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Sujet: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Lun 17 Juil 2017 - 22:48
Calimentharus de la quatrième ennéade de Karfïas, De la dixième année du onzième cycle.
Cela faisait un mois qu’il avait envoyé une missive pour demander à ce que les protecteurs se réunissent. Il aurait voulu pouvoir tenir un Haut-Conseil digne de ce nom pour discuter d’Eteniril mais il savait que peu seraient présents. Le temps n’était pas propice aux longs voyages, les plus éloignés et les plus au nord ne viendraient pas. Mais ceux qui avaient pu se déplacer l’avaient fait et ils étaient pour la plupart dans les logements dédiés aux invités. Il leur avait annoncé le début du Haut-Conseil le lendemain, avec la réunion de la totalité des membres une paire d’heures après le levé du soleil. C’était là les meilleurs heures, celles où on pouvait espérer une journée radieuse. Fermant les yeux, il se laissa glisser un peu plus dans son bain, laissant uniquement son visage au dessus de la surface. Tous les sons étaient étouffés, seuls résonnaient, lointains, la voix d’Arwain qui chantait. Naur ne voulait pas dormir et réveillait constamment son frère. Avait-il été si demandeur d’attention ? Il n’en voyait presque plus sa femme. Ils s’étaient retrouvés pour finalement s’éloigner. C’était normal, ils n’étaient pas dans uns schémas habituel, où ils s’occuperaient tous les deux de leurs nouveaux nés, où ils construiraient à deux leur foyer et leur famille. Arwain lui avait dernièrement confié qu’elle ne se sentait, ici, pas chez elle et qu’elle aurait souhaité retourner en Quatrième-Saison, ne serait-ce que pour les premières années de leurs jumeaux. Mais il ne pouvait pas partir.
Il laissait désormais ses mains remonter à la surface et son corps se soulevait et s’abaissait au rythme de sa respiration. Son esprit s’égara et alla trouver Aldartha. Lui qui avait une peur bleue de l’eau et qui n’avait jamais réussi à la maîtriser. Lui qui aurait du avoir toute la vie pour y arriver. Lui qui aurait du voir naître ses propres enfants, ceux de sa propre femme. Il serait tombé amoureux d’une femme et l’aurait courtisée jusqu’à ce qu’elle même tombe amoureuse. Il l’aurait aimé mieux que lui même avait aimé Arwain. Il aurait tout fait mieux que lui, parce que c’était ce qu’il faisait. Le fils prodige, le plus talentueux, le plus passionné, c’était lui. Anorn n’avait jamais été exceptionnel, si ce n’était du fait d’avoir été son jumeau. Des lèvres vinrent se déposer doucement sur son front et il sentit un souffle chaud l’espace d’un instant. Ouvrant doucement les yeux, il sourit au visage qu’il trouva alors au dessus du sien. S’extirpant avec lenteur de l’eau, il attrapa une serviette pour se sécher vigoureusement. Il ne faisait pas si froid, à l’intérieur, mais il faisait assez frais pour qu’un frisson secoue son corps entier. Sa femme lui posa alors sur les épaules un lourd peignoir avant d’aller s’asseoir dans son fauteuil. Il la rejoignit dans celui qui lui faisait face et posa sa tête sur le dossier en finissant de nouer la ceinture autour de sa taille.
- Il faut qu’on le ramène. - Depuis toujours, Anorn. - J’aurais du sombrer à sa place. Il avait devant lui un avenir radieux, il aurait donné tellement plus, apporté à notre peuple ce que je ne saurai jamais donner. - Tu es régent. Que veux-tu de plus ? C’est normal que tu veuilles le ramener, mais s’il-te-plaît ne pense jamais que ça aurait du être toi. Je suis désolée pour Aldartha mais ce n’est pas avec lui que je me suis mariée, pas lui que j’aime, pas lui qui est le père de mes enfants. Je t’en prie, au nom de la Mère, ne regrette pas ta vie. Quand il devra revenir, il reviendra. - Je dois réessayer. Halyalindë est revenue d’Holimion avec un espoir de rémission. - Tu es conscient que tu ne pourras sans doute pas y aller avant quelques mois ? Que c’est inconcevable que tu me laisses seule et que tu laisses le Royaume. - Je ne laisserai ni l’un ni l’autre, Arwain. Le royaume n’a besoin que de directive et toi, je sais qu’il te tient à coeur de retourner un moment en Quatrième-Saison. Ne serait-ce pas l’occasion ?
Se renfrognant à ces mots, elle fit la moue sans plus répondre. Elle voulait lui dire que sa famille avait besoin de lui, qu’il ne pouvait pas juste entreprendre une expédition jusqu’en Holimion parce qu’il se sentait le devoir d’essayer. Mais elle ne pouvait rien lui dire de tout cela, Aldartha était aussi sa famille. Elle l’avait été bien avant eux et elle savait combien il lui était pénible de le voir s’enfoncer dans son état végétatif. Cela avait joué sur son tempérament, avait sapé sa joie de vivre, avait détruit son moral. C’était à ce moment qu’il avait appris à masquer ses émotions, à les enfouir profondément sous un masque de pierre pour ne pas que les autres remarquent à quel point il était triste et à quel point il se sentait vide. Elle finit par se lever de son assise et déposa un baiser sur le front de son mari, sans un mot. Une de ses mains glissa sur l’intérieur de sa cuisse quand elle s’en alla vers le lit. Il ne tarderait pas à la suivre, elle le savait. En attendant, elle se glissa dans les draps auxquels elle accorda une douceur exagérée et s’endormit. Elle ne savait pas pour combien de temps, mais le sommeil était précieux. Anorn irait sans doute les voir quelques fois avant qu’elle ne doive se relever.
***
Panahos de la quatrième ennéade de Karfïas, De la dixième année du onzième cycle.
Arrivé le premier devant les immenses portes de la salle où allait se dérouler le Haut Conseil, il attendait que tout le monde arrive pour les ouvrir. Ils avaient tous revêtus leurs tenues d’apparat. Lui portait une robe bleue nuit au tissu assez épais, brodées d’or et d’émeraude. Sa coiffure était sobre mais efficace, les mèches qui encadraient d’ordinaire son visage avaient été tressées et rejoignaient en arrière la tresse en épi, plus épaisse, qui tombait entre ses omoplates. Un long manteau émeraude recouvrait partiellement sa robe et faisait ressortir les quelques broderies. Même si le palais était chauffé, il faisait froid par endroit. Il l’enlèverait sûrement une fois assis autour de l’immense table de pierre circulaire. Quand tous les protecteurs furent devant lui, il demanda à ce qu’on leur ouvre les portes. Il pénétra en premier dans la salle et fut suivi de tous les autres. Cette fois, il ne s’assoirait pas à la place de la Quatrième-Saison, mais bel et bien à celle d’Alëandir. C’était une étrange sensation, pas tant que celle de siéger sur le Trône Blanc mais tout de même. Réunis autour de cette table il y avait énormément de protecteurs qui l’avaient fait régent. Et d’autres qui s’y étaient opposés. Peu importait, à vrai dire, ils étaient là pour discuter de bien autre chose. Il aurait tant préféré ne pas avoir à faire ce conseil.
- Ô Mère que Ta main nous guide sur les voie éternelles. Ton oeil nous accompagne, et Tes bras nous soutiennent. Puissiez-vous entendre Ses volontés souveraines, Et pour le bien de tous vous y plier sans peine.
La voix de la Haute-Prêtresse de Kÿria s’était élevée du centre de la pièce. Elle s’était adressée au cercle qu’ils formaient, sans plus diriger sa voix vers l’un ou vers l’autre. Sa parole semblait porter dans la salle entière et l’emplir, presque la posséder. Pas un seul ne broncha, pas un seul ne bougea avant qu’elle ait fini.
- Seigneurs Protecteurs et Dames Protectrices, vous êtes rassemblés sous l’œil de notre Mère pour discuter du sort de la Cité d’Eteniril. L’heure est venue pour vous de décider quel rôle vous jouerez dans cette guerre civile.
Et elle se tut. La cession était ouverte. Anorn fut le premier à prendre la parole, parce que même si tous les regards n’étaient pas tournés vers lui, ils attendaient qu’il le fasse.
- Je vous remercie d’être venus, je déplore l’urgence de la situation et donc l’absence de beaucoup. J’aimerais vous dire que leur avis sera pris en compte mais il ne nous parviendrait pas forcément à temps et face à la situation d’Eteniril, l’attente n’est pas une solution viable, seulement une solution juste. Je ne sais pas si vous êtes tous au courant des faits mais il y a actuellement une guerre civile autour de la Cité d’Eteniril. S’y opposent les noss et les habitants de la Cité. Des rapports nous ont été faits et la situation est critique. Pour débuter, avez-vous des questions ?
Ainsi, il saurait à peu près ce qui était de notoriété publique ou non et ce que chacun pensait en général de la situation. Choses essentielles pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité et que les débats puissent avoir lieu en bonnes et dues formes.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Mar 18 Juil 2017 - 23:53
Tu souffles vigoureusement, plus pour calmer ton agitation que parce que ton corps a été éprouvé. L’exercice matinal quotidien aura eu cela de bon que tu seras plus détendu que tu ne l’aurais naturellement été lors d’une première cérémonie de cet acabit en tant que seul et unique représentant de ton Protectorat. Tu n’es habituellement pas elfe à te défaire devant une assemblée, aussi difficile puisse-t-elle être. Tu l’auras prouvé une première fois en gagnant ta place de second de Daenor. Tu l’auras prouvé une seconde fois en établissant l’ambassade entre Daranovar et Ardamir. Tu devrais le prouver une tierce fois maintenant, seulement il ne s’agissait plus juste des affaires de ta propre Cité. Le Haut-Conseil régentait l’organisation de l’Anaëh toute entière. Certainement d’autres s’y étaient ridiculisés, y avaient commis des erreurs et des impairs avant toi, mais lorsqu’autant était impliqué, il te paraissait inadmissible de commettre le moindre faux pas. Les conséquences n’en seraient pas aussi simples à effacer que les traces sur lesquelles tu grattais énergiquement ton savon.
Ces dernières années tes responsabilités se sont multipliées, et pendant un temps, tu en as presque voulu à ton Protecteur, te prenant parfois à penser que c’est par paresse qu’il se déchargeait ainsi de ses devoirs sur tes épaules. Réalité étant, Daenor se fait plus âgé que de raison. Voilà longtemps déjà qu’il a passé les deux cycles de vie, et si cela fait de lui un Taledhel d’expérience extraordinaire, il doit aussi être un elfe fatigué par le poids de la vie. Plus les temps avancent et moins les vieilles âmes arrivent à les suivre, la politique Thoràndrion en est l’exemple même. Celui qui a vécu le temps des gloires Daranovanes n’est peut-être pas le meilleur candidat pour la relever après sa chute, en particulier lorsque c’est Lanthaloran dans les bras qu’il faut se dresser vers le ciel. Peut-être cette missive reçue peu après ton arrivée à Alëandir, t’invitant à prendre le siège de Haut-commissaire de ta Cité était-elle autant motivée par à quel point ta présence préalable rendait l’entreprise confortable que part la confiance placée en toi pour t’ériger en capable décideur. Pour autant que ce que tu connaisses de l’implacable soldat Thoràndrion ne soit pas qu’une façade, le voir ainsi laisser sa digne place n’avait rien d’anodin.
Tu soupires une seconde fois, quittant l’eau du bain. Karfias avance et le froid déjà installé continue de s’asseoir sur les Cités des contrées chaudes… pour ton plus grand plaisir. Que personne, même Kaëlistravae ne te prenne à tracer de tes doigts le chemin tout juste couru par les frissons arrachés au détour d’un passage de ta serviette, Leändrois et Ardamiris t’en voudraient certainement d’autant t’enjouer de leur inconfort.
Que les vents d’hiver te soutiennent à travers le Haut-Conseil. Vois en eux une attention que t’as porté la Mère pour que ce terrain te paraisse moins étranger.
Tu inspires un grand coup, et c’est finalement l’odeur des huiles imbibant ton cuir chevelu, mêlée aux senteurs poivrées des essences avec lesquelles tu te parfumes qui aura terminé de vaincre tes appréhensions. À qui accordait autant d’importance que toi à son allure, l’événement aurait au moins cela de réconfortant qu’il serait l’occasion d’arborer en toute impunité l’une de tes fringantes toilettes… ne restait plus qu’à choisir celle qui te permettrait de continuer de te démarquer, même lorsque tous porteraient leurs cérémonieux atours. Déjà tes boucles libérées en un coiffé-décoiffé que Kaëlistravae aurait certainement mieux réussi que toi trancheraient d’avec la pléiade de tressages et autres lisses cascades ; ensuite, quand la majorité des participants opteraient probablement pour de longues robes et manteau, en particulier par un temps si frisquet, c’est une de tes tenues les moins en arabesques qui te faisait de l’œil. Coupe rare dans la mode Sylvaine, les pans de ta veste bleu de paon ne couvraient ton dos que jusqu’à ce que meurent tes obliques, laissant pleinement le profond décolleté de ta tunique et l’ajustement de tes pantalons de laine noirs complimenter ton athlétique silhouette, exacerbée par le récent entraînement, et redessinée par les motifs dorés courant à travers toutes les pièces de l’ensemble.
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Pressé là où tu cherchais habituellement à ne pas paraître pressant, c’est second seulement au Régent que tu arrivas aux portes de la salle du Haut-Conseil. Sceptre à la main, et dans l’impossibilité donc d’effectuer les gestes usuels, tu lui offris cette fois tout de même dans la mesure du réalisable l’ensemble des politesses qu’il te vit lui refuser lors de votre rencontre aux laboratoires, emportant certainement une certaine satisfaction avec la constatation de la constance de ton comportement. Ici il officiait en tant que régent, et toi en tant que représentant de Daranovar. Les formes allaient donc de soi. Tu fis attention tout de même de lui remettre la missive justifiant de ta présence en place de celle de Daenor, après quoi l’attente des autres arrivées se fit dans un relatif silence.
Et le silence ne mourut qu’au moment de l’ouverture de la cérémonie par la Haute-Prêtresse de La Mère. À partir de ce moment l’atmosphère ne fut plus que sons, qu’un son, celui de la Voix montant en prières. C’était un rituel que tu pouvais la deviner accomplir chaque fois avec la même passion que la précédente, sans jamais faire faute, par routine, à son devoir envers la Créatrice. Au même rythme que sa voix vibrait sa pulsation, partageant avec toi au-delà de la profondeur de son rapport à la Déesse une harmonie toute particulière. Lorsqu’elle laisse à nouveau s’installer le silence tu es heureux de ne pas être Régent de ce Royaume, ne serait-ce que pour ne pas avoir à discourir à sa suite. N’en resta qu’Anorndellon, ne partageant pas avec toi ce genre d’inquiétudes, intervint sans la moindre hésitation, d’un timbre certes moins résonnant, mais tout aussi poignant, si ce n’était que ce sont d’autres raisons qui lui valurent cette dernière caractéristique. Urgence. Justice. Guerre. Critique. Autant de mots qui en tant que Mainhyth Daranovan t’étaient plus que familiers.
- Artiön Sinyàra, Mainyth de Daranovar. tu attends que passe les murmures sans mots soulevés par la revendication d'un titre autre que celui de Protecteur Mandaté par le Protecteur Thoràndarion, malheureusement dans l'impossibilité de rejoindre le Trône Blanc, pour représenter la Cité.
Peut-être as-tu finalement au moins autant ta place que n’importe qui d’autre ici après tout.
- Devons-nous composer exclusivement avec les rapports d’informateurs d’un des deux camps, ou les deux ont-ils fait état de quelque manière que ce soit de leur analyse de circonstances de la naissance du conflit et de son embrasement ?
Premier à demander parole, premier à qui elle fut accordée. C’est avec une déception adroitement dissimulée par l’appuyée droiture du ton de Chef de guerre en médiation que tu te résous à une manière fleurie de demander, faisant partie de ceux ayant fonctionné avec très peu de détails, à la fois :
• Quel était l’objet du conflit • S’il avait été prémédité • S’il avait été précédé d’avertissements de quelque sorte • Si l’on avait possibilité dans un premier temps de l’aborder en tant que parti neutre
Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Mer 19 Juil 2017 - 1:41
Sans l’ombre d’un doute, cela devait relever de l’exploit, non, du miracle, qu’Ardamir se voit privé de sa Protectrice ainsi que de sa Régente pour une deuxième fois, abandonnant du coup la citée au conseil qui se devait de préserver l’ordre et la paix en icelle. En toute hâte –du moins essaya-t-elle, ankylosée par les bagages et surtout, ralentie par le temps impitoyable-, elle piqua du nez en direction du Trône Blanc, dans l’espoir de pouvoir offrir main forte à l’alerte critique qu’avait soulevé le Régent. Pour la peine, ceux qui l’accompagnèrent n’étaient pas en grand nombre, le temps avait manqué pour préparer un contingent digne de ce nom et, à dire vrai : elle n’en avait cure. Vu les nouvelles, non, le désastre qu’on lui avait décrit grossièrement sur la dernière missive qui lui avait été destiné, elle serait partie seule et à la course, pour rejoindre le Haut-Conseil!
Louée soit Kyria, un temps mort à cette folie de température s’était manifesté, laissant aux voyageurs le loisir d’arriver à Aléandir avec une journée d’avance. De ce temps gagné de justesse, l’étoile du matin profita pour faire la révision de tous les contres rendus qu’on lui avait fait parvenir et ce, depuis la naissance de cet atroce litige. Loin d’être menue, la tâche relevait du défi, car plus de trois gibecière de taille respectables avaient été bourrées jusqu’à l’os de missives, de billets, de dépêches et de lettres. Pourtant, armée de patience, d’une chambrette douillette et confortable, de même que d’habits chauds et apaisants, elle trouva le moyen de mettre à terme cette titanesque tâche.
Point avare de sommeil, probablement dû à l’énervement et l’angoisse de tout ce branle-bas de combat, c’est aux petites heures du matin, qu’elle fuit sa couche solitaire pour commencer sa toilette, à laquelle, elle apportait une rigoureuse attention. Rien n’était laissé au hasard et, bien que cela n’importait probablement personne, elle allait se montrer irréprochable, tant par sa tenue que par son comportement : à l’image de ce qu’elle était et de ce qu’elle représentait. De surcroît, le temps qu’elle dépensait à se préparer était pour elle comme un rituel dans lequel elle trouvait avec une aisance déconcertante, le calme et le repos qu’elle nécessitait pour affronter ce genre d’épreuve.
Sa crinière d’un blond platine était adroitement coifféeen une multitude de tresses rattachées les unes après les autres, laissant croire que non pas une, mais deux camérières auraient été nécessaires pour venir à bout de ce chef d’œuvre. Quant à ses affublements, visiblement, elle voulut défier ce que provoquait l’hiver chez la majorité du Royaume: une irréprochable envie de chouiner et d’implorer l’arrivée du printemps et des vents chauds. Ne manquant pas de se vêtir de beaux atours, sa robe avait pour caractéristiques d’être svelte et légère, ne s’accordant pas à la saison et même, dévoilant le dessus de ses épaules. Ces rebords, mourant à la pointe de ces dites épaules, gardait le blanc neige qu’on lui connaissait, mais mutait vers un rosé qui tôt, recouvrait l’entièreté du tissus et ce, jusqu’à la fin de sa traîne. Non, c’était pour elle une manière d’exprimer son agacement envers l’hivers, préférant plutôt porter avec légèreté sa toilette aux couleurs estivales.
À son arrivée, bien que l’image qu’elle projetait aurait demandé d’être remarquée, elle n’en fit pas d’avantage pour attirer l’attention. Et tout aurait été parfait, si son regard n’avait pas croisé celui d’Artion, auquel elle n’avait aucune idée qu’il se trouverait à cet endroit. Son cœur se serra, aussi rapidement qu’il avait tenté de s’arracher de sa poitrine pour embrasser le sien. Ses yeux alors se retrouvèrent absorbés par les siens, ne pouvant réprimer un sourire doux et affable en sa direction, comme si elle s’excusait de ne pas sauter là, maintenant, dans ses bras à a musculature saillante. Accordant plutôt les respects qu’elle se devait d’offrir au Régent ainsi qu’aux autres membres du conseil, elle posa son séant sur une assise, éloignée de celle d’Artion, bien évidemment.
La tentation aurait été fort bien trop cuisante, si de mésaventure elle s’était juxtaposée à lui.
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Ven 21 Juil 2017 - 2:01
Pour une mâtiné sensée servir à préparer son possible bannissement, les péripéties que la Mère avait décidé de mettre sur le chemin d'Halya depuis son réveil étaient plutôt... rocambolesques. Des soucis de coiffures à la robe qui craque en passant par les informations de dernière minutes et la réception d'une réponse de Sedhen depuis Eraison, rien ne lui avait été épargné. Heureusement, la présence de Fenris avait été, comme toujours semblait-il, salvatrice.
Depuis qu'elle s'était établie dans une chambre du palais, l'Aigle n'avait pas dormit souvent au quartier-général et la veille du conseil en particulier. Nous ne parlerons pas ici de ces quelques heures qui n'appartinrent qu'à eux, mais avant que les premiers rayons du soleil ne percent le ciel bas de cet hiver sans fin, des coups précipités à la portes les avaient tirés du sommeil et de la chaleur bienveillante de leur lit.
