[MdO2019] Glorifier la Décadence | Ellipse 13:XI

Une gourgandine à moitié nue m'abreuve de réflexions désobligeantes, alors que dans l'histoire c'est son terrible noiraud, accessoirement lourdaud, qui comme un bâton dans les roues, a interrompu mon rythme. Ce dernier n'était ni saccadé, ni effréné, il était parfait, j'étais la musique et la musique était moi, en moi... En fait, j'étais presque en transe avant de rentrer dans les trébuchements fatidiques de ce jour, et je vivais pleinement mon personnage, plutôt que de le jouer... Il m'avait fallut enchaîner autant de danses que de verres pour en arriver là, fricotant avec les nues, et me voilà de nouveau les pieds sur terre, expédiée avec une arrogance maîtrisée et ce, devant tout le monde. Je ne peux égaler sa classe,, robe déchirée ou pas. Puis il m'en faut plus pour disjoncter. D'ailleurs je ne veux offusquer personne, ni la belle au fantastique décolleté, ni son cavalier drow, ni personne. Surtout pas lui. J'ai peur, je l'avoue. Je respire. Je souffle d'énervement, et reste muette face à la rodomontade. Bras tendu, ma paume de main face à eux, – comme celle d'un jeteur de sort prêt à expédier son art –, je pointe enfin mon annulaire incliné vers la rougeoyante beauté d'une façon plus que vulgaire, signifiant à la belle dame qu'il ne lui reste qu'à aller se faire baiser. Je me retourne, faussement indignée, puis m'éloigne à pas mesurés dans la crainte néanmoins qu'elle ne me saute dessus par derrière, par surprise, comme je l'aurais fait moi-même. Heureusement, elle ne me saute pas dessus... Elle préfère peut-être se faire sauter par le noirelfe qui la fait tournoyer dans tous les sens. Eh, puis pourquoi pas après tout... Chacun ses goûts. Moi ce n'est pas l'envie qui me manque, plutôt la prestance et le courage qui convient afin d'alpaguer dans mon lit, un ou une de ces ténébreuses créatures... Inaccessibles... Elle vivent plusieurs fois centenaire, m'a-t-on dit... Mais du haut de mes deux décennies entamées, je me contente de ma condition... Je ne peux pas me permettre de fricoter avec eux... Je dois rester à ma place, et c'est en y restant que l'on se fait le plus seyant dans ce monde de brutes. Oui voilà. Je suis un simple charlatan, ce soir une simple fêtarde, qui n'a pas besoin de se faire remarquer... Je me faufile, philosophe éthéré traversant la salle à la recherche du buffet. Obéissant en fin de compte aux ordres d'Ombeline, je m'éloigne des danseurs, bougonne, et m'en vais picorer – picoler – un tantinet histoire d'alimenter, d'échauffer la bête que je suis, lorsque je me retrouve spectateur d'une scène entre drows qui met un terme à mon indolence.

« Mais c'est que vous avez de l'humour, les Eldéens... Moi qui vous croyait tous carnivores... Ou pédérastes. Ou bien n'ai-je point entendu tout à l'h... Enfin non, je rigole bien-sûr, oui je rigole je rigole... »

Que ? Qu'ai-je dis ! Con de moi ! Je rougis. Pourquoi ai-je ouvert ma sale gueule de merdeux. C'est l'alcool à n'en point douter. Con de lui... J'avale le nectar de ma coupe remplie, cul-sec et dans la confusion qui m'investit, une fois vide je laisse tomber le verre qui s'écrase à nos pieds...

« Je... Je ne voulais pas dire ça... Hihihi, huhuhu... Je suis moi-même pédéraste, hihihi huhuhu... »

Je suis la confusion même. Mais je m'enfonce peu plus.

« Je... Oui, non. Ce ne sont pas là les manières d'un galant drow ceci dit... Mais... Enfin... Vous avez le coup de main... Enfin... Je... Ne... ? Je vous ai vu danser, MAGNIFIQUE, oui, excellent... Le rrrrythme dans la peau ! Vous vous connaissez, j'imagine ? Ne... Ne vous en faites pas pour moi je vous laisse tranquilles... Je m'en vais, oui, oubliez moi, désolée, désolée... » Quelques pas à reculons m'élancent en arrière, préparant alors ma fuite je bégaye encore quelques incompréhensibles onomatopées, lorsque mon élan est ralenti par le corps d'un autre convive. Pour changer, au lieu de trébucher je lui marche sur le pied ! Heureusement je suis léger... Et vivement qu'il ne soit pas un de ces sadiques claqueur de fesses, sinon je suis fait. Je sens le poids d'une brute épaisse contre moi. Je me retourne. Oui, l'effarouchée... Je dois jouer l'effarouchée, sinon je suis cuit...

« Hihihi, huhuhu... »

Actions, réactions !:

Ah, l'audace d'un geste, d'une promesse et même ! d'un baiser. A peine a-t-elle le temps d'apprécier cette friandise qu'elle voltige, l'Ombeline. Nul doigt levé d'une agaçante ne saurait la détourner de ce jeu de regard et de soupir qui lui échappe encore, tandis qu'elle finit, dans un tournoiement de tissus carmins et de chair rosée, dans les bras de celui en l'honneur de qui se joue cette partie. Le vilain gourgandin s'est enfui... A tournoyer sans cesse, ne reste que le goût du vent sur mes lèvres, et point de vin. S'agace-t-elle doucement, se réchauffant au feu de cette coquine frustration, tout en offrant à son globuleux et nouveau cavalier l'éclat d'un sourire délicieux. Ah, les yeux, qu'ils disent tous. Elle n'y répond pas moins par un délicat rire de gorge, ignorant les manières du stupide volatile.

"Ah, le jeune Sire Vossula ! le salue-t-elle avec entrain. Ombeline De Cyr, pour vous complaire. Quel curieux manège qui me mène ainsi à votre bras... elle susurre alors que, reprenant son équilibre, elle presse doucement son bassin contre le sien, tout en levant vers lui un regard amusé. ... L'occasion, cependant, ne se manque pas. Permettez-moi de vous souhaitez, à nouveau... poursuivant son avancée, se rapprochant davantage dans une douce oppression, pour mieux lui murmurer à l'oreille. ... Un joyeux anniversaire."

La chaleur de son timbre se communique à sa chair qui, soudainement, en à assez d'être envoyée valser aux grés des envies de ces messieurs. Prenant l'initiative, la Dame vêtue de Rouge recule dans une inspiration, entraînant son cavalier avec un rire suave. Ce n'est pas l'usage, bien souvent les hommes dirigent... ! Que lui importe, le jeu n'est pas figé et l'imprévu s'y invite. Déplaçant ses mains de façon à pouvoir le guider, en danseuse aguerrie, par de subtils impulsions et pressions de son corps, l'ancienne courtisane emmêne l'homme dans une valse à la grâce sensuelle. Point les valses raides dont se rengorgent les cours péninsulaires, point du tout ! Celle-ci est vive et entraînante, leur corps s'éloignent pour mieux se retrouver. C'est qu'elle espère bien pouvoir la savourer, son échappée !
Résumé:

Au bord du buffet, je regarde un moment la fiole. Je n’aime pas du tout cet endroit…non, je ne me trouve tellement incongrus. De plus,mon entré en scène a de quoi me ridiculiser. Pour renchérir, ma sœur me mets dans une position plus que malaisante par son baisé. Qu’est qu’il lui prend ? Elle ne m’a jamais fait ça. Pourquoi tout d’un coup de baiser ? Non, il y a quelque chose qui cloche chez elle. Elle n’est pas comme ça. La faute est dû à ces mauvaises personnes qui chamboule son esprit ces derniers mois. C’est sûr. Puis merde ! elle se manque deux fois. Elle me rejette par son égoïsme et m’humilie ! Puis, ce baiser est vraiment malsain. Il faut que je trouve un moyen de la remettre sur le droit chemin.

Je tremble de colère, perturbé pour le coup. Dois-je fuir cet endroit ? Non, oublies ta sœur. Pour le coup, il est mieux que tu t’éloignes d’elle pour ce soir. Tu es là pour toi après tout ? Tu es là pour dépasser tes limites ? Puis, partir ? Ce n’est pas une bonne solution. Si, ma sœur se met en danger…ou qu’elle boit trop. Il est préférable que je sois là pour avoir un petit œil sur elle.

Je regarde la fiole. C’est une mauvaise idée. La drogue n’est pas mon délire. Je laisse la fiole sur la table pour ceux qui désire de se droguer. Je me contente du vin. C’est bien mieux le vin. Ça va aider à me calmer, à oublier. Au loin, je regarde ma sœur. Ces « partenaires » l’abandonnent. Aux vues de sa réaction, elle semble les mépriser ou elle est contrariée. Les hommes ont dû surement l’abandonner. Tant mieux, pour le coup, elle le mérite bien.

. Impressionnant, tout à l'heure. Aucun de mes apprentis n'aurait fait mieux. Et pourtant, ils sont très forts.

Je manque de choquer de surprise, je me mets à fixer. Elle me parle et me montre tous les assortiments sur la table. Elle semble prendre plaisir à me taquiner. Je reste silencieux

- Ca va plutôt bien avec le vin. Je recommande. Tu sais, à ton âge.. Elle s'arrête un instant. Façon de parler... j'avais trouvé quelque chose que je voulais faire, et je bossais jour et nuit pour l'accomplir. Je ne passais pas mes soirées à me ridiculiser.
Elle m’adresse un sourire. Je détourne légèrement le regard.
« « Vous….Vous vous trompez…Madame.. » je réfléchis et je reprends « Oui…j’ai agis comme un con sous la peur du monde. Mais…..mh…j’ai la même détermination que vous sur mon désir de réussite en tant que futur mage.»
Une poigne vient me saisir du bras, m’attirant loin de l’atrium. Qu’ai-je fait ? On me jette dehors ? Puis, je me retrouve face au partenaire de ma sœur. Je le regarde interloqué…

T'a quel âge gamin ? Première chose à savoir avant de coucher avec une femme... Si on est pas maso ou suicidaire, on ne touche pas aux Eldéennes.... Ensuite… c'est vrai que t'es encore puceau?

« Non….non, je ne suis pas puceau » c’est la première réponse que je lui ai donner. Je me demande pourquoi d’ailleurs… « J’ai 17 ans…monsieur. »

Lorsqu’il me parle de l’Eldéenne. Je regarde au loin la dame. Ma sœur a dit de me méfier des drow. De l’autre coté, mon ami Davud m’a dit que les drow sont les meilleurs femmes pour être décomplexer.

« Merci pour ce conseil. Mais, ne vous en faites pas monsieur…Cependant…je suis désolé de la réaction de ma sœur. Je suis aussi surpris que vous…Je….Je ne sais comment le prendre…je ne pense pas qu’elle a une arrière pensé…mais peut être un moyen de me dire d’aller en avant….Enfin….je ne la comprends plus ces dernier temps…. » je le regarde droit dans les yeux

« Si tu veux souffrir c’est ta peau. Va et que je ne vous revois plus ni toi ni ta sœur » répond l’homme en question

« J’assumerais…mais j’aimerais que vous la mettez mal à l’aise…Vous pouvez rendre ce service. Je vous jure que je vous dérange plus. » demande-je.

