Nom/Prénom : Ruthger Ierhold d'Estenhausen Âge/Date de naissance : Calimehtarus de la deuxième ennéade de Karfïas, an 985 du Xème Cycle (24 ans) Sexe : Masculin Race : Humain Faction : Péninsule Particularité : Des dons de bretteur époustouflants, tout autant que l'est son ego...
Alignement : Loyal Neutre Métier : Chevalier Classe d'arme : Corps à corps / Défensif
Équipement :
Comme tout chevalier qui se respecte, Ruthger possède armes et armures dignes de son rang, et des vêtements fabriqués dans les étoffes les plus recherchées par le monde péninsulaire. A son côté pend un baudrier contenant son épée bâtarde, un cadeau de son oncle Ralf. Il l’entretient comme s’il s’agissait de son trésor le plus cher, et en tire la plus grande des fiertés. L’armure qu’il reçut lors de son adoubement est du dernier cri, bel ouvrage olysséan tout droit sorti des forges des Monts Corbeaux. Cependant, il ne la porte que lors des batailles, et lorsqu’il doit parader au sein ou en dehors de son château. Il préfère porter ses riches vêtements de gentilhomme, ou sa belle brigandine de cuir gravée au sanglier du blason familial. Ce même blason se retrouve sur son écu : d’argent au sanglier rampant de gueules. Pour palier aux froides températures du Nord, il aime aussi porter une grande et chaude cape, bordée de fourrure. Il préfère la fourrure de loup à toute autre. Enfin, il possède également une jolie dague au manche serti de deux émeraudes, et dont il n’hésite pas à se servir pour commettre les pires dégâts au corps humain…
Description physique :
Ah, quel bel homme ! Ah, quel preux chevalier ! Regardez-le, regardez-le bien, qu’il est bel homme, le héros d’Oësgard !
Ruthger est extrêmement fier d’être beau. Un visage carré, bien fait. Il pense être l’œuvre de Néera en personne. Ses yeux sont de la couleur des feuilles lorsque l’automne est aux portes, mais pas encore vraiment là, le vert tirant sur le mordoré. Il porte la barbe avec un certain charme, courte et plutôt bien taillée. Ses cheveux sont châtains, et, couplés à sa barbe, donnent l’impression qu’il s’agit d’un lion humain.
Son corps est celui d’un homme de guerre, bien qu’il soit moins large que son frère Valdemar. Une musculature fine, taillée pour les assauts fulgurants et les vives esquives. Aucune entaille, aucune cicatrice ne vient cisailler sa peau, si bien que certains pensent qu’il ne s’est jamais réellement battu. Tort auraient-ils, ces oiseaux de malheur ! Qu’ils viennent l’affronter pour voir ! S’il n’a jamais eu à souffrir de mauvais coups, c’est bien parce qu’il est extrêmement doué dans ce qu’il fait. Il suffit de le regarder marcher pour comprendre que chacun de ses mouvements est calculé, que chacun de ses pas félins pourrait à tout moment le faire bondir de côté et dégainer rapidement sa lame. C’est un guerrier-né. Et contrairement à son frère, il fait bien plus dans la finesse...
Description mentale :
L’ego est frustration.
Ruthger, toute son enfance, a souhaité passer pour plus que le simple second fils d’un seigneur du Nord. Il voulait plus, et cherchait la reconnaissance paternelle. Face à son grand rival, ce frère hostile et méprisant, il développa ses propres défenses, et érigea sa propre personnalité. Celle de Ruthger d’Estenhausen, le grand chevalier, dont parleront plus tard les gestes et les ballades. Toute sa vie, il s’est battu pour un regard de son père. Mais plus encore, toute sa vie, il s’est bâti un mythe personnel, un ego qui ne cesse de croître avec le temps. Jeune homme aux manières arrogantes pour certains, il n’en reste pas moins à la hauteur de ce qu’il aime montrer. S’il est égocentrique, au moins ne l’est-il pas pour rien. Sa confiance en lui ne cesse d’augmenter, à mesure qu’il vole de victoire en victoire, qu’elle soit sur le champ de bataille, dans les cœurs, ou dans son esprit.
Poète à ses heures, il fait également un trouvère de qualité moyenne. Depuis petit, il fut tenu à l’écart du monde de la chevalerie. Son père souhaitait le former auprès du précepteur Albérick, et en faire un lettré, peut-être un futur prêtre. Toujours est-il que le jeune Ruthger n’a pris que ce qu’il souhaitait de son enseignement, et s’est dirigé vers ce qu’il désirait emprunter comme voie. En résulte un homme de guerre, mais également un homme de lettres, bien qu’il n’en parle pas souvent. Instruit et éduqué, il aime à parler à la façon des anciens, ceux qui eux-mêmes rédigèrent les livres d’Histoire, et bâtirent les légendes. Un grand respect pour ses aînés l’anime, des aînés auxquels il aime à se comparer.
Et s’il entretient bien une relation ambiguë, c’est avec son compagnon de route, Gontran Lafuite. Ce jeune serf, ami d’enfance malgré une différence drastique de statut, accompagne Ruthger dans toutes ses aventures. Cependant, leur amitié est-elle véritable ? Le chevalier ne saurait se prononcer sur la question. S’il apprécie beaucoup Gontran, dit Bottier, il n’en reste pas moins un sous-fifre, qu’il aime malmener comme tous les vilains de son rang. Parfois, pourtant, ils trouvent le moment de rire, de blaguer, et de converser avec engouement et intérêt. Ruthger d’Estenhausen saurait-il souffrir de devenir l’ami d’un gueux ? Car s’il reste avant tout son maître, la relation qu’ils entretiennent semble aller bien plus loin qu’une simple subordination...
Capacités magiques :
Oncques.
Histoire :
Né par un bel après-midi d’été, au sein même du Castel d’Estenhausen, Ruthger faisait son entrée dans le monde des vivants avec les meilleures chances qu’il soit permis d’avoir dans le Nord profond. Il était le fils du grand Brecca Ierhold, seigneur d’Estenhausen, dont les cheveux blancs lui avaient valu nombre de surnoms, tel que Blanche-Tignasse, Brecca aux Blancs-Cheveux, Brecca Neige-Tôt, et autres prouesses d’originalité. Il était parti un jour combattre les Wandrais, et avait été capturé et gardé durant trois lunes par des alrunes sigoles. C’est au retour de sa captivité, relâché inopinément par ses geôlières, que ses cheveux avaient commencé à blanchir. Chaque fois que l’on a tenté de lui tirer les vers du nez, même sous l’influence de l’alcool, il a toujours refusé de révéler ce qu’il s’était passé.