Et c'est ainsi que la ronde avait commencée. Se couvrant d'une chemise qui ne lui arrivait pas même aux genoux, Halya s'était dépêché d'aller ouvrir aux tambourinage répété dont la vitesse sous-entendait parfaitement l'urgence. Derrière apparu un homme de taille moyenne au visage passe partout qui fouillait dans une sacoche. En entendant la porte tourner sur ses gonds, il n'attendit même pas qu'on lui dise d'entrer et fit deux pas pour glisser à l'intérieur de la chambre sous le regard surpris mais parfaitement réveillé de la protectrice.
« Lönwe... - Pardon. Je ne serais pas venu comme ça si la session n'était pas auj... " il releva la tête, s'interrompant en avisant la tenue d'Halya... puis la présence de Fenris qui avait tout juste le temps d'enfiler son pantalon. " Oh pardon... Je dérange... - Oui... Non ! Tu déranges seulement si tu n'es là que pour m'encourager. - Mais je suis là pour t'encourager ! Enfin pas seulement. »
Un sourire contagieux tranchant en deux son visage autrement tout à fait oubliable, il sortit de son épais paquetage une très vieille serviette de cuir, qu'il tendit à une Protectrice encore quelque peu dans la brume. Elle fronça le nez et les sourcils en s'asseyant au bord de son lit pour ouvrir le porte document. Elle les fronça d'autant plus endécouvrant une page de livre arraché qu'elle commença a parcourir.
« Euh... De l'autre côté plutôt. » lui intima son impatient visiteur en retenant les regards qu'il avait furieusement envie de lancer à l'homme torse nu qui se trouvait à quelques pas de lui.
Halya ouvrit de grands yeux avant qu'elle ne se relève avec une exclamation de joie.
« La réponse d'Eteniril ! - Arrivée il y a... bah le temps de courir du Pavillon jusque là. »
Il n'eut pas le temps de réagir davantage que les bras de la dame se refermaient sur lui pour l'étreindre avec emphase.
« Tu l'as eu. Merci. Tu peux pas savoir ce que tu viens de faire, Lönwe. - Oh si. J'en ai une très bonne idée. Tu peux me croire. » il riait un peu jaune mais son regard était fier et semblait même assez content. Il tapota le dos de son amie qui finit par le lâcher et ne s'attarda que le temps de s'excuser deux ou trois fois de plus, mais cette fois à l'intention de Fenris.
« Courage. Je suis sûr qu'il suivront le vent tout à l'heure. - J'espère. En tout cas tu seras le premier au courant, comme toujours. »
Tout en refermant la porte, elle entendit un rire sonore se répercuter dans le couloir, lui arrachant un éclat de rire et un hochement de tête amusé. Elle regarda encore une fois le porte document de cuir qu'elle tenait toujours et le tendis soudain à bout de bras au dessus de sa tête avec un cri de victoire... avant de s'excuser auprès de Fenris qui lui assura avec un sourire que ce n'était rien.
Sans attendre, elle s'était plongé dans la lecture des courts textes écrits de la main de Neraën, fronça le nez face à la retranscription de sa petite fable et tordit de plus en plus les lèvres au fur et à mesure qu'elle avançait la lecture des quelques notes qu'avait ajouté l'agent sur place. Il y en avait moins que ce qu'elle espérait et plus que ce qu'elle pouvait craindre. Et avec la calligraphie du protecteur, elle avait tout de même une certitude à présent : il était en vie et mentalement stable.
Pour l'instant, cela devrait lui suffire. Elle replaça soigneusement chaque élément dans le porte document, passa quelque chose de plus confortable, embrassa un Fenris ayant enfin récupéré sa chemise et quitta la chambre pour sa course matinale. Bien qu'elle ne soit pas aussi longue que d'autres jours, l'appréhension de ce qu'il se passerait dans la salle du conseil s'évanouit peu à peu. Au loin, la Meute répondit à son appel par une cacophonie de hurlements. Elle sourit en ayant l'impression qu'ils le faisaient avec plus de passion que d'habitude, comme s'ils souhaitaient la soutenir. Puis, détendue, elle rentra avec les premiers rayons du soleil.
Habituellement, Fenris était déjà retourné à la caserne lorsqu'elle retrouvait la tiédeur de sa chambre pour prendre un bain, aussi ne s'attendait-elle pas à le retrouver... Lui ainsi qu'un petit déjeuné tout a fait correct déposé par Lëan, l'aide qui travaillait au palais et qui avait tout de suite accepté de s'occuper à nouveau de la dame protectrice d'Ardamir. Le bain avait donc été troqué contre une toilette de chat et quelques conversations des plus agréables avant qu'elle ne doive se mettre à la tâche ardue de sa mise en plis...
Lavée et parfumée de cette essence de pin et de fleur que Randil détestait tant, la robe terminée la veille par le tailleur qu'elle avait contacté l'attendait bien sagement dans sa boite. Lëandrine bien plus qu'Ardamirie, le style était bien loin de que d'Halya avait l'habitude de porter, bien que la couleur verte tirant sur le gris perlé lui plaise particulièrement. Plus elle observait sa découpe, plus elle se demandait si laissé le champ libre à ce couturier n'avait pas été une erreur... Mais il était trop tard pour avoir des regrets.
Une fois sa robe enfilée et ajustée, Halya voua définitivement le tailleur à une souffrance éternelle. Elle était aussi inconfortable qu'il y paraissait. Suivant de bien trop près les lignes de son corps de son buste à ses genoux avant de s'évaser un minimum et piquée de toutes sortes de brodequin jusqu'à la taille, les couturiers Lëandrins confondaient visiblement l'élégance et l'excès de sophistication. Maudit soit les routes hivernales qui ne lui avaient pas permis de faire venir une tenue d'Ardamir... et maudite soit sa confiance envers ce fichu artisan... Mais il fallait bien faire contre mauvaise fortune bon cœur et la cape qu'elle porterait de toute façon pour chasser le froid lui permettrait d'être un peu plus à son aise.
C'est avec un soupire qu'elle était donc passé à la coiffure, assise devant le miroir... du moins elle aurait aimé pouvoir s'y mettre mais de nouveaux coups retentirent à la porte. Un paquet de la part de Sedhen, en provenance directe d'Eraison. Elle vérifia juste que c'était bien ce qu'elle pensait, sourit devant le contenu et se promis de l'oublié jusqu'à la fin du conseil pour reprendre là où elle en était. En deux ans, ses cheveux avaient certes eu le temps de pousser... Mais leur état était catastrophique. Et cela ne se voyait que plus lorsqu'elle essayait de les mettre en valeur. Le combat fut rude, long et douloureux, mais après une heure d'acharnement, une idée lumineuse sauva la situation. L'attache de bois et de tissus mimant une fleure qui devait servir a fermer sa cape fut reconvertie en épingle à cheveux suffisamment épaisse pour cacher ses longueurs abîmées en les repliant dessous, mimant l’existence de mèches folles et donnant l'impression que sa crinière rousse était toujours aussi courte que lors de sa dernière apparition officielle.
Du noir sur le contour de ses yeux. Voilà tout le maquillage qu'elle appréciait. Pourtant, comme elle le faisait de temps à autre pour les réunions importante dont elle ne connaissait pas bien les participants, et étant donné la découpe de sa robe, elle se poudra et se maquilla les épaules, le cou et les bras avec application. Cela ne ferait pas parfaitement disparaître ses cicatrices les plus voyantes, mais cela les rendait très difficilement discernables. Même la morsure qui ornait son épaule ne rappelait sa présence que par l'irrégularité de la peau à cet endroit où la chair, plus que tranchée, avait été partiellement arrachée par l'animal.
Et malgré tous ses tracas, il lui restait encore du temps avant l'ouverture de la session. Elle pouvait donc s'attarder un peu plus sur les messages d'Eteni...
* Crac *
Halya ferma les yeux en expirant doucement. ' Faite que ce ne soit qu'un pan du volant... ' Mais non, évidement que non. En se baissant pour récupérer le porte document dans le tiroir de sa table de nuit, la Protectrice venait de faire lâcher certaines coutures de sa robe cintrée.
Ce fut donc à peine quelques secondes avant l'ouverture des portes et après deux heures de reprise par le tailleur appelé enurgence qu'Halya réussi finalement à rejoindre la foule des Protecteurs avec toute la dignité qui devait être la sienne. Un volant de mousseline vert pâle avait été ajouté à sa robe pour cacher les reprises et l'assouplissement de la jupe à partir de la taille. Si le tailleur d'en faisait qu'à sa tête, elle ne pouvait lui ôter ni son talent ni sa créativité et elle défiait quiconque de soupçonner les péripéties de la mâtiné. Il semblait d'ailleurs que les deux Ardamiries de l'assistance reflètent la même intolérance aux vêtements d'hiver...
Marchant d'un pas rapide sans paraître pressée pour autant, elle n'avait eu le temps de saluer personne de façon approfondit, offrant hochement polis de la tête et sourire à ceux dont elle croisaient le regard en entrant dans la salle où ils se réunissaient toujours sous le regard de Kÿria. Elle n'avait put échanger ni avec Kaëlis ni avec qui que ce soit d'autre... mais voir le visage de certains de ceux qui avaient été choisi comme ambassadeur par leurs protectorats fut plus désagréable qu'elle ne l'aurait cru... Contre sa poitrine était serré le porte document en cuir remis par Lönwe garni de plusieurs feuilles blanches, de quelques notes et d'un morceau de fusain dans un support.
Elle avait retrouvé avec sérénité le dôme ouvragé couvert de plante grimpante et le puy de lumière en son centre qui éclairait le cercle d'herbe haute et de buissons ras au milieu du large anneau de marbre que formait la table. Au bout de chacune des sept branches de l'étoile symbolisée aussi bien par la façon dont les végétaux avaient poussé que par la façon dont le marbre avait été travaillé, quatre sièges attendaient les quatre protecteurs de chaque terre ancestrale. Seul le siège d'Alëandir restait unique.
Comme dans son souvenir, chacun des protecteur, ou de ceux qui avaient été choisis pour les représenter dans cette difficile saison, entra avec solennité dans la Chambre du Conseil. Chacun trouva sa place traditionnelle autour de l'anneau. Malereg, Quatrième-Saison, Eteniril, Holimion, Alëandir, Ardamir et enfin Daranovar. Chaque Cité éponyme entouré de ses consœurs sur l'axe exacte d'une branche de l'étoile. Une tradition où se mêlait rituel social et spirituel. Aucune arme et aucune autre personne que les Protecteurs n'étaient admis en ces murs à moins d'un événement extraordinaire... Événement qui se produisait aujourd'hui.
Le froid avait forcé de nombreux protecteurs à déléguer leurs pouvoir pour que la question d'Eteniril puisse être abordée dans les temps. Le nombre de représentant était inhabituellement haut. Mais il y avait un détail de plus qui ne manquait pas de faire froncer les sourcils de tous ceux qui s’apercevait. D'autant plus pour ceux qui n'avaient pas eu le temps de se tenir au courant de tous les rebondissement de l'affaire avant d'arriver en ces lieux.
Aux quatre sièges de la terre d'Ardamir, un quatrième, plus petit et discret, avait été ajouté entre celui d'Ardamir même et celui d'Eraison, qui resterait vide. Ceux qui avaient remarqué la présence atypique de Kaëlis devaient de douter qu'il avait été ajouté là pour la Main droite de la protectrice... Mais ce ne fut pas l'étoile du matin qui vint s'y asseoir. La devançant de quelques pas pour lui éviter toute ambiguïté, Halya venait de prendre place sur le fauteuil d’appoint comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit au monde. Tout en posant son porte document sur la table, elle se tourna vers sa cousine pour lui offrir un sourire apaisant. Peu importait leurs relations privées, elle était véritablement contente de la voir représenter Ardamir.
La Haute-Prêtresse, debout au centre du cercle, ouvrit la séance d'une voix vibrante... Et voilà qu'on passait aux choses sérieuses. Contre toute attente, le premier a parlé fut un officier daranovan qu'elle avait déjà rencontré quelques fois au cours de sa carrière. Un homme honnête avec la tête sur les épaules... même si elle avait toujours trouvé son amour des effets de manche quelque peu suspect. Elle avait aussi vaguement souvenir de l'avoir vu en Ardamir. A quelle occasion, par contre, elle aurait été incapable de le dire.
D'après ses dires, il semblait que voies officielles aient été avares endétail, même pour les protecteurs... Ou qu'en bon militaire, Artion préférait mettre les pieds dans le plat afin de voir toutes les cartes sur la table au lieu de jouer à main fermée.
Certains compulsaient leurs notes et que d'autres jetaient, comme elle, des regards pour jauger des réactions, attendant de voir si des questions plus pointues surgiraient avant que les réponses ne soient attaquer. Certaines de ces œillades attendaient visiblement que quelqu'un demande la cause de l'étrange arrangement des deux représentantes d'Ardamir. Halya, resta coite jusqu'à ce qu'elle puisse croiser le regard du régent, attentive à ne pas se montrer trop entreprenante étant donner son étrange position.
Mais si le régent ne la portait pas dans son cœur, il n'y avait pas pour autant de place pour la rancune déplacée. Aussi croisa-t-elle les doigts, posant les mains sur le bord de la table, son attitude montrant clairement qu'elle allait prendre la parole.
« Et bien je ne peux vous donner beaucoup d'information récente, mais au sujet des débuts du conflit et les événements de l'automne, étant donné que j'étais sur place, je pense être bien placée pour en parler de vive voix.
Je dois tout de même signaler, dans un soucis de clarté pour ceux qui seraient au fait des rapports me concernant, qu'à l'époque j'étais bel et bien en convalescence à cause des événements d'Eraison. Ma capacité émotionnelle et ma sensibilité physique étaient affectées mais ni ma mémoire ni ma capacité de raisonnement n'étaient touchées. Plusieurs guérisseurs, plusieurs prêtres, le Doyen Lomion et Heru Timerion pourrons vous confirmer la fiabilité de mes souvenirs si des doutes subsistent en sortie de cette session, mais en attendant, je vous demande de ne pas rejeter en bloque les informations que je vais rapporter ici sous ce prétexte. De plus, si cela ne vous suffit pas, plusieurs rapports rédigés par les Aigles présents lors du retour du Protecteur Neraën il y a deux mois, dépeignent la situation de façon similaire. »
Tout en parlant, son regard était passé sur le visage représentant Malereg puis sur d'autres qu'elle savait d'un naturel septique ou tatillonne. Pour ce qui avaient connaissance de l'état dans lequel elle était revenue d'Eteniril sans l'avoir vu de leurs yeux, la considérer comme un témoins fiable devait être compliqué, aussi avait-elle préférer poser les choses clairement et leur donner les informations nécessaires à leur propres vérifications postérieures. Ainsi, elle espérait pouvoir garder leur attention malgré l'énormité de certains aspects de la situation.
Elle se redressa sur son siège dans un frôlement de mousseline, ouvrit son porte document donc la première page était couverte de notes prises à l'encre noire, et attaqua enfin le vif du sujet.
« Pour venir participer à la reprise d'Eraison, le Seigneur Protecteur Neraën a quitté sa cité natale avec son contingent militaire. A cause de blessures magiques ré-ouvertes dans l'affrontement, il fut interné dans l'Académie pendant deux mois. Pendant ce temps, le Régent Telleran a tenté de maintenir le statut quo entre la Cité et les Noss alentours, continuant la politique d'apaisement que le Protecteur avait mis en place.
Il est de notoriété publique que les conflits avec les Noss étaient réguliers dans la région. Comme nous le savons, le Voile avait rendu les choses plus tendues encore et les Protecteurs qui s'intéressent à la condition Noss doivent savoir que le point de non retour approchait lorsque Heru Neraën a été investi de sa charge actuelle. Peu après son investiture, des rumeurs, aujourd'hui avérées, ont commencées à courir sur le fait qu'il passait une journée et une nuit, chaque ennéade, auprès d'un clan pour tenter de trouver un accord durable avec les différentes Noss des environs. Le statu quo était maintenu et aucun combat n'a eu lieu durant cette période. Il ne serait pas étonnant que les Noss n'aient pas apprécié son départ pour Eraison en pleine négociation, cependant, le fait que ce soit pour défendre les frontières de l'Oeuvre est une justification que nous partageons avec les Clans, comme cela a put être vérifié en Ardamir à plusieurs occasions.
Dans les faits, dans le courant du mois de Favrius, le corps du Régent Telleran a été retrouvé transpercé d'une flèche dépourvue de métal et portant le même type de marques et de plumes que celles que les Noss utilisent dans la région d'Eteniril. Dans le même mois, le Haut-Conseiller Telperion a disparut lors d'un voyage en Actellys, le Haut Conseiller Nephilim a été ramené en ville criblé de coups mortels après être sorti des murs pour une négociation avec une Noss de la région et le Haut-Conseiller Siraen a tout simplement disparut, corps et souffle.
Ces quatre disparitions ont été immédiatement imputées aux Noss par les Haut-Conseillers restant ainsi qu'une partie non négligeable des Conseillers. La méfiance n'a pas tardé à se répandre dans toute la Cité.
Début Barkios, les contestataires au sein du Conseil furent muselés par l'avis général et le phénomène s'amplifia jusqu'à la paranoïa. Le Commandant en chef des armées d'Eteniril, Falaedhel, ainsi que son fils Severan, ont dit avoir été attaqués en pleine nuit. L'assassin aurait tenté d'empoisonner le commandant, puis, voyant que cela n'avait pas marché, il aurait essayé de le tuer de sang froid, le blessant lourdement à la jambe. La blessure correspond au type d'agression décrite. Cet homme n'était pas un Noss, mais un Citadin, un Etenirili, cela nous en sommes sûr. Mais pour se défendre, Falaedhel a du tuer cet homme, rendant impossible tout interrogatoire ultérieur. Puis il a fuit la Cité en emmenant avec lui tous les soldats qui remettaient en doute la version du Conseil. Les Noss les ont trouvé et le Commandant leur a raconté l'histoire que je viens de vous conter.
Le Commandant Falaedhel a été déclaré traître à la cité par le Conseil le matin suivant son départ et tous les soldats qui l'avaient suivis également. En quelques jours, les abords d'Eteniril sont devenus infranchissables. Tout voyageur était arrêté, désarmé et amené au campement des rebelles par les Noss. Pour ce qu'on en sait, aucun voyageur n'aurait été tué, mais cela reste sujet à débat car la question n'a jamais été ouvertement posée. J'ai moi-même été arrêtée sur la route pendant mon voyage vers Holimion et j'ai été amenée au campement rebelle sans qu'il me soit fait le moindre mal. A partir de là, le Conseil a commencé à envisager ouvertement une guerre massive contre les Noss.
Le premier assaut avait été fixé d'un côté comme de l'autre à la fin de la 2e ennéade de Barkios. Toutes les communications étaient coupées pour garantir qu'aucune autre Cité n'intervienne. Les Rebelles ont obtenus des Noss le droit de monter un campement et d'avoir libre accès à la Cité pour régler le problème comme ils l'entendaient. L'échéance de ce droit était posé à la première bataille qui opposeraient les deux forces en puissances. »
Un verre d'eau n'aurait pas été de refus, mais il faudrait faire sans pour le moment. Halya questionna plutôt Artion du regard pour savoir s'il avait tout suivit jusque là. Les informations étaient denses et elle avait essayer de trouver la meilleur façon de faire comprendre l'agencement des événements plutôt que de décrire avec précision chacun d'eux. L'habitude des protecteurs bons élèves sans doute. Il était rare que quelqu'un arrive dans cette salle sans avoir passé des heures et des heures à se renseigner sur le sujet d'une session... Mais étant donné le nombre de représentants envoyés au débotté, il était préférable de vérifier que personne n'était perdu dès les premières phrases. Au besoin, Halya répéta quelques passages, reprenant chronologiquement les passages peu clairs. Elle veilla cependant à recentrer le débat sur les éléments pratiques dont ils disposaient à chaque question débordant sur les revendications ou les spéculations des uns et des autres, jusqu'à ce que tous semblent avoir parfaitement saisit l’enchaînement des faits qui avaient conduits à la situation explosive dont ils faisaient maintenant les frais.
« Comme je le disais, j'ai été capturée par des le chef Magdhen sur la route, près d'Eteniril, amenée au commandant Falaedhel au début de la seconde ennéade de Barkios et pour des raisons que je vous expliquerai après, j'ai eu l'occasion d'être accueillit en Eteniril paur le Haut-Conseiller Sigvald.
Début Barkios, les revendications des deux camps me semblaient assez simples :
La justification de la guerre du point de vue des Citadin était la sécurité des Etenirilis, autant d'un point de vue mental que physique. A leurs yeux, les Noss avaient put perpétrer des assassinats sur les personnes les plus protégées de la Cité et utiliser les faiblesses mentales de soldats traumatisés pour faire en sorte qu'ils trahissent leur propre famille. Si plusieurs conseillers ont orchestré cela, le plus logique serait qu'ils n'ont pas supporter l'idée de voir les mentalités Etenirilis changées en faveur des Noss. Malereg et Daranovar ont connus des cas similaires il me semble.
