l'air grand et bien portant et votre corps n'en sera que plus marqué. Des efforts trop intenses pourraient aussi bien déclencher une mauvaise saignée et dans ce cas là je ne pourrais sauver le bébé . Je doute même de parvenir à vous sauver vous si nous sommes loin de la capitale. »
D'un geste de la main Alanya congédia les serviteurs qui s'afferaient autour d'eux. Lorsqu'ils furent tous sortis, elle se leva -bien que péniblement- et se plaça face au docteur. Son ventre arrondi n'enlevait rien à la beauté sauvage de la baronne. Ses longs cheveux noirs cascadaient sur la courbe de ses seins et ses yeux étaient semblables à ceux du faucon posés sur une proie.
« Ma décision est prise. Je partirai pour la Sgardie avec les troupes Alonnaises que cela vous convienne ou non. Vous veillerez à ma santé là-bas et vous vous assurerez de ma bien portance et à celle de l'enfant que je porte jusqu'à notre retour. »
« Votre entêtement pourrait vous coûter cher, ma Dame. »
« Alors il en sera ainsi. »

Le voyage promettait d'être long et fastidieux. L'enfant lui causait des soucis dont elle aurait voulu se passer et son médecin la suivait comme son ombre. Le moindre signe de faiblesse serait catastrophique pour la suite du périple et le morale des troupes n'en seraient que plus affectés. Ce jour se lavait d'un beau ciel de printemps. Ils chemineraient jusqu'au lendemain soir, afin d'attednre la frontière et de lier les deux armées. Cinq milles hommes. Les bannières du Faucon et du Lys flottaient fièrement dans la petite brise matinale, sous le brouhaha des soldats. Des cliquetis d'armures au tintement de l'épée que l'on tire, tout cela ne lui était malheureusement pas si étranger.
L'Alonna était une terre de guerriers et de guerres et le sang de son peuple avait trop de fois été versé. Pourtant cette fois-ci serait différente des précdentes. Elle le sentait dans son coeur et dans ses tripes. Elle ne partait pas l'âme en peine, bien au contraire. Elle avait le feu dans le regard, la passion qui lui dévorait le corps. D'ailleurs, elle iradiait en ce jour. Nul ne pouvait ignorer sa présence tant elle était fière. Aujourd'hui serait mise en branle une machine que l'on arrêtera bientôt plus. Sa garde de part et d'autre, elle traversa la cour du castel pour parvenir jusqu'au carosse qui l'attendait. Elle aurait aimé chevaucher comme d'antan mais le mestre avait tellemen insisté qu'elle avait fini par abdiquer. Pauvre homme. Il ne savait donc pas que l'on ne peut aller à l'encontre d'une tempête?
Bientôt les rangs se formèrent et les ordres fusèrent. Hermance était sur le qui-vive depuis la veille et ne laissait rien au hasard. Cet homme né de rien et devenu sénéchal. Un homme à qui elle tenait énormément et qui -elle le savait- lui resterait fidèle jusqu'à son dernier souffle. Il ne manquait qu'un homme au tableau: son mari. Elle ne l'avait pas revu depuis l'avant-veille. Elle lui avait fait parvenir une autre potion pour le soulager de ses maux. Malgré la rapidité de leur mariage -et tout simplement de leur rencontre- elle avait de la sympathie pour cet homme. Elle n'aurait certainement pas su l'expliquer mais elle avait étrangement foi en lui. Après tout, ils nourrissaient les mêmes ambitions. Jamais leur conversation n'était lassante et leur jeu de ruse affuté d'autant plus son âme politique. Et le voyage en Sgarde promettait d'être riche en rencontre. S'il lui tardait de rencontrer le Corbeau de Serramire, elle aurait tout donné pour ne pas voir Jérôme. Le pauvre baron devenu malgré lui le dindon de la farce. Comment prendrait-il le mariage de la baronne avec son conseiller ? Si elle savait feindre à la perfection le jeu de l'amour, elle doutait que l'Ethernan gobe le mensonge aussi bien que ses comparses.
Les tambours résonnèrent bientôt à travers tout les Trois-Murs et Duncan, flamboyant sur son destrier, pris la tête du cortège, saluant la foule qui s'était massé pour voir le couple baronnial et ses vassaux passer. Les hourra résonnèrent et les roulements des instruments accentuaient la magnificiance de la marche. Les deux milles soldats qui avaient rejoins Alonna avançaient vers Kreskan puis l'armée réunifiée marchera sur la Sgarde. Le Boiteux, une fois la ville au loin, plaça son cheval à la gauche du carosse. Alanya acceuillit sa remarque avec le sourire. Les cheveux blonds du bel homme brillait sous les rayons du soleil.
« Qui de nous deux cause le plus de soucis aux médecins mon ami ? »
Une douleur lui arracha un petit rictus qu'elle s'efforça de cacher autant que possible. Son ventre lui était douloureux et le chemin chaotique n'arrangeait rien.
« La guerre que nous allons menée a déjà commencé bien avant les Sombres. Il sera ardue de faire entendre la raison à certains... Et pourtant, ce n'est pas eux que je crains. J'ai l'appréhension de croiser Jérôme. Il est aussi capricieux qu'un enfant et ses décisions ne sont jamais logiques ni même censée...». Elle lui offrit un sourire carnassier. « Pour le reste, je suis d'humeur joueuse. ».
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeMer 13 Jan 2016 - 20:22


Duncan ne put s'empêcher de rire quelque peu lorsqu'Alanya mentionna Jérôme. Le Lys ne ressentait nullement d'appréhension vis à vis de revoir Jérôme. Il attendait, bien au contraire, de revoir son ancien suzerain. En revanche, il était quelque peu sceptique vis à vis de la présence d'Aymeric de Brochant. Le rire du Lys se prolongea quelques instants, puis il marqua un silence. Ce dernier dura suffisamment longtemps pour que Duncan sente Alanya sur le point de l'interroger sur sa crise d'hilarité, puis, sans lui laisser l'occasion, souriant, il répondit.

« Jérôme est, en effet, en dépit de toute l'affection que je lui porte, un enfant. Il a poursuivi le rêve de la Sgarde, en y dépêchant six milles hommes, quitte à rompre son allégeance à Odélian au profit de la couronne, et ce malgré mes vifs conseils de ne point le faire. Tel que je le connais, il se sera déjà confondu en excuses devant ceux qu'il a offensé, prétendant qu'il ne savait rien des intentions belliqueuses de la régente. Cela dit...Je doute qu'il renonce si aisément à prendre la Sgardie, qu'il en soit le baron, le roi, et cela à son titre ou pour un autre.

De tout le Nord par delà Odélian, nous sommes l'unique armée qui n'a pas subi d'amputation récente. Odélian a subi de graves revers lorsque Madeleyne s'est ralliée à la couronne, contre Velteroc. Etherna et Serramire ont souffert de l'affrontement contre les Drows. Alonna, elle, est vierge, à l'exception des stigmates de la guerre civile qui ne tarderont pas à cicatriser. Par notre arrivée, nous pèserons dans la balance. On ne peut se permettre d'ignorer cinq milles hommes frais dans des négociations, et je pense qu'Aymeric de Brochant le sait. Qui plus est...Je ne tiens pas à avoir une présence autre que Serramiroise ou Alonnaise au Nord de nos terres. »


Tout en continuant de faire avancer le cortège, le Lys appela l'un des siens, et après lui avoir demandé de tenir la bride de son cheval, ouvrit la porte du carrosse. Il sauta presque dans celui-ci, tombant dans un bruit sourd. Puis, se relevant et s'asseyant à côté de son épouse, il se recoiffa rapidement en arborant l'un de ces sourires, que l'on trouve d'habitude sur les visages des enfants venant de commettre une sottise. Il haussa ses sourcils, puis ria doucement à nouveau, en tendant sa main gauche à son épouse, paume vers le sol, comme pour lui intimer de lui retirer son gantelet.


« Ne m'en voulez pas, amie. Je ne saurais expliquer pourquoi mon humeur est ainsi joueuse et à la légèreté alors que nous marchons pour sceller nos destins. Me permettez vous de demeurer quelques temps avec vous ? »
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeMer 13 Jan 2016 - 23:15


La baronne ne put retenir un petit rire cristallin malicieux. Le baron s'était faufilé avec agilité -mais sans grâce aucune- dans le carosse qui faisait route vers le Nord de l'Alonnan. Il serait ainsi beaucoup plus simple de se parler. La mine un peut déconfite de l'homme qui tenait la bride du cheval de Duncan acheva les doutes de la baronne. Il était étrange que tout deux aient un coeur aussi léger alors que la guerre les attendait et pire encore, il s'y jouerait certainement l'avenir de leur petite enclave si chère à Alanya. Elle était comme une louve avec son petit. Elle se batterai bec et ongles pour toujours obtenir le meilleur -et avec son mariage elle ne doutait plus de rien. Le futur leur tendait les bras. Ils avaient, en ce jour, l'insolence d'adolescents. Avec délicatesse et non sans mal, elle lui hôta le gantelet de sa main tendue.

« Il est de toute façon trop tard pour refuser votre présence mon cher. ». Un sourire franc illumina son visage. Elle laissa choir près de Duncan sa protection et sans lui laisser le loisir de poursuivre lui même, s'attela à l'autre main. « Il me plait de voir que vous souffrez de moins en moins. Bientôt je gagerai que vous serez aussi fringuant qu'à vos seize ans. ».

Duncan n'avait que quatre ans de plus qu'elle mais la gentille pique l'amusait. Elle ne l'avait jamais encore taquiné de la sorte et elle même ne comprenait pas l'état euphorique dans lequel elle se trouvait. Et même s'il n'avait pas la fougue de la prime jeunesse, le Lys gardait un physique plaisant. Ses yeux verts luisaient d'une intelligence peu commune qui la perdait malgré elle. « Je crois que cette campagne me ravie autant que vous, Duncan. Je ne saurais l'expliquer mais mon coeur est en liesse et je pars l'esprit léger. La tâche sera ardue et je doute que l'on nous réserve bon accueil mais cela ne m'inquiète pas. Ou du moins, cela ne m'inquiète plus. Avez-vous déjà une fois ressentit ce sentiment étrange et désinvolte où tout semble vous sourire ? ». Elle marqua une pause, posant le deuxième gantelet sur l'autre avant de plonger son regard dans ses yeux. « Les temps changent mon ami et je sens au fond de moi que le vent tourne en notre faveur. »

Alanya s'interrompit et brisa le contact visuel dans un éclat de rire. « Je n'ai jamais cru aux prédictions des bonnes femmes et voilà que je me met à parler comme elles! Ah... Si mon oncle voyait ça... Il m'aurait certainement corrigé pour ces quelques paroles. ». L'évocation de son tuteur assombri son visage. Il y avait en cette femme un passé qui la hantait encore et qui la hanterait pour le restant de ces jours. Philippes de Broissieux n'était pas un homme joyeux. Il était même sévère et ne pardonnait rien à sa pupille, quite à la rosser pour les bétises de son propre fils, feu Desmond baron d'Alonna. Il l'avait toujours préparé à régner que cela sois sur sa terre ou sur le trône de la baronnie et si elle choyait ses enseignements, elle les aborrait avec la même force. « Laissons les morts où ils sont. Nous avons bien assez à faire avec les vivants. » La phrase lui avait échappé malgré elle, aussi accrocha-t-elle son plus beau sourire sur ses lèvres comme pour faire oublier ce qu'elle venait de dire. « Et vous, mon époux, dites-moi ce qui rend le coeur d'un homme aussi serein ? Serait-ce votre charmante femme ? ».
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 0:25

Le Lys ne se gêna pas pour se mettre à l'aise dans le carrosse. Il ajusta son fessier sur le fond de la banquette, et se laissa débarrasser les gantelets par son épouse, qu'il remercia d'un geste de tête accompagné d'un sourire. Lorsqu'elle mentionna sa jambe, le Lys, par réflexe, esquissa quelques petits gestes comme pour affronter la douleur. Il la laissa terminer, puis répondit :

« Oui, vous avez raison. D'ici moins d'un mois, je devrais être apte à marcher sans ma canne. La douleur est toujours présente, mais m'épargne lorsque cela lui sied. J'envisage néanmoins de poursuvire à user de ma canne. Cela me donnera un avantage sur mes ennemis s'ils me croient diminués, et puis...» Il releva la tête du cobra, qui ornait le sceptre et canne de Duncan. Celle ci était le pommeau d'une dague, longue et fine. « Cela en surprendra plus d'un si l'on voulait attenter à ma vie. »

Le baron écouta sa femme parler. Elle lui décrivait des symptômes que Duncan décelait également chez lui même, et Le Lys ria aussi lorsque son épouse fut soudainement prise d'un rire enfantin. Regardant par la fenêtre, d'où l'on pouvait voir l'avant garde de l'armée suivre la route qui virait, il se saisit de la main de son épouse dont la peau froide contrastait avec la chaleur dans laquelle il cuisait, protégé par son armure. D'un air presque indifférent, mais calculé, il passait son pouce sur les doigts de la baronne. Ce qu'elle décrivait, Duncan avait quelques doutes sur sa nature. Il fit alors face à un dilemme. Son visage se tourna encore plus vers la fenêtre pour n'être point vu, et de sa main libre, il caressa la tête du cobra argenté. Qui, du Serpent ou du Mari, remporterait la partie ?

« Ce que vous ressentez, ma Dame, cette allégresse alors que ni le lieu, ni les circonstances ne la justifie...Je ne l'ai pas encore ressentie jusqu'à récemment. Je pense qu'il s'agit...» Le Lys s'arrêta soudainement. Il posa les yeux sur sa canne. Le Cobra le regardait. Alors, simplement, il tourna la tête du Reptile, afin qu'il regarde le sol, puis posa ses yeux sur son épouse, souriant sincèrement. « Vous parlez d'amour, je pense. Et si ce que je pense est correct, alors, oui, vous êtes la cause de ma sérénité, tout comme je suis celle de la vôtre.

Je ne suis pas dupe, Alanya. Si vous avez accepté de m'épouser, c'est par intérêt. Et pourtant vous voilà, vos yeux vous trahissant, fomentant en votre sein des sentiments pour un homme qui, il y a encore quelques mois, a œuvré contre vous dans l'intérêt du Nord. Le passé, à l'instar des morts, n'a pas à faire l'objet de nos pensées. Je sais que vous ne me confieriez pas votre vie, tout comme je ne vous confierais pas la mienne. Mais j'aimerais que vous sachiez que je mettrais la mienne en péril pour sauver la vôtre. Pas par intérêt. »
Il s'arrêta, et la regarda dans les yeux, d'un certain air, non grave, mais sincère, profondément honnête et franc. « Mais par sentiment. »


Dernière édition par Duncan du Lys le Jeu 14 Jan 2016 - 13:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 1:17


La baronne appréciait le doux contact des doigts de Duncan sur sa propre main. S'il semblait préoccupé par le décor qui se déroulait à l'extérieur, sa remarque semblait sortir du fond de son coeur, franc et sans appriori. Les mots s'envolèrent dans un silence qui, par l'absence de bruit, semblait pourtant si plein. Elle scruta les traits de son visage sans faillir, suivant chacune de ses lignes avec minutie. Il avait le même genre de beauté qu'Alanya: il n'était pas beau comme on entendait la beauté chez un homme. Il avait cette chose qui émanait de lui et qui le rendait irrésistiblement attirant.
Le carosse s'ébranlait dans un rythme constant et la belle n'avait tojours pas répondu. Qu'aurait-elle dit de toute façon? Elle l'ignorait. Peut-être aurait-elle changé de sujet, peut-être l'aurait-elle embrassé. La belle était en proie à la nouveauté. Jamais elle n'avait autant été prise de cours. Elle affirma un peu plus la prise sur la main de du Boiteux, tendre réconfort. Le mutisme n'était pas pesant et son mari ne chercha pas à obtenir une prompt réponse. Sa main libre se posa machinalement sur son ventre. L'enfant bougeait beaucoup mais les révélations du Lys avaient pris le dessus sur ses douleurs.

« Vous me troulez, Duncan. ». Elle détourna le regard pour le fixer sur l'environnement qui défilait. Elle observa sa garde et, plus loin à l'avant Hermance. Qui se doutait de ce qu'il se passait dans le carosse baronnial à cette heure-ci ? « Hier encore j'étais pleine de certitudes et aujourd'hui j'ignore jusqu'à mon propre nom. Si ma raison a crié de ne pas vous faire confiance -jamais- je ne peux m'y résoudre. Aurais-je un jour votre entière loyauté ? ».Elle laissa filer quelques secondes avant qu'un sourire n'éclaire son visage. « Tout cela m'est bien étranger pour tout vous avouer. Et si c'est cela l'amour, alors c'est bien de ce mal que je souffre. ».

Alanya se leva et poussa négligemment l'attirail militaire de Duncan. Elle s'installa confortablement à ses côtés. « Il y a des choses qu'on ne peut faire par interêt. ». Elle tourna la tête de son époux avec une main délicate et dans une pulsion qu'elle n'aurait pu expliquer, ses lèvres se posèrent sur les siennes dans un baiser hors du temps. Il était tendre, à l'image de l'allégresse de leurs âmes. Lorsqu'elle se détacha, la baronne posa ses yeux sur le visage de l'homme. Elle ne scilla pas une seconde et un sourire s'afficha sur son visage. Il était sincère et son regard brillait de sincérité. « Voilà là la seule chose que vous n'aurez jamais besoin de négocier. ». Rompant avec le poids des mots qu'ils venaient tout deux de prononcer, elle eut un petit rictus amusé. « Pour le reste, je ne gage rien. Je suis de celles qui ne s'achètent pas facilement mon ami. ».

La malice s'était fermement installée sur ses traits parfaits. Elle était toujours d'humeur joueuse et la route promettait d'être encore longue. « Dites-moi, Monsieur le Baron, que comptez vous faire à présent? Vous ne pouvez plus vous enfuir à cheval, loin de moi et de mes maléfices... ». La malice muta en sourire carnassier tandis qu'elle laissait courir ses doigts sur son armure. D'un geste maitrisé elle tira les rideaux des fenêtres. Ainsi privé du spectacle extérieur, il n'aurait d'autre choix que de lui porter toute son attention.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 9:51

Les yeux du Lys se jouèrent de leurs sourcils, et un fin sourire malicieux se dessina sur les lèvres du baron. Sans qu'il n'ait réellement besoin de le dire, Alanya se doutait que l'exclusivité de la situation la rendait d'autant plus incongrue, qu'aucun des deux belligérants ne s'attendaient à un tel revirement. Les sentiments n'avaient guère leur place dans le monde de la politique, et lorsqu'ils survenaient, c'était chose si rare et si surprenante, que se regarder dans le blanc des yeux recouvrait une toute nouvelle difficulté. Néanmoins l'engrossée posa une question de taille, et le Lys prit quelques instants pour y répondre. Son ton était...comment dire ? Quelque peu tâtonnant dans une pénombre, dénué de lumière.

« Je ne me ferais pas confiance à moi-même, Alanya. Mais il me semble que ni vous, ni moi n'avions prévu d'éprouver quelque chose. Cela balaie, d'un simple revers, toutes les équations que nous avions monté. N'est-ce pas là l'un de nos vieux proverbes ? Le cœur a ses raisons, que la raison ignore. Quant à ma loyauté, Alanya...Vous semblez déjà posséder une partie de mon cœur, laissez moi encore manier mon bras ! »

Il fut surpris lorsqu'un baiser lui répondit. Si Alanya ferma les yeux lors de celui-ci, les yeux de Duncan s'agrandirent à tel point que ses sourcils touchèrent le haut de son front, trahissant la stupéfaction. Puis ceux-ci se froncèrent une fraction de seconde avant de se relâcher, tandis que le baron rendait le baiser à sa dame. Le Lys s'attarda même quelques secondes de plus, même lorsque l'étreinte était finie, comme un enfant qui redemandait des sucreries. Il sourit, puis ce sourire se transforma en rire, ce genre de légèreté néophyte. Il avait toujours été à l'aise pour charmer, mais dès qu'il s'agissait d'aller plus en avant dans la séduction, il perdait rapidement ses moyens.

« Et bien...les maléfices sont, d'ordinaire, l'apanage des salo...sorcières ! Je voulais dire, une sorcière ! Je suis navré...» Mis extrêmement mal à l'aise par sa bourde, le Lys tenta de se lever, mais comme il oubliait qu'il se trouvait dans un carrosse au plafond bas...« Aïe ! Damnation, que les enfers emportent ce plafond ! » En évitant de croiser le regard de sa belle, le Lys se rassit, bien droit, les mains sur les genoux. « Cela vous amuse, de me torturer. Vous riez de ma gêne, je le sens bien. »


Dernière édition par Duncan du Lys le Jeu 14 Jan 2016 - 13:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 11:47


Si elle s'était retenue, elle ne pu tenir d'avantage et éclata dans un rire franc. Le pauvre Duncan ignorait bien des choses et son inexpérience ravissait d'autant plus Alanya qu'il était, à ses heures, aussi maladroit qu'un adolescent. Le Lys était bien mal à l'aise face à sa propre ignorance et dans ce petit carosse il ne pouvait fuir. La baronne avait parfaitement ignoré sa veine tentative de réplique. Elle s'en serait offusqué en d'autres temps mais ici, elle trouvait les défauts de langage charmants.
Le chemin cahotique ne parvenait pas à calmer l'hilarité de la belle, si bien qu'il lui fallut deux bonnes minutes pour cesser tout à fait. Elle se releva et passa une main protectrice sur son crâne qu'il venait de frapper assez violemment contre le plafond qu'il maudissait certainement à cet instant.

« Il vaut mieux en rire qu'en pleurer vous ne pensez pas ? Je trouve que votre maladresse contribue à votre charme. ». Elle saisit une de ses propres mèche et commença à jouer avec entre ses doigts, feignant une timidité qui n'était pas un de ses traits de caractère. « Et puis ces choses s'aprennent mon ami. Ne vous ai-je pas déjà montré un apperçu ? ». La baronne ajoutait à l'embarra du baron mais cela lui plaisait. Elle avait l'ascendant sur cet homme qu'elle admirait pour sa vivacité d'esprit et qui en était réduit à son inexpérience.

Elle s'approcha encore et laissa son souffle se perdre dans le cou de l'homme qui n'avait pas encore bougé. « Ne sous estimez jamais le pouvoir d'un geste tendre, d'un baiser ou d'une baise. Ce sont des actions parfois bien plus puissantes que n'importe quel discours politique. ». Elle se recula pour lui offrir le même sourire en coin qu'à l'accoutumé. Un sourire de prédateur face à proie, de ceux qu'on ne peut oublier. « Suis-je une bonne professeure ? ».

Alanya eut un petit rire. La distance entre eux était minime, et elle le savait, cela rendrait la discussion d'autant plus intéréssante que le baron semblait toujours gêné de la bourde qu'il avait plus tôt prononcé. Elle avait envie de jouer avec lui, comme un chat avec une souris, et lui semblait tout aussi prêt à entrer dans son jeu. Du moins elle l'espérait.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 13:12

Le visage d'Alanya était si près que le Lys pouvait sentir le souffle de la belle dans sa nuque. Son œil droit se perdit quelque peu, tandis que le gauche se fermait. La proximité de son épouse eut quelques effets, désirables ou non - selon du point de vue. Il sentit la zone inférieure de son corps se raidir, ce qui eut pour effet de lui faire mal. Les armures n'étaient pas réellement conçues pour être parés aux éventualités charnelles. N'osant accommoder le tout, le Lys sentit donc, progressivement, le tout se durcir et grandir en taille, et plus les charmes d'Alanya le vainquaient, plus il avait mal, car le contact de la chair contre l'acier est rarement plaisant. Lorsqu'elle mentionna le mot « baise », le Lys sucra une bouffée d'air, ce qui pour effet de le faire tousser.

« Et bien...Je suppose que...Vous avez raison. »

De sa main droite, délivrée du gantelet, il passa son pouce sous le menton d'Alanya. Le pouls du baron n'aurait pu être plus élevé qu'à présent. Sa main droite descendit le long de la nuque de son épouse, la saisissant avec douceur, et la gratifiant de quelques retours de la part du pouce. De l'autre, il s'empara des cheveux de la baronne, en prenant soin de ne pas lui faire de mal, et les serra fort tandis qu'il plaquait ses lèvres contre celles d'Alanya. Il délia la gorge de son épouse, pour venir saisir fermement la cuisse d'icelle, en remontant lentement sa robe. Un instant, près de la porte du carrosse, il fut tenté d'en sortir pour échapper à la gêne qui s'était emparée de lui. En l'embrassant toujours, le Lys ouvrit un œil, hésitant à se soustraire aux chaleureuses griffes de sa femme.

« Vous êtes bonne professeure, ma chère. Mais je ne suis guère bon élève. »

Il se retira alors, sur la banquette opposée, face à son épouse. Le regard du Lys variait entre le sol du carrosse et la plaine environnante. Quelque peu honteux face à son excès de zèle, il sentit ses joues s'empourprer sans lutter contre le vermeil qui lui montait au visage. Il protégea ses lèvres de sa main gauche, portant ses doigts à hauteur de sa barbe, comme pour voiler le bas de son visage. Sa pomme d'Adam jongla lorsqu'il avala sa salive, trahissant son mal-être.

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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 14:04


Le baiser surpris la belle mais ne se retira pas pour autant. Elle appréciait ce contact malgré tout et la fougue du jeune homme trouvait rapidement écho dans les douces caresses de sa baronne. Mais tout fini bien trop vite et sans attendre son reste, il se déplaça de nouveau. De quoi avait-il si peur ? Dans un silence gêné, il regardait tantôt par la fenêtre tantôt le sol. Ses traits trahissaient une anxiété et une gêne nouvelle. L'avait-elle poussé trop loin? Il était encore peu sûr de lui et elle n'arrangeait certainement rien à son malaise.

« Qu'est-ce qui vous gêne à ce point mon ami ? ». Elle avait rompu le silence qui avait fini par devenir pesant. Il était difficile de lire à travers le Lys. Il aurait d'ailleurs fait un très bon acteur bien que dans la présente situation son talent déservait Alanya. Elle scrutait son visage et ses variations. L'empourprement de l'homme l'aurait en d'autres circonstances amusées mais son mal être semblait si puissant qu'elle se résolu à ne point le relever.

Il sembla se détâcher un peu du paysage et inspira profondément. « J'ai passé ma vie à avoir le contrôle sur tout ce qui m'entourait, et sur tout ceux qui m'entouraient. Et pour la première fois, je fais face à quelque chose dont je ne sais rien. Quelque chose que je ne connais pas. Et cela m'effraie, tout comme cela devrait effrayer tous les mâles de Miradelphia. ». Alanya ne bougea pas dans un premier temps. Il avait encore la pudeur d'un adolescent. Lentement, dans un geste résolument délicat, elle saisit son visage, souriant amicalement. Un sourire qu'elle réservait à peu d'hommes -si ce n'est aucun. Elle pouvait être ingrate comme d'une extrême gentillesse, et cette variabilité d'humeurs en troublait beaucoup. « Voulez-vous entendre un secret Duncan? ». Il reporta toute son attention sur la baronne en levant un sourcil interrogateur. « Cela vous effraiera toujours d'une certaine manière. L'amour -et j'entends par là l'acte- ne sera jamais le même d'un jour à l'autre, d'une personne à une autre. Il y aura toujours en vous mon ami une petite part d'appréhension. ».

Elle caressa la joue de son époux, son sourire toujours figé sur son visage. « Ce ne sont pas des choses qui s'apprennent, je le crains. Cela doit se vivre pour se comprendre, à l'image des bêtises d'enfants. On ne comprend que le feu brûle que lorsqu'on y est confronté, et quand bien même les réprimendes des adultes. Il en va de même pour ça. ». Elle s'arrêta quelques secondes, brisant le contact de sa main et se reculant dans son siège. « Jamais je ne vous forcerai la main et si votre malaise est trop grand, nous attendrons que vous vous sentiez plus en confiance. Pour autant, sachez qu'il n'y a pas de remède magique et que l'on apprend sur le tas. ». Sa voix était douce mais sans détours. Elle venait de lui dire la vérité et elle le pensait sincèrement. Elle même avait vécu la frustration qu'il ressentait et elle ne lui souhaitait pas les tourments qui la hantaient encore...
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 14:39


Le Lys ne répondit pas aux paroles de son épouse. Dans un premier temps, parce qu'il savait qu'elle avait raison. Ce dont ils parlaient n'était pas de ces choses qui s'apprenaient dans les livres et les histoires. C'était l'un de ces rares domaines dans lesquels ceux qui excellaient était des praticiens. Durant un long quart d'heure, le baron garda son visage à moitié caché par sa main. Il avait tiré le rideau, afin de voir les plaines. Parfois ses yeux se baissaient légèrement, puis bifurquaient pour voir un cavalier passer près de leur carrosse. Négligemment, il se gratta la barbe et le menton de son pouce. Sans qu'elle ne le remarque, le Lys posa les yeux sur sa femme. Il la désirait, cela ne faisait aucun doute. Le ventre tendu compliquait quelque peu la chose, certes, mais le corps de la baronne ne le laissait pas indifférent.

Mais que l'on s'entende bien : il ne la souhaitait pas comme objet. Ce n'était pas l'une de ces simples pulsions charnelles qui s’assouvissent par l'acte, et qui une fois rassasiées, se tiennent calmement en attendant qu'elles rejaillissent. Non, ce n'était pas de ces désirs, que l'on réserve habituellement aux catins. Duncan voulait la prendre, comme on prend une épouse digne. Sa main, cachant son visage, se tourna, pour que le poing vienne se loger contre les lèvres du Lys, qui tourna le faciès vers son épouse.


« Vous avez raison. Vous l'aurez remarqué, je n'aime guère la vulnérabilité. Et... » Il s'arrêta, riant légèrement d'un air timide. « Je gage qu'il y a plus désagréable comme enseignement. Alors, soyez ma professeure. »

A cet instant, la main droite du Lys, celle qui ne cachait pas son menton, était sur son genou droit, et ses doigts se dépliaient et se contractaient si vite sous l'anxiété qu'on aurait juré que le Lys était adepte du clavecin. Tandis que la main droite du baron dansait, la gauche grattait la tempe du chevalier. Ses sourcils se levèrent quelque peu, et ses lèvres se plissèrent tandis qu'il referma le rideau. Puis, il joignit ses mains, et tandis que celles ci se tenaient sur ses genoux, ses doigts se joignaient puis se disloquaient, tandis que les lèvres du Lys étaient toujours plissées.

