[MdO2017]Un Choix de plus | Jinda [terminé]

Hrp:

« Entre. » lança-t-elle, sa voix se brisant légèrement sur la fin, il ressentit un pincement au coeur, comme il n'avait encore jamais ressentis. Tout était de sa faute... Si son frère...Si... Les dents serrées, il vint faire clicher la poignée de cette porte, s'insinuant dans la chambre avant de fermer derrière lui... S'assurant que personne ne pourrait ouvrir. Cette fois.

Il lui tournait le dos, incapable de la regarder, le coeur battant encore, de sa rage précédente.. De toute cette journée..

« Alors... ? » Entendit-il, distinctement, brisant le silence qui baignait la pièce depuis quelques instants. Il déglutit, posant la paume de sa main droite contre la porte, avant de poser son front contre son bras, l'ayant laissé s'allonger contre le bois de cette porte.. Il soupira longuement.

- ... Il saura se taire...  Mais... J'ai eu beau essayer de lui faire entendre que ce n'était pas toi... Il vient longuement soupirer de nouveau. Grinçant un peu des temps via la douleur lui saillant encore l'entre-jambe... Le môme l'avait frappé dans l'Aine plus que dans ses bijoux de familles, mais la douleur restait bien présente. Il ne veut plus te voir. Sa voix était morte sur la fin de sa phrase, comme si il ne voulait pas lui annoncer ça.

Il ne pouvait pas lui dire qu'il l'avait provoqué en duel...Qu'il... Enfin... Plus tard... Demain... Pas aujourd'hui, un autre jours. Qu'il lui avait cassé le nez, peut-être... ?

-Je suis désolé Cécilie... Murmura-t'il presque... D'une voix serrée, il se haïssait, comme il haïssait son frère d'être venu à ce moment,de l'avoir vu... Ne pouvait-il pas simplement... Toquer ? Ou.. Il fulmina, cognant sa tête contre son bras massif. Je suis désolé... C'est de ma faute... J'aurais dû...

Résister ? Comment aurait-il pu... ? Il l'aimait par tout les diables, il l'aimait à tel point qu'il aurait tué son frère pour obtenir son silence... Il l'aimait à tel point qu'il avait lancé celui-ci en Duel... Pour elle, son nom, son honneur.

Un silence, lourds, pesant s'abattit sur la chambre... Il mâchait sans but, sans véritable mission ses mâchoires remuaient entre ses joues... Il grinçait des dents. Il en avait marre, plus que marre de toute ces saloperies qui leurs tombaient sur les épaules... S'il restait comme ça... Prés d'elle... Il vint serrer d'autant plus les dents, son visage crispé.Il se tourna vers elle, passant par dessus les vêtements et les couvertures à même le sol... Il s'approcha, doucement, ses bras vinrent l'entourer dans ce draps, et la serrer contre lui. Au même instants, de timides gouttes de pluies vinrent s'écraser sur la fenêtre...

- Je suis désolé... Tellement désolé Cécilie... Si seulement... J'avais su... Il serrait toujours les dents, se haïssant à un points qu'il n'aurait pas cru possible.

Il pleuvait maintenant... Drue.

La voix de Jinda serra plus encore le cœur de la jeune femme. Elle était faible, tirée, étouffée. Malgré le risque, elle longea la table basse et avança à tâtons vers lui, prenant garde à ne se prendre les pieds ni dans le tapis, ni dans le drap qui lui servait de robe, ni dans le pied d'un meuble ou le coin d'une chaise. Mais elle allait bien trop doucement. Elle n'avait pas fait trois pas qu'il avait repris. Son angoisse et sa déceptions étaient perceptibles. Peut-être quelque chose de plus ? Mais quoi ?

Le courant d'air frais c'était intensifié dans le dos de la jeune femme. Une vague d'air froid et humide s'insinuait maintenant dans la pièce sombre, glissant autour de son cou comme une caresse apaisante. Les premières gouttes éclatèrent sur la pierre. Des pas s'approchèrent d'elle, couvrant en un battement de cil la distance qu'elle avait voulu abattre un peu plus tôt. Ses larges bras s'enroulèrent autour d'elle. Une main serrant toujours sa couverture, elle se blottit contre lui. Son oreille reposant sur sa poitrine presque au creux de son épaule, sa main libre posée près de son visage ne tarda pas à chiffonner sa chemise. Les battement profonds de son cœur et le sifflement de l'air le long de sa gorge ponctuait le mouvement de sa respiration.