Je le remercie d’un sourire humble, satisfait de sa réponse.Je réfléchis un moment avant de répondre.

"Elle m'a beaucoup humilié. J'aimerais...qu'elle comprenne qu'elle a dépassé les bornes."

Puis, je fixe de nouveau la drow. Un homme est en train de lui parler. Ma seule chance est de tenter d’avoir une discussion avec elle…Voir. Danser. Je m’incline devant l’homme avant de m’approcher de l’Eldéenne en question. Est-elle si terrifiante ? Je ne sis pas….Elle a l’air sympathique…atypique.

« Madame…. J’aimerais…montrer une autre part de moi…..j’ai mal commencé…J’espère qu’avec vous…je peux me rehausser. Acceptez-vous une danse avec moi ? »

Le coeur bat la chamade. Je sens la chaleur sur mes joues. Pourtant, je la regarde avec détermination. Balan tu vas réussir. Balan! Tu vas réussir![/

Le Noirelfe attendait la réaction de sa compagne de voyage. Ces paroles étaient quelque chose devenu coutumier pour contrebalancer le cynisme certain de Shyn’tae. Il fallait toujours que ce soit l’un ou l’autre qui lance la chose. C’était comme pour vérifier si elle était toujours vivante. Et la réplique qu’elle lui adressa, même s’il la trouva un peu molle, fut à même de le satisfaire. Elle n’avait pas perdu sa langue. Normalement, il se contentait que de paroles, d’invectives. Mais cette fois, il avait eu besoin d’extérioriser le feu d’Uriz qui s’était emmagasiné en lui pendant l’altercation. Il était soulagé. C’est comme si la petite présence coutumière de la Noirelfe lui avait manqué. Cette présence que les dieux avaient décidés de lui infliger quotidiennement à cause du voyage. Mais il y avait autre chose qui lui manquait : Son arme. Levant la paume de sa main droite à hauteur de poitrine, il l’ouvrit et recroquevilla les doigts comme s’il pouvait saisir le pommeau. Les dents serrés, observant sa main, il imaginait l’une de ses épées meurtrir sa peau marquée par l’effort.

Quelques secondes passèrent et décontractant son bras, il le laissa retomber le long de son corps afin de répondre à Shyn’tae. C’est qu’il était presque prêt à l’inviter à danser.

« Je ne saurais pas vous répondre. Mais je suis sûr d’une chose. Votre langue acerbe m’avait manqué. »

C’était un moyen de lui dire qu’il l’aimait bien. Qu’il était prêt à lui tendre le bras pour lui proposer quelques pas de danses. Inspirant grandement, il pria Zhak’bar pour le remercier de lui avoir sauvé la mise lorsqu’il vit un moucheron venir se poser dans la toile imperceptible de Shyn’tae. Mais avant le moucheron, il y avait eu l’intrépide qui avait eu le courage d’échanger des paroles avec eux. Ryth ne savait plus s’il devait sourire ou froncer des sourcils tellement les répliques s’étaient succédées à une vitesse prodigieuse. Il se contenta de hocher du crâne lorsqu’il la vit battre en retraite. Elle avait eu la sagesse que l’adolescent n’avait pas.

Mais il était hors de question qu’il marche dans les plates bandes d’une collègue adepte des vices et des sacrifices humains. Aussi, avec un sourire malsain, il s’éloigna pour mieux se rapprocher de la foule dansante. Le feu d’Uriz était toujours présent en lui, il avait ce besoin de danser. Il avait ce besoin de se mélanger à cette mêlée dansante. Hors de question qu’on coupe des têtes sans lui. Analysant l’espace comme un soldat analyse une bataille, il remarqua que certains couples s’adonnaient à l’échange de cavalières. Permettant à la fois de pimenter la danse et de permettre aux fatigués de la quitter.

Le drow ne se fit pas prier, dès l’instant où il vit une ouverture, il récupéra la cavalière quémandant un cavalier et s’engouffra dans la faille. Puis, dansant, il l’emmena ici et là. Et lorsqu’il fallait changer, il changea. Réceptionnant une dame, puis une autre après avoir confié la suivante à un autre. Au détour des danses, il vit qu’Ascanio avait bien réceptionné Ombeline. Et il ne put s’empêcher de hocher du regard vers leur direction pour les saluer. Ryth se plaisait à ce jeu de danses. Il avait l’impression de revivre. Il sentait son âme brûler du feu d’Uriz. Il danserait jusqu’à ce qu’on décide de mettre fin à cette danse.

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Non, mais Zaahrian n’était pas là pour faire des courbettes et des galipettes devant tout le monde. Il était surtout là pour boire et manger. Devant le peu de réactivité de la part de Krish à la suite de sa requête toute gentille, il fut semi-tenté de prendre les choses en main, mais un rapide coup d’œil vers le principal objet de son attention lui confirma qu’il n’avait peut-être pas envie de parler affaires dans l’immédiat. Ascanio venait de récupérer sa partenaire de danse et il louchait tellement sur le décolleté de la belle que ses yeux voulaient lui sortir de la tête. Il ravala donc toute remarque impertinente pour plutôt se concentrer sur l’action devant lui. Krish le présenta à une jeune femme ravissante à la fois ravie et gênée d’être le centre de l’attention. « Ah? Je n’ai rien entendu! » Déclara-t-il franchement. Il ne disait pas cela pour être désagréable, mais parce que c’était la stricte vérité. Zaahrian ne l’avait pas entendu chanter, du coup il ne pouvait pas juger. « Mais si Krish le dit, je suis certain que c’était ravissant… »

Il connaissait assez Krish pour savoir que, malgré son sourire, elle n’en avait rien à faire. Il eut envie de rire, mais se garda bien de le faire. Ça aurait été cruel que de gâcher ce moment de pur plaisir pour cette jeune femme. « Je ne connais pas cette ville, mais… » Un des convives lui marcha soudainement sur le pied, faisant presque voler en éclat les efforts de politesses de l’assassin. Il baissa les yeux vers le maladroit, prêt à l’invectiver copieusement, lorsqu’il croisa un regard qui lui était familier. « Voilà la personne que je cherchais! » Léonie voulait déjà battre en retraite avec un petit rire nerveux, mais Zaahrian passa un bras autour de ses épaules et le ramena contre lui dans un geste de possessivité. « Mais où vas-tu comme ça, mon p’tit cœur en susucre? » Le malheureux se retrouva écrasé contre le torse de l’assassin qui prenait un malin plaisir à le mettre dans une position hautement embarrassante. « Je pensais l’avoir perdu dans toute cette foule! Alors, on s’amuse? » Zaahrian resserra un peu plus sa poigne, un sourire de tueur sur les lèvres. « Excusez-moi, je vous présente mon ami… c’est quoi ton nom ce soir déjà? Agathe? Léandra? Gertrude? »

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A moitié de profil, déhanchée, le regard noir, la sorcière avait pointé une main accusatrice en direction du livreur d'esclave. Malheureusement, le petit pain aux épices qui s'y trouvait diminuait sensiblement l'effet dramatique de la pose.

- Tu…

Une jeune humaine manifestement éméchée l'avait interrompue en bafouillant une série de tirades à moitié comprehensible. Apparemment, l'une d'elle au moins contenait des compliments, aussi Shyn'tae prit le temps de s'intéresser à leur auteur, la dardant du regard.

- C'est très gentil. Malheureusement, j'ai déjà bien assez d'une buse à m'occuper. Revenez lorsque vous aurez appris à vous exprimer. Au revoir.

Un sourire d'autant plus effrayant qu'il était charmeur, accompagné d'un petit signe de sa main libre conclurent sa réponse. La suppliciée trébucha contre un convive, qui s'empara d'elle aussitôt, comme c'était apparemment la coutume dans cette contrée exotique. La drow reporta son attention sur Ryth'ten.

- Reprenons. Tu…

« Madame…. J’aimerais…montrer une autre part de moi…..j’ai mal commencé…J’espère qu’avec vous…je peux me rehausser. Acceptez-vous une danse avec moi ? »

La drow ferma un instant les yeux, ce dont profita apparemment Ryth'ten pour s'eclipser. Était-ce une épreuve que les dieux lui infligeaient pour mesurer son manque de foi? Devait-elle dire au gamin que l'autre dame noirelfe dansait bien mieux qu'elle? Non, ce serait inutilement cruel envers la première flamme. La drow allait juste l'envoyer paître. Quel père indigne laisserait-il ainsi son enfant harceler les invités, pensa-t-elle en avisant Dante qui passait plus loin.

Son regard cruel se tourna vers le garçon, qui l'observait, timide. Ses grands yeux débordant d'espoir semblaient littéralement briller à la lueur des chandelles.

***
Quelques minutes plus tard

***

Qu'est ce que je fiche là… c'est moi la buse. Ainsi donc, elle dansait lentement avec les autres couples, tractant comme un gracieux remorqueur le garçon tout raide qui s'agrippait à sa taille et qui, tel in mini Ascanio, semblait incapable de quitter sa poitrine des yeux. Pour la dixième fois, elle reprit laconiquement ses explications.

- Normalement, c'est d'abord le pied gauche, puis le droit, dans cet ordre et certainement pas les deux en même temps. Et détends-toi, tu tiens ma robe comme si tu t'apprêtais à l'arracher.

Oui oui, Zaahrian. Chanté. Oui oui.

- Ne t'excuse pas. " sourit Krish à la ravissante jeune femme innocente aux joues rougies lorsqu'elle avoua qu'elle aurai aimé être plus discrète.

Puis la jeune femme dévoila enfin son identité, le visage de Krish s'illumina un bref instant avant d'aficher un sourire des plus taquins. Alors c'était elle ! La nouvelle demoiselle de Geresh. Depuis qu'elle avait reçu la tête de son belle oiseau dans un coffret, elle n'avait porté qu'une attention distraite à la cité blanche. Ses contacts dans la pègre lui avaient rapportés des échauffements et elle leur avait donné l'ordre de réagir le plus discrètement possible, mais elle avait des affaire plus urgente que de s'assurer que le conseil de Geresh ne tournait pas anti-eldéen.

Elle allait répondre juste après Zaahrian lorsqu'une jolie créature - quoi qu'un peu étrange - les interrompit. Il y avait du niveau de pot de peinture... A côté de l'eldéenne qui ne portait qu'un trait de blanc pour rehausser la couleur de ses cils et laissait à la vue de tous les très nombreuses cicatrices qui ornaient son dos et ses bras, il y avait de quoi choqué... Et les Thaaris aimaient ça plus que de raison.

