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| Sujet: En signe de malvenue [Finn - Liv] Jeu 6 Oct 2016 - 19:00 | |
| Tis abhorrait la Chaisne O Bog. Les paluds n’étaient pas favorables à des clans aussi importants que le Kertova. Ils étaient difficiles d‘accès et y trouver des bancs de terre assez étendus pour supporter tout le groupe s’avérait presque toujours impossible ; sectionner le clan était donc inévitable et cela demandait une extrême vigilance, d’autant plus que les paludiers n’avaient rien d’accueillant. Mais cette contrée des Wandres était incontournable. Le Kertova y était né, il y avait bien longtemps, lorsque Carmelane, une Wandraise de l’ethnie Sigol, massacra la population mâle de son clan avec l’aide de ses sœurs et descendit des montagnes pour s’installer dans les paluds. Depuis, le Kertova avait bien grandi et était devenu strictement nomade. Le clan pérégrinait de la tertre funéraire d’une ancienne cheffe de clan à une autre. Celles-ci étaient principalement éparpillées dans la partie est des Wandres et les Gammal seules décidaient, à chaque nouvelle lune, quelle serait la prochaine destination du Kertova. Et c’est ainsi, qu’au moins une fois par an, le clan était de retour dans la Chaisne O Bog. Une certaine tolérance caractérisait les relations du Kertova avec les autochtones de la région. Ils partageaient une histoire ancienne marquée par des conflits réguliers mais ces derniers étaient accoutumés à la présence du Kertova une fois l’an. Pour autant, chaque fois que Tis avait la charge de ramener le clan dans les marais, son sommeil se faisait des plus légers, dans l’attente d’un incident qui mettrait le feu à la tourbe.
Le soleil commençait à descendre. La première journée s’était bien passée. Le campement était établi non loin des berges de l’Olfenin. Les Tappo avaient été envoyées surveiller les quelques clans de paludiers qui pourraient poser le plus de problème tandis que les éclaireuses revenaient une à une avec des informations sur les environs. « - Trois individus remontent le fleuve dans notre direction, dit Valmé. - Des paludiers ? demanda Tis alors qu'elle passait le camp en revue. - Non, ils ne sont pas d’ici, répondit l’Oeil de Carmelane. Tis s’arrêta, l’air incrédule. Les Wandres recevaient rarement des visiteurs. Il fallait être fou pour s’y aventurer sans en connaître les lieux; d’autant plus lorsqu’il s’agissait de traverser la Chaisne O Bog. S’ils pouvaient peut-être passer à travers les filets des paludiers, ils n’échapperaient pas aux Jengats. - L’un deux est un homme grand aux allures.. elfiques, reprit Valmé. - Pourriture. Les deux autres ? - Deux fillettes. » La situation était bien trop incongrue pour ne pas la tirer au clair. Tis ordonna Valmé de réunir cinq Kertova.
Ces trois benêts avaient piqué la curiosité de la Dame des Wandres. Il était trop tard pour faire marche arrière.
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| Sujet: Re: En signe de malvenue [Finn - Liv] Mar 22 Nov 2016 - 4:13 | |
| Liv, Zem et Finn marchaient en silence. Depuis deux jours, le ruissellement de l’Olfelin les accompagnait dans leur quête. Comme souvent, Finn se trouvait en avant, à l’affut de traces qui sauraient les guider jusqu'à leur proie. Car l’aventure à laquelle s’adonnait les trois compagnons était en réalité une traque, de plusieurs ennéades, qui les avait menés jusqu’à la Chaisne O Bog. La poursuite du gibier était d’autant plus difficile que ce dernier était un sorcier originaire des Wandres. Karzan, sa charrette et son ânesse avaient mystérieusement disparu après l’enlèvement de Liv à Naelis. Et il ne faisait nul doute que le vieil homme avait eu maintes fois recours à la magie pour induire ses poursuivants en erreur. Zem avait donc dû prêter main forte à Finn lorsqu’il avait fallu lire les traces les plus nébuleuses. Pendant un temps, elle avait fait bon usage de la bave de Lola laissée dans les fourrés et sur certains arbres mais le sorcier avait finalement dû réaliser son erreur et cela faisait maintenant plusieurs jours que l’ânesse ne laissait plus aucune trace derrière elle ; la même chose était arrivée avec le crottin de l’animal quelques ennéades plus tôt, au grand dam de Finn. Malgré la raréfaction des signes leur indiquant qu’ils étaient sur la bonne route, Zem et Finn semblaient persuadés que leur retard sur Karzan avait été rattrapé et qu’une confrontation avec le magicien ne saurait tarder. Par ailleurs, une autre chose était sûre, l’issue de cette rencontre était des plus incertaines. Zem avait mis en garde ses compagnons à ce sujet ; le sorcier était à craindre et le fait qu’il était de retour sur ses terres d’origine n’arrangeait rien.