- Je suis désolé... Tellement désolé Cécilie... Si seulement... J'avais su...
-tout va bien, mon amour. Ce n'est pas ta faute. J'ai aussi fait mon propre choix. Je ne le regrette pas.

Sa main libre remonta jusqu'à son cou pour l'enlacer comme elle pouvait.

-Si Gaël ne veut plus me voir, tant pis. J'ai trompé sa confiance après tout. Mais ce n'est pas pour ça qu'il a le droit de vivre ma vie à ma place. Personne n'aurait pu prévoir ça. Nous avons pris se risque tous les deux et je suis heureuse qu'il ait décidé de ne rien dire… cela grâce à toi.

Leur différence de taille et l'occupation d'un de ses bras l'empêchait de réellement le serrer contre elle mais elle posa quelques baisers de réconforts sur la peau à portée de ses lèvres, tentant de le rassurer comme elle pouvait, autant par la voix que par les gestes.

-Je t'aime Jindanor. Rien ne peut changer ça. Je ne t'en veux pas. Je ne t'en voudrais jamais pour cela. Et tu ne devrait pas t'en vouloir non plus.

Elle entendait à peine la pluie tomber dehors, le froid ne l'atteignait plus… mais pour combien de temps.

Il sentit sa main se glisser dans son cou, l'enlaçant comme elle en était capable... Il vint resserrer ses bras sur elle, la tenant contre lui-même, comme si la lâcher risquait de la faire disparaître. Le coeur lourd, les dents serrées, il l'écoutait d'une oreille attentive. Calmant sa respiration comme il le pouvait.

-Si Gaël ne veut plus me voir, tant pis. J'ai trompé sa confiance après tout. Mais ce n'est pas pour ça qu'il a le droit de vivre ma vie à ma place. Personne n'aurait pu prévoir ça. Nous avons pris ce risque tous les deux et je suis heureuse qu'il ait décidé de ne rien dire… cela grâce à toi.

Ses lèvres vinrent se déposer sur sa peau, de là où elle pouvait l'atteindre.. Une de ses mains trop occupée à maintenir ce drap contre elle, semblait pourtant vouloir le serrer contre elle. Il s'en voulait, quoi qu'elle en dise... Oui... Elle avait raison, ils avaient pris ce risque à deux. Mais il aurait dû y parvenir. Se retenir. Ce n'était pas si compliqué si ? Dans les paroles peut-être... Dans les faits, c'était là une toute autre chose. Une musique, douce, trottait dans sa tête, délicate, légère... Elle aurait pu venir d'une boite à musique, ces petites boites dont son père lui avait parlé, laissant échapper un son léger, cristallin et pourtant si doux à l'oreille. Ses yeux se fermèrent alors qu'il l'avait ainsi contre lui.

-Je t'aime Jindanor. Rien ne peut changer ça. Je ne t'en veux pas. Je ne t'en voudrais jamais pour cela. Et tu ne devrait pas t'en vouloir non plus.

La pluie s'écroulait contre le pavé, et pourtant... Elle n'accompagnait plus son état. Il n'était pas triste, il ne regrettait pas. Il ne s'en voulait plus. Elle était bien trop importante à ses yeux pour qu'il puisse lui faire du tort plus qu'il ne l'avait déjà fais. Son frère pouvait penser ce qu'il voulait. Elle n'aimait que lui, et cela lui suffisait. Elle ne lui en voulait pas, et c'était là le plus important..

- Je t'aime Cécilie... Et je m'en veux tout de même. Je te promets d'être là pour toi, à chaque instant, chaque moments de ta vie... Tu m'entends ? Quoi qu'il arrive. Je serais toujours là pour toi. Il posa sa tête contre la sienne, se courbant légèrement pour être à sa hauteur... Il plongea son regard dans le sien, alors qu'elle ne le voyait pas. Il affichait un sourire léger, mi-désolé, mi-heureux. Saches une chose. Je ne veux que ton bonheur.