La forteresse d’Estenhausen n’était pas n’importe quel bastion serramirois perdu, mais l’un des plus gros des Trente. Dépourvu de toute esthétique et fioriture, s’il est très laid au moins est-il fonctionnel. Ses murs de pierre grise et son allure peu engageante n’ont jamais plus aux Séraphins, qui évitaient souvent l’endroit dans leurs visites sur le territoire de Serramire. C’est avec le sang de la vieille noblesse de Serramire, et à l’intérieur de la plus inexpugnable forteresse au nord des Hauts de Mernor, que naquit Ruthger, le bien-né.
Seule ombre au tableau ; il était également Ruthger le puîné.
Troisième enfant d’une fratrie de cinq, il était également le deuxième mâle de la portée. Tout aurait été plus facile pour lui s’il n’y avait pas eu cet ignoble Valdemar pour lui voler toute l’attention de ses parents. S’il aimait ses sœurs, il détestait son frère. Dans l’ordre des âges, après Valdemar, venait Margreth, puis Ruthger lui-même, et enfin Wivine et Ermelinde, qui se ressemblaient presque comme deux gouttes d’eau et ne partageaient qu’un an d’écart. Si Margreth était d’un naturel tempérant et pragmatique, ses deux petites sœurs étaient de vraies pestes, chacune à leur manière. Wivine était une championne de la répartie, et ne perdait jamais une occasion de vomir son verbe caustique sur quelqu’un qui ne lui revenait pas. Ermelinde, quant à elle, avait hérité du tempérament de feu qui habitude généralement les guerriers nordiens ou les prêtres d’Othar, faisant d’elle une furie contre ceux qui pouvaient la déranger. Fort heureusement, Ruthger avait appris à apprivoiser ces deux forces de la nature, grâce aux précieux conseils de la grande Margreth.
Le puîné grandit néanmoins dans l’ombre écrasante de son frère. Ils étaient l’antithèse parfaite l’un de l’autre. Valdemar était grand et fort comme un bœuf, alors que Ruthger était plus fin et plus petit. Valdemar avait une voix grave et forte, portant à l’horizon, tandis que Ruthger parlait avec le timbre léger et agréable des troubadours. Enfin, Valdemar était la chose la plus précieuse aux yeux de son père, tandis que Ruthger n’avait droit qu’à quelques rares regards de la part de Brecca. En réalité, peut-être y avait-il quelques traits que les deux fils Ierhold partageaient : un grandiose ego, et un talent sûr pour tuer. D’aucuns diraient que les deux se sont développés durant leur compétition de longue haleine, qui commença dès le berceau. Et ils n’auraient pas tort. Valdemar était imbu de sa personne, aussi Ruthger se forgea une haute opinion de lui-même. Valdemar était adroit à la masse et grand cavalier, aussi Ruthger s’entraîna avec assiduité aux armes et à la monte.
Depuis l’enfance, le jeune Ruthger avait cherché à faire glisser le regard de son père, de Valdemar sur lui. Brecca avait destiné son second fils à une carrière d’ecclésiastique, voire d’intendant. Mais le garnement avait la niaque, et en parallèle avec ses cours de philosophie, de théologie, et de mathématiques, donnés par son vieux précepteur Albérick, il s’acoquina avec son oncle Ralf pour qu’il lui enseigne l’escrime et la tenue d’un bon bretteur. Formé à la plume et à l’épée, il tenta de démontrer à son père qu’il était bien plus utile en tant que guerrier qu’en tant que clerc. Mais la tignasse d’ivoire avait bien plus important à faire, comme d’apprendre à son héritier comment jouter. Tout ce que Ruthger tentait tombait à l’eau, lorsque la mine sévère de son père finissait immanquablement par se retourner vers Valdemar, qui volait d’exploit en exploit. Ruthger, à l’époque, aurait tout donné pour ne serait-ce qu’un regard admiratif de son paternel. Et il crevait d’envie à chacun de ceux que Brecca décochait à l’aîné prodige.
A l'aube de sa quinzième année, alors qu'il se voyait déjà un viril majeur prêt à devenir chevalier, un voile obscurcit les cieux, et saisit d'effroi ou de folie les petites gens. Ce n'était pas qu'un voile. C'était le Voile. Du haut de sa forteresse, Ruthger assista avec fascination aux révoltes serviles, les vilains poussés par la peur et par un dévot déguenillé qui voyait l’œuvre divine partout. Bernardin le Saint, l'appelaient-ils. Mais lorsque Brecca mena une charge dévastatrice sur les rangs désorganisés de ses serfs soulevés, le gueux s'étant ordonné prêtre lui-même fut jeté à bas de son canasson, et déclaré plus tard sur son lieu d'éxecution : Bernardin l'Apostat. Le Défroqué. Sur le billot, il avait abandonné Néera. Mais il fallut attendre un an avant que les révoltes ne soient définitivement matées, et ce même après que le ciel eut repris sa teinte bleu clair. Après ces événements, la seigneurie d'Estenhausen reprit un rythme de vie normal, où les anciennes rancœurs étaient enterrées dans les tréfonds des âmes de chacun.
Tôt dans sa vie, Ruthger ressentit le besoin inavoué de s’entraîner avec d’autres que son oncle. Malheureusement pour lui, tous les fils de bonne famille préféraient suivre Valdemar plutôt que son petit frère. C’est en désespoir de cause que Ruthger chercha plutôt ses amis dans les enfants de basse extraction. L’un d’eux était bien plus fidèle que d’autres ; c’était Gontran, le fils d’un serf du petit village au sud d’Estenhausen. C’était ce pauvre bougre qui prenait les coups de bâton lors des entraînements à l’escrime, et qui faisait office d’écuyer pathétique lorsque Ruthger se prenait à rêver de chevalerie et d’éperons d’or. Gontran devint une sorte d’ami pour Ruthger, et ce malgré la flagrante différence de rang, qui amenait souvent Valdemar à venir rosser le vilain pour le châtier de jouer avec un garçon de rang supérieur. Si Brecca lui-même fut au courant, il n’en fit pas grand cas. Pas même Mathilda, sa mère, trop occupée à chercher de bons partis pour ses sœurs… Et malgré tous ces hauts et ces bas, une mince relation d’amitié parvint à s’établir entre ces deux garnements aux origines si différentes.