- Et bien si tu as trouvé de quoi t'occuper alors. " rit-elle à l'intention de la grande gueule de semi-elfe devant l'air ratatiné du garçon travesti qu'il tenait trop fermement pour que cela semble amical. Elle se tourna du côté d'Ascanio, dansant langoureusement avec la femme dont Zaahrian avant déchiré la robe. Timing par-fait. " Ascanio ! " lança-t-elle sans s'approcher. " J'ai là un ami qui meurt d'envie de t'être présenté. " Elle désigna Zaahrian d'un geste de la main. " Celui qui a tué le malade du marché libre. Vient papoter avec lui à l'occasion. "

Qu'il le veuille ou non, Rhian avant maintenant le droit à son quart d'heure de gloire. Les yeux se tournaient vers lui avec admiration. Suffisament grand et costaud pour être remarqué dans la foule, Ascanio le trouverai facilement. Elle lui ficha une bourrade dans le dos dans un style très "à toi de jouer mon grand " et retourna toute son attention vers la jeune femme venue de Geresh avec un soupire faussement blasé.

- Les fêtes. On a jamais le temps de se reposer quand on est en mission diplomatique... " mais son sourire félin en disait long. Elle proposa son bras à Aerianna pour faire quelques pas loin du trou noir d'attention que l'eldéenne venait de créer autour de Zaahrian, en direction de la périphérie de la salle, un peu plus tranquille et loin des musiciens. " A présent, je suis tout à toi, Aerianna... Tu es la fille de Rauast Hiisi, n'est-ce pas ? " elle chercha les yeux de l'humaine. " Tu sais, ce que tu racontes n'est pas trivial. Je possède un manoir sur le bord de mer à Geresh. C'est une ville magnifique, mais j'avoue ne jamais avoir eu l'occasion de m'y rendre au printemps. Peut-être que la princesse de la région pourrait me la faire visiter à la saison prochaine une fois qu'elle ne sera plus troublée ? "

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Dernière édition par Aerianna Hiisi le Sam 26 Jan 2019 - 15:32, édité 1 fois

L’hybride dont Krish avait pris le bras s’était très vite détourné de la discussion, dès le moment où il avait trouver quelque chose à faire, ainsi, il avait dû se servir de la drow pour attirer l’attention d’Ascanio. Une pointe de fierté monta, je n’avais pas eu besoin de tel artifice pour attirer son attention, et j’avais désormais toute celle d’une autre membre proéminente du conseil de Thaar. La soirée allait décidément comme je l’avais imaginée. J’acceptai son bras sans hésiter une seconde, j’avais l’impression de me jeter volontairement dans un piège en m’isolant avec elle du tumulte dont l’hybride était l’épicentre. Il fallait que je cesse de penser comme ça, avec cette infériorité que je savais avérée, il fallait que je me grandisse, il était possible que je siège à côté d’eux dans le futur, alors pourquoi ne pas agir comme si c’était une évidence ? Elle se jetait autant dans le piège que je lui tendais que moi dans le sien, là était la réalité, si j’y croyais assez fort.

Une ombre passa sur mon visage à la mention de mon père, mais elle s’évapora aussitôt, alors que je répondais à l’affirmative d’un petit hochement de tête. Le reste, cependant, m’ébahit. Comment se faisait-il que j’ignore quelque chose d’aussi important ? Krish Al’Serat possédait un manoir à Geresh. Père avait plutôt tourné son regard sur l’intérieur des terres et tout ce qui était cultivable, il n’avait que peu d’intérêt dans les zones du bord de mer, mais il aurait dû le savoir et me prévenir quand il m’avait aidé à me préparer à cette soirée. Au moins, maintenant, je le savais, pensais-je en envoyant le sujet là où il ne me dérangerait pas.

Et d’un coup, Krish Al’Serat s’invitait en quelques mots à Geresh. « En ce cas, tout le plaisir sera pour la princesse en question. » Répondis-je avec un sourire sincère. Je ne pouvais pas répondre quoi que ce soit d’autre, et surtout, je ne le voulais pas. Cela me laissait assez de temps pour affermir ma position sur Geresh et fragiliser celle de mon père. Peut-être que celle qui mènerait Krish à travers les sentiers fleuris ne serait plus une princesse mais comme une reine. « Quant aux troubles, aucun ne peut être assez sérieux qu’il m’empêcherait de tenir mes promesses. » Le ton était direct, mais pouvait être autant interprété comme un défi qu’une assurance de ma solidité. Puis, en minaudant. « Mais nous ne nous sommes pas éloignées de cette foule que pour parler d’un printemps si lointain, pas vrai ? » Je baissai les yeux alors qu’un petit sourire s’étalait progressivement sur mon visage. Que venais-je de proposer ? Mes mots semblaient proposer une discussion plus concrète, mais ce que mon attitude juste maintenant suggérait me fit monter rougir encore un peu plus, si c’était possible.

Résumé:

La jeune gourgandine effarouchée tentait de reprendre contenance. Après la sincérité d'une réponse orgueilleuse, elle parla avec aplomb. Presque un défi. Son visage délicat, si juvénile, affrontait celui de la Princesse qui se revendiquait à présent eldéenne, ouvrant - entre autre - les perspectives d'un nouveau marché de taille considérable. Le sourire de Krish s'affina, guettant plus attentivement les yeux noirs de ce chaton avide de devenir un tigre. Restait à savoir si elle avait le potentiel suffisant pour réaliser son souhait.

D'un point de vue pragmatique, Krish avait toutes les raisons d'espérer que ce soit le cas si leur première rencontre se passait bien. Et sinon, elle avait toujours le temps de placer quelques pions pour lui mettre du plomb dans l'aile pour éviter l’émergence d'un nouveau membre du Conseil opposé à Elda.

La timidité farouche de la jeune fille revint pourtant au galop. L'assurance qu'elle tentait de placer dans ses mots était en totale contradiction avec son attitude. Attitude qui en disait long sur les idées qu'elle mettait derrière cette question à double sens. Une humaine, fille d'un charmant xénophobe Oesgardien, qui renouait avec des désirs indus pour les siens sans en avoir visiblement l'habitude. S'en était charmant.

Ses longs cheveux, aussi sombre que ses iris, ombrageaient lâchement ses joues d'ange. Ce petit sourire s'épanouissait en même temps que la couleur honteuses de ses pensées transparentes. Krish but une gorgée de sa coupe déjà à moitié vide, laissant quelques secondes s'égrainer avant d'entrer d'un pas dans l'espace personnel de la jeune humaine, comme elle le faisait si facilement avec ses interlocuteurs. Si Aerianna reculait d'un pas, elle aurait le dos collé à l'un des épais piliers qui ornait l'impressionnante architecture de ce palais.

La daedhel se pencha légèrement pour pouvoir parler à voix basse, de façon à ce que les fêtards non loin ne puissent entendre. Sa main glissa doucement derrière les quelques mèches noires, sous le menton de la jeune femme pour lui faire relever les yeux, laissant tout le loisir à la demoiselle de repousser son geste. Elle ne reculerait pas pour autant, cherchant son regard.

- Ah bon...? Dit moi ce à quoi tu penses, dans ce cas. "

A quelques mètres, la soirée battait toujours son plein et la musique était aussi audible que le brouhaha des conversations.

« Hihihi... Huhuhu... Zaahrian... Grand sot que tu es... Que dis-tu... Hihihi... Huhu... Oh... Oui, oui... C'est bien moi, Agathe... Agathe de... De... de Vive-Voix... ! »

On s'éloigne quelque peu du buffet et des gens.

J'explose de rire. Un rire aigu.

« Bah oui c'est moi, Léonitchou... Tu es trop fort. »

Fichtre, je suis fait. Finie la mascarade. A vrai dire, je suis décontenancé par la beauté de mon interlocuteur. J'adore les femmes, ça c'est sûr... Or certains hommes ont le pouvoir de m'attrirer comme une merde, les mouches... Comme une force supérieure venant à bout de mes moyens, comme une chaleur réconfortante sur qui reposer sa virilité, car il la porte mieux que tous...

Deux secondes sont des heures lorsqu'il me lâche un tantinet et que nos regards se croisent. C'est sans compter la soirée qui autour de nous n'a cessé de battre son plein, on se fait interrompre alors que l'on vient tout juste de se retrouver.

Car c'est là qu'une des noirelfes apostrophe mon Zaz, et ils sont semble-t-il assez complices l'un de l'autre, à en saisir la recommandation qui fuse dans l'air. Comme je ne suis qu'un petit figurant de rien, restons humbles, je profite cependant de la proximité des grands acteurs du soir. Qui, qui oserait déranger la coquette compagnie d'un terrible pourfendeur de fou ? Je dépose un baiser sur la joue de mon sauveur, et c'est tout en le prenant par la main sans avant lui pincer bougrement le fessier, que je m'elance à ses côtés au devant de la scène de cette soirée suspendue...

Je chuchote à son intention tout en marchant.

« Bon, c'est Agathe tout court. Compris petit rigolo ? Allez allez bouge toi, si tu veux aller parler à Ascanio en privé je ferai mienne sa cavalière. Autrement, allons danser ! »

Quelle grâce ! Quelle élégance ! Quelle volupté ! Quel talent ! s'émerveillait Ascanio au bras de la dame de Cyr, alors que leur époustouflant duo illuminait la piste de danse.

Il pensait en particulier à ses propres prouesses, bien entendu. Mais la dame de Cyr avait également montré quelques mouvements intéressants. Il aurait probablement été fort réceptif à la justesse de ses pas et l'harmonie de ses gestes, s'il n'avait pas été accaparé, encore et toujours, par les rondeurs exquises de sa cavalière. De ce fait, il ignora autant Ryth'ten que ce pauvre Zaahrian qui cherchait désespérément son attention ; et c'est à peine s'il entendit Krish l'appeler.

Le privilège de sa compagnie demeura donc l'apanage d'Ombeline de Cyr. Nul besoin d'aller trouver une autre cavalière, celle-ci lui convenait en tous points : elle était entreprenante, sûre de ses charmes, superficielle tant par l'esprit que par la beauté. Elle brillait de cette lueur qui, bien qu'illusoire et futile, ne manquait pas d'attirer tous les regards ; une aubaine pour Ascanio, qui l'exhibait fièrement à son bras comme il l'eut fait d'un vulgaire bijou. Et lorsqu'elle se colla à lui pour murmurer à son oreille, le prince fut traversé d'une violente vague de désir. Si cette soirée n'avait pas été la sienne, il l'aurait volontiers prise par la main pour la conduire à travers quelque porte dérobée, derrière laquelle il l'aurait besognée pendant trois bonnes minutes avec toute la vigueur qui faisait de lui un homme. Il la désirait, comme nombre d'invités devaient la désirer eux aussi ; n'était-ce pas, après tout, l'effet qu'Ombeline de Cyr cherchait à produire ? Elle était à l'image de Thaar : une vanité, une icône de frivolité, une friandise au parfum artificiel, jouant à dominer le monde qu'elle surplombait de ses énormes nichons.
Elle était si différente de Caley... Ascanio en prit conscience, subitement frappé de réaliser combien son épouse disparue avait été différente de lui. Dissimulant le trouble que cette révélation suscita en son for antérieur, il se laissa guider par sa cavalière, s'efforçant de chasser Caley de ses pensées. Par bonheur, le charme concupiscent d'Ombeline de Cyr avait ce pouvoir.