Il approcha ses lèvres des siennes, scellant cet instant dans un baiser des plus doux. Plus doux encore que leurs premiers échanges. La pluie continuait de s'écraser sur le toit du Castel, sur le pavé en contre-bas... Elle détrempée certainement la terre, la gorgée encore d'eau alors que l'orage d'il y a peu avait pourtant déjà tant ravagé. Il n'avait plus rien à faire de ce qui se dérouler en dehors. Tout ce qui comptait, c'était elle. Elle et personne d'autre. Il s'arracha aux lèvres de sa douce, après un ultime effort, pour venir poser son front contre le sien. Malgré tout ce qui c'était passé, malgré tout ce qu'ils avaient du traverser. Et ce qu'ils devraient encore traverser. Il n'était jamais aussi bien, qu'avec elle.

Elle ouvrit les yeux quand il voulut lui faire face, dévoilant ses iris bleues et ses pupilles étrangement fixe dilatées à l'extrême dans l'obscurité. Si elle ne pouvait pas le voir, il lui avait déjà dit qu'il préférait qu'elle ne les ferme pas. Elle l'écouta de nouveau, profitant du timbre de sa voix, de ses intonations, de chaque mot, s’imprégnant de leur sens avec la ferveur que d'autres accordaient aux livres sacrés.

-Et je ne veux que le tien… murmura-t-elle en retour.

Était-il possible d'aimer une personne au point de la quitter ? C'était là le point de quelques balades, de quelques romances que chantaient les troubadour. Cécilie n'avait jamais compris cette question. Élever à la faveur des romans de chevalerie et de quelques contes elfes glanés par ses ancêtres au fil de voyage, l'amour n'avait toujours été qu'un sentiment aussi fort que simple. Un lien qui se nouait au hasard et s'entretenait, se resserrait au gré du temps et de l'attention qu'on lui porte. Passé le point de non retour, il ne pouvait que croître, enchaînant deux êtres l'un a l'autre sans que rien ne puisse se défaire. Lorsque Jindanor était parti à Amblère, elle avait compris que cela n'avait rien dévident. Elle avait compris que l'amour était à la fois un lien que l'on ne choisissait pas et une chaîne qu'on pouvait distendre, érodée, brisée même, sans jamais se défaire de l'entrave à laquelle elle était attachée. Elle se sentait forte d'un sentiment que tous n'avaient pas la chance de connaître. Riche de le voir en plus partagé. Invulnérable… tant que ne lui retirait pas cela. Et plus vulnérable devant lui qu'elle ne l'avait jamais été devant personne.

Mais cette question incompréhensible lui apparaissait à présent sous un nouveau jour. Elle sentait au plus profond d'elle qu'elle ne serait jamais pleinement heureuse sans lui. Elle ne voulait que sa présence, ne demandait que ses paroles, ne souhaitait que sa peau. Elle ne pouvait plus imaginer de vivre au sein d'un monde dans lequel il n'existait pas… Et pourtant, tout cela n'était presque rien comparé à la certitude qu'il soit heureux et sauf. Si elle avait eut la certitude qu'il trouve l'amour autre part, qu'il puisse avoir une famille, des enfants, une vie heureuse, elle l'aurait chassé sur le champ. Peut-être n'y aurait-elle pas survécu elle-même, mais n'avait-il pas risqué sa vie pour elle ? Combien de fois tirerait-il encore l'épée avant que cela ne l'entraîne dans la tombe ?

Le seul obstacle était l'incertitude. Elle se souvenait de ses mots, du ton de sa voix lorsqu'elle avait essayé de lui signifier qu'ils devaient arrêter lors de son retour d'Amblère. Elle se souvenait de la détresse et de la colère. De la sincérité. Serait-il vraiment plus heureux ailleurs en sachant qu'elle se mourrait de le revoir ? Pourrait-il refaire sa vie loin de Lourmel ? Loin de Missède ? Loin de ce qui la rappelait à son souvenir ?

Sans le vouloir, elle avait trouvé une réponse a cette question dépourvu de sens. Il était possible d'aimer une personne au point de la quitter. Au point de vouloir lui arracher jusqu'au dernier des souvenirs qui les avaient unies. Mais elle n'arrivait pas à le faire, justement parce qu'elle ne pouvait pas lui arracher ces souvenir. Parce qu'elle n'était pas sûre qu'il soit plus heureux ailleurs. Parce qu'elle ne voulait pas penser qu'il puisse en aimer une autre.