C’est une fois adulte que leur relation de bonne entente s’étiola. Lorsque Ralf fit Ruthger chevalier et que, de mauvaise grâce, son père renonça à en faire un érudit, le jeune puîné était alors au sommet de sa gloire. Toujours dans l’ombre de Valdemar, il était néanmoins devenu ce qu’il avait toujours souhaité être, preux chevalier au service de la veuve et des orphelins. Et son amitié avec Gontran s’éteignit comme la flamme d’une bougie, lorsqu’il prit page, valet et écuyer. Gontran, que l’on surnommait à présent Bottier à cause d’une vieille histoire obscène qui lui collait à la peau, était retourné à ses champs, avec sa famille à nourrir et son existence misérable à faire avancer au fil des rudes saisons.
L’invasion d’Oësgard fut la pierre angulaire du destin de Ruthger. La seigneurie devait envoyer des hommes au Marquis, et à leur tête devait se trouver un Ierhold, un Estenhausen. Brecca souhaitait envoyer son aîné Valdemar conduire l’ost. Malheureusement, ce dernier avait une fièvre de cheval lorsque l’appel avait retenti. Résigné, le vieux Brecca avait choisi dès lors son second mâle pour mener les hommes d’Estenhausen à la victoire. L’occasion était inespérée, et c’est avec une fierté non dissimulée que Ruthger avait pris la route à la tête des lances de la seigneurie. Néanmoins, lorsque son valet Félix eut la jambe broyée après une chute de cheval, le jour même du départ, Ruthger dut choisir un remplaçant bien vite. C’est tout naturellement qu’il décida de faire de son ancien compagnon, Gontran Lafuite, son prochain valet. Décision contestée, elle ne fit pas beaucoup de bruit durant la marche, où tous les hommes se demandaient déjà ce qu’ils allaient devoir affronter avec les Sombres…
Oësgard fut un véritable enfer. C’est ainsi que la plupart des hommes narreraient l’histoire à leurs enfants, agitant leur doigt vieilli au coin d’un bon feu. Pour Ruthger, en revanche, la campagne fut tout sauf désastreuse. Remarqué à Nebelheim, porté comme un brave après la victoire d’Amblère, bouter les Drows hors d’Oësgard fut pour lui une vibrante ascension, et une enivrante aventure. Il réalisa également son rêve de môme, en serrant l’avant-bras de son idéal chevaleresque d’alors, le frère du Marquis lui-même. Maintes saouleries et maintes accolades plus tard, il était déjà temps de rentrer en son pays, proclamer qu’il était bien meilleur meneur que son abruti d’aîné. Faire la fierté de son père, voilà tout ce que souhaitait le jeune Ruthger, héros d’Oësgard.
C’était sans compter Valdemar l’Arrogant.
Celle-là, il ne l’avait pas vue venir. Son frère aîné, chevauchant jusqu’en Sgarde-même pour aller chercher l’ost et le ramener en Estenhausen. Ruthger avait bouilli de colère. Il en serait même arrivé aux mains, si d’autres n’avaient pas été là pour les séparer. Était-ce un bien ou un mal, qu’il ait choisi de rentrer seul et en marge du cortège ? Sur le moment, cela paraissait une bonne idée. Il tenait la silhouette de son frère en horreur, et avait préféré se tenir à l’écart, chevauchant en solitaire devant l’ost victorieux. Seul son valet Gontran le suivait à la trace, ses pieds de gueux regrettant la marche forcée qui s’annonçait. Ils traversèrent tout le beau pays de Serramire, jusqu’à s’arrêter inopinément au sein de la bourgade de Lourmel…
Le patelin avait été frappé par une terrible tempête, mais plus encore, l’apparent chaos provoqué par les éléments cachaient quelque chose de plus vil et de plus noir encore, dissimulé dans les tréfonds du castel. Une machination que le brave Ruthger s’était mis en tête de résoudre ; où se trouvait donc la Dame de Lourmel ? Ses dons d’enquêteur, et son impétuosité, permirent entre autres à mettre à jour l’horrible complot se tramant en ces murs. Un complot ourdi par les plus hauts dignitaires de cette seigneurie… Mais après un assaut victorieux et une reprise du château, la paix revint en Lourmel, et la Dame était sauve ! Ruthger en fut grassement remercié.
Ce n’est pas la seule chose qu’il gagna à Lourmel, cependant. Parmi les nombreuses damoiselles parcourant les couloirs du castel, l’une d’entre elles en particulier éveilla tout particulièrement son attention : Thenala d’Outremont, la belle rosière, cousine de la Maélyne. Il tomba sous le charme de ses cheveux de feu, sa peau d’albâtre, et ses lèvres implorant être baisées. Tout chevalier se doit d’aimer une Dame. Ruthger avait trouvé celle qu’il désirait plus que tout au monde voir rejoindre sa couche. Pourquoi pas se lier devant Néera, et partager le même héritage ? Fol amoureux, c’est avec grand peine que Ruthger dut s’en aller rejoindre l’ost, pour rentrer chez lui…
Une fois rentré en la forteresse familiale, Valdemar s’afficha devant son père sans vergogne, bien que celui-ci sache qu’il n’avait pu conduire lui-même les attaques en Oësgard. Les lauriers ne quittèrent donc point les tempes de Ruthger, qui narra durant des soirées entières ses exploits guerriers, face à un père intéressé, une mère fière comme un aigle, et un frère plus jaloux qu’Arcam. Hanap à la main, il prenait plaisir à exagérer ses hauts-faits, et à ajouter de son grain concernant la fameuse enquête lourmeloise. Les temps au sein du castel d’Estenhausen devinrent plus cléments pour Ruthger, qui prenait peu à peu une place plus importante dans l’estime paternelle, à mesure que sa rivalité avec Valdemar prenait un tournant plus violent. En effet, quatre fois déjà le buffle avait tenté de lui briser une jambe, voire l’échine, au cours de leurs séances d’entraînement qui se faisaient de plus en plus rares. Ralf, frère de Brecca, avait bien vu dans le jeu de Valdemar. C’était lui-même qui avait séparé les deux ennemis fraternels.
Obsédé par la Dame de ses pensées, Ruthger lui écrivit nombre de poèmes et de lettres enflammées. Il était loin d’égaler Pentien de Thorone, mais il aimait à penser qu’il était aussi bon que lui dans ce qu’il faisait. Les lettres, néanmoins, ne parvenaient pas à le satisfaire. Il lui fallait la voir, lui parler. Etait-il réellement sous le charme ? Ou n’était-ce qu’une passe sans grande importance ? Il ne le saurait qu’en allant la trouver. Et par le biais d’un colporteur, il ouït parler de ce fameux mariage entre la Lourmeloise et le frère du baron d’Etherna. Sans réfléchir plus avant, il sauta sur le dos de son canasson, Pèlerin, et se lança sur les routes pour rallier Etherna, toujours accompagné de son désormais plus que fidèle Bottier. Le voyage effectué, et une fois arrivé au castel des Clairssac, c’est avec soulagement et euphorie qu’il retrouva enfin la belle Thenala.
