[MdO2019] Glorifier la Décadence | Ellipse 13:XI

- Un porte lame... " murmura-t-elle avant de lui rendre son arme. Ce n'était pas une insulte mais il y avait le même intérêt désinvolte dans ces mots que dans ceux qui vinrent une fois qu'il lui eut expliquer la raison de son attaque à la Princesse Marchande.

Son attitude martiale et digne arracha un franc rire à la tirumvir. Son éclat n'avait pourtant rien de moqueur. Elle ne s'attendait pas à voir une telle rigueur en cette soirée. Déjà qu'au Puy, la chose ne lui était pas totalement habituelle...De plus, maintenant qu'elle y pensait, il lui avait offert le nom complet de la magicienne avec laquelle elle avait dansé en début de soirée et il lui était affilié.

Elle posa sa main griffue sur le bras du jeune homme en entrant sans ambage dans son espace vital.

- Au contraire. La répartie était bien sentie. Mais j'avoue que tu as eu de la chance. J'aurais beaucoup moins ri si tu avais jeté le discrédit sur notre délégation. Uriz sourit aux audacieux, comme on dit. " Son expression se fit malicieuse. La liqueur d'amande dont elle avait abusée durant la soirée se sentait sur son souffle. " Reste a savoir si tu es aussi audacieux dans tout ce que tu entreprends... ? "

Ryth comprenait l’intérêt que Krish portait aux armes et cela lui donnait envie de lui montrer ses épées. Parler de ses armes, raconter des anecdotes passées et les échanger contre d’autres étaient des activités dont la rivière alimentant la passion du Sombre était difficile à tarir. Tout autant que l’était le sujet des créatures de ce monde. Aussi, il ne prit pas le murmure pour une insulte mais fut honoré que ces mots sortent de la bouche de l’avatar d’Uriz. Il comprit moins le rire qu’elle eut mais étant donné qu’il ne distinguait aucune moquerie et décida de laisser reposer cette énigme pour plus tard.

Lorsque cette dernière vint poser sa main sur son bras d’ambidextre, il frémit légèrement et ce n’était certainement pas à cause de la brise. Nullement gêné par l’idée qu’elle envahisse son espace vital, il la laissa faire, plissant les yeux pour réfléchir aux idées qui hantaient sa dernière réplique. Sa question le poussa dans un dilemme, il se voyait à cheval dressé devant un abysse sans fond. Il avait le choix entre reculer et prendre son élan pour passer par-dessus ou reculer pour battre en retraite. Il estimait avoir battu assez en retraite pour la soirée, il était temps de prendre son courage à deux mains et de faire danser l’avatar d’Uriz.

« S’il faut de l’audace pour faire tournoyer l’avatar d’Uriz, alors, oui, je suis audacieux. »

Illustra-t'il d'un exemple pour répondre à sa question. Il profita de sa main libre, celle dont le bras n’était pas assailli par les griffes de Krish, pour saisir l’autre main de son interlocutrice. Il la fit tournoyer sur elle-même. Une fois qu’elle eu fait un tour, il la réceptionna en posant ses mains sur ses hanches, ignorant l’odeur d’alcool qui hantait son souffle. Quand à lui, il n'avait pas beaucoup bu, juste deux verres d'un vin épicé. Aussi, était-il surement moins pompette que sa partenaire. Les yeux plongés dans les siens, il dit :

« La nuit est courte. Si je devais répondre à cette question, cela prendrait des heures, car je devrais te montrer toutes les situations où je fais preuve d’audace. Je me rappelle t’avoir vu frissonné quand nous sommes sortis. Commençons par te faire danser pour raviver les braises chaudes. Le feu d’Uriz ne doit jamais s’éteindre. »

Il prit une pause et lui fit un clin d’œil :

« Je suis quelqu’un qui ne tient pas en place quand il n’est pas affalé contre les pans de notre volcan à admirer la voûte céleste. Je ne crois qu’aux actes et à l’action. Tu verras bien par toi-même si je fais preuve d’audace dans tout ce que j’entreprends. »

Et pour finir ces mots, il l’invita à faire quelques pas de danses. La musique s’échappant de l’atrium lointain était sourde mais il s’en moquait. Il était honoré d’avoir l’avatar d’Uriz entre les bras et remercia Uriz, en priant, de lui accorder ce moment en sa compagnie.

- En tout cas, tu parles beaucoup. " railla la noire-elfe en se laissant guider pour quelques pas.

Elle pensait à l'origine que ce n'était du qu'au rapport exhaustif qu'il voulait faire et à son inquiétude. Perdu. Il s'agissait d'un beau parleur. Au sens premier du terme. Des étoiles, quelques pas de danse et la chaleur des Flammes d'Uriz. Elle lui accorda même le bénéfice du doute en ce qui concernait l'idée que sa Braise puisse manquer d’allant. Elle profita plutôt de la prise de ses robustes mains sur ses hanches et du regard qui semblait tout à la fois chercher et redouter le sien.

- Alors ? Où est donc aller ce Porte Lame qui ne tient pas en place ? Sol'Dorn ? Thaar est suffisamment à ton goût pour que tu y reviennes ? Ou peut-être que tu as poussé jusqu'à Naelis ?

Le musique leur parvenait par bribes dans ce coin de jardin désert et ils avaient encore de longues minutes avant que la danse ne s'achève sur une longue note aiguë.

Oui, il parlait beaucoup trop et elle faisait bien de le lui dire. Il avait été pris par ce mélange d’appréhension, d’honneur et de courage. Un mélange né du pétrin dans lequel l’avait mis Dante. Ce n’était jamais évident de rencontrer le Triumvirat, on pouvait en perdre des plumes. Il avait été trop loin et il le savait mais maintenant, c’était trop tard. Le Dandi l’avait poussé à aller voir Krish et le Sombre avait un peu perdu le contrôle. Voulait-il l’impressionner ? Oui et non, il voulait aussi prouver sa loyauté irréprochable, comme si l’ont aurait pu douter de lui. Comme s'il avait besoin de se protéger des arguments irréfutables. Aussi, alors qu’ils dansaient, il commença par s’excuser :

- Navré. Je perds un peu pieds ce soir. Et la vieille habitude d’échanger, entre frères d’armes, des histoires autour du feu ne m’aide pas.

Puis, il ne répondit pas tout de suite à sa question. Car la question était difficile. Il avait plus de 400 ans et avait donc visité et revisité bien des places. Pendant ce temps, ils dansaient, il la guida dans une danse guerrière Eldéenne, en l’honneur d’Uriz. Quelque chose qui était à la fois gracieux et brutal. Quelque chose qui ressemblait à l’Art éternel sombre qui hantait le labyrinth avec un soupçon de ce grondement magmatique toujours présent en surface. Une danse inspirée du volcan, du sommeil d’un dragon et du feu d’un rituel guerrier. Assez pour faire virevolter son interminable chevelure accrochée en queue de cheval et faire perler la sueur sur sa peau.

- Je connais les cinq oui et j’aime bien Thaar mais ce n’est pas la première que j’y viens. J’y retournerais. J’ai été un peu partout, là où on accepte les Sombres. J’ai poussé jusqu’en Wandres. Et toi ?