« Je ne reconnais pas l'ouvrage de nos ateliers, badina-t-il en faisant allusion à la robe de sa cavalière. Je devrais m'offusquer de vous voir arborer l'œuvre d'un concurrent. Bien qu'à tout prendre, aucune robe ne saurait pleinement rendre grâce à votre beauté, que la nature a déjà tant comblée... après tout, hum, nous sommes nés nus... »

Et le prince de faire comprendre à sa partenaire, à force d'oeillades explicites, dans quel genre de tenue il souhaiterait la voir. Mais il n'eut pas le temps de poursuivre le cheminement tortueux de sa pensée ; comme nombre de danseurs, il s'immobilisa alors que la musique cessait. Quelqu'un avait interrompu les musiciens.

Le tintement d'une cuillère sur un verre en cristal attira l'attention des invités vers Tiberio Vossula, qui s'était avancé au centre de la salle. Et celui que l'on surnommait l'Empereur de la Soie prit la parole, d'une voix claire, forte et distinguée :

« Permettez-moi de vous interrompre le temps de prononcer quelques mots. Ce soir, je suis honoré. Vous m'honorez. Vous avez tous répondu présents, et vous honorez ma maison et mon nom en festoyant sous mon toit. Je...
- J'aimerai dire quelques mots », coupa Ascanio, s'attirant derechef le regard outré de son paternel. Sans s'embarrasser de manières, le fils prodigue grimpa sur une table afin que tout le monde puisse le voir. Guère conscient de l'affront qu'il venait de faire à son père, il entama son discours d'un ton jovial : « quel bonheur d'être de retour à Thaar, avec vous tous, mes amis ! Oui, vous êtes tous mes amis, même ceux dont j'ai oublié le nom si tant est que je l'ai jamais su. Ce qui fait un paquet de monde. »

Quelques murmures gênés parcoururent l'assistance. Tiberio Vossula était déjà livide. "Trouuuu du cul ! " lança Chlamydia.

« Enfin, peu importe ! reprit Ascanio. Comme vous le savez, j'ai quarante ans aujourd'hui ; ce qui veut dire que je suis grand, maintenant. Mon cher père, dont je suis le fils préféré, m'a souvent répété qu'un homme se doit d'avoir des projets. Aussi, sachez-le : ma bonne résolution pour cette nouvelle décennie sera d'accomplir de grands projets. En premier lieu, j'oeuvrerai à la construction d'un temple dédié à Oukilâm'i sak'ekêth, le Dieu à Trois Verges - n'est-il pas aberrant qu'aucun temple à Thaar ne lui soit encore consacré ? Tous ceux qui voudront m'aider à réparer cette injustice seront les bienvenus ! Mais assez parlé boulot. Ce soir, nous festoyons, nous mangeons, buvons et dansons. Je veux qu'on s'amuse, car c'est aussi en appréciant la vie que nous honorons les dieux. Ce soir, nous ne célébrerons pas seulement mon anniversaire ; ce soir, je veux que nous célébrions la joie, la beauté et le plaisir. Le spectacle que je veux vous offrir, mes amis, est une ode à tout cela. »

Alors qu'Ascanio achevait de parler, un homme à la peau noire comme un drow et au visage couvert d'une épaisse barbe blanche s'était avancé dans la salle. Il n'était vêtu que d'un pagne et son corps était recouvert d'inscriptions mystérieuses. Dans sa main droite, un tison enflammé ; dans sa main gauche, une bouteille contenant un mystérieux liquide qu'il ingurgita sous le regard de l'assemblée. Alors il leva la tête, contemplant le haut plafond doré de l'atrium, et approcha le tison de sa bouche.

Une impressionnante traînée de feu s'éleva en l'air, projetant ses étincelles jusqu'au plafond. Ascanio applaudit, impressionné. Le cracheur de feu poursuivit son numéro. Une seconde flamme jaillit, aussi puissante que la première, emplissant l'atrium d'une chaleur tenace et d'une forte odeur de soufre.

Peu à peu, de simples traînées de feu laissèrent la place à des formes harmonieuses et complexes, dont les ombres dansaient sur les murs, tel un ballet fantomatique. Les musiciens se remirent à jouer, mais ce n'était plus un air entraînant et dansant : c'était une mélodie mélancolique, cérébrale, qui vous prenait aux tripes et qui prenait corps avec cette fantasmagorie enflammée. Des voix d'hommes et de femmes se joignirent bientôt à la musique, entonnant un chant lancinant que l'on devinait être à la gloire du prince prodigue :

Il était un homme sans nul autre pareil
De nos jours connu comme Anculio le Bel.
Ce prince aux palais regorgeant de trésors
De cœur était bien plus riche encore.
Sa mise toujours coquette séduisait ces dames
Et au premier regard fille devenait femme.

Bretteur émérite c'est d'une poigne d'acier
Qu'en tous lieux à toute heure il brandissait l'épée.
Le glaive tendu telle une tige turgescente
A tout moment pouvait se planter dans une fente.
Toute une nuit de passes d'armes endiablées
Ne pouvait même au matin l'épuiser.

Toujours à l'affût d'une antre inconnue
Sa lame preste jamais ne s'est rompue.
N'écoutant que son courage au mépris du danger
Il n'est d'orifice que son glaive n'ait percé.
Ainsi en tous lieux à toute heure,
Le héros aux lauriers recueillit toutes les fleurs.

Le héros au cœur d'acier ignorait la tendresse
Jusqu'au jour béni où il rencontra sa princesse.
La trouvant en danger, belle et vulnérable
Anculio lui offrit sa main secourable.
Il protégea la belle de vauriens perfides
Les muscles saillants sous une chaleur torride.
Elle tomba amoureuse et c'est le teint livide
Que la belle découvrit qu'elle était toute humide.

Elle se nommait Carley et était pure et fraîche
Telle la rosée du printemps, la peau douce d'une pêche.
Idôlatrant son héros, toute émerveillée
"Seigneur" lui dit-elle "comme est longue votre épée."
Anculio, voyant combien l'était belle
Passionnément lui téta les mamelles.
Car ayant chassé les bandits menaçant sa vertu
C'était bien justice qu'il pût la voir nue.

La musique touchait à sa fin, et le cracheur de feu se préparait à terminer son numéro en beauté. On le vit fort concentré, ingurgiter une nouvelle gorgée d'eau de feu, et chacun pouvait s'attendre à le voir sortir une belle flamme.

Autant dire que le public en eut pour son argent.

Alors qu'il voulait rejoindre la foule, Ascanio trébucha, bousculant par inadvertance l'artiste qui aspergea son corps tatoué d'eau de feu. La proximité du tison enflammé le fit flamber comme une torche ; la flamme, plus impressionnante que toutes celles qui l'avaient précédées, illumina l'atrium plus que toutes les lumières qui s'y trouvaient. Un hurlement effroyable déchira la salle, alors que le malheureux se mettait à courir, telle une boule de feu, les gens s'écartant à son passage...

Résumé:

Dante revient tranquillement vers le lieu de la fête, goûtant le contraste de la fraicheur nocturne comparativement à la chaleur de la pièce de la réception. Au fil de son avancée, Il entend le woosh caractéristique des flammes crachées ainsi que les vers… Somme bien tournés mais ô combien salace de la ballade. Ascanio a encore frappé. Son padre doit avoir le goût de le renvoyer d'où il vient, à n'en pas douter. Comment il a fait pour vivre aussi vieux sans choper de ces maladies qu'à fourrer son épée dans toutes les fentes tu attrape a coup sûr?

Et Dante espère que la dame mentionnée dans les chansons n'existe pas … Ou plutôt si, qu'elle existe et qu'elle soit dans quelque alcôves pour que cette chansonnette lui parvienne aux oreilles. Il y a des points à éclaircir. Du genre est ce que la dame est aussi… excentrique diront nous pour être poli… que son mari? Ou est ce une jouvencelle dépucelée qu'il a été obligé de marier et dont il se moque avec cette impudence propre aux gens pleins de fric? C'est quelque chose à penser pour sûr.

Alors que les derniers vers se terminent, l'assassin entre dans la pièce. Mais ca dégénère. Dante ne voit pas Ascanio trébucher et bousculer l'artiste. Il n'entend que le whoosh caractéristique précédant une langue de flamme… Un hurlement de fait entendre, le crépitement du feu résonne dans le silence soudain de la salle. Une odeur de cramé, de poils et de cuir brûlé se répand dans la salle. La peau du pauvre gus se cloque, brunit encore plus si c'est possible avant de se racornir et noircir sous la chaleur sèche des flammes. L'eau de feu ne pardonne pas l'erreur.

Les gens s'écartent, tandis qu'une boule de feu se dirige directement vers la sortie. Ou plutôt sur Dante qui est entre la sortie et la torche humaine. Il semble pétrifié, les yeux agrandis par une terreur feinte. Seule une petite lueur dans le coin de son œil vert pourrait laisser porter un doute. Pour se protéger du missile enflammé, le noble du soir lève un bras en un geste de défense. Un pas de côté, un croche pied fait en apparence par hasard du bout de sa canne propulse le malheureux au sol.

L'air en apparence horrifié, Dante fait quelques pas de reculons pour s'éloigner tandis que des serviteurs ayant plus de présence d'esprit que d'autres se précipitent pour éteindre les flammes. Se faisant, il bouscule quelqu'un.

En apparence choqué, le regard neutre, Dante exulte intérieurement. Une autre complainte destinée à Kiel.

Synopsis:

Finalement, Ombeline avait pu savourer une danse et un cavalier comme elle l'escomptait. Quoiqu'un peu exubérant, le Vossula avait bien répondu à ses indications et l'ancienne courtisane n'avait pu que s'échauffer avec courtoisie à ses attentions, répondant à son regard avec le même enthousiasme. Mon cher époux aura de nouvelles raisons de se lamenter. En réponse à son questionnement, la Dame vêtue de Rouge s'était cambrée de plus belle contre lui, avec un doux rire enjôleur, lui offrant une magnifique vue sur les reflets satinés qui parcouraient son corps. Féliciterais-je mon époux de votre part ? Semblable pensée lui avait fouetté les sangs, lui faisant se mordiller la lèvre de soif pour pareil délice.