La justification de la guerre du point de vue des Noss était la défense et la justice. A leurs yeux, les Citadins ont montré une fois de plus qu'ils reniaient les enseignements de Kÿria en tuant leurs propres frères, la raison de ces meurtres leurs importaient peu. Sachant que les Citadins souhaitaient les voir mort, les Noss ont décidé de frappé en premier pour protéger les civiles et faire payer une fois pour toute aux elfes dévoyés leur comportement hérétique. S(ils sont réellement à l'origine des meurtres, c'est très probablement à cause de cette même soif de justice.
Pour parlé de points de vue plus sujet à controverse, il y a des détails qui ont attirés mon attention.
D'après le Haut Conseiller Sigvald, les rebelles étaient constitués de soldats traumatisés par Eraison. Et en effet, la plupart des rebelles que j'ai croisés étaient en effet des vétérans d'Eraison. Cependant, d'après les dires des intéressés, c'était le fait d'avoir coopérer avec des Noss lors des événements qui nous ont permis de repoussés les drows qui les avaient convaincus de l'absurdité de la mise en scène des disparitions.
Le Conseil a décrété que l'Arbitre Vareon avait été rendu mentalement fragile par tout cela car il a cessé de s'exprimer ouvertement, pourtant, pour m'être entretenue avec lui, sa façon de s’exprimer était excentrique mais parfaitement cohérente. Il agissait davantage comme un homme qu'on empêche de s'exprimer que comme un fou. De ce que j'ai compris, il suspectait même la folie de certains membres du Conseil et le clergé de Kÿria s'est officieusement rangé du côté des rebelles, prenant garde à la sécurité des civils avant tout.
Il est également à noté que tous les citadins disparus, le régent Telleran en tête, étaient pour le maintien de la paix entre Eteniril et les Noss si ce n'était pour une plus grande coopération entre les deux camps. Le Noss auraient pu se débarrasser des rebelles dans leur sommeil sans perdre un seul de leurs guerriers s'ils avaient souhaités l'extermination des citadins, mais il n'en ont rien fait.
Je pense que cela vous permet de vous faire une première idée de la situation avant le retour de Heru Neraën. Mais quelque soit la version que vous favoriserez, je tiens encore à préciser que dans l'histoire, les seuls a avoir cherché une issue totalement pacifique à tout cela étaient les Rebelles. Ils ont été présentés par les citadins comme des traîtres agissant au mieux par folie et au pire par appétit du pouvoir. Pourtant, leur plan avoué était d'entrer dans la cité avant les premières effusions de sang, de récupérer une relique fondatrice appelée l'Aube pour empêcher le Conseil de désigner un nouveau protecteur, d'interroger les conseillers survivants pour déterminer les quels étaient impliqués et de fouiller leurs documents pour tenter d'obtenir des preuves ou des témoignages suffisamment accablant pour discréditer les têtes pensantes.
J'ai participé à ce plan et il a échoué. L'Aube a été dérobée, mais aucune preuve suffisamment claire n'a été trouvée et même Heru Neraën en personne n'a put raisonné le Conseil. Plus grave, l'implication des Aigles sur demande du protecteur qu'ils escortaient a mêlé le Trône Blanc à ce conflit et la mort du Haut-Conseiller Sigvald ainsi que de Heru Hiradrilion lors de l'opération ont envenimé la situation. Au final, le Seigneur Protecteur Neraën a souhaité resté là-bas de son plein gré pour prouver sa bonne fois et tenter de calmer les choses sur le long terme. Les premiers froids ont empêcher les combats de prendre de l'ampleur. »
Son regard fini de sauter de l'un a l'autre des personnages attablés avant de retourner à celui d'Artion.
« Je me suis un peu étendue, Heru, mais j'espère que la situation vous semble aussi clair que possible compte tenue de son ambiguité. »
Puis elle se tourna plus ostensiblement vers le Régent avant d'ajouter.
« Je ne suis sûrement pas la mieux informé sur ce sujet, mais il me semble que les morts sont déjà nombreux, bien qu'ils le soient mille fois moins que ce que nous aurions put craindre sans l'hiver... »
Dernière édition par Halyalindë Yasairava le Jeu 5 Oct 2017 - 18:15, édité 1 fois
Fenris Nöldorion
Elfe
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Lun 24 Juil 2017 - 20:27
L'aube se levait à peine, attirant le regard de l'épouse Nöldorion. Assise au bureau de sa chambre, elle avait passé sa nuit à préparer le Haut Conseil qui aurait lieu de lendemain. Fort heureusement pour elle, son besoin de sommeil avait grandement diminué avec l'âge et elle pouvait même parfois s'en priver. Etant arrivée dans la cité quelques jours auparavant, elle avait eu tout le loisir de se reposer au préalable et pourrait récupérer son déficit durant les jours qui suivraient. Dans les documents qu'elle avait pu obtenir sur les évènements d'Eteniril, elle avait appris des choses effrayantes, non seulement sur les actes apparemment commis par les Conseillers en place mais aussi sur ce que son fils cadet avec dû faire et vivre. Et surtout sur sa demi-Noss de compagne qui en était arrivée au meurtre. Ce n'était pas prémédité, certes, mais cela démontrait une fois de plus le pouvoir destructeur de cette femme. Afin d'être sûre d'avoir tout les éléments, elle avait questionné quelques unes de ses connaissances, à commencer par Finwë, son deuxième né. En tant que Conseiller Royal, il avait assisté à chaque réunion avec le Régent sur ce sujet. De plus, comme elle s'y était attendu, son petit frère s'était confié à lui pour évacuer de peu de ce qu'il avait enduré là-bas. Il y avait perdu l'un des hommes dont il avait la responsabilité ainsi que sa bien aimée. Ou presque... Elle avait quitté son fils en lui demandant de ne révéler sa présence ni à Fenris, ni à Halyalindë, ni à qui que ce soit susceptible de les avertir. Elle ne souhaitant pas que l'un d'eux tente quoi que ce soit qui ferait irrémédiablement tendre son jugement en la faveur de la Protectrice. Non pas qu'elle doute de se laisser manipuler de la sorte mais autant lui éviter ce désagrément et s'assurer d'être entièrement libre de se faire son jugement sur cette affaire.
Relâchant le rouleau de parchemin qu'elle tenait, elle le laissa se refermer de lui-même tandis qu'elle observait les nuages passer lentement du noir au gris grâce aux rayons d'un soleil qui se refusait obstinément de se montrer. Il était temps qu'elle se prépare. Prenant appui sur les accoudoirs de son siège, elle se mit debout et se dirigea vers le coin d'eau. Là, elle se dévêtit et fit une toilette des plus complètes avant de coiffer ses longs cheveux d'un blond si clair qu'ils en paraissaient presque blancs. Une mèche après l'autre, elle les lia en un magnifique chignon d'une élégance tout à fait en accord avec les goûts de Malereg. Elle y avait mêlé une tiare en or qui apportait une touche de couleur sur sa peau blanche tout en s'accordant avec sa chevelure. Entièrement nue, elle traversa ensuite sa chambre et ouvrit les pans de l'armoire qu'elle avait en grande partie investie. Elle prit une robe rappelant les couleurs de sa cité, d'un blanc immaculé et parée d'un grand nombre de broderies en fils d'or. Elle la passa en prenant soin de ne pas la froisser. Devant un miroir à pieds, elle ajusta chaque élément de sa tenue afin qu'elle tombe à la perfection depuis ses épaules jusqu'à ses pieds. Elle enfila ensuite des chaussures assorties puis préleva un collier dans son coffret à bijoux pour l'attacher à son cou. Il s'agissait d'un large pendentif doré allant d'une clavicule à l'autre au bout duquel pendait le symbole des Nöldorion. Melian s'observa dans la glace afin de s'assurer de son choix et arbora une mine satisfaite. En plus des couleurs reconnaissables, le dessin de la robe était typique de l'Epine Dorée. Ajouté à cela son collier dont la plupart pourrait reconnaître la lignée qui y était associé, on ne pourrait douter du protectorat qu'elle représentait ni de son nom. Car non, Timerion ne viendrait pas. Elle-même était endéplacement à Daranovar lorsque la missive était partie et elle avait appris la date du Haut Conseil par Daenor. Etant donné l'âge du mage, l'ambassadrice savait qu'il n'aurait pas pris le risque de se déplacer par cet hiver glacial. Elle avait alors correspondu avec lui afin de lui proposer d'être sa voix auprès de ses confrères. Le Seigneur avait accepté, lui passant par la même occasion ses consignes et les informations qu'il détenait sur l'état de santé d'Halyalindë au moment de sa visite à Malereg. Melian en avait alors appris bien plus qu'elle n'en savait déjà sur la Dame Louve car les détails contenus dans les documents fournis ne faisaient pas partie de ces choses dont elle aurait pu avoir connaissance par les voies officielles. Son avis sur elle n'avait toujours pas changé, et se renforçait même un peu plus à chaque fois qu'elle se renseignait sur elle. Et Fenris en avait souffert, une fois encore. Elle était persuadée de ne pas tout savoir sur leur relation et que le cœur et le corps de son fils avaient pâtis plus d'une fois des agissements de cette femme. Elle en aurait presque prié les Dieux pour que cette histoire prenne fin au plus tôt. Mais Fenris n'ouvrait pas les yeux tandis qu'Halyalindë persévérait dans cette voie. Que Kÿria ait pitié d'eux...
Son propre soupire la tira de ses pensées et elle se dépêcha d'achever ses préparatifs. Prenant le dossier de Timerion avec elle, elle quitta prestement mais sans empressement la chambre qui lui avait été attribuée. Elle aurait pu loger chez Finwë mais avait craint d'y croiser son frère qui lui rendait parfois visite. Elle se rendit donc à la salle du Haut Conseil dont elle avait déjà plusieurs fois foulé le sol. Elle y retrouva tout un groupe de personnes déjà présentes et les salua les unes après les autres avec la déférence qui leur était due. A l'arrivée d'Halyalindë, elle la salua autrement qu'avec le dédain et le rejet à peine dissimulés dont elle usait à son encontre depuis qu'elles avaient mis les choses à plat sur un balcon de leur domaine. Lorsque tous furent arrivés, Anorn fit ouvrir les portes. Tout le monde prit place à la chaise destinée à son protectorat. Melian s'assit après que la Haute Prêtresse ait achevé sa prière et écouta tant la question d'Artiön que le récit de la Protectrice d'Ardamir. Un témoignage de plus parmi la liste de ceux qu'elle avait pu lire ou entendre par bouche interposée. D'après le regard qu'elle lui avait porté lorsqu'elle évoquât son état émotionnel au moment des faits et la valeur de son discours, elle comprit parfaitement le message et lui fit signe de poursuivre. Son différend avec elle ne concernait pas cette assemblée et était tout personnel. En dehors de cela, leurs cités étaient en bonne entente et elle ne nuirait pas à cela. Elle haussa toutefois un sourcil à l'évocation des conflits qui avaient agités l'Epine Dorée quelques années auparavant. Il fallait croire que les problèmes avec les Noss étaient récurrents. Toutefois, elle ne ferait pas étalage de son avis sur la question.
-Le Seigneur Protecteur Ardantar a fermement fait comprendre son erreur au Conseil à l'époque. Interrompit-elle brièvement en levant une main pour faire comprendre que ceci n'était pas un appel à débattre ou une tentative pour se dédouaner, simplement une demande polie d'éviter de renouveler ce genre de comparaison par la suite. Après tout, les choses n'avaient pas dégénérée à Malereg comme c'était le casen Eteniril. Si morts il y avait eu, les citadins n'en étaient pas venus à tuer les leurs pour la simple raison qu'ils avaient un point de vue différent.
Le récit de la Protectrice prit fin après de longues minutes. Melian avait remarqué qu'elle avait pris grand soin de ne pas évoquer la mort du Conseiller qui était de son fait. Le sujet viendrait plus tard, sans doute. Ce n'était pas à elle de déterminer quand ce serait le moment de l'aborder. A moins qu'il ne soit oublié, chose qu'elle ne tolérerait pas. Toutefois, il y avait une chose qu'elle voulait savoir.
-Avant que les échanges ne commencent vraiment, je pense qu'il ait nécessaire que le cadre de ce Conseil soit clairement défini. Vous nous avez convoqués en invoquant la situation d'Eteniril, sous-entendant que des décisions devaient être prises. Quels sont les sujets dont nous devons débattre exactement aujourd'hui ?
Eteniril, le sujet était vaste. Il n'y avait qu'à voir le nombre de rapports et de témoins... S'agissait-il de concevoir comment ce conflit pouvait prendre fin de manière pacifique, d'user des compétences de personnes formées à déjouer le Conseil ou si seules les armes étaient à envisager ? Des fautes commises de part et d'autres, qu'il s'agisse des Noss, des Conseillers ou du Protecteur, devaient-ils déterminer les responsabilités et prendre des mesure ? Neraën était toujours prisonnier, sa libération était-elle à l'ordre du jour ? Et qu'en était-il des ordres qu'il avait donné concernant notamment l'Aube et les conséquences qu'elles avaient eu, devait-il être jugé pour cela ? Beaucoup de questions... Mais sur quoi devaient-ils se concentrer pour cette séance précisément ?
Telenwë Neraën
Elfe
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Lun 24 Juil 2017 - 22:48
Comme à son habitude, dans un calme presque religieux le protecteur relisait ses notes. Ses longs doigts fins parcouraient avec une tendre délicatesse les pages de son carnet, la peau glissant sur le papier comme s'il s'agissait de la peau de la personne aimée. Cette considération pour les livres, il l'avait toujours eue. L'être aimé, il ne s'en était jamais préoccupé... il ne s'imaginait même pas se marier en fait. Mais cette question n'était aucunement à l'ordre du jour, aussi ne traversa-t-elle même pas son esprit. Non, en ce jour un sujet autrement sensible et bien plus important allait être abordé, parce qu'il s'agissait de définir ce que le Trône Blanc allait faire quant à la guerre civile qui rongeait Eteniril. Et il était le seul protecteur de cette terre ancestrale à avoir pu se déplacer à cause de l'hiver.
Une page se tourna. Ilyn regarda le ciel rougi par l'aube depuis son fauteuil, pensif. Saura-t-il suffisamment répondre aux questions qui lui seront posées ? Sait-il suffisamment de choses quant à ce qu'il se passe ? Il n'en savait rien. Il l'espérait. Mais la cité d'Eteniril s'étant complètement refermée sur elle-même et les noss ayant formé une forme de siège de la ville, avoir des informations de l'intérieur et surtout objectives ne pouvait se faire sans avoir envoyé des infiltrés. Au moins savait-il à quoi s'en tenir avait les noss de cette contrée ainsi que les soit-disant rebelles...
Ses yeux gris parcoururent à nouveau les quelques lignes qu'il avait lui-même griffonnées, lorsqu'il ne s'agissait pas de lettres écrites par une tierce personne. Puis, toujours avec la même douceur, il referma ses notes. Il était temps... temps de marcher à travers les jardins blancs d'Alëandir avant d'avoir un nouveau débat politique. Temps de se rafraîchir l'esprit pour arriver avec des idées aussi claires que l'eau pure et avec la bienveillance d'une mère. Et dire que même ici l'hiver se faisait ressentir... Kÿria avait parfois de drôles d'idées, vraiment. Mais pour le coup, il ne pouvait que la remercier de leur accorder le temps de réfléchir avant que le sang ne coule abondamment au sein de la forêt. Même si c'était chez son voisin, cette histoire concernait des milliers de vies et donc ne pouvait que le toucher. Même si ce n'était pas sur son protectorat, cela restait sur la même Terre Ancestrale et touchait directement l'un des membres du Conseil des Quatre. Aussi ne pouvait-il que réagir, d'une manière ou d'une autre.
Lorsque l'heure du Haut-Conseil fut venue, Ilyn se présenta au palais et salua rapidement les quelques personnes qu'il connaissait, en commençant bien évidemment par le régent d'Anaëh. Habillé d'un long manteau rouge foncé ainsi que d'une tunique beige tirant sur le jaune, il dénotait quelque peu avec les autres elfes présents. A croire que, pour la majorité, l'hiver leur donnait envie de porter des couleurs assez ternes. Pour certains du moins, parce qu'il put sans problèmes que d'autres préféraient la clarté généralement attribuée au printemps. Lui restait toujours dans des tons rappelant facilement le feu - surtout depuis que les siens s'étaient amusés à le surnommer Phoenix - et quoi que les autres en pensent, il s'en fichait éperdument. Certes la majorité des elfes avaient peur du feu à cause de la destruction qu'il pouvait apporter dans une forêt, mais de là à ne pas aimer cet élément... et pourtant, il n'était même pas mage.
Les portes s'ouvrirent, les protecteurs et représentants purent entrer et s'asseoir là où ils le devaient. La Haute-Prêtresse de Kÿria entonna une prière afin d'ouvrir le conseil, que l'elfe de Solith écouta avec grande dévotion, la tête baissée et les yeux fermés. Il ne se concentra sur la salle que lorsque la femme eut terminé et qu'Anornedellon eut pris la parole. N'ayant pour l'heure pas de questions, Ilyn attendit d'entendre les différentes réactions pour savoir comment et quand il pourrait aider à éclaircir cette histoire. Tout en écoutant les questions, il ne put s'empêcher de remarquer avec tristesse les sièges vides auprès de lui, Scalim n'ayant même pas pu envoyer un émissaire au dernier moment. Il était donc le seul à représenter la Terre Ancestrale d'Eteniril... Ce fut la longue prise de parole de la protectrice d'Ardamir qui lui fit tourner les yeux vers l'autre côté de la table. Il attendit d'être sûr qu'elle ait terminé, écouta la question de la représentante de Malereg... et dut rapidement prendre la parole à sa suite, d'une voix puissante mais calme, afin de faire taire tous les murmures qui naissaient malgré la question qui venait d'être posée.
"Merci pour votre explication et témoignage, Heri Halyalindë."
Il attendit quelques secondes avant de continuer avec une voix normale. En même temps, il prenait quelques livres de son sac fort chargé, dont un plus petit et plus fin que les deux autres. Pour ceux habitués aux réunions internes aux protectorats, les deux gros volumes ressemblaient étrangement aux écrits liés aux conseils. Pour tout dire, c'était exactement ce qu'ils étaient.
"Permettez-moi de me présenter pour tous ceux qui ne me connaitraient pas, Heri Nöldorion, avant de répondre à votre question. Je suis Ilyn Nedhel'Darien, protecteur de Solith au sein de la Terre Ancestrale d'Eteniril. Pour ce qui est de l'ordre du jour, le Régent me corrigera si je me trompe, il s'agit de décider si le Trône Blanc intervient dans la guerre civile qui a lieu dans le protectorat d'Eteniril et si oui, comment et à quelles fins. Plusieurs sujets sensibles liés à ce conflit peuvent demander à avoir des conseils de la part de chacun d'entre nous voire même un jugement. Mais pour cela il faut que tous ici aient pleinement conscience des faits qui se sont succédés et de ce qu'ils impliquent. A ce propos, si vous me le permettez Heri Halyalindë, je vais apporter une précision quant à un point que vous avez abordé avant de donner les informations que j'ai pu récolter.
Je ne reviendrai pas sur ce qu'il s'est passé lors de la nuit où une partie des Etenirilis ont essayé de régler cette guerre sans verser le sang des leurs, contrairement à vous je n'y étais pas moi-même. Par contre j'ai pu entrer en contact avec ces quelques elfes et notamment recevoir témoignage et documents du dénommé Severan, fils du commandant Falaedhel, envoyé par son père. Bien entendu j'ai vérifié la sincérité de ses propos avant de vous en parler ici. Quoi qu'il en soit, lors de cette nuit plusieurs objets ont été dérobés dans la cité, comme les rapports de réunions des trois derniers mois et l'Aube ancestrale de la cité. Il montra en même temps les deux gros livres qui trônaient sur la table devant lui. Par rapport à l'Aube, certes le fait que le Conseil n'ait plus accès à cet artefact empêche l'élection d'un nouveau protecteur, mais la raison pour laquelle Heru Neraën a demandé aux siens de faire ce sacrilège est autre. La folie semblant avoir gagné l'esprit de plusieurs hauts-placés de la cité, il craignait que quelqu'un s'en prenne à l'Aube d'une manière ou d'une autre, en tentant de la briser par exemple. Vu l'importance qu'a cette orbe aux yeux des Etenirilis et son caractère presque sacré, il a préféré la protéger de son propre peuple que de la laisser là où elle devait être. C'est actuellement la noss Linwë qui la détient.
En ce qui concerne ce que j'ai à ajouter, maintenant... Je rajouterai juste que les documents volés laissent malheureusement comprendre qu'il s'agit d'un coup d'état interne à la cité, affrontant les pro-noss aux anti-noss, pour rester simple. Dans les écrits des deux derniers mois, rien ne concerne une quelconque mise à mort de hauts-conseillers. Cependant plus le temps passe et plus on remarque des irrégularités dans les temps séparant les conseils comme hauts-conseils, ce qui n'a aucunement lieu d'être dans le livre d'il y a trois mois - donc pré-Eraïson. On peut également remarquer que différents camps se forment au fil des ennéades, voyant d'un côté ceux désirant suivre la voie que leur protecteur avait commencé à tracer et ceux qui veulent au contraire s'en éloigner. Constat identique que celui de la protectrice d'Ardamir, les personnes disparues sont celles étant les plus proches du protecteur. Pour ce qui est de Heru Falaedhel, il s'agit bien d'une tentative d'assassinat par un citadin."
Il réfléchit une fraction de seconde avant de continuer, préférant ne pas commettre d'impair étique devant les différents protecteurs. Déjà que son ton extrêmement calme pouvait laisser imaginer qu'il se fichait complètement de l'implication de tout ce qu'il racontait, alors s'il disait qu'il avait fait vérifier les souvenirs de Severan tant l'idée d'un assassinat lui avait parue démente... A sa décharge, le jeune elfe s'était limite porté volontaire avant qu'il ne pose la question, et il avait été présent pour s'assurer que l'etenirili ne souffrirait pas outre mesure d'un tel sort. Mais du point de vue de l'étiquette, il valait mieux que cela ne se sache pas. Vraiment pas !
"Concernant les écrits toujours, si des soupçons peuvent naître à partir de ce que je vous ai décrit, la confirmation se trouve dans le troisième livre que j'ai apporté à ce conseil. Il prit le cahier plus petit et surtout plus fin pour le montrer à l'assemblée, avant de le reposer sur la table. Se trouvent à l'intérieur des écrits relatant des conseils non présidés par le Haut-Conseil d'Eteniril. Si les discussions relatées ne parlent pas ouvertement de coup d'éclat, de renversement de pouvoir ou autre - ils auraient été bien idiots de l'écrire tel quel - j'ai pu comprendre sans problème en faisant correspondre les dates de ces réunions avec les dates clefs de ce conflit, tout en m'aidant des conseils officiels les encadrant, que la mort du régent ainsi que des autres hauts-conseillers n'est pas due aux noss. Il fit passer le cahier à son voisin, l'invitant s'il le désirait à parcourir les pages du document avant de le passer à son voisin, en faisant attention à ce que cela arrive au plus vite à Anornedellon. J'espère que vous m'excuserez de ne pas avoir pu vous faire part de cette information avant, Heru Anornedellon... Je n'ai été assuré de ce que je viens de vous dire que quelques jours avant mon départ et étant arrivé hier en Alëandir, je n'ai guère eu l'occasion de vous en parler avant ce conseil.
Maintenant, pour ce que je sais de la situation d'en-dehors les murs, les noss ont continué à se rassembler autour de la cité et les rebelles se trouvent toujours avec elles. Malgré le froid inhabituel et les voyages rendus très difficiles à cause de la nature une forme d'état de siège a été mis en place, les routes étant coupées tout comme les liens entre la cité et les quelques avant-postes militaires du protectorat. Quelques escarmouches ont eu lieu, plus ou moins sanglantes. Par contre, je n'ai absolument aucune nouvelle du protecteur et du peu que j'ai pu échanger avec mes pairs, Scalim et Actellys n'en ont pas non plus."
Voilà... tout était dit. Ou presque, peut-être avait-il oublié quelque chose. Il était attristé de devoir assurer de bien sombres nouvelles, mais les écrits parlaient pour lui et il n'avait pas été le seul érudit de Solith à comprendre de cette manière les textes. Il joignit alors les mains, semblant décontracté malgré ses sombres paroles, et regarda tour à tour ses confrères dans le plus grand des calmes.
"Si la Mère n'avait pas eu la bonté d'amener un froid si rude dans la région, je pense également qu'il y aurait eu bien plus de souffles perdus qu'il n'y en a actuellement, les deux camps étant à la fin de l'automne prêts pour une guerre ouverte."
Ainsi avait-il fini de parler.
Anorn
Ancien
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 27 Juil 2017 - 11:10
Le premier à poser des questions fut Artiön, qui représentait Daranovar. Beaucoup de protectorats n’avaient pas leur seigneur protecteur ou leur dame protectrice pour siéger à ce Haut-Conseil, mais cela il s’en était douté lorsqu’il avait décidé de réunir un conseil. Les routes étant peu praticables il était préférable de nommer un représentant déjà sur place, notamment pour Daranovar, ou de déléguer à quelqu’un quand le froid nous donnait plus de problèmes qu’autre chose à l’intérieur de la Cité, ce pour Malareg par exemple. Les questions qu’on venait de poser ne restèrent pas bien longtemps sans réponse et ce fut Halyalindë qui prit la parole. Elle ne siégeait pas à ce conseil en tant que Dame Protectrice, mais parce qu’il allait falloir statuer sur son cas. Anorn ne l’empêcha cependant pas de prendre la parole parce qu’elle était la plus à même, dans ceux ci présents, à répondre complètement aux interrogations de chacun. Elle leur fit alors un bref résumé des événements, en essayant de ne rien omettre. Lorsqu’elle reporta ce qu’il avait déjà entendu et ce qui lui avait déjà déplu à propos des Aigles et de leur implication, il ne put s’empêcher de tiquer. Un léger frémissement du coin de sa bouche qu’il ne voulut pas retenir tant la chose l’ennuyait. Avait-il mal donné ses ordres ? N’avait-il pas été assez clair ? Il était réputé pour l’être et pourtant on s’était permis des écarts. On était intervenu dans le conflit et désormais il était trop tard pour se demander s’il fallait s’en mêler ou non.
- Merci Heri Halyalindë pour votre résumé concis, je pense que vous étiez la mieux placée pour le délivrer.
Melian, qui représentait Malareg, reprit derrière lui sans lui couper la parole. Il n’avait pour l’instant rien à rajouter, attendant seulement de voir quels étaient les questionnements de ses frères. Et il y en avait quelques uns. Malareg demanda quels étaient exactement les points à aborder. Il avait en tête une liste claire et concise des soucis à régler, mais il ne voulait pas aborder cela avant que la situation en Eteniril soit claire pour tout un chacun. Cependant, si elle l’était assez pour qu’on en vienne à ce point, il répondrait. Mais il n’eut pas le temps de se lancer puisque le protecteur de Solith voulut apporter quelques précisions. Plus particulièrement, de nouvelles informations. Passa alors, de mains en mains, le cahier contenant les fameuses preuves. Une division de la cité et des haut-conseillers qui auraient comploté contre les leurs.
- Ne vous en faites pas Heru Ilyn, l’important est que nous avons désormais cette information. Pour revenir à votre question Heri Melian et à la réponse qui vient de vous être fournie, le Trône Blanc est déjà impliqué dans ce conflit puisque les Aigles qui avaient pour mission d’escorter Heru Neraën sont intervenus. Ce n’était là ni mon souhait ni mes ordres mais nous allons devoir composer avec. Comme nous sommes engagés malgré nous dans cette guerre civile, il va de soit qu’il est de notre devoir d’étudier ici et maintenant la manière dont nous allons poursuivre nos interventions. Il n’est plus question qu’Heru Neraën, qui ne devrait à ce jour plus être protecteur d’Eteniril, prenne les décisions qu’il nous revient à tous d’effectuer.
Pour répondre à la question d’Heru Artiön, et je crois que les démonstration ici présentes ont été assez claires, nous essaierons de rester aussi neutres qu’il nous est permis de l’être. Cependant, les noss ne sont pas représentées ici, au Haut-Conseil. Nous avons quelques éléments concernant les rebelles, mais principalement citadins. Nous restons dans le flou, en ce qui concerne le point de vue des Haut-Conseillers qui seraient, selon les rapports d’Heru Ilyn, à la source d’un coup d’état. Il va de soi que nous ne pourrons qu’espérer rester aussi neutres que possible. Mais même si nous avions le point de vue et le ressenti de chacun, il nous serait fort eu aisé de l’être réellement. Quant au fait de pouvoir l’enrayer, il est évident que c’est le cas. D’une manière ou d’une autre, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser le conflit s’étendre encore et prendre plus d’ampleur. Comme nous l’a rappelé Heri Halyalindë, il y a eu déjà bien trop de morts et il y en a bien trop à venir.
Ainsi, nous sommes réunis pour savoir comment nous allons arrêter cette guerre fratricide. J’ose espérer que la solution paisible est encore envisageable, parce qu’il ne me plairait guère de devoir utiliser la force.
Mais si cela lui déplairait fortement, il n’hésiterait pas un instant. Ce qui devait être fait ne souffrait pas de perte de temps. Il voulait, comme tous le il savait, éviter d’autres morts au maximum. Seulement parfois vouloir ne suffisait pas et il fallait se rendre à l’évidence.
- Voilà donc la question que nous traiterons au mieux en premier lieu. Viendra ensuite dans un second temps le casd’Heri Halyalindë Yasairava. Il nous revient de décider de son sort suite à l’homicide qui a été perpétré en Eteniril lors de la capture d’un Haut-Conseiller au sein de la cité et qui lui a été attribué. Mais s’il-vous-plait, cela viendra ensuite. Aucune question à ce sujet ne saurait être posée convenablement avant que nous ayons résolu le problème lié à la guerre civile en Eteniril. Je vous remercie d’avance de vous cantonner à cela, pour le bon déroulement du conseil.
Il savait que certains n’avaient à ce propos que très peu d’informations, mais il était hors de question de leur donner des réponses sur ce qu’ils ne traiteraient pas avant un long moment. Eteniril était la priorité. Halyalindë passerait après et même si les deux étaient étroitement liés, le premier cas ne nécessitait pas le second pour être résolu.
- Heru Artiön, si vous êtes pleinement renseigné, pourriez-vous nous dire, en tant que commandant des armées de Daranovar, si vous voyez dans cette situation une quelconque solution pacifique ?
Lui en voyait une. Elle ne serait pas facile à mettre en place, mais elle existait. Restait à savoir si elle vaudrait le coup et si un militaire l’appuierait. Pour une fois, il ne déplorait pas la présence de l’armée au sein des protecteurs.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 27 Juil 2017 - 15:00
Tu aurais été surpris si tu pouvais te permettre de l’être. La chose n’était pas bien surprenante venant de la Protectrice d’Ardamir, qui avait toujours été – Kaëlistravaë en avait fait plus d’une fois la complainte – très proche de la cause Ornedhelle ; mais entre l’intervention sans équivoque du Protecteur de Solith et l’étonnamment court ministère de la dame Noldörion, et avec – pourvu bien sûr qu’elles ne soient pas falsifiées, et tu aurais du mal à croire qu’elles le soient – les accablantes preuves apportées par les écrits des Hauts-Conseillers eux-mêmes… C’était une situation peut-être pas inédite, mais incroyablement rare qui se jouait aujourd’hui. Tu es un homme de guerre, et tu connais la syntaxe du langage qui l’entoure. Pour ce que tu auras eu le temps d’analyser avant de devoir faire passer vers le Régent, les comptes-rendus avaient tout de ceux de Conseils militaire, de leur exagérée concision à leur signification au premier abord nébuleuse. Les Etenirili qui en étaient à l’origine n’étaient malheureusement pour eux pas les plus rodés à l’exercice, et auront assez manqué de subtilité pour que quiconque a déjà participé à une quelconque réunion d’avant-guerre puisse, moyennant un peu d’effort, comprendre de quoi il en ressort. Le Haut-Conseil, s’il voulait faire preuve de la moindre objectivité dans ce conflit, se voyait forcé de lentement se ranger du côté des rebelles et des Noss.
Les justifier n’était cependant pas donner raison à leurs actes, et si le consensus général semblait vouloir à comprendre leurs motivations, l’on avait rapidement compris que le but était de pacifier la situation dans la mesure du possible. Pour le nombre de victimes qu’avait déjà fait la guerre contre les sombres, les elfes périssant dans les escarmouches entre Taledhels et Ornedhels devenaient des victimes de trop, alors s’il fallait maintenant parler d’un véritable siège. Tout cela était impensable.
Seulement dans ces conditions, éviter de nouveaux morts te paraissait non pas impensable, mais impossible.
Le ton sombre et cassant que l’on te connaît en tant que Chef guerrier refait surface lorsque le Régent s’en vient à directement s’enquérir de ton avis quant à la meilleure approche du conflit.
- L’idéal serait, au vu des éléments en notre possession, de traduire en justice les membres du Conseil d’Eteniril et de composer avec l’avis des rebelles pour en renouveler la composition. Une fois les coupables jugés et punis en conséquence, il reviendrait aux Etenirili de reconstruire l’entente avec les Noss des alentours de la Cité sur de meilleures bases… tes paupières se plissent mais c’est d’un conflit impliquant les Ornedhels que nous parlons et l’implicite de la remarque eut vite fait d’être mis en mots Notre justice n’a aucun poids à leurs yeux. Ils n’ont ni la même conception de la culpabilité, ni la même manière de rendre jugement ; et se mettre en travers de leur jugement, c’est s’y exposer.
Tu marques une pause, le temps d’affronter un à un et proprement les regards de tous les Sylvains de l’assistance. Le visage d’Alëandir est celui de toutes les Cités. Une erreur, une seule, et l’on courait le risque que les événements d’Eteniril se généralisent.
- S’il on ne veut pas embraser de conflit majeur entre Cités et Noss partout en Anaëh, nous ne pouvons pas nous permettre de faire naître les moindres tensions entre Alëandir et les Noss d’Eteniril et c’est ici que tu avoues ce que tu penses être la dure vérité Et par-là j’entends que la meilleure solution à mon sens est de se rétracter et de laisser Eteniril se faire elle-même justice. Tu sens monter l’indignation au sein de l’assistance J’entends par contre tout à fait, que la majeure partie des habitants de la Cité d’Eteniril se retrouve en position de victime innocente bien qu’à l’avis des Noss les plus hargneux, leur silence les rendra coupable et c’est pourquoi je pense qu’il est de notre devoir de dépêcher, tant qu’il en est encore temps, une délégation chargée d’intercéder auprès des rebelles pour obtenir droit de relogement de tout Etenirili souhaitant quitter la Cité avant que les affrontements ne prennent trop d’ampleur, la courte pause marquée ici en dit long sur tes penséesen veillant bien sûr à ce qu’il ne s’agisse pas d’une bien commode porte de sortie pour des elfes fortement impliqués cherchant à fuir les conséquences de leurs actes. Et si les Conseillers d’Eteniril sont encore capable d’entendre raison avec un peu de chance, le temps passé auprès des Citadins d’Eteniril pourrait être utilisé pour négocier une reddition, mais ce serait aux Noss et aux rebelles ensuite de juger de s’ils s’en contenteront.
Et par peur de choquer certains de tes convives tu as même mis de l’eau dans ton vin. Restait à espérer qu’un autre trouve une solution à la fois réaliste et efficace, sinon, tu continuerais de penser que sur le long terme, le meilleur moyen de retrouver un semblant d’unité au sein de l’Anaëh serait de renier Eteniril le temps qu’elle trouve elle-même son équilibre.
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 27 Juil 2017 - 17:44
Ilyn écouta, toujours aussi calme, faisant attention à tous ceux qui prenaient au fur et à mesure la parole. Le régent en premier, qui se retrouvait bien malgré lui partie prenante dans cette histoire avec les Aigles qui n'avaient visiblement pas été suffisamment neutres. En même temps, comment auraient-ils pu l'être ? Vu la situation, il ne l'aurait aucunement étonné qu'ils n'aient pas eu le choix pour leur propre vie. Mais de cela, il ne pouvait pas l'avérer... lui-même n'ayant pas été témoin de cette scène. Un coup d'oeil pour voir où en était le carnet en circulation, puis ce fut au chef de guerre de prendre la parole. Des paroles sensées mais qui ne montraient à son avis pas tous les problèmes liés aux noss.
"Je ne suis pas un expert en noss, aussi peut-être que quelqu'un de mieux renseigné que moi pourrait éclairer ce conseil, mais je crains qu'autant d'un point de vue citadin que noss une rétraction vis-à-vis de ce problème. Si nous entrons en conflit avec les noss en agissant d'une quelconque manière, en effet nous en pâtirons après. Mais si rien n'est fait alors cela sera comme si nous avions agi : si la cité tombe, nous aurons été du côté des noss ; si la cité décime des clans entiers et devient ce que l'on appelle "anti-noss", alors nous aurons été du côté de celle-ci. Et si nous n'agissons pas, nous risquons d'avoir trop de morts sur la conscience... et le simple fait qu'il y ait un massacre risque de déborder sur les protectorats dont les relations sont plus que tendues entre cités et noss."
Un fin soupire s'échappa de ses lèvres, relevant la pointe d'exaspération qui existait tout de même dans son esprit face à cette situation. Agir lui paraissait être ce qu'il y avait de mieux à faire, mais comment ? Aussi reprit-il, avec son éternel calme plat.
"Laisser choisir les citadins peut être une bonne chose, mais il faudrait les préparer à une telle décision, leur faire comprendre par avance ce qui se trame réellement - en sachant qu'il y a de forts risques pour qu'ils soient déjà embrigadés du côté des conseillers. L'idéal que vous avez proposé, Heru Artiön, est certainement ce qu'il y a de mieux à faire. Mais au vu des antécédents de cette histoire, la justice envers ceux qui ont assassiné des leurs devrait se faire en accord avec les noss de cette région.
Mais cela est sans connaître ces clans... Heri Halyalindë, puisque vous étiez là-bas et avez visiblement pu cotoyer plusieurs noss... Pourriez-vous nous éclairer sur le mode de pensée qu'ils peuvent avoir et s'ils seraient prêts à discuter avec des citadins extérieurs au protectorat ? S'ils ont des référents des cités, des personnes avec qui ils pourraient toujours accepter de parler ? Si vous le pouviez, je pense que ce serait une aide quant au choix que nous devons faire."
Il s'adressait à la protectrice d'Ardamir, mais peut-être existait-il une autre personne dans cette salle capable de donner de telles informations. Aussi fit-il un rapide tour de table des yeux avant de s'arrêter sur sa consoeur.
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Ven 28 Juil 2017 - 22:31
Malgré les excuses de leur compère de Solith, intérieurement Halya se serait mis à bouillir. Pourquoi les comptes rendus dérobés à Eteniril n'avaient pas été fournis aux Protecteurs avant cette réunion ? Pourquoi chacun s'escrimait à garder ses petites notes par devers lui !? Puis elle s'était rappelé qu'elle faisait de même avec les nouvelles qu'elle avait obtenues de la part de Neraën en personne pour la simple et bonne raison que le moyen de les obtenir n'était pas des plus indiqués… Et elle regarda le Protecteur Ilyn d'une toute autre façon.
A la place, elle s'était résolue à garder calmement le silence, malgré ce qu'elle considérait comme une dérive de la conversation. Les mots du régent, puis d'Artion, s'ils étaient pleins de bonne volonté, manquaient cruellement de réalisme… et faisaient une fois de plus passer les Noss pour le des sauvages qui n'écouteraient rien… Rien d'étonnant à ce que le Daranovan, et même que chacun des Protecteurs, ne voient le problème que comme un petit groupe de dissidents à châtier. Mais pour avoir eu l'occasion de voir de ses yeux l'état des habitants, la chose était bien plus inquiétante.
Aussi, lorsqu'Ilyn lui en offrit l'occasion, elle alla un peu plus loin que les seules informations qu'on lui demandait.
« Les Noss sont les victimes de cette affaire au même titre que les civiles Etenirilis. Lorsque j'ai eu l'occasion de discuter avec eux, il ne voulaient pas la guerre. Ils ont longuement parlementé avec le Commandant, sous forme de conseil. On m'a même expliqué qu'un druide avait aidé Neraën à entrer dans la Cité pour tenter de raisonner le Conseil. Ils tentaient simplement de se défendre. »
Peut-être que l'une des personnes qui avaient travaillé avec eux aurait put ouvrir les négociation, mais elle ne pouvait proposer cette éventualité sans que cela apparaisse comme une tentative détournée de plaider son cas. Elle poursuivit donc sans s'attarder.
« Mais Heru Ilyn - avec une vision moins militaire de la chose peut-être Heru Artion - " Précisa-t-elle en inclinant la tête de façon à monté au Daranovan qu'il ne s'agissait pas d'un reproche, aussi incongru aurait-il pu être dans la bouche de l'ex Commandante " a mis, je pense, le doigt sur le véritable enjeux de cette réunion. L'inaction sera aussi parlante qu'une prise de position franche. Plus qu'une vision ethnocentrée, croire qu'il suffira de juger le Conseil pour arrêter la guerre est une utopie qui pourrait nous coûter cher si nous basons une stratégie sur ce point. Lorsque je vous parlais de la paranoïa des habitants, ce n'était pas une métaphore. Une grand majorité des Etenirilis croit dur comme fer à la version du conseil et toute preuve est à leur yeux truquée, même celles appuyées par le Haut Conseil... Peut-être même surtout celles apportées par le Haut-Conseil.
Le Trône Blanc a accepté de coopéré avec les Noss pour repousser les drow. Heru Neraën, moi-même et Heru Artion que nous fassions parti officiellement ou non de ce conseil, nous sommes ici et nous avons combattu au côté des Noss. Le régent lui-même était à Eraison. Et c'est de là que viennent tous leurs maux d'après la version de leurs conseillers. »
Elle se souvint des regards qui pesaient sur l'Arbitre de la ville, du doute dans le regard de ce lieutenant et de la satisfaction dans celui de son supérieur.