Il avait dit ca avec le ton de quelqu’un qui a eu une longue vie. Et quand il dit qu’il retournerait à Thaar, elle put y sentir l’expression d’un Eldéen assez lointain, l'esprit dans les étoiles et qui n’était nullement pressé par le temps. Il avait dit que la nuit était courte mais ne voyait pas l’éternité de la même manière. Il profita que la musique s’arrête pour laisser s'estomper la danse et inspirer longuement avant d’ajouter, maintenant que le calme était revenu.

- Je préfère tout de même les endroits reculés aux villes.

Et sur ces mots, il finit par se taire pour la laisser parler.

- Perdre pied, c'est à ça que serve les fêtes d'ici... " sourit-elle, goguenarde.

Leur danse s'intensifia. Le pauvre y allait de bon cœur. Au point même d'en transpirer ! Il n'y allait pas de main morte ! Le souffle court, Krish s'immobilisa, ravie de ce bref échange vif auquel elle ne s'attendait pas le moins du monde.

- On peut dire que j'ai pas mal voyagé... " elle resta dans l'euphémisme, s'éloignant un pas. " Mais je préfère les villes. Tant de personnes luttant dans la fange pour leurs propres rêves. Les couleurs de ce monde en son ravivées pour tous. "

L'Atrium semblait de nouveau l'attirer. De quelques pas, elle était hors d'atteinte. Quelques uns de plus et elle disparaitrait au coin de la haie.

- Sur ce, je te souhaite bonne nuit. J'ai une amie à retrouver. "

Et peut-être un mot à dire au roi de la fête si elle le croisait, ce dont elle doutait fortement. Elle porta deux doigts à son front en un salut nonchalant et tourna les talons en fredonnant à voix basse, allant retrouver les lumière et la musique dans toute leur splendeur.

Ce soir-là, d'aussi loin – ou concis – que je me souvienne, on dansa. On mangea. On échangea puis on rit. Et on bu on ne peut plus, on ne peut trop, surtout moi mais je doute avoir été le seul ; car le dernier verre eu sur moi l'effet escompté, un plongeon dans le vide, sidéral, et de ma mémoire, ne resta que ruines et désolation... Qu'avais-je raconté ? Qu'avais-je fais ce soir là ? La bamboula chez les Vossula. Une bonne soirée, j'imagine... Parmi des grands. Je m'étais fait relativement discret. Je n'avais pas trop ramené ma fraise et je me souviens maintenant que j'avais été très intimidé, malgré les désihinibitions de la veille. Je n'avais pas créé d'esclandre en tout cas, ou rien digne de rétention. Sans doute quelque frivole, futile saut d'humeur, deux ou trois vilennies lancées à quelque face, et c'est peut-être même cette courtoisie des gens pour ne pas me froisser, qui sauva ma mise. J'étais un bien pauvre cancrelat. Mais j'avais osé. J'avais osé me glisser parmi eux, parmi le petit gratin thaari. Demain je retrouverai mes paumés de la rue, mes péquenots, dans un milieu où je n'étais certainement pas la proie, plutôt un chasseur invétéré, se nourrissant des rêves des gens !

Dans tous les cas, à l'heure où je cuve désespérément les bons crus d'ici et de là qui envahissent encore mon corps aux émois, je me souviens bien d'un instant fugace où, mon ami Zaahrian et moi-même discutions avec un de nos riches hôtes, le parternel à la rengaine bien différente du sempiternel babillage d'Ascanio. Tiberio, oui c'est cela. J'avais été discret, n'avais causé de tord à personne. Mais une fois que Zaahrian avait cessé de discuter aimablement avec le vieil homme à l'éducation irréprochable – mais à la pédagogie douteuse –, je n'étais plus de ce beau petit monde, j'avais filé, je courrai dans les ruelles, afin de me réfugier. De fait, vers la fin de conversation des deux thaaris, j'avais décidé de boire un dernier vers puis peut-être de danser. Zaahrian me retrouverait éventuellement sur la piste de danse où les coriaces gigotaient allègrement et sans filtres. Mais j'avais été pris de maux cruels. Savez-vous ce qu'est la terre qui tourne lorsque que l'on est quelqu'un aux pieds ancrés, par l'alcool et par le Moi... Incognito, j'avais vomi dans le luxueux réceptacle où virevoltait encore le cocktail et ses petits morceaux de fruits, quelque bout de charcuterie et de diverses pâtes aussi, mea culpa, puis bon il était làble pot béni m'offrant délivrance pour ne pas que je succombe ; je m'étais resservi tout de même du même mélange, puis avalant dignement ce vrai dernier verre, je m'étais enfui heureux d'avoir eu le dernier mot face à mes démons. L'air me fit du bien, je couru jusqu'à me réfugier dans ma petite tanière. Et jubiler de mon inconscience. Jusqu'au réveil, tortueux, impitoyable. Pourtant je me dis, à quand la prochaine fête chez les Vossula ! À défaut de cela, dans la précipitation et pour recadrer les choses je bu deux trois choppes bienvenues. Je m'exemptai de boulot aujourd'hui. Et tout au long de ma journée – c'est-à-dire l'après-midi au soleil – je me souvins progressivement de détails, sombres, rougeoyants, exubérants, chatoyants, acerbes, pénétrants, qui firent de cette soirée passée, un divertissement fort louable, ou la glorification de la décadence ! J'approuvai...

_________________

« Un charlatan, sur un tréteau,
Pantalon rouge et vert manteau,
Vend à grands cris la vie;
Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »

(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

[MdO2019] Glorifier la Décadence | Ellipse 13:XI - Page 5 Je_t_a11

Ryth l’écouta alors qu’elle était en train de s’éloigner. Il fut heureux d’apprendre que le goût du voyage était partagé. Et se trouva même intrigué par la description qu’elle venait de faire des villes. Il trouva qu’elle marquait un point et imaginait sans mal l’attrait qu’elle pouvait y trouver.

« Oui, maintenant que tu le dis, je peux comprendre l'attrait des couleurs mouvantes. Bonne nuit.»

Il n’avait pas cherché à la suivre. Il s'était assez frotté au feu d'Uriz pour plusieurs ennéades. Il fallait parfois laisser les gens disparaître. Il lui rendit son salut d’un signe de tête. Et lorsqu’elle disparu enfin, il souffla. Se disant que ça ne s’était pas si mal passé malgré l’appréhension qu’il avait eu au départ. Il regrettait certains mots, certaines paroles. Mais c’était trop tard. L’avenir lui dirait s’il avait fait bonne impression ou mauvaise impression. S'ils se rencontreraient à nouveau.

Secouant le crâne, il retourna à l’intérieur, encore hanté par les bribes de fredonnement qu’il avait pu entendre. Tout de même satisfait d’avoir pu échanger avec Krish et d’avoir été à même de lui transmettre des informations utiles. Il avait la gorge asséchée et se dirigea donc vers un serviteur pour lui piquer une coupe de spiritueux. Essayant de se joindre à un groupe pour participer aux conversations.

À bien des égards, cette fête d’anniversaire serait sans doute un événement dont on parlerait longtemps. En tout cas, Zaahrian s’amusait bien, lui, et la présence de Léonie y était pour quelque chose. Ils passèrent un bon moment à danser, à manger et à boire. Oh, ils firent honneur à la meilleure cave de Thaar, sans l’ombre d’un doute. Enfin, c’est ce que les Vossula prétendaient, mais comme tous les Princes Marchands affirment la même chose, reste à savoir qui a raison. Dans tous les cas, les bouteilles étaient bonnes, la nourriture aussi et ça suffisaient à satisfaire Zaahrian. L’euphorie des célébrations lui montait à la tête.