Alors que son cavalier la quittait pour répondre à ses devoirs d'hôte, la Dame De Cyr avait applaudi avec retenue et élégance, avant d'apprécier tout particulièrement la création lyrique. Mélancolique et grivois ? Que d'audace ! Mais pourquoi chanter si tristement, petit oiseau ? Malgré elle, malgré le désir qu'elle avait pu lire dans ses yeux, et ceux de bien d'autres, qui l'échauffaient d'une envie teintée d'un dégoût familier, l'ancienne courtisane sentit poindre une once de tristesse, en réponse à cette ode à double facettes. Fi ! Je ne suis pas venue pleurer, par Arcam ! La splendeur des flammes avait alors asséché l'humidité qui avait point à ses yeux, et la belle observa le cracheur avec soulagement, se rappelant la raison de sa présence : se noyer dans le stupre, et regarder ensuite son imbécile d'époux s'en attrister.

Tout à ce spectacle, elle n'en oublia pas Ascanio, cherchant à lui remettre la main dessus pour poursuivre leur affaire... Et fut ainsi aux premières loges quand le cracheur de feu connu son tragique destin. Reculant prestement - Qu'elle soit piétinée, déchirée, passe encore, mais je ne laisserai pas cette robe brûler ! J'en ai encore l'utilité ! -, l'ancienne courtisane fut donc prise à la gorge par l'odeur de chair brûlée qui se dégagea du moribond. Sa fuite lui permettant de respirer davantage et, indécise quant à la conduite à tenir pour le pauvre bougre, elle préféra se précipiter auprès d'Ascanio, mimant un fort bel émoi.

"Beau sire, allez-vous bien ? dit-elle d'une voix inquiète, lui tapotant les épaules et les bras comme si de perfides flammèches s'y étaient accrochées. Par les Dieux, perdre une telle figure, en ce si magnifique jour... Après une si belle déclaration, une si parfaite chanson... Je n'aurai pu le supporter ! Ha !"

Avec tout l'art tactile propre à son ancienne profession, Ombeline se jeta dans les bras de leur hôte, l'étreignant avec un soulagement fébrile, pressant son corps aux formes si féminines contre le sien tout en noyant la vile odeur de brûlée dans le musc du Vossula.
Actions:

Zaahrian avait assisté à bien des soirées, certaines plus décousues que les autres, mais jamais il n’avait vu quelqu’un prendre feu pendant l’une de ces fêtes. Bon sang! Du coup, ça le fit oublier qu’il venait de se prendre un vent de la part d’Ascanio qui avait plutôt préféré s’adresser à la petite foule qui assistait à son party. Un vrai spectacle en sons et lumières! Pendant que le pauvre gus rendait l’âme, Zaahrian se tourna vers Léonie qui, ce soir, se présentait sous le doux nom d’Agathe. « Cette fête a véritablement une ambiance enflammée! » Puis pour se venger, il lui pinça tout aussi vigoureusement l’arrière-train. Oui, il l’avait reconnu sans peine. Un coup d’œil avait suffi. « Ça, c’est pour ce que tu m’as fait. Coquine va! » Il se pencha ensuite à son oreille. « Si tu veux savoir, ce sont tes yeux qui te trahissent. Même si tu mets une perruque et une robe, tu ne peux pas changer la couleur de tes yeux. » Zaahrian se redressa un sourire aux lèvres. Pour berner l’assassin, Léonie devra travailler plus fort. « Bon, est-ce que ça veut dire que la petite fête est terminée? Non? En tout cas, il s’est trouvé quelqu’un pour se remettre de ses émotions. » Fit-il remarquer en faisant référence à sa précédente compagne de danse qui s’était jeté dans les bras du prince, en émois. « Et toi, as-tu besoin d’être rassuré? Je me porte volontaire pour cette tâche! »

Dernière édition par Aerianna Hiisi le Dim 27 Jan 2019 - 19:55, édité 1 fois

Elle était si proche maintenant. Trop proche ? Non… J’avais accepté cette main et son mouvement trop simplement, je ne pouvais me convaincre que je n’en voulais pas. Les yeux plongés dans les siens, je ne pouvais plus mentir, plus me cacher. Le double sens que je lui avais servi m’avait été renvoyé dans la figure et je ne pouvais plus me dérober. A quoi je pensais ? Absorbée par son regard rougeoyant, enivrée par ce souffle chaud qui glissait sur ma peau, j’avais oublié. Je n’avais plus moyen de vérifier que ce qui avait empli tout l’espace dans mes pensées était ce que j’avais recherché au début ou si c’était radicalement différent. Mais quelque chose m’empêchait d’agir sur mon intuition, quelque chose en moi refusait que je prenne ce risque non calculé. Le temps sembla s’arrêter autour de moi avant qu’un tintement ne me réveille partiellement de cet état second. Le tintement familier de quelqu’un qui avait quelque chose à dire et qui réclamait l’attention de tous.

Krish sembla reporter une fraction de son attention ailleurs et j’eus l’irrationnelle peur que cette attention que j’avais si durement acquise était sur le point de disparaître. La question revint, et la réponse également. Je n’allais pas mentir, cette fois, et le risque n’en semblait plus vraiment un, ce n’était pas possible que ses gestes ne soient que le fruit du hasard, ils étaient sûrement tous réfléchis, cette intimité relative était voulue. Avait-elle été dans ma position, un jour ? Le frein avait totalement disparu, et après avoir fermé les yeux, comme pour ne pas être témoin de ce que j’allais faire, je m’approchai de l’eldéenne et déposai un rapide baiser sur ses lèvres avant de reculer d’un bond en arrière et de me heurter au poteau dans mon dos. Le choc me rendit complètement lucide et j’ouvris les yeux. Je m’étais surprise moi-même et partais sur un petit rire cristallin. Avais-je réellement fait ce que je pensais avoir fait ?

Le rouge avait finalement envahi intégralement mon visage et il était probablement impossible de trouver une parcelle de peau qui ait gardé sa couleur initiale. « Je pensais à ça. Je crois. » Sous le choc, les mots étaient sortis tous seuls d’une voix hésitante, et le peu d’assurance que j’avais s’évapora. Au final, j’étais bel et bien tombée dans son piège, et je n’avais aucune idée des conséquences.

A ce moment là, un chant commença à résonner dans la salle, je ne l'entendis pas.

Résumé:

L'oreille de Krish s'était dressée au premier tintement du cristal. Mais elle commençait à peine à tourner la tête lorsque de douces lèvres se posèrent sur les siennes. Un instant. Rien qu'un instant. Avant de bondir en arrière.

Les atermoiements de Tiberio et de son fils ne faisaient finalement office que de bruit de fond lorsqu'elle posa de nouveau son regard sur la jeune fille. Un seul éclat de rire franchit la barrière de ses dents blanches. Plus elle observait l'humaine, plus elle devenait cramoisie. « Je pensais à ça. Je crois. » souffla-t-elle. Son visage se figea de surprise et elle n'eut plus une once de peau blanche. C'était si tentant que Krish ne lui fit pas le plaisir de répondre tout de suite.

Depuis le temps, Elle avait oublié ce qui faisait le sel de ce genre de fête. La dernière de cette ampleur qu'elle avait faite à Thaar remontait à une autre vie, avant les Ombres et avant Lui. Mais si elle se souvenait un tant soit peu, c'étaient les femmes et les hommes comme la concubine rouge qui cherchaient les faveurs des puissants. Pas les riches héritières dont la famille était en passe d'accéder au pouvoir suprême sur une cité entière. A l'époque, elle ne s'était jamais préoccupé plus que cela de leurs intensions réelles. Elle n'avait jamais été du genre à se laisser manipuler pour un flirt ou une rumeur bien sentie. Elle agissait selon ses envies et ses convictions quel que soit le domaine.

Mais aujourd'hui, elle aurait juré qu'il y avait une once de folie douce échappant à tout calcul financier. Si certains marchands usaient de leurs charmes sans vergognes, il en fallait bien plus pour les faire rougir. Le baiser qu'elle venait de recevoir était moins fougueux que certaines salutations polies du Puy d'Elda.

Elle s'approcha donc jusqu'à ce que son corps frôle les courbes à peine perceptibles de l'humaine. Une première langue de feu rugit à la périphérie de sa vision, éclairant le visage empourpré d'un bref flash incandescent. Au même instant, par delà le pilier, la lumière dévoilait une pair d'yeux rouges. La silhouette de la jeune drow vêtue de bleu avec laquelle Krish avait dansé un peu plus tôt. Elle était cette fois au bras d'un jeune humain blond doté d'autant de prestance qu'une cuillère à soupe. Son regard perçant se glissait entre plusieurs couples de danseurs pour s'égarer sur le profil du Feu d'Uriz et de la demoiselle de Geresh. Krish le croisa une fraction de seconde. Son expression ne pouvait mentir. Elle avait vu l'audace dont venait de faire preuve l'humaine. Elle guettait, abasourdit.

C'était exactement la soirée dont Krish avait besoin après toute la concentration que lui avaient demandés ces premiers mois à la tête du Puy. Thaar permettait des erreurs impardonnables et des jeux futiles que son rang lui rendait plus difficile d'accès. Un sourire de chat devant un canari fleurit sur ses lèvres tandis qu'elle scrutait plus intensément les yeux noirs d'Aerianna. Ses doigts glissèrent de nouveau dans sa chevelure noire pour la ramener doucement sur une seule de ses épaules. Ses mains effleurèrent à plusieurs reprise la peau de lait rougie d'émotion avant qu'elles ne se posent, pour l'une à sa taille, pour l'autre sur sa nuque. Pas un mot n'avait été prononcé. La litanie obscène d'Ascanio, les voix oniriques et le crépitement des flammes leur tenait lieu d’ambiance.

Laissant leurs poitrines se frôler et sa main serpenter jusqu'au creux de ses reins, Krish se glissa jusqu'au cou de la jeune femme, murmurant deux mots à son oreilles avant d'embrasser sa peau. " A utiliser cette jolie voix pour me séduire, tu dois être prête à en assumer les conséquences. " Pendant que la grande majorité des invités observaient le maître de cérémonie, elle déposa mille baisers langoureux au creux du cou gracile de la jeune femme.

Et durant quelques instants, sans cesser ses assauts, elle leva les yeux droits dans ceux de Shyn.

Puis elle revint à celle qui rougissait sous ses doigts, attentive à ses réactions... Quand un hurlement de douleur la fit brusquement reculée d'un pas, et se mettre en posture de défense.

Se tournant vers le centre de l'attention, laissant Aerianna cachée entre son dos et le pilier, Krish découvrit la torche humaine dont elle n'avait pas même observer le visage jusque là. L'homme se précipita vers la sortie en des mouvements désordonnés. Malgré la réputation lunatique des thaaris, le hurlement de douleur du pauvre saltimbanque n'était pas le seul a retentir dans la salle. Certains avaient reculés. D'autres étaient sortis précipitamment. L'un d'eux avait même faillait se prendre le malheureux en pleine poire et l'avait fait trébuché. Des cris d’orfraies, terrifiés, concurrençaient ceux du mourant. D'autres, tétanisés, restaient plantés là, les yeux rivés sur les mouvements hypnotiques des flammes dévorants la chair.