« Il existe encore des gens qui doutent. Mais la population d'Eteniril n'est pas prise en otage. Elle soutient le conflit de son plein gré, manipulé par le peur et la haine de dirigeants habiles, certes, mais ceux qui sont manipulés ne s'en rendent jamais compte d'eux même. Et c'est elle qui choisira l'avenir d'Eteniril bien plus que les quelques conseillers qui sont à sa tête. »
Et cette population était farouchement convaincu que les Noss en voulaient à leur vie. Convaincus au point de sortir les armes pour protéger leur famille et leurs enfants. Et ce qui terrifiait l'ex-Aigle, c'est que d'expérience, elle ne connaissait rien de plus fort que ce mélange de peur, d'amour et de bon droit...
« Proposer un relogement de ceux qui veulent fuir les conflit est une sage idée, nécessaire même selon les préceptes de notre Mère, mais ne vous attendez pas à une franche approbation et préparez vous à ce que les Etenirilis relogés engendrent de la méfiance envers les Noss dans leur entourage. D'autant plus si les combats tournent endéfaveur de la Cité.
De plus, comme vous le dites encore, Heru, en laissant les Noss et la Cité s'affronter, étant donné que nous avons la preuve que c'est la Cité d'Eteniril et non les Noss qui ont brisé leur accord de paix, nous validons implicitement ce comportement. C'est un message bien plus large que nous envoyons. Si une autre Cité veut faire de même et tenter d'exterminer les Noss alentours, le Trône Blanc ne trouvera rien à redire.
Si nous ne protégeons plus l'équilibre d'Anaëh et que nous laissons certains des nôtres utiliser à ce point leur libre arbitre pour nuire à des frères de sang, cela sera très certainement interprété d'une unique façon par les Noss quelque soit leur région d'origine. Soit nous ne considérons plus les Noss comme des elfes… Ou nous ne nous considérons plus, nous-mêmes, comme des elfes. »
Lors de chacune de ses prises de paroles, la seule personne qu'elle essayait de ne pas trop regardé était assise près d'elle. Connaissant l'attachement pour le moins mesuré que Kaëlis éprouvait envers les Noss, elle espérait pouvoir lui expliquer à la sortie ce qu'elle avait vu et entendu, bien au-delà de sa réputation.
Évidemment, des exclamations suivirent sa dernière assertion, l'empêchant d'aller plus loin. Elle ne tenta pas de reprendre la parole. De toute façon, elle n'avait pas d'autres raison d'être là avant que son cas ne soit traité que de servir de témoins. A moins qu'on ne lui demande une nouvelle fois son avis ou qu'on en vienne à mettre en doute l'état actuel de Neraën, elle se devait de rester muette.
Fenris Nöldorion
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Mer 2 Aoû 2017 - 20:28
L'interrogation de Melian ne tarda pas à trouver réponse. Le principal objet de cette réunion était de statuer sur le rôle qu'aurait à jouer le Trône Blanc dans ce conflit armé, puisqu'il n'était déjà plus question de paix. Anornedellon précisa bien assez vite les propos du Protecteur de Solith en rappelant qu'Alëandir était déjà impliqué, et ce bien malgré la volonté du Régent. Il restait donc à déterminer leurs objectifs avant de se soucier de leurs actions. Mais la chose semblait entendue, et sans même avoir besoin de l'exprimer cette fois : il fallait faire le moins de victimes possible. Que ce soit d'un côté comme de l'autre, cela paraissait évident, même pour des contrées peu engageantes envers les Noss. Des Taledhels étaient engagés dans les deux camps et, de toute manière, la consigne d'Anorn était claire : rester aussi neutre que possible. Ce sujet n'ayant visiblement pas besoin d'être réglé, il restait néanmoins une question épineuse : que faire exactement ?
A la proposition du représentant de Daranovar, Melian se redressa prestement de son siège. Cela, il n'en était même pas question à ses yeux. Certes, toute la cité et ses alentours étaient impliqués dans cette guerre, volontairement ou non, consciemment ou non, mais il était impensable de ne rien faire. Les civils n'avaient pas à pâtir de ce conflit qui ne trouvait sa source que dans l'esprit de quelques membres du Conseil si convaincus d'avoir raison qu'ils en étaient venus au meurtre de leurs propres frères. Et par civil, elle entendait tant les soldats persuadés d'agir pour le bien de leur cité que les innocents qui ne savaient pas tenir une arme, mais aussi et surtout les enfants qui ne seraient pas épargnés, malgré toute la bienveillance dont les elfes pouvaient faire preuve à ce sujet. Cependant, elle n'eut pas le temps de prendre la parole car Artiön poursuivit en suggérant de laisser sortir d'Eteniril ceux qui le souhaitaient. Son dos se reposa dans le fond de son siège mais elle restait toutefois dubitative quant à cette proposition. C'était loin de régler le problème et il y aurait de nombreux morts. Ils pouvaient sans doute éviter cela. Ou tout du moins essayer. Concernant sa première proposition toutefois, elle entendit les avis de ses confrères et les partageaient d'une certaine manière. Tous avaient raisons, mais, bien au delà de la légitimité de leur loi face à celle des Noss pour sceller le sort des coupables, un procès n'était pas une fin en soi. Seulement une conclusion.
-Le jugement des Conseillers fautifs est une étape nécessaire. Cependant, ce ne peut être qu'une finalité et en aucune façon un moyen de mettre un terme à ce conflit. Décider de qui doit statuer et sur la base de quelle législation pourra être fait en temps utiles. Pour l'heure, il faut avant tout nous préoccuper d'empêcher que cette guerre fasse plus de dégâts. Et si notre inaction doit causer tant de morts, alors autant agir. Quoi que nous fassions, nos actions devrons être empruntes de la neutralité dont nous souhaitons faire preuve. Mais sans pour autant ne rien faire... En cela, notre tâche n'est pas aisée. Des négociations ne semblent plus possibles mais une réunion entre les deux parties en terrain neutre peut s'avérer nécessaire afin de nous en assurer.
Melian leva la main pour rectifier ses propres paroles.
-Ou tout du moins de le faire passer comme tel aux yeux du tout public. Elle prit une inspiration et releva la tête avant d'exprimer le fond de son idée. Les agissements du Trône Blanc doivent être visibles, en espérant qu'elles aient un impact favorables. Cependant, le plus efficace ne serait-il pas de rétablir la vérité ? Si la population ne suit plus le Conseil, alors le feu devrait s'éteindre de lui-même. Mais les etenirili sont connus pour leur patriotisme. Jamais ils n'écouteront des étrangers et comment faire si toutes les preuves que nous leur soumettrons sont considérées comme fausses ?
Elle se tourna vers l'assemblée, sondant un à un les regards tandis qu'elle interrogeait silencieusement les personnes les plus susceptibles de répondre à la suggestion qu'elle s'apprêtait à soumettre.
-Il doit y avoir quelques personnes stratégiques en Eteniril qui auraient suffisamment d'influence sur la population et dont la parole ne serait pas remise en question. Nous savons que ce n'est hélas plus le cas de l'Archiviste mais imaginons que d'autres se mettent à douter ou, mieux encore, soient convaincus que le Haut Conseil n'agit pas de manière honnête et pour le bien de toute la cité... S'ils avaient le courage d'élever leurs voix contre le Conseil, la balance pourrait pencher en notre faveur.
Elle laissa planer un silence quelques instants avant de prendre le court de sa pensée.
-Pour les raisons énoncées plus tôt, ceci ne peut évidemment être fait que de manière officieuse.
Cette manœuvre serait risquée, surtout pour ceux qui seraient en charge de la mettre en oeuvre au sein même de la cité. Car il semblait évident que la pensée de la communauté d'Eteniril ne pourrait être changée que de l'intérieur. Des contacts devraient être dépêchés sur place pour accomplir une tel stratagème. Cependant, l'ambassadrice de Malereg n'avait pour seule connaissance que les rapports qu'elle avait pu obtenir. Elle attendait l'avis de personnes plus concernées et plus expertes qu'elle afin de savoir si cette démarche avait son intérêt dans le cas présent. En attendant, d'autres questions restaient en suspend.
-Je m'interroge également sur la sécurité de plusieurs personnalités, politiques ou non, comme les Conseillers pro-Noss par exemple. Leurs opposants ont déjà montrés ce dont ils étaient capables. La cité n'est plus sûre pour eux. Profiter de l'évacuation de la cité par ceux qui ne veulent pas prendre part aux conflits armés pour les faire sortir serait judicieux mais aurait deux inconvénients. Même si j'imagine que les plus influents d'entre eux ont déjà disparus, cela ne risque-t-il pas de nous priver d'atouts déjà sur place tout en faisant passer ces Conseillers pour des déserteurs ?
Au ton qu'elle avait pris, l'auditoire ne devrait pas être choqué par ses propos, laissant sous-entendre que cette perte était tragique certes pour l'accomplissement du plan qu'elle avait proposé autant que pour les Etenirili eux-mêmes et, de manière plus large, pour la communauté Taledhels. Il fallait bien que le profond respect de la vie dont Fenris faisait preuve vienne de quelque part... Même si Melian avait eu à faire certains choix ou participer à des décisions qui se voulaient pour le bien du plus grand nombre, au détriment d'individus isolés.
-Il en est de même pour Heru Neraën. Il a choisi de rester mais sa sécurité n'est certainement pas totale, et ce malgré la présence des Aigles restés sur place. Je vois mal le Conseil se contenter de l'enfermer et l'oublier. Sait-on quels risques il encoure en demeurant sur place ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 3 Aoû 2017 - 0:13
À défaut d’un sourire, les interventions suivantes te font lever le menton. Finalement choisir d’édulcorer ton propos ne fut pas la bonne approche. S’il on t’avait dit un jour qu’un conseil Citadin serait capable d’outrepasser la distinction entre Ornedhels et Taledhels pour porter un jugement se voulant réellement impartial… certainement aurait-il fallu le leur expliquer à eux aussi. Se retrouver dans un cas accablant vos confrères des pierres et justifiant ceux des bois vous mettait dans une situation précaire, en particulier lorsqu’autant de Protectorats ne se trouvaient pas représentés. Si chacun avait sa voix, et si la majorité allait dans ce sens, alors le Haut-Conseil aurait pu prendre position sans avoir à potentiellement souffrir le contrecoup de sa décision auprès des autres Terres. Vous auriez pu apporter votre soutien aux rebelles et tenter d’enrayer les conflits ayant lieu en Eteniril en forçant tout bonnement la reddition de coupables qui ayant perdu toute légitimité devant le reste de l’Anaëh, n’auraient aucune raison de continuer de s’engager dans un tel conflit. Il aurait ensuite été simple de confier à l’autorité des clans le jugement des Conseillers et Chefs de Guerre maîtres de cette machination.
- La mort. Tu réponds sombrement Que l’ancien Seigneur-Protecteur d’Eteniril soit jugé sous ce Conseil renégat et il sera très certainement accusé de haute trahison, et à Eteniril comme à Daranovar c’est un crime passible de peine de mort.
La représentante de Malereg s’était déjà dangereusement crispée lors de ta précédente intervention, celle-ci ne serait pas pour la rassurer, mais quitte à ce qu’une personne ici doive être source d’idées extrêmes ou prononcer les mots que personne n’aimerait entendre, il y avait tout intérêt, en tant que représentant de Daranovar, connue pour être une terre d’elfes incisifs, à ce que cela vienne de toi.
- Il me semble avoir entendu Heru Halyalindë mentionner des doutes planant encore parmi les Etenirili, et si doute il y a, c’est qu’il existe encore des elfes pour les nourrir. Tu continues en direction de la Dame de l’Epine Dorée Savoir s’ils sont assez influent pour que notre témoignage soit suffisant à prouver le leur aux yeux d’une majorité d’Etenirilis est autre chose.
Tu adoptes une position plus ouverte, intimant par là une destination plus générale de tes prochains mots.
- Heri Halyalindë et Heru Ilyn soulèvent un point important. Tes yeux se posent de loin sur les carnets qu’il vous a été donné de feuilleter il y a quelques instants de cela Nous possédons les preuves de la culpabilité des Conseillers, et voilà qui est triste à dire, mais là est tout le problème. Le Trône Blanc se doit d’agir avec justice pour maintenir l’équilibre dans l’Oeuvre, mais il est aussi censé représenter les voix de tous les Protectorats d’Anaëh. Et pour autant que tu détestes tes prochains mots, c’est une réalité Agissons selon la justice, et sûrement aurons-nous enrayé ce conflit avant que nombre d’elfes ne trouvent la mort ; mais à combien de Protectorats aux dirigeants réfractaires à l’idée de la validité d’une entente avec les Ornedhels donnerons nous l’occasion de remettre en cause l’autorité du Trône ? Et par la même occasion, dans combien d’autres Protectorats aurons-nous attisé des tensions déjà existantes ?
Tu te souviens encore t’être retrouvé, durant ton enfance, dans des situations similaires. Elevé dans une famille Ornedhelle à une paire de générations près, Cìryon s’était souvent retrouvé à défendre auprès de vos camarades le point de vue que pouvaient avoir les Noss dans le conflit culturel très marqué aux abords de Lanthaloran et Daranovar. Et ce n’est lorsqu’il se prouvait avoir raison que la situation s’envenimait. Quand de ceux assez honnête pour reconnaître leurs torts il obtenait généralement l’approbation, et des réfractaires les plus vocaux il obtenait le silence, c’est souvent des sceptiques silencieux, de ceux ayant eu la sensation de ne pas avoir eu leur mot à dire, que venait le retour de bâton.
- Encore aurions-nous fait justice selon les lois d’Alëandir que tout cela aurait été possible à contenir, mais laisser aux clans le soin d’écrire le moindre mot de plus dans cette page d’histoire serait comme hurler aux flancs surenneigés des montagnes de tensions que sont Tethien et la Quatrième Saison. Tu te retournes vers Melian Laissons Eteniril se faire elle-même justice, par les armes si elle le souhaite, limitons dans la mesure du possible les dégâts collatéraux, prenons le parti de communiquer clairement au moins aux deux partis de ce conflit le pourquoi de si peu d’actions, et certainement devrons nous compter par centaines les morts et les survivants grinçant des dents, mais au moins mise en quarantaine et repartant du plus bas, Eteniril aurait l’occasion de lentement trouver un nouvel équilibre. Le peu, pour ne pas dire l’absence de victime étrangère au conflit, sans parler de la présence de Citadins parmi les rebelles devrait être rassurante quant à leur volonté de ne pas simplement faire tomber la Cité. Pour toute solution plus active, nous prenons le risque de devoir composer avec de nouvelles situations similaires, et beaucoup plus de victimes à gérer. C’est en direction d’Ilyn que tu prends parole cette fois-ci Quant à savoir si la Cité risque de décimer des clans entiers, il n’y a absolument aucune chance. Sans le soutien du reste de l’Anaëh, les pierres d’Eteniril partent perdantes dans ce conflit. Plus ils resteront longtemps isolés de leurs sources de vivres par le siège, plus leurs armées s’affaibliront ; l’hiver aura déjà joué dans ce sens en faveur des Noss. Que la Cité décide finalement de s’attaquer de front aux guerriers des clans, et même avec un meilleur équipement, ils devront jouer l’affrontement selon les règles des Ornedhels, que la maîtrise du terrain avantage considérablement, et si tout cela ne suffisait pas, les Noss possèdent aussi l’avantage du nombre. Ton regard clair se refroidit au point d’en paraître obscur Si les premières grandes pertes ne poussent pas la Cité à se rendre, c’est qu’ils ne sont définitivement plus récupérables.
Tu marques une pause, laissant quelques instants de répit à tes convives, que ceux qui s’en insurgent encore essaient à travers tes propos d’apprécier quelle est la dure réalité de la guerre. Ton attitude cependant commande le silence, laissant à ton expression comprendre que ton exposé n’avait pas encore trouvé fin.
- Ou alors pouvons-nous de manière assumée prendre le parti des rebelles, utiliser l’autorité du Trône Blanc pour forcer les renégats à la soumission au jugement des clans, mais devrons-nous dès à-présent préparer un exposé détaillé des raisons de notre décision, et par précaution penser des mesures visant à pondérer les populations des Protectorats dont le climat est supposément "à risque".
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Lun 7 Aoû 2017 - 9:51
Le constat d'Artion était sombre mais d'une justesse toute militaire cette fois. Au delà de savoir qui avait tort et qui avait raison, c'étaient bel et bien les conséquences de l'affrontement que le Trône blanc devait se préparer à gérer et visiblement, la piqure de rappel d'Halya et du protecteur nordien avait suffit à remettre cet aspect au centre du débat.
L'inaction militaire, bien que lui arrachant les entrailles, lui paraissait de plus en plus indispensable.
Elle détestait le constat en lui-même surement autant que le Daranovan et elle continuait de chercher avec une avidité soiffarde une autre façon de procéder, mais pour l'heure, à l'échelle du trône blanc, la meilleur des marches à suivre était la décision la plus difficile à prendre. Après, si elle était toujours protectrice à ce moment là, elle pourrait engager ou non Ardamir dans ce conflit, cela ne dépendrait que d'une Cité. Mais en tant qu'autorité centrale, que le trône blanc prenne position d'un côté ou de l'autre et ce serait comme bouter le feu à l'Anaëh...
L'accueil des elfes désirant quitter la zone de conflit, la présentation publique des preuves ainsi qu'une proposition de jugement des Conseillers une fois que le siège serait levé et la situation apaisée si les Noss ne le faisaient pas seuls et que la Cité ne s'en chargeait pas non plus serait un bon compromis. Mais au point où ils étaient rendus, des décisions tranchées et des interventions massives n'étaient plus vraiment pensable. Daranovar, Tethien et Quatrième Saison en aurait beaucoup trop pâtis. Artion avait raison...
Mais celle qui était encore pour quelques heures peut-être une dame protectrice garda les lèvres scellées. Cette décision n'était pas entre ses mains aujourd'hui. Il ne lui restait plus qu'à prier Kÿria pour que son silence n'ai pas les même conséquences désastreuses que lors du conseil qui avait décidé qu'aucune Cité ne serait obligée de participer activement à la protection du front sud...
Anorn
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 10 Aoû 2017 - 14:19
Il était question de savoir si une intervention militaire était judicieuse ou non. Beaucoup parlaient de justice et de ce qui devrait être fait pour éviter aux innocents de payer pour des actes qu’ils n’avaient jamais cautionné. C’était beau et c’était noble. C’était sans doute ce qui devrait être fait, dans un monde utopique où rien n’avait de conséquence trop grande et où primait la justice. Mais la plupart perdaient de vue leur première fonction. Sans doute parce que certains étaient des représentants et non des protecteurs, ils n’avaient pas cette capacité à voir ce qui était meilleur pour l’ensemble et non pour partie. Ils siégeaient là au Haut-Conseil, celui du Trône Blanc. Non à celui de leur cité, pas à celui de leurs terres. Tout était différent, les enjeux étaient plus grands, les projections plus lointaines. Il fallait voir sur des siècles, considérer les terres dans leur ensemble. Anorn savait que si le Protecteur de Carrobrelian avait été là, il n’aurait pas attendu l’intervention d’Artiön pour soulever l’ineptie des propositions, combien il était nécessaire de laisser le conflit se gérer seul. Sans doute pour de mauvaises raisons, il détestait viscéralement les noss, mais les remarques n’en auraient pas été moins justes. Tâd’Sereg disait voir là une occasion de tenter un rapprochement entre les cités et les noss. Pourquoi ne pas soutenir ces dernières si elles étaient dans leur droit ? Si elles ne faisaient que se défendre et si elle défendaient les principes fondamentaux de leur peuple ?
- Le discours d’Heru Artiön ne manque pas de justesse. Nous avons malheureusement à faire à un conflit qui a escaladé bien trop vite et qui, aujourd’hui, ne saurait être géré pacifiquement. Heru Neraën a, il me semble, déjà essayé de discuter avec les citadins, sans résultats. Des tentatives d’échanges, de résolutions par la parole ont eu lieu sans grande efficacité. Le Trône Blanc est impliqué, d’une part parce qu’il s’agit d’une cité d’Anaëh, d’autre part parce que certains Aigles sont intervenus là-bas. Mais continuer sur cette lancée, soutenir les noss, mener une attaque contre nos murs, serait perdre Carrobrelian, Quatrième-Saison, Malareg, Tethien. Soutenir Eteniril alors que nous avons les preuves que cette guerre civile est de leur fait nous ferait perdre d’autres cités, sans parler d’injustice, de volonté de ne pas voir ce qui se passe réellement et de décisions complètement arbitraires parce qu’il s’agit d’une cité.
Je sais que cela déchire le coeur de la plupart d’entre vous. Je le répète, Heru Artiön a raison, je ne sais pas si nous saurons trouver une solution qui n’implique pas, à un moment ou à un autre, de laisser le conflit se régler seul. C’est le seul moyen pour qu’il ne se répande pas. Nous devons le contenir en gardant le Trône Blanc à l’écart. Evidemment, les civils qui voudront être évacués, et à vos dire ils ne seront pas nombreux, trouverons notre aide. Mais nous ne pouvons engager des forces armées et prendre clairement parti sans risquer une scission générale entre les noss et les cités. Nous sommes entrain de travailler doucement à un rapprochement, nous tentons de conserver avec peine le climat de pseudo-paix qui existe entre nous. Engager le Trône Blanc dans cette guerre civile serait détruire des décennies de travail, réduire à néant un nombre incalculable d’heures de travail. Je ne veux pas déclarer ouvertement la guerre aux noss. Je ne veux pas m’opposer aux cités, parce que nous les représentons toutes.