À force de cabrioles et de culbutes, il finit par croiser les pas de Tibério Vossula, l’éminence grise derrière cette débauche festive. À défaut du fils, le père ferait l’affaire. « Ah! Voilà l’homme que je souhaitais voir. » Il dévoila ses dents dans un éblouissant sourire. « Quelle soirée absolument splendide ! À ce que je vois, rien n’a été épargné pour célébrer le fils prodigue. » Il s’approcha de Tibério, s’adressant à lui sur le ton de la confidence. « J’aurais aimé m’adresser à lui concernant le cadeau que je souhaite lui offrir, mais je suppose qu’il doit être retenu quelque part. Je vais donc m’en remettre à vous. » Et la cause de cette disparition doit porter une robe fortement abîmée au décolleté révoltant, fut-il tenté d’ajouter. « Vous savez sans doute que suite à ma petite démonstration de force en Anduram, nombreuses sont les personnes qui ont démontré un intérêt pour m’avoir en tant que mercenaire à leur service. Si je ne me trompe pas, vous en faisiez partie. J’ai dit non à tout le monde, mais ce soir, je me sens d’humeur généreuse. Pensez-vous que votre fils aurait un intérêt quelconque pour mes services? » Pour tuer Tibério, peut-être, mais ce fait ne lui effleurait même pas l’esprit. « À moins que vous ayez une idée à me proposer... »

Tiberio

Le Prince-Marchand tourna vers l'importun un visage bien taciturne. A la lumière des puissantes lampes qui illuminaient la salle, on lisait dans son regard une pointe d'agacement, et même de mépris. La familiarité, l'exubérance et la fatuité de ce soudard efféminé et aviné lui déplaisaient déjà ; c'est que cet hybride l'abordait comme s'ils étaient de vieux camarades - pis, comme s'ils étaient du même rang. Du bonhomme et de ses frasques, Tiberio en avait entendu quelques bribes ; bien assez pour savoir à qui il avait affaire. Du reste, il appréciait fort mal d'être pris pour une solution de secours, sous prétexte que son idiot de fils n'était pas disponible - oubliait-on que l'or d'Ascanio était avant tout celui du père ?

« Puisque l'on s'arrache vos services, vous auriez tort de les brader », répliqua-t-il. Puis, s'approchant de l'hybride assez près pour que lui seul l'entende, il chuchota : « me croyez-vous assez stupide pour engager un assassin au vu et au su de tous mes invités ? La discrétion est le propre de votre profession, du moins le croyais-je ; et votre nom est bien trop connu à mon goût. Vous me créeriez plus de problèmes que de solutions. »

Il n'en dit pas davantage, mais la proximité évidente de l'assassin avec certains de ses rivaux ne jouait pas non plus en sa faveur ; Tiberio n'avait pas pour habitude de sous-traiter ses basses besognes à n'importe qui. Il ne tenait guère à ce que ses plus noirs secrets parviennent aux oreilles de quelqu'un comme Krish Al'Serat...

Résumé:

Alors que les festivités étaient bien entamées chez les Vossula, il se trouva encore quelques invités pour arriver sur le tard. Sous le regard de gardes passablement lassés par les nombreux cortèges, un ne se fit guère remarquer, ajoutant simplement à l’interminable liste de présents des rouleaux d’un tissus délicats et chatoyants, qu’il décrivit au serviteur tenant le registre comme particulièrement adhérent à la peau grâce à certains procédés. Non sans un clin d’oeil, il assura avec bonhomie que cela s’avérait miraculeux pour les toilettes des dames… Avant de s’enquérir de la présence de sa femme.

Informé de sa présence, il se rendit donc là où la foule de convives buvaient, bavardaient, s’enjaillaient gaiement, dans l’élégance la plus totale. Le nouveau venu, s’étant servi au plateau d’un esclave dénudé, enjamba d’ailleurs l’un de ses confrères, à l’ivresse affirmée, qui le salua avec bonne humeur. Les verres s’entrechoquèrent, tandis qu’il l’aidait de son mieux à se relever - autant que faire se peut avec sa canne -, et la discussion prit un agréable chemin tandis qu’ils conversaient des merveilles de la soirées. Cependant, le vieil homme à la coiffe bleutée s’intéressa tout particulièrement à l’histoire d’une “charmante” - les termes précis seront censurés pour les oreilles chastes, conséquences prévisibles d’une franchise éméchée - dame toute vêtue de rouge, dont la robe avait flambé…

Peu de temps après, il fut vu s’éloignant du coeur de l’activité, s’engouffrant avec tranquillité dans la demeure. Nulle crainte à avoir, il n’était pas seul : un serviteur confus le précédait en l’enjoignant à retourner auprès des invités tout en se faisant repousser par les réponses polies mais pressantes du marchand qui, après tout, ne souhaitait qu’embrasser sa femme et remercier le Vossula qui, parait-il, s’était empressé si cordialement de protéger sa dignité...

Plongé dans une conversation, l’oreille fine de Ryth fut attiré par une autre conversation. Ce qui semblait être deux amis de longue date échangeaient à propos d’une créature peu aisée à voir et encore moins à attraper : Le Loup-Mage. Il y avait un Semi-Elfe et un humain. Tous les deux avaient sortie leurs meilleurs habits mais on sentait bien qu’ils étaient des voyageurs, vêtus de cuir, une aura spéciale, l’œil vif prêt à percevoir la moindre merveille. L’un deux était mieux habillé que l’autre, sûrement un marchand vagabond ou un rétameur ambulant. Une chose était certaine, leur conversation l’intéressait plus que celle dans laquelle il s’était abîmé. Inclinant la tête auprès de ses interlocuteurs afin de prendre congé, il se dirigea vers les deux individus en levant sa coupe à leur direction avant de s’exclamer :

- Vous avez vu un Loup-Mage ?

- Hmm… pas moi, j’ai perdu espoir il y a bien des années, c’est Nopnyrn qui prétend en avoir vu un mais personnellement, je suis persuadé qu’il l’a vu dans ses rêves. Commença le premier avant d’éclater de rire.

- Je suis certain de ce que j’ai vu ! Je sais, c’est rare d’en voir. J’étais en Zagazorn, j’ai eu de la chance.

- Je n’en ai jamais vu, enfin seulement dans les livres, j’ai du mal à m’imaginer la bête, pouvez-vous me le décrire ? Il était comment ?

- Hmm… fit-il pour réfléchir quelques secondes afin de se remémorer l’aspect de la bestiole. Comme un loup mais avec les pattes plus allongées comme décrit dans les livres. Il était gris mais ce n’est pas sa couleur qui m’a intrigué mais plutôt les arabesques de couleur sur son corps, sa fourrure. Elles étaient bleu agate. Il s’arrêta dans sa description comme tétanisé par un souvenir.

- Hey, reste avec nous. T’es à court d’idées ou quoi ? Dit son ami tout en lui donnant un coup de coude avec le bras qui tenait la coupe contenant le breuvage qu’il sirotait.

- Hm.. ha oui, pardon… Dit l’humain en se reprenant. C’est son regard, il me hante encore tellement j’en suis amoureux. Cette intelligence qui émane de ses yeux … Je n’avais jamais vu ca. Il m’a regardé dans les yeux… et les lignes sur son corps se sont mises à luire d’un beau bleu lapis lazuli. Secouant la tête, il essaya de décrire plus mais n’y arrivant pas, il abandonna en plongeant son regard dans sa coupe.

- Haha… Nopnyrn amoureux d’un loup-mage. On devrait fermer boutique et essayer de dompter la bête afin de vous faire faire des tours dans la rue. Scanda Thelmun en éclatant de rire jusqu'à ce que Ryth parle.

- Je ne crois pas qu’il soit possible d’apprivoiser cette bête. Personnellement, je n’oserais même pas essayer.

- N’écoutez pas Thelmun. Il dit n’importe quoi à longueur de journée. Et de toute facon, même si c’était possible, je ne le ferais pas. Cette bête est trop magnifique. Nous ne sommes pas dignes. Il acquiesça pour lui-même et se présenta à Ryth en inclinant la tête. Je suis Nopnyrn et lui c’est Thelmun. Nous sommes dompteur. Nous voyageons en roulotte et nous vendons nos captures ici et là. On écoute les ragots pour savoir s’il n’y a pas de créatures intéressantes qui auraient été vu aux alentours des terres que nous traversons. Et toi ?

- Moi, c’est Ryth’ten. Je fais pas mal de chose et le domptage est l’un de mes pêchers mignons. En ce moment, j’essaie d’emprunter d’autres voies afin d’apprivoiser plus « naturellement » les créatures qui m’intéressent. Ce n’est pas évident.

Etc etc… la conversation continua longuement. Les trois Miradelphiens échangeant sur le domptage et leurs meilleurs souvenirs. Discutant aussi les méthodes et autres joyeusetés du genre, Ryth étant le plus vieux ne fut pas celui qui parla le plus. Les deux étrangers, ne faisant que ça de leur vie, avaient bien des histoires à raconter pour monopoliser la conversation. Ryth aimait bien ces deux là. Le concept de leur vie était intéressant. Il se demandait s’il ne devrait pas y réfléchir.

Furibonde, Ombeline rebroussa vivement chemin, ne souhaitant en rien que son imbécile de mari la retrouve. Pourtant, à l'approche de l'atrium et de la foule qu'elle y entendit, elle ressentit une boule d'appréhension se former, se nouer dans son ventre. Ralentissant le pas, la belle dénudée hésita. Quel autre chemin prendre ? Qu'espérait-elle faire à présent ? De l'air. Je veux prendre l'air. Contrarié, elle jeta un coup d’œil dans l'encadrement de plusieurs portes... Jusqu'à tomber sur un spectacle qui lui plut : une cuisine encombré d'esclaves et de serviteurs, avec une fenêtre ouverte à son extrémité.

Ainsi, se fut d'une démarche impériale qu'elle traversa l'habitacle, moins vêtus que le plus dévêtu des esclaves.Ses pieds ne la remercièrent pas, l'informant des éclats et irrégularité du sol. Peu lui importait : enfin, elle put s'offrir à l'étreinte froide de la nuit, sa peau se couvrant vite d'une fine chair-de-poule. Qu'importait. Si elle se présentait maintenant à la foule, elle giflerait le moindre goujat qui loucherait sur elle. Et c'était peu dire qu'elle avait sondé le terrain plus tôt ! Ainsi, Ombeline s'enfonça dans les jardins.

Pendant ce temps, les convives riaient, se soulaient, et dansaient allégrement à l'intérieur. Cependant, certains regards pensifs, portés vers l'extérieur, aperçurent ce corps blanc et pur, fouetté d'une chevelure rouge. Il y en eut pour se gausser, d'autres s'interrogèrent, d'autres encore furent encore plus égarés dans leurs pensées. En tout cas, la rumeur se répandit gaiement parmi les convives, chacun y allant de son petit commentaire : la Dame vêtue de rouge n'était plus vêtue de rien, et semblait vouloir hanter les jardins des Vossula !
Actions:

La conversation avec Nopnyrn et Thelmun était tellement intéressante que Ryth aurait pu y passer des ennéades entières. Dur de s’en extraire, ils s’étaient déjà promis de se revoir dans l’ennéade pour la continuer et le Sombre se doutait que ce ne serait sûrement pas là la dernière de leurs rencontres. Il maudissait presque l’obligation d’escorter Shyn’tae jusqu’au Puy car il avait sérieusement autre chose à faire. Et il la maudit encore plus quand il vit passer la longue chevelure atypique d’Ombeline tentant d’échapper à l’Atrium complètement nue. Il ne savait ni son nom, ni où elle habitait. Mais la voir se diriger vers les cuisines, semblant vouloir prendre l’air, l’inspirait. Une inspiration née de cette chevelure aux allures de langue de lave mordant l’air à mesure qu’elle s’empressait de sortir.

- Nopnyrn, Thelmun, on se recroise dans l’ennéade. J’ai fais une promesse à quelqu’un et je dois la tenir. Rentrez bien.

Il salua ses deux compagnons de conversation puis se dirigea à l’extérieur en quête de la Dame vêtue de rien. S’enfonçant dans les méandres du jardin, il fini par la retrouver et même s’il s’égara à poser son regard sur ce dos offert aux quatre brises, il s’arrêta à bonne distance en disant :

- Vous vous préparez à affronter la chaleur mordante du Puy d’Elda en prenant un bain de fraîcheur ? C’est une mise en abîme intéressante que vous m’offrez là. Je vous imagine près d’une rivière magmatique où la chaleur de la lave vient vous offrir une caresse contrastant durement avec la brise glacée des grandes plaines. Je vous ai fais une promesse, puis-je me permettre de la tenir en vous offrant mon escorte pendant votre promenade aux allures d’entrainement glacial ?

Finit-il en s’approchant pour la rejoindre, le regard concluant en venant se poser dans le sien. Attendant un signe d’acceptation ou de refus de sa part. Il était hors de question de déranger la dame en rouge. Il espérait qu'elle allait accepter car il avait été intrigué de la voir accepter ses bras en début de soirée. Et cette curiosité dépassait le cadre de cette soirée. Il était curieux de voir jusqu'où son courage serait prêt à aller après la petite mise en bouche qu'elle lui avait fait en venant se frotter à un Sombre. Il se demandait si elle était prête à goûter à la bise déchirante des lourdes chaînes du Puy d'Elda. Et il allait bientôt savoir où s'arrêtait sa témérité.

Mais ne brûlons pas les étapes. Le Sombre n'était même pas encore certain d'avoir envie de l'emmener jusqu'à cette finalité.

Elle avait eu raison, prendre l'air lui faisait du bien. Évitant tant qu'elle le pouvait les invités installés dans les jardins - tiens, n'était-ce pas le râle familier de son "ami" armateur, qu'elle avait entendu par là ? -, la Dame vêtue de rien s'était isolée, bienheureuse d'échapper à son imbécile d'époux, son immonde amant et à l'oppression que faisait naître en elle l'idée même de retourner dans une foule de soulards aux atours dégueulassés de vin et de graisse. Reprends-toi et cesse de faire ta pucelle effarouchée ! Tu en as vu d'autres... Frissonnante dans la fraicheur de ce soir d'été, elle eut néanmoins la désagréable surprise d'être retrouvée... Mais pas par qui elle croyait.

