Au son des coups de marteau [Libre]

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Au son des coups de marteau [Libre]   Au son des coups de marteau [Libre] I_icon_minitimeVen 9 Fév 2018 - 14:48

8ème ennéade
An 10 du XIème cycle


Le bruit du métal qu'on l'on frappait avec force était des plus caractéristiques. Mais les coups répétés trahissaient le travail qu'on lui faisait subir afin de le façonner de la manière qu'on le souhaitait. Depuis bientôt trois mois, ce quartier modeste de Thaar connaissait ce son. Au début, il était aussi peu fréquent que dérangeant. Puis, chacun avait eu besoin de faire réparer quelque chose ou de se procurer un outil... Alors l'activité sonore se fit de plus en plus fréquente et, pourtant, on s'en plaignit de moins en moins. L'étranger arrivé dans le pays depuis peu parlait peut-être mal leur langue mais il s'était révélé être une excellent artisan. Rapide, efficace et aimable avec ça. Bien sûr, on se posait des questions sur la cicatrice récente qui lui barrait le visage et sur son fils toujours encapuchonné mais cela ne semblait pas perturber la populace autant que cela aurait été le cas en Péninsule.

Calel ne souffrait plus de sa blessure dont la teinte avait commencé à blanchir. Il n'avait pas eu à craindre l'infection grâce aux onguents que lui avait prescrit Jonas avant qu'il ne débarque définitivement de l'Amaranthe quelques mois plus tôt. Sa décision avait été motivée par l'abordage qui avait failli le tuer et coûter la vie à tout l'équipage, Ilan compris. Il n'avait pas pu se rendre en Zagazorn comme il l'aurait voulu alors sa meilleure option restait encore Thaar, bien que son fils ait à y craindre son redoutable soleil. Profitant de quelques contacts de Koda, il avait pu intégrer sans mal la Corporation d'Argent et établir son commerce dans ce quartier plutôt calme de la cité. Il y avait fait sa place en assez peu de temps et commençait à maîtriser le vocabulaire professionnel, en plus des quelques expressions qu'il avait apprises lorsqu'il était marin. Parfois, ses clients parlaient même sa langue et reconnaissaient son accent nordien. Cela l'amusait mais il ne regrettait pas sa décision de partir.
Ici, pour le peu qu'il sortait, Ilan n'effrayait pas les gens. Il fallait dire que le paysage était assez coloré dans la région. On connaissait les drows et on ne les craignait pas autant que chez lui. Puisque l'enfant avait la peau blanche, on le croyait seulement demi-drow et cela ne perturbait personne. Calel peinait malgré tout à le laisser sans protection et le garçon ne réclamait pas davantage son indépendance. La force de l'habitude sans doute. Sans compterqu'Ilan ne pouvait sortir qu'à certaines heures de la journée, lorsque la force du soleil faiblissait et que la température lui permettait de supporter ses vêtements entièrement couvrant.

La chaleur, Calel avait du mal à la supporter. Ce jour-là, comme tous les autres, il mourrait de chaud et regrettait le gel de l'hiver qui les avait quitté au printemps. Il craignait déjà le temps estival et commençait à réfléchir à la façon d'aménager son atelier et ses journées afin de ne pas mourir de déshydratation. En attendant, il travaillait à l'ombre d'une canisse qui s'étendait au-dessus de sa tête. Il s'était éloigné de son four qui ne faisait que rendre l'atmosphère encore plus irrespirable et ne l'approchait que si nécessaire. Il avait fini par faire tomber veste et chemise et demeurait torse nu sous son tablier qui le protégeait des éclats de métal et des étincelles. Il s'arrêtait régulièrement pour boire et se rafraîchir mais, contrairement à ce qu'ils auraient pu craindre, ses clients étaient pourtant livrés en temps et en heure. En effet, à la nuit tombée, il s'enfermait chez lui pour achever son travail de la journée grâce à la magie qu'il n'utilisait qu'avec parcimonie pendant la journée afin de ne pas se faire remarquer. Après plus de vingt temps passés à se cacher, il n'arrivait toujours pas à se montrer au grand jour alors qu'il savait que son art n'était pas craint ici... Pour l'instant, personne ne se doutait de rien et il préférait que cela reste ainsi.

Un client venant à sa rencontre, Calel plongea la pelle sur laquelle il œuvrait dans l'eau fraîche et s'avança vers lui. Il le salua à la manière d'un thaari et lui demanda comment il allait. Ils discutèrent un peu pendant que le forgeron recherchait derrière son étal l'ouvrage qu'il lui avait commandé.

-Voilà. Comme neuf.
-C'est vraiment du très bon travail Calel. Clama l'homme après examen de sa cruche en étain. On ne dirait jamais que la anse a été cassée ! Comment vous avez fait ?
-Un artisan ne dévoile pas ses secrets. Répondit-il en souriant aimablement.

Le voisin, satisfait, régla ce qu'il devait et partit tout sourire avec l'objet réparé et nettoyé comme un sou neuf. Tandis qu'il s'éloignait, le nordien regarda rapidement sous son étal pour voir ce qu'il lui restait encore à faire pour aujourd'hui. Après un court moment, il remarqua un mouvement non loin de lui et releva les yeux vers la personne qui se tenait là.

-Je peux vous aider ? Demanda-t-il avec son accent péninsulaire.
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Krish Al'Serat
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MessageSujet: Re: Au son des coups de marteau [Libre]   Au son des coups de marteau [Libre] I_icon_minitimeMer 21 Fév 2018 - 22:56



Sur le dome lisse d'un manoir de Thaar, une étrange gargouille attendait, immobile, appuyée sur une ombre longiligne qui avait tout l'air d'un bâton. Autour de cette silhouette blanche ornée d'un long foulard vert battu par le vent, les plateformes blanches renvoyaient la lumière éblouissante du plein jour, semblant rayonner de l'intérieur. Peu avaient l'occasion d'apprécier un tel spectacle. Pourtant, la gargouille immobile ne s'en préoccupait pas le mions du monde. Ses yeux étaient rivés sur un point en costume jaune qui marchait au loin dans l'avenue. D'un revers de main, il essuya son front emperlé de sueur malgré le vent frais qui balayait les hauteurs de la ville. Il ne devait pas ciller au mauvais moment.

Le baton éclairé à contre jour s'avère être un arc. Un long arc à peine aussi large qu'épais, aussi haut que son porteur. Une longue inspiration. Bloquer. La silhouette jaune s'appraite à passer l'angle de la rue. Elle sera alors invisible. La corde vibre à l'oreille de l'archer. Il n'attend pas de voir si son trait atteint l'oreille de sa cible et se laisse seulement glisser le long de son perchoir, attrape une cornique pour se retrouver face à la façade et prend appuie pour sauter jusqu'au mur d'enceinte, non loin. Deux sauts de plus et il se retrouvait dans la ruelle bordant la belle demeure du côté de la sortie de service.

Avec un air dégagé, l'homme s'élança dans les ruelles serpentant vers la basse ville. L'agitation derrière lui offrait la preuve que d'autres auraient chercher de leurs propres yeux : il avait fait mouche. Un sourire joyeux sur les lèvres, remuant les bras pour faire passer la douleur qui s'était répercuté le long de son bras jusqu'à son épaule lors de son tir, il s'enfonça dans le labyrinthe de la basse ville. Sa réussite n'était qu'une raison de plus de ne pas s'attarder. Au bout de quelques longues minutes, il ouvrir une petite porte à l'arrière d'une échoppe et se retrouva dans une réserve. Entre deux tonneaux de sel et une cuve de cornichons, un petit arc large qui ne payait pas de mine et un carquois de cuir l'attendaient patiemment. Ils les troqua avec soulagement contre son arme massive. Il regardait l'arme avec une telle tendresse en la passant à son épaule qu'il n'aurait pas été incongru de le voir l'embrasser à pleine bouche. Avec des mouvements rapides, il se défit de sa table crème, attacha ses cheveux noirs à la va-vite et ressortit aussitôt, méconnaissable.

Il avait surement abusé ces derniers temps. Sa bourse était plutôt pleine, mais la crispation de son épaule lui tirait jusque dans l'oreille et descendait jusqu'à sa hanche. Il avait eu les yeux plus gros que le ventre ce mois-ci. Enfin, il fallait bien ça pour décrocher le titre du meilleur assassin de tout l'Ithri'Vaan sur son temps libre ! pensa-t-il avec enthousiasme. Sans cesser de faire tourner et retourner son bras, il descendait les rues ombragées, se glissant sans difficulté dans le bazar pour faire quelques emplettes et couper vers un petit quartier paisible près du bord de mer.

Lorsqu'il passa le seuil d'une minuscule maison, une chanson paillarde sur les lèvres et les bras chargés de noix de cajou, de dates, d'agneau salé et de truffes des sables, une respiration rauque et mesurée l'accueillit. Alors qu'il s'apprêtait à saluer à la cantonade, il se glissa jusqu'à la table pour décharger ses provisions et ressortit aussitôt, chargé d'une grande cuve vide en terre cuite. Pas de porteur d'eau en vue, il marcha donc lui même jusqu'à la fontaine pour remplir le broc et revint le déposer aussi silencieusement que possible dans la toute petite demeure. Il posa son carquois, son arc et ramassa une grappe de figues sèches. Ce ne fut qu'à ce moment là qu'il s'approcha de la longue forme endormie, en boule, dans un large fauteuil maintes fois rapiécé. De la fine couverture dépassait une masse de longs cheveux blancs sur lesquels il posa un baiser. Une vague vocalise lui répondait alors qu'il sortait déjà, la laissant se reposer dans le silence et la fraicheur ombragée de la petite demeure.

Sur le pas de la porte, il s'étira dans tous les sens, la bandoulière chargée de couteaux de lancé qui lui barrait le torse cliquetant furieusement. Il faisait déjà chaud. Une chaleur qui mettait en joie le Vaani à la peau bronzé qu'il avait toujours été. Il avait cru mourir cet hiver, maintenant il savait à quoi ressemblait les tourments éternels : du gel. Du gel partout.

Un coup d’œil au ciel lui permis de savoir qu'il avait encore un peu de temps avant de rejoindre les autres pour son numéro. Manchonnant pensivement une figue, il entrepris donc de flâner le long des rues. Il ne le faisait pas si souvent. C'est donc avec une certaine surprise que sa courte oreille de demi sang se dressa en entendant le fracas d'un marteau sur de l'acier. Depuis quand n'était-il pas venu user ses guêtres par ici ?

Le chat guidé par la curiosité vint tuer son audition jusqu'au coin de l'étal, un doigt fermement planté dans chaque oreille et les trois figues sèches restantes nouées à son poignet comme un gros bracelet. Un homme formidablement heureux avec une cruche en étain lui passa sous le nez. Et beh... Si en plus il y avait de bon artisans maintenant... Enfin il ne savait pas s'il était bon mais déjà, il était tout a fait bel homme. torse nu sous son tablier de cuir, il semblait avoir du mal à supporter la chaleur lui. Sa peau luisait de sueur et ses cheveux poivre et sel lui collaient légèrement au crane. Malgré tout, il avait un côté propret, ou peut-être réservé, qu'on ne voyait que peu dans les alentours.

Les lèvres de l'humain remuèrent sous ses yeux.

- Hein? " demanda-t-il avant de se souvenir qu'il se bouchait les oreilles. Il récupéra donc ses deux indexes et se trouva stupide quand on lui réitéra la question. " Euh... Oui ? Oui. " Il plaqua les mains sur la chemise à manches longues qu'il paraissait fort bien supporter. Bordel de dieux il avait un peu trop rêvassé! Vite... quelque chose... quelque chose... Sa main droite s'éraffla sur le bord d'un de ses couteaux de lancé. Il poussa un juron et amena l'entaille à ses lèvres. He mais...

De sa main libre, il passa la ceinture de cuir plantée de couteau par dessus sa tête et la tendit au forgeron, puis il farfouilla dans sa besace et en tira deux écus.

- fous fourriez me les aiguiger ?" demanda-t-il en gardant la bouche presser contre sa coupure.
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