Le premier instant passé, la daedhel reconstitua rapidement les derniers évènements. Un simple accident. L'homme devait être un Zurthan habitué à faire ses numéros dans le tout Thaar. Ce soir, il s'était viandé. L'odeur de grillade était à la fois alléchante et recouverte d'un répugnant parfum âcre d'eau de feu et de cuir. Lorsque l'humain s'échoua au sol pour se contorsionné, les langues de feu reprirent un balai aussi onirique que durant sa prestation scénique. Leurs mouvements se reflétaient dans les mires sanglantes de l'eldéenne dont le visage se détendit peu à peu.

Elle sentait la chaleur comme si elle s'était tenu à moins d'un pas. Elle anticipait la façon dont les flammes se tordaient, bondissaient et plongeaient. Hypnotisée, le reste de la salle n'avait plus de consistance. Elle les sentait se nourrir de l'humain et quelque chose au creux d'elle-même avait conscience de pouvoir les souffler ou les obliger à se propager d'un seul revers de main. Mais pourquoi intervenir ? L'homme luttait pour garder conscience. Elle le sentait d'ici. Il souffrait sans capituler.

Des serviteurs s'élancèrent enfin, arrachant la nappe d'une des tables du buffet, répandant la moitié des plats sur le sol et les invités qui se tenaient trop près. Pendant un instant, les sauveteurs semblèrent hésiter à plonger leur butin dans le vin qui coulait comme de l'eau avant de se rendre compte que ce n'était pas nécessairement une bonne idée. Et enfin ils tentèrent d'étouffer les flamme en roulant le malheureux dans le tissus et sur le sol.

Les flammes se turent. Krish continua à fixer le corps à moitié caché avec intensité.

Il ne lui avait offert qu'une mort lente... Après ce qu'il venait de vivre, Krish lui donnait facilement trois jours avant de mourir de septicémie ou de faiblesse respiratoire... L'odeur répugnante envahissait la salle.

Il gémissait toujours faiblement, s'accrochant à la vie. Elle le regardait, impassible.

Et elle faisait son possible pour ne pas sourire.

Résumé:

Il fallait reconnaitre que le gamin apprenait vite. Il dansait déjà mieux, et il prenait de l'assurance. De quoi serait-il bientôt capable? Ces humains étaient bizarres et inquiétants, c'est probablement pour ca qu'il fallait mieux leur faire peur préventivement.

Son regard se porta à nouveau sur Krish et la jeune humaine qu'elle avait rejoint, un peu plus loin. Celle qui brillait en gémissant par moments. Il fallait admettre que c'était une capacité magique fort utile en soirée. Evidemment, elle pensait au gémissements.
Ce qu'elle vit la fit tressaillir. La jeune femme ne venait-elle pas juste de voler un baiser au feu d'Uriz? Shyn'tae oublia légèrement son danseur si bien que lorsque le maitre de maison marqua la fin de cette danse, elle manqua de le faire choir, trop intéressée par l'action cette humaine si audacieuse.

Captivée, elle n'écouta guère les paroles de ses hôtes, une capacité qu'elle avait acquise lors de sa longue carrière au sein de l'étude noir: Les mages les plus anciens y faisaient en effet des compétitions de discours maléfiques, avec récompenses à la clé.

- "Ma sœur a courtisé ça...." En élève sérieux, le gamin écoutait Ascanio, lui. Elle dressa une oreille, La petite partie de son esprit spécifiquement chargée de gérer les étudiants gluants prit automatiquement le relais.
- "Tout à fait, continuez."
Son regard croisa brièvement celui du premier feu, et Krish se rapprocha de la jeune femme, dont l'attitude fit à Shyn'tae l'impression d'un lapin acculé par un renard. Un lapin qui désirait ardemment se faire dévorer. Se voyait-elle dans un miroir?
- " Vous avez plus de prestance.....plus de prestance....que le fils Prodigue...." Continua-le jeune homme lequel était apparemment pris dans l'enthousiasme de la séduction.
- Hmm.. c'est pas faux, lui répondit-elle sans l'écouter.

Caresses, puis baisers langoureux… Les yeux de l'éldéenne pétillèrent. Vous êtes trop sérieuse, Shyn'tae, disaient souvent ses collègues. Vous ne savez pas vous amuser, Shyn'tae, renchérissaient d'autres (1). Mais ce soir, elle pouvait montrer à tous, ou en tout cas à elle même, qu'elle pouvait s'amuser. Elle ne risquait après tout qu'une mort dans des circonstances indicibles. C'était excitant, et calculé. Du moins si ses hypothèses étaient justes.

Son bras fin enlaça le jeune homme, qui sursauta. son ventre et sa poitrine vint s'appuyer contre lui, et, sans quitter de son regard malicieux la première flamme qui assaillait sa proie, elle commença à couvrir le cou de sa propre victime de baisers fougueux, laquelle était étrangement devenue fort raide. Shyn'tae n'en avait cure, c'était à Krish qu'ils s'adressaient. Effet secondaire notable neanmoins: La drow l'avait enfin fait taire.

Puis, soudain, un éclair lumineux embrasa la pièce suivi aussitôt d'un hurlement déchirant. Shyn'tae se libéra et poussa sèchement le jeune homme encore stupéfait de coté, l'autre main à la recherche de son épée, qu'elle ne trouva évidemment pas.

Heusement, ce n'était que l'amuseur qu'Ascanio avait fait mandé pour distraire les invités. Il devait s'être mis le feu par inadvertance, un risque du métier. Secouant la tête, et soulagée que rien de plus abominable que ce qu'elle voyait de temps en temps chez les étudiants ne s'était produit, elle chercha le gamin des yeux, et malheureusement, le trouva. Flûte, pensa-t-elle.

Le jeune homme venait de percuter une desserte sur laquelle on avait malicieusement disposé un grand vase en cristal, qui vacilla. Habile danseur et peut-être rugbyman dans une autre vie, le courageux jeune homme s'élança pour l'intercepter, fut surpris par son poids, traversa la moitié de la piece en essayant de se rétablir, et finalement, le grand vase toujours dans les bras, réussit son atterrissage en disparaissant dans une alcove.

L'Eldéenne fronça les sourcils. Ils n'y avaient pas des nains dans celle-là?

(1) Non, les jeux à base de lancé d'esclaves enflammés ne l'intéressait pas. C'était à la fois gâcher et de mauvais goût.

résumé:

Pause méritée après une danse menée enfin jusqu’au bout. Cette fois, personne ne l’avait interrompu ou était venu se mettre en travers de ses activités. Il avait enfin pu profiter amplement de la musique et des pas de danses. Le Noirelfe était satisfait. Aussi lorsque la musique s’estompa, il se contenta de poser son regard dans la même direction que la plupart des convives. Quelque peu en sueur, il passa la paume de sa main sur son front tout en écoutant Ascanio faire son discours. Il ne put s’empêcher d’avoir un sourire en coin lorsqu’il écouta le poème. Ryth aimait particulièrement les spectacles de feu et lorsque le cracheur de feu vint commencer ses tours, les prunelles rougeoyantes du Noirelfe vinrent s'accrocher aux langues de flamme. Hypnotique, c’était le mot.

Jusqu’à ce que les choses tournent mal. Que le cracheur de feu prenne littéralement feu au beau milieu du spectacle. Plissant légèrement les yeux, surpris, Ryth regardait le pauvre homme traverser la pièce en courant. Au fond de lui, son instinct militaire était prêt à chopper le bonhomme s’il se dirigeait dans sa direction mais quelque chose grandissait en lui. Des questions.

Bon, c’était un Zurthan. Difficile d’y voir un signe d’Uriz et encore moins un avertissement envoyé au Noirelfe pour lui faire passer un message. Mais les voies des dieux sont impénétrables et Ryth ne savait plus sur quel pied danser. Il restait un fanatique comme la plupart des siens. Il ne pouvait pas ignorer le message d’un dieu. Même si ce dernier était moins évident qu’il n’y paraissait. Peu à peu, le Noirelfe ne fit plus attention à ce qui se passait autour de lui, pas même Ombeline qu’il voyait se jeter dans les bras d’Ascanio. Non, il était tourmenté par l’énigme qui grandissait dans son esprit et qu’il n’arrivait pas à briser.

Depuis le début de la soirée, il n’avait pas été saluer l’avatar d’Uriz. Et il ne pouvait pas nier ne pas l’avoir encore remarquée car il savait pertinemment qu’elle était là et qui elle était. Mais une avalanche d’événements avait fait qu’il n’avait pas eu l’occasion d’aller vers elle. Et maintenant, c’était trop tard. Que dire, que faire ? Il n’osait pas encore. Pas maintenant. Il se contentait de poser son regard sur elle, songeur, pensif. Il le posa longuement, espérant qu’un éclair viendrait éclaircir le ciel ombragé de son esprit. Il fallait avoir du courage pour se confronter à Krish, ce n’est pas le courage qui lui manquait. Son instinct lui hurlait juste d’attendre. Alors, il allait attendre.

Si le cracheur de feu avait été Noirelfe, il aurait prit son courage à deux mains et n’aurait pas hésité une seule seconde pour traversé la foule afin d’aller saluer Krish. Prendre en compte un avertissement divin valait mieux que de cramer. Mais Uriz semblait fatigué ce soir.

actions:

« Hélas, ma mie, je suis blessé », geignit le pauvre Ascanio, la tête enfouie dans le buste d'Ombeline, tel un nouveau né cherchant le réconfort du sein nourricier. Et blessé, il l'était ; une vilaine étincelle avait jailli au moment de la combustion de l'artiste, laissant une marque rouge sur la joue gauche du prince. « Défiguré, mon beau visage » gémit-il, la voix chargée de trémolos. Quelques serviteurs s'approchèrent par acquit de conscience, mais d'un geste, Ascanio leur commanda de demeurer à l'écart. Il jouissait déjà de la meilleure des médecines : la compagnie d'une femme. « On fait l'amouuuur ? » couina Chlamydia qui agitait frénétiquement ses ailes, encore en état de choc. Lorsque s'estompa le picotement de la brûlure, Ascanio retrouva peu à peu sa faconde et lança à la belle : « saviez-vous que j'ai tué un dragon autrefois ? Son feu était plus puissant encore. »

Pendant ce temps, le véritable maître de maison tenait son rôle : s'il n'était pas aussi bruyant et tapageur que pouvait l'être son fils, Tiberio Vossula n'était pas resté inactif. Il distribuait ses ordres aux serviteurs, et ce avec un calme désarmant. Il commanda qu'on fasse sortir le Zurthan, afin qu'il ne meure pas sous le regard des convives, et qu'on s'empresse d'ouvrir toutes les aérations possibles afin de camoufler cette épouvantable odeur de chair humaine. On retira les plats à base de viande pour servir au plus vite les pâtisseries, si tant est que certains puissent encore avoir de l'appétit ; après quoi se mit-il à ménager ses invités. « Quel spectacle », disait-il, « quel spectacle ! Allons, amusons-nous ! Buvons à la santé de ce divertissant métèque qui a réchauffé notre soirée. » Le cynisme était à peine feint ; ce n'était qu'un Zurthan, après tout.