« Je vous présente mes excuses si ma gêne vous a incommodée. Je...gage que je ne regretterais guère d'avoir...pratiqué, la chose, si je puis dire. Et si cela peut vous rassurer, vous êtes une femme d'une grande beauté, et dont le corps porte la signature du désir. Alors...Me voilà à votre merci la plus complète. Agissez selon vos souhaits. »
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 17:38


Il ne répondit pas. D'ailleurs le temps qu'il s'écoula lui paru une éternité. Elle ne le connaissait pas encore assez pour savoir ses paroles avaient froissé son égaux où il s'agissait simplement une de ses sempiternelles réflexions. Toujours est-il qu'elle oublia même la notion du temps, divaguant sur le paysage qui défilait au rythme de la marche de l'armée. On voyait de temps à autres quelques cavaliers passer au niveau des fenêtres. Certains s'autorisaient même un regard curieux vers le carosse. Alanya les voyait sans pour autant leur prêter l'attention qu'ils attendaient. Elle était bien plus préoccupé par ce qui était et ce qui se passerait bientôt.

Son ventre se contracta une fois ou deux sous la violence des coups de l'enfant qu'elle portait. Et même si elle ne le montrait pas, elle détestait sa situation. Elle qui avait toujours été désiré devenait à présent une poule engrossi. Pire encore, elle avait en elle un bâtard qui naitrait sous un joli nom et qui toujours ignorera la vérité. Peut-être aurait-elle mieux fait de prendre une potion pour le retirer de son corps. Peut-être aurait elle dû mais le prix qu'il représentait était bien plus grand. Il était un gage de paiement et de protection, une monnaie bien plus précieuse que mille hommes.
Ses yeux se portèrent sur son époux. Duncan était un bel homme, on ne pouvait le nier. Ainsi accoutré de son armure rutilente, il semblait plus impressionnant qu'à l'accoutumé. Son regard semblait pourtant perdu dans les mêmes réflexions sans sens qu'elle. Elle ne regrettait jamais ses choix et même si elle devait en payer de sa vie, jamais elle ne regrettera celui de son mariage. Il n'était pas un homme désagréable et ses intensions étaient somme toute similaires aux siennes. Un allié de choix dont elle devait tout de même se méfier. Qui l'emprêcherait de la tromper comme il avait dupé Jérôme et Aymeric ? Personne n'aurait pu le garantir, pas plus qu'elle aurait pu garantir que jamais elle ne s'opposerait à lui de quelque façon. Ils avaient l'un pour l'autre une profonde attirance, une attirance pour leur similitude et à la fois pour leur divergence. Alanya ne pouvait nier: il ne la laissait pas insensible.

Lorsque le silence fut rompu par lui, elle leva un sourcil. Il était rare qu'il se sorte lui-même de ses torpeurs, d'autant plus pour endosser la responsabilité de la tension qui régnait alors dans le véhicule. Tandis qu'il parlait assez mal assuré mais pourtant calmement, elle ne cessa d'observer les traits de son visage. Peut-être même qu'elle l'entendait sans pour autant l'écouter, trop obnubilé par son nez droit, ses pommettes hautes et ses yeux verts. Elle se surpris même à lui répondre machinalement, comme si son âme était totalement dissocié en deux tâches. « Vous n'êtes pas un jouet Monseigneur, alors je ne vous traiterai jamais de la sorte. Sachez que si je m'amuse de vous, c'est que je vous respecte au moins pour le double. Vous êtes un homme fort et habile, mais un homme tout de même. Et il de notre condition normal d'avoir des faiblesses tant d'esprit que de corps. ».

Lâchant son obsession, elle posa une main délicate sur celle qui témoignait de l'anxiété du baron. Une main rassurante et ferme, qui incitait à l'apaisement. Elle ne ferait rien qui le mette d'avantage dans l'ambarras. Même s'il ne disait rien, il avait une rigueur envers lui-même qui l'obligeait à se remettre en question, elle en était persuadé. Rien ne devait être fruit du hasard. A cet instant, le temps s'égraina pour ne devenir qu'une notion floue. Ils n'avaient pas besoin de ça. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui était à eux et demain aussi. L'avenir leur appartenait. « Vos désirs ne sont pas de mauvaises choses. Désirer est le premier pas vers l'obtention de toute chose. ». Elle s'arrêta en pressant un peu plus la main du Lys. La phrase sonnait de deux manières et Alanya prit soin d'attendre qu'il les saisissent tout à fait. Elle désirait beaucoup de choses et chaque désir motiverait les actes. « Que desires-tu Duncan ? ». Jamais elle ne l'avait tutoyé et ce signe de familiarité lui avait échappé malgré elle...
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 19:55

« Tu ? »

Le Lys sourit en coin. Il ne dégagea pas sa main de l'étreinte que la baronne lui avait imposé. Au contraire, il écarta ses doigts pour que ceux de son épouse croisent les siens. Le baron retourna son visage, puis s'assura que les rideaux étaient clos. Puis, armé d'un sourire manquant d'assurance, il posa son front contre celui de son épouse. Imperceptiblement, le gravier cessa d'être assourdissant. Les défauts de la route n'importunèrent plus les époux. Si le carrosse bougeait, Duncan ne le sentait plus. Il n'entendait ni les sabots, ni le fracas des bottes martyrisant le sol. Tout, autour de lui, semblait s'être figé. Il n'y avait, face à lui, qu'une femme, la sienne.

Lentement, le souffle fort, il posa un baiser sur la lèvre supérieure d'Alanya. Cette dernière le lui rendit, et le Lys sentit que la baronne se retenait, par peur de provoquer le même recul dont il avait fait preuve plusieurs minutes auparavant. Puis, presque brusquement, sa main délia le haut de la robe de son épouse, et sans chercher à lui enlever intégralement, il en retira assez pour se saisir d'un sein, d'en caresser le contour. Cela l'excita assez pour qu'il se sente inconfortable comme auparavant. Comme elle était enceinte, Le Lys soulagea son dos sur le fond de la banquette, laissant Ala s'allonger de dos sur lui. De là, il étreignit la vigoureuse poitrine de son épouse, sans oser descendre plus bas. Par mégarde, il lui mordit même la langue. Alanya ne tarda pas à se redresser, puis rompant dans un premier temps le baiser, elle lui mordilla la lèvre, tandis que son époux s'affairait à retrouver les siennes. Elle déposa alors ses lèvres sur le cou de Duncan, dispensant grands biens à sa peau.

Le Lys sentit alors la main de son épouse s'emparer de la sienne, et la guider vers où seul lui - du moins l'espérait-il - était disposé à se rendre. Elle passa leurs mains sous sa robe, puis abandonna celle du Lys à son oeuvre. Il ne tarda guère à s'affairer, en y glissant subtilement ses doigts. Ce n'était pas désagréable. Cela était...étrange. Et cela avait de l'effet. C'en était presque surprenant, à tel point le plus simple des gestes pouvait avoir autant d'effet. La baronne s'attela alors a déficeler les attaches des cuissardes du Lys, qui tombèrent sur le sol du carrosse dans un bruit sourd. En culotte longue, ainsi se retrouva le baron d'Alonna tout en contentant son épouse. Il délia lui même les attaches de sa cuirasse. Le Lys se retrouva dans l'attirail qui précède le revêtement de l'armure, à moitié allongé sur la banquette de son carrosse. Et un simple coup d'oeil suffisait à constater que le baron d'Alonna était heureux.


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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 21:05


La baronne ne s'attendait pas à ce qu'il réplique si vivement. Avait-il décidé de mettre sa peur de côté? Elle n'en savait rien mais elle appréciait le contact de ses lèvres sur les siennes. Plus encore elle aimait la tournure que prenait leur entretien privé. D'abord hésitant, la passion pris bientôt le pas. Ses mains pacouraient son corps avec l'assurance d'un homme accomplit que leurs souffles devenaient rauque et leurs coeurs battait pas chamade. Loin d'eux étaient la Sgardie et ses soucis. Même les cavaliers qui avaient pour charge la sécurité de leur carosse semblaient un lointain souvenir. Elle sentait l'assurance que prenait petit à petit Duncan et cela lui tira un sourire.

Sa grossesse ne l'avait pas privé de son désir, au contraire. On aurait dit que tout son corps répondait à un appel impérieux qu'elle seule pouvait entendre et qu'il partageait apparement. Alors qu'elle défaisait les derniers vestiges de son armure, il avait l'air réellement heureux. Ses yeux brillaient et ses lèvres étaient étirées dans un sourire satisfait. Lentement, elle déposa des baisers sur ses lèvres et son cou, profitant de la douce odeur qui se dégageait de ses cheveux blonds. Ses doigts caressèrent son membre viril tandis que sa bouche poursuivait sa course. Alanya était féline, tant et si bien que l'on aurait pu oublier sa grossesse. Ses yeux étaient fixement posé sur le visage de son époux, scrutant avec attention chacun de ses mouvements. Il ne bronchait pas, laissant la belle poursuivre son oeuvre.

Habilement, elle délassa sa culotte, son souffle chaud se répercutant sur le corps de son époux. Et c'est sans crier gare qu'elle le prit en bouche. A cet instant, elle n'entendait plus que les râles du Lys. Elle n'avait que rarement fait ça à un homme et de toute ces fois là, c'était certainement la première où elle appréciait donner sans rien attendre d'autre que le plaisir de son partenaire. Elle y mettait son coeur et cela se ressentait dans la respiration saccadée de plaisir du boiteux. Tandis que sa bouche continuait son oeuvre, ses mains caressaient le corps, effleurait parfois sa peau sensible. Un instant elle s'arrêtant, lâchant sa proie pour esquisser un rictus , sa langue effleura de sa base à son bout lentement. Elle le faisait attendre avec malice. Ce petit jeu l'amusait toujours.

Il caressa doucement ses cheveux, ses yeux l'implorant de continuer. Et si elle le laissa dans cet état quelques secondes, elle reprit son travail là où elle l'avait laissé. Chaque milimètre de la peau sensible de son sexe était visité tantôt pas la caresse de ses lèvres, tantôt par sa langue chaude. Elle n'hésitait pas à changer de rythme et de pression, observant toujours le plaisir qu'elle lui procurait...
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 22:43

C'est dans un silence complice que le Lys se faisait revêtir par son épouse. Malgré les mèches qui tombaient le long du visage du baron, on pouvait y déceler un sourire satisfait. Quelques instants auparavant, les mains du Lys s'étaient blanchies à force de serrer les bords de la banquette. Tout le temps où son épouse, à genoux devant lui, le comblait, il avait gardé ses yeux rivés sur le plafond, les lèvres entrouvertes, les yeux dans le vide. Le silence qui régnait dans son esprit n'était troublé que par les mimiques d'Alanya. Et à présent qu'elle serrait les sangles de sa cuirasse, il avait presque du mal à se dire que quelques instants auparavant, elle avait encore la bouche pleine. Elle s'était affairée jusqu'à ce qu'il soit purgé, et c'est comme revivifié qu'il descendit du carrosse lorsque celui-ci, à l'image de l'armée, s'était arrêtée.