Comme il a été dit, juger les Haut-Conseillers qui ont trahis leur peuple ne suffira pas à arrêter le conflit. Ce sera fait, cela va de soi, mais il est idiot de penser que cela signera la fin de tout. Maintenant dites-moi, pensez-vous toujours que nous devons soutenir un camp plutôt que l’autre ? Pensez-vous que nous avons besoin d’une guerre civile généralisée ? Nous nous devons de penser au bien du plus grand nombre. C’est aujourd’hui ce dont il est question. Il n’y a pas à chercher plus loin, pas à penser aux civils et au noss qui périront de toutes façons. Pensons aux autres, ceux qui sont encore en paix, voulez-vous qu’ils le reste ou préférez-vous prendre le risque qu’ils souffrent pour que vous puissiez vous dire que vous avez fait ce qui était juste ?
Laissons Eteniril se faire et mourir seul. Laissons les tomber complètement et relevons les. Anaëh ne s’en portera que bien mieux.
Il était dur pour certains de penser qu’on allait laisser mourir des elfes. Ceux pour qui chaque vie comptait, ceux qui ne pourraient jamais être sur un champ de bataille, ceux qui ne pourraient jamais monter plus en grade. Parce qu’ils écoutaient plus leur coeur que leur tête, leurs sentiments les envahissaient jusqu’à embrumer leurs pensées, jusqu’à leur souffler des idées plus délirantes les unes que les autres. La guerre avait fait des ravages et continuait à en faire. Mais n’était-ce pas temps que cela s’arrête ? Ils avaient le pouvoir, ici et maintenant, de tout faire basculer. Puisse la Mère guider leurs esprits.
Telenwë Neraën
Elfe
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Sam 12 Aoû 2017 - 13:15
Il s'en était douté, même s'il aurait préféré que les différents protecteurs - et encore moins le régent - ne prennent pas ce chemin-là. Certains étaient outrés qu'une telle idée puisse être lancée et l'affichaient ouvertement. Lui, dans son coin malheureusement non accompagné de ses confrères de sa trre ancestrale, n'affichait rien de plus qu'une mine sombre. Cette mine regardait tantôt ses mains jointes devant son ventre, tantôt les places vides à côté de lui. Il n'était pas un mage ; encore moins un militaire. Gérer ce genre de conflit était une première pour lui, comme pour tout les autres elfes présents ici ou presque. Il avait conscience qu'en prenant le parti d'un camp en particulier, quel qu'il soit, cela mènerait à des problèmes... et ce même si les preuves trouvées contre les conseillers citadins étaient flagrantes. Mais de là à faire le mort ? Ce n'était pas une bonne solution non plus puisque forcément cette inaction serait perçue comme une action volontaire et serait décriée par les uns comme étant en faveur des citadins, par les autres comme étant en faveur des noss. Et pour lui cela revenait au même que de prendre le parti des rebelles : ailleurs en Anaëh des tensions entre les deux peuples pourraient éclater, mettant en danger de nombreux elfes mais également l'équilibre au sein d'Anaëh. Et alors le Trône Blanc ne pourrait rien dire, puisqu'il a tout laissé passer pour Eteniril. Mais cela avait déjà été relevé plus tôt, aussi ne reviendrait-il pas là-dessus. Du moins pas directement. Aussi, après que les premières réactions tantôt désolées tantôt offusquées suite aux mots du régent soient passées, Ilyn prit doucement la parole, d'une voix profonde qui laissait ressentir sa tristesse face à la situation.
"J'ai déjà exposé mon avis sur la question et bien que je puis comprendre le raisonnement d'Heru Artiön, je reste à penser que ne pas agir sera une porte grande ouverte aux conflits de ce type voire d'autres comme la remise en question de l'autorité du Trône Blanc. Peut-être ne faudra-t-il pas agir militairement parlant, j'entends par là ne pas envoyer d'armée conséquente. Mais sur le plan politique je crains que ne faille au moins être l'intermédiaire entre les deux camps, ne serait-ce qu'une fois avant que le pire n'arrive. Et en cela je rejoins l'idée de Heri Melian : il existe des elfes au sein de la cité qui se doivent d'être impartiaux et qui seront écoutés, comme certains représentants religieux puisqu'ils dirigent les temples des dieux les plus priés en Eteniril. S'adresser à des tels êtres pourrait mener à quelque chose de positif, s'ils suivent toujours la voie qu'ils ont chacun empruntée. Avec un peu de chance, peut-être qu'ils accepteraient de discuter en bonne intelligence avec des représentants noss. C'est idyllique, j'en conviens... mais je préfère essayer de créer un dernier débat entre les deux camps que les vouer à Tari. Certes à un moment ce sera au protectorat en lui-même de régler sa propre histoire ; mais il y a un temps pour tout et parfois il peut s'avérer important d'être guidé avant d'avoir à faire un choix... tout comme nos enfants avant de devenir adultes."
Il fit une pause, ferma les yeux et se concentra pour se calmer au maximum intérieurement. Les traits de son visage perdirent de leur tristesse pour retrouver leur habituelle position, celle montrant un elfe éternellement calme et semblant souvant ne pas vraiment considérer ce qu'on lui raconte. Puis il rouvrit les yeux et posa son regard sur Melian avant de le poser sur tous ses confrères.
"Pour ce qui est de Heru Neraën, Heru Artiön a raison en supposant qu'il sera jugé pour haute-trahison. Et si c'est bien cela, alors je suppose qu'il préférera la mort à ce qui lui arrivera. Mais là n'est plus la question, d'autant plus que nous semblons bien partis pour laisser la cité s'écrouler elle-même. Aux autres de dire s'ils sont d'accord ou non, maintenant."
Fenris Nöldorion
Elfe
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Dim 13 Aoû 2017 - 20:03
Melian avait du mal à croire ce qu'elle voyait se dérouler devant ses yeux. Tous ne parlaient que d'une chose, la considérant comme étant la seule qui devait être faite, à savoir : rien. Elle n'en revenait pas. Anorn avait pourtant commencé son tour de parole en rappelant que le Trône Blanc était déjà impliqué du fait de l'intervention des Aigles et, à présent, il s'endédouanait complètement, comme s'il avait oublié ses propres paroles. Il était impensable pour l'ambassadrice qu'ils ne tentent rien pour essayer d'améliorer la situation mais sa parole semblait s'être perdue dans le vent car elle ne trouva aucune réaction, pas même une critique. Seule sa dernière question trouva réponse jusqu'à ce qu'Ilyn parle à nouveau. Au moins étaient-ils deux à être du même avis.
Melian se fit alors provocatrice.
-Soit. Ne faisons rien. Et envoyons un message à toutes les cités : Ne fondez plus vos espoirs sur le Trône Blanc. Certes, Eteniril s'est mise elle-même dans cette situation mais la mission de ce Haut Conseil n'est-elle pas de garantir l'équilibre en Anaëh. Dans ce genre de situation, l'inaction est plus souvent source de chaos que d'équilibre.
Cela n'était pas nouveau. Lorsque deux parties se disputaient, il était rare que cela se finisse bien sans l'intervention d'une tierce personne, quelqu'un de neutre qui apportait un regard nouveau ou des éléments de compréhension. Dans le cas présent, il semblait même évident que la situation ne s'arrangerait pas sans aide. Pourtant, on imaginait que ne rien faire était la solution. Cela revenait à se bander les yeux et se boucher les oreilles... D'accord, elle n'était pas militaire, seulement l'épouse et la mère. Mais elle était politicienne. Des conflits, elle en avait vus, vécus, réglés et même provoqués. Sauf en de très rares occasions, il avait chaque fois fallu une intervention extérieure pour que les esprits échaudés s'apaisent. Appuyant brièvement son regard sur Ilyn pour rappeler ses paroles, elle poursuivit sur un ton plus apaisé cette fois.
-Puisque nous ne pouvons prendre partie, nous pouvons au moins être médiateur. Il sera toujours temps ensuite de juger si cette cause est définitivement perdue et de les laisser faire leur guerre si nécessaire. Auquel cas, il ne sera pas dit que nous serons resté sans rien faire.
Etant donné tout ce qui avait été tenté, elle n'avait pas la naïveté de penser que cette démarche changerait quoi que ce soit. Il faudrait un miracle. Mais il n'était ici pas question d'espérer que le conflit se règle de manière pacifique, seulement de montrer aux cités et aux Noss quelle était leur volonté. La proposition d'Artiön serait sans doute nécessaire mais elle ne devait être qu'une seconde étape, la première étant de montrer à tous que le Trône Blanc ne resterait pas inactif. Ils voulaient être neutres ? Très bien, ils le pouvaient mais autrement qu'en laissant uniquement la situation se régler d'elle-même. Sinon, quelle message enverraient-ils à la population, aux Protecteurs, aux Noss et à tout Anaëh ?
-Si ce conflit doit engendrer des morts parce que nous n'aurons pas pu le régler pacifiquement, alors soit. Au moins aurons-nous tenté quelque chose et permis de mettre la majeure partie des innocents à l'abri. Cependant, il est une personne que notre inaction condamnerait à une mort certaine. Cela reviendrait à le tuer nous-mêmes puisque nous aurons pris cette décision en toute connaissance de cause. Parce que, quelque soit le sort que le Conseil d'Eteniril lui réserve, Neraën mourra tôt ou tard si nous ne faisons rien.
Melian avait remarqué les quelques mots innocents et pourtant lourds de sens dans la phrase d'Ilyn au sujet du sort de l'ex-Aigle. Le Conseil d'une cité n'avait pas autorité pour juger un Seigneur Protecteur, seul le Trône Blanc en avait le pouvoir. A moins que ledit Protecteur n'accepte leur jugement et elle imaginait assez bien Neraën donner son accord afin d'avoir une tribune pour plaider son point de vue. Mais il tenterait alors de convaincre ceux-là même qui l'avaient trahi... Peine perdue selon elle. Il n'y avait que peu de choses qu'un elfe supporterait moins que la mort. Le bannissement en était un. Eteniril ne pouvait "que" le bannir de son protectorat mais, même si les Noss pourraient ne pas reconnaître la validité de ce jugement et le recueillir, cela resterait un coup mortel pour le Protecteur. Cependant, il y avait bien plus à craindre de la part des Conseillers d'une cité aux tendances aussi radicales... Elle savait de quoi il en retournait et cela serait pire encore pour Neraën. Si guerre il devait y avoir, alors des milliers de personnes iraient rejoindre Tari avant la fin de l'année. Mais, parmi cette foule d'anonymes plus ou moins conscients de leurs actes, il y en avait un dont ils connaissaient d'avance le nom. S'ils ne faisaient rien, autant dire qu'ils le condamnaient à mort eux-mêmes. Neraën avait son avis sur la question des Noss. Celui de Melian était très différent, certes. Mais pouvait-on pour autant dire qu'il avait commis un acte de trahison ? Pouvait-on le laisser être jugé comme tel ? Si le Trône Blanc n'y prenait pas part, alors rien ne pourrait arrêter le Conseil d'Eteniril et tous, autour de cette table, creuserait la tombe du Protecteur. Il fallait que cela soit rappelé.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Dim 13 Aoû 2017 - 21:36
Si les débats politiques Daranovans tendaient à rapidement s’échauffer, au moins l’opiniâtreté des participants n’allait pas jusqu’ les assourdir. Certainement cela n’était-il dû qu’à la propension à recevoir de durs discours qu’amenait la vie dans une Cité à la tradition militaire, mais malgré tout, tu te permettais d’espérer… ou plutôt même d’exiger, de tout Sylvain ayant choisi de diriger son souffle vers un monde où s’entrechoquent des argumentaires potentiellement diamétralement opposés, qu’il soit capable d’entendre celui des autres partis avant de le remettre en question. Attribues-tu trop d’implicites aux interventions du Régent, ou ne sont-ils pas capables de les lire ? Puisque tu te fais plus confiance à toi qu’à n’importe quel autre, ce sont eux que tu remettras d’abord en question, avec toute l’amabilité dont tu es capable dans ce genre de situations…
Parce que là où ne pas être compris ne te gêne pas le moins du monde, ne pas être entendu doit être l’une des choses que tu supportes le moins. Héritage d’un père autoritaire. Toujours assis, le visage à peine plus rêche qu’il ne l’est naturellement durant ce genre d’échanges, tu te permets de frapper le sol de ton focaliseur, t’attribuant le tour de parole plutôt que d’attendre qu’il te soit offert.
- Je conçois parfaitement que l’inaction vous semble impensable tes doigts se resserrent autour de la hampe du sceptre alors que tu en écartes la base du plancher mais a-t-il seulement été question de totale inaction à un seul moment de notre discussion ? Tu laisses peser un silence gênant sur l’assemblée, faisant à nouveau résonner ton baryton avant que quiconque n’ait le temps de répondre J’émettais, avant d’être suivi de notre Régent, et dans une moindre mesure, de la seule elfe parmi nous à avoir vécu la situation à la première personne, la proposition d’une inaction militaire et d’un retrait - officiel - du Trône Blanc du théâtre de la justice Etenirilie, purement et simplement. Il n’a cependant jamais été question de faire sourde oreille aux appels à l’aide d’Eteniril. Je vous dirais bien qu’il est de notre devoir d’écarter un maximum de nos frères d’un potentiel champ de bataille, mais ce-faire serait grossièrement me répéter et par conséquent, insulter plus que tu ne viens déjà de leur faire, l’attention dont ils ont été capables de faire preuve durant ces débats Si négocier les vies de nos confrères n’implique pas à votre sens de travail de médiation, je vous invite à réfléchir aux arguments que vous soulèveriez, déjà auprès des rebelles simplement pour que la scène nous soit accessible, puis auprès d’Eteniril pour en convaincre les "innocents" de s’en écarter. Ne serait-ce que "limiter les dégâts collatéraux" sans sortir du cadre d’Eteniril nous oblige déjà à exposer toutes les preuves en notre possession et à faire tout notre possible pour les justifier auprès du plus grand nombre ; et dans le meilleur des cas cela aurait suffi à enrayer le conflit, mais comme le soulignait si bien Heri Nöldorion, le patriotisme des terres du Nord rend le scénario bien improbable.
Et là n’était pas tout, parce qu’il était loin de n’être question que d’Eteniril. Il était question de l’équilibre de l’Anaëh, de l’état des relations entre les deux faces du peuple elfique, et de l’autorité du Trône Blanc. La mise en quarantaine d’Eteniril était loin de l’inaction que semblait y voir tes deux comparses.
- Quant à faire l’effort de voir au-delà de la situation d’Eteniril… les décisions prises par le Trône Blanc ne sont aucunement limitantes de celles prises par la suite au sein des autres Protectorats. Informer les autres Terres, en particulier celles n’ayant aucun émissaire à cette table, des raisons de cette prise de décision et les maintenir en dehors du conflit est déjà un effort politique plus que conséquent. Apporter le soutien nécessaire à ceux qui perdront inévitablement de la famille et des amis au cours de cette affaire est aussi une action plus que conséquent. Maintenir l’ordre au sein de l’Anaëh le temps qu’Eteniril se reconstruise est un engagement méritant en ce qui me concerne, autre chose que le titre d’inaction.
Et c’est finalement vers Melian que tu te tournes, lui adressant à elle en particulier ces derniers mots, puisque ce sont les siens, ceux avec lesquels elle aura refermé son propos, qui t’auront paru le plus inadmissibles.
- Quant à Neraën, faites de moi son assassin si cela vous chante, mais il n’est pas plus question de lui que d’un autre, et si c’est là le prix à payer pour en épargner une majorité, qu’il assume son choix et meure dignement.
Et pour autant que la foi glaciale et aveugle que tu places en ces derniers mots puisse faire croire le contraire, tu les prononces en tant que frère d’arme, et surtout en tant qu’ami du Protecteur Yeldoreï.
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Dim 13 Aoû 2017 - 22:17
Il était désastreux de constater à quel point leurs mots n’étaient pas réellement entendus. On pensait qu’ils proposaient de se laver les mains de la situation en Eteniril et qu’ils n’avaient cure des pertes que cela engendreraient. Quand ils conseillaient seulement de n’engager aucune force armée et d’aider à évacuer les civils qui souhaiteraient quitter la Cité. Il y avait dans les discours de Solith et Malareg un certain mépris pour cette proposition, qui venait d’une incompréhension, et un désespoir flagrant. Il fallait tout faire pour sauver ce qui ne pouvait plus l’être. On proposait encore des médiations, des interlocuteurs qui accepteraient de faire voir aux traîtres la vérité, de leur montrer combien ils s’étaient fourvoyés en suivant ceux qui n’avaient fait que comploter pour détruire la cité. Mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit à ce sujet, Daranovar reprit la parole pour exposer, avec un peu plus de virulence, ce qui dérangeait Anorn.
- Merci Heru Artiön, vous exprimez le fond de ma pensée. Il n’est absolument pas question d’abandonner Eteniril à son sort, de lui tourner le dos ou bien de fermer les yeux en priant la Mère pour ne pas être impliqué dans ses retombées. Le but ici est de minimiser ces dernières, il y en aura forcément dans toute l’Anaëh, quoi qu’on décide de faire aujourd’hui. Un conflit de cette ampleur ne pas pas passer inaperçu. En tant qu’instance citadine politique suprême, le Trône Blanc ne peut pas tout risquer, au dépend d’Anaëh entière, pour sauver une seule Cité. Et vous êtes d’accord avec cela Heri Melian. Nous sommes bel et bien entrain de constater ce qui serait meilleur pour l’équilibre d’Anaëh, non pas seulement ce qui serait le plus juste dans le microcosme d’Eteniril.
Exfiltrer les civils qui en feront la demande et veiller à ce qu’ils soient tous pris en charge serait, il me semble, la seule et unique action judicieuse que nous pourrions mener au nom du Trône Blanc. Cela, encore une fois, pour garantir la sécurité de toutes les Terres et non pas seulement celle d’Eteniril. J’aimerais vous rappeler à tous une chose : nous sommes ici pour décider ce que fera le Trône Blanc à propos de ce conflit. Les décisions que nous prendrons aujourd’hui n’engageront que lui. Si on peut un temps soit peu le réduire à cela. Certains ne seront pas personnellement convaincus, par la non-implication de forces armées, par l’absence de soutien apparent, je dis bien apparent parce que nous soutiendront nos frères et nos sœurs qui demanderont notre aide, et je le comprendrai. Mais s’il-vous-plait, apportez moi un peu plus d’arguments que ceux-là.
Heru Ilyn, j’ai l’impression que votre discours se base sur la nécessité absolue d’éviter un quelconque remord, de même qu’Heri Melian. Nous ferons au mieux, certes. Mais nous ne jetteront pas des soldats dans la bataille pour n’avoir aucun regret, pour une quelconque tranquillité d’esprit parce qu’on aura « essayé ». Et quand Anaëh entière en pâtira, est-ce ainsi que vous vous réconforterez ? En vous disant que vous avez essayé ? Je ne crois pas. J’aimerais autant que vous que ce conflit se règle pacifiquement et qu’il ne fasse aucune victime. Cependant, c’est beaucoup trop tard pour cela, l’escalade a été fulgurante et vous nous disiez, Heru Ilyn, que la guerre viendrai avec le printemps. Ne pensez-vous pas qu’il n’est plus temps de négocier la paix ?
Heri Halyalindë nous a rapporté, ainsi que vous Heru Ilyn, qu’il y avait nombreuses tentatives d’apaisement et qu’elles avaient toutes échouées. Heru Neraën en a été une et il a lui même été évincé. La situation est critique, nous n’avons plus le temps de prévoir sur des mois et sur la patience dont pourraient faire preuve les noss et les citadins. J’aurais aimé que nous ayons plus de temps, nous avons normalement toujours du temps. J’espère que cette fois, nous avons été assez clairs.
Parce qu’il ne réexpliquerait pas une troisième fois. Parce qu’au-delà il perdait tout espoir d’être entendu, réellement.
- Quant à Heru Neraën, il a lui même décidé de son sort. J’avais personnellement envoyé une escorte avec ordres de le ramener ici dans les plus brefs délais et il a décidé de ne pas revenir. C’est entièrement son choix. Comme le dit Heru Artiön, il est désormais un parmi les autres.
Telenwë Neraën
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Lun 14 Aoû 2017 - 14:40
"Et quand le sang coulera entre les racines des arbres et abreuvera la Prime Forêt, vous réconforterez-vous en vous persuadant que de toute façon il était trop tard, que parce personne n'a vu le conflit venir à temps, que nous ne pouvions plus rien faire à part envoyer une armée ?"
Contrairement à ce qu'il avait initialement pensé, Ilyn avait immédiatement répondu suite aux propos du régent. Bien que ses propres mots pouvaient laisser à penser à une profonde colère, c'était pourtant avec son éternel calme qu'il avait prononcé ses premières phrases, et c'était ainsi qu'il comptait bien continuer. Il en fallait plus pour véritablement le mettre en colère, bien plus. Et il espérait sincèrement qu'il ne vienne pas à quitter son calme lors de ce conseil, parce que cela signifierait qu'il serait suffisamment dégoûté du comportement de ses congénères pour ne plus désirer revenir conseiller le Trône Blanc.