Marchant parmi les convives avec un parfait sourire de démagogue, Tiberio gratifia chacun d'une parole réconfortante ou d'un bon mot. « Je constate que vous usez toujours de la langue avec talent ; n'oubliez pas de respirer », adressa-t-il à Krish en passant près d'elle sans s'arrêter pour autant ; il détestait sa consœur, qui plus d'une fois lui avait tenu tête au Conseil de Thaar, mais tout de même : si elle venait à faire une syncope ici et maintenant, ça ferait encore plus désordre.

Résumé:

Dernière édition par Aerianna Hiisi le Mar 29 Jan 2019 - 13:50, édité 1 fois

Tout avait été trop fort, trop intense, et surtout, tout était allé trop vite. Personne d’autre qu’Aethka ne s’était aventuré aussi loin dans mon espace personnel avant cette soirée, même pas le drow qui m’avait embrassée plus tôt. Je m’étais servie de son assaut pour prendre du plaisir, en le couplant à une douleur qui n’en était plus vraiment une, mais je ne l’avais jamais laissé faire tomber les barrières entre nous deux. Pendant un instant, avec Krish Al’Serat, ces barrières n’avaient pas existé. Je ne m’étais jamais attendue à un tel déferlement de… passion ? Je n’avais su que répondre à ses assauts répétés et j’étais restée immobile bien que malléable, ouverte à chacune de ses nouvelles prises d’initiative. Je ne calculai pas, c’était une certitude, et de toute façon, les seules conséquences desquelles elle me mit en garde ne semblaient qu’être un peu plus de tendresse, jusqu’à ce qu’elle s’arrête pour se retourner.

Ce qui aurait pu être un spectacle complet ne s’avéra être qu’un spectacle de bruits et d’odeurs, la lumière cachée par le corps de celle que j’avais réussi à séduire au moins le temps d’une soirée. C’était un peu frustrant, j’avais déjà pu sentir une telle odeur nauséabonde et détestable à quelque bûcher funéraire, j’avais déjà entendu ces hurlements de douleur lorsqu’Ulk jouait avec ses sujets d’expérience. Mais l’image d’un homme qui courait, poursuivi par un destin qu’il ne pouvait pas fuir, ça, je n’avais jamais vu, surtout un destin aussi flamboyant. Il aurait pourtant eu beaucoup plus de chance de déjouer cette mort en arrêtant de gesticuler et de se faire aider par ses voisins les plus proches, ce qu’il fit éventuellement, mu, ou l’inverse, par ses forces qui diminuaient.

A la place de tout ça, je ne pouvais voir que le dos de l’eldéenne. Elle n’avait pas tressailli à la vue de ce spectacle mais si on pouvait en croire les histoires et autres rumeurs concernant la Princesse Marchande et les siens, c’était largement à prévoir. Malgré tout, un spectacle aussi banal avait une nouvelle fois suffi à me ravir la vedette. Curieuse de ce qui pouvait encore attirer l’attention je m’approchai de Krish sur la pointe des pieds pour me grandir et observer la pièce par-dessus son épaule, collant mon corps contre le sien. Le spectacle n’était pas bien différent, même s’il y avait beaucoup plus de désordre, et surtout, il y avait encore ce drow qui regardait en ma direction, il me poursuivait ? La voix de Tiberio de Vossula qui lançait des commentaires à plusieurs des convives qu’il croisait se rapprochait, et, n’ignorant pas que les intentions de l’Elda étaient peu appréciées ici, je trouvai le meilleur moyen de me rendre plus petite, plus insignifiante, pour qu’il ne me remarque pas et ne fasse pas de lien ? Je penchai la tête en avant, m’assurant mes cheveux d’ébène cachent la majeure partie de mon visage, avant de mordiller délicatement le cou qui s’offrait à moi.

Je me rendais compte à ce moment là, alors que j’avais déjà repris mes couleurs d’origine, que ce petit isolement m’avait laissé le temps de reprendre mes esprits et que la passion s’était quelque peu envolée, laissant sa place au calcul et à un peu plus de froideur. Cela me laissait surtout l’opportunité d’être plus entreprenante. J’espérai que Krish ne s’en rendrait pas compte, et je pensai avoir réussi par mon geste à entretenir ce qui s’était construit jusque là. Il faudrait que je me sépare d’elle, éventuellement, et tout devait être fait en douceur, pour préserver le rendez-vous au printemps prochain. Mais toutes ces pensées contrastaient avec l’évidence frustrante que je pouvais encore succomber à ses charmes, et que si elle souhaitait aller jusqu’au bout, où qu’il se trouve, je la suivrai probablement.

Résumé:

Ryth profite de la diversion du père d’Ascanio pour se retirer de la fête. Et aller se perdre dans les méandres de la maisonnée. Puis, il rejoint les jardins, las. Il cherche les étoiles, il cherche son étoile. Mais le ciel est obscure ce soir, voilé, comme toujours. Il soupire par le nez. Sa dague de miséricorde dans la main avec laquelle il jongle.

Puis, il repense à son cheval. Il a envie d’aller lui fredonner quelques airs Eldéens. Alors, il s’éloigne, errant pour rejoindre les écuries d’Ascanio. Une fois là-bas, il reste un moment à vérifier que tout va bien. Bon nombre d’animaux et créatures sont alignés ici. Il va les voir tous, un par un. Mais la chanson qui résonne n’est dédiée qu’à son fidèle destrier. Flattant sa robe d’une main caressante, ses lèvres s’ouvrent et viennent caresser de leur chant les oreilles de sa monture. Il cherche une pomme dans les fontes de selle, en trouvant une, il l’essuie puis découpe un quart de pomme pour lui alors qu’il donne le reste à croquer à l’animal.

Il ne sait pas encore quoi faire. Il a envie de partir mais aucun impératif lui donnerait une raison de le faire. Alors, il se contente de chanter à sa monture. On entend d’autres animaux ici et là se sentir apaisé par ces chants…

Spoiler:

Car les accidents arrivent toujours par hasard, ce qui parut un trébuchement de circonstance, devint une bousculade fatidique. Au feu de recouvrir intégralement un artiste pourtant doué, ce dernier hurlant à la mort, n'eut été les cris de souffrance, nous aurions pu admettre là le clou du spectacle, car spectaculaire était la flambée... Les flammes, l'odeur et l'effarement... Tout ce qu'il y a de plus réel, de surcroît les cris de panique des uns, l'indiscrétion des autres, les odeurs de grillades, et les gens qui s'agitent... Non, il ne sont pas carnivores, me dis-je observant la réaction des daedhels présents... Pas plus qu'Ascanio que je vois littéralement dévorer des yeux sa cavalière, toute émoustillée par l'agressivité d'un tison. Mais en fait les gens s'éloignent, ils épongent la sueur de leurs fronts, l'épouvante de leurs rostres, les gens préfèrent s'occuper de leurs petits plaisirs de leurs petits malheurs... Ils préfèrent manger des fruits, comme pour tromper leur mémoire, tromper peut-être l'ennui... D'autres sont tellement ivres qu'ils s'apprêtent à bouffer du fion dans quelque recoin paisible... C'est qu'il n'est pas encore trop tard, pour les panses bondées, d'assimiler l'alcool qui ballotte, plutôt que de l'expulser sur le marbre, comme un liquide caustique agressant le noble matériau. Alors ils vont purger leurs peines dehors, ou dans quelque alcôve accueillant le stupre avec bonté.
Lorsque les badauds s'acquittent enfin de leur morbide curiosité, la torche humaine se fait elle, étouffer par de braves serviteurs, qui piaillent sur le bout de viande carbonisé. Les convives vaquent alors à leurs occupations, faisant fi de l'heure et du bon sens, la concupiscence se manifeste ouvertement dans les gestes et les caresses que certains assènent à leur victime du soir.

Inspirés, nous vaquons également vers quelque tranquille recoin... Zaahrian et moi avons quitté le centre des réjouissances, pour discuter comme il nous plaît tant de le faire. Il me taquine, je l'admoneste. Il me pince, je le chatouille. Il m'attire, je le repousse. Pourtant nous sommes tout ce qu'il y a de plus adulte. Alors nous discutons de choses sérieuses... Car il a plus tôt, titillé ma curiosité je lui pose des questions, à propos de mes yeux entre autre. Qu'est-ce qu'ils ont ? Pourquoi sont-ils à ce point reconnaissables ? C'est qu'ils sont globuleux, à coup sûr ! Il rit.
Je râle.
Le bel hybride me narre ce qu'il voit dans le bleu de mes yeux, et ça a le mérite de réchauffer mon corps plus que la boisson ; de réchauffer mon cœur en proie à des soubresauts. C'est qu'il est tellement désinvolte, tellement drôle, et dans ma tête se bousculent toutes ces conclusions que je me fais de lui... Comme si c'était la première fois... Je me saisi de son bras tandis que nous avançons lui et moi d'un pas languissant, langoureux, en direction de... Non point de trébuchement soudain, ni de tournicotis enflammés, ni de discours ardent ! Juste l'air des jardins... Pour nous rafraîchir les idées.

Mes cils papillonnent. J'arrête le manège occulaire lorsque j'entends un gémissement plus qu'étrange, entre les fourrés qui nous dominent, là, juste derrière nous...

« Zaz... Tu... Entends... Ce... Bruit... Bizarre... ? C'est comme... Une furieuse... Quérimonie... De bestion... »

_________________

« Un charlatan, sur un tréteau,
Pantalon rouge et vert manteau,
Vend à grands cris la vie;
Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »

(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

[MdO2019] Glorifier la Décadence | Ellipse 13:XI - Page 3 Je_t_a11

Un ciel d’hiver, voilà à quoi lui faisaient penser les yeux de Léonie. Quelques années plus tôt, Zaahrian s’était retrouvé en Péninsule pendant l’hiver le plus dur et le plus long qu’à jamais connut cette contrée. Depuis, il haïssait le froid et la neige. Cependant, il gardait le souvenir très vif d’une journée en particulier. Il faisait tellement froid. Le vent mordait sa peau et ses extrémités. Il peinait à avancer dans la couche épaisse de neige. Pourtant, un soleil radieux brillait au-dessus de sa tête. Épuisé, il avait levé le visage vers le ciel, prêt à maudire tous les dieux de ce putain d’univers, mais au lieu de hurler sa rage, il était stupidement resté là à fixer un ciel d’un bleu le plus pur qu’il n’ait jamais vu de sa vie. Une couleur que seule la nature pouvait créer. C’est cette perfection que quelqu’un, quelque part, avait pris pour mettre dans les yeux de Léonie. Zaahrian se gardait bien de le dire, car l’humain se moquerait certainement de lui et de ses stupides sensibleries. Il resta donc très vague dans sa réponse en disant simplement qu’ils étaient bleus. Évidemment, Léonis tenta d’en savoir plus, mais l’assassin se contenta de sourire en le voyant insister. Il éclata même de rire lorsque son compagnon fit remarquer qu’ils étaient globuleux. Cependant, à force d’insister, Zaahrian finit par céder, ne serait-ce que pour qu’il cesse de le chatouiller. Léonie avait le don de lui tirer les vers du nez.