Trois heures durant depuis leur départ, ils avaient d'abord conversé, avant de se retrouver en tant que mari et femme. Puis, durant une heure après leurs ébats, ils étaient demeurés en silence, à moitié dénudés l'un contre l'autre. Le Lys avait recouvert son air songeur, tenant la tête de son épouse contre son épaule. Ils avaient alors échangé plusieurs paroles, et avant tout des remerciements, qui s'imposaient. Puis les époux s'étaient entretenus de menus sujets, qui ne requièrent ni habileté ou atours. Ils estimèrent l'heure, puis le Lys s'adressa à l'un des cavaliers qui cinglait le carrosse pour ordonner une pause d'une demi-heure afin que les hommes puissent souffler. Son épouse, à moitié encore dénudée, et sur laquelle le regard du Lys s'attardait quelque peu, aida alors Duncan à réajuster son armure.

La tâche accomplie, le Serpent descendit du carrosse, tenant son casque sous son bras. Sa monture lui fut amenée mais il se contenta de la tirer par la bride. Au lieu de monter à cheval, il avança durant quelques minutes à pied, souriant aux soldats, et s'entretenant auprès de quelques uns. On lui offrit de l'eau, et il partagea quelques minutes de son temps avec un grand nombre de soldats au vu du temps qui leur était imparti pour leur repos. Il ria un peu, les rassura sur leur destination, et se montra complice dans leurs discussions, souriant, et fraternel.

Le voyage dura ainsi durant deux journées. Au soir du premier, ils montèrent les tentes de manière assez sobre pour partir tôt le lendemain. Il retrouva son épouse le premier soir, où ils se réunirent dans une nouvelle étreinte malgré les événements de la journée, le tout sous l'experte direction de la baronne. La journée du lendemain ressembla à la première. Le baron passa un peu de temps avec son épouse, où ils jouèrent à quelques jeux politiques qui les amusaient grandement, puis Duncan travailla le Code auquel il tenait tant. Lors des pauses, il s'en allait converser avec ses soldats, rencontrant de nouveaux visages, apprenant de nouveaux noms qui, peut-être, figureraient parmi la liste des disparus au champ d'honneur. Au soir du deuxième jour, Kregan fut en vue, ce qui ravit les soldats en pensant à quelques conforts aux pieds de la citadelle - les derniers avant bien longtemps.

A la citadelle, le couple baronnial retrouva les seigneurs locaux, et avec ceux qui accompagnaient déjà Duncan et Alanya, dont Lourbier, ils dînèrent, avant de se séparer pour la nuit. Durant la soirée, Duncan se retira seul dans les thermes de la forteresse, où, accompagné de sa solitude qui lui était si chère parfois, il se lova contre l'étreinte de l'eau brûlante. Sous les alcôves sombres sur lesquelles se reluisaient le reflet de l'eau, on entendait parfois le ploc sourd d'une goutte d'eau tombant sur la pierre. Il demeura dans le coin du bassin, sortant parfois sa jambe infirme de l'eau. Les stigmates de la goutte étaient encore bien visibles et vivaces. Son pied était immonde à voir, et ce malgré les bandages qui étaient changés quotidiennement. Il se passa la main sur le visage, se le brûlant légèrement, reposant sa jambe. Il demeura là...Qui peut le dire. Lorsqu'il remonta dans ses quartiers, Alanya dormait, et le château était d'un calme bien anodin. Par la fenêtre, on pouvait voir les feux brûler, et certains courageux soldats veillaient encore à une heure que le Lys estimait bien tardive au vu des lunes.

Au lendemain, la fusion des armées fit que les préparatifs à Kregan firent passer ceux d'Alonna pour du menu fretin. On courait, s'agitait et se pressait comme jamais. Le Lys, lui, était étrangement calme. Il demeura, pendant un temps, contre l'encadrement de la porte, à regarder son épouse se faire vêtir par les servantes. Lui était déjà en armure, sa cape pourpre frôlant le sol, et sa lame caressant son flanc, tenue par sa main droite qui renfermait également sa canne. Par la meurtrière, on voyait les soldats se mettre en rang, et se préparer pour la longue marche. On voyait la bannière d'Alonna, le Faucon et le Lys, flotter à perte de vue. Regardant son épouse, et lui souriant tendrement, il s'adressa à elle :


« Vous êtes prête ? »

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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 23:37


Elle était venue une fois à Kregan. C'était une des cités qui avaient soutenue sa famille lorsqu'elle s'était soulevé contre Constance. Une de celle qui était demeurée à ses côtés par profit plus que par loyauté, mais cela elle ne s'en souciait que peu. Qu'ils la soutiennent par amour ou par crainte lui importait peu. Le repas du soir avait été fastueux et les nobles partiraient en guerre le ventre pleins. Alanya n'avait quasiment pas touché à son assiète. Elle n'avait guère faim, sa grossesse la faisait souffrir ce soir là et elle n'attendait que le moment où elle pourrait rejoindre le pays des songes. Et si elle avait mal, elle n'en laissait rien paraitre; riant, bavassant, elle faisait bonne figure, honnorant son hôte comme elle le devait. Duncan avait lui aussi revêtu son masque politique et si elle était bonne comédienne, elle doutait d'être aussi forte que lui. Un homme dont elle devrait toujours se méfier -bien malgré elle.
La douceur de la nuit eut raison de sa volonté et elle s'enformit à la faveur de la lune. Alanya quitterait demain son pays, le laissant aux rênes de sa famille. Elle espérait sincèrement revenir vite. Elle n'avait que peu apprécié la quiétude de son foyer et plus encore, elle aurait aimé passer une semaine au castel de Broissieux, à flanc de montagne. C'était d'ailleurs là bas qu'elle souhaitait donner la vie bien que la baronne doutait de pouvoir supporter le poids de son enfant jusqu'à son retour. Elle ne s'était pas encore entretenue avec son médecin bien qu'il lui avait conseillé le contraire à son départ d'Alonna. Elle ne pouvait se le permettre. La moindre de ses faiblesses pourrait avoir des répercussions indésirables sur leur campagne au Nord. La Sgardie n'était qu'un vaste champs de ruines fumant pour lequel se battait quelques seigneurs belliqueux, mais, au fond, ce n'était ni pour les Sombres ni pour les pauvres gueux qu'elle avait pris les armes. Un prétexte tout au plus. Elle devrait rencontrer Aymeric, sans quoi l'avenir de l'Alonnan serait des plus compromis.

Son sommeil ne fut même pas troublé par l'arrivée tardive de Duncan. Lui aussi s'était octroyé le temps de la réflexion. S'il ne partageait pas ses plus intimes pensées avec Alanya, elle ne doutait plus de la sincérité de l'attachement qu'il éprouvait pour elle. Et réciproquement, elle ne se forçait même plus à rire ou à faire la conversation. Il s'était instauré entre eux une étrange sympathie qu'elle choyait en ces temps qui promettaient d'être toujours plus sombres.
Lorsque l'aube pointa, l'on entendit les ordres beuglés au dehors des murs. Les tintements du fer retentirent à nouveau. La baronne savait qu'au dehors s'affairaient cinq milles hommes. Des soldats de métiers, des conscrits, des volontaires... Ils avaient tout les âges et toutes les motivations possibles pour partir en guerre et parmi eux, elle ne doutait pas qu'aucun ne flancherait face à l'ennemi. L'armée Alonnaise était d'ailleurs réputé pour cela: un seul corps, une seule volonté. Son époux était déjà prêt tandis qu'Ingrid finissait de la préparer. Elle avait soigneusement natté les cheveux de jai de sa maitresse et cette dernière portait une robe bleue qui lui saillait parfaitement malgré son ventre arrondi. Lorsqu'elle posa sa couronne d'argent sur sa tête -icelle qu'elle portait aux jours officiels- elle se leva face à l'homme blond appuyé contre l'encadrement de porte. « Aussi prête que l'on pourrait l'être avant de partir guerroyer. ».
La note d'humour fut accompagné d'un sourire tendre. Ils déambulèrent dans les couloirs jusqu'à atteindre la sortie. Le soleil était à peine voilé en cette matinée mais ce n'était pas le ciel qui fit frissonner la belle. Face à elle se tenait son armée. Ses soldats. La bise des montagnes faisait voler fièrement les étendards du Faucon et du Lys. S'il elle avait pu, sans nulle doute aurait-elle versé une larme devant la rigueur et la dévotion. Il émanait de la foule un profond sentiment. Bien sûr il y avait la crainte: les racontards rapportaient des histoires horribles sur les Puysards mangeurs d'hommes, mais surtout une excitation toute particulière. A leur droite se tenait prêt les seigneurs partant avec eux en guerre. Odias gratifia le couple d'un salut amical tandis qu'Hermance s'approcha d'Alanya et Duncan: « Vos troupes sont prêtes à partir Messeigneurs. Sachez que je m'assurerai de votre sécurité pendant que nous faisons route. ». Le baron réajusta ses gants avant d'offrir au sénéchal une bourrade amicale. « Tant que vous n'échouez pas. ». A ces mots, sa garde lui mena son destrier par la bride et non sans un rictus de douleur, il monta à cheval. Alanya aurait donné cher pour pouvoir le suivre en chevauchant... Peut-être le ferait-elle plus tard si elle se sentait assez en état -et ce malgré les morigénations de son médecin qui la suivait comme son ombre ce matin là.
La belle baronne s'approcha de la monture de son époux et posa une main sur sa cuisse tandis que l'autre saisissait la bride - bien que cela fut inutile. « Le voyage me paraitra bien fade sans vous à mes côtés. ». Il lui tendit sa canne et un sourire tendre illumina son visage. « J'espère que vous y survivrai ». Elle recula de quelques pas en le regardant s'éloigner, en profitant pour monter dans son carosse. Et ainsi, ils se mirent en branle. Il n'était pas midi.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 11:57

Le Lys adressa un signe de tête à l'orchestre de l'armée. Son meneur jeta un œil à ses musiciens, et après un souffle d'échauffement, les premières notes d'une mélodie harmonieuse se firent entendre. Les musiciens jouaient si bien, que le volume assourdissant de leurs notes ne dérangeaient nullement les présents, qui s'ébranlèrent. Les tambours étaient si puissants que chacun pouvait sentir son cœur battre dans sa poitrine. L'ensemble était si cérémonieux que l'on aurait cru à un cortège funéraire, si ce n'était le dynamisme et la motivation de chaque soldat qui, une fois la tête du cortège passée, se rangeait dans le moule. Lorsqu'ils sortirent de la forteresse, les habitants s'étaient rassemblés pour faire leurs adieux aux soldats sur le départ. On pouvait en voir certains agiter la tête au rythme de la procession, oubliant presque pourquoi ils étaient rassemblés.