En Etherna depuis plusieurs ennéades déjà, il fait sa cour à la rosière d’Outremont. Les soucis de la baronnie leur sont tombés dessus de bien vilaine façon, et pourtant, si Ruthger prend la défense de la cousine de sa bien-aimée, il n’en reste pas moins qu’il n’en a profondément rien à carrer de ce qu’il se déroule en sol ethernan. S’il serait plus enclin à haïr l’Odélian, tout cela ne le concernait en rien… N’était-il pas Ruthger d’Estenhausen, le second fils d’un seigneur des marches du Royaume ? Tout ce qui se déroulait en dehors des frontières, et pis encore, en dehors de Serramire, étaient à des lieues de tout ce qui pouvait le concerner…
Et pendant que Ruthger fait son paon devant la belle d’Outremont, Valdemar reste en Estenhausen. Il y reste, et tente de regagner la place qu’il semble avoir perdue auprès de son père Brecca...
Dernière édition par Ruthger d'Estenhausen le Mer 15 Mar 2017 - 9:24, édité 3 fois
Ruthger de Lourmel
Humain
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Sujet: Re: Ruthger d'Estenhausen - Chevalier serramirois [Terminée] Mer 15 Mar 2017 - 11:59
Javol jolie fiche, après modifications en off pour le Voile, te voila validé !
Code:
[Métier] : Chevalier
[Sexe] : Masculin
[Classe d'arme] : Corps à Corps & Défensif
[Alignement] : Loyal Neutre
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
La Grise
Ancien
Nombre de messages : 365 Âge : 34 Date d'inscription : 02/03/2019
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Sujet: Re: Ruthger d'Estenhausen - Chevalier serramirois [Terminée] Mar 29 Oct 2019 - 15:04
Fiche remise dans le présentoir pour mise-à-jour.
Ancienne fiche:
Nom/Prénom : Ruthger Ierhold d'Estenhausen Âge/Date de naissance : Calimehtarus de la deuxième ennéade de Karfïas, an 985 du Xème Cycle (24 ans) Sexe : Masculin Race : Humain Faction : Péninsule Particularité : Des dons de bretteur époustouflants, tout autant que l'est son ego...
Alignement : Loyal Neutre Métier : Chevalier Classe d'arme : Corps à corps / Défensif
Équipement :
Comme tout chevalier qui se respecte, Ruthger possède armes et armures dignes de son rang, et des vêtements fabriqués dans les étoffes les plus recherchées par le monde péninsulaire. A son côté pend un baudrier contenant son épée bâtarde, un cadeau de son oncle Ralf. Il l’entretient comme s’il s’agissait de son trésor le plus cher, et en tire la plus grande des fiertés. L’armure qu’il reçut lors de son adoubement est du dernier cri, bel ouvrage olysséan tout droit sorti des forges des Monts Corbeaux. Cependant, il ne la porte que lors des batailles, et lorsqu’il doit parader au sein ou en dehors de son château. Il préfère porter ses riches vêtements de gentilhomme, ou sa belle brigandine de cuir gravée au sanglier du blason familial. Ce même blason se retrouve sur son écu : d’argent au sanglier rampant de gueules. Pour palier aux froides températures du Nord, il aime aussi porter une grande et chaude cape, bordée de fourrure. Il préfère la fourrure de loup à toute autre. Enfin, il possède également une jolie dague au manche serti de deux émeraudes, et dont il n’hésite pas à se servir pour commettre les pires dégâts au corps humain…
Description physique :
Ah, quel bel homme ! Ah, quel preux chevalier ! Regardez-le, regardez-le bien, qu’il est bel homme, le héros d’Oësgard !
Ruthger est extrêmement fier d’être beau. Un visage carré, bien fait. Il pense être l’œuvre de Néera en personne. Ses yeux sont de la couleur des feuilles lorsque l’automne est aux portes, mais pas encore vraiment là, le vert tirant sur le mordoré. Il porte la barbe avec un certain charme, courte et plutôt bien taillée. Ses cheveux sont châtains, et, couplés à sa barbe, donnent l’impression qu’il s’agit d’un lion humain.
Son corps est celui d’un homme de guerre, bien qu’il soit moins large que son frère Valdemar. Une musculature fine, taillée pour les assauts fulgurants et les vives esquives. Aucune entaille, aucune cicatrice ne vient cisailler sa peau, si bien que certains pensent qu’il ne s’est jamais réellement battu. Tort auraient-ils, ces oiseaux de malheur ! Qu’ils viennent l’affronter pour voir ! S’il n’a jamais eu à souffrir de mauvais coups, c’est bien parce qu’il est extrêmement doué dans ce qu’il fait. Il suffit de le regarder marcher pour comprendre que chacun de ses mouvements est calculé, que chacun de ses pas félins pourrait à tout moment le faire bondir de côté et dégainer rapidement sa lame. C’est un guerrier-né. Et contrairement à son frère, il fait bien plus dans la finesse...
Description mentale :
L’ego est frustration.
Ruthger, toute son enfance, a souhaité passer pour plus que le simple second fils d’un seigneur du Nord. Il voulait plus, et cherchait la reconnaissance paternelle. Face à son grand rival, ce frère hostile et méprisant, il développa ses propres défenses, et érigea sa propre personnalité. Celle de Ruthger d’Estenhausen, le grand chevalier, dont parleront plus tard les gestes et les ballades. Toute sa vie, il s’est battu pour un regard de son père. Mais plus encore, toute sa vie, il s’est bâti un mythe personnel, un ego qui ne cesse de croître avec le temps. Jeune homme aux manières arrogantes pour certains, il n’en reste pas moins à la hauteur de ce qu’il aime montrer. S’il est égocentrique, au moins ne l’est-il pas pour rien. Sa confiance en lui ne cesse d’augmenter, à mesure qu’il vole de victoire en victoire, qu’elle soit sur le champ de bataille, dans les cœurs, ou dans son esprit.