Soudain, une penser la tétanisa. Et la magie ? Son professeur pourrait, lui. Il pourrait étouffer ces souvenirs, étouffer ces sentiments. Il pourrait rendre cela moins douloureux et il partirait sans même savoir ce qu'elle avait fait… Et le fait même d'avoir eu cette idée la révulsa. Jamais. Jamais elle ne pourrait faire cela ! Jamais !

Le baiser qu'il posa sur ses lèvres la fit frissonner. L'espace d'un battement de cil, elle avait aperçu l’abîme de noirceur dans lequel un sentiment si fort pouvait faire basculer les esprits, entraînés par les intentions les plus pures… les plus folles. Ce n'était pas l'idée qu'elle avait eut qui lui glaçait les sang, mais bien le fait que ce soit elle qui l'ait eu. Être capable de penser à faire cela à l'être qui lui était le plus cher… la propre folie qui se cachait en elle la terrifiait.

Elle chantait l'amour et le chagrin depuis sa plus tendre enfance. Elle pensait en connaître tous les aspects mais commençait à peine à en saisir la douloureuse et magnifique réalité.

Entre les bras du jeune homme, il lui semblait qu'elle n'avait jamais été autant en danger qu'en sécurité. Ses lèvres firent disparaître la peur qui l'avait assaillie. Ne laissant que l'instant présent. Ce fut lui qui s'en arracha le premier, venant s'appuyer contre son front avec un léger soupire.

-Je t'aime… et parfois… je voudrais tellement que ça ne soit pas réciproque… souffla-t-elle, la voix rauque.

Elle aurait voulu lui demander de rester. Juste de rester. Elle aurait voulu pouvoir s'endormir dans ses bras et se réveiller a ses côtés. Même une fois. Juste cela. S'endormir en entendant le rythme de sa respiration et les battement de son cœur.

-Est-ce que… est-ce que tu pourrais faire ta vie ailleurs… ? Être heureux loin d'ici… ? Puis elle ajouta. C'est une véritable question. Ce n'est pas pour t'entendre jurer tes grands dieux que tu resteras près de moi… Je ne veux pas t'imposer cette vie... Tu as le droit au bonheur, plus que n'importe qui... Alors si il y a une chance…

Elle finit en un souffle, haïssant chacun des mots qu'elle prononçait.

-Ou peut-être que la magie...

-Je t'aime… et parfois… je voudrais tellement que ça ne soit pas réciproque… souffla-t-elle, la voix rauque.

-Pas moi... C'est la plus belle chose qui nous soit arrivé, la plus belle qui Me soit arrivé... je ne la renierais pour rien au monde. Pour son  bien, pour leurs bien... A tout les deux... Il aurait pourtant souhaité être le seul à ressentir cet amour fou. Sans limite.

Il aurait voulu rester, juste rester. Être près d'elle, pouvoir la serrer dans ses bras, juste pour une nuit, juste pour cette fois. Et il voyait, dans ces yeux aveugles, toute la transparence de ces sentiments réciproques. Elle ne pouvait mentir dans ce regard, car elle ne voyait pas ceux des autres. Il avait su lire dans un regard que bons nombres croyaient vide... Il n'était pas vide.. Juste bridé... Il en était sûr.

-Est-ce que… est-ce que tu pourrais faire ta vie ailleurs… ? Être heureux loin d'ici… ? Puis elle ajouta. C'est une véritable question. Ce n'est pas pour t'entendre jurer tes grands dieux que tu resteras près de moi… Je ne veux pas t'imposer cette vie... Tu as le droit au bonheur, plus que n'importe qui... Alors si il y a une chance…

Elle finit en un souffle, Jindanor l'écoutant attentivement, la tenant toujours contre lui...

-Ou peut-être que la magie...


-Jamais. Un mot, un seul suffisait... Développé d'une voix certaine, des plus sûre. Il n'avait pas eu à réfléchir, il était sortis seul. Jamais. Mon bonheur, il est à tes côtés, nul part ailleurs. Cette vie, je me l'imposes, personnellement. Je t'ai déjà imposé de m'attendre, sans savoir si je reviendrais vivant. je ne t'imposerais pas un départ, pour "notre bien". Rose a voulu me faire croire que je pourrais te rendre plus heureuses en disparaissant de ta vie... Ton frère à cru qu'il pouvait me faire disparaître.. Anthoine lui même à essayé. Ca n'a pas marché. Et ça ne marchera Jamais.

