Artiön Laergûl
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| Sujet: [Solo] À la veille du départ Dim 12 Mai 2019 - 14:32 | |
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1ère ennéade de Karfias 17e année du Onzième Cycle Appartements royaux L’une sommeillait à poings fermés, presque inconsciente de la réalité qui l’entourait. L’autre peinait à fermer l’œil, préoccupée par ce que pourrait devenir cette réalité. Toi, bourreau de ces femmes, tu t’étais déjà laissé happer par la reposante somnolence que tu vivais chaque nuit depuis des siècles déjà. Coupé du reste sans l’être, tu dormais de ton habituel sommeil léger, l’oreille aussi sensible au moindre son que si tu fus aux aguets à la guerre. Et les bruissements de draps que l’on froisse ne sont pas bien plus discrets que les craquements des branches sous les pas des sentinelles. Avec lenteur, tu t’étais extirpé de ton monde de rêveries et tu avais ouvert l’œil. Tu ne t’étais pas levé, pas encore. Pour l’instant tu l’observais, à travers la pénombre d’une nuit déjà bien avancée tu guettais les mouvements de ta propre épouse. Sa manière de s’emmailloter dans ses draps en espérant que le cocon qu’elle se tissait ainsi la rassurerait. Sa manière de s’assurer qu’une de ses oreilles au moins émerge de cette chrysalide, non seulement parce qu’il y avait votre fille, mais parce que sans cela, elle ne pourrait profiter de la fraîcheur nocturne. Sa manière de lentement dérouler sa carapace de tissu, et de s’étaler dans un lit beaucoup trop grand, en espérant qu’il y ait eu mue, qu’elle en soit ressortie nouvelle créature, libérées de ses craintes, et prête à s’envoler vers l’avenir. Habituellement, ce rituel lui suffisait à passer la nuit. Mais pas cette nuit. Ce n’est habituellement qu’au matin, alors que vous partageriez un bain, que tu lui ferais savoir que tu savais qu’elle était troublée, ou au moins qu’elle l’avait été. Et vous en discuteriez en même temps que l’éponge de l’un débarrassait l’autre de la crasse nocturne. Souvent elle te confierait la nuit avoir été de bon conseil. Chaque fois tu t’excuserais de ne pas avoir été là pour elle. Chaque fois elle te répondrait qu’au contraire, elle t’en aurait voulu si tu lui avais volé l’opportunité de prendre sa propre décision. Et ainsi en allait-il de votre rituel, mais c’était déjà la septième fois cette nuit que sa renaissance échouait. Alors cette fois, tu t’es levé, tu t’es glissé sous ses draps, et tu l’as prise dans tes bras. - Faut-il vraiment que tu partes… déjà ?- Tu sais comme je fonctionne Tigilidënya. tu poses ton front contre l’arrière de son crâne L’idée de chercher l’aide des terres mortelles me plaît déjà bien peu, alors il est hors de question que je reste dans l’ignorance. - Mais tu as des conseillers ! Tu as les éperviers ! Certains d’entre eux connaissent l’Ithri Vaan. Certains d’entre eux ont même étudié les rouages du commerce et eu l’occasion d’en apprendre sur… sur…Elle n’eut pas le cœur de les mentionner, les sombres affaires ayant cours au sein de ce monde de prédateurs à l’œil doré. Pire que l’idée de te perdre, celle de te voir réduit, humilié, assassiné à petit feu par des gens t’utilisant pour moins que tu ne vaux. Pire que l’idée de te perdre, celle que tu n’aies pas été perdu en héros lui était insupportable. - À la fin, quoi qu’il arrive, ce sera ma décision Tigilidënya. tu resserres ton étreinte Conseillers ou pas, éperviers ou pas, c’est ma parole qui est engagée. Quel Roi donnerait sa parole pour l’Anaëh sans s’assurer ne pas hisser grand-voile à la Tourmente ?- Je sais. malheureusement C’est juste que c’est tellement tôt. Elorëa commence à peine à réellement comprendre ce qui l’entoure, à prendre possession de sa chambre... Tu n’imagines pas à quel point j’ai peur qu’elle ait à faire ses tous premiers pas vers l’indépendance sans son père pour la soutenir. - Ne t’inquiète pas mëlme ninya. tu poses une longue bise dans son cou Je serai vite de retour. Et même si ce n’est pas le cas, Elorëa a la plus formidable des mères.Ton oreille se soulève brusquement, tes bras glissent loin de Kaëlistravaë et tu te lèves d’un bond. Ton épouse inquiète te suit avec un peu de peine, alors que tu te diriges à grands pas vers la chambre adjacente à la vôtre. - Elle est inquiète elle aussi. tu prends ta fille dans tes bras cette fois, conscient comme l’est ton épouse qu’il ne s’agit pas d’un caprice ordinaire Badsen…Badsen Iaesnin. Edai nasì. tu te tournes avec l’enfant vers Kaëlistravaë Nenai nasì. Iaesnin garlyrn. Elorëa se calme et cherche à nouveau le sommeil Je sais Elerincë, Maman et Papa sont très agités en ce moment, parce que Papa va devoir s’absenter. Papa doit prendre des décisions très importantes pour tout le monde. Pour tante Glirbes, pour cousin Uirphen et cousine Emeril, pour tante Halyalindë et tonton Fenris, pour l’oncle Lùthanar, pour frère Forvenion, pour Maltlin et Cìryon, pour Lyorindel, pour Aegden… pour tout le monde ! Et surtout, pour Maman et pour toi. tu reposes ta fille dans son berceau avec délicatesse Je t’aime Elorëa, plus que tu ne pourras jamais l’imaginer.Tu souris, Kaëlistravaë sourit, et vos yeux se posent sur l’enfant à nouveau endormie. - Tu vois. ton épouse se blottit contre toi C’est exactement pour cette raison que j’ai peur que tu t’éloignes.- Tout ira bien mëlme ninya. Je te le promets. Maintenant il faut que tu te reposes.
Tu escortes lentement ton épouse jusqu’à sa couche, allant jusqu’à l’accompagner de tes bras alors qu’elle plonge dans ses draps. Et tu lui laisses une dernière caresse avant de t’en aller, mais la Reine se refuse à t’accorder autant quand tu as donné si peu. Kaëlistravaë s’empare de ton poignet, te tire vers elle, et accroche ton regard de ses yeux de chats, malgré la pénombre. Elle rampe sur son matelas, se rapprochant de toi, tend le bras qui te retenait de manière à ce que ses doigts effleurent tes pectoraux nus, et ils glissent, ils glissent vers le bas, jusqu’à ne plus avoir d’autre solution que de cascader le long d’une interminable demande silencieuse. - Elnoruì, dormons ensemble ce soir… "Dormons."
- Tradocs:
Badsen…Badsen Iaesnin. Edai nasì. Nenai nasì. Iaesnin garlyrn : Ça va ma petite. Papa est là. Maman est là. Calme comme l’eau du lac.
Mëlme ninya : mon amour
Elërince : petite étoile
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