Le silence qui couvrait leurs pas trahissait deux choses. La première était la prudence vis-à-vis du danger qui les entourait à chaque instant. Bien que tous les trois doués d’un instinct de survie remarquable, aucun d’eux n’avait l’âme d’un guerrier, et encore moins ses aptitudes. Le voyage depuis Naelis avait été long et périlleux. Ils avaient vu des choses que leurs yeux ne sauraient toujours croire, fait des rencontres auxquelles rien ne les avait prédestinés, et échappé à la mort plus que de raison. Chacun d’entre eux devait sa vie aux deux autres. Pour survivre, ils devaient filer sans bruit, glisser entre les arbres et par-dessus les montagnes. Mais leur silence trahissait également le fait que tout avait été dit. Les premiers jours de leur épopée avaient été ponctués de multiples murmures. Chacune de leurs histoires respectives avaient été partagées. Les choses avaient été mises à plat. Et si tous les secrets n’avaient pas été divulgués, un bon nombre de voiles avaient été levés dans le but, indispensable à tous, de consolider des liens qui s’avéreraient essentiels dans les situations difficiles.
Depuis qu’ils avaient quitté l’Ithri’Vaan, les températures s’étaient progressivement adoucies et alors qu’ils avaient pénétré les Wandres, les trois compagnons s’étaient retrouvés forcés, la nuit tombée, de dormir les uns contre les autres afin de ne pas mourir de froid. Liv était sans doute celui qui souffrait le plus du changement de climat. D’un gabarit grand et plutôt maigre, il avait des difficultés à se protéger du froid. Son état général s’était néanmoins nettement amélioré depuis Naelis. Une fois qu’il avait repris connaissance, un poids s’était levé de ses épaules. Les voix, les visions, le tambour s’étaient évanouis. Arcam semblait avoir abandonné le jeune danseur. Pour autant, au fond de lui, Liv ne pouvait se résigner à s’en réjouir ; il le savait trop bien, le dieu au mille visages était maitre en fourberie. Cette nouvelle clarté d’esprit avait cependant permis à Liv de s’intéresser à Zem et à Finn qui l’avaient sauvé des mains du culte. Elle lui avait aussi permis de récupérer sa mémoire et de répondre à la question de l’éclaireur. Sa couronne ? Karzan la lui avait volée lors de son arrivée à Naelis. Zem avoua aussi que c’est elle qui guida le sorcier jusqu’à Liv, sans savoir quelles en étaient les raisons ni qu’en seraient les conséquences. Tous deux avaient présenté leurs regrets à l’un et l’autre et à Finn, et avait décidé d’aider l’éclaireur à retrouver son dû.
Les Wandres n’avaient jamais fait partie des plans de Liv. Il avait envisagé de retourner à Thaar mais, là-bas, le culte l’aurait retrouvé. Il s’était rendu à l’évidence qu’il devait partir à l’inconnu et quitte à le faire, autant que ce soit accompagné de gens qui lui avaient sauvé la vie. Le danseur n’avait pas grand-chose à apporter à ses compagnons de route ; il ne savait pas pister, il ne savait pas chasser. Il savait allumer un feu mais Finn et Zem étaient beaucoup plus rapides que lui à ce niveau-là aussi. Alors, il ramassait le bois et cueillait des fruits et des plantes. Mais l’orphelin des faubourgs de Thaar n’était pas de la région et, la plupart du temps, ses cueillettes étaient immédiatement jetées par Finn qui avait plusieurs fois évité au trio de mourir empoisonné. Ce jour-là, alors qu’ils avaient décidé de camper sur les rives de l’Olfelin, Liv était parti dans les hauteurs boisées pour aller chercher du bois. Sans oublier sa tâche, il s’autorisa à monter plus haut que de besoin afin d’admirer la vue des vastes étendues wandraises. Liv en eut le souffle coupé. Et les Wandres n’y étaient pour rien. De l’autre côté des hauteurs autour desquelles l’Olfelin serpentait, en aval du fleuve, une silhouette se démarquait sur les rives. Une silhouette que Liv aurait reconnu entre mille. Le danseur lâcha son fagot de bois et se mit à courir, dévalant les pentes escarpées à une vitesse effrénée. Son agilité exceptionnelle l’empêcha sûrement de foncer à sa mort. Soudain, il déboula des fourrés et rejoignit Zem et Finn à grandes enjambées. Le souffle court, la respiration haletante, il pointait du doigt le fleuve sans pouvoir articuler aucun mot. Puis, finalement, en tombant à genoux d’anhélation : « B… BAar… BARBAQUE ! »
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