Il prit un instant, pour respirer, il parlait calmement, les mots venaient seuls, sans avoir à forcer, et pourtant, il avait mal. Mal de savoir qu'elle ait pu penser à ça. Croyait-elle seulement qu'il l'abandonnerait ? Qu'il était capable d'autant d'égoïsme ? S'il avait cherché la "gloire, et l'honneur"... Ce n'était pas pour lui. C'était pour ELLE. Pour s'élever suffisamment pour pouvoir demander sa main. Pour s'élever suffisamment pour pouvoir s'emparer d'elle. Prétendre à cela.

-Je crois même que les dieux eux-même veulent mettre leurs grains de sels... Mais tu sais quoi ? Je me fiche de l'avis de ceux qui m'entourent. De ceux qui nous entourent. J'ai le droit au bonheur, comme tu y as le droit. Mon bonheur n'existe pas sans toi, je l'ai vite compris. Je le sais. Alors s'il y a une chance, une once de chance que je puisse profiter de quelques instants, aussi courts soient-ils, à tes côtés. Alors je la prendrais. Cette chance.

Il vint glisser sa main vers le menton de Cécilie, redressant son visage vers lui.

-Et tu peux user d'autant de magie que tu le voudras, tenter de vriller mon cerveau, annihiler chaque souvenirs. Il suffira que je te vois. Une fois. Une seule fois. Et tout reviendra. Il suffira que tu essaye, pour que je repousse jusqu'à la moindre minuscule trace de magie. J'ai vécu des choses que la plupart ne voudraient pas imaginer. Du haut de mes 20 années, j'en traîne des milliers. Je te l'ai dis. Et je te le redis Cécilie. Il prit une pause, s'approchant d'elle, de nouveau. Pour toujours.

Ses lèvres vinrent sceller ses mots sur les siennes, dans un baiser langoureux, délicats, sa main glissa sur sa peau satinée, sa dextre quitta  ses hanches, pour venir se glisser sur le drapé la couvrant, remontant dans sa nuque, alors qu'il continuait un baiser brûlant d'amour. Il lui avait répondu franchement. Jamais il ne pourrait vivre sans elle, ailleurs qu'à ses côtés. Heureux loin d'ici ? De Lourmel ? Peut-être, certainement même, tant qu'il était à ses côtés. Devoir la quitter ? L'abandonner ? Jamais. Pour SON bien ? Jamais. Pour LEURS bien ? Jamais. Son amour était tel qu'il se brûlerait les ailes comme une colombe volant trop près du soleil. Elle était son soleil, il mourrait certainement de cet amour, mais il n'en avait que faire. Il l'aurait vécu, jusqu'au dernier instant.

Jamais.

Elle avait légèrement sursauté.

Jamais.

Il l'avait répéter, comme pour s'assurer qu'elle n'en douterait pas un instant. Alors qu'il lui expliquait, elle avait envie de lui poser un milliard de question. Se rendait-il vraiment compte de ce que cela signifiait? Se rendait-il compte qu'il devrait sûrement la voir jour après jour au bras d'un autre homme? Prétendre de rien. Vivre dans le mensonge. Dans la crainte d'être découvert. Se rendait-il compte de toute cela. Une conscience aiguë de l'autre se mêlait dans ses mots au même égoïsme qui empêchait Cécilie de prendre seule une décision qui les concernait tous les deux.

Ses mots se gravaient en elle. Il lui semblait qu'elle ne l'avait jamais entendu parlé auparavant. Chaque phrase parvenait à enlever un nouveau poids de son coeur. Mais toutes ces questions s'envolèrent en une simple phrase. Deux mots.

Pour toujours.

Pour toujours.

Son cœur plus que son esprit eut le temps de souffler à son tour ses deux mots juste avant que Jindanor ne les scellent d'un baiser. Au lieu d'entendre l'accélération de son propre cœur lui monter aux oreilles comme a chaque fois qu'il l'embrassait, la jeune femme ne sentait qu'un profond et puissant battement pulsé au creux de sa poitrine.

Si l'engagement du mariage avait déjà eu un sens, alors cela devait être précisément celui de ces deux mots.