Une promesse... Une promesse de danse de l'épée... Un long doigt fin se porta à la commissure de ses yeux, y subtilisant l'ombre d'une larme, pour ne laisser que l'orage dans ses mires grises, avant de se tourner vers l'indésirable. Son état d'esprit était loin d'être le même qu'au court de la danse, et c'est avec un regard sans sourire qu'elle fait face au "militaire", les bras croisés, cachant les auréoles de ses seins blancs. Saoulée de poésie, elle ne trouve en l'instant guère de charme dans ses manières, voire se méfie même de l’ambivalence des propos... Et à la menace qu'il lui semblait percevoir dans l'ombre de ses yeux.

"Malheureusement, je n'ai jamais connu pareil paysage... Et n'escompte pas changer ce fait d'ici la fin de ma vie, puisqu'il me semble que le prix a payer ne serait rien moins que ma liberté." souffla-t-elle d'une voix dont elle ne tenta guère de cacher la dureté.

Avait-on jamais entendu parler d'un humain se rendant dans le cœur du Puy autrement que comme esclave ? Pas elle en tout cas. Liberté. Ce mot qui lui avait semblé si doux quand Laurin l'avait libérée... A présent, il lui semblait n'être qu'un vile bonbon. Sucré en surface, amer en son cœur. Les hommes restaient des salauds... Qu'en était-il des drows ? Cette surprenante réflexion amena l'ombre d'un rire sur les lippes carmines de l'ancienne courtisane. Oh, elle en avait entendu des histoires d'horreur, d'amant sombre dans les bordels... Mais la vérité, qu'elle était-elle ? Ses colères et ses questions s'entremêlaient follement. De plus, son goût pour la provocation revenait à la charge... Arme comme bouclier, bien souvent. Que risquait-elle ? Femme libre et mariée, invitée, lui de même. Aucun danger qui ne lui fut familier ne l'attendait en pareilles circonstances. Papillonnant des yeux, Ombeline se ravisa, se fondant de nouveau son image de Dame vêtue de... Peu de chose, présentement, et offrit à son invité surprise un sourire plus élégant.

"Enfin... Votre volonté à tenir semblable promesse vous honore. Faites... Ces jardins me sont un tableau suffisamment plaisant. Cela dit... J'ai peur d'avoir oublié ma robe... - son regard se fit chafouin - ... et je ne voudrais pas attraper froid..."

Disant cela, elle jeta des regards à la ronde. Qui sait, quelques amants empressés pourraient y avoir oublié de quoi la vêtir ?

Duh! Voilà exactement le genre de réaction qui lui faisait regretter d’avoir tué ce maudit elfe. Ça lui faisait mal de l’admettre, mais Tibério avait raison sur ce point : Zaahrian était beaucoup trop connu maintenant. Le pire dans tout ça, c’est qu’il l’avait cherché! Il aurait pu disparaître avec l’argent, mais non! Il avait lui-même demandé à ce qu’on organise une petite fête avec de la musique, de la danse, de la bouffe et surtout beaucoup d’alcool. Après, Zaahrian s’était peut-être vanté ici et là de son exploit. Du coup, oui on le connaissait plutôt bien. Cela dit, tous ces gens pensaient qu’il était un mercenaire un peu plus doué que la moyenne, pas un assassin. Il aurait fallu qu’il soit complètement débile pour aller crier ça sur tous les toits. Certes, ce n’était pas non plus un secret absolu et les quelques personnes connaissant la véritable identité de Zaahrian pouvaient avoir bavassé ici et là. Il n’avait aucun contrôle là-dessus, mais comme personne n’était venu l’arrêter encore, il estimait le secret relativement bien gardé. « Certes, vous n’avez pas tout à fait tort, mais pour ces braves gens, je ne suis qu’un talentueux mercenaire. » Il haussa les épaules. « Vous ne savez pas ce que vous manquez, mais sachez que l’offre tient toujours. Si jamais vous avez besoin de quelque chose, vous savez où me trouver. » Zaahrian inclina la tête, car il ne négligeait jamais les bonnes manières, puis laissa Tibério à ses affaires. À vrai dire, il commençait à fatiguer et se demandait s’il ne ferait pas mieux de rentrer. Aller au lit avant le lever du soleil, Zaahrian devenait certainement raisonnable. Il s’offrit un dernier tour de piste avant de prendre le chemin de sa demeure.

Ryth se demandait s’il ne dérangeait pas la jeune femme lorsqu’il la vit lui faire face sans sourire. Sa méfiance s’évertuant à lui confirmer la chose. Qu’est ce qui lui était arrivé ? Le Sombre n’en savait rien. Dans ce tableau emplit de stoïcisme, il y avait pourtant ce zeste de pudeur en elle. La seule différence, c’est qu’en la voyant casser tant bien que mal sa poitrine avec ses mains, il ne savait plus si elle jouait les fausses prudes ou si elle était franche avec lui. Dans le doute, il décida d’écouter sa réplique à son égarement onirique. Il y trouva beaucoup de sagesse et de prudence. Accompagnée d’une voix dure loin d’être naïve. Une réplique obligeant le sombre à mimer la réflexion, réfléchissant déjà ce qu’il allait lui répondre.

Une réflexion assez longue pour laisser le temps à l’Ombeline dansante de resurgir. Il ne savait pas ce qui hanta l’esprit de cette dame à la chevelure rougeoyante. Mais ca n’avait plus d’importance, car vu comment les choses étaient en train de vriller, il imaginait déjà la conclusion de cette glaciale rencontre. Et c’est la surprise qui le prit lorsqu’il la vit se raviser pour aller dans son sens. Aussi, il l’écouta, encore. Tout en observant ce sourire. Il écouta cette réplique rebondissant avec Art sur son image onirique. Et ne put s’empêcher de sourire en coin lorsqu’elle fit une sorte de boutade à propos de sa robe. A dire vrai, il ne savait pas comment elle l’avait perdu. La dernière fois qu’il l’avait vu, elle était encore habillée. Il se rappela qu’il l’avait confié à Ascanio et se disait que ce dernier avait sûrement voulu mettre en pratique ses quelques pics poétiques.

C’est surtout la voir épier à droite et à gauche presque théâtralement qui le plongea dans un sérieux dilemme. Des regards qui allaient avec ses dernières paroles.

« Vos paroles sont pleines de sagesse. Il y a effectivement d’autres paysages à voir que les plaines balafrées des terres stériles, ces jardins conviendront très bien pour ce soir même si je ne cache pas l'envie de vous emmener dans des endroits plus intéressants. Quand à votre peur de tomber malade, si ce n’est que ça, je peux bien vous confier ce bout de tissu. »

Et sur ces mots, il fit du dilemme une histoire ancienne. Tranchant en dénouant le ruban de tissu qui retenait son Kaftan. Tirant sur les pans, il fit glisser le tissu le long de ses bras pour venir le glisser sur les épaules de la jeune femme en disant :

« Une escorte doit toujours veiller sur sa protégée. Faites-moi juste la promesse d’attraper et de dissimuler ma dague si un garde passe trop près. Je n’aimerais pas qu’un des sbires de ce palais me prive de votre agréable compagnie. »

Il prit une pause puis lui proposa son bras pour l’accompagner sur quelques pas dans les jardins. Ce Kaftan confié à la belle dévoila un torse à la musculature athlétique. Il y avait bien des cicatrices ici et là qui venaient scarifier sa peau anthracite mais difficile de les distinguer dans l’obscurité lunaire. Quand à la dague, elle était là, bien en évidence, calée entre la ceinture ceignant son pantalon en cuir et son ventre. Seul le pommeau d’acier en dépassait. Quand à son bras, si elle doutait encore de sa force, elle allait pouvoir en jauger elle-même de ses yeux.

Mais bon, l’heure était aux présentations aussi lui dit-il :

« Ryth’ten, c’est ainsi que vous pouvez nommer votre mystérieux militaire. Aurais-je l’honneur de savoir comment se nomme cette cavalière qui ose accepter de se frotter au même Sombre par deux fois ? »

La question posée, les présentations faites, il finit par se taire, posant son regard sur le sien, bien curieux de découvrir le nom de la dame en rouge.

Flottant dans le tissu de son cavalier, dont la douceur encore tiède la fit frémir, l'ancienne courtisane accepta bien volontiers le bras offert, sa délicate pâleur contrastant grandement avec sa puissante noirceur. Bien trop poétique que tout cela... S'amusa-t-elle, tout en appréciant, d'entre ses paupières mi-closes, le spectacle ainsi offert, à la fraîcheur du soir. Cependant, les manières étant ce qu'elles sont, Ombeline rendit son regard au sombre, affichant un léger sourire en coin, tandis qu'elle initiait une marche tranquille au cœur des jardins, son bras sur le sien, l'autre rassemblant les pans du vêtements. Fi de son époux, fi d'Ascanio, la compagnie d'un sombre lui changerait bien les idées...

"Ombeline De Cyr, aimable militaire, tel est mon nom. N'ayez crainte pour votre lame, je saurais où la cacher des regards indiscrets. susurra-t-elle. Quant à mes actes... Oser est un bien grand mot... N'est-ce pas la moindre des choses envers nos voisins ? Si leurs gens n'osent même pas se toucher, comment deux cités pourraient-elles se rapprocher ?"

Avec un rire léger, elle les guidait d'un pas élégant et lent, au hasard, dans les parages de la demeure Vossula, évitant les endroits qui lui semblaient trop habités, cherchant les couverts où son époux ne risquaient pas de la trouver aisément. De son regard alerte malgré ses paupières éprises de langueur, elle surveillait donc les alentours, tout en goûtant la prestance de son 'escorte'. Oui, rien qu'au physique, elle comprenait l'attrait des filles de joies, face à ce feu où il était tentant de se brûler. Quant à parler d'horreur... Elle n'y avait pas encore gouté. Qu'il m'est facile de retomber dans ce jeu... Et il lui était bien difficile d'en être agacée.

"Vos dires m'intriguent : seriez-vous grand voyageur ? Thaar me vit naître, et ne me donna guère d'occasion de voyager. Une mère bien familière, réconfortante aussi, quoiqu'étouffante parfois... Il m'est donc des plus plaisants que de m'entendre conter ce qu'il se trouve au delà de ses remparts." dit-elle aimablement, avec une pointe de curiosité.

Ryth était satisfait car plus ils échangeaient et plus il retrouvait la jeune femme faussement prude qu’il avait eu dans les bras. Et ces échanges flattaient avec douceur la grâce Eldéenne qui émanait de lui. Aussi essaya-t-il de rester attentif à ses mots. Ce trait de caractère chez Ombeline l’attirait et contrairement à d’habitude, il n’avait pas envie de se perdre dans la contemplation céleste.

Il aimait beaucoup son prénom et il retrouvait un peu de ce prénom dans la manière dont elle avait à s’exprimer. Surtout dans cette manière de venir lui susurrer ce qu’elle venait de lui susurrer. Des mots qui éveillèrent sa curiosité. Une curiosité assez éveillée pour presque espérer qu’un garde passe trop près d’eux afin de pouvoir lever le voile sur le mystère qu’elle venait d’installer. Pour ce qui était de ses questions, elles sous-entendaient que se frotter à un Sombre était un acte libéré. Une idée qui lui plaisait bien. Il n’aimait pas les faibles et ce genre de mentalité dégageait quelque chose de fort dans sa forme qui lui était propre. Aussi, il y acquiesça mais n’y répondit pas tout de suite. Il n’était pas politicien aussi, il lui servirait la réponse du voyageur, éventuellement celle de celui qui arpente les villes Miradelphiennes.

Attentif à ses gestes, il avait l’impression qu’elle fuyait quelqu’un ou qu’elle cherchait un endroit à l’abri des regards. Si c'était quelqu'un, il n'avait aucune idée de qui ça pouvait être. Sûrement celui qui l'avait mise dans cet état. Et il ne put s’empêcher d’apprécier cette marche qui avait vraiment des allures d’escortes essayant tant bien que mal d’éviter les embuscades. Une allure qui amena une question ouverte à laquelle, il acquiesça. Se demandant bien comment la jeune femme pouvait faire avec la sédentarisation. Il en était bien incapable. Il n’était pas las de marcher mais décida de l’aider à trouver cet endroit discret. Après tout, c’était lui le Sombre. C’était à lui de l’emmener dans les méandres de l’obscurité. Là où seul Tesso était encore capable de les épier. De plus, elle semblait vouloir se frotter aux Sombres, il était trop tard pour qu’elle puisse reculer maintenant qu’elle avait touché le feu d’Uriz. Aussi, sans réellement lui permettre de s’en rendre compte, il dirigea leur ballade vers un pavillon caché dans les méandres des bosquets. Un endroit qu’il avait remarqué plus tôt lorsqu’il avait été errer dans les jardins avant d’aller s’inquiéter de son cheval. Et pour détourner son attention, il répondit à ses questions :

« Oh… je vous fais confiance. Et vous avez bien raison, les mélanges sociaux permettent de pimenter la routine coutumière. Cela permet, à des gens comme vous, de pouvoir goûter au voyage par l’intermédiaire des autres. Suis-je un grand voyageur ? Je ne sais pas. J’ai quatre siècles derrière moi, il est facile pour moi de prétendre avoir été partout. Il est facile pour moi de prétendre être un grand voyageur. J’aime voyager, ca c’est certain. Cela ravive en moi une flamme qui tend à s’éteindre si je reste trop longtemps au même endroit. Une flamme qui m’a permis de goûter aux danses péninsulaires, aux coutumes d’Estrevents. Sans ca, je ne saurais pas danser la danse de l’épée, qui est une manière intéressante de mettre en abîme la geste chevaleresque. »

Des paroles qui les rapprochèrent de l’objectif. Il avait la mémoire des lieux mais ce jardin lui tournait la tête, il n’espérait plus retrouver le dit pavillon.

« Bref. Je ne vais pas vous dire où j’ai été, où j’ai aimé aller. Il est plus intéressant de vous demander, à vous, où vous aimeriez aller, ce que vous aimeriez voir ? Après tout, on a du vous raconter bien des contes, vous avez du ouvrir bien des livres pour combler vos journées derrière ces remparts. Qui sait, peut être que je pourrais vous servir d'escorte un autre jour ... afin d'assouvir le souhait de réalisation de ce rêve.»