Poète à ses heures, il fait également un trouvère de qualité moyenne. Depuis petit, il fut tenu à l’écart du monde de la chevalerie. Son père souhaitait le former auprès du précepteur Albérick, et en faire un lettré, peut-être un futur prêtre. Toujours est-il que le jeune Ruthger n’a pris que ce qu’il souhaitait de son enseignement, et s’est dirigé vers ce qu’il désirait emprunter comme voie. En résulte un homme de guerre, mais également un homme de lettres, bien qu’il n’en parle pas souvent. Instruit et éduqué, il aime à parler à la façon des anciens, ceux qui eux-mêmes rédigèrent les livres d’Histoire, et bâtirent les légendes. Un grand respect pour ses aînés l’anime, des aînés auxquels il aime à se comparer.
Et s’il entretient bien une relation ambiguë, c’est avec son compagnon de route, Gontran Lafuite. Ce jeune serf, ami d’enfance malgré une différence drastique de statut, accompagne Ruthger dans toutes ses aventures. Cependant, leur amitié est-elle véritable ? Le chevalier ne saurait se prononcer sur la question. S’il apprécie beaucoup Gontran, dit Bottier, il n’en reste pas moins un sous-fifre, qu’il aime malmener comme tous les vilains de son rang. Parfois, pourtant, ils trouvent le moment de rire, de blaguer, et de converser avec engouement et intérêt. Ruthger d’Estenhausen saurait-il souffrir de devenir l’ami d’un gueux ? Car s’il reste avant tout son maître, la relation qu’ils entretiennent semble aller bien plus loin qu’une simple subordination...
Capacités magiques :
Oncques.
Histoire :
Né par un bel après-midi d’été, au sein même du Castel d’Estenhausen, Ruthger faisait son entrée dans le monde des vivants avec les meilleures chances qu’il soit permis d’avoir dans le Nord profond. Il était le fils du grand Brecca Ierhold, seigneur d’Estenhausen, dont les cheveux blancs lui avaient valu nombre de surnoms, tel que Blanche-Tignasse, Brecca aux Blancs-Cheveux, Brecca Neige-Tôt, et autres prouesses d’originalité. Il était parti un jour combattre les Wandrais, et avait été capturé et gardé durant trois lunes par des alrunes sigoles. C’est au retour de sa captivité, relâché inopinément par ses geôlières, que ses cheveux avaient commencé à blanchir. Chaque fois que l’on a tenté de lui tirer les vers du nez, même sous l’influence de l’alcool, il a toujours refusé de révéler ce qu’il s’était passé.
La forteresse d’Estenhausen n’était pas n’importe quel bastion serramirois perdu, mais l’un des plus gros des Trente. Dépourvu de toute esthétique et fioriture, s’il est très laid au moins est-il fonctionnel. Ses murs de pierre grise et son allure peu engageante n’ont jamais plus aux Séraphins, qui évitaient souvent l’endroit dans leurs visites sur le territoire de Serramire. C’est avec le sang de la vieille noblesse de Serramire, et à l’intérieur de la plus inexpugnable forteresse au nord des Hauts de Mernor, que naquit Ruthger, le bien-né.
Seule ombre au tableau ; il était également Ruthger le puîné.
Troisième enfant d’une fratrie de cinq, il était également le deuxième mâle de la portée. Tout aurait été plus facile pour lui s’il n’y avait pas eu cet ignoble Valdemar pour lui voler toute l’attention de ses parents. S’il aimait ses sœurs, il détestait son frère. Dans l’ordre des âges, après Valdemar, venait Margreth, puis Ruthger lui-même, et enfin Wivine et Ermelinde, qui se ressemblaient presque comme deux gouttes d’eau et ne partageaient qu’un an d’écart. Si Margreth était d’un naturel tempérant et pragmatique, ses deux petites sœurs étaient de vraies pestes, chacune à leur manière. Wivine était une championne de la répartie, et ne perdait jamais une occasion de vomir son verbe caustique sur quelqu’un qui ne lui revenait pas. Ermelinde, quant à elle, avait hérité du tempérament de feu qui habitude généralement les guerriers nordiens ou les prêtres d’Othar, faisant d’elle une furie contre ceux qui pouvaient la déranger. Fort heureusement, Ruthger avait appris à apprivoiser ces deux forces de la nature, grâce aux précieux conseils de la grande Margreth.
Le puîné grandit néanmoins dans l’ombre écrasante de son frère. Ils étaient l’antithèse parfaite l’un de l’autre. Valdemar était grand et fort comme un bœuf, alors que Ruthger était plus fin et plus petit. Valdemar avait une voix grave et forte, portant à l’horizon, tandis que Ruthger parlait avec le timbre léger et agréable des troubadours. Enfin, Valdemar était la chose la plus précieuse aux yeux de son père, tandis que Ruthger n’avait droit qu’à quelques rares regards de la part de Brecca. En réalité, peut-être y avait-il quelques traits que les deux fils Ierhold partageaient : un grandiose ego, et un talent sûr pour tuer. D’aucuns diraient que les deux se sont développés durant leur compétition de longue haleine, qui commença dès le berceau. Et ils n’auraient pas tort. Valdemar était imbu de sa personne, aussi Ruthger se forgea une haute opinion de lui-même. Valdemar était adroit à la masse et grand cavalier, aussi Ruthger s’entraîna avec assiduité aux armes et à la monte.
Depuis l’enfance, le jeune Ruthger avait cherché à faire glisser le regard de son père, de Valdemar sur lui. Brecca avait destiné son second fils à une carrière d’ecclésiastique, voire d’intendant. Mais le garnement avait la niaque, et en parallèle avec ses cours de philosophie, de théologie, et de mathématiques, donnés par son vieux précepteur Albérick, il s’acoquina avec son oncle Ralf pour qu’il lui enseigne l’escrime et la tenue d’un bon bretteur. Formé à la plume et à l’épée, il tenta de démontrer à son père qu’il était bien plus utile en tant que guerrier qu’en tant que clerc. Mais la tignasse d’ivoire avait bien plus important à faire, comme d’apprendre à son héritier comment jouter. Tout ce que Ruthger tentait tombait à l’eau, lorsque la mine sévère de son père finissait immanquablement par se retourner vers Valdemar, qui volait d’exploit en exploit. Ruthger, à l’époque, aurait tout donné pour ne serait-ce qu’un regard admiratif de son paternel. Et il crevait d’envie à chacun de ceux que Brecca décochait à l’aîné prodige.