Marche de l'Armée :


En tête, Duncan était le premier cavalier. Venait derrière lui trois membres de sa garde, puis Hermance, et enfin les trois autres membres de la garde du Lys. Enfin venaient les nobles qui accompagnaient les troupes. Derrière se trouvait le carrosse avec Alanya à l'intérieur. Devant Duncan était déjà partie l'avant-garde, avec trente minutes d'avance, dirigée par Odias de Wacume. Le Lys ne put s'empêcher d'apprécier la composition. D'ailleurs, lorsqu'il se démarqua du cortège, suivi des nobles, pour inspecter les troupes qui s'en allaient, il ne put s'empêcher de remarquer qu'un grand nombre de soldats balançaient leurs têtes. L'orchestre était passé déjà depuis dix minutes, et on entendait encore distinctement la composition comme si elle jouait derrière le gratin des nobles. A sa droite se tenait un homme que son épouse semblait apprécier : Hermance.


« Eh bien, Hermance ? C'est votre première guerre hors de vos frontières ? »
« En effet, mon seigneur. Il faut dire que je n'en suis pas mécontent. Habituellement c'est la guerre qui vient à nous, et non l'inverse. »

Le Lys se contenta d'un bref sourire comme réponse, dans un premier temps. L'homme que voilà était l'un des seuls êtres en qui Alanya avait confiance, ce qui n'était pas foncièrement un gage sur lequel Duncan se reposerait.

« Je ne laisserais pas Alonna en pâture à des hyènes. Vous savez pourquoi nous nous rendons dans le Nord. »
« M'est avis qu'il ne s'agit pas uniquement de guerre. Je connais bien votre épouse, et s'il y a une chose que l'on devrait retenir d'elle, c'est qu'elle ne laisse rien au hasard. »
« Ni ne fait. »

Le Lys entrouvrit légèrement les lèvres, et ses yeux se perdirent autour de lui un instant. Il voilà comme il put sa vexation en souriant légèrement, avant de talonner sa monture. Le cortège de cavaliers s'élança alors le long des troupes, remontant le fil incommensurable de l'armée, se perdant sous les flots de bannières. Ils auraient tôt fait de rejoindre les cols plus au Nord, dont on apercevait les hauts monts enneigés. Une fois traversés, ils débarqueraient en Oësgard.

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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 18:34


La journée touchait à sa fin. L'ordre fut donné d'arrêter la colonne avant que la nuit ne tombe tout à fait, afin de laisser aux hommes et aux bêtes le temps de s'installer comme il se devait. Alanya ne supportait de toute manière plus l'enfermement. Si les tambours avait rendu son début de journée supportable, être entre quatre parois l'avait ennuyé au plus haut point. Elle avait fait venir quelques cartographie afin de passer le temps. Elle s'était même adonné à la lecture, un passe temps qu'elle n'avait plus eu le luxe d'avoir depuis son accession au trône -et même avant. Si parfois Duncan venait s'enquérir d'elle, la baronne avait passé san journée assise et seule. Il lui fallait sortir sans quoi elle risquait de devenir folle.
Mais si la solitude a bien des tords, elle lui avait aussi permit de réflechir. Ce soir elle devrait parler politique à son époux et Odias. Ensemble ils réfléchiraient à toutes les possibilités qui se présentaient à eux et plus encore, ils pourraient convenir avec le Lys de l'avenir qu'ils avaient pour le moment décrit à mi-mot. Ils avaient passé la frontière dans l'après midi et l'endroit exacte de leur halte lui était étrangère. Pour autant, elle était contente de n'avoir à déplorer aucun incident pour le moment. On lui ouvrit la porte. Le soleil déclinait paisiblement. Il devait être dix-sept heures, peut-être plus. Les chevaux semblaient soulagés d'enfin trouver du repos. Si l'on saluait la baronne à son passage et qu'elle accordait un sourire et une palabre, ce n'était pas là sa principale inquiétude. Elle n'avait pas encore vu Duncan qui devait être occupé avec les hommes de guerre.

Le médecin la suivait comme la peste et s'il n'osait l'interpeler de peur de subir son courroux, il attendait, à l'affût. On aurait dit un corbeau sur un champs de bataille, attendant la fin des combats pour se servir allègrement. Il n'avait pas plut depuis plusieurs semaines. Le printemps était clément ce qui permettait d'avoir un sol facilitant la marche des soldats.
Hermance était un peu plus loin, donnant ses ordres à ses capitaines. Il avait cet air sérieux qui lui était propre et bien qu'il menait les troupes au combat, il faisait montre d'un calme étonnant. Elle lui adressa un signe respectueux de la main. L'homme bourru lui offrit un sourire amical qui réchauffa le coeur de la belle. Il serait certainement convié à leur repas de ce soir, où ils pourraient s'étendre librement sur les détails de leur campagne qui leur fallait voir avant de joindre les autres bélligérants. Une fois dans le campement d'Amblère, elle et Duncan devront être patients et concilliants. Les négociations promettaient dêtre longues et fastidieuse, tant pour eux que le parti adverse.

Le brouhaha des soldats, la pousière et le soleil déclinant offrait un spectacle fatiguant pour les nerfs de la baronne. Sa grossesse rendait tout insupportable, et quand bien même cela n'était qu'un agacement personnel, elle devait irritable. Elle avait même renoncé à chercher le Lys, persuadée qu'il viendrait à sa rencontre dès qu'il le pourrait. Si elle ne pouvait lui faire confiance, il restait un gentilhomme. Le médecin avait fini par l'osculter. Sa mine était grave et encore une fois il avait prié la belle de prendre du repos. Le voyage fatiguait son corps et il craignait que tant d'efforts ne perturbe le bébé. Elle aurait aimé lui dire, lui répliquer. Lui rappeler que ses devoirs vont bien avant sa santé physique et qu'il y avait en ce monde des choses qui avait plus besoin d'elle encore: à savoir l'avenir de l'Alonnan.
Le soleil déclinait derrière les Monts d'Or lorsqu'enfin son époux la retrouva. Il arborait la même mine radieuse qu'au matin. Toute la frustration qu'elle avait jusqu'alors pu ressentir se dissipa. Elle devrait être aussi en forme que possible car la nuit -et le repas- promettait d'être long.
« J'ai bien cru que vous m'aviez oublié, votre Honneur ». Si la pique était bien sentit, le sourire en coin trahissait l'ironie. Ils avaient beaucoup à faire ce soir.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 20:52


Le Lys parcourut le campement pendant une bonne heure après que l'ordre soit donné de le monter. Par ci, et par là, il s'assurait que les soldats ne manquaient de rien. Certains diraient que ces attentions étaient dues à la récente ascension du Boiteux. Mais la réalité était tout autre. Il voulait se faire apprécier des hommes. La plupart était des roturiers, des simples composantes d'une chose qui les dépassaient, et qui sitôt l'ordre donné, avaient embarqué arme et armure pour venir se soumettre à l'ordre de conscription. Le Lys entendait bien gagner l'image d'un homme près de ses hommes et de son peuple. Une fois qu'il eut fait le tour de quelques tentes, il se dirigea vers le centre du campement, où les patrouilles étaient de plus en plus denses. Sa garde prit position devant l'entrée toilée d'un havre de paix, à l'intérieur duquel quelques chandelles brûlaient, un lit correct avec été monté, et où seule sa femme se trouvait. Il posa sur la table son casque, sur laquelle se trouvait déjà sa canne qu'il avait cédé à son épouse, le matin même.

« Votre Honneur ? Quel ton procédurier. Pourquoi cette distance ? »

Il remarqua alors que la table était mise, et pas uniquement pour deux. Il compta le nombre de couverts, puis reporta son attention sur son épouse. Il s'approcha d'elle, posa un genou - celui de sa jambe infirme - à terre, et prit les mains de la baronne dans les siennes.

« J'ignorais que nous attendions du monde. Qui avez-vous convié ? »

En la laissant répondre, il entama de retirer son armure. Sangle après sangle, il défit ses cuissardes et son plastron, après que ses bottes aient libéré ses pieds. Il se recouvrit d'un grand et ample vêtement, léger pour la contrée où il se trouvait, mais épais pour la saison. Là, en attendant que sa femme lui réponde, il se servit un verre de vin, qu'il dégusta lentement, en gardant ses yeux rivés sur sa tendre.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 22:56


Il se délestait de son attirail rutilent. Elle se demandait comment pouvait-on supporter pareil fardeau. Sans se lever de sa chaise, elle lui répondit dans un éclat de rire. « Aucune distance mon ami. Votre absence à fendu mon pauvre coeur. ». L'ironie était à peine voilée et pourtant elle ne mentait qu'à moitié. Le temps lui avait parut si long, qu'elle était heureuse de retrouver la compagnie de son époux, aussi tardive était-elle. Durant son absence elle s'était affairée à inviter les quelques priviligiés. Il semblait assez fatigué de la chevauchée. Il faut dire que tenir une journée à cheval dans un pareil accoutrement devait tenir de l'exploit.