Sa main se libéra de son carcan de tissus sans prêter une quelconque attention au drap qui tomba à moitié, jeté en parti sur son épaule. Alors que des doigts calleux remontaient sur sa nuque, froissant ses cheveux et heurtant sa peau, ses bras enlacer le cou de Jindanor. Son ami. Son chevalier. Son amant. Son homme.

Au bout d'un long moment qui paraissait bien trop court, ils durent se séparer pour reprendre leur souffle. Elle sentait sa respiration sur ses lèvres, son front sur le sien.

« Tu arrives toujours à trouver des mots si justes alors que j'essaie si fort de trouver les rimes et les accords qui pourrait ne serait-ce qu'approcher cela… J'ai… »

Elle sourit, ses mains glissant sur ses épaules comme si elle voulait se blottir contre lui.

« Pardonne moi. Je ne voulais pas… Je voudrai tant de choses… des choses qui ne peuvent être. Mais je n'ai jamais souhaité aussi sincèrement que quelqu'un trouve enfin la paix qu'il mérite. Je sais que je suis… imparfaite, et je n'aurais jamais put rêver qu'un homme ne voit pas que cela. Je ne connais rien du monde… Je n'ai pas des milliers d'années et je ne comprendrais peut-être jamais les épreuves que tu as traversé. Mais je serai toujours là pour toi. Que tu veuilles en parler ou non. Quoi qu'il arrive. Quel que soit ton adversaire. Les dieux ou les hommes peu importe. Si je peux rester près de toi et faire ton bonheur, même un bonheur imparfait, tu fais de moi la plus heureuse des femmes. »

Elle fit une pause, un sourire se gravant peu à peu dans ses traits. De toutes les femmes de la Péninsule, il l'avait choisi elle… Elle s'en sentait… reconnaissante ? Oui, un peu. Mais c'était surtout de la fierté et un amour infini qui occupait son cœur.

« Tu sais, j'avais déjà cru aimer. Une fois. Mais je sais maintenant que cela n'avait rien à voir. Quand tu es rentré d'Amblère, j'ai... retrouvé une part de moi-même. Je n'avais jamais rien ressentit de pareil… L'impression de recommencer à respirer après une longue apnée. C'est comme si j'avais pris vie le jour de notre rencontre. L'idée de te voir repartir du jour au lendemain me hante toujours, mais je préfère mille fois vivre à tes côtés, toi le curieux et honorable bûcheron que j'aime, quelles qu'en soient les conditions ou les dangers, plutôt que de penser ne serait-ce qu'une seconde de plus à vivre sans toi. Toutes les couronne, tout l'or et toutes les décisions familiales du monde n'y changeraient rien. »

Par un miracle, il avait même réussit à dissuader Gaël de parler. Comment s'y était-il pris ? Elle aurait voulu le savoir mais elle lui faisait toute confiance. L'heure n'était pas aux interrogations.

Et l'heure n'était plus au batifolage non plus hélas…  L'arrivée de Gaël avait été comme un coup de tonnerre. Cela aurait put être n'importe qui d'autre. Le château était encore en effervescence. A quelques pas, on s'occupait des prisonniers, on fouillait chaque pièce, interrogeait chaque serviteur pour qu'aucun mécréant n'en réchappe. Et ceux qui ne travaillaient pas a faire payer les traîtres aidaient à la remise en état du château et de Lourmel après la crue de la nuit.  

Entre les bras de Jindanor, elle avait l'impression que rien ne pouvait l'atteindre. Elle repoussa l'impression de son corps sur le sien, profitant encore de l'étreinte jusqu'à ce que la corde sur laquelle tirait le temps, le silence, sa main calleuse, son souffle et sa chaleur ne finisse par casser.

« Les gardes fidèles sont en train de courir dans chaque couloir de ce château et un serviteur pourrait venir d'une minute à l'autre m'apprendre le réveil de Maélyne… » elle préférait ne pas penser à l'autre cas. « Je pense qu'il faudrait mieux que nous nous quittions pour cette nuit. »

Elle n'arrivait pourtant pas a reculer. Comme si elle voulait atténuer la claque qu'elle venait de leur porter à tout deux, elle se laissa ajouter une dernière fois :

« Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi droit et fort. Tu as ma confiance absolue… Jamais je n'aurai cru pouvoir éprouver quelque chose d'aussi fort.  »