A l'aube de sa quinzième année, alors qu'il se voyait déjà un viril majeur prêt à devenir chevalier, un voile obscurcit les cieux, et saisit d'effroi ou de folie les petites gens. Ce n'était pas qu'un voile. C'était le Voile. Du haut de sa forteresse, Ruthger assista avec fascination aux révoltes serviles, les vilains poussés par la peur et par un dévot déguenillé qui voyait l’œuvre divine partout. Bernardin le Saint, l'appelaient-ils. Mais lorsque Brecca mena une charge dévastatrice sur les rangs désorganisés de ses serfs soulevés, le gueux s'étant ordonné prêtre lui-même fut jeté à bas de son canasson, et déclaré plus tard sur son lieu d'éxecution : Bernardin l'Apostat. Le Défroqué. Sur le billot, il avait abandonné Néera. Mais il fallut attendre un an avant que les révoltes ne soient définitivement matées, et ce même après que le ciel eut repris sa teinte bleu clair. Après ces événements, la seigneurie d'Estenhausen reprit un rythme de vie normal, où les anciennes rancœurs étaient enterrées dans les tréfonds des âmes de chacun.
Tôt dans sa vie, Ruthger ressentit le besoin inavoué de s’entraîner avec d’autres que son oncle. Malheureusement pour lui, tous les fils de bonne famille préféraient suivre Valdemar plutôt que son petit frère. C’est en désespoir de cause que Ruthger chercha plutôt ses amis dans les enfants de basse extraction. L’un d’eux était bien plus fidèle que d’autres ; c’était Gontran, le fils d’un serf du petit village au sud d’Estenhausen. C’était ce pauvre bougre qui prenait les coups de bâton lors des entraînements à l’escrime, et qui faisait office d’écuyer pathétique lorsque Ruthger se prenait à rêver de chevalerie et d’éperons d’or. Gontran devint une sorte d’ami pour Ruthger, et ce malgré la flagrante différence de rang, qui amenait souvent Valdemar à venir rosser le vilain pour le châtier de jouer avec un garçon de rang supérieur. Si Brecca lui-même fut au courant, il n’en fit pas grand cas. Pas même Mathilda, sa mère, trop occupée à chercher de bons partis pour ses sœurs… Et malgré tous ces hauts et ces bas, une mince relation d’amitié parvint à s’établir entre ces deux garnements aux origines si différentes.
C’est une fois adulte que leur relation de bonne entente s’étiola. Lorsque Ralf fit Ruthger chevalier et que, de mauvaise grâce, son père renonça à en faire un érudit, le jeune puîné était alors au sommet de sa gloire. Toujours dans l’ombre de Valdemar, il était néanmoins devenu ce qu’il avait toujours souhaité être, preux chevalier au service de la veuve et des orphelins. Et son amitié avec Gontran s’éteignit comme la flamme d’une bougie, lorsqu’il prit page, valet et écuyer. Gontran, que l’on surnommait à présent Bottier à cause d’une vieille histoire obscène qui lui collait à la peau, était retourné à ses champs, avec sa famille à nourrir et son existence misérable à faire avancer au fil des rudes saisons.
L’invasion d’Oësgard fut la pierre angulaire du destin de Ruthger. La seigneurie devait envoyer des hommes au Marquis, et à leur tête devait se trouver un Ierhold, un Estenhausen. Brecca souhaitait envoyer son aîné Valdemar conduire l’ost. Malheureusement, ce dernier avait une fièvre de cheval lorsque l’appel avait retenti. Résigné, le vieux Brecca avait choisi dès lors son second mâle pour mener les hommes d’Estenhausen à la victoire. L’occasion était inespérée, et c’est avec une fierté non dissimulée que Ruthger avait pris la route à la tête des lances de la seigneurie. Néanmoins, lorsque son valet Félix eut la jambe broyée après une chute de cheval, le jour même du départ, Ruthger dut choisir un remplaçant bien vite. C’est tout naturellement qu’il décida de faire de son ancien compagnon, Gontran Lafuite, son prochain valet. Décision contestée, elle ne fit pas beaucoup de bruit durant la marche, où tous les hommes se demandaient déjà ce qu’ils allaient devoir affronter avec les Sombres…
Oësgard fut un véritable enfer. C’est ainsi que la plupart des hommes narreraient l’histoire à leurs enfants, agitant leur doigt vieilli au coin d’un bon feu. Pour Ruthger, en revanche, la campagne fut tout sauf désastreuse. Remarqué à Nebelheim, porté comme un brave après la victoire d’Amblère, bouter les Drows hors d’Oësgard fut pour lui une vibrante ascension, et une enivrante aventure. Il réalisa également son rêve de môme, en serrant l’avant-bras de son idéal chevaleresque d’alors, le frère du Marquis lui-même. Maintes saouleries et maintes accolades plus tard, il était déjà temps de rentrer en son pays, proclamer qu’il était bien meilleur meneur que son abruti d’aîné. Faire la fierté de son père, voilà tout ce que souhaitait le jeune Ruthger, héros d’Oësgard.
C’était sans compter Valdemar l’Arrogant.
Celle-là, il ne l’avait pas vue venir. Son frère aîné, chevauchant jusqu’en Sgarde-même pour aller chercher l’ost et le ramener en Estenhausen. Ruthger avait bouilli de colère. Il en serait même arrivé aux mains, si d’autres n’avaient pas été là pour les séparer. Était-ce un bien ou un mal, qu’il ait choisi de rentrer seul et en marge du cortège ? Sur le moment, cela paraissait une bonne idée. Il tenait la silhouette de son frère en horreur, et avait préféré se tenir à l’écart, chevauchant en solitaire devant l’ost victorieux. Seul son valet Gontran le suivait à la trace, ses pieds de gueux regrettant la marche forcée qui s’annonçait. Ils traversèrent tout le beau pays de Serramire, jusqu’à s’arrêter inopinément au sein de la bourgade de Lourmel…
Le patelin avait été frappé par une terrible tempête, mais plus encore, l’apparent chaos provoqué par les éléments cachaient quelque chose de plus vil et de plus noir encore, dissimulé dans les tréfonds du castel. Une machination que le brave Ruthger s’était mis en tête de résoudre ; où se trouvait donc la Dame de Lourmel ? Ses dons d’enquêteur, et son impétuosité, permirent entre autres à mettre à jour l’horrible complot se tramant en ces murs. Un complot ourdi par les plus hauts dignitaires de cette seigneurie… Mais après un assaut victorieux et une reprise du château, la paix revint en Lourmel, et la Dame était sauve ! Ruthger en fut grassement remercié.
Ce n’est pas la seule chose qu’il gagna à Lourmel, cependant. Parmi les nombreuses damoiselles parcourant les couloirs du castel, l’une d’entre elles en particulier éveilla tout particulièrement son attention : Thenala d’Outremont, la belle rosière, cousine de la Maélyne. Il tomba sous le charme de ses cheveux de feu, sa peau d’albâtre, et ses lèvres implorant être baisées. Tout chevalier se doit d’aimer une Dame. Ruthger avait trouvé celle qu’il désirait plus que tout au monde voir rejoindre sa couche. Pourquoi pas se lier devant Néera, et partager le même héritage ? Fol amoureux, c’est avec grand peine que Ruthger dut s’en aller rejoindre l’ost, pour rentrer chez lui…
Une fois rentré en la forteresse familiale, Valdemar s’afficha devant son père sans vergogne, bien que celui-ci sache qu’il n’avait pu conduire lui-même les attaques en Oësgard. Les lauriers ne quittèrent donc point les tempes de Ruthger, qui narra durant des soirées entières ses exploits guerriers, face à un père intéressé, une mère fière comme un aigle, et un frère plus jaloux qu’Arcam. Hanap à la main, il prenait plaisir à exagérer ses hauts-faits, et à ajouter de son grain concernant la fameuse enquête lourmeloise. Les temps au sein du castel d’Estenhausen devinrent plus cléments pour Ruthger, qui prenait peu à peu une place plus importante dans l’estime paternelle, à mesure que sa rivalité avec Valdemar prenait un tournant plus violent. En effet, quatre fois déjà le buffle avait tenté de lui briser une jambe, voire l’échine, au cours de leurs séances d’entraînement qui se faisaient de plus en plus rares. Ralf, frère de Brecca, avait bien vu dans le jeu de Valdemar. C’était lui-même qui avait séparé les deux ennemis fraternels.
Obsédé par la Dame de ses pensées, Ruthger lui écrivit nombre de poèmes et de lettres enflammées. Il était loin d’égaler Pentien de Thorone, mais il aimait à penser qu’il était aussi bon que lui dans ce qu’il faisait. Les lettres, néanmoins, ne parvenaient pas à le satisfaire. Il lui fallait la voir, lui parler. Etait-il réellement sous le charme ? Ou n’était-ce qu’une passe sans grande importance ? Il ne le saurait qu’en allant la trouver. Et par le biais d’un colporteur, il ouït parler de ce fameux mariage entre la Lourmeloise et le frère du baron d’Etherna. Sans réfléchir plus avant, il sauta sur le dos de son canasson, Pèlerin, et se lança sur les routes pour rallier Etherna, toujours accompagné de son désormais plus que fidèle Bottier. Le voyage effectué, et une fois arrivé au castel des Clairssac, c’est avec soulagement et euphorie qu’il retrouva enfin la belle Thenala.
En Etherna depuis plusieurs ennéades déjà, il fait sa cour à la rosière d’Outremont. Les soucis de la baronnie leur sont tombés dessus de bien vilaine façon, et pourtant, si Ruthger prend la défense de la cousine de sa bien-aimée, il n’en reste pas moins qu’il n’en a profondément rien à carrer de ce qu’il se déroule en sol ethernan. S’il serait plus enclin à haïr l’Odélian, tout cela ne le concernait en rien… N’était-il pas Ruthger d’Estenhausen, le second fils d’un seigneur des marches du Royaume ? Tout ce qui se déroulait en dehors des frontières, et pis encore, en dehors de Serramire, étaient à des lieues de tout ce qui pouvait le concerner…
Et pendant que Ruthger fait son paon devant la belle d’Outremont, Valdemar reste en Estenhausen. Il y reste, et tente de regagner la place qu’il semble avoir perdue auprès de son père Brecca...
Ruthger de Lourmel
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 32 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Mise à jour Mer 30 Oct 2019 - 13:49
Bien des années ont passé après la chute du Médian et l’avènement de la paix du roy.
A son retour au sein du castel familial, Ruthger d’Estenhausen était à nouveau le héros de la fratrie, au grand dam de son aîné Valdemar, qui ne daigna même pas assister à son retour triomphal. Depuis qu’il s’était rendu en Oësgard combattre l’armée des Sombres, Ruthger marchait sur des pavés d’or et d’argent, raflant l’approbation de son père et les lauriers de ses confrères adoubés. Couvert de richesses obtenues au cours du pillage de l’Ancenois, qu’il offrit généreusement à sa maison, il alla même jusqu’à obtenir la permission de son père de demander la main de sa fille au seigneur d’Outremont. A cette époque, une rumeur s’était étendue à tout Serramire, celle que Lourmel reviendrait à sa dulcinée Thenala, si celle-ci mariait un enfant du pays. Il ne pouvait laisser filer l’occasion de saisir à la fois l’élue de son cœur, et un titre seigneurial.
Pourtant, lorsqu’il arriva en Outremont, il eut bien du mal à persuader le père qu’il était le candidat idéal. D’autres étaient passés avant lui, des hommes riches, des enfants aux parents puissants. Ruthger dut se débattre dans la mare avec les paons, plaidant ses atouts ; son courage, son expérience des batailles, et son brûlant amour pour Thenala. Et sans cette dernière, qui tenta elle aussi d’intercéder en sa faveur auprès d’Harald, il n’aurait pu espérer la bénédiction nuptiale. Le vieil homme finit tout de même par la lui accorder.
Son mariage fut le plus beau jour de sa vie. Depuis la première lettre enflammée qu’il avait écrit à son élue, il avait su que ce n’était guère une simple amusette. Lors de la cérémonie, son cœur se gonfla d’orgueil devant la mine réjouie de son père et la trogne déconfite de son frère. En l’espace d’une journée, il avait gagné tout ce qu’il avait toujours désiré : terres, titre, et femme. Et quelle femme !
Il existe peu de mariages d’amour en Péninsule, car ils sont tous politiques. Pourtant, il se fait quelquefois d’heureuses exceptions, comme celui-ci. La passion dura les quelques années de leur folle vingtaine, qui coïncida avec une période d’oisiveté relative, dont il profita pour découvrir autant ses nouvelles terres que sa nouvelle épouse. Ruthger n’avait rien d’un grand administrateur territorial, lui qui n’était même pas destiné à gouverner la terre. Pourtant, il prit grande attention à s’entourer des bonnes personnes pour l’intendance de son nouveau domaine. Il prit ainsi le temps de prospérer, passant aussi bien son temps à la chasse qu’avec Thenala. Il écrit de nouvelles chansons de geste et quelques poèmes courtois, qu’il compila dans un grand volume destiné à faire sa postérité, à l’image de Pentien de Thorone.
Bien qu’il ait été de condition modeste, Gontran fut adoubé par son ami Ruthger, qui prétextait que son engagement lors de la chevauchée ancenoise en tant qu’écuyer était un fait d’arme suffisant pour cela. A présent, il s’agissait de sire Gontran de la Botte, une mauvaise blague de Ruthger qui, une fois de plus, était resté gravée dans le marbre. Toujours aussi timide et couard, ce comparse n’avait pas été choisi par le seigneur de Lourmel pour devenir son bras armé. En revanche, ses précieux conseils lui avaient évité de se retrouver avec une jacquerie sur les bras. D’origine serve, Gontran connaissait le monde paysan mieux que personne.
La onzième année de ce cycle vit la naissance du premier enfant de Ruthger : une fille. Bien que la coutume voulait que ce soit au père de choisir son nom, celui-ci céda au caprice de sa femme, qui souhaitait plus que tout l’appeler Maélyne. Deux autres enfants étaient à venir : Brecca, un garçon né au beau milieu de la douzième année, et une autre fille, Clothilde, née au début de la quatorzième. L’espoir de voir sa lignée perdurer mettait le baume au cœur du fier paternel, si bien qu’il en oublia les lois de l’équilibre des choses.
Malheureusement, il fut douloureusement rappelé à cette idée, lorsque son fils, alors âgé de presque deux hivers, trépassa au cours du dernier d’une pneumonie. Aussi bien Ruthger que Thenala étaient inconsolables. Brecca le Jeune, enterré dans la crypte de Tyra sous le roc de Lourmel, portait en lui l’espoir qu’un jour, Ruthger verrait son nom fleurir. Face à cette terrible tragédie, il prit la mauvaise décision, et au lieu de se consoler auprès de Thenala, choisit de s’exiler loin pour laisser libre cours à son chagrin, mu en fureur. Il eut vent des incursions de peaux-vertes dans les Pyks d’Ortheim, et décida de s’y rendre en bonne compagnie chevaleresque afin de débusquer les gobelins et de les estourbir. Il s’éloignait ainsi vers l’ouest, le temps de panser ses plaies, et de réfléchir à son geste. Certes, il était fort loin du lieu maudit qui lui renvoyait l’image de son enfant décédé, mais il était également loin de celle qui plus que tout, en ces heures noires, avait besoin de son aide.
Il revint de sa courte campagne deux ennéades plus tard, toujours morose mais relativement calmé. La guerre lui avait distrait l’esprit, mais il était des pensées qui ne pouvaient s’en aller. De retour au château, Thenala lui en voulait énormément d’être parti en la laissant seule. Le couple fut en froid tout le reste de l’année, au cours de laquelle Ruthger chercha le moyen de se faire pardonner auprès de son aimée.
Lorsque Maélyne tomba malade, Ruthger et Thenala craignaient tant devoir à nouveau enterrer leur enfant qu’ils en appelèrent bien vite à un prêtre de Néera, afin qu’il guérisse l’enfançonne le plus vite possible. Au grand soulagement de tous, le miracle attendu s’était effectivement produit : il n’avait fallu que quelques jours pour voir les joues de Maélyne rosir à nouveau, et son rire de résonner dans les couloirs du castel. Cette expérience fit s’effondrer la barrière qui s’était installée entre Ruthger et son épouse, qui firent la paix, et renouvelèrent leurs vœux d’amour éternel. Reforgé sur les cassures de l’ancien, celui-ci était moins passionné que naguère, et pourtant, il était plus solide. Plus robuste.
Comme pour confirmer leur réconciliation nouvelle, un an plus tard naissait le dernier-né de la petite famille : Enguerrand. Sa naissance augura bien des choses, et notamment la fondation d’un petit prieuré à la gloire de Néera à quelques encablures de Lourmel. Non content de faire plaisir à la Damedieu, Ruthger s’assurait aussi de la présence potentielle de prêtres doués de magie, capables de venir en aide à ses bambins si le malheur venait à nouveau frapper leur nid.
A l’heure actuelle, le seigneur de Lourmel jouit de ses multiples possessions et du repos bien mérité qui succédât à tant de guerre. Thenala, enceinte, le régale le soir venu de quelques notes de sa harpe, qu’il joint parfois à ses propres improvisations au luth. La journée, il s’entraîne pour ne pas perdre la main, chasse pour tuer l’ennui, ou plus rarement, participe aux séances de doléance et d’arbitrage pour lesquelles il n’éprouve que fort peu d’intérêt. Quand il n’est pas occupé à faire tout ceci, il profite de sa marmaille en leur contant l’épopée de quelque grand chevalier des temps jadis, sauveurs de princesses et tueurs de dragons.
Mais alors qu’il pensait les temps de paix revenus pour de bon, Ruthger reçut un courrier fort désagréable, qui le fit vite déchanter. Aymeric de Brochant mort, le voilà qu’il devait à nouveau sortir de son fief, pour aller rendre l’hommage à celui qui deviendrait le prochain duc de Serramire. Il ne connaissait que peu l’homme auquel le grand Régent avait légué ses terres et titres, ni s’ils étaient faits pour s’entendre. Il rendrait l’hommage, et reviendrait bien vite se chauffer les fesses devant son âtre.
Ou le ferait-il seulement ?
Car après des années passées à profiter de son logis comme un nabab du lointain Estrévent, d’obscures pensées hantaient les tréfonds de l’âme égocentrique de Ruthger Ierhold, chevalier célèbre : s’était-il encroûté ? Son nom se murmurait-il encore aux détours des tavernes ? Chantaient-ils donc encore ses louanges, ces ménestrels aux langues d’or et aux lèvres d’argent ?
Peut-être avait-il encore quelques hauts faits qu’il se devrait d’ajouter à sa légende, avant de pouvoir s’asseoir au calme devant sa cheminée.
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 32 ans à la fin de l'Ellipse Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Re: Ruthger d'Estenhausen - Chevalier serramirois [Terminée] Mer 30 Oct 2019 - 19:29
Bon et bien... Des années plutôt paisibles. Il n'y a trop rien à y redire, sinon que j'aimerai avoir eu des années aussi calmes.
Je te retamponne du coup, tu connais le chemin.
Code:
[Métier] : Chevalier
[Sexe] : Masculin
[Classe d'arme] : Corps à Corps & Défensif
[Alignement] : Loyal Neutre
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.