« J'ai convié Hermance, Odias et notre cher ami Lourbier. Je me suis dit qu'un peu de considération lui ferait assez plaisir à l'égo. ».
« Ah, oui, Lourbier. Qu'il prenne place à ma droite. Il pourra ainsi m'entretenir de ses propositions et plans que je m'empresserais de ne pas tenir compte...Puisse une lame le faucher si ce n'est la mienne...». La baronne eut un petit rire.
« Quelle verve ce soir mon cher. Nous le congédierons quand les adultes commenceront à parler, ne vous en faites pas. ». Elle se leva et posa une main sur son épaule.
« Je doute que nous puissions un jour l'amener à être un vassal loyal. Nous mimerons la fin du repas afin de le congédier. ».
La belle alla se servir un verre en soupirant mais son jeune époux l'intercepta. Elle était enceinte et il n'était pas prudent de boire dans son état. L'attention que venait de lui porter Duncan l'a toucha mais elle n'en laissait rien paraître. Elle retourna s'asseoir. « J'ai renoncé à le façonner depuis mon accession au trône... J'osais penser que la fin... tragique... des Chtoll lui aurait servit de leçon. Je me trompais. ». Un sourire malicieux éclaira son visage jusqu'alors impassible. « Il serait navrant de perdre un tel élément sur le champ de bataille. Cela briserai mon coeur de suzeraine. ».
D'un pas léger il s'approcha, s'appuyant sur les accoudoir d'Alanya. Elle sentait son souffle chaud et son sourire était somme toute éblouissant. Il déposa un baiser sur ses lèvres. « Je suis sûr que votre coeur de suzeraine s'en remettra. ».
Elle déposa sa main sur sa joue dans un geste tendre, plongeant ses yeux dans les siens. « Est-ce là une forme de promesse mon seigneur ? ».
« Plutôt une prédiction. ». Il se retira en embrassant les doigts de la baronne. Elle expira plus bruyamment qu'elle n'aurait cru. Elle avait presque cessé de respirer sous la tension de la proximité...
« Je ne vous pensais pas enclin à ce genre de pratique de bonne femme ». Elle le suivait négligemment du regard. Il haussa les sourcils en reportant son attention sur sa femme. « Vous parlez de prédiction mon cher. Suivez bon sang. ». Elle eut un sourire franc. Sa râlerie était pure formalité. « Voyez quelle néfaste influence vous avez sur moi. ». Si son sourire ne l'avait pas sauvé, la baronne aurait pris la mouche. « Il n'y a d'influence que pour les faibles d'esprit. ». Elle lui offrit un sourire ravageur, de ceux qui ferait fondre les neiges éternelles.
« Alors addresez mes remerciements à votre oncle ! Il a fait bonne oeuvre vous concernant. ». Il lui retourna son sourire tandis qu'elle lutta pour ne pas assombrir son visage. Il venait de toucher un point sensible. Pour autant elle veillait à ne rien laisser transparaître. Plus encore, elle eut un petit rire, que seule une personne la connaissant aurait pu déterminer la fausseté. « Si bien que lui et son fils mange tout deux le même pissenlit par la racine. ». Elle ne chercha même pas à voiler sa mise en garde.
« C'est là où nous finirons tous. Certains plus tard que d'autres. »
« Et d'autres bien avant leur heure. C'est d'une tristesse... ». Elle se leva pour s'installer près de son époux. « Nous parlons de mort alors même que nous venons de nous marier. J'aurais pensé que ces sujets arriveraient lorsque tout les autres seraient épuisés. »
« Il n'y a que vous et moi qui soient épuisés ici, ma chère. Je nous prédis...» Il insista sur le mot en souriant. « ...une vie longue et heureuse. ». Il l'embrassa en passant son index au dessus du sein droit de la baronne.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeSam 16 Jan 2016 - 13:10


Ils échangèrent un sourire entendu, puis le Lys s'affala sur son fauteuil, laissant ses mains vacantes. D'un œil de rapace, il observa son épouse traverser la tente pour aller se placer à l'autre bout de la pièce. Un léger sourire en coin se dessina sur le bord des lèvres du baron. Même la plus belle des roses avait des épines, et celles du Lys étaient particulièrement affûtées. Il abrogea son sourire lorsque son épouse se retourna, et prit place à l'autre extrémité de la table. Les convives eurent tôt fait d'arriver, un par un. Il n'y avait eu aucune pompe. L'heure était à la guerre, pas aux grandes victuailles. Le repas fut sobre, quoique teinté d'un certain luxe plutôt rare en temps de guerre. Sans qu'on ne pense à de la tension, il y avait dans l'air une certaine amertume : Lourbier prit place à la table. Odias et Hermance ne prirent pas la peine de lui sourire, feintant de regarder les plats pour se distraire. Alanya entretint la conversation avec les deux premiers, tandis que Lourbier et le Lys conversèrent durant la majeure partie du repas.

N'eut été son supposé désir de s'asseoir sur le trône, Duncan aurait pu apprécier Lourbier. Il n'était pas particulièrement intelligent, sans être stupide. Cependant la sagesse du gouvernant lui faisait cruellement défaut, s'accrochant au souvenir de sa progéniture. Finalement, le tout se passa plutôt bien. Lourbier ne parla, durant les premières minutes, que du Code que Duncan préparait. Le seigneur de Lodiaker semblait drastiquement opposé à l'idée que l'on puisse contenter le peuple via l'instruction. Ne comprenait-il donc pas que l'instruction et la compréhension étaient deux choses différentes ? Et qu'en donnant au peuple l'illusion du savoir, cela aurait pour effet de le contrôler d'autant plus ? Bien sûr, le Lys ne lui justifia pas ses intentions. Lourbier n'était pas un allié, un ami, encore moins. Tandis qu'il l'écoutait, le Lys ne pensait qu'à une chose : percer sa gorge de sa dague ; et s'il n'était pas sûr qu'un tel geste était attendu de la part de ceux qui s'opposaient à lui, il l'aurait fait. Parfois, son regard croisait celui d'Alanya, et les deux époux buvaient une gorgée, l'un de vin, l'autre d'eau, et leurs yeux s'échangeaient des missives plus lourdes en sens que n'importe quelle lettre. Lorsque Lourbier quitta la tente, après avoir remercié les présents, un instant de flottement survint entre les quatre restants. Le Lys replia ses deux doigts inférieurs de la main droite, et les deux supérieurs s'appuyèrent sur sa tempe. Son pouce vint se loger sous son menton, et c'est ainsi qu'il prit la parole.


« Vous connaissez notre priorité, Odias. Faire amende honorable auprès de Brochant, et revenir en Serramire. L'Alonna seule ne survivra pas. »
« Et en cela je vous aiderai. J'ai déjà eu le plaisir de rencontrer le Marquis, je pense qu'il acceptera de me recevoir à nouveau. » Le Lys sourit, avant de rire légèrement.
« Je l'ai déjà rencontré, lorsque j'étais au service de Jérôme de Clairssac. De là à dire que ce fut un plaisir...Aymeric a autant besoin de nous que nous avons besoin de lui. Serramire est seul, et un marquisat sans ses terres n'est rien. L'alliance qu'ils ont tissé contre les Drows ne fait que retarder les pourparlers concernant le destin de la Sgardie. Et si Aymeric s'y est trouvé, c'est parce qu'il ne tolérait guère que cette terre ne lui revienne pas. »
« Aymeric est frustré. Il n'est plus Marquis que par titre et il tentera toujours de reprendre ce qui fût à la grande Serramire. Qu'importe le prix à mettre. » Le Lys reporta son regard sur son épouse.
« Le pouvoir donne ses chances à l'impossible. Il n'est pas moins le suzerain légitime de ces terres. Et nous avons tout intérêt à défendre ses prétentions. Une présence, autre que la nôtre ou la sienne, au Nord de nos frontières, est périlleuse. Qui plus est, par leurs pertes lors des guerres, nous sommes la première force militaire du Nord, pour l'instant. Et notre arrivée surprise pèsera dans la balance. »
Hermance prit alors la parole : « Il n'admettra jamais être aussi diminué, même s'il s'agit là d'une vérité. Il me semble justifié de minimiser notre force. Laissons-les croire que nous ne sommes que cette petite enclave entre toutes leurs ambitions. Ils ne verront que la faiblesse. C'est un avantage indéniable pour de bonnes négociations. »
« Il attend mes serments depuis si longtemps que je doute qu'il fasse la fine bouche alors même qu'il est acculé par Saint-Berthilde au sud et Odélian à l'Est. Aymeric est assez avisé pour avoir déjà pensé à ce qu'une alliance des deux contre lui lui coûterait. Pour autant, il n'acceptera pas notre retour sans conditions. Pareillement, je pense qu'il connaît notre situation comme nous connaissons la sienne. Faire profil bas le temps de la guerre me semble opportun. Qu'en pensez-vous Duncan ? »

Le Lys sourit intérieurement à la réflexion de son épouse. Celle-ci tenait donc tant à montrer devant ses sujets qu'elle seule détenait le pouvoir décisionnel ? Et pourtant il était là, à mener la danse. Alors le Lys répondit, avec un air innocent :

« Et bien, c'est ce que je vous ai dis hier. L'important n'est pas que nous rappelions à Aymeric sa situation difficile, simplement qu'il en ait conscience. Ni Jérôme, ni Gaston ne renonceront à la Sgardie, pas après la honte qui s'est abattue sur eux suite aux actions de Madeleyne. Si le marquis d'Odélian renonce trop aisément à la Sgardie - tout comme Jérôme - ils auront sacrifié temps et hommes pour rien, et ils ne tarderont pas à être discrédités par leurs nobles. Nous ne serons que les sauveurs providentiels d'un droit légitime. Un poids inestimable dans la balance, d'autant plus que nos hommes sont frais, et certains n'aiment pas l'idée d'être redevable à Etherna, d'après ce que j'ai pu entendre...»
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeSam 16 Jan 2016 - 17:23


Le repas c'était déroulé tel qu'elle l'entendait. Si les discussions portaient sur la guerre, aucune n'avait vraiment à vocation une décisions. Plusieurs fois les époux avaient échangés quelques regards. Ils savaient ce qu'ils voulaient et la soirée promettait d'être encore longue. Lorsque le seigneur de Lodiaker fut congédié, les choses sérieuses commencèrent.

« Etherna a voulu faire ployer le genou à l'Alonnan. Et si Jérôme est parvenu à ses fins avec feu mon époux, il a appris à ses dépends qu'une erreur se paye toujours au prix le plus fort.. La Licorne de l'Ethernan risque de tomber de haut à l'issu de la guerre de Sgarde. Par ailleurs, je ne tiens pas plus à avoir Gaston au Nord de nos frontières. S'il n'est pas aussi fou que sa femme, il n'en reste pas moins une menace de prise en tenaille constante. ».  La baronne se laissa quelques secondes. Sa décision était prise depuis plusieurs jours déjà mais la question méritait réflexion. « Aymeric est fier voire arrogant mais il ne crachera pas sur un main tendue. Il ne m'étonnerait même pas qu'il demande à ce que l'on ploie genoux fasse à lui, qu'importe notre état. ». La baronne se tourna vers le seigneur de Wacume qui restait impassible. « Je doute qu'il voudra avoir affaire à Duncan ou à moi-même. Êtes-vous conscient que vous serez notre voix dans un premier temps ? ».
Il hocha la tête avec sérieux.

Alanya plongea son regard dans celui de son mari, échange silencieux qu'ils avaient employés tout au long de la soirée. « Alors mettons-nous dès à présent d'accord sur ce qu'il devra être énnoncé. ». Elle ne lâchait pas le contact avec son époux. « Commencez mon ami. Nous vous écoutons. ». La belle avait délibérément choisi le Lys. Elle voulait qu'il sache qu'elle accordait à son avis une importance certaine. Elle l'appréciait assez pour lui offrir un minima de confiance tandis que leur ambitions étaient communes.
« Nous devrons lui présenter nos excuses inconditionnelles, et jurer de défendre les intérêts de Serramire et de son marquis. Et, comme le veut l'usage, en retour de nos excuses, nous attendons son pardon. ». La baronne ferma les yeux un instant.
« Il me parait juste de lui offrir notre indéfectible soutien dans la lutte contre les Puysards, et tout autre ennemi de la Sgarde. ». Hermance approuva du chef, tout comme Odias. « Cela vous semble-t-il juste mon époux? ».
« Contre tout ennemi du marquisat de Serramire. Même si nous disposons des moyens de nous protéger, contrairement à la Sgardie, l'idée est bel et bien de refonder un bloc uni sous sa direction. ». La baronne eut un petit rire. L'idée d'un bloc Serramirois ne l'enchantait pas mais ils verraient cela quand les temps seraient moins troublés. « Avez-vous pris bonnes notes Odias? ».
« Oui ma Dame. »
« Je pense donc que nous en avons fini pour ce soir, à moins que l'un d'entre vous veuille ajouter quelques choses ? ». Tous restèrent silencieux.

Et sans plus tarder, les invités sortirent de la tente, non sans plusieurs chaleureux et sincères remerciements. Ils étaient les deux seuls hommes en qui Alanya avait tout à fait confiance et leur départ lui serra un peu le coeur. En leur présence, elle se sentait d'autant plus soutenue que la charge qui lui était incombée devenait lourde à porter. Son ventre se contracta douloureusement, lui arrachant un petit rictus. Son médecin avait peut être raison: elle ne se ménageait pas assez. Courbée sous la douleur, elle alla rejoindre le premier siège qu'elle trouva. Sans lever les yeux vers le Boiteux, elle savait qu'il était non loin. « Ces contrariétés finiront par m'achever ». Malgré le sourire pincé, elle ne parvenait pas à faire bonne figure. Elle était presque livide. Elle l'entendait s'afférer près d'elle, mais elle n'avait pas la force de lui montrer sa faiblesse passagère. Pourtant, elle apprécia lorsque doucement il l'a pris contre son torse, humidifiant son front. La belle eut tout de même un rire jaune. « Ce bougre de médecin ne serait pas mécontent de la situation ». Inspirant profondément, elle se redressa, non sans mal, tournant enfin sa tête blême face à son époux. « J'aborre même l'idée de devoir rencontrer le Corbeau Serramirois et pourtant vous m'avez convaincue qu'il s'agissait du mieux à faire. Ai-je tord de vous accorder ma confiance ? »
« Vous devriez vous reposer, au lieu de vous questionner autant. »
« Ce n'est pas une réponse Duncan. ». Elle était sérieuse et même si son ventre plein la torturait un peu, elle ne lâcherait pas le morceau. Sa ténacité avait agacé plus d'un, mais c'était aussi une des raisons pour lesquelles, aujourd'hui, elle était encore baronne d'Alonna. Mais le baron en avait décidé autrement. Il se leva et s'installa sur le lit, sourire aux lèvres. Elle soupira, fronçant les sourcils. « Eh bien? Est-ce là votre seule réponse ? »
« Ce sera la seule que vous aurez tant que vous ne serez pas dans notre lit. ». Elle soupira une nouvelle fois mais se leva, s'installant dans le lit conjugale. Pour autant, elle ne comptait pas en démordre de si tôt. « Et à présent ? »
« A présent, reposez-vous. »
Alanya se redressa vivement, tournant le dos au Lys. « Hors de question. Comment pourrais-je seulement m'assoupir près d'un mari dont je ne peux même pas m'assurer la loyauté dans cette guerre ? Dites-le moi. Vous êtes un mystère pour moi. Et il n'y a pas de place pour le mystère dans vie. »
« L'enfant vous embrume l'esprit, ma chère. Si j'étais votre ennemi, Alanya, vous auriez déjà cessé de respirer. ». Le ton de l'homme était calme, bien trop calme pour la gravité des paroles qu'il prononçaient. Un frisson parcourut son échine, et bien malgré elle un sourire naquit sur ses lèvres. « Savez-vous ce que j'aime chez vous Duncan ? ».
« Non ? »
« Je suis comme une enfant qui joue avec le feu. Je sais que cela brûle, et que ce n'est qu'une question de temps avant que cela m'arrive et pourtant je suis invariablement et irrésistiblement attiré par ce danger. ». Elle tourna la tête vers lui. « Vous êtes mon feu Duncan. Et je n'ignore pas que si un jour je dois tomber, ce sera de votre main. ».
« Dois-je m'attendre à recevoir de la visite cette nuit ? »
Le sourire de la baronne se muta en un rictus prédateur. « Nullement car si un jour vous deviez tomber, c'est moi que vous verriez en dernier ». Elle ne mentait pas. Sa voix était calme, assurée. L'avait déjà fait par le passé. « Vous m'êtes encore bien trop utile. ». Bien qu'elle ne l'eut pas dit, ce n'était pas la seule raison pour laquelle elle était incapable d'atteindre à sa vie. Elle éprouvait pour cet homme ce sentiment malsain d'amour d'un esclave à sa chaine, d'un suicidé à sa corde.
« Alors je prie que vous m'en informiez ; que le moment venu, je puisse profiter de votre corps une dernière fois. ». Il souriait. Les lèvres de la baronne se posèrent alors sur les sienne, dans un baiser somme toute chaste mais qui résonnait dans leurs corps comme une promesse. « Je peux vous assurer que vous serez le premier au courant. ». Elle avait laissé sa tête assez près pour que leurs souffles se mêlent dans la tente calme.
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MessageSujet: Re: De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya   De toutes les choses qui peuvent se voir, vous êtes la plus belle. | PV Alanya I_icon_minitimeSam 16 Jan 2016 - 21:26

Ils étaient allongés, près l'un de l'autre, et en les voyant, on ne pouvait s'imaginer que quelques terrifiantes vérités venaient d'être prononcées. Ce n'était pas les douceurs habituelles que se murmurent des époux. Comme s'il s'agissait d'une épargne, les promesses mutuelles que venaient de se faire Alanya et Duncan ressemblaient à une partie de cartes, où chacun a conscience que l'autre dispose de très bonnes cartes. Le hasard voulait qu'à l'heure actuelle, l'un et l'autre ne se voyaient nullement comme des ennemis, mais comme des alliés, entre lesquels germaient lentement des sentiments. Même si le Lys ne pouvait décemment dire si un jour il en viendrait à devoir se débarrasser de son épouse, il pouvait cependant assurer que celui lui en coûterait. Il l'aimait bien, après tout.

« Vous devriez dormir. Votre teint est plus pâle que celui d'un mourant. Je vais faire venir le médecin. »
« Il ne dira rien de plus que ce qu'il m'a déjà dit avant votre arrivée. »

Le baron haussa les épaules. Il affirma alors sa volonté d'aller marcher dans le camp. Il sortit de la tente, non sans un baiser sur le front de sa femme, puis fit claquer les pans de tissu. Il se rendit en premier lieu sous la tente des médecins baronniaux, voisine de la leur, puis recommanda au médecin de se rendre auprès de la baronne, que le Lys décrit comme souffrante et pâle. « Faites qu'elle ait une nuit paisible. » C'est ainsi qu'il lui donna l'ordre, avant de quitter la tente. Accompagné de trois de ses gardes - le reste dormait - il marcha lentement sur l'herbe défaite du campement. Entre les tentes, il observait ceux qui dormaient, ceux qui jouaient, et ceux qui se réjouissaient des femmes de joies qui suivaient les armées en déplacement. Alors qu'il approchait d'un feu autour duquel se réchauffaient trois soldats, il demanda à se joindre à eux. Leur surprise fut telle qu'ils manquèrent de renverser le pot qui mijotait. Le Lys les tempéra, affirmant qu'il n'était là qu'en tant que chevalier, et non en tant que baron. Il appréciait ces quelques temps passés auprès de la roture. Il entendait leurs problèmes, leurs désirs, leurs aspirations.

Bien qu'il fut épuisé de la marche, il n'en passa pas moins près de deux heures à arpenter son campement. Il vit même au loin la tente de Lourbier, entourée des contingents qu'il avait fourni selon l'ordre de Duncan. Ce dernier hésita même à se rendre sous sa tente pour ôter de son pied une épine bien dérangeante, mais il n'en fit rien. Son heure viendrait bien assez vite. L'air frais de la Sgarde était vivifiant, mais il était empreint d'une odeur de mort, de celle qui avait fait sienne ses prairies et ses forêts, et ce depuis un grand nombre d'années. Duncan se souvenait de ses cours d'histoire. C'est par des guerres que le destin de l'Oësgard s'était scellé. Les précédents dirigeants n'avaient en rien arrangé les choses : Norman dit le Terrible, Goar...Des noms qui laissaient à désirer.

Lorsqu'il revint à sa propre tente après avoir souhaité la bonne nuit aux siens, le baron rentra silencieusement dans sa tente. Il trouva son épouse dans le lit conjugal, ronflant à en fendre les montagnes des Nains. Le Lys ne retint pas un léger ricanement, puis s'assit doucement sur le lit. Il enleva ses bottes, et écarta les orteils - du moins, ceux qu'il pouvait, ceux du pied droit étaient paralysés. Il défit ses bandages, et les jeta dans le candélabre, avant de soigneusement s'en enrouler des nouveaux, propres et immaculés. Puis, doucement, et sans se glisser sous les draps par peur de réveiller Alanya, ferma les yeux.

Le lendemain, ils se préparèrent comme si leur échange de la veille n'avait pas eu lieu. Ils n'échangeaient ni regards suspicieux, ni piques. Des sourires, francs parfois, des gestes d'affection. Rien qui ne laissait supposer qu'un jour, ils pouvaient se dresser l'un contre l'autre. Les deux époux savaient tout deux que l'instant n'était pas venu. Et, au fond, les deux espéraient que ce jour ne viendrait pas. L'armée se remit en marche à la neuvième heure de la journée, alors que le soleil entamait son ascension. Le principal restait à faire. En comptant les heures qui débutaient, encore une journée, et ils atteindraient l'armée des alliés.

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