"Heru Neraën est comme nous tous : un elfe comme un autre, si ce n'est qu'il a des responsabilités concernant tout un protectorat. A ce que je sache il a souhaité aller jusqu'au bout de ces-dites responsabilités, et ce certainement parce qu'il devait encore voir un espoir pour son peuple. A partir de là, je n'irai pas contre son choix même si cela doit le mener à la mort ou pire. Et quant au fait de s'éviter un quelconque remord, Heru Anornedellon, je suppose que de toute façon vu la situation n'importe quel elfe étant au courant des aboutissants de cette affaire et étant doué d'empathie en aura un minimum. Le remord n'est qu'une partie de l'équation.
De même, pour l'idée de proposer aux civiles de quitter le protectorat s'ils désirent sortir de ce conflit, je ne reviendrai pas dessus. Cela n'apporterait rien qui puisse faire avancer les choses et je passerais pour un protecteur ne pensant pas à l'Anaëh tout entière. En fait, j'aimerais juste revenir sur une chose qui vient d'être dite : de ce que Heri Halyalindë a rapporté, de nombreuses tentatives d'appaisement ont été initiées et toutes ont échoué. De ce que j'ai pu apprendre, à moins que vous ne vouliez parler du fait qu'Heru Neraën passait du temps avec les noss, il y en a qui ont peut-être pu être initiées par des clans, mais si c'est le cas forcément ils n'ont pas eu d'oreille attentive de la part des conseillers puisque ceux-ci sont de base anti-noss. La seule tentative autre dont j'ai eu vent est celle d'Heru Neraën qui, visiblement, fut dans de mauvaises conditions de par le fait qu'il n'a pas pu faire cela en pleine journée à cause des noss et qu'en plus il venait initialement dans la cité pour faire une passation de pouvoir - je suppose qu'une missive avait dû être envoyée à cette cité concernant ce fait, donc que les conseillers étaient en plus au courant. Y aurait-il eu d'autres initiatives que celle-ci ? Si oui, si elles n'ont pas amené à un cesser-le-feu, ont-elles au moins pu permettre d'avoir de quelconques informations sur la situation plus ou moins actuelle à l'intérieur de la cité ? Quelles sont ces "nombreuses" initiatives ?"
Voilà, avec son calme habituel, il s'était permis de relever un point qui peut-être n'avait été qu'un mot de travers mais qui pouvait tout aussi bien refléter une véritée cachée, quelle qu'elle soit. Et quitte à passer pour l'emmerdeur fini qui ne lâcherait pas son morceau de viande si facilement et qui en plus ne comprenait rien à la situation globale d'Anaëh, il avait bien envie de savoir ce qui se cachait derrière ce fameux mot. Parce que les mots ont toujours un pouvoir bien plus grand que ce que l'on imagine...
Il regarda l'assemblée dans son ensemble et, n'ayant personne criant avoir des informations sous la main, ses yeux se posèrent sur les deux concernés : Anornedellon et Halyalindë.
Halyalindë
Ancien
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Mar 15 Aoû 2017 - 11:12
Pour ceux qui ont la flemme:
Lisez le passage en blanc et ce qu'il y a après x)
L'action du trône blanc, impliquant des milliers de personnes, et en insistant que cela devait être fait au moins pour le protecteur Neraën. Des milliers pour un… voilà quel genre de d'arguments déraisonnable qu'employaient les représentants du Nord de l'Anaëh pour convaincre les autres du bien fondé de leurs arguments… Sans se rendre compte qu'une intervention non militarisé était exactement ce qu'avaient proposés le Daranovan et l'Ardamiri, chacun en essayant de déterminer ce qui restait à faire hors d'un impact guerrier. Seul le Régent avait voulu opté pour une inaction totalement et entière… Comme les vieux protecteurs qui avaient choisi de ne pas profité de l'arrêt de l'invasion drow lors des premières années du Cycle pour remettre de la distance entre Anaëh et eux. Ceux-là même qui avaient condamnés Eraison par leur manque de décision et qu'Halya, par crainte de ne pas avoir l'expérience suffisante, avait regardé faire sans bronché.
Forcée au silence et sachant que sa parole ne pourrait servir aujourd'hui que de conseil, elle avait soudain l'impression d'entendre un dialogue de sourd se résumant à peu près à : « Ne sortons pas l'armée mais aidons les au mieux. - Non !! Nous ne pouvons pas laissé dégénérer les choses dans tout l'Anaëh ! Il faut les aidé même si nous ne sortons pas l'armée ! »
Heureusement pour sa tranquillité d'esprit qui commençait à être mise à rude épreuve, Artion pris la parole pour rappeler la réalité de ce qu'il avait dit après les déformations successives des propos des uns et des autres. Mais Halya profitait de tout cela bien plus qu'elle ne l'aurait cru. S'attachant aux mimiques, aux gestes, aux regards, plus encore qu'aux mots, elle se rendait compte à quel point ce conseil donnait l'impression de jongler avec une patate chaude dont ils ne savaient que faire. Le cas qu'ils avaient sous les yeux était trop grand, trop complexe. Chacun se perdait dans les détails les plus important selon lui. Comme jadis, elle s'escrimait donc à découper le problèmes en plus petits.
- Le Siège des Noss qui craignaient pour leur vie et ne pardonnaient pas forcément aux Citadins d'avoir trahis la parole de leur chef. - Un groupe de citadin rescapés d'assassinat qui se cachaient dans la nature en faisant les dieux savaient quoi et qui avaient demandé l'aide du Trône Blanc. - Un druide qui avait directement prévenu le Régent des problèmes de la région. - Un Protecteur emprisonné dans sa propre Cité après avoir impliqué des Aigles dans un conflit local. - Des assassinat perpétré par un groupe d'elfe probablement rendus fous par les guerres environnantes. - Une manipulation de masse par des personnes belliqueuses.
Cela faisait donc Six problèmes distincts qui, mis ensembles, donnaient une situation totalement impossible à résoudre sans déclencher une épidémie de méfiance entre Noss et Citadins ainsi que la diminution du pouvoir d'Alëandir. Un véritable casse-tête.
Mais si à la place de tout vouloir gérer, ils ne considéraient qu'une partie du problème. Si en résolvant un ou deux de ses points, les autres fondaient comme neige au soleil ? Quel était le véritable nœud du problème ?
Les Noss avaient tout intérêt à attendre que la Cité s'affaiblisse d'elle même sans attaquer. Même si elle avait de l'eau à profusion, comme l'avait fait remarqué Artion, elle ne pourrait pas tenir éternellement sans apport conséquents de vivres et hors des murs, les Noss contrôlaient le terrain. De ce qu'elle avait vu d'eux, ils étaient patients et organisés. Donc tant que les Citadins ne lançaient pas une attaque d'eux-même, les Noss n'étaient plus un problème que pour l'envoi et la réception de messages. L'image sauvage et imprévisible que s'en faisait beaucoup de citadins les faisaient paraître plus importants dans l'équation qu'ils ne l'étaient réellement.
Une baudruche qui rendait le tout plus complexe mais qui était dépendante de toute le contexte.
Les Rebelles étaient des victimes collatérales. Elles avaient eu leur moment de gloire en permettant de récupérer des informations et de prévenir le Conseil, mais à part semer le doute et la discorde au sein de la Cité, leurs possibilités étaient limités.
Ils pouvaient presque ignorée leur présence si cela ne les avantageaient pas.
Le Druide qui avait été envoyé au Trône Blanc… Elle ne savait pas s'il était arrivé à destination mais de toute façon, il s'agissait d'un messager plus qu'un problème. Un avantage même puisqu'il impliquait le Trône Blanc au nom de l'Anaëh. Les Noss ne pourraient refuser leur présence s'ils étaient accompagnés de druides… Si seulement elle avait su comment contacter Eninril, elle l'aurait tout de suite fait.
Un avantage pour interagir avec les Noss, donc...
Neraën… Officiellement il n'avaient aucune nouvelle de lui. Il était la raison pour laquelle le Trône Blanc ne pouvait resté sans tâche dans cette affaire mais le fait qu'il demeure sur place avait également engendré bien des questions dans les esprits de ses compatriotes. Finalement, les Aigles avaient été réhabilité et la responsabilité pleine et entière de leur participation prise par Neraën, calmant de façon plutôt pérenne la suspicion à l'encontre de ce corps étant donné les Cycles de bons et loyaux services dont il jouissait.
Un Symptôme. Toujours un Symptôme.
Le coeur du problème semblait à première vue être l'état mental des Conseillers. Aller jusqu'à l'assassinat était immonde et impensable. Des citadins tuant d'autres citadins… Cela ne s'était plus vu depuis les Exilés… C'était de tout cela que découlait le problème… Mais ils ne pouvaient les juger pour l'instant.
Il ne pouvaient pas influé sur leur pouvoir tant que…
Tant que les Etenirilis eux-même leur servaient de bouclier. C'était ça. La clef du problème. La donnée à modifié pour que tout se dénoue. Les Etenirilis devaient se retrouver en majorité du côté de la Paix… Quoi que… c'était un peu trop demander. Déjà, s'ils étaient du côté de la Vérité, ils auraient de la chance…
« Mais oui… » murmura-t-elle pour elle-même, ses yeux s'arrondissant légèrement.
La seule chose qu'ils avaient à faire pour que cela ne dégénère pas était d'empêcher l'armée Etenirili d'attaquer et de faire en sorte que la population demande une véritable enquête. Ils avaient besoin que le doute des Etenirilis soit plus grand envers leurs conseillers qu'envers les Noss. Dit ainsi cela pouvait paraître utopique… Mais il suffiraient qu'ils en viennent à mettre en doute le côté inévitable de la guerre pour changer drastiquement les choses. On ne fait pas la guerre sans armée ni sans organisation pour la soutenir.
Sans une foi massive des Citadins envers le Conseil, des enquêtes seraient organisés non seulement sur les Conseillers mais également sur Neraën et sur le Rebelles. Au pire, la justice serait expéditive, la population ferait place neuve, le souhait du régent serait exhaussé et ils négocieraient eux-même avec les Noss, mais la situation serait débloquée et le Trône Blanc hors de Cause puisque ce serait la volonté du peuple d'Eteniril. Au mieux, le Trône Blanc pourrait alors intervenir pour démobiliser l'armée Etenirili, faire cesser le siège et permettre aux prêtres de faire leur devoir.
Dans l'état actuel des choses, ils pouvaient tout à fait tenter quelque chose de cette ampleur.
Elle avait même une idée qui pourrait à la fois stabiliser la Cité, porter un coup aux Conseillers et calmer les Noss alentours…
Et à côté de cela, le ton montait lentement entre ceux qui désiraient continuer de jouer le jeu des négociations et ceux qui trouvaient que cela avait assez duré qu'Eteniril devait prendre ses responsabilité. Ilyn en particulier n'endémordait pas, cherchant à savoir combien de centaines de tentatives il y avait eu pour en quémander une de plus de la part du trône blanc, spécifiquement pour enrayer le conflit. Une intention louable mais après ce qu'elle avait vu, et étant donné ce qu'elle comprenait des messages de Neraën, elle se retrouvait à être de l'avis d'Artion et du Régent… Dans une mesure toute relative. Dans tous les cas, elle ne pensait pas que ce soit au Trône Blanc de se mettre entre le marteau et l'enclume pour mener ces négociation avant que certaines choses n'aient été mises en place…
Ilyn la jaugeant du regard tout autant qu'il jaugeait Anorn, elle posa elle aussi son attention sur le régent et lui demanda humblement « Je ne vois pas bien où Heru Ilyn veut en venir mais j'ai peut-être une idée qui pourrait intéresser l'assemblé au sujet de l'enrayement du conflit. Puis-je… ? » Expliquer un plan un peu plus précis que les vagues intentions exprimées jusqu'à lors ne mangeait pas de pain. Elle fit donc une nouvelle fois face à l'assemblée.
« Le Régent nous a très justement rappelé que ce dont nous débattions n'était ' que ' la conduite du Trône Blanc, mais j'aimerai ajouter qu'en situation de crise, le Roi a toute autorité pour imposer des directives communes. C'est précisément ce pouvoir fédérateur que représente le Trône Blanc.
Une dissension de cette ampleur au sein des Cités n'a jamais été vue. J'irai même plus loin en disant qu'une folie de cette ampleur ne s'est jamais vu depuis cinq Cycle. A mon grand regret j'y ai prêté la main et ma proposition leur paraîtra peut-être hypocrite, mais nous en reparlerons plus tard. Après réflexion certains arguments d'Heri Nöldorion m'ont donnés une idée qui pourrait éviter que tout cela ne dégénère en bain de sang à l'extérieur des murs d'Eteniril… Mais il faudra que les Cités fassent réellement front commun et consente à risquer la sécurité de la population d'Eteniril. »
Elle marqua son postula de départ d'un léger silence, non pour impatienter ses auditeurs, mais pour s'assurer qu'ils comprenaient bien que ce n'était qu'une humble proposition qui en plus demanderait l'adhésion pleine et entière de chacun d'eux… ou un ordre discret de la couronne. Le Trône Blanc n'avait toujours ordonné et interdit que pour défendre les elfes et l'Anaëh contre les peuples Extérieurs, non pour défendre un groupe d'elfe contre un autre et ils ne devaient pas l'oublié dans leur décision, mais certaines choses demandaient un minimum de coordination. Au moins, étant donné ses antécédents et la façon dont elle avait fini par sacrifier l'escouade de sa propre mère pour le bien du plus grand nombre à Ellyrion, elle savait que personne ne douterait du fait qu'elle ne proposait pas cela pour avoir l'esprit tranquille...
« Visiblement, l'envoie de troupes n'est pas particulièrement populaire et je ne m'étendrait pas davantage sur la nécessité de ne pas s'engager militairement. J'ajouterai cependant que le maintien d'une parfaite transparence au sujet des preuves que nous possédons est une nécessité. Mais je pense que la promesse d'escorter des Etenirilis hors de la Cité dès à présent pourrait être contre-productive car le conflit ne tient en réalité que sur le fait que la population de la Cité ne remet pas en cause ses Conseillers. Comme les disait Heru Artion, les Noss n'ont aucun intérêt stratégique à raser la cité avant qu'elle ne s'affaiblisse alors qu'ils maîtrise entièrement ses alentours et peuvent attendre indéfiniment que les Citadins se jettent dans leurs pièges. »
Ils ne tenaient pas les Citadins en assez haute estime pour que le Haut Conseil puisse garantir qu'ils laisseraient passer les civiles mais ils n'avaient aucune raison de sacrifier les leurs alors qu'ils leur suffisait d'attendre. Les elfes pouvaient toujours attendre.
« L'officialisation d'une liste des personnes mises en cause par le Haut Conseil ainsi que les preuves qui y sont associées donnerait des noms et des visages à un trouble qui paraît pour beaucoup inextricables et permettront à ceux qui doutent de trouver une pierre solide sur laquelle s'appuyer.
D'un point de vue officiel, nous devrions envoyer en même temps que la copie des preuves destinée à chaque Cité, une demande auprès des Conseillers d'Eteniril pour obtenir une preuve, remise par les Aigles, que Heru Neraën va bien. Nous devons être mis au courant par les voies officielles qu'il est correctement traité et qu'il est volontaire pour être jugé par les Etenirilis au lieu de se soumettre, comme le veut la coutume, à aux pairs de cette Assemblée. S'il est volontaire pour rester là-bas, cela montrera que c'est la Cité qui souhaite s'occuper seule de ses affaires – je vous rappelle en passant qu'aucune demande officielle d'Eteniril n'a été reçue pour requérir l'implication du Trône Blanc et que nous ne savons pas si cela est du au blocus ou à une réelle volonté de leur part. Et si Neraën demande expressément à être jugé par le Conseil comme il se doit, la Cité ne pourra refuser au prix de se détourner officiellement du Trône Blanc. Nous ne serions alors plus responsables d'aucune façon et cela nous laisserait une plus grande marge de manœuvre tout en semant plus encore le doute dans la population.
La couronne devrait également se prononcer comme étant du côté du peuple Etenirili et non de son Conseil sur lequel pèse si ce n'est un jugement, au moins des accusations troublantes.
D'un point de vu officieux, la couronne à ses agents sur place et avec l'aide des Prêtres sur place, ils peuvent établir une fourchette du nombre de personnes souhaitant se mettre en sécurité, quitte à partir de la ville. Ils peuvent aussi souffler sur les braises du doute, comme le suggérait Heri Nöldorion. Fort de leurs indications, nous pourrons également négocier en sous main le passage d'un certain nombre de Civils auprès des Noss si la situation atteint un point de non retour ou laisser les Rebelles le faire en toute discrétion si nous ne souhaitons vraiment pas prendre part.
Si Eteniril tente de retenir des habitants contre leur gré, la population risque de changer de bord à l'intérieur des murs et ils ne peuvent se le permettre. Au lieu de les enjoindre à quitter la ville pour se mettre à l’abri, je propose de miser sur l'attachement qu'ils portent à leur Cité. Nous pouvons essayer d'obtenir une masse critique d'Etenirilis demandant un jugement et une véritable enquête sur la situation. Si nous nous sommes mis dès le départ dans une position de recours pour le peuple, ils en viendront sûrement à s'en remettre au Trône Blanc.
Au mieux, nous pourrons proposer que l'intérieur de la Cité soit sécurisé par les troupes royales et l'armée Etenirili démobilisée à condition que le siège Noss soit levé et que les rebelles se rendent. A partir de là, nous pourrons servir de négociateur de façon plus ouverte. Au pire, ils se feront justice eux même et les Noss auront la preuve de notre déchéance qu'ils attendent depuis des siècles.
Je comprend bien que certains d'entre vous se demande s'il ne vaudrait pas mieux laisser les choses se faire sans intervenir ni orienter la façon dont les choses vont se dégrader pour que de nouveaux germes puissent prendre le pas. Mais cette philosophie est dangereuse. Au combien dangereuse lorsqu'on connaissait les appétences de la Folle pour ne pas faire renaître les choses sous la forme attendue. Aduram en est l'exemple. Tout comme les bâtiments détruits lors du Siège d'Alëandir au Cycle dernier, ces même bâtiments que nous n'avons pu reconstruire à cause d'un savoir moribond. Je pourrais aussi invoquer le nom d'Eraison. La première de nos cités à tomber depuis cinq Cycle.
Eteniril n'est pas morte, loin de là. Stabiliser la ville avec l'aide du Trône Blanc serait la meilleure voie de paix sur le long terme. Si nous agissons comme je viens de le proposer, je pense qu'il est possible de limiter les effusions de sang et les traumatismes. »
- Faire circuler les preuves et les noms des personnes incriminées. - S’enquérir officiellement de Neraën pour coincer la Cité et donné plus de poids à son emprisonnement. - Se mettre à disposition de la majorité des Eneirilis et non se son Conseil. - Monitorer les leaders et les personnalités problématiques grâce aux Eperviers. - Souffler sur les braises de l'incertitude et pousser les Etenirilis à mettre en doute le Conseil officiellement. - Compter sur les Rebelles et les Noss pour attendre que la Cité frappe en premier. - Attendre que la population décoince elle-même la situation, pour le meilleur et pour le pire.
N'avait-elle rien oubliée à son introduction ? Si oui, elle ne voyait pas quoi ni comment l'expliquer autrement. En l'état de ce qu'elle avait expliqué, son idée ne différait pas des intentions des personnes présentes. Elle n'avait fait que tempérer les idées des uns avec celles des autres pour obtenir une façon d'agir un peu plus réaliste alors que les Protecteurs n'en étaient pas encore là dans la discussion. Mais surtout, cette façon de faire, en obligeant au maximum les Etenirilis qui doutaient et leurs familles à rester sur place, ils en viendrait inévitablement à la guerre civile, non entre les Noss et Eteniril mais dans Eteniril elle-même. Alors pour éviter ça...
« A la place d'une armée, envoyons des personnes dévolues à la paix qu'aucun citadin ne pourra toucher sans être immédiatement mis en cause et devant lesquels même les Noss hésiteront à attaquer. » Cette fois, Halya porta son attention sur une personne à la quel peu auraient pu s'attendre. Les yeux sombres de la Main de Kÿria rencontrèrent avec étonnement ceux de le femme qui la tirait soudain de son rôle de témoin impartial. « Demandons des volontaires parmi les Prêtres de Kÿria. »
Même si chacun d'eux devait être fouillé par les Noss et accompagné , seul, aux portes de la Cité, le fait même qu'ils puissent faire un pas pour la paix ne donnerait que du poids à l'arrivé d'un cortège de prêtre et à ce qu'ils diront dans la Cité. Les Rebelles pourraient certainement jouer un rôle dans leur passage et s'ils trouvaient un druide prêt à participer à cette entreprise, ils tenaient peut-être là la clef de l'affaire. De toute façon, vu la façon dont ils piétinaient pour trouver des solutions bancales qui promettaient mort et destruction, autant tenter le tout pour le tout.
« Les Noss ne reconnaissent peut-être pas tous notre forme du Culte de la Mère mais ils ne s'en prendront pas gratuitement à des personnes sans armes y dévouant leur vie. Des personnes portant sur leurs vêtements le symbole même de notre Mère à tous. »
Elle passa de visage en visage, essayant de jauger l'impact qu'avait l'énormité de son idée de mêler encore plus de civiles – et pas n'importe quels civiles – à un conflit sur le point d'exploser.
« Si, comme nous le pensons, les Conseillers d'Eteniril sont devenus assez fous pour tuer, alors le clergé de Kÿria est le mieux placés pour faire sorte que tous les Etenirilis ne les suivent pas dans leur chute. »
Enfin silencieuse, elle se tint prête à réexpliquer et donner toute le déroulement de son raisonnement si nécessaire.
Pour les longues explications et les questions:
Halya peut dire et expliquer globalement tout ce qu'il y a en narration en s'y reprenant autant de fois que nécessaire pour en faire comprendre tous les aspects. S'il y a des trucs pas clairs mais que l'idée en emballe certains, on peut en discuter HRP pour éviter X tours de discussion je pense.
Fenris Nöldorion
Elfe
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 17 Aoû 2017 - 19:26
Artiön et Anorn prirent la parole tour à tour et Melian était consternée de voir qu'ils étaient eux-mêmes coupables de la surdité dont ils l'accusaient. Elle, au moins, avait répondu à leur proposition. Elle avait réagi. Quelles réactions avaient obtenu de son côté ? Seulement de la véhémence au sujet des termes "ne rien faire". S'ils se sentaient mal compris, elle avait l'impression d'être ignorée. Pire encore, ils n'entendaient le mot "action" que par les armes. Mais de quoi parlait-elle depuis le début ? Que de politique. De médiation, de négociation. La seule "action" engagée qu'elle avait proposée résidait dans l'intervention d'éperviers déjà sur place pour alimenter les polémique, semer et entretenir le doute dans les esprits de quelques personnes stratégiques sans pour autant trahir leur identité. Mais son message n'était pas arrivé à destination et elle ne savait plus comment faire pour se faire entendre. Elle allait prendre la parole quand Halyalindë intervint finalement, après de longues minutes de silence. Ardamir était d'ailleurs bien silencieuse... Elle écouta la Protectrice en sursis et ce qu'elle dit provoqua chez elle des sentiments plus qu'ambivalents. Elle semblait être la seule au profil militaire à avoir entendu ses suggestions. Elle les appuyait. Mieux encore, elle les utilisait afin de les intéger dans un plan plutôt bien ficelé qui correspondait aux prérogatives qu'elle voulait faire comprendre depuis le début. Mais pourquoi fallait-il que cela vienne d'elle, par les Dieux ! Dire que cela la dérangeait serait un euphémisme. Bon nombre de choses la gênait chez cette femme et elle ne s'en était pas cachée. Tout du moins dans la sphère privée. En revanche, elle devait bien reconnaître qu'elle était plutôt bonne stratège doublée d'une politicienne compétente.
De son côté, Ilyn écouta attentivement, jusqu'au bout, sans rien ni rien laisser paraître sur son visage. Ou plutôt leva-t-il seulement un sourcil au bout d'un moment, sans rien dire. Il se passa un moment où il sembla réfléchir, étudier toutes les possibilités puis, au bout d'un moment, il regarda l'ardamirie droit dans les yeux et eut un fin sourire qu'elle ne pouvait comprendre que comme étant l'acceptation de son plan.
Melian expira longuement, en silence. Aujourd'hui, elle ne devait s'intéresser qu'à la Protectrice et non à la compagne de son fils. Rouvrant les yeux qu'elle avait fermé depuis quelques instants pour faire le tri dans toutes ces émotions contradictoires, elle releva la tête et regarda la dernière intervenante.
-Merci Heri Halyalindë. Vous semblez avoir compris le type de stratégie que je voulais voir adopter et l'avez inclus dans un plan on ne peut plus complet.
Elle n'eut pas l'audace, ou plutôt l’insolence, d'exprimer à voix haute son espoir que l'idée de l'ardamiri ferait réfléchir les opposants à l'intervention du Trône Blanc. Le ton était monté et elle espérait que l'explication de la Dame Louve aurait apaisé les tensions. Elle n'allait donc pas risquer de les ranimer de la sorte. Cependant, elle tourna son regard vers le Régent et lui parla d'une voix posée, oscillant parfois avec Artiön pour l'impliquer dans ses propos.
-Lorsque je parle d'agir, j'entends : au sein même de la cité. Je n'ai à aucun moment stipulé que je parlais d'actions armées. Je suis une politicienne, pas une militaire. Acheva-t-elle avec un sourire qui se voulait sans provocation aucune. Hormis la médiation de façade, les seules véritables actions que nous avons proposées avec Heru Ilyn sont stipulées dans cette stratégie. Il n'a jamais été question d'autre chose. Si cela n'était pas suffisamment explicite, je m'en excuse.
Voilà qui devrait achever de clarifier son point de vue. De plus, elle lançait un appel à l'apaisement en s'excusant pour le quiproquo. Enfin, elle se tourna à nouveau vers Halyalindë. Son intervention illustrait ce qu'elle avait partagé plus tôt : seule l'intervention d'une partie neutre pouvait apaiser les esprits échaudés. Un seul point la chiffonnait néanmoins dans sa proposition.
-Je déplore néanmoins que tant de civils soient impliqués dans ce stratagème. Même si je reconnais que, sans eux, celui-ci n'a plus de sens.
Anorn
Ancien
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 17 Aoû 2017 - 21:32
Melian l’avait pris de court. Il sentit dans sa voix un étrange mélange d’indignation et de soulagement. Elle leur disait clairement, à lui et à Artiön, combien ils n’avaient pas compris ses propos. Et sur ce point, elle avait raison. Parce que si ce que Malareg et Solith proposaient alors venait d’être résumé par Halyalindë, ils n’avaient pas vraiment transmis ce message. Solith s’était d’ailleurs de nouveau emporté, demandant à Anorn de compter le nombre de tentatives d’apaisement et de communication qui avaient été rapportées. Comme si cela avait un sens, comme si le chiffre exacte plus un était le bon, celui qui déterminerait la suite des affaires et qui permettrait de restaurer la paix.
- S’il-vous-plait, je réagirai plus tard à la proposition d’Heri Halyalindë. Je prends juste la parole pour endiguer l’indignation déjà naissante de certains. Certes Heri Halyalindë ne siège pas à ce Haut-Conseil en tant que Dame Protectrice, et pour quelques-uns elle ne devrait pas y siéger si on ne discute pas de son cas, mais elle propose là une solution qu’aucun de nous n’a su formuler. Je voudrais donc qu’elle soit écoutée et prise en considération comme si elle était proposée par Ardamir. Je vous remercie de votre compréhension.
Quant à vos excuses, Heri Melian, permettez-moi de les accepter.
Parce qu’il y avait à s’excuser. Mais il reviendrait plus endétails sur la proposition qui venait d’être faite plus tard. Il avait besoin qu’on s’exprime dessus pour pouvoir mieux y réfléchir lui même. En véritable elfe qu’il était, il avait besoin d’un peu de temps.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Ven 18 Aoû 2017 - 15:15
Bénie soit Halyalindë et l’initiative qu’elle prit d’énoncer pas à pas les tenants et potentiels aboutissants du plan qu’elle avait au lueurs de ce Conseil ficelé. Peut-être pour certains politiciens le messages passerait-il mieux prémâché par la Protectrices que venant du Mainyth de Daranovar, que les préjugés veulent incapable de penser à quoi que ce soit d’autre qu’à une intervention armée.
- Peut-être est-il plus simple d’entendre l’Ardamirie parler d’envoyer des copies des preuves en votre possession aux autres Protectorats que de t’entendre mentionner la nécessité de les informer des raisons de votre prise de décision - quand tout cela n’était finalement que synonymes.
- Peut-être est-il plus satisfaisant pour l’orgueil des elfes de mots d’entendre l’Ardamirie réutiliser exactement leur propos et parler de souffler sur les braises du doute, que de t’entendre parler de convaincre les innocents de s’écarter de la scène du conflit – quand encore une fois objectif et manière de faire étaient on ne peut plus proche.
- Peut-être y avait-il une différence entre la manière de l’Ardamirir d’évoquer la possibilité de négocier le passage de Civils avec les Noss et les rebelles et ta façon de présenter celle de négocier avec ces mêmes gens jusqu’à quel point les lieux vous seront accessibles – Un même verbe utilisé en des conditions similaires peut prendre tant de significations différentes après tout.
- Peut-être est-ce plus agréable d’entendre la Protectrice décrire le cas idéal comme étant un siège levé et un pouvoir juridique remis entre les mains du Trône Blanc, que de t’écouter décrire l’exacte même situation quelques minutes plus tôt – peut-être n’aurais-tu pas dû mentionner le fait que l’autorité du Trône Blanc n’aurait probablement que peu de poids devant les Noss.
- Peut-être est-ce plus agréable que d'être caressé dans le sens du poil, et d'entendre l'accent mis sur le bon qui pourrait arriver que sur le mauvais qui risque d'arriver. Peut-être est-ce que limiter les dégâts collatéraux lorsque l'on sait l'entreprise entièrement du domaine du possible une alternative inconcevable devant la non moins nébuleuse mais plus élégante perspective de limiter effusions de sang et traumatismes.
Bien sûr, Halyalindë avait apporté sa pierre à l’édifice. Bien sûr, Halyalindë avait nuancé les propos, avait tenté de porter à vos yeux d’autres alternatives, avait tenté de mettre en exergues certains points plutôt que d’autres. Bien sûr, Halyalindë avait fait avancer le débat et heureusement qu’elle l’avait fait, parce qu’au final, à quoi bon prendre la parole et à quoi bon la partager si l’on ne faisait que tous répéter exactement la même chose ? N’en reste pas moins que vos deux discours étaient très proches l’un de l’autre et que de constater que certains politiciens avaient besoin non seulement d’un accès immédiat à un discours détaillé au point de pouvoir presque en être qualifié de prémâché pour suivre les débats, mais en plus de constants retours à leurs propres mots pour satisfaire leur égo te forçait à non seulement te poser la question de leur légitimité en tant que décideurs, mais aussi à te demander à quel point il devait être difficile d’avoir la moindre interaction prolifique avec eux, que ce soit dans le cadre du travail ou de la vie courante.
Au moins Solith pouvait accuser la proximité géographique et sentimentale avec Eteniril comme raison de ses élans de passion ; d’autres n’avaient que l’égocentrisme comme excuse à leur surdité… et d’un coup la récurrente complainte des Ornedhels devant votre peuple n’en devenait que plus justifiée.
Tu croises les jambes, prenant une attitude ouvertement agressive quand tu avais jusque-là fait preuve malgré la dureté de tes propos d’un calme exemplaire ; sauf que tu suivrais l’exemple de ta fiancée et garderais le silence. Tu comprends maintenant pourquoi ton aimée, n’ayant au départ aucun attrait à ce genre de sujets, avait choisi de ne pas piper mot. Au vu de son tempérament, fort est à parier qu’elle préférera ne pas exposer sa plus faible façade à une audience ne choisissant d’entendre que ce qu’elle veut.
Intervenir, oui bien sûr, car tu te considères toujours capable d'enrichir la discussion ; mais pour que tu interviennes, être explicitement interpellé par quelqu'un capable de tendre l'oreille deviendrait la condition. Parler dans le vide, il n'en était plus question.
Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Lun 21 Aoû 2017 - 9:55
Son cœur se serra et son souffle se coupa l’ombre d’un instant, tandis que pénétrait sagement dans la salle sa cousine Halyalinde. Papillonnant des cils comme si elle croyait apercevoir un mirage, elle resta pantoise quant au naturel dont elle faisait preuve, mais aussi, de la grâce dont elle faisait preuve avec le port de cette robe dont elle avait à son souvenir, que peu d’affection pour ce genre de tenue. Milles et unes questions lui chatouilla l’esprit, tellement que si l’occasion n’avait pas été aussi importante, elle se serait sûrement enfuie avec à son bras sa cousine, afin de la kidnaper et ainsi assouvir ses questionnements les plus profonds. Plutôt, elle se devait de se soumettre à une silencieuse torture, ne pouvant s’adresser à elle que dans le contexte de leur rencontre … Quelle triste première rencontre, tout de même … Et ce trouble était d’autant plus vrai lorsqu’elle s’attribua la place de main de la protectrice, un banc qui aurait dû accueillir son séant à elle, et non pas celui de l’aigle, qui de droit aurait mérité celui de protectrice. Ce malaise fut bien vite chassé lorsqu’elle lui adressa un prime sourire, bon et doux, se voulant rassurant à la fois. Leurs relations n’avait certes rien de reluisant mais en ses yeux, elle pouvait y lire le bonheur ou même, la fierté de voir Kaelis assise sur la chaise revenant de droit à l’aigle. Et cela fut suffisant pour balayer d’un revers de la main le malaise qu’elle avait de la voir si près d’elle.
Les discussions s’enchaînèrent à bon rythme, tous et chacun se lançant la balle, appuyant ou en s’objectant à certaines prises de décisions ou de position. Certains venaient à reformuler end’autres mots des arguments qui ne semblaient pas faire l’unanimité, alors que d’autres s’obstinaient sur des points qui semblaient aux yeux de l’étoile du matin, dénudés de valeur. Qu’était-ce l’importance de l’image que projetait le trône blanc s’il se devait de prendre parti, alors que vraisemblablement, un coupable était identifié du doigt ? Kaelis n’avait jamais porté en son cœur les noss et cela était de notoriété publique, quand bien même tous les efforts qu’elle déploya pour que cela n’affecte pas son jugement. Aujourd’hui elle était soumise à l’évidence, les Noss ne méritaient pas d’être identifiés comme les criminels qu’ils étaient, les vrais coupables se terraient au chaud, confortablement sous les barrières de leur citée, ceux-là même supportés par d’aveugles citadins qui en eux croyaient de tout cœur.
Ce qui lui leva le cœur en fait, n’aidant en rien à se défaire de son mutisme, furent les rappels on ne peut plus clairs d’Artion quant à ce qu’était la guerre. La famine, les décès, la désolation, tous de sombres aspects qui sont souventefois négligés ou oubliés … Et le fait de savoir que les Noss aidés des rebelles tenaient la citée en otage plus que le faisait le rigoureux temps de l’hiver lui donnait la nausée. Même s’ils n’étaient pas les vrais fautifs de toute cette montée de violence, les Noss n’aidaient en rien la situation et eux aussi avait une part dans ce conflit. Ainsi, inspirant profondément, Kaelis se racla la gorge afin d’attirer l’attention et si possible, d’obtenir le droit de parole.
« Une chose reste certaine et, merci Général, d’avoir éclairci votre avis, nous ne pouvons laisser Etheneril seule à son sort. Je me ferai franche, mais seulement car ils sont des choses que vous avez discuté et auxquelles je ne peux comprendre certaines subtilités. Pourquoi le Trône Blanc ne peut-il pas user de son autorité, lorsque maintenant plus que jamais, celui-ci se devrait de le faire? J’entends par ceci que peu importe ce que penseront les gens ou la réputation qu’accorderont les citadins au Trône Blanc, ce dernier se doit de préserver la paix sur le Royaume Elfique, ceci peu importe le prix qu’il en coûte. Cependant … Je veux bien admettre qu’il est délicat d’œuvrer lorsque que de prime abord les principaux concernés sont manipulés par les criminels et que la venue du Trône Blanc pourrait être vue comme une seconde menace, s’ajoutant à celle des assaillants d’Etheneril. » Elle marqua une pause, assez menue, puis offrait à sa voisine un regard passager, pinçant les lèvres comme si elle n’était pas dès plus d’accord avec ce qu’elle allait prononcer :« C’est pourquoi j’offre mon soutiens à la proposition d’Halyalinde, mais aimerait y ajouter un point qui me semble primordial. Si vous comptez sur le peuple pour qu’il se soulève lui-même contre les principaux fautifs, ne faudrait-il pas enrayer les raisons qui le pousse à donner leur confiance à ces mêmes personnes ? En quelque part, j’imagine que la peur, la crainte de souffrir des Noss joue sur leur jugement. Tant qu’ils tiendront la citée en otage, leur foi envers leurs dirigeant pourrait s’en voir maintenue. Ne faudrait-il pas tenter quoique ce soit envers les rebelles et les Noss pour qu’ils ne paraissent plus aussi menaçants ? » Et à cette question, Kaelis n’avait aucune réponse. La négociation avec les Noss n’était pas sa tasse de thé, elle avait toujours préféré soit les ignorer, soit jouer profile bas avec eux, dans l’espoir d’éviter l’affrontement … « Une chose est certaine, le plan d’Halyalinde est sans doute le seul qui sache nous offrir le plus de chance d’épargner la vie d’innocentes personnes et en mon sens, cela devrait toujours être notre principal souci … » Elle remercia de la tête l’assemblée qui leur avait offert attention, puis reprenait sa posture droite et réservée, les deux menottes sagement posées contre ses cuisses croisées l’une sur l’autre.
Anorn
Ancien
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Sujet: Re: Un cas d'urgence | Protecteurs d'Anaëh Jeu 24 Aoû 2017 - 11:00
Ardamir s’exprimait enfin. Au grand bonheur des anti-noss et au malheur des autres. On avait accueilli sa proposition avec autant de fougue et de soulagement que de tristesse et de véhémence. Mais finalement, ce fut Anorn qui s’exprima plus que les autres.
- Heri Kaëlistravaë, je suis ravi d’entendre votre avis. Maintenant plus que jamais, le Trône Blanc se doit d’être fédérateur. Intervenir, certes, quoi que nous venons d’en discuter, pas n’importe comment, contraindre et soumettre, il en est hors de question. Nous ne sommes pas de ces peuples avides de contrôle et de pouvoir. Il est de notre devoir à tous ici de conseiller au mieux le Trône Blanc pour qu’il assure la pérennité et la sécurité d’Anaëh. Plus concrètement, dans la situation actuelle, il est fortement déconseillé de taper du poing sur la table et d’envoyer une armée. Ce conflit ne se réglera pas par la force. Même si les Hauts-Conseillers d’Eteniril ont semble-t-il perdu la raison, ils restent des elfes et il est hors de question que nous les traitions autrement que comme tel.
Quant au fait de faire purement et simplement disparaître les noss, nous en revenons au fait que ce conflit ne pourra se dissoudre avec l’armée du Trône Blanc. Nous sommes, comme je le disais plutôt, entrain d’essayer plus ou moins efficacement de dissoudre les tensions entre les noss et les cités, ce partout ou presque en Anaëh. Il est hors de question que nous ruinions ces efforts pour sauver une cités quant il en va de la sécurité de toutes les autres. Nous ne pouvons pas nous offrir une guerre civile et plus encore, nous ne le voulons pas. Tenter quoi que ce soit envers les rebelles et les noss serait dangereux pour l’équilibre d’Anaëh, ils apparaissent à la lumière des preuves fournies par Solith comme les victimes des Hauts-Conseillers, au même titre que les civils. Notre principal souci est bel et bien d’épargner la vie du plus grand nombre. Le plus grand nombre dans cette affaire n’est pas la totalité des civils d’Eteniril. C’est la totalité de nos frères et de nos sœurs qui vivent en Anaëh.
J’espère avoir répondu à vos questions, ainsi qu’à toutes celles que peuvent encore se poser certains. La solution proposée par Heri Halyalindë me semble être, si ce n’est la seule, la plus viable et la plus conciliante. Elle n’implique pas une intervention armée du Trône Blanc, même si elle mobilise des éperviers, elle a pour objectif de limiter le nombre de pertes civiles et laisse à Eteniril l’autonomie nécessaire pour que le conflit s’apaise plus ou moins rapidement et de l’extérieur, dirons-nous, de lui-même. Si personne ne propose une meilleure solution, elle sera adoptée à la sortie de ce Haut-Conseil. Je réunirai dans les plus brefs délais le commandant des armées, les capitaines et les lieutenants respectifs des aigles et des éperviers, ainsi que quelques conseillers pour discuter de la manière dont nous allons procéder.
Il fit une légère pause, attendant qu’on proteste, qu’on discute sa décision, mais personne ne le fit. Sans doute parce que personne n’avait une meilleure proposition.
- Bien. Maintenant que nous avons réglé la question d’Eteniril, il est temps de passer au second cas que nous devons traiter aujourd’hui. Celui d’Heri Halyalindë, ici présente. Elle est reconnue coupable du meurtre du Haut-Conseiller Sigvald et Eteniril demande justice. Avant toute chose, j’aimerais rappeler que l’état d’Heri Halyalindë s’est considérablement dégradé suite à la bataille d’Eraïson. Si cela ne retire en rien la gravité de l’acte qu’elle a commis, il serait bon pour nous tous de prendre en compte cette information et de reconnaître qu’elle était alors une victime d’Eraïson. Sa longue convalescence, la régence temporaire d’Heri Kaëlistravaë, les examens récemment effectués par Heru Lomion ainsi que son périple jusqu’en Holimion pour se faire aider par le Pergaën lui-même seront des preuves suffisantes pour ceux qui en doute. J’ai avec moi les rapports du Doyen de l’Académie si besoin est. Je pense qu’il est maintenant temps d’écouter Heri Halyalindë à ce sujet.
Les affaires de meurtres étaient rares chez les elfes, d’autant plus chez les protecteurs eux-mêmes. Et cela provoquait une certaine stupeur, un dégoût chez quelques-uns, de la pitié chez d’autres. Anorn était seulement déçu.