« Tes yeux… » Commença-t-il avec une certaine hésitation. « Ils me font penser à un ciel en hiver. Il y a quelques années, je me suis retrouvé dans le nord de la Péninsule pendant l’hiver. Il faisait froid, très froid, mais le soleil brillait. Sur la neige, il était aveuglant J’étais en rogne, convaincu que j’allais finir par perdre des morceaux à cause de ce froid mordant, mais quand j’ai levé les yeux vers le ciel… Je n’avais jamais vu un ciel aussi bleu. Il était… parfait. Pas un nuage pour l’entacher. Donc voilà… tes yeux, ne sont pas globuleux ou de travers. Ils sont simplement d’un bleu… parfait. » Une chance qu’il fît sombre, car Zaahrian se sentit rougir comme un idiot.

Éventuellement, leur conversation animée les amena jusqu’aux jardins où ils furent accueillis par l’air frais de la nuit. Zaahrian inspira profondément au même moment où Léonie s’arrêta pour lui faire remarquer un bruit étrange. Lui et sa façon de parler. Parfois, Zaahrian ne comprenait rien de ce qu’il racontait. Cela dit, le son lui était très familier. « Si tu veux dire par là qu’il y a des gens en train de faire l’amour dans les fourrés, je crois que c’est bien le cas. » Il le regarda avec un petit sourire. « Je sais que tu n’aimes pas qu’on te le fasse remarquer, mais le fils de noble péninsulaire qui utilise des mots que le commun des mortels ne prononcera jamais n’est pas bien loin. »

La confusion atteignait maintenant des sommets.

L'air en devenait presque irrespirable, le brouhaha incessant lui ne faisait que croître. Dans la demeure des Vossula se tramait moult tableau divers ou suce-queutards et autres traînes-poussières grimés pour l'occasions, se mêlaient avec le mondain peinturluré du monde vaani. Dans cette océan déchaîné qui portait le nom de fête d'anniversaire, Marzaban restait fidèle à lui même, véritable phare à peine distrait par la houle.
Il buvait peu, à vrai dire à peine quelques lampées, suffisant pour donner l'illusion de l'intégration, insuffisant pour se soumettre à un quelconque poison. De nature toujours très prudente - trop serait le bon mot, le riche marchand nain scrutait la pièce dans son ensemble, tentant autant que faire ce peut de graver chaque faciès dans sa caboche.
Il avait tout de l'observateur détaché, ne cherchant pas à donner le moindres signes de réel intéressement, tout en tentant de retenir le plus de détails possible.

Car comme lui répétait souvent le Maître : « Notre véritable puissance ne se mesure ni à notre force, ni à notre lignée, encore moins aux tranchants de nos lames et surtout pas à notre richesse, non Marzaban, notre véritable puissance se mesure aux nombres de secrets que nous détenons. »

Alors en digne élève, l'apprenti appliquait ces sages paroles comme préceptes d'évangile.
Tout était question de détails et c'était dans les détails que ce reflétait les prémices des plus sombres secrets.
Il fût un moment arraché à sa contemplation par une tirade bien malvenue. Un éphèbe à longue oreille et aux yeux de carpeaux venait de proclamer devant tous une ode particulière au Ripailleur. Ils furent nombreux dans son escorte à relever du chef sous la surprise - il était rare qu'un non-nain parle de ces choses. Marzaban fit un léger signe de tête, dix pour-cent à peine, mais qui furent eux aussi suffisant pour simuler un remerciement.

[MdO2019] Glorifier la Décadence | Ellipse 13:XI - Page 3 Dv2i

Marzaban Ambreroc

« A qui appartient l'Elgi ? » murmura t'il sans bouger les lèvres.
« Il fait partie de l'escorte de la Mêlée, un viandard à l’intellect de broutard. »

Un signe de tête suffit en réponse au demi-nain. Les surnoms des consorts du Maître avait fait partit des tout premiers temps d'apprentissage. Dans les Milles-Caves, les nains à la solde du Sombre en avait tous conscience, on ne nommait que par leur prénom véritable, ceux qui valait la peine de l'être.
Marzaban déplaça alors du regard et porta son regard sur un autre visage qui ne lui était pas inconnu. Il perdit bien vite le Malfait dans la farandole fougueuse qui s’adonnait non loin et d'on Ascanio Vossula était le centre.

« Était ce le dénommé Zaahrian ? »
« Ip. Lui-même. Un assassin de renom qui ne cache que peu son mode de vie. On le dit efficace, mais je crois qu'un bon ass...»
« Peut être un cultiste. » coupa sèchement Marzaban en grognant.
« Il ce peut.»

Et la conversation s'arrêta la pour un moment appréciable. Marzaban et Jhaartok ne s'appréciait pas et ne s'en cachait pas, sauf devant le Maître ou chacun jouaient son rôle.
En dehors des Mille-Cave, l'inimité qui les liaient reprenait le dessus.
Ainsi se déroula la soirée, soit des plus stoïquement pour les nains. Les musiciens et accompagnants à tresses et barbes furent interdit de se resservir en alcool, ils purent néanmoins manger autant qu'ils le voulaient.

Aucuns événements ne vint troubler les nains jusqu'à l'explosion notable d'un des cracheurs de flammes. Un réchauffement de l'atmosphère des plus cocasses et un ajout non négligeable à la pagaille ambiante.
Cela eut le mérite de soulever un rictus sur les lèvres closes de l'émissaire nain. Mais ses zigomates se relâchèrent bien vite, quand un inconnu portant visiblement un vase, vint s'étaler de tout son long a ses pieds.
Il n'eut pas vraiment le temps de réagir, ses musiciens - en réalité des gardes nains eux aussi grimés, réagirent promptement. Ils sautèrent sur l’intrus sans grande douceur et commencèrent à le rouer de coups : Les archers des violes devinrent des badines, les manques des clairons servirent de gourdins. Ils frappèrent fort, peut être un peu trop, mais si de sang il n'y avait point, le jeune homme ne semblait plus en état de se relever, Marzaban ne prit même pas la peine de savoir s'il respirait encore. Stoïque, il fait un signe à ses gens.

« C'en est assez, Jhaartok, nous partons. »

Ce furent les dernières paroles en khuzdul qui s'échangèrent dans le Palais de l'Empereur de la Soie. Les nains plièrent des guibolles sans demander du reste. Marzaban arriva à capter une dernière fois les regards des Vossula Fils et Père, inclinant à vingt pour-cent la caboche pour stipuler du au revoir.
Puis les nains regagnèrent leurs montures et repartirent en direction de la gangue avec bien moins de faste qu'à leur arrivée.

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Les événements suivent le lit chaotique et sinueux que tracent les volontés des hommes comme de quelques dieux facétieux et les vœux éparses des convives découlant des promesses que certaines vues offrent..
Même ce pauvre artiste embrasé par accident ne pouvait rien contre les forces à l’œuvre, et si il suscita quelques réactions, il est déraisonnable de croire que la raison se fasse un chemin dans l’esprit échauffé et festif des invités.
Quant à la Dame Blanche, elle se réjouit qu’il ne fut pas l’un des siens, car un tel talent perdu de la sorte, c’est un beau gâchis.

Par contre, il en est une que cette mise à feu inspire et réveille - on peut voir ainsi les choses… Ou bien l’ennui finit par avoir raison de ses réserves de patience en voyant le perroquet de la maison si libre de fanfaronner auprès des invités -, et qui ne perd pas plus de temps pour rattraper celui qui fut perdu. Elle s’élance, ignorant la légère protestation de la Dame Blanche, même sort pour la timide pensée qui voyage à travers le lien, son “frère” n’a pas une telle autorité sur la Princesse-Marchande, mais c’était justement cette désinvolture et ce caractère qui plaisait.

Et la voilà s’élevant au-dessus de la masse, pour le repérer ! Son adversaire ! Car ça n’était pas la faim qui commençait à lui chatouiller la panse qui la mettait en mouvement, et ce volatile était trop gros pour être une proie. Non, ce perroquet, c’était un rival disgracieux sur un terrain qu’elle doit faire sien ! Aussi son vol, au grand dam d’une Dame Blanche dénuée de l’influence ou de l’emprise, est-il celui d’une conquête afin de chasser de ce “ciel” cet intrus - qui est pourtant bien chez lui - et c’est avec fougue qu’elle plonge, filant avec agilité et vitesse au milieu des convives, n’apparaissant que comme un furtif éclat cuivré.
Elle intime dans son esprit d’oiseau une impression de gène imprécise simplement pour le faire quitter l’épaule d’un convive sur laquelle il avait élu domicile avant de fondre sur lui - Milynéa appréciera la délicatesse de cette attention de ne pas faire de l’épaule de ce bon monsieur inconnu un champ de bataille où les serres du volatile aurait eu loisir de se planter. Dès lors, une poursuite chaotique s’engage au cours de laquelle la dräke s’emploie à se rapprocher tout en gardant à l’esprit le danger que représente ses pattes, crachotant dès qu’elle le peu de minuscule flammes de quelques centimètres à peine…

De temps en temps, des plumes s’envolent dans la panique du volatile, en proie aux flammes de la cuivrée qui ne le lâche pas, jusqu’à ce que la queue plumée prenne feu et que son rival ne devienne plus bruyant dans sa fuite… Car elle le sait, il est vaincu ! Ainsi, elle décroche au moment où il attire le plus l’attention, errant de manière chaotique, se posant, secouant sa queue enflammée à proximité de certains convives. Le perroquet devient à son insu et à l’instar de son maître le véhicule d’une même volonté… Il propage le feu !
Et jusqu’à ce que ce volatile ne disparaisse de la scène - vivant, un peu roussi, dégarni et choqué, mais y a pas mort de volaille ! -, la cuivrée a replongé au milieu de la foule, virevoltant entre les couples dansant et les groupes qui discutent pour se diriger vers le buffet et satisfaire l’appétit qui se déclare désormais.

Mais leur bataille n’est peut-être pas restée sans conséquence… Là, dans une flammèche mal dirigée, dans les plumes perdus, à chaque fois qu’il tenta de se poser peut se trouver les étincelles animées par le même désir primordial que les plus grands brasiers de la Création : croître et se répandre.
Et pour un peu, un esprit de l’équilibre et de la nature - ou bien un plus facétieux - n’y aurait-il pas mêlé sa part, dirigeant l’un de ses “véhicules” sur la robe de la superbe rouquine qui trouble tant de regards et embrase certainement quelques passions depuis le début de la soirée afin de rétablir des lois de la nature que la robe déjà plusieurs fois malmenée continuer à défier.
Ça, ou il veut en voir un peu plus… Les interprétations, hein !

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