Et il finit par conclure cette phrase en s’arrêtant pour venir poser son regard sur le sien. Le pavillon n’était plus qu’à quelques mètres. C’était un pavillon à ciel ouvert circulaire. Une moitié du cercle était murée et l’autre marquée de trois ouvertures, l’ouverture centrale permettait d’entrer à l’intérieur et était flanquée de deux colonnades. Les ouvertures latérales servaient à rendre l’endroit moins confiné. Un petit muret permettait de s’asseoir au chevet de ces deux ouvertures. Et si l’intérieur n’était pas grand, il y avait assez de place pour s’y asseoir afin de lire un livre sur le banc de pierre sculpté dans l’édifice.

Il s’était arrêté car un garde s'interposait dans ses projets. Il était entre eux et le dit pavillon. Et venait dans leur direction. Faisant quelques pas pour couper la route à sa cavalière, il se mit en face d’elle et posa une main sur sa hanche, l’autre dans sa nuque. Avant de venir lui murmurer à l’oreille :

« Je crois qu’il va falloir faire attention à nos pas. Il ne faudrait pas que nous tombions dans une autre embuscade. Vous avez le choix, Ombeline. Il m’est plaisant de mettre en pratique vos idées philosophiques. Etes-vous d’humeur à donner de votre âme pour rapprocher nos cités ? Où êtes-vous d’humeur à crier à l’aide pour les diviser ? La folie ou la sagesse ? Hmm… je ne sais même pas qui est qui dans cette histoire. »

Finit-il en faisant mine de réfléchir au dilemme proposé. Son regard finissant par se plonger à nouveau dans le sien. Ses doigts glissant entre les racines de sa chevelure rougeoyante. Venant l’agripper avec douceur. Car au final, il avait envie de mettre des gestes à ses paroles et lui murmurer les dangers. Mais pas trop fort, comme lorsqu’on essaie d’apprivoiser ou de dompter un animal. Juste assez pour qu’il comprenne où il va mais pas suffisamment pour qu’il prenne peur.

Comme il vous est facile que de vous écouter parler... A l'écoute, Ombeline fut quelque peu désappointée : nul récit intriguant ou extraordinaire, seulement la promesse d'un vécu plusieurs fois centenaires. Malgré ses allures exotiques, il lui évoquait en l'instant, par ses manières, un marchant revenu d'un long voyage qui n'aurait de cesse de s'en vanter. Agréable pour lui, finalement quelque peu ennuyeux pour elle. Plutôt que lui raconter, il insistait sur sa volonté de l'emmener. Ce fait finit par percer la douce langueur de son jeu, ravivant le souvenir des histoires sur les sombres esclavagistes.

En était-il un ? L'ancienne courtisane ressentit brusquement un frisson, froid et sans délice, alors que cette possibilité lui traversait l'esprit. Rien ne pourrait lui arriver ? La sensation de leur solitude ne lui fut soudainement plus agréable, mais se fit alarme et... Prendrais-tu peur, désormais ? Se morigéna-t-elle, offrant toujours son bras au noirelfe. Se forçant à calmer sa respiration, tout en battant légèrement des cils pour cacher son trouble, elle sentit néanmoins son cœur s’emballer quand, après son bras, il s'offrit sa hanche puis sa nuque. Une brusque inspiration trahit sa surprise, alors qu'elle le voyait, le sentait si proche, et que ses doigts la tenait, présents dans sa chevelure. Pour l'instant doux, mais Ombeline avait eu tout le temps nécessaire pour constater la présence d'une musculature suffisante pour faire de cette retenue une exigence. Trop vite, trop tôt... Si semblable intérêt l'eut amusée en un autre temps, les précédents évènements la rendirent rétives... Voulant respirer...

Rien n'est plus tentant pour un prédateur que de sentir sa proie paniquer. Une vérité ô combien expérimentée. Ô combien observée. La belle se fit violence, transformant un regard trouble en assurance, tandis que ses hanches venaient se coller à celles de son 'escorte'... Tout en surveillant du coin de l'oeil le garde qui passait, lorgnant de leur côté sans grande subtilité, davantage concerné par les charmes se devinant sous le vêtement dans lequel elle flottait... Tout en conservant un bras entre elle et Ryth'ten, sa paume sur son torse nu et chaud, tandis les doigts de son autre main se posaient sur les lèvres du sombre, si généreuses en jolies formulation.

"Ni folie ni sagesse, maître militaire... souffla-t-elle contre le dos de sa main, yeux dans les yeux avec l'immortel . ... Mais la prudence. Si l'embuscade fut évitée, l'erreur stratégique reste envisageable. De même que l'incident diplomatique. Si je suis prête à donner de ma personne, mon âme reste ma propriété. Là est là seule chose que l'on ne sut me dérober, et je ne compte pas la concéder ainsi, même pour cette cité. Je ne suis que l'épouse d'un humble marchand de tissu après tout. fit-elle avec un clin d’œil amusé, avant de reculer son bassin une fois le garde éloigné. Bien... Je crois que votre dague fut dissimulée comme il se doit. Par précaution, elle préféra ajouter. Je crains que la soirée n'ait été plus éreintante que ce que je pensais. Votre prévenance ne parvient à me garder du froid, vaillant militaire, il va me falloir rentrer."

Cela dit avec une assurance délicate, quoiqu'en dise le nœud de tension dans son ventre.

Ryth ne savait pas ce qui circulait dans la tête de sa cavalière mais il en avait une bonne idée. Car, il avait déjà vu ces états d’âmes sur les esclaves et les futurs esclaves. Le doute, le dilemme, la peur, le frisson menant au désespoir. Ils dansaient sur un fil. Elle était monté sur le bord d’un rempart et il dansait avec elle pour voir si elle allait tomber dans ses bras. C’était une douce sensation délicieuse, une sensation sur laquelle il voulait rester. Comme ce moment de calme avant la rage et la férocité d’une bataille. Ce moment où l’adrénaline est sur le point de monter avec l’attente. Seule sa surprise l’intrigua. Il pensait avoir pris des précautions et avait l’impression de l’avoir brusqué en envahissant son espace vital. Il était ce voleur furetant surprenant une habitante de la maison qu’il visitait, figeant les deux êtres. Comme s’ils ne savaient pas quoi réagir, comme s’ils suspendaient le temps pour s’observer.

Mais le temps ne fut pas suspendu longtemps ou plutôt, fut suspendu autrement. Le temps que le garde passe, il apprécia de la sentir se rapprocher. D’une manière dont il n’attendait pas moins d’elle. Il aimait ces mains, si la paume sur son torse le faisait frissonner, il ne le crut pas et pensa que c’était la brise qui venait chatouiller ses côtes. C’est surtout ces doigts sur ses lèvres qui étaient communiquant d’une délicieuse image lyrique caressant son âme. Assez délicieuse pour qu’à mesure qu’il l’écoutait, décide s’il voulait définitivement la briser ou l’épargner. Et cela, les yeux dans les yeux.

