Départ [solo]

3eme jour 7e ennéade de Karfias
11e année du XIe Cycle

Caley aurait aimé que les choses se passent autrement, mais elle ne pouvait plus nier l’évidence. La famille d’Ascanio était plus déterminée que jamais à lui faire payer ses égarements et Caley savait que tant qu’elle serait là, Ascanio n’avait aucune chance de reprendre la place qui lui revenait. La jeune femme ne voulait qu’une chose, que son époux soit heureux. Parfois, ça ne peut arriver que si on laisse partir l’autre. Caley l’aimait. Malgré ses frasques, malgré les nuits qu’il passait avec d’autres femmes, elle acceptait tout tant qu’elle le voyait sourire. Sauf que là, il souriait de moins en moins. Un pli soucieux se creusait sur son front. Caley comprit à ce moment-là qu’elle devait faire quelque chose. Elle se rendit donc à Thaar pour rencontrer le père d’Ascanio et négocier. Si elle acceptait de partir, Ascanio retrouverait sa place au sein de la famille comme héritier. Jamais elle ne cherchait à le retrouver et jamais Vahram ne réclamerait un héritage. Elle devait renoncer à tout. Elle s’y attendait, mais d’entendre les mots lui brisa le cœur. Caley accepta. En échange, on lui donna assez d’argent pour qu’elle puisse rentrer en Péninsule, assez pour racheter la terre de son père et y reconstruire maison et écurie.

La jeune femme écrivit une lettre à Ascanio qu’elle laissa sur son bureau à Eofel, puis elle disparut sans laisser de trace. Heureusement, elle n’était pas seule. Malgré son cœur brisé, Caley avait toujours son fils. Elle lui enseignerait tout ce qu’elle savait et ferait de lui un homme bien, un homme fier. Sur le navire qui l’amenait de Thaar, elle regarda la ville disparaître à l’horizon en sachant très bien que jamais elle n’y remettrait les pieds.

Mon cher Ascanio,

Au moment où tu liras ces mots, je ne serai plus là. Cette décision fut mûrement réfléchie et bien que je sois convaincu que ce soit la bonne chose à faire, ça ne la rend pas plus facile pour autant. Je t’aime Ascanio, plus que la raison ne le permet sans doute. J’ai osé rêver à cette vie que l’on aurait pu avoir, mais j’ai vite réalisé que ma présence allait te priver de ce qui te revient de droit. Je voyais que cette éventualité te rendait infiniment malheureux et c’est parce que je veux ton bonheur que j’ai décidé de partir. Ne m’en veut pas. J’aurais vraiment voulu rester à tes côtés et bâtir cette famille que j’ai tant rêvé d’avoir, mais nos chemins se séparent ici. Si les Dieux le veulent, peut-être que nos routes se croiseront à nouveau dans le futur. Une chose est certaine, je ne t’oublierai jamais.

Je retourne là où tout a commencé pour moi et d’où je n’aurais jamais dû partir. J’espère que la vie sera bonne pour toi et que tu connaîtras le vrai bonheur. J’aurais aimé d’embrasser une dernière fois…

Que les dieux te gardent,

Caley

HRP: