Le Nordien a fait une promesse à la demi-elfe, ne pas interférer dans les affaires qu'elle a à traiter avec sa consoeur drow, et le chevalier n'a qu'une parole. Aussi n'interrompt-il pas les deux princesses marchandes tandis qu'elles discutent des modalités de leur accord, se contentant de profiter de se gaver de dattes en silence. Cependant, si l'homme au regard d'acier a bien promis ne pas déranger son hôtesse, rien ne lui interdit d'observer comment s'y prennent les deux femmes ni de retenir les informations qu'elles peuvent révéler. Rien de bien capital, certes, mais la moindre petite information peut un jour s'avérer de grande valeur si elle est détenue par la bonne personne. L'accord est vite passé, ce qui semble ravir la maîtresse des lieux, et le nordien trinque avec les princesses marchandes, principalement par politesse.
Le repas se termine et la soirée avance. La princesse-marchande eldéenne n'a pas oublié la proposition d'un combat offerte par le fier nordien, et bien que l'idée ait été lancée en une demi plaisanterie l'oësgardien ne compte pas se rétracter. Le seigneur chevalier est naturellement conscient des capacités exagérées que le commun des humains prête aux noirelfe, et il se sait probablement désavantagé un combat singulier, pourtant cela n'entache en rien sa détermination. L'objectif ici n'est de toute manière pas de gagner, mais bien d'échanger quelques passes d'arme avec la dignitaire au sang drow.
La princesse Maralina n'objecte pas à cette étrange demande et l'homme au regard d'acier n'en est pas surpris, suspectant son hôtesse d'y voir une sorte de correction ou de vengeance pour les divers désagréments que l'étranger a pu lui attirer depuis son arrivé. La maîtresse des lieux propose cependant cordialement à ses invités à faire part de leur démonstration conjointe en un lieu plus propice, ce à quoi le seigneur nordien ne peut que consentir.
Un combat au poings ou un combat armé, deux styles bien différents. Si des deux le chevalier préfère le combat à l'épée, pouvant se targuer d'être un excellent bretteur, ses compétences au poing ne sont cependant pas à négliger, loin s'en faut. Quant au risque d'être blessé, le combattant qu'est le nordien sait qu'il n'est pas moins élevé sans arme entre deux guerriers q'avec arme, c'est peut-être même le contraire. Ainsi le seigneur étranger choisit le duel armé, et pour lui sélectionne une épée de taille et de forme semblable à sa propre lame de chevalier.
L'affrontement se fait cordial, du moins au début. La noirelfe et l'humain échangent coups et esquives avec une expertise certaine de chaque coté, et pourtant quelque chose dérange l seigneur chevalier. Son expérience des combat, son expertise et son instinct, tous trois lui indiquent que son adversaire n se bat pas au maximum de ses capacités. La princesse drow, en effet, semble se contenter de coups qu'elle ne mène pas à bout malgré des mouvements sans équivoque précis et experts. L'homme d'honneur ignore si cela est dû à une quelconque restriction physique ou si sa partenaire de danse ne le prend pas au sérieux, malgré cela l'étranger ne s'e formalise pas. Après tout lui-même n'y met pas toute son énergie... Dans un premier temps.
L'odeur âpre du feu et des morts a envahi ses poumons, le goût ferreux du sang a imprégné sa bouche. Le combat, l'honneur, la patrie, la survie. Les sentiments s'emmêlent et se brouille dans son esprit, alors chaque fibre de son corps éprouvé lui ordonnent de tenir. Une ombre fugace se détache de la sienne, le chevalier se retourne, bouclier en avant. La lame sombre ripe sur le pavois, faisant vibrer le métal protecteur. Une botte énorme succède à l'arme déviée, frappant le chevalier au thorax. Un souffle manqué, l'homme est bousculé en arrière et bascule, trébuchant sur un obstacle inaperçu. Son bras gauche est douloureux, mais il tient. Sa main droite est affaiblie, mais elle s'accroche. Son corps tout entier est épuisé, mais il résiste. Le chevalier ouvre grand les yeux, le souffle court, prêt à se battre durement jusqu'à son dernier souffle. Face à lui se dresse une ombre immense, sombre comme la nuit, et des yeux rouges comme le sang le fixent.
Plus le combat avance, plus les coups du nordiens se font plus francs, plus puissants, plus sérieux. A mesure que le combat avance, l'oësgardien sent son esprit combatif se réveiller, et plus qu'une simple envie de vaincre c'est la rage qui s'éveille. Le souvenir inconscient ravivé par la noirelfe refait peu à peu surface dans l'esprit du guerrier, et ce qui devait être un combat amical s'approche peu à peu d'un affrontement réel. Jusqu'à ce qu'un énième assaut de l'humain ne force cette fois la combattante sombre à dévier avec plus de sérieux, et malgré un mouvement aussi précis que rapide le flottement qui suit désavantage la noirelfe.
Le souffle court, le seigneur oësgardien arrête la pointe de sa lame à quelques centimètres de la poitrine de son adversaire. Si son visage reste aussi figé que d'ordinaire, son regard reflète encore la soif de sang qui s'est accumulé au fil des années. Le combat, s'il était réel, ne serait pas réellement terminé, et le seigneur chevalier le sait. L'arme de la drow n'est pas loin de son flanc, et si lui perçait sa poitrine elle lui embrocherait le flanc. Pourtant la noirelfe admet sa défaite, et bien qu'il sache cette victoire illusoire le nordien recule. Qu'importe les raisons de la sombre pour mettre fin au combat, s'il n'a pas à continuer cela arrange l'homme au yeux d'argent.
Le nordien recule donc de quelques pas et exécute un faux mouvement traditionnel se terminant par sa main dans le dos, en signe supposé de non agression, mais réellement pour cacher sa main crispée sur la poignée de son épée.
"Nous vous remercions pour ce remarquable échange, Krish. Nous espérons que vous l'aurez autant apprécié que nous-même."Puis, son corps s'étant suffisamment calmé, le nordien repose l'épée à sa place.
"Toutefois, il commence à se faire tard et nous avons suffisamment abusé de vos compagnie. Krish, nous gageons que nous nous reverrons dans le futur. Maralina, nous vous remercions pour cette soirée fort distrayante."Et sur ces mots l'invité nordien prend congé des deux princesses marchandes, s'empressant de regagner les appartements qui lui sont prêtés. Seul dans les couloirs, l'homme aux cheveux d'argent observe sa main tremblotante : cette fois il s'en est fallu de peu pour qu'il ne perde le contrôle, et les conséquences auraient pu être désastreuses.
Fin du RP