Tout va très bien madame la Baronne

Eté - 4e jour 3e ennéade de Verimios
Année 10 du XIe Cycle

Cela faisait trois jours que l'ambassade Langecine avait pris ses quartiers à Diantra, non dans le manoir des de Laval en plein quartier Suderon, mais dans l'ancien hôtel de Maélyne de Lourmel dans le quartier du temple. Linaëlle s'acclimatait tant bien que mal, plus que jamais plongée dans ses livres. Elle avait attaqué les livres de généalogie et d'histoire après avoir dévorer les deux romans qu'elle avait emporté et même Guilhem et Cécilie ensemble n'avaient pas réussit à lui faire sortir un pied dans la ville. Enfin, ils avaient acore le temps.

Alors, plutôt que de se tourner les pouces et de s’apitoyer sur son sort, Cécilie avait profité de leur avance pour se renseigner sur les personnalités déjà installées à Diantra depuis la reprise de la ville par l'ost royal. Plusieurs sieurs qu'elle n'appréciaient en aucune façon et la bienheureuse surprise de savoir Aliénor à quelques pâtés de maisons de chez elle. Mais la veille, elle avait apprit une chose qui pouvait également être une bonne chose sur un plan diplomatique. Une note rédigée d'une écriture longue et courbée avait été portée dans l'après-midi à l'hôtel dans lequel séjournait la baronne d'Alonna.

Votre Honneur,

J'ai appris que vous étiez ces jours-ci à Diantra et si la guerre a rendue l'échange d'ambassade impossible durant le printemps, je pense que nous avons une occasion sans pareille de pouvoir nous rencontrer en personne.

Si vous le souhaitez, nous pourrions nous rencontrer demain en mon hôtel du quartier du Temple, à moins que vous ne préfériez d'autres dispositions.

Quoi qu'il en soit, j'ai le plaisir de vous offrir une fois de plus les sincères amitiés de Missède,

Cécilie de Missède

On y avait répondu le soir même et au matin de Panahos, avant que le soleil d'été ne tape trop fort sur les pavés de la capitale, une femme en fine robe de lin bleu et une jeune chevalier fier comme un coq chevauchaient d'un pas tranquille à travers la ville. Au final, il avait été convenu d'une rencontre dans la demeure de la Baronne Alanya et c'est devant la porte cochère de cette dernière que s'arrêtèrent les deux cavaliers.

« Ils sont sur le parvis, votre Honneur ».

La voix douce et hâtée la tira des limbes dans lesquelles elle s’était plongée. Assise, droite et sereine face à une page immaculée, elle avait été bien incapable de tracer la moindre ligne. L’encrier était investi de la garde de la plume tandis que ses mains orphelines caressaient inconsciemment le doux papier. Un fatras de lettres, décrets, sceaux et autres parchemins trônaient çà et là sur cette tablée qui devenait chaque jour un peu plus petite – parvenant avec difficulté à faire front aux affres d’une régence. Car toute loin demeurait-elle, l’Alonnan requérait son attention ; si elle avait su laisser des hommes loyaux, ils ne pouvaient guère trop décider à sa place. Alors emplie de lassitude, elle menait chaque jour le même ballet ennuyant. Mais pas ce jourd’hui. Elle n’y était point parvenue. Ses mirettes se posèrent sur l’entête avec tendresse. Lentement – presque trop – elle suivait les courbes longues et graciles de son nom. Cela lui était toujours aussi étrange, et pourtant elle ne ressentait plus tout à fait la même chose qu’alors. La fierté s’était ternie en une ambition inassouvie. Alors qu’elle avait déjà tout, désirait-elle réellement plus encore ?

Elle se redressa non sans un soupir. L’été s’était durablement installé sur la capitale, si bien que la chaleur étouffante ne lui donnait plus l’envie de se traîner au dehors ; il n’y avait dans cette morne chaleur que l’odeur âpre des braves travailleurs et l’étourdissement des rayons au zénith. Pour sûr, un nordien se serait bien gardé de plonger plus avant vers le sud par de pareilles chaleurs – aucun homme si fort soit-il ne pouvait résister à cette insidieuse lourdeur. Pas une brise ne venait perturber les voilages de sa fenêtre. Rien, sinon l’immobilisme placide dans lequel toute la maisonnée semblait plongée. Sa course lente vers le petit vestibule de l’entrée ne fût pas long. Accompagnée de son héraut de fortune, un sourire quelque peu forcé naquit sur son minois las. Se tenant droits et fiers, deux silhouettes se découpaient des tapisseries dont le rouge avait passé avec l’incendie. La femme, plus petite qu’Alanya, était d’une beauté toute en rondeur. Et si la Baronne s’approcha, elle s’abstint de tout contact : la dernière aveugle qu’elle avait côtoyé était Jena, et le troublant pouvoir de cette dernière lui avait laissé un goût amer.

« Votre Grandeur, il me plaît de vous rencontrer enfin ! ». Elle salua prestement le grand bonhomme qu’elle ne parvint à reconnaître. « J’espère que votre route depuis le Missédois ne fût pas trop harassant. J’ai été étonné de voter venue ici, toutefois je ne peux que m’en réjouir » .

Les échanges qui avaient eut lieu plusieurs mois avant entre Missède et l'Alonna avant soufferts de toutes les malchances qu'imposait la guerre de reconquête des terres royales et de pacification suderonne. Pourtant, étant donné l'accueil chaleureux de la Baronne, Cécilie avait de bonnes raisons d'être entousiaste à l'idée que tout cela n'aurait pas été en pure perte.

- Non, point. " répondit-elle après avoir saluer Alanya avec le même respecte et la même jovialité qu'elle venait de lui offrir. Elle avait également avancer la main en espérant que l'Alonnaise accepterai de la conduire, mais il semblait qu'elle ne l'ait pas remarqué ou ne désire pas la saisir. Cécilie ne s'en formalisa pas. " Les voyages me sont plus agréables que les quatre murs d'une salle de conseil tant que je ne suis pas obligée de les passer cloitrée dans une calèche. " sourit-elle plutôt. " Mais je manque à la politesse la plus élémentaire. Je vous présente Sire Edgard d'Heucqueville, un Chevalier renommé de Missède. "

Le jeune gaillard aux cheveux brun se plia en deux fasse à la ravissante nordienne. Il avait à peine la vingtaine et son oeil sombre laissait entrevoir un tempérament léger, mais au moins, il n'était pas comme ces vieux chevaliers, toujous prompts à vous expliquer en quoi vos décisions sont mauvaises sans en proposer de plus alléchantes.

- Merci d'avoir répondu si vite à ma demande d'entrevue. A vrai dire, je suis ici pour accompagner notre Duchesse avec le Vicomte Guilhem de Tall. Cela s'est décidé assez vite. " Suivant l'exemple de leur hotesse, les Missèdois s'orientèrent dans l'hôtel particulier.  " J'ai entendu dire que vous aviez personnellement participé à l'effort de guerre. Sans vouloir vous offenser, je suis impressionné que vous ayez réussit à faire valoir vos positions parmis les seigneurs nordiens. "

Ce simple fait en disait long sur la volonté de fer dont la jeune femme devait pouvoir faire preuve lorsqu'elle l'avait décidé.

- J'espère que ces derniers mois n'ont pas été trop difficile pour vous. "