Toujours ce jeu dans ses mots… ce jeu militaire qu’il avait instauré. A chaque fois qu’elle l’utilisait, il avait l’impression d’être envoyé sur les planches en train de rejouer une scène théâtrale. Quand au sujet de ses paroles, il était d’accord avec elle. Aussi, lorsqu’elle eu fini de parler. Il inclina la tête avant de lui répondre simplement :

« Une prudence qui vous sauve. Je pense aussi que le moment est le mieux choisit pour faire une trêve et ne pas s’égarer sur des chemins périlleux. Cette danse brumeuse est bien trop délicieuse pour laisser la lumière en chasser les ombres maintenant. »

Il prit une pause et s’éloigna légèrement d’elle en disant :

« J’espère que l’expérience n’a pas été trop éprouvante. Ce n’est pas tous les jours qu’on survit à un Sombre. »

Puis, il se retourna après un dernier regard en murmurant :

« Vous pouvez garder le vêtement pour vous prémunir du froid qui vous hante, je n’ai plus rien à cacher. Rentrez-bien, Kyona¹. J’espère que quelqu’un vous escortera sur le chemin du retour. A notre prochaine rencontre.»

Finit-il avant de commencer à s’éloigner en direction des écuries. Il ne marchait pas bien vite, elle pouvait encore le rattraper si elle nécessitait une escorte jusqu'à chez son époux. Quand à lui, il aurait bien sifflé son cheval nullement attaché. Mais il préféra chanter quelques mélopées Eldéenne à la voûte céleste. Tout en la laissant ici, près de ce pavillon. Son kaftan pour seul vestige de leur rencontre.

¹ Prudence, Prudent.

Resserrant son emprise sur le vêtement, Ombeline salua le noirelfe s'éloignant d'un sourire. Lentement, son cœur s'apaisant au fur et à mesure que le froid se faisait davantage sentir. Habituée à la chaleur d'autrui, l'ancienne courtisane s'en sentie d'autant plus isolée... Avant d'embrasser ce sentiment. Cela valait mieux, parfois.

Bientôt, elle prit le chemin inverse au sein du jardins, la tête haute malgré sa tenue atypique, retournant à l'atrium, retournant... Auprès de son époux. Ce vieux fou serait on ne peut plus heureux que de la ramener.
HRP:

Arrivé aux abords de l’écurie, le Sombre cessa de chanter pour mieux siffler sa monture. Cette dernière n’étant pas attachée, fini par le rejoindre à l’entrée. Sachant qu’elle cherchait caresse, il glissa ses doigts sous son Auge. Et du bout des doigts, il commença à la caresser. Mais l’heure n’était plus à lui donner une pomme, l’heure était à partir. Une main sur le pommeau de la selle, un pied dans l’étrier, il tira pour se hisser sur sa monture. Puis attrapa les rênes afin de l’inviter à faire quelques pas. Il sentait bien que sa monture avait besoin de se défouler, de se dégourdir les pattes. Elle était restée trop longtemps statique. Mais ce ne serait pas ce soir que le Sombre l’y emmènerait. Aussi, pour la calmer, il vint glisser sa main sur son encolure pour une caresse avant de la tapoter. Puis, se redressa pour lui commander à avancer vers la sortie à l’aide de ses talons.

Inclinant la tête envers les gardes qui gardaient l’entrée, il finit par s’éclipser dans les rues de Thaar. Il avait des songes plein la tête, la soirée ayant été pleine d’événements intéressants. Il ne savait pas trop ce que tout ca allait donner. Mais il n’était pas pressé. C’était un éternel, il laisserait les choses venir quand le temps serait voulu. Pas la peine de brusquer quoi que ce soit. De toute manière, la liste était trop longue et il n’aurait pas su par quoi commencer. Il ne put s’empêcher de sourire alors qu’il s’engouffrait dans les méandres de Thaar en pensant qu’un instant si court pouvait être source de tant de rencontres. Et se demandait ce que cela ferait s’il faisait ca de manière ininterrompu pendant un siècle. Et l’idée même lui donna le tournis. Alors il se contenta de disparaître préférant aller rêver de ces rencontres, la tête posée sur un oreiller.

La fête se poursuivit jusque tard dans la nuit, bien que nombre de convives aient progressivement pris congé. Malgré l'heure tardive, un groupe d'irréductibles ne semblait pas disposé à partir ; il faut dire que la cabane était confortable et que le buffet était toujours bien garni. On profiterait des largesses de l'hôte jusqu'aux premières lueurs du jour, si Tiberio Vossula ne chassait pas ses invités à coups de pique avant.

Les choses prirent un tournant inattendu lors qu'Ascanio apparut sur le balcon intérieur qui surplombait l'atrium. Passablement éméché, il semblait peiner à se tenir bien droit et tenait dans ses bras un tas de linge informe. Il s'éclaircit bruyamment la gorge pour capter l'attention de l'auditoire et se lança dans un discours des plus décousus :

« Chaaaalut la *hic !* compagie... gniiie, ch'est encor' moaaa. Ch'suis ben content qu'vous choyez v'nus ch'choiiir pour chélébrer mon ANNIVERCHAIRE !! Pour vous r'merchier fallait qu'j'vous montre la churprije. J'ai quarante ans maintenant et ch'dois être responchable PARCHE QUE J'AI DES RECHPONCHABILITEEES ! *hic!* et qu'un jour ou l... l' autre je serais Pince Méch... Brince March... Prince Morch... ... je serais l'grand PATROOOOOON ouiiii *hic !* mais ch'sr'ais pas éternel et j'dois pencher à l'après-moi, et après moi ch'ch'ra lui... MON FICHE !!! »

Et ce faisant, il tendit les bras pour élever au-dessus de sa tête le tas de linge qu'il tenait, et qui abritait en réalité un nourrisson à moitié étouffé sous les couvertures. L'enfant se mit à brailler et à s'agiter, achevant de capter l'attention de tout l'atrium.

« ASCANIO ! rugit la voix puissante de Tiberio Vossula, qui était toujours en bas avec les invités. Cesse ces simagrées ! D'où sort ce chiard ?
- J'l'ai ach'té au temple voiz... voigin, Père, z'ont des orphelins à pu chavoir qu'en foutre...
- Tu vas le faire ramener là-bas immédiatement !
- Non, Père, répliqua Ascanio, une lueur de défi dans le regard, vous m'avez d'ja privé d'Caley et Vahram, vous m' priv'rez pas d'mon Zébulon ! »

"Zébulon"? Le mot résonna dans la salle, laissant les convives circonspectes quant au choix d'un tel nom.

« CH'UI LÀ, JAMAIS J'L'ABANDONN'RAI !!! » s'écria Ascanio, défiant son père du regard, allant même jusqu'à agiter un poing en direction de son paternel.

Seulement, il avait oublié qu'il tenait l'enfant.

Il ne vit que les visages des convives dont le regard descendit du balcon jusqu'au sol, puis il y eut le bruit d'une chute, un craquement sinistre, des pleurs qui s'étaient stoppés nets. Ensuite, il y eut des cris d'affolement, des expressions incrédules, et beaucoup de gêne.

Mince, pensa Ascanio, que l'incident fit rapidement déssoûler.

C'est le moment que choisit Tiberio Vossula pour annoncer que la fête était finie.

» [MdO2019] Equilibrium | Myr
» [MdO2019] Dénouer les noeuds | Triumvir
» [MdO2019] Fern, je te choisis! | Urgoll
» [MdO2019] Un avenir bien sombre | Grayle
» [MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 1 - Le départ de Diantra

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée