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 [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.

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T'sisra Do'ath
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MessageSujet: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeMer 23 Jan 2019 - 20:37


À la poursuite du Mythe.


Jamais aucun drow n’aurait pu imaginer un tel spectacle. Un désert d’un blanc immaculé s’étendait sur le tout le Nord de Miradelphia. Il y faisait si froid que le manteau de neige était surnommé « L’Eternel » par certain dawis. De souvenir de nain, jamais ces montagnes n’avaient perdu leur revêtement de neige et toujours elles furent balayées par les vents glaciaux du Zagazorn. C’est ce qui rendait l'exploration du Septentrion déjà si difficile pour les longues barbes, le terrain y étant d’une praticabilité fort discutable, et quand bien même on omettait encore de parler des dangers de la faune et des clans sauvages. Alors imaginez l’épreuve pour un étranger. Comme les nains ont pris l’habitude de le dire pour parler des Hautes-Terres : « La rudesse de ces montagnes ne pardonne pas l’imprudence et broie la confiance des plus vaillants. »

Et c’était peu de le dire. Voilà plusieurs ennéades que Balir et T’sisra avaient pénétré ce territoire dans la clandestinité la plus totale. Et depuis leur départ en début d'année, ils avaient dû voyager de nuit et se cacher le jour, éviter les routes et emprunter des cols abandonnés aux falaises abruptes, gravir les pans de montagnes sous la lueur des étoiles et s’enfoncer dans les vallons enneigés avant l’aube. Ni lui, ni elle n’avait jamais entreprit de voyages aussi risqués et ardus. Quoique celui des Terres Stériles, qui avait mené la noiraude jusqu'aux Portes de la Mort, jouait très certainement dans la même catégorie.
Si Balir n’était pas sensible au froid, la daedhel, elle l’était. Et même si elle s’était certes habituée à des climats bien différents de ceux de sa région natale, jamais la noirelfe n'avait eu à affronter pareilles températures. L’utilisation de la magie en était devenue plus quotidienne encore qu’elle ne l’était déjà auparavant, et surtout essentielle à sa survie, sans quoi ses doigts auraient gelés puis noircis, ses lèvres auraient gercées jusqu’à l’éclatement et ses oreilles seraient depuis longtemps tombées.
Mais il y avait autre chose qui la portait aussi loin, une émotion toute personnelle. Une chaleur plus puissante encore que toutes les magies, même divine. Un feu qui brûlait sans jamais s’éteindre. Car dans la difficulté, la relation père-fille qu’ils entretenaient n’avaient jamais été aussi forte. Si le voyage était une folie et ses difficultés innombrables, c’était aussi le plus exaltant, le plus passionnant et le plus agréable qu’elle ait jamais fait.

Chaque jour, ils se reposaient abrités sous le couvert des forêts de conifères, enfoncés dans des grottes, des cavernes ou encore cachés entre quelques rocailles. Balir et T’sisra s’étaient retrouvés après plus de deux ans de séparation. Ainsi, après des nuits éprouvantes, ils passaient la journée au coin du feu ou collés l’un à l’autre pour se réchauffer. La daedhel racontait et discutait de ses péripéties, puis tous deux se laissaient aller à imaginer ce que deviendrait la Guilde, à rêver de ce que pourrait devenir le monde. Et de temps en temps, ils se replongeaient dans les légendes d'un peuple petit par la taille mais grand ses valeurs, évoquant les ancêtres déifiés et leurs hauts faits, ainsi que les batailles et événements plus récents. Les nains étaient en quête de symboles, désormais guidés par un Roi qui avait la lourde tâche de reconquérir ce que le Zagazorn avait perdu, de rebâtir les légendes et d’en créer de nouvelles.
C’est ce qui avait motivé le fils de Balir à se perdre dans le Septentrion, pour la gloire d’un nain, désormais introuvable, qui avait pactisé avec l’ennemi. Et le vieux nain avait abandonné tout espoir de le retrouver. Longtemps, il s’était essayé au mensonge, se convainquant qu’il devait vivre quelque part, en paix et honnêtement. Aujourd’hui, il avait enfin fait son deuil. Ce voyage n’était pas simplement motivé par la recherche d’une légende antique, c’était aussi une façon de reprendre là où son fils s’était fourvoyé et perdu. Un moyen de prendre un nouveau départ et tirer un trait sur le passé. Une raison de tisser un lien plus fort encore avec une fille qui n’avait peut-être pas son sang, mais tout du moins hérité de beaucoup de ses valeurs. Et pour cela, il en était fier.

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Lun 4 Fév 2019 - 18:53, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeMer 23 Jan 2019 - 21:27


Bientôt, le Langk Duraz.


Printemps, sixième ennéade de Favriüs, an quatorze, onzième cycle.


Les flammes crépitaient gaiement et irradiaient les parois de la caverne d’une lueur chaleureuse. T’sisra était assise à même le sol, tout près du feu de camp, les mains tendues vers celui-ci. Elle chantonnait, en khazalid, cette antique chanson qui contait l’histoire et funeste destin de Molgrun Gueule-Brûlante. Lui qui, après la chute d’Ankorong au quatrième cycle, avait décidé non pas de diriger son clan vers le Sud comme tous les autres, mais bien de partir en direction du Nord. Ce runiste d’exception, qu’on disait proche de Jormin Souffle-Dragon, le roi en son temps, est devenu un mythe, une légende. Si bien qu’aujourd’hui encore, on conte sa geste aux enfants nains et l'on taille des figurines à son effigie.
Et T’sisra en avait une dans la main, de ces effigies. Taillée dans le marbre avec une précision remarquable, exemple même du savoir-faire dawi. Et c’est en l’examinant une fois de plus, que la daedhel reprit la chansonnette.

« Abandonner les exilés,
Traverser les monts enneigés.
Molgrunn Gueule Brûlante mena son clan
Aux confins du monde blanc.
L’invincible maître des runes laissait derrière lui
Les innombrables cadavres de ses ennemis !

Une nouvelle cité voulait-il fonder,
Mais c'est la mort qu'il aura trouvée.
Les larges statues disséminées,
Abandonnées et délaissées,
Vestiges du passé.

Sa légende encore perdure,
L'on recherche sa parure,
L'on convoite son savoir,
Qu'on a longtemps laissé choir,
Déshonorant sa mémoire. »


T’sisra prit une profonde inspiration. Elle était fatiguée de son escapade nocturne, mais toute excitée l’idée que la première étape de ce voyage se termine enfin. Bientôt, ils arriveraient à la fameuse statue laissée par le clan de Molgrunn. C’est Dhomrumli, le vieil ami de Balir et accessoirement le propriétaire de l’Emporium, qui leur avait donné cette piste. Une information qu’il avait lui-même hérité du frère de son père, qui d’après lui, l’aurait obtenue lors d’un concours de boisson qui l’avait opposé à un vieillard à Kirgan, bien avant sa destruction.

- Et voilà de quoi nourrir le feu ! Lança le vieux nain sur un ton jovial en entrant dans la caverne.

Il revenait de sa quête, portant dans ses bras plusieurs bûches qu’il avait débité en une petite demi-heure. La daedhel se fendit d’un large sourire, se penchant vers les sacs pour se saisir de celui qui contenait le lapin attrapé à l’aube.
Le nain fut parcouru d’un léger frisson en y repensant. Il était impossible pour un animal d’échapper à la nécromancienne. Si suivre les traces du gibier dans la neige n’était pas particulièrement difficile, c’était surtout sa capacité à entendre les battements de cœur qui se révélait effrayante. Leur repas n’avait eu aucune chance, mais avait bénéficié d’une mort rapide et sans douleur.

- Je meurs littéralement de faim ! S’exclama T’sisra en tirant sa dague de sa botte pour commencer à dépecer l’animal.

- Et moi donc ! J’ai hâte de manger chaud, je n’en pouvais plus de ces encas froids.

« Skoff ? » demanda la daedhel à son père qui lui répondit d’un hochement de tête satisfait. Ces dernières ennéades, elle avait fait d’importants progrès quant au maniement de sa langue d’adoption. Le plus difficile jusque-là avait été de s’adapter à la pronominalisation du khazalid, puisque dépendant toujours du contexte et requérant ainsi de solides bases de vocabulaire.
Et désormais, elle se targuait intérieurement de rendre la vieille barbe toujours plus fière, bien que son cœur se serrait à l’idée que jamais leur relation ne sera acceptée. Ce qui en soit, ne changeait pas grand-chose à son quotidien, elle avait toujours été une anomalie, même parmi les siens. C’était à la fois une malédiction et une bénédiction, car si elle avait appris vite, redoublé d’efforts et s’était toujours adaptée, c’était bien grâce à cela.

- Combien de temps nous reste-t-il avant d'arriver au « Langk Duraz » ? Demanda la drow en évidant le lapin.

- Quatre ou cinq heures, tout au plus. En prenant de la hauteur, on peut l’apercevoir par-dessus la cime des arbres.

- Et nous y seront. L’« Agrul a Molgrunn ».

- En théorie, si l’information est vraie.

- Il n’y a pas de raison pour qu’elle ne le soit pas.

- Tu es de plus en plus optimiste, lui fit remarquer Balir secoué d’un rire léger et rauque, ça me plaît bien !

La daedhel secoua la tête en embrochant leur repas pour l’installer au-dessus des flammes, tandis que le nain ajoutait du bois en salivant d’ores et déjà à l’idée d’en croquer un cuissot.

- J’hésite encore sur la façon dont on devrait s’y prendre…

- Qu’est-ce que veux dire ?

Balir vint s’asseoir aux côtés de sa fille qui venait de rabattre la capuche de son manteau de fourrure blanche sur sa tête. Il s’amusait de la voir ainsi équipée, sans compter qu’elle avait laissé sa lame à Garrick et préféré la paire de « makazorn » offerte par Dhomrumli. Si ce n’est la taille, elle ressemblait en tout point à un véritable éclaireur nain. Et pourtant, ils se déplaçaient aussi vite, si ce n’est plus, que les guides de la région. Et cette prouesse, ils la devaient aussi au tenancier de l’Emporium : Dhomrumli.
Le vieux bougre était un inventeur de génie, et sa création comblait toutes les espérances. Une simple raquette en bois, à laquelle était accroché un cerclage de métal remontant le long du mollet, dans lequel on insérait son pied avant de l'y sangler solidement. Seule la pointe du cerclage était rattachée à la raquette, permettant au talon de rester libre et de se soulever à chaque pas. Cela facilitait grandement les déplacements sur la neige et permettait de gagner un temps considérable, d’économiser ses forces et assurer un confort de marche inégalé dans ce genre de milieu.

- Et bien… Soupira T’sisra en faisant tourner la broche au-dessus des flammes. Je ne suis pas certaine que se lancer dans l’escalade du « Langk Duraz » de nuit soit une excellente idée. À vrai dire, je préférais que nous fassions cela de jour. Elle marqua une courte pause pour appuyer son propos. C’est déjà très risqué en plein jour, alors de nuit… C’est hors de propos.

- C’est plus sage, d’autant qu’il ne devrait plus être nécessaire de voyager de nuit. Nous avons dépassé Maklaz Mingol de puis sept ou huit ennéades. Bon courage pour nous voir de là-bas ! Lança-t-il en s’esclaffant.

- Dans ce cas, reposons-nous aujourd’hui et cette nuit. Nous partirons demain dès l’aube.

- Pourquoi ne pas plutôt nous détendre un peu ?

- Une idée ?

Balir se contenta d’acquiescer avec un sourire. La forêt de conifères étaient assez vaste pour être visitée et arpentée, d’autant qu’il avait repéré quelques érables un peu plus tôt et que la saison était à la confection de sirop.

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Jeu 24 Jan 2019 - 23:02, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeMer 23 Jan 2019 - 21:57


La reine de la glisse.


Printemps, sixième ennéade de Favriüs, an quatorze, onzième cycle.


Les deux explorateurs avaient passé une bonne partie de la matinée dans les bois. Quand Balir s’affairait à récupérer un peu d’eau d’érable dans son seau, T’sisra s’amusait, une fois n’est pas coutume, à faire des glissades dans la neige. Il fallait aussi souligner le fait que, depuis leur départ début Karfias, c’était leur premier jour de détente véritable.
Le « Langk Duraz » représentait une étape importante. Un symbole à la fois d’avenir dangereux et de tranquillité, car aucun nain sain d’esprit n’allait plus loin que cette falaise. Alors l’heure était à l’amusement, et Balir en profitait pour se faire une réserve de sirop.

Le seau fumait au-dessus du feu, le contenu en plein ébullition. Balir humait les vapeurs sucrées qui s’en dégageait avec délectation, sous le regard intrigué et perplexe de T’sisra, qui elle taillait deux longues et fines planches de bois.

- Et ça se mange comme ça ? Demanda-t-elle au cuisinier.

- Il suffit de prendre un peu de neige, d’en mettre dessus et tu peux la manger.

- De la neige ?

- Oui, de la neige avec du sirop. Évidemment ! Déclara-t-il comme si cela tombait sous le sens. Et toi, qu’est-ce que tu fais ?

- Je ne sais pas trop encore. J’ai besoin de lisser correctement les planches.

- Qu’est-ce que tu veux en faire ? L’interrogea le nain en croisant les bras, les sourcils plissés sous la réflexion.

- Les mettre dans la neige.

- L’humidité va les abîmer.

La daedhel roula des yeux en soupirant. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle lâcha ses planches, qu’elle taillait depuis déjà trois bonnes heures, maudissant sa propre bêtise.

- On a encore du verni au mastic, pour l’entretien des raquettes.

- Je… Oh ? Décidément, c’est une journée dédiée aux arbres, à leur sève et à leur résine.

L’ancêtre se dirigea vers leurs équipements à la recherche du pot de mastic, tandis que T’sisra passait à la surveillance de la cuisson du liquide dont la consistance devenait de plus en plus sirupeuse.

- C’est bientôt prêt ? Demanda-t-elle en reniflant les odeurs qui s’en dégageaient.

- À vue de nez, je dirai encore une demie heure. Souffla-t-il en s’installant confortablement pour passer le verni sur les planches. Et tes planches de bois alors, à quoi ça va te servir ?

La nécromancienne se fendait d’un sourire amusé, délaissant le seau fumant pour ses raquettes dont elle entreprenait de démonter, avec précaution, les cerclages de métal. Son plan était simple : Les transférer sur les planches.

- Ça, fit la noiraude en soupesant la partie démontée, je veux les mettre là-dessus. Confessa-t-elle en désignant les planches. En descente ou sur terrain plat, nous irons beaucoup plus vite en glissant. Et quand il faudra grimper, on sanglera à nouveau les cerclages aux raquettes.

La discussion qui s’en suivit concernait la viabilité du projet. Le vieux nain n’était pas spécialement convaincu et se demandait bien si ce n’était pas un peu risqué. T’sisra se contentait de défendre son projet et affirmer d’être capable d’en tester la viabilité et les limites en toute sécurité.
Ainsi, en fin d'après-midi, tous deux se trouvaient dans la forêt de conifères, prototypes en mains. La daedhel installait correctement ses pieds dans les cerclage de métal, vérifiant que toutes les sangles étaient bien serrées, et encore plus celles qui tenaient la partie inférieure de ses jambes en place dans le cerclage.

- Je le sens pas du tout… Marmonnait Balir en se rongeant les sangs. Vraiment pas du tout…

- Arrête donc de bougonner un peu !

T’sisra se redressa, à peine eut-elle le temps de se mettre dans le sens de la pente qu’elle commença à glisser sur la neige. Ses bras gesticulaient dans tous les sens pour tenter de garder l’équilibre, en revanche, elle ne parvenait pas à contrôler sa prise de vitesse.
Son père se tordait de rire à en pleurer.

- Tu ressembles à une étoile de mer ! Tu vas… Eh ! L’arbre !

Le choc secoua toutes les ramures du sapin, deux oiseaux s’en envolèrent dans la foulée, et la daedhel disparu sous la neige qui venait de lui tomber dessus. L’ancêtre se précipita sur les lieux du drame, tout affolé qu’il était. Il saisit la main de sa fille, seul membre qui dépassait de sous la neige, et la tira hors de là.

- T’sisra ! Ça va ?! Ma p'tiote ! Réponds-moi !

- Oui ! Oui, oui ! Bon sang de merde !

- C’est un véritable engin de mort !

- C’est…Qu’un premier essai… Souffla la noirelfe, allongée dans la neige, la cage thoracique soulevée par sa forte respiration. Juste le premier ! Ajouta-t-elle en levant l’index, avant de mollement laisser retomber son bras au sol.

Aussitôt debout, la voilà qui retentait l’expérience, cette fois-ci aidée d’un bâton lui servant à garder l’équilibre. Et toute la fin de sa journée fut consacrée à la montée et descente de la pente. Balir s’était décidé à tailler deux planches de bois pour lui aussi. Il fallait dire qu’il n’avait jamais vu T’sisra sourire autant et ne pouvait donc laisser passer une telle occasion de partager de si bons moments.
Le soir venu, tous deux avaient leurs paires de « planches à glisser » prêtes pour le lendemain matin, et dégustaient des boules de neige couvertes de sirop d‘érable en guise de dessert, à l’abri du vent au fond de leur caverne.

- C’est pas génial comme nom « planche à glisser ».

- Mais plutôt explicite.

- Et pas joli. Surenchérit le nain qui léchait ses doigts plein de sucre.

- Tu as une meilleure idée ? S’enquit la daedhel en le défiant du regard.

- C’est ton invention, pas la mienne.

Le silence s’installa dans la caverne, troublé uniquement les crépitements du feu. De temps à autre, elle dressait l’index à demi, avant de l’abaisser aussitôt, jamais réellement satisfaite. Son manège dura un bon quart d’heure puis vint la révélation.

- Des « tsis ».

- De quoi ?

- Les « planches à glisser ». On désignera ça comme des « tsis ». Et ceux qui glisseront et bien… Ils « tsieront ». Du verbe « tsier ». On appellera les pratiquants des « tsieurs ».

Les deux aventuriers se regardèrent sans un mot durant une poignée de secondes avant d’éclater rire. Si c’était ridicule, ça avait au moins le mérite d’être drôle. L’un comme l’autre en pleuraient.

- Va pour ça ! J’irai en toucher deux mots à Dhomrumli au retour !

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeJeu 24 Jan 2019 - 20:09


L'ascension du Langk Duraz.


Printemps, sixième ennéade de Favriüs, an quatorze, onzième cycle.


Le début de la matinée avait été ponctué de tentatives hasardeuses, de chutes et de fous rires. Le nain et la daedhel avaient utilisé leurs « tsis » pour parcourir la distance qui les séparait du Langk Duraz. Ainsi, après plusieurs heures de trajet passées à glisser sur la neige, c’est en milieu de matinée qu’ils levaient les yeux vers les sommets de cet immense obstacle.
Le Langk Duraz s’étendait sur plusieurs lieues jusqu’à se perdre dans le paysage montagneux. Il formait une barrière naturelle de falaises abruptes, de petits plateaux et de pics rocheux. Ce qui rendait l’endroit impraticable pour qui n’était pas équipé, puisque le seul moyen connu d’arriver de l’autre côté était de survivre à son ascension. « Langk Duraz » ne signifiait pas « Mur de Roches » pour rien.
T’sisra et Balir attachèrent solidement leurs « tsis » dans leurs dos, et vérifièrent que leurs effets personnels étaient solidement harnachés. Ceci fait, ils commencèrent à dérouler la corde pour se sangler l’un à l’autre, de cette manière si l’un chutait, l’autre pouvait le retenir et lui éviter une mort quasi-certaine.

- Prête ? Demanda le nain, les yeux rivés vers les hauteurs.

- Non.

- Alors on est deux. Fit-il en mettant le premier coup de makazorn dans la paroi.

T’sisra suivit le mouvement après que son paternel eût grimpé les trois premiers mètres. Ces haches-piolets, une arme typique de Thanor, étaient particulièrement utiles. Le makazorn, littéralement « outil des montagnes », faisait partie de l’équipement indispensable des guides et des éclaireurs dans les régions les plus montagneuses du Zagazorn.
À la mi-journée, les explorateurs n’avaient pas grimpé le quart du Langk Duraz qu’ils faisaient déjà une pause, assis contre la roche sur l’un des nombreux petits plateaux qui parsemaient le flanc de ces falaises irrégulières.

- Il te reste un peu de sirop ? Demanda la daedhel ramassant un peu de neige au creux de sa main.

Balir acquiesça en tirant son sac vers lui, à la recherche du bocal de verre contenant le liquide sirupeux.

- On a bien fait de s’y prendre de jour. Et de partir tôt.

T’sisra se contenta d’acquiescer, peinant toujours à reprendre son souffle. L’ascension était déjà ardue, sans compter qu’elle devait supporter le poids de son équipement et de son sac. Il lui vint alors une admiration toute fondée pour les montagnards et alpinistes nains, passés maître dans l’art de la grimpe. L’endurance des barbes n’avait pas d’égale dans ce genre de situations, ça ne faisait pas un pli.
Après s’être sustentés de viande froide et de neige au sirop d’érable, les deux compères avaient profité pendant plusieurs minutes des rayons du soleil. Un peu de chaleur faisait du bien, compte tenu des vents forts et glaciaux qui balayaient les falaises. Mais leur repos fut de courte durée.

- Alors ça… C’est le début des ennuis. Souffla Balir, le visage interdit et le regard porté sur l’horizon.

- Mh ?

La noiraude tourna la tête vers son paternel avant de suivre son regard. Sa pâleur naturelle s’accentua légèrement, elle blêmissait à la vue des épais nuages qui arrivaient droit sur eux.

[Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. Q4be

- Oh.

- Comme tu dis ma fille, en route ! Il ne faut pas perdre un instant.

- C’est clair comme de l’eau de roche. Confirma-t-elle en remettant son sac sur ses épaules. Il va falloir qu’on se dépêche !

Elle sentit la main de l’ancêtre se refermer sur son poignet.

- Non, se précipiter, c’est courir à sa perte. Simplement, ne perdons plus de temps.

Ainsi reprit l’ascension, chaque coup de makazorn les rapprochait toujours plus du sommet et à chaque seconde qui passait, les nuages gagnaient du terrain, recouvrant petit à petit d’une ombre angoissante le vallon qu’ils avaient descendu en tsis le matin même. Les vents s’intensifiaient et le froid était toujours plus dur à supporter, si bien que la barbe de Balir se parsemait de glaçons, tout comme les cheveux de T’sisra, leurs souffles chauds gelaient à peine les lèvres passées. Les regards que s’échangeaient le nain et la noiraude, s’ils se voulaient rassurants, étaient lourds d’une inquiétude pesante.

Le fatalisme l’emporta finalement sur l’espérance, car la réalité eut tôt fait de frapper de plein fouet les deux aventuriers. Comment avaient-ils pu oser croire l’espace d’une seule seconde qu’ils échapperaient à la tempête ?
Ils progressaient désormais sous les hurlements du vent et dans la tourmente de la neige, au cœur même des nuages qui s’écrasaient sur le Langk Duraz comme des vagues contre les récifs. Ni l’un ni l’autre ne pouvait plus distinguer le haut de l’immense falaise. Les makazorns ne se plantaient plus dans la roche, mais dans la glace. Les températures atteignaient des records indécents. T’sisra claquait des dents comme jamais cela ne lui était arrivé, redoublait d’efforts physiques malgré la douleur et ne comptait que sur sa magie pour survivre et tenir.
Balir l’encourageait en hurlant des propos qu’elle n’entendait qu’à peine, il tirait de temps à autre sur la corde qui les reliait pour l’aider à grimper. L’ancêtre se sentait rajeunit d’un siècle, s’étant trouvé une force insoupçonnée dans ses réserves. Cette tempête était pour lui un signe, car il les savait bientôt arrivés, et était convaincu que le Septentrion les mettait à l’épreuve une dernière fois.

- Lâche rien ! Aller ! Encore un effort !

- Oui ! Je vais y arriver ! Hurla la drow en retour, abattant le makazorn dans la glace.

Et que n’avait-elle pas fait... Ses yeux s’écarquillèrent, elle eut l’impression que la peau de son crâne se décollait sous la pression des sueurs froides. Une fissure se dessina dans la glace, puis devint une craquelure se propageant de plus en plus rapidement. Le pan de glace auquel la daedhel était accrochée céda dans un fracas digne du tonnerre, un hurlement lui échappait dans sa chute. Le nain, plus haut sur une corniche, dos contre la falaise, coinça solidement sa hache-piolet dans une fissure de la roche pour tenir le choc.
La corde se tendit et les vertèbres de la noiraude le lui firent savoir. Elle poussa un soupir de soulagement et jeta un coup d’œil sous ses pieds. Elle ne distinguait même plus sol.

- Ca va ?!

- Je… Je crois ! S’exclama-t-elle en regardant autour d’elle.

- Accroche-toi !

- J’peux pas ! La paroi est trop loin !

- Balance-toi !

Si tôt ordonné, T’sisra commença à se balancer au bout de sa corde. La falaise faisait une courbure sur la droite et sa paroi pleine de glace consistait en sa meilleure chance de s’y accrocher. Elle n’avait désormais qu’une peur, c’est que la corde cède. Alors elle mit plus d’ardeur que jamais afin que le mouvement de balancier soit le plus ample possible. Le premier coup de piolet fut un échec, la grimpeuse repartit se balancer dans le vide.

- Aller… Aller ! S’exclama-t-elle en voyant sa seconde chance se présenter.

La pointe du makazorn s’enfonça dans la glace. T’sisra y planta le deuxième, pour enfin reprendre son ascension. Une fois les pieds bien en place dans les creux et irrégularités de la roche et de la glace, elle leva les yeux vers son père.

- Ça y est ! J’y suis !

- C’est bien ma fille !

- Donne-moi du mou ! Je me sens coincée !

Balir s’exécuta sans plus attendre.

- On y est presque ! Le plateau est à quelques mètres au-dessus de nous !

- Alors grimpons !

Les derniers mètres, l’ultime effort. Ils y étaient presque, une poignée de minutes. Et elles leur parurent durer une éternité de souffrance, tant leurs muscles endoloris étaient proches de la tétanie.
T’sisra s’étala dans la neige, au bord du précipice. Elle avait le souffle court, son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Ils l’avaient fait. Et ils se trouvaient maintenant si haut qu’ils en avaient dépassé la couverture nuageuse, laissant place au spectacle d’un soleil déclinant, offrant ses derniers rayons au Septentrion.
Balir approchait d’un pas lent, fourbi par l’effort. Il riait à gorge déployée, la nervosité s’estompait.

- On y est ! On y est ! On l'a fait !

T’sisra, toujours allongée dans la neige, se contenta de lever le poing. L’étape la plus dure faisait partie du passé. C’était une véritable victoire.

- On devrait trouver la cabane du banni de l’autre côté du pic. Le passage est là-bas ! S’exclama le nain en désignant l’entrée d’une grotte.

La daedhel se releva avec grand peine, grimaçant et geignant. Une grotte, elle en rêvait tant ! Enfin un abri qui la tiendrait hors de portée de ce satané vent glacial qui lui transperçait la peau et les os depuis des heures. Elle répondit à son père d’un signe de tête, raccrochant les makazorns à son ceinturon avant de s’attraper les épaules et de se mettre à avancer péniblement dans la poudreuse.
La grotte n’était qu’un simple tunnel naturel qui s’étendait sur une dizaine de mètres dans le sommet du pic rocheux, débouchant sur une pente beaucoup plus douce de l'autre côté. De là, la vue était imprenable sur toute une vallée de plateaux et de conifères, encadrée de monts enneigés. À la sortie du tunnel, sur leur droite, trônait fièrement la statue qui les avait menés jusqu’ici : L’« Agrul a Molgrunn ». Un visage taillé dans la roche, semblable à celui de sa statuette de Molgrunn. Il symbolisait à la fois le dernier vestige de cette légende et le point de départ de leurs recherches.

À quelques mètres, la « Kaz Ufdi », ou « Cabane de l’Exilé » était perchée sur un petit plateau, au bord d’un précipice d’une dizaine de mètres surplombant l’orée de la forêt. L’histoire était donc vraie. L’homme que l’oncle de Dhomrumli avait battu lors d’un concours de boisson, il y a des années de cela, avait un fils dont il ne parlait jamais d’ordinaire. Une honte pour lui et son clan, si bien que le rejeton avait été banni. Ce dernier s’était installé ici, loin de toute civilisation, et lorsqu’il eut compris ce qu’était cette statue, il avait tenté de se faire réhabiliter en racontant à son père sa découverte. Malheureusement pour lui, les siens avaient vu en ses allégations une tentative désespérée de fuir son exil, et personne ne l’avait pris au sérieux.

La cabane était habitée, ça ne faisait aucun doute. La neige était piétinée de part en part, la cheminée fumait et il y avait tout un tas de bûches à côté de l’entrée, en plus du cadavre d’une biche fraîchement dépecée et… À moitié dévorée ?
En s’approchant, Balir et T’sisra découvrirent le cadavre d’un nain abandonné dans la neige, juste un peu plus loin que la hutte.

- Il y a un problème.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeJeu 24 Jan 2019 - 20:52


La bête.


Printemps, sixième ennéade de Favriüs, an quatorze, onzième cycle.


Balir observait les alentours de la cahute. Oui, quelque chose clochait, et un pas qu’un peu. Il s’attardait sur les traces dans la neige. T’sisra, quant à elle, se penchait sur le cadavre.

- Il est mort depuis peu. Affirma la nécromancienne en palpant le cou du macchabée. La rigidité le confirme, qui plus est ses yeux sont injectés de sang, mais encore humides. Il est mort depuis très peu de temps. Corrigea-t-elle en grimaçant.

- Il y a des traces de luttes, et pas des p'tites.

- Ses lèvres sont gonflées, la langue est sectionnée. Il s’est mordu tout seul, à cause d’une douleur sans pareille, je présume. Sa cage thoracique a été enfoncée, ses côtés ont dû lui percer les poumons. Il a été écrasé par quelque chose de très lourd.

- Sa jambe est ici.

La noiraude se redressa pour rejoindre son père, qui ne disait plus rien. La daedhel comprit instantanément son mutisme. La guibolle avait été arrachée puis grignotée.

- Il arrive. Lâcha-t-elle sans plus de cérémonie.

Un battement de cœur régulier et puissant retentissait à ses oreilles, il provenait de la pente qui descendait vers la forêt. La créature en revenait. Tous deux blêmirent en la voyant se dessiner au fur et à mesure. L’énorme ursidé avait le regard torve et empreint d’une rage sourde qui ne demandait qu’à s’exprimer dans la plus implacable des fureurs. Sous son épais manteau de fourrure blanche, on devinait une musculature saillante. Ses griffes étaient pareilles des dagues et plus menaçantes encore que ses crocs.

- Qu’est-ce que c’est que cette bête…

- Un bearög !

Ils étaient pris au dépourvu, épuisés qu’ils étaient de leur incroyable ascension. Balir lui hurla de se mettre à l’abri, ce que la noiraude fit aussitôt en allant se plaquer contre le mur de la cabane. L’ancêtre avait pris ses makazorns en main, résolument prêt à en découdre, il faisait face à la créature qui approchait lentement, mais sûrement.
La situation avait dépassé le stade du critique au-delà de toute raison. T’sisra se saisit ferment de ses haches-piolets à son tour, attendant patiemment le moment idéal.

- Approche ! Approche bearög ! J’vais te montrer comment les nains s’battent !

Et sur ses mots, la bête chargea. Chacune de ses foulées retentissait comme un glas aux oreilles de la daedhel. Balir plongea sur le côté pour éviter la charge, il voulut frapper la bête, mais elle était vive et se tournait déjà vers lui. Ce qui laissait son flanc sans défense face à la daedhel qui s’était élancée pour lui infliger, d'une main trop sûre, une profonde blessure.
L’ursidé pivota si rapidement qu’elle ne put réagir, et il envoya son assaillante valdinguer contre le mur de la cabane d’un puissant de coup de patte. Son père se lança à l’assaut à son tour, frappant dans l’autre flanc désormais sans surveillance. T’sisra contemplait la scène, à moitié sonnée, elle ne parvenait plus à distinguer correctement la rixe, il lui semblait voir des couleurs qu’elle connaissait même pas lui filer devant les yeux.

La vieille barbe se démenait comme un diable, s’il n’arrivait pas à attaquer la bête, car l’approcher était bien trop dangereux, il parvenait au moins à tourner autour en évitant, autant que faire se peut, ses attaques. Du moins jusqu’à que la poudreuse lui fasse défaut, car dessous, se cachait la pierre qui le fit trébucher.
Dans les secondes qui suivirent, il se retrouvait à croiser les haches dans la gueule du bearög. Il avait beau forcer, rien n’y faisait, il allait se faire arracher le visage à coup de crocs et ce serait sa fin.
La mâchoire de l’ursidé céda contre toute attente dans un craquement d’os effrayant. La voix de la daedhel vomissait des paroles sombres et lourdes de souffrance qui firent reculer le prédateur. Reculer pour mieux sauter, car sa mâchoire brisée ne fit que nourrir sa fureur. Il s’élança au-dessus du nain pour fondre sur la daedhel, qui prit ses jambes à son cou.
Le souci étant qu’elle ne put aller très loin, car déjà, elle se trouvait au bord du précipice surplombant le vallon forestier, et le bearög, dans sa rage primale, fut incapable de s’arrêter, glissant sur la neige et disparaissant au bout de la corniche avec la daedhel.

- T’sisra ! Nooon ! S’époumonait le nain qui avançait à quatre pattes jusqu’au flanc de falaise. T'sisra !

La noiraude avait été emportée dans la chute de l'animal. S'il s'était montré violent et dangereux, il avait été tout aussi pataud et aveuglé par sa rage.

- Je… Je suis là !

- Par ma barbe ! Tiens bon !

La noirelfe, suspendue dans le vide, s’accrochait à son makazorn, qu’elle avait eu le réflexe de planter dans la roche durant sa chute. Un regard en bas lui confirma la mort de l’ursidé, s’étant écrasé contre les rochers dix mètres plus bas, aux pieds des arbres. Balir lui descendit la corde qu’elle agrippa fermement, et dans un effort supplémentaire, le vieux nain remonta sa fille jusque sur le plateau.

- Je veux dormir deux jours. Au moins. Et je crois avoir une côte ou deux de brisées.

L’ancêtre aida T’sisra à se remettre debout en acquiesçant vigoureusement à ses propos. Il l’entraîna jusqu’à l’intérieur de la cahute du banni, dernier vestige la civilisation en cette vallée inexplorée.
L’intérieur était chaud et agréable, les murs et le sol étaient parsemés de peaux provenant de diverses bêtes. Loups, ours, boucs, bien des chasses avaient rythmé la vie de l’exilé. Dans sa cheminée, qu'il avait dû la construire lui-même, le feu y était encore allumé, cependant presque éteint. Il y avait une table sur laquelle était empilée des peaux qui avait servi à écrire, un simple tabouret devant et un lit de paille dans un coin. Le nain vivait chichement, mais avait construit les commodités nécessaires aux conditions de sa survie. Derrière la cabane, il y avait même un fumoir à viande. D’effets personnels, ne restaient qu’un arc et une hache de facture naine, un carquois de cuir, et dans une caisse étaient entreposées des flèches somme toute très basiques.

T’sisra s’installa près du feu, s’allongeant sur la peau de loup qui faisait office de tapis. Elle ferma les yeux, et malgré la douleur de ses côtes, elle s’endormit en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire. Balir s’installa sur le lit, lui qui voulait veiller le temps du repos de sa fille, fut aussi surpris le sommeil quelques minutes plus tard.

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Jeu 31 Jan 2019 - 6:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeVen 25 Jan 2019 - 16:37


Vivre aux confins du monde.


Printemps, neuvième ennéade de Favriüs, an quatorze, onzième cycle.


Balir abattait sa hache à un rythme régulier sur le billot, coupant en deux, voire trois, les morceaux de bois qu’il avait ramené de sa journée passée à bûcheronner. Le nain allait abattre sa hache, une fois de plus, quand il aperçut la daedhel qui remontait la pente depuis la forêt, accompagnée d’un cerf marchant au pas à ses côtés. Il leva la main pour lui faire un signe, qu’elle lui rendit aussitôt.
Voilà trois ennéades qu’ils s’étaient installés ici, après leur arrivée catastrophique. T’sisra avait dormi quasiment les deux premiers jours, puis avait passé le suivant à se soigner elle et le nain. Le bearög les avait tout de même bien amochés, la drow s’était retrouvée avec deux côtes brisées et une plaie peu profonde, l’ancien s’était démis une vertèbre et avait souffert de quelques contusions. Une chance que cet animal fut pataud, sans quoi leurs destins auraient été scellés ce jour-là. Et quant au banni, le propriétaire des lieux, il fut enterré, lui et sa jambe, derrière sa cabane.

- La chasse a été bonne ! Lança le nain en mettant sa hache sur l’épaule.

- Plutôt oui.

Le cerf avança jusqu’à la cabane, sans ciller ni s’intéresser à quoique ce soit. Puis il s’effondra tout bonnement aux côtés du fumoir à viande.

- J’irai le débiter le plus tard.

- On a encore deux lapins de toute manière, et de la viande de bearög. Mais par pitié, mangeons autre chose aujourd'hui...

- Certes, accorda-t-elle en riant, mais il va nous falloir quelques provisions. Je pense avoir repéré certains lieux intéressants. Oh et… Il y en a bien une troisième.

Balir manifesta sa stupeur en écarquillant les yeux, puis s’approcha de sa fille qui lui tendait la carte dessinée sur une peau. C’est le banni qui avait cartographié le vallon de son vivant. Il en avait fait plusieurs exemplaires, dont les premiers étaient très approximatifs. Et en plus de cela, il avait découvert des choses intéressantes, très intéressantes. La statue, à la sortie du tunnel, qui représentait un visage de pierre, avait deux sœurs jumelles, marquées sur la carte. Les autres points d’intérêts, ni Balir ni T’sisra n’avaient encore eu le temps de s’y aventurer, cependant il était certain qu’ils le feraient d'ici peu.

- Et alors ?

- Alors… Rien.

- Comment ça rien ?

- Je ne sais pas, ça n’a pas de logique particulière. L’entrée du vallon, la cabane. Fit-elle en désignant leur emplacement. La seconde à l’Ouest, au pied du pic rocheux, et la troisième au Nord-Est, à une demi-journée de marche.

Le nain se passait la main dans la barbe, songeur. Les dawis avaient l’habitude de construire des choses, mais rien d’aussi hasardeux. Il avait beau se demander sur quel modèle avaient été pensées ces constructions symboliques, rien ne lui venait en tête. Il se contenta d’un haussement d’épaules agrémenté d’un soupir, puis s’intéressa à un cercle qui semblait avoir été rajouté il y a peu.

- Et ça ?

- C'est moi qui l'ai rajouté. Des vestiges. Il y a comme une grosse brique, en creusant un peu la neige, j’en ai trouvé une autre. Confia-t-elle dans un sourire, les yeux plein d’espoir. Il va falloir qu’on y fasse un tour et qu’on s’y mette sérieusement. Il y a peut-être quelque chose à en tirer.

Le nain acquiesça et lui fit signe de le suivre. T’sisra lui emboîta le pas et l’aida à entasser les bûches contre le mur de la maison. Après quoi, tous deux rentrèrent s’abriter à l’intérieur alors que le soleil déclinait lentement à l’horizon.

La soirée fut calme, comme d’habitude depuis ces derniers jours. Cette demeure leur offrait le confort et la sécurité dont ils avaient cruellement manqués jusqu’ici. Et comme chaque soir, Balir se mit aux fourneaux, tandis que la daedhel épluchait les innombrables peaux sur lesquelles l’exilé avait écrit durant toutes ces années.
Il y avait bien des choses n’ayant ni queue ni tête, comme celle où il avait dessiné un peu plus d’une dizaine d’empreintes de mains. Ou encore la peau sur laquelle il avait inscrit des dizaines de fois « Abomination des Montagnes ». Balir avait évoqué un conte pour enfants, une histoire à dormir debout que les parents racontaient à leurs progénitures, pour les convaincre de ne pas s’aventurer seules dans les montagnes. Tout semblait indiquer que le précédent locataire avait perdu la boule, et sûrement souffert d’une paranoïa aigüe sur les dernières années de sa vie. « Les dégâts de la solitude. » avait souligné l’ancien en servant le repas, au cours duquel il fut question de leur première expédition.

- Il reste assez de viande fumée pour trois ou quatre jours.

- C’est toujours ça. Une fois sur place, on pourra chasser si besoin est.

Balir acquiesça et croqua dans le cuissot du lapin en soupirant d'allégresse, le bonheur de manger autre chose que du bearög se lisait sur ses traits.

Le matin, il avait déjà préparé des paquetages et rassemblé quelques provisions, car cela faisait déjà plusieurs jours qu’ils parlaient tous deux d’une première expédition, et il avait été prévoyant.

- Il nous faut des pelles, des seaux… N’oublions pas la corde, au cas où…

- Y en a qu’une. Coupa le nain en se grattant le crâne.

- De ?

- De pelle. Et on a qu’un seau.

T’sisra ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire et haussa les épaules.

- On creusera à tour de rôle !

- Vendu.

En terminant son repas, elle retourna auprès des tsis. Depuis plus d’une ennéade, elle s’était attelée à leur amélioration, et le résultat était à la hauteur des efforts fournis. Sous les tsis, elle avait fixé de longs bouts de peau du bearög, dont elle avait auparavant raccourci un peu le poil.

- Tu as peur qu’ils prennent froid ? Demanda le nain sur un ton railleur en s’asseyant sur le lit.

- Si tu savais ce que j’arrive à faire avec maintenant, tu ne prendrais pas ce ton. Rétorqua la drow en riant. Sous les poils longs du bearög, il y en a d'autres beaucoup plus courts, tous orientés dans le même sens.

- Et donc ?

- Et donc, reprit-elle avec un sourire, cela permet de bien glisser dans un sens, tout en offrant une retenue dans l’autre sens.

- C'est-à-dire ? Insistait l’ancien en se redressant un peu, tout de suite plus intéressé.

- Ça veut dire que tu ne risques plus de glisser vers l’arrière sans le voir venir. Ça veut aussi dire que même sur une côte douce, tu peux avancer. Plus besoin de sortir les raquettes. Si la côte est très forte, tu peux grimper en diagonale sans enlever les tsis.

Balir resta pantois, il descendit du lit pour rejoindre la noirelfe et passer sa main sur la peau fixée sous le tsis. Douce dans un sens, rugueuse dans l’autre.

- Alors ça, c’est pas mal du tout. Déclara-t-il en mettant les mains sur les hanches.

La drow cachait sa fierté derrière un sourire amusé. Le nain leva l’index et se dirigea vers les sacs, duquel il en sortit deux colliers de griffes.

- Un pour toi, un pour moi ! Fit-il en lui tendant un des colliers.

- Oh, merci.

Tous deux passaient leur collier autour du cou. Le bearög n’était pas un prédateur très commun, et ceux qui étaient encore en vie après en avoir croisé un étaient encore plus rares. Leurs griffes consistaient en un trophée de chasse important chez les nains.

- À garder précieusement, bien des chasseurs nous jalouseraient pour un tel bijou.

T’sisra acquiesça, tripotant machinalement les griffes pierreuses qui se balançaient au bout du collier. Ce cadeau, elle le garderait toujours. Un souvenir de cette escapade folle en compagnie de son père, rien n’aurait pu lui faire plus plaisir.
Cependant, la nuit tombait rapidement, et il leur fallut ne pas plus tarder, car demain, la journée s’annonçait éprouvante.

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Ven 25 Jan 2019 - 20:18, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeVen 25 Jan 2019 - 18:55


Les vestiges au Nord-Est.


Printemps, neuvième ennéade de Favriüs, an quatorze, onzième cycle.


Les voyages, en tsis cela les rendaient bien moins éprouvants et plus rapides qu’ils ne l’auraient pensé, surtout depuis que la daedhel y avait fixé la peau de bearög.
Balir portait le gros du matériel d’excavation, le seau, la pelle, la hache et la pioche. Il était armé de ses makazorns, tout comme T’sisra, qui elle, transportait les vivres dans son sac, en plus de l’arc et du carquois de flèches. Et s’ils avaient estimé une demie journée pour se rendre jusqu’aux vestiges, il ne leur eût fallu seulement que la moitié de la matinée pour y arriver.
Sur place, ils s’attelèrent avant toute chose, à monter le camp. Autrement dit, une toile attachée et tendue entre trois arbres servant de coupe-vent, l’établissement d’un feu de camp, qu’ils allumeraient plus tard, et le repérage des lieux.

[Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. Sk5m

Ainsi, pendant que Balir s’occupait d’abattre un arbre, la noiraude s’affairait à déblayer au maximum de ses capacités, et à grand renfort de coups de pelle, ce qui ressemblait aux vestiges d’une construction naine. À la mi-journée, tous deux profitaient d'une pause bien méritée en dégustant un repas frugal, et contemplaient les pierres taillées mises à jour.

- On dirait… Un sol.

- La base d’un bâtiment oui.

T’sisra avançait sur ce qui ressemblait à une margelle, en agitant sont bout de viande en l’air.

- Non mais franchement… Je suis un peu déçue. Je me serai attendue à quelque chose de plus… Attrayant et mystérieux. Souffla-t-elle en regardant vers la cime des arbres. Quelle hauteur ça pouvait bien faire ?

- Aucune idée. Si le bâtiment s’est effondré, on devrait normalement en trouver d’autres morceaux aux alentours. Il va falloir chercher un peu et creuser. Sinon…

- Sinon ?

- Sinon, c’est étrange.

La daedhel fixait le nain d’un air perplexe. Évidemment que c’était étrange, personne ne pouvait faire disparaître un bâtiment comme ça. Personne. Quand bien même ces ruines dataient de plusieurs cycles, c’eut été un chantier titanesque s’il avait fallu emporter ces larges pierres ailleurs, et pour quelles raisons aurait-on fait cela ?
T’sisra pestait, elle comprenait pourquoi elle était une aventurière et une exploratrice, et pas une archéologue. Elle avait trop de lacunes sur bien des sujets pour émettre une quelconque hypothèse.

- T’en fais pas, on va continuer à chercher dans les alentours.

L’estomac plein, ils s’étaient séparés pour creuser aléatoirement la neige aux alentours des vestiges. Et après trois bonnes heures, c’était chou blanc pour l’un comme pour l’autre. Rien, pas un bloc, pas une pierre taillée, pas un fragment de quoique ce soit qui faisait penser à des vestiges.
Alors ils s’attelèrent à la seule tâche qu’il leur restait : Déblayer toute la neige des vestiges. Et c’est un travail qui leur prit bien deux jours. Et encore, le temps était avec eux. Les seuls nuages menaçants étaient restés loin du vallon.

- Bon…

- Comme tu dis.

Les aventuriers admiraient avec désarroi les vestiges désormais bien visibles et délimités. On distinguait très nettement les fondations des murs, légèrement surélevées comparé au sol de pierre. On pouvait compter à peu près quatre mètres sur quatre. Balir doutait que l’édifice n’eût jamais été très élevé, compte tenu de la surface et de la taille des pierres.
Par curiosité, ils s’étaient relayés pour creuser plus profondément à côté des fondations, et là encore, la taille en hauteur de la pierre était impressionnante. Ils avaient abandonné au bout de quelques heures, car les réponses à leurs questions requéraient toute une équipe de bâtisseurs, de l’équipement qu’ils n’avaient pas, et la mise en place d’un chantier sur plusieurs ennéades.

- On l’a dans le cul. Profond. Déclara platement la daedhel.

- Qui t’a appris à parler comme ça en khazalid ?

- Dagobert. Il connait toutes les injures.

- Pourquoi ça ne m’étonne pas…

Balir croisa les bras et s’était tourné en direction du Sud-Est. T’sira lui avait montré, ce matin même, l’emplacement d’une des statues jumelles de Molgrunn. Elle n’était qu’à une centaine de mètres d’ici.

- Et tu crois qu’il n’y a rien à tirer de la statue ?

- À part le fait qu’elle soit orientée Nord Nord-Ouest et regarde en direction des vestiges ? Je n’ai pas d’autres idées.

Ils se regardèrent un instant avant de s’échanger des sourires béats. Pourquoi n’y avaient-ils pas pensé plus tôt ? « La statue à l’Ouest ! » S’exclamèrent-ils d’une seule voix. L’espoir était de nouveau permis !

- On remballe le camp !

- On file à la statue de l’Ouest !

- On rentre à la maison, on se repose et on fait le plein de provisions. Et ensuite… On ira voir.

- Je… Oui, c’est plus sage. Faisons comme ça.

Le démontage du camp commença donc en fin d’après-midi. Ils n’attendraient pas le lendemain pour repartir, ne craignant pas d’être surpris par la tombée de la nuit puisque toujours équipés de leurs tsis pour faire le voyage du retour. Cependant, un détail vint troubler leur attention.

- C’est toi qui as rangé les lapins ? S’enquit la noirelfe en jetant un œil à son père.

- Du tout. Je croyais que tu portais les vivres.

- Justement. Ils ont disparu. Les deux. Ajouta-t-elle en mimant le chiffre avec les doigts.

Le silence s’abattit sur leur campement à moitié démonté, chacun scrutait les environs de son côté, beaucoup moins serein qu'auparavant. La daedhel confirmait n’entendre aucun battement de cœur à proximité. Balir n’avait trouvé aucune autre trace dans la neige, à part les leurs. Les lapins s’étaient tout bonnement volatilisés. Ainsi, pressés par l’espoir de leur prochaine expédition et par la méfiance nouvellement installée, ils repartirent sans un regard vers l’arrière, et ce, à bonne allure.

Le soir même, T’sisra et son père se trouvaient près du feu crépitant dans la cheminée, à l’abri de la nuit sous le toit de la Kaz Ufdi. Cette première expédition était une défaite, mais pas aussi cuisante qu’elle en avait l’air, car après tout ils avaient encore une piste à explorer. Désormais, ils espéraient simplement que la chance daigne bien leur sourire.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeLun 28 Jan 2019 - 18:26


La statue de l'Ouest.


Printemps, première ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


T’sisra était allongée sur le flanc, sur la peau de bête devant l’âtre empli de braises encore rougeoyantes. Elle s’étira jusqu’à en faire craquer ses vertèbres. Se tournant sur le dos, elle ouvrit les yeux pour contempler le plafond avec l’envie de rester ici à regarder le temps passer. La daedhel n’avait pas si bien dormi depuis plusieurs jours. Elle tourna la tête à droite puis à gauche, parcourant la pièce du regard, avant de se frotter les yeux. La daedhel cherchait sa gourde à tâtons, qu’elle avait laissé choir sur le sol la veille.
Balir était de sortie. Le nain devait s’occuper de la viande dans le fumoir, car la nécromancienne entendait les battements réguliers de son cœur de l’autre côté du mur. Ces mêmes battements qui s’accélérèrent quelques instants plus tard. L’ancien faisait le tour de cabane en trombe.

- On a un voleur sur le dos ! S’exclama le nain en faisant une entrée fracassante.

Il claqua la porte derrière lui pour ne pas laisser le vent froid envahir leur refuge, avant de reprendre son souffle et se détendre sous le regard interloqué de sa fille.

- C'est-à-dire ?

- Viens voir par toi-même. Dit-il en lui désignant le manteau de fourrure de la daedhel. Habille-toi, j’aimerais avoir ton avis.

T’sisra poussa un long soupir de lassitude. Elle avait envie de rester là, allongée près de la cheminée à ne rien faire d’autre que de contempler le plafond de leur foyer de fortune. Elle roula sur le côté pour se redresser, s’envoyant une rasade d’eau avant de jeter la gourde sur le lit de paille et s’emparer de son manteau.

Une poignée de minutes plus tard, la noirelfe suivait son père jusqu’à l’arrière de la maisonnette pour observer les méfaits du malandrin qui piochait allègrement dans leurs réserves de nourriture.
Trois des quatre lapins étaient en miettes, et ce qu’il restait du cerf avait été très largement attaqué. Balir tapait du pied, les poings sur les hanches et scrutait l’horizon, ses sourcils broussailleux froncés sous l'indignation.

- Et comme pour nos lapins disparus de l'autre jour, aucune trace dans la neige !

- Si.

- Quoi ?!

T’sisra désignait ce qui ressemblait à un bout de trace. Un bout de trace de talon plus précisément.

- C’est tout ?

- Tu as marché sur les traces.

L’ancien se frappa le front à s’en décoller les oreilles. S’il y avait bien deux choses qui l’agaçaient plus que tout le reste, la première était de faire preuve d’une maladresse effarante, la seconde, qu’on s’attaque à son garde-manger. Sa fille se fendait d’un sourire qui eut tôt fait se muer en un rire moqueur.

- Donc on a rien.

- Si.

- Comment ça ?

- Ça, c’est des coups de bec. Affirma-t-elle en désignant la carcasse du cerf. On a pincé et arraché des bouts de viandes. En revanche, ce bout de trace ne ressemble pas à une empreinte de serre, même partielle.

- C’est maigre.

- Regarde le cerf, la peau a été percée, ici et là, fit-elle en désignant les trous dans la chair, ça, ce sont des marques de serres, et pas des petites. J’en mettrai ma main à couper. Donc… Ce bout de talon, ajouta-t-elle en désignant la trace, confirme ce que je pense.

- Et donc ?

- Qu'il appartient à une bestiole d'un mètre quarante environ... Ronchonne, vieille, avec un goût prononcé pour la viande et une énorme barbe. En revanche, les empreintes sur la carcasses appartiennent à une créature volante. Déclara la daedhel le plus platement du monde avant de se mettre à sourire.

L'agacement de l'ancien s'évanouit au rythme de leurs rires.

- On se fait plumer par un oiseau.

- Un rapace, oui.

- Comment on règle le problème ?

- En construisant de quoi stocker nos provisions pour les tenir hors de portée des rapaces affamés ? Proposa-t-elle en reportant son attention sur le nain.

- Ou en abattant l’animal.

- Bon courage. Attraper une bête qui attend d’avoir le champ libre pour piocher dans nos réserves, c’est dur. Même si, au vu des marques, elle semble être un gros morceau...

Ils se regardèrent quelques instants sans échanger un mot. Puis Balir tourna les talons, en lui accordant qu’il n’avait pas spécialement envie de passer la nuit à veiller en restant planqué sous la neige.
Sur ces entrefaites, ils s’équipèrent pour quitter la maison en milieu de matinée et partir en direction de la statue de Molgrunn, à l’Ouest du vallon.

La distance à parcourir n’était pas très grande, aussi le trajet fut assez rapide pour qu’ils soient au pied de la statue pour l’heure du repas. Comme d’habitude, chacun s’affairait à sa routine. T’sisra dressait le camp pendant que Balir ramenait de quoi allumer le feu, après quoi il s’occupa de préparer la pitance, pendant que la daedhel tournait autour de la statue en se creusant les méninges.

- Alors, qu’est-ce que ça donne ?

- Et bien… Souffla la drow avec l'air un brin déçue en désignant la statue d’un geste ample. Elle est exactement comme les deux autres, en tous points identiques. Celle-ci est orientée Nord Nord-Est et… Dans cette direction, il n’y a rien, à part des arbres, de la neige... Et des cailloux.

- Rien de concluant.

- Rien. J’ai eu beau mettre quelques coups de pelle au hasard en suivant la direction dans laquelle regarde la statue, mais…

La noirelfe se confondit en grognements plaintifs suivis d’une flopée de jurons tous plus fleuris les uns que les autres. Si on parlait bien des statues dans la chanson, rien ne disait pourquoi elles avaient été construites et laissées là. T’sisra en avait déduit qu’elles permettaient aux voyageurs de se repérer et suivre le chemin emprunté par Molgrunn et les siens, cependant tout portait à croire qu’elle s’était plantée, et en beauté.

- Ça commence à me courir.

- Tu veux déjà rentrer ? Demanda le nain sous le coup de la surprise.

- Non, sur la carte de banni, il y a une autre marque près de celle qui indique l’emplacement de la statue. On peut toujours aller voir.

Son père acquiesça, en arguant qu’avant de se lancer dans quoique ce soit d’autre, ils devaient se remplir l’estomac. Ce à quoi la noiraude n’opposa aucun argument, puisqu’elle n’avait encore rien mangé de la journée et son ventre grognait au moins autant qu’elle fulminait.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeMar 29 Jan 2019 - 18:46


La vermine du grand Nord.


Printemps, première ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


T’sisra trônait fièrement debout sur l’énorme bloc de pierre, taillé des cycles auparavant. Balir examinait les autres avec l’œil expert du nain reconnaissant là le travail d’un compatriote. Ils avaient mis la main sur les vestiges d’un petit bâtiment, qui devait, il y a bien longtemps, couvrir l’entrée du boyau rocheux s’enfonçant dans la paroi.

- Aucun doute là-dessus. Cette grotte, enfin, ce tunnel plutôt, a été creusé par des nains. C’est l’entrée de quelque chose, pour sûr. Affirma l’ancien avec un sourire sur les lèvres. Ce qui est étonnant, c’est que la statue de Molgrunn n’était pas tournée dans sa direction.

La daedhel se contenta d’un haussement d’épaule, trop heureuse d’avoir enfin trouvé quelque chose. C’était effectivement déroutant au vu de leurs précédentes conclusions, mais quelle importance maintenant qu’ils avaient une nouvelle piste et un tunnel plein de promesses à explorer ?

- Bon, on y va alors ?

- Je te suis.

T’sisra sauta du bloc jusque dans la neige et se dirigea vers l’entrée du tunnel, Balir était sur ses talons. À mesure qu’ils s’enfonçaient dans le boyau rocheux, une odeur de plus en plus désagréable agressait les narines des aventuriers.

- Bon sang… De merde ! Lança le nain en se pinçant le nez.

La nécromancienne tendait l’oreille, le regard tourné vers le nain. Elle entendait des battements de cœur, en nombre. Quelque chose vivait ici, dans ses propres excréments et sa crasse.

- Ça sent le gobelin. Murmura l’ancien en retenant la noirelfe par le poignet.

Elle se contenta d’acquiescer puis se saisit de ses makazorns, quand Balir refermait les mains sur la longue hache du banni, désormais sienne. Leur progression se fit plus lente, plus silencieuse et mesurée. Leurs regards se perdaient dans les recoins les plus sombres, à l’affût du moindre mouvement, jusqu’à enfin arriver à l’angle du mur. La daedhel fit signe à son père de s’arrêter.
De la lumière dansait sur les parois de briques et de roches naturelles, les battements des cœurs s’étaient fait plus audibles que jamais. Elle jeta un coup discret, ne passant que la tête au coin du mur.

- Des gobelins, fit-elle avec un air embêté, ils sont une dizaine.

- C’est tout ?

- Le tunnel est effondré de l’autre côté, ajouta-t-elle avec une énorme déception, c’est fichu.

- Par ma barbe, c’est pas possible...

La nécromancienne se crispa, le nain le vit instantanément. Quelque chose n’allait pas. Elle tourna la tête dans la direction de laquelle ils venaient. Un nouveau battement de cœur se rapprochait, et inévitablement, l’autochtone poussa un cri de stupeur en découvrant les deux intrus.

- Dach haakhaan ! Beugla le gobelin qui rentrait à son campement.

Balir fondit sur le peau-verte solitaire et abattit la hache à deux mains dans son crâne avec une hargne effrayante. Les cris des résidents retentirent, ils prenaient les armes et se lançaient à l’assaut.

- Ils nous foncent dessus ! S’écria T’sisra en passant l’angle pour faire barrage face à la dizaine de gobelins se ruant sur leur position.

L’espace d’un instant, les poils du nain se hérissèrent. Son instinct lui hurlait qu’un danger se manifestait, et ce danger, c’était sa fille. Sous ses yeux effarés, les premiers gobelins s’écroulèrent dans leur charge, se roulant au sol en beuglant de douleur. Leur peau se décollait, leurs chairs se putréfiaient et leurs yeux se desséchaient, alors même que la daedhel avançait sereinement vers l’affrontement. Elle abattit son makazorn dans le premier crâne à portée, tandis qu’un autre gobelin lui assénait un coup de son bout de bois dans la jambe.
L’ancien se jeta à son tour dans la bataille, avançant en mettant de larges coups de hache devant lui. S’il ne parvenait pas toujours à frapper ou tuer, au moins cela faisait reculer leurs adversaires.
Parmi les gobelins, ceux ayant un instinct de survie plus développé que les autres, eurent tôt fait de comprendre que s’approcher de la nécromancienne revenait à signer leur arrêt de mort. Aussi, ces quatre petits malins reculèrent et entreprirent de lapider leurs assaillants à coup de caillasses. La manœuvre étant efficace, puisque forçant la daedhel et le nain et retourner s’abriter à l’angle du mur.

- Combien y en reste ?!

- Cinq. On en a eu sept.

- Tu es blessée ?

- Pas vraiment. Et toi ?

- J’ai pris un caillou sur le crâne, fulmina-t-il en passant la main sur sa blessure qui saignait, heureusement que les nains ont la tête dure.

La noiraude leva l’index, le silence s’abattit dans le tunnel.

- Je ne les entends plus. Ils se sont éloignés.

Tout en gardant leurs armes en main, ils s’avancèrent au milieu du camp des gobelins, enjambant les cadavres frais qui se trouvaient sur leur chemin. L’endroit sentait mauvais, très mauvais. Les peaux-vertes avaient entassé leurs excréments dans un coin de la pièce et ainsi modelé une sorte d’autel… C’était tout bonnement répugnant.
Un rapide tour des lieux, et ils se retrouvèrent devant la partie effondrée du tunnel. Balir inspectait les éboulis.

- Ça été fait volontairement. Il y a des coups de pioche ici, et là. Ce bloc a été retiré avec un outil, de quoi faire levier. Commenta-t-il en désignant les marques dudit bloc de pierre. Ici et là. Puis le reste s'est effondré, tout naturellement.

- Mh… Et au vu de la taille de leur construction de… Fiente de gobelin, et à l’odeur, je peux t’affirmer qu’ils se sont installés il n’y a pas si longtemps. Tout au plus quelques ennéades.

- Par où sont partis les fuyards ?

- Ici. Répondit la drow du tac au tac en désignant un tunnel creusé dans la paroi.

Elle se baissa pour en observer la profondeur, mais il se perdait rapidement dans la pénombre. En revanche, il semblait parallèle au tunnel effondré.

- Je te parie ce que tu veux, que ce tunnel rejoins l’autre côté. Je suis trop grande pour rentrer dedans par contre.

- Et moi, jamais je ne m’enfoncerai dans un tunnel de gobelin.

T’sisra tourna la tête vers son père et le regardait droit dans les yeux, un regard plus insistant à chaque fois que le nain secouait la tête en signe de refus.

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Mar 29 Jan 2019 - 20:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeMar 29 Jan 2019 - 19:16


L’héritage du banni.


Printemps, première ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


Balir ne savait pas vraiment ce qu'il contemplait, allongé dans cette immonde galerie puante, et dans laquelle il n’arrivait qu’à peine à se déplacer. Il distinguait un angle au bout, partant sur la droite, signe cela contournait bel et bien l’éboulis de blocs et de roches obstruant le tunnel principal.

- Viens m'voir dans l’Lörn, on va partir à l'recherche d’une cité perdue et courir après une légende en famille…

Mais pour quelle raison avait-il accepté une chose pareille ? Sa barbe traînait dans la pisse et la chiure de gobelin, et avancer de quelques centimètres le forçait à se tortiller comme un asticot. Heureusement qu'aucun autre dawi n'était là pour admirer la scène !

- Daagaan an a dach ghac ac daan dokaach ! Scanda une petite voix, dont l’écho se réverbérait dans la minuscule galerie.

Le nain se figea, à trois mètres devant lui, juste à l’angle que prenait la galerie, il lui semblait apercevoir une tête. Il se mit à hurler.

- Qu’est-ce qui se passe ?!

- Il y en a un ! Un gobelin ! Scandait le nain en se tortillant vers l’arrière. Un gooobelin !

- Reviens ! Vite !

- J’essaie ! J’ai pas la place ! Par ma barbe, quelle connerie ! Mais quelle foutue connerie !

Le gobelin, curieux, mais prudent, s’enfonça un peu plus dans la galerie, son bâton pointu en main. Balir tenta de le dissuader d’avancer en poussant son cri de guerre le plus effrayant.
T’sisra s’allongea dans la précipitation pour s’enfoncer à demi dans le tunnel et attraper son père par les pieds. Heureusement qu’il n’avait pu aller très loin ! Elle tirait tout ce qu’elle pouvait, le nain gesticulait si vite qu’elle prit même un coup de talon en plein nez.

- Mais tire ! Tire-moi de là !

- Mais c’est c'que j'fais putain !

Enfin, le nain avait gagné assez de terrain à reculons pour qu'elle puisse s’accroupir devant l’entrée de la galerie, tout en étant capable d’attraper les chevilles de l’ancien. La daedhel put alors le tirer de là bien plus vite.

- Ah ! Aha ! Oui ! Ouuui ! S’exclama-t-il, enfin extirpé de ce conduit de mort, brandissant les bras tout victorieux qu’il était.

- Tu n’as rien ? S’enquit sa fille, qui saignait du nez comme pas possible.

- Ma barbe est pleine de… Raaah ! C’est pour ça qu’on ne va jamais dans une galerie de gobelin ! De toute façon y a pas la place ! En plus, c’est un coup à se faire tuer !

Les oreilles de la noirelfe s’affaissèrent. L’idée avait été très mauvaise et très dangereuse, et uniquement motivée par le fait qu’une fois de plus, leur piste, à peine découverte, s’était révélée sans débouché. En jetant un coup d’œil dans la galerie, elle put constater qu’il n’y avait plus rien à l’intérieur, pas même le gobelin qui avait tant effrayé le nain. Elle s’assit contre la paroi en poussant un soupir de soulagement, essuyant le sang qui coulait de son nez d’un revers de manche.

- Ton nez…

- Ah… Je l’ai bien mérité. Jamais je n’aurais dû te pousser à aller là-dedans. J’ai eu la peur de ma vie.

- Et moi donc !

Il tendit la main à T’sisra.

- On passera pas par ici, c’est clair et net.

- Et non, c’est foutu. Une fois de plus.

- Pas vraiment.

- Ah, tu trouves ?

- On aura au moins appris une chose, c’est qu’on est au bon endroit. Il y a quelque chose là-dessous, il y a des entrées, bouchées, mais il y en…

- Mais oui ! L'interrompit-t-elle en attrapant la main tendue pour se relever.

- De quoi ?

- Tu as raison ! Les entrées ont été condamnées. Et ça ne date pas d’il y a si longtemps ! Pour celle-ci tout du moins. Mais les vestiges au Nord-Est, ce n'était pas juste des fondations ! Ce qu'on a pris pour le sol... C'est qu'on a démonté les murs pour boucher une entrée !

Ils se regardèrent, tous deux frappés par l’évidence même : « Le banni ! ».

- Bon sang de bois ! C’est lui qui a condamné les entrées, depuis toutes ces années passées ici, c’est à ça qu’il s’est consacré !

- Exactement !

- Si ça se trouve, il y a d’autres entrées qu’il n’a pas encore pu condamner, ou pas complètement.

- C’est ce que je me dis parce que…

- Parce que c’est un chantier déjà costaud pour un groupe, alors pour un seul homme, ça prendrait des années !

Ils s’en retournèrent prestement en direction de leur bivouac, mais « prestement » était un bien grand mot, étant donné qu’entre l’entrée du tunnel et la statue, il y avait bien deux heures et demie de voyage, à tsis qui plus est.
Cependant, ils savaient désormais qu’il leur fallait revenir aux fondamentaux, étudier les écrits du banni, suivre ses traces. C’est ainsi qu’ils démêleraient le nœud du passé.
En arrivant à leur campement de fortune, la nuit était tombée. Tous deux étaient fourbus, contusionnés et fatigués. Ils estimèrent plus sage de rester sur place et se reposer, jugeant que de toute manière, les gobelins s’étaient repliés dans les profondeurs et que pour leurs petites jambes, arriver jusqu’ici leur prendraient beaucoup plus de temps que pour des tsieurs sachant où aller. D’autant que les traces des tsis dans la neige seraient une chose particulièrement inédite, et qu’ils n’imaginaient pas les gobelins capables de faire le rapprochement avec eux.
Ceci dit, par précaution, chacun prendrait son quart. Balir s’était proposé pour le premier, encore tout excité qu’il était de son aventure dans la galerie, certes courte, mais intense.

Lors de son quart à elle, la daedhel s’était confortablement installée, à demie allongée sur son sac. Les yeux fermés et concentrée sur les environs, elle était agréablement bercée par les crépitements timides du feu qu’elle avait nourrit quelques instants auparavant.
Et, alors que la lune était haute dans la voûte céleste, deux battements vinrent troubler la calme nocturne. Tout d’abord celui d’un cœur, puis celui d’ailes. Le voleur était de retour et comptait bien leur jouer un mauvais tour. T’sisra ouvrit un œil à demi, elle savait pertinemment ce que visait ce rapace : Leurs provisions. C’est pourquoi elle s’était installée avec un vue imprenable sur les sacs où ils avaient rangé la viande, bien qu’ils étaient dans la pénombre, le temps que l’animal passerait à trouver ce qu’il cherche, elle aurait l’occasion d’agir.
Elle aperçut alors une paire d’ailes se poser directement sur le sac, elle distinguait l’animal dans la nuit, sa large tête de rapace, son corps bien imposant et allongé. Elle resta coite face au spectacle, ouvrant les deux yeux sous la surprise. L’animal tourna la tête vers elle, et prit son envol dans la foulée, emportant avec lui le sac et son contenu.
La daedhel se leva d’un bon, la bouche grande ouverte, observant le voleur disparaître dans le ciel nocturne.

À l’aurore, Balir sortit de son sommeil. Il proposa directement à la noirelfe de dormir encore un peu, pendant qu’il s’occuperait du camp, et qu’il la réveillerait pour déjeuner.

- C'est-à-dire que… On s’est fait piquer le déjeuner.

- Quoi ?!

Le nain avait bondi sur ses deux pieds, jetant des coups d’œil à droite et à gauche.

- Où est parti ce saligaud ?!

T’sisra désigna le ciel de l’index.

- C’est un très, très gros rapace. J’en avais jamais vu de pareil. Et encore, j’ai mal vu.

- Ah. Lâcha simplement le dawi, refroidi à l'idée de courir après une bestiole qui impressionnait déjà la nécromancienne.

- Comme tu dis. On rentre ?

- On rentre. Confirma-t-il dans un hochement de tête.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeJeu 31 Jan 2019 - 1:41


La sagesse du fou.


Printemps, quatrième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


T’sisra tira machinalement sur les pans de son manteau dans un frisson, et prit une grande inspiration. Le chaud-froid, lorsqu’elle mettait le pied dehors chaque matin, la revigorait et la réveillait comme un véritable seau d’eau jeté à la figure. Et comme d’habitude, elle se dirigeait vers l’arrière de la maisonnette, tandis que Balir ronflait encore comme un loir. La daedhel se fendit d’un sourire en constatant que le gibier laissé hier dans la neige avait disparu. Leur voleur ailé passait ainsi toutes les nuits, pour se sustenter de ce qu’on déposait à son attention.
En effet, le nain s’était attelé, dès leur retour du camp de gobelins, à la construction d’une large caisse, dans laquelle il abritait leurs provisions. Les deux premières nuits, T’sisra avait entendu le crissement des griffes et les coups de bec contre le bois, aussi elle s’était mise en tête de ne pas laisser l’animal affamé sans rien. C’était son petit secret, car elle savait que son père ronchonnerait à cette idée.
Sa sortie matinale terminée, elle se pressa de rentrer au chaud. Et s'attelant à son étude, devenue quotidienne depuis ces trois dernières ennéades, la daedhel s’installa à la table sur laquelle traînaient les peaux qu’utilisait le banni pour consigner ses écrits. Malheureusement, il n’y avait guère d’indices là-dedans, d’autant que certaines des peaux avait été grattées pour être réutilisées ensuite, certaines gaspillées car elles comportaient des dizaines de fois de la même phrase « C’est dans ses yeux. » , sans parler des trois ou quatre peaux sur lesquelles le banni avait dessinés partout la forme de sa propre main. Non, vraiment, tout cela n’avait aucun sens. Il était évident que la paranoïa avait abîmé son esprit, et pas qu’un peu, mais cela confirmait le seul indice qu’elle avait le concernant : Il avait peur de quelque chose.
Ainsi se posait le problème qu’on a lorsqu’on est confronté à un esprit égaré. Fallait-il le prendre au sérieux ? Y avait-il réellement un fond de vérité dans toute cette insanité ? Ou tout ceci n’était que le résultat des années passées avec pour seule compagne une solitude extrême ?
Et concernant les vestiges, là, elle avait au moins pu trouver la confirmation des méfaits du banni. Il avait fait référence, deux fois, à ses escapades visant à condamner les entrées de ce qu’il appelait « La Terres des Mains ». C’est pour cela que, la toute première fois, elle ne s’était pas attardée sur ces détails. Et cela soulevait une nouvelle question : Qu’est-ce que le banni entendait par « Je dois fermer la main. Et les mains ne sortiront plus. »

- Encore là-dessus ? Demanda Balir en sortant du lit avant de bâiller.

- Comme tous les matins.

- Et alors, qu’est-ce que tu as trouvé de beau aujourd’hui ?

- Si je comprends bien, il fait référence à deux entrées sur la Terre des Mains, et au fait qu’il les ait condamnées. Commença-t-elle en roulant la peau qu’elle tenait en main. J’aurais tendance à relier ça à nos deux vestiges. Reste encore à éclaircir son dernier objectif qui était de… Fermer la main, pour empêcher des mains de sortir.

Le nain restait silencieux, entendre de pareilles inepties dès le matin, avec l’esprit encore embrumé, l’assommait plus qu’autre chose.

- La bonne nouvelle, c’est que nulle part n’est inscrite une quelconque réussite concernant cette main à refermer.

- Tu m’en vois ravi. Souffla-t-il, le front plissé, tout blasé qu'il était. Bon… C’est pas l’tout, mais je meurs de faim. Tu as mangé ?

- Pas encore, je t’attendais.

L’ancien se dirigea vers le bol de bois dans lequel la daedhel entreposait les baies rouges qu’elle ramenait de ses chasses. Elles avaient un goût acidulé, puis laissaient place à un arrière-goût sucré très agréable. C’était, pour ainsi dire, ce qui constituait en grande majorité leurs déjeuners, tandis que leurs repas étaient, quant à eux, composés de viandes et de graisses. Et le dawi commençait à en avoir marre. Il rêvait d’un bon repas dans une auberge, un sanglier allongé sur son lit de pommes de terre et de haricots, nageant dans sa sauce à la bière. Et assez de pain pour nettoyer le plat si bien qu’on pourrait le ranger sans le rincer.

- Tiens. Fit-il en déposant le bol sur la table, non sans s’être emparé d’une poignée de baies.

- J’ai bien réfléchi.

- À quoi ?

- À tout ceci. Au fait que l’on ne trouve rien. Si on arrive pas à… À aller plus loin, on pourrait tout aussi bien rentrer. Ce serait plus sage, tu ne crois pas ?

- Ça commence à faire long, c’est vrai. Mais… On a une piste maintenant, non ?

- Elle reste plutôt vague. Donnons-nous encore deux ennéades, ou trois. Et si nous n’arrivons à rien et bien… Nous y reviendrons avec du monde et du matériel adéquat.

- Et des provisions de Thanor. Ajouta-t-il dans un léger rire.

La daedhel acquiesça avec un franc sourire et se leva pour aller enfiler son manteau. Elle s’empara de la carte du banni, et avança vers la sortie.

- Je vais aller marcher un peu, j’ai besoin de m’aérer l’esprit. Dit-elle en passant la porte sans avoir croqué dans une seule des baies.

Les journées passées à étudier les pensées d’un vieux fou pesaient sur son moral, désormais au fond de ses bottes. Elle avait l’impression de tourner en rond, encore et encore, car à chaque fois qu’elle se sentait sur le point de découvrir quelque chose, elle retombait toujours sur les mêmes inepties.
La daedhel avait l’esprit ailleurs, accaparé par tout cela, et remontait instinctivement, vers le tunnel duquel ils avaient débarqués dans le vallon, plusieurs ennéades auparavant. C’est à sa sortie qu’il avait pu contempler la toute première statue de Molgrunn. Elle s’arrêta devant, avec un sourire lourd d’ironie sur les lèvres. Si la statue pouvait se gausser, elle le ferait sans l’ombre d’un doute.

- Qu’est-ce que tu regardes, mh ? Lança-t-elle au visage de pierre avec désespoir.

L’aventurière marqua un temps d’arrêt, ses oreilles se redressèrent.

- Mais… Qu’est-ce que tu regardes toi ? Répéta-t-elle en se plaçant à côté. Le Nord.

Dépliant la carte du banni dans la précipitation, la daedhel retenait sa respiration en tentant de réprimer le sentiment d’espoir commençant à poindre à nouveau en son for intérieur.
La statue du Nord-Est était orientée en direction du Nord Nord-Ouest, vers les premiers vestiges découverts. Mais ce n’étaient pas ces derniers qu’elle regardait ! Celle du Nord Ouest faisait face au Nord Nord-Est, et les vestiges qui servaient de camp aux gobelins se trouvaient dans la direction opposée. En somme, les statues n’avaient jamais indiqué le chemin d’aucun vestige. Elle indiquait tout autre chose !

- C’est dans ses yeux… Murmura-t-elle regardant la carte afin de déterminer où les regards des trois statues se croisaient. Bon sang, mais c’est bien sûr !

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Jeu 31 Jan 2019 - 6:10, édité 8 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeJeu 31 Jan 2019 - 2:07


Le visage du voleur.


Printemps, quatrième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


La porte de la cabane s’ouvrit à la volée, surprenant le nain qui se cuisait un steak en cachette. Il fit volte-face et découvrit sa fille qui débarquait en agitant la carte du vallon à la main, excitée comme une puce.

- J’ai compris ! Je crois que j’ai compris !

- La main qu’il devait fermer ?

- Non pas ça ! Le « C’est dans ses yeux » qu’il a écrit des dizaines de fois ! Dit-elle en mimant les guillemets avec les doigts. J'ai compris !

- Quel rapport avec les mains ?

Le silence s’abattit dans la pièce, le nain croqua dans son bout de viande sans lâcher la noirelfe des yeux.

- Aucune idée. On le découvrira peut-être sur place ?

- Sur place ?

- Oui, c’est ça que j’ai compris. Les visages taillés dans la pierre, ils n’indiquent pas la position des vestiges, mais autre chose. C’est une direction à suivre. Affirma-t-elle posant la carte sur la table avant de saisir un de ses fusains qui traînait là. Si on trace les lignes des regards… Qui se croisent ici… Dans cette zone du vallon, conclut-elle en dessinant un cercle dans la partie haute de la carte, on devrait trouver ce qu’on cherche à peu près par ici.

Balir s’avança, il aurait voulu être aussi enjoué que sa fille, cependant, leurs tentatives s’étant révélées infructueuses jusque là, il ne souhaitait pas alimenter un espoir qui pouvait se révéler faux par la suite. Néanmoins, il ne put se retenir de décrocher un sourire en se penchant sur la carte. La théorie tenait debout après tout.

- À ton avis, combien de temps faut-il pour arriver jusque là-bas ?

- La zone est escarpée à partir d’ici, ce qui rendra la progression un peu plus lente, mais après… Expliquait la drow en désignant approximativement la zone du bout du doigt. C’est en descente, la forêt est épaisse en revanche, il faudra faire attention. Je dirai qu’un peu plus d’une demie journée fera l’affaire.

- À la rigueur, on peut partir un peu plus tard dans la journée, on fait une halte pour la nuit. On termine le trajet le lendemain et… On verra bien ce qui nous attend. J’ai un mal de dos pas possible, j’aimerais autant ne pas me presser.

- Très bien. Repose-toi, le temps que je prépare nos paquetages.

T’sisra ne perdit pas un seul instant et se mit à la tâche sans attendre. Son paternel restait silencieux, à contempler l'âtre de la cheminée, car lui s’attendait à ce qu’ils se heurtent, une fois de plus, à un mur. Si la cité était perdue, quasiment mythique, et son fondateur légendaire, c’est bien parce qu’elle n’avait jamais été retrouvée. Certains s'étaient donnés la peine de chercher, certes, sûrement au mauvais endroit, mais tout cela concourrait à alimenter l’hypothèse que cette histoire n’était qu’une fable. D’un autre côté, oui, il y avait bien des vestiges et des statues de Molgrunn, cependant rien ne garantissaient à coup sûr qu’ils se révéleraient dater de cette époque. Il craignait que la noirelfe finisse par être très déçue, à force de trop de passion. Et déjà, l’heure du départ avait sonné, le nain dut, pressé par sa fille, s’habiller et s’équiper pour la route.

En fin de journée, ils dressaient le campement. La forêt leur offrait un abri naturel face au vent, qui aujourd’hui soufflait un peu plus qu’à l’accoutumée. Et après le dîner, aussi varié que les précédents jours, alors que la nuit chassait lentement les derniers rayons du soleil, ils profitèrent de la soirée pour mettre les choses au clair. La noirelfe se rendit à l’évidence, elle qui était d’habitude plus sceptique que tout le monde, s’était laissée envahir par un utopisme fou et sans bornes.
Il avait eu raison de lui ramener les pieds sur terres, elle-même s’en rendait compte. Tout n’était que suppositions et hypothèses, conjectures et déductions hasardeuses. Mieux valait prendre des précautions et ne pas trop attendre de la journée de demain.

T’sisra se réveilla aux prémices de l’aurore, complètement frigorifiée. Celui qui avait pour tâche d’alimenter le feu en cette fin de nuit ronflait comme un ours, affalé contre une souche. Elle n’eut d’autre choix que de raviver le feu de camp et bouger du mieux qu’elle pouvait pour ne pas finir congelée. Jurant en silence et maudissant les conséquences de la vieillesse, elle se frottait les mains au-dessus des flammes quand elle se rendit compte d’une présence. Non loin d’ici battait un cœur qu’elle avait entendu régulièrement ces derniers jours. Faisant fi des considérations qu’aurait eues le nain, elle s’éloigna du campement, avançant entre les arbustes et les arbres enneigés.

Le fameux voleur était là, perché sur un tronc d’arbre mort, qui n’avait jamais terminé sa chute que grâce aux rochers à son pied. Il observait sa cuisinière attitrée avec curiosité, tout en conservant cet air fier, si caractéristique de ces animaux. Il agissait, depuis plusieurs ennéades, tel le seigneur des lieux, régnant sur son vallon blanc et prélevant un impôt sur chacune des chasses de ses sujets.
Le griffon était tout bonnement magnifique. Elle avait lu plusieurs anecdotes à leur sujet, et savait leurs pelages aller de l’argent au rougeâtre en passant par des teintes de marrons, cependant lui avait le poil et le plumage oscillant entre le blanc et l’argent, tacheté de noir. Sans doute que ceux des montagnes du Zagazorn ne ressemblaient pas tant que ça à leurs congénères des terres et montagnes plus au Sud. Et celui-ci n’était pas aussi imposant que l’idée qu’on pouvait s’en faire. Probablement, n’était-il pas encore complètement adulte ?
Il poussa un cri strident en guise de salut. La daedhel restait silencieuse, se contentant d’un bête signe de la main. Elle savait pertinemment ce qu’il voulait, aussi elle retourna près du sac où se trouvait le lapin attrapé la vieille durant le trajet, et s’en alla l’offrir à son visiteur.
Il était descendu du tronc, attendant patiemment, assis dans la neige. Son regard passait du lapin alléchant, mollement jeté dans la neige, à la noirelfe qui avait reculé de deux bons mètres. Après s’être assuré qu’il n’y avait rien aux alentours, il se décida enfin à avancer, une serre et une patte après l’autre, refermant finalement son bec sur son déjeuner qu’il avala d’une traite, sous le regard éberlué de la drow.
Le griffon sautilla sur place avant de faire un tour sur lui-même et de prendre son envol. Certainement sa façon d’exprimer son contentement.
T’sisra le regarda s’éloigner et se perdre au-dessus de la cime des arbres, puis tourna les talons pour aller réveiller le nain qui ronflait toujours. Si la soirée d'hier avait permise à sa tendance au scepticisme de reprendre sa place et avait gommé son sourire, cette rencontre matinale le lui avait rendu, plus radieux encore que la veille.

- Debout là-dedans ! S’écria-t-elle en donnant un petit coup de pied dans le talon du nain.

- Euhah ?! Je m’suis endormi !

- Oh, ça oui ! Confirma-t-elle dans un rire. Ce qui veut dire que tu es assez reposé pour reprendre la route !

Balir peinait à ouvrir les yeux, et se sentait déjà roulé dans la farine. Que n'aurait-il pas donné pour avoir un demi-siècle de moins ?

_________________

[Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. Peuple10

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Jeu 31 Jan 2019 - 6:21, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeJeu 31 Jan 2019 - 5:35


La main.


Printemps, quatrième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


Le soleil était à son zénith, ses rayons caressaient la peau des explorateurs, dont l’attention était rivée sur une crevasse s’enfonçant dans le sol et dont les parois étaient de glace. L’ouverture béante se rétrécissait un peu, avant de devenir un tunnel se prolongeant sous terre. Le nain se passait la main dans la barbe, T’sisra gardait les siennes sur les hanches.

- Si les statues indiquent bien quelque chose, ce doit être ça.

- Comment en être sûr ?

- En allant jeter un œil. Et puis… Regarde autour de toi, fit-elle en désignant les environs d’un geste ample de la main, il n’y a rien d’autre ici.

Force était de constater que, à part l’orée de la forêt derrière eux, la zone n’était que neige et rocaille, sans dénivelés particuliers. Certes, il y avait bien quelques bosquets, ci et là un peu plus loin, mais rien qui laissait penser à des constructions naines.

- Makazorns, cordes, hache, arc et torches, rien de plus. On laisse les tsis et tout notre barda ici.

- C’est vous l’expert en grottes, chef ! Se moquait la daedhel qui déposait son sac dans la neige. On dresse un semblant de camp ?

- On peut. Selon la disposition des lieux, ça pourrait nous prendre plus d’un jour pour l’explorer de fond en comble.

- À ce point ?

- D’expérience, les tunnels creusés par les nains, lorsqu’ils ne sont pas condamnés, mènent quelque part ! Souligna l’ancien sur un ton aussi railleur que celui de sa fille.

- Qu’est-ce qui te fait dire que c’est un tunnel creusé par des nains ? S’enquit-elle en arquant un sourcil.

- Regarde sous la glace.

Elle dut se pencher pour l’apercevoir, mais oui ! Balir avait raison, emprisonné sous la glace, on distinguait des marches taillées à même la roche. Voilà ce dont ils avaient besoin, une nouvelle piste à explorer, de nouveaux vestiges à étudier. T’sisra espérait de tout son être que cette fois-ci, rien ne les empêcherait d’avancer. Ni éboulis, ni sabotages, ni quoique ce soit d’autre ne devaient se mettre en travers de leur route.

Ils installèrent rapidement leur camp près de l’entrée et s’équipèrent pour l’exploration, laissant leurs affaires entassées au même endroit.

- On devrait peut-être laisser un… Gibier en dehors des sacs.

- Pardon ? Demanda le nain, pas certain de la suivre. Pourquoi tu veux faire ça ?

- Pour lui. Répondit-elle platement en désignant le griffon qui se tenait à une vingtaine de mètres, juste à l’orée de la forêt.

Balir fit volte-face et recula d’un pas très lent. Il en avait entendu parler, de ces bêtes capables de vous soulever comme un fétu de paille et de vous lâcher dans le vide depuis les cieux.

- Pas… De gestes… Brusques.

La daedhel se pencha sur le sac pour l’ouvrir, sortant ce qui leur restait du cerf chassé l’ennéade précédente.

- Mais qu’est-ce que tu fous ?! Grogna le nain entre ses dents, crispé comme rarement il l’avait été. T’es dingue !

- Il n’est pas méchant. Vraiment. Je l’ai vu ce matin, je lui donné un lapin.

- Quoi ?

Le dawi était consterné par l’instinct de survie défaillant de la drow. Il se relâcha et leva l’index en bougonnant, et après avoir jeté un coup d’œil à l’animal, il reprit la conversation.

- Mais… C’est un animal sauvage ! C’est comme si tu te laissais approcher par un lion !

- Mon père de sang élevait des félins à pointes.

Il allait rétorquer autre chose, brandissant l’index plus haut encore, mais il se tut. Elle avait raison, il les avait vus, et de près, durant sa captivité au domaine Do’ath. Vivre au Puy remettait en question la normalité en fin de compte, un danger pour les uns pouvait ne pas être grand chose pour un autre.

- Et puis… Je le nourris depuis plusieurs ennéades…

- Tu te fous de moi ?

- Non, tous les soirs, je laissais un petit quelque chose en dehors de la caisse.

Le nain se frappa le front et roula des yeux. Mais quelle mouche avait piqué sa fille ? Et pourquoi n’en avait-elle pas parlé avant ? Et c’est en s’apprêtant à rouspéter à nouveau qu’il eut sa réponse. Aussi, il préféra ne rien dire à ce sujet.

- Qu’est-ce qui te dit qu’il ne va pas te bouffer la main ?

- Il a un bec.

- C’est un griffon ! Il pourrait te déchiqueter en deux !

- Certes. Je ne sais pas, je le sens bien. Je t’ai raconté ma rencontre avec le leomenis et Yenaël ?

- Au moins dix fois.

- Bon, commença-t-elle en roulant des yeux, j’aime peut-être un peu trop les animaux, je te l’accorde. Mais je te l’jure, je le sens bien.

- Ça va, ça va… Donne-lui de quoi manger. Mais je te préviens, avertit l’ancien en brandissant son index le plus inquisiteur, si, quand on remonte, il a piqué ou détruit le sac et tout becté… C’est terminé !

Le silence qui suivit fut aussi gênant pour l’un que pour l’autre. T’sisra acquiesça, le nain n’en revenait pas de tenir des propos pareils. Il désigna prestement l’animal qui avait avancé et se tenait à moins d’une dizaine de mètres, attirés par ce que tenait en main la daedhel.

- Les enfants… Murmura-t-il dans sa barbe en s’éloignant un peu. Ils vous font blanchir la barbe.

La noirelfe jeta la première tranche de venaison en direction du griffon qui recula avec une vivacité surprenante. Il penchait la tête de la gauche vers la droite, puis inversement, son regard passait de la noiraude au nain, puis à la viande. Il s’approcha, toujours aussi timide pour chiper son repas et se mettre à sautiller pour s’éloigner. L’animal jeta un dernier coup d’œil aux explorateurs, avant d’avaler ce mets fraîchement acquis dans un mouvement de tête vers l’arrière, puis il revint vers le campement, toujours aussi lentement, faisant de tant à autre de petits bonds de côté. Sa démarche amusait beaucoup la noirelfe, qui, une fois que l’animal fut assez proche, lui jeta un autre bout de venaison. Et cette fois-ci, il ne s’éloigna pas pour l’avaler.

- Ah ! Je savais bien que tu n’étais pas si peureux. Déclara-t-elle en tendant la dernière tranche de viande qu’elle tenait du bout des doigts. Aller, prends donc.

Le griffon fit un pas vers l’avant, les poils de Balir se hérissaient à la vue de ce spectacle, craignant que sa fille y perde bêtement les doigts. Le regard de T’sisra était plongé dans celui du griffon, l’instant qui dura une poignée de secondes lui avait semblé durer une éternité, puis, après l'avoir reniflée, l’animal s’empara de ce qu’il était venu chercher et fit demi-tour en bondissant dans la neige.

- Tu vois, je te l’avais dit. Conclut la drow en se tournant vers son père.

- Oui, bon. J’suis pas convaincu. Rétorqua-t-il dans une grimace. N'allons pas traîner trop longtemps, on est déjà à la mi-journée, et on a de quoi faire !

D’un commun accord, ils se mirent en route et s’enfoncèrent dans la crevasse, vers les profondeurs de la terre.

L’écho de leurs pas se perdait dans le boyau de roche et de glace, ils progressaient lentement, car la descente se voulait assez abrupte et le sol aussi traître que glissant. La lueur de leurs torches se reflétait sur les parois glacées, offrant un spectacle de jeu d’ombres et de lumières majestueux. L’atmosphère avait un petit quelque chose que ni Balir, ni T’sisra, n’avait eu l’occasion d’apprécier jusqu’à aujourd’hui. C’était comme entrer dans un temple religieux, dans un lieu où le silence règne, où l’on se sent si petit et écrasé par le poids du Temps et pourtant, paradoxalement, l’endroit avait comme l’air de ne pas être sous son emprise. Figé aussi bien dans la glace que dans le Temps.
Au bout d’une demi-heure à avancer prudemment, la pente s’adoucit et le couloir s’agrandit pour déboucher dans une large caverne. Quelques rayons filtraient du plafond, se faufilant par on ne savait quelles petites crevasses dans la roche, illuminant timidement une impressionnante statue taillée à même la pierre. Le visage semblait avoir été recouvert d’or par endroit, et il y avait la main.

- C’est ça… C’est la main qu’il devait renfermer.

- Par ma barbe, c’est magnifique…

Les aventuriers accélérèrent le pas, poussé par la joie d’enfin mettre la main sur quelque chose. Cette statue gigantesque n’était pas qu’un simple vestige, ça non. C’était, si la daedhel en croyait les écrits du banni, une des entrées sur la « Terre des Mains ». Autrement dit, un passage pour le sous-sol !

- Je crois bien qu’on  a réussi cette fois ! S’exclama la drow en levant les bras en l’air, un large sourire le visage.

- Oui ! Bon sang, c’était ça qu’indiquaient les statues. C’est bien ça ! Corrigea-t-il en souriant. Haha !

T’sisra s’avança, presque intimidée par l’imposante structure, contournant doucement le coude par la gauche.

- Fermer la main, fermer… La main. Répétait-elle pour elle-même, le cœur serré à l’idée de ce qu’elle allait découvrir.

Son visage s’illumina dès qu’elle posa les yeux dessus. Un escalier ! Il remontait le long de l’avant-bras de l’édifice et se perdait dans une gueule de bearög au creux de la paume de pierre. Et cette gueule… C’était l’entrée qu’ils cherchaient depuis tout ce temps !

- Papa ! Ici ! Viens voir ! Un escalier !

Le nain se précipita à son tour, rejoignant l’autre côté de la sculpture. Il n’en croyait pas ses yeux, et pourtant, c’était bien la réalité. Il contemplait ce qu’il restait de ce clan mythique des Gueules-Brûlantes, et ce visage de pierre les observait eux, du haut de ces sept Cycles.

- Il faut y aller !

- Et plutôt deux fois qu’une !

T’sisra ouvrit la marche, grimpant les escaliers jusqu’à l’entrée, et sans une once d’hésitation, elle s’engouffra dans la gueule de bearög, découvrant un autre escalier qui descendait à l’intérieur même de la statue.

- La cité est en dessous, c'est sûr. Lança-t-elle en entamant la descente.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeVen 1 Fév 2019 - 5:30


La cité perdue.


Printemps, quatrième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


Plusieurs longues minutes furent nécessaires pour descendre cet escalier, paraissant sans fin pour la daedhel, mais des plus normaux et communs pour l’ancien. T’sisra avait du mal à contenir son excitation, autant que l’appréhension et la peur qui lui nouaient l’estomac. Si elle avait parcouru le monde en long et large, aujourd’hui, elle s’apprêtait à réellement plonger dans l’inconnu et fouler un sol oublié de tous.
Les aventuriers débarquèrent une petite caverne, dont les parois semblaient naturelles. Les nains l’avaient très certainement agrandie un peu, ils y avaient aussi construit les bâtisses bordant la cavité sur la droite et la gauche. La noirelfe avançait au milieu de ces reliquats architecturaux, enjambant ce qu’il restait d’ustensiles utilisés il y a bien longtemps. D’après les chevalets brisés et les outils éparpillés ci et là, il y avait fort à parier, qu’autrefois, c’est ici qu’on tannait les peaux et que l’on débitait le gibier. Qui plus est, avec un accès direct pour le vallon au-dessus de leurs têtes, les chasseurs et les cueilleurs auraient eu toutes les raisons du monde de s’installer ici, proches de ces commodités nécessaires à leurs professions.

- Je ne sais pas quoi dire. Déclara T’sisra, dont l’écho de la voix se perdit dans les profondeurs. C’est tellement… Intimidant.

- Tu voudrais quand même pas faire demi-tour maintenant ? Railla Balir avec un sourire en coin.

La drow se contenta d’un soupir pour toute réponse, et reprit la marche pour débarquer dans un très large couloir de roche. Il n’y avait plus aucun doute à se faire quant à leur découverte. Tout ceci était l’œuvre d’un clan au complet, s’étant installé dans un réseau de cavernes communicantes. Ils en avaient taillées et élargies les parois, avaient bâtit leurs maisons à même la roche et construit certaines de toutes pièces.
S’avançant prudemment, Balir cherchait des braseros et des torches, car le peu de lumière filtrant du plafond rendait leur avancée très difficile. La daedhel fit de même, car si ses congénères voyaient dans la nuit comme en plein jour, ça n’était pas son cas. Ses yeux étaient certes habitués à la pénombre, et elle avait peut-être conservé un de peu de son patrimoine génétique, mais elle était très loin de jouir d’une nyctalopie exacerbée. Ainsi, au bout d’une bonne heure à progresser dans l’allée principale, ils étaient parvenus à ramener un peu de lumière en ces lieux sombres. Ils se retrouvèrent exactement là où ils s’étaient séparés, à l’entrée de ce que la daedhel avait surnommé « Le Quartier de la Chasse ». Et avant de continuer leur exploration, la noiraude s’était emparé de son charbon, de son fusain et de sa carte vierge, sur laquelle elle traça grossièrement les contours des parties visitées de la cité.

- À gauche ou à droite ?

- Aucune idée, répondit-elle, aussi indécise que son père, à droite ?

- Après toi !

Dans un sourire, elle releva sa torche afin d’éclairer son chemin du mieux possible, puis elle s’engouffra dans la caverne choisie. Cependant, T’sisra ralentit le pas rapidement, enjambant quelques squelettes desséchés en prenant garde de ne pas les toucher, Balir fit de même. Leurs regards se perdaient sur les bâtisses, dans lesquelles ils n’osaient s’enfoncer trop loin, comme s’ils avaient l’impression de pénétrer l’intimité d’un locataire encore vivant.

- Regarde.

Le nain observait déjà ce que sa fille désignait. Il y avait tout le matériel de ceux qui battaient l'acier, cette caverne était tout entière dédiée à l’art de la forge. Des fourneaux, des fours et des enclumes, plusieurs de ces bâtisses devaient être des armureries, certaines avaient servie d’entrepôts. Mais le plus étonnant dans tout cela, c’était ce sur quoi Balir venait de mettre la main.

- Oh bon sang ! Oh bon sang ! Scandait-il avec les mains tremblantes d’émotions. Viens voir ça, tu vas pas en rev’nir ! Ah ! Haha !

T’sisra s’approcha rapidement et posa les yeux sur la sacoche abandonnée. Son cuir avait été rapiécé et rongé par le temps, en la déroulant, on découvrait ses outils encore intacts. Et quels outils ! Tout le Zagazorn se damnerait pour une telle trouvaille. Pinces, couteaux et burins, tous gravés de runes très légèrement iridescentes. Un peu plus loin, il y avait même deux marteaux runés. Cet établi-là, il avait appartenu à un forgerune !

- Les Gueules-Brûlantes étaient réputés pour leurs runistes. Ça colle !

- C’est formidable. Formidable ! S’exclama le nain qui jubilait littéralement. Avec la perte de Kirgan et la disparition des anciens runistes, c’est inespéré.

- Ça t’émeut, hein ? Se moqua-t-elle, avant de recevoir une tape dans l'épaule de la part du dawi. Oh ! Ça va, je rigole !

- Un peu qu’oui ! Te moque dont pas !

Se fendant d’un sourire affectueux, elle s’accroupit pour déplier sa carte et l’annoter.

- Éclaire-moi veux-tu ? Je vais ajouter ça. Ensuite… On va jeter un œil à la caverne d’en face, d’accord ?

Le nain s’exécuta, observant le dessin par-dessus l’épaule de T’sisra.

- Tu dessines comme une enfant de cinq ans.

- Je… Oh ! Hein ! Merde alors.

L’écho du rire du dawi se réverbéra contre les parois, pour finalement s’éteindre et se perdre dans le lointain. L’ajout effectué sur la carte, et nommé « Quartier des Forges », ils reprirent leur progression pour rejoindre la salle suivante.

Celle-ci, en revanche, n’était pas une caverne naturelle, mais plutôt un bâtiment à part entière, creusé au cœur de la montagne. On y accédait en suivant un long couloir qui, tout au bout sur la droite, débouchait sur une grande salle octogonale. Ses murs et ses piliers étaient parsemés de runes luminescentes et des petites alcôves avaient été creusées dans la roche. L’on pouvait supposer qu’il s’agissait là de toutes petites salles d’études, bien que certaines d’entre elles ressemblaient plus à des bibliothèques, puisque regorgeant de savoirs gravés sur des tablettes de pierre. C’étaient là les dernières des connaissances perdues du clan Gueules-Brûlantes ayant survécu, car l’humidité avait détruit le papier depuis bien longtemps. Aussi, la daedhel n’osa pas se pencher plus particulièrement dessus, elle savait ces connaissances secrètes et propres aux runistes et, se sentant plus naine qu’autre chose, elle n’allait pas piétiner l’honneur des ancêtres ni bafouer le code encore respecté des contemporains.

- Balir ? Demanda-t-elle en jetant un coup d’œil d'un côté puis de l'autre. Papa ?

- J’suis là. Regarde donc par ici, lança-t-il en se montrant dans le couloir, la pièce au centre va te faire rêver. J’en reviens pas moi-même.

Et la noirelfe n’en revint pas non plus. Cette salle circulaire et bordée de colonnes était incroyable. En son centre trônait un petit bassin dont l’eau n’avait pas gelé, au contraire, il semblait presque fumer en surface. S’approchant avec curiosité, elle y trempa l’index et laissa échapper un hoquet de surprise.

- Elle est chaude !

- Sans blague ?! Fais voir ! Il s’approcha pour y plonger les doigts. Bon sang, mais… Oui !

- Alors qu’il y a des stalactites dans toute la pièce...

Le nain désigna les runes au fond du bassin.

- Pas étonnant.

- C’est incroyable ce qu’on peut faire avec des runes. Comment est-ce possible ? Je pensais que la magie finissait par s’en échapper.

- Regarde de plus près, conseilla le nain avec un sourire malicieux, tu vas comprendre.

Obéissant, elle s’attarda sur l’un des symboles luminescents d’un pilier proche. En réalité, ce n’était pas une gravure, mais un bout de métal forgé en forme de rune, lui-même parcouru de runes. Ces objets étaient, sans nul doute possible, l’œuvre de forgerunes du temps passé.

- Ah… Très malin. Et très impressionnant. Ajouta-t-elle, la voix teintée d'un profond respect. Tu te rends compte de la chance que pourrait être cet endroit pour des runistes ? Avec la perte de Gransalle des Scriberunes…

- C'est bien vrai, trancha l'ancien, c’est quelque chose qu’on ne peut pas négliger ! J’en connais qui vont être heureux.

- Moi aussi !

- Ah bon ?

- Oui, une vieille rabougrie au caractère bien trempé. Conclut-elle dans un sourire mystérieux avant de tourner les talons, laissant pantois son paternel. Et toc !

De retour dans la grande allée, non sans avoir pris le temps d’agrémenter la carte d’une salle supplémentaire et de la mention « L’Étude des Sages », ils dépassèrent un large et imposant édifice dont le toit semblait se perdre dans le plafond de la grotte. Celui-ci comportait deux entrées, une au Nord, condamnée, et une au Sud. Ces portes étaient toutes deux faites de bois, et leurs battants joliment ouvragés semblaient très lourds. Malheureusement, l'humidité n'avait pas épargné ces œuvres d'art non plus.

Cependant, avant de s’évertuer à y entrer, ils choisirent tout d’abord de continuer d’explorer les cavernes attenantes à l’allée principale, en commençant par ce qui avait dû être un marché. En témoignaient les étals délabrés, dont le bois avait explosé sous la pression de l’humidité et du froid glacial, qui plus est, les constructions avaient bien l’air d’être d’anciennes boutiques.

- Un collier belle demoiselle ? Demanda le nain en brandissant sa trouvaille. Il est beau, tu penses pas ?

- Où est-ce que tu l’as trouvé ?

- Dans ce qu’il reste de la bijouterie, confia le dawi en désignant la baraque dans son dos, il y en a d’autres si tu préfères.

T’sisra se fendit d’un sourire en récupérant le médaillon d'argent, qu’elle tournait et retournait dans sa paume. On pouvait y lire l’inscription « Courage et Ténacité ». Elle le passa autour de son cou, puis invita le nain à continuer l’exploration.

- Moi, j’ai trouvé un escalier. Je te parie ce que tu veux qu’il mène aux vestiges du Nord-Est.

- Ah ! Ça m’étonnerait pas ! La cité était sous nos pieds depuis le début.

En quittant la place du marché, ils firent une halte. Une de plus.

- Et un quartier marchand, donc… Déclara la noiraude en griffonnant sur sa carte. Et en face, ça grimpe. Regarde, fit-elle en désignant les hauteurs, une esplanade. On doit avoir une vue imprenable sur la grande allée de là-haut. Et il y a deux escaliers, je suppose qu’ils mènent tous deux au même endroit.

- J’en prends un, tu prends l’autre. Proposa l’ancien en se dirigeant vers les marches au pas de course. Premier arrivé en haut ?

Sans un mot, elle s’élança dans l’ascension de son escalier, prenant, de fait, son adversaire de court. Et sans surprise, elle arriva dans le quartier des habitations bien avant le nain. Cependant, l’heure n’était pas à la célébration de la victoire, car si cet endroit fut chaleureux, il s’avéra qu’il eut vécu des heures bien sombres.

- Pouah… C’est plus de mon âge ces choses-là… Soupira-t-il, les mains appuyées sur ses genoux ployés, avant de se rendre compte du spectacle. Par mes aïeux…

- Oui. Il s’est passé une chose grave. Très grave.

Ils se frayèrent un chemin entre les barricades de fortunes, sur le sol, il y avait au moins quatre dizaines de squelettes, entassés les uns sur les autres. La bataille qui s’était déroulée en ces lieux avait été rude. Femmes, enfants, soldats, jeunes et moins jeunes, tous avaient trouvé ici une mort certaine. Au fond, il s’agissait d’une autre sortie, sans doute celle qui menait aux vestiges de l’Ouest, où résidaient les gobelins. Elle était cependant bloquée par un éboulement, ce qui expliquait que personne n’ait pu fuir la… Chose. Car le squelette qu’ils découvrirent n’avait rien de nain. Ni de quoique ce soit de connu.

- J’ai jamais vu ça de ma vie. Avait lâché le nain, complètement estomaqué. J'ai pas idée de c'que ça pourrait être.

- On dirait une… Engeance. Regarde tous ces bras. C’est énorme ! Constata la nécromancienne en examinant le squelette de plus près. Putain... Et cette colonne vertébrale… Je comprends maintenant pourquoi on a plus jamais entendu parler de Molgrunn ni de son clan.

Les aventuriers restèrent plusieurs minutes sur place à étudier les restes de cette créatures inimaginable, qui avait été capable de décimer tous ces pauvres gens. Les soldats s’étaient certainement retrouvés dans l’incapacité de gérer la situation, une cohue pas possible et une foule apeurée, et eux, dernier rempart entre leurs familles et le monstre.
Beaucoup moins rassurés, Balir et T’sisra décidèrent de continuer leurs recherches avec prudence et s’étaient accordés sur un point essentiel : Il fallait fouiller toutes les pièces, toutes les cavernes restantes et ne rien laisser au hasard. Sur ces entrefaites, ils descendirent vers le Sud, découvrant la grande arche dont la herse était toujours relevée. Quelques mètres plus loin, la route s’arrêtait brutalement.

- On dirait que la montagne s’est effondrée. Commenta Balir en observant l’obstacle. C’est dingue.

- Regarde plutôt ça.

La vieille barbe se pencha sur ce qu’on lui montrait. Au sol, des inscriptions, plusieurs dizaines de runes. On reconnaissait nettement certains symboles exprimant la roche et la terre, tout un vocabulaire bien particulier. T’sisra tira sur un tibia qui dépassaient d’entre deux rochers et l’agita sous le nez de son père.

- Eh ! Ça va pas non ?!

- C’est un tibia de runiste. Affirma-t-elle en opinant du chef.

- C’est c’que je suis en train de me dire.

- À défaut de pouvoir combattre ce qui les a attaqués, quand tout espoir était perdu, ils l’ont enfermé avec eux.

- Un baroud d’honneur de dawi. Ils ont scellé leur destin et leur tombeau est aussi devenu celui de l’ennemi. Efficace et honorable.

- Pourquoi ne pas avoir abaissé la herse ?

- Peut-être que ça n’aurait pas suffit ?

- Peut-être. Mais tu sais ce que ça veut dire ?

- Tu vas me le dire.

- C'est le Langk Duraz. Dit-elle en désignant les éboulements tout en hochant la tête.

Le nain resta silencieux. Il observa les éboulis, puis sa fille, et l'amas de roche encore une fois.

- Et oui. La gravité et le temps ont fait le reste. Affaissements, glissements de terrains causés par les instabilités dues à l'effondrement, et j'en passe. C'est comme ça qu'est né le Langk Duraz, au fil des siècles et des cycles. Même s'il en a tout l'air, à la base ça n'était pas naturel. Expliquait la drow en souriant, fière de sa déduction. Je ne sais pas combien de mètres nous séparent de l'extérieur, quinze, vingt peut-être trente ? Mais c'est bien le Langk Duraz.

- Et beh... Ça se tient. Manque plus que d'se creuser un passage hein ? Lâcha-t-il dans un rire. Mais après l'exploration !

- D’ailleurs en parlant d'explorer, il y a des escaliers qui permettent de monter dans les colonnes de l’arche.

- On peut aller voir.

- Il reste une caverne à vérifier avant, ensuite, pourquoi pas ?

- Va pour ça.

Les voilà progressant dans un quartier militaire qui ne comportait que deux bâtiments. Une caserne et des baraquements. Sommaire, mais professionnel. L’endroit était très humide à cause des infiltrations, si bien que le sol était en partie recouvert de glace et d’eau. L’endroit était casse-gueule.
Et dangereux. Un battement de cœur résonna aux oreilles de la drow. Puis deux, trois, quatre… Et de plus en plus réguliers.

- Papa ! Pas par là ! S'époumona-t-elle en lui faisant signe de revenir. Papa !

Le nain s’approchait des baraquements, il tourna la tête vers sa fille sans vraiment comprendre. Puis, il entendit. Un ronronnement suivi d’un claquement de langue répété fit écho. Une goutte de sueur coula dans la nuque du nain, qui en jetant un œil par-dessus son épaule découvrit l’impensable. La peur du banni sortait de l’ombre et l’observait, la bave aux lèvres. L’Abomination des Montagnes, le cauchemar des enfants nains, régnait en seul maître sur la cité. Sa peau blanchâtre était presque translucide, et ses mains… Toutes ces mains. Trop pour qu’on puisse les compter.

[Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. 8r7y

- Cours ! Beugla-t-il comme un forcené en cavale.

Et ils fuirent.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeVen 1 Fév 2019 - 19:41


L'Abomination des Montagnes.


Printemps, quatrième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


Ils déboulèrent en trombe dans l’allée principale, se regardant bêtement, sans savoir où aller.

- On dirait l’Homo Tarentula !

- Qu’est-ce que c’est qu’cette merde encore ?!

- Une légende alonnaise !

- C’est l’Abomination des Montagnes ! Encore un truc que ces foutus longues-jambes nous ont piqués ! Fustigea l'ancien en se saisissant de sa hache. À cause de c’te colonie naine en Alonna !

Ils entendirent les claquements successifs des mains sur les sols. La vision était effroyable, la créature était énorme et se déplaçait comme une araignée. Ses yeux fous et sa bave aux lèvres vous retournaient le cœur avec une facilité déconcertante.

- J’monte dans l’arche ! Faut qu'tu l'amènes sous la herse quand j'te l'dis !

- Je vais te donner du temps !

Ils se séparèrent, mais la bête s’était décidée à fondre sur le nain en premier. Sans doute que le dawi craquait mieux la dent, lui paraissait plus gras et donc plus alléchant. T’sisra s’empara de son arc et tira une flèche qui vint se ficher dans le corps du monstre. Il poussa un cri terriblement désagréable. La fureur s’empara de lui, et aussitôt, il se mit à courir après la daedhel, qui décocha une flèche à côté dans l'urgence, puis abandonna le carquois et l’arme dans sa fuite.

- Putain de… Putain !

La nécromancienne remontait l’allée principale en longeant le côté Ouest, elle courait à s’en bousiller la rate. Il fallait dire que la bestiole qui la talonnait déjà de près se rapprochait beaucoup trop, forte de toutes ces mains qui la portaient loin et vite.
T’sisra pris l’angle sur sa gauche, débouchant l’escalier qui la mènerait au Quartier des Habitations. Un présage ironique, puisque ceux qui avaient combattu là-haut un ancien homologue de la créature, étaient tous morts. Elle priait pour que le sort qu’on lui réservait soit meilleur quand soudain elle s’effondra dans les marches. L’une des nombreuses mains de son poursuivant s’étant refermé sur sa cheville, elle se retrouva en bien fâcheuse posture.

- Non ! Hurla-t-elle en agitant la jambe pour se défaire de l’emprise. Lâche-moi !

Sans succès. Une seconde main se referma sur sa jambe, la daedhel ne put que se retourner et découvrir avec horreur la bête s’avançant lentement au-dessus d’elle. Ses oreilles pointues s’affaissèrent, elle referma lentement la main sur l’un de ses makazorns. Il lui fallait rester maîtresse d’elle-même et de ses émotions, garder son froid et redoubler de concentration. Un filet de bave du prédateur coula jusque dans son cou, un ronronnement suivi d’un claquement de langue répété, et sa gueule s’entrouvrit, découvrant une large rangée de dents.
La gueule fondit sur elle, dans le même temps la daedhel fit barrage grâce au makazorn qu’elle tenait à deux mains, et dont la pointe s’enfonça dans le palais de la créature, lui arracha un nouveau cri. Les assauts se répétèrent, par deux fois les dents claquèrent sur la hache-piolet, la noiraude ne se laissait pas faire, tandis que d’autres mains venaient appuyer sur son corps. Et le moment vint enfin.
T’sisra poussa un long hurlement strident, ses tempes se mirent à battre avec violence, les veines de son cou noircissaient à vue d'œil. La puissante et brutale vague de magie déferla sur le monstre, il était sonné, ses tympans venaient d'éclater sous la pression du sort. La nécromancienne profita de l’ouverture pour jeter sa hache à l’immonde faciès et reprendre sa fuite, haletante et plus déterminée que jamais.

- Une arme, une arme ! Siffla-t-elle entre ses dents en arrivant en haut de l’escalier. Il me faut une meilleure arme !

Il lui restait un makazorn, cependant il était très loin de s’avérer adapté à combattre une bête comme celle-ci. Elle dépassa les barricades, titubant sur les squelettes encore en armure, et jeta son dévolu sur une hache tranchante qu’elle pourrait utiliser d’une seule main. Les claquements de langue successifs signalèrent la présence de l’abomination dans son dos. Aussi, elle bondit vers l’avant pour conserver une distance de sécurité, et son regard passa sur les éboulis qui bloquaient l’escalier menant aux vestiges Ouest. Elle savait ce que c’était d’être acculée désormais.

- Approche… Cracha-t-elle en retirant son manteau de fourrure. Je vais te faire la peau !

Le prédateur passa par-dessus de la barricade comme s'il n'y avait eu d'obstacle et se jeta sur sa proie. T’sisra fondit sur la créature dans le même temps, évitant de peu les mains qui tentaient de la saisir, elle pu en trancher une au passage, avant de s’écarter rapidement.
Le monstre décida de changer de tactique, il attrapait des objets, des squelettes, et même des armes qui traînaient au sol. La nécromancienne se mit à courir pour éviter les projectiles qui pleuvaient. Cette satanée bestiole était intelligente, aucun doute à avoir là-dessus !
T’sisra manqua de se prendre les pieds dans une cage thoracique naine, le déséquilibre fut tout ce qu’il manquait à son assaillant pour ne pas la rater. Elle se sentit soulevée et fut projetée lourdement contre le mur d’une des maisons. L’instant d’après, des doigts froids se refermaient sur sa gorge, la soulevant avec une aisance effrayante. Elle voulut asséner un coup de hache sur ce bras, mais une autre main l’en empêcha, et la pression de la poigne fut si forte que son arme lui échappa.
L’abomination ronronnait d’un plaisir victorieux, cependant, jamais elle n’avait eu à affronter de nécromanciens du Puy. Les doigts libres de T’sisra s’enfoncèrent dans les chairs du bras ennemi, la putréfaction se rependit comme un venin et l’os se brisa, la libérant de l’emprise qui aurait pu lui être fatale.

Sa respiration difficile ne l’avait pas empêchée de reprendre sa course, sautant par-dessus l’une des barricades, elle tira tout droit. Tout droit sur l’esplanade surplombant la grande allée. Elle avait fui sans réfléchir et s’était jetée dans un nouveau cul de sac. Un endroit qu’ils avaient omis de visiter auparavant.

- Fais chier ! Ragea la fuyarde en s’arrêtant in extremis au bord du précipice.

Elle se retourna pour faire face à la bête. Une fois encore. Ou plutôt, une dernière fois. Ce serait elle ou lui désormais. L’énergie du désespoir et la colère s’imprimèrent sur son visage, qui même pour le prédateur se révéla intimidant. Les deux adversaires se jaugeaient, chacun réfléchissait à son coup suivant, car tous deux savaient qu’il serait décisif.
Ce fut la créature affamée qui ouvrit le bal pour entamer la dernière danse. Les mains tentaient par tous les moyens d’attraper leur proie, vifs et précis étaient leurs mouvements. Tout autant que ceux de la mage de guerre, dansant au bord du précipice pour les éviter, et jouant de son dernier makazorn lorsqu’elle le pouvait. Chacune des mains qui l'effleuraient voyait ses os se briser et ses chairs se putréfier. La puissance magique sans précédent que développait la nécromancienne lui permettait de tenir. L’un comme l’autre étaient des fléaux que le monde avait engendrés dans l’unique but de les faire se rencontrer.
Cependant, la créature finit par prendre le dessus, car contre toute attente elle s’était faite une raison sur repas, préférant pousser sa victime dans le vide. Ce soir, elle avait décidé de manger froid.

Le sol s’était dérobé sous ses pieds, la noirelfe se sentait tomber. Combien de mètres la séparait de la rencontre fatale avec la dense réalité du sol ? Six ou sept ? La bête se dérobait à son regard, elle ne distinguait déjà plus que le bord de l’esplanade.
Un nouveau cri strident retentit dans toute la cité. Ce n’était pas celui de la monstruosité. La vive douleur dans ses épaules lui arracha une grimace qui se transforma un soulagement et une immense gratitude. Le griffon l’avait attrapé au vol, et piquait en direction du sol.

Elle roula sur la pierre dure, incapable de réprimer le sourire sur les lèvres.

- Je te couvrirai de gibiers ! C’est une promesse !

Le rapace répondit d’un nouveau cri, puis reprit son envol prestement, car l’abomination, furieuse, redescendait les escaliers à toute bringue. Dans sa chute, la noiraude n’avait pas lâché le makazorn, et se tenait prête à en découdre.

- J’suis prêt ! La herse ! Amène-le sous la herse ! Ordonna une voix tonitruante qu’elle reconnut aussitôt.

T’sisra allait se mettre à courir quand le griffon fondit sur l’Abomination des Montagnes. Il enfonçait ses serres dans le monstre et l’attaquait à coup de bec, jusqu’à ce que la réplique suive. Une main saisit l’une des pattes de l’animal ailé, qui dans la panique, se mit à battre des ailes pour s’en défaire. La noiraude fondit à son tour le monstre qui ne s’occupait plus d’elle, et lui asséna un coup de hache-piolet en plein torse. Se contorsionnant de douleur, il dut, par la force des choses, laisser filer le griffon.

- Va-t-en ! Hurla la daedhel en faisant de grands gestes, tout en se remettant à courir. Va-t-en !

L’arche n’était plus qu’à quelques mètres. Balir observait la situation depuis une meurtrière, il tenait le levier du mécanisme à deux mains. Son cœur battait à tout rompre.

- Maint’nant ! Lâche tout ! Beugla la drow en plongeant vers l’avant.

Dans un cliquetis mécanique et un bruti de chaînes assourdissant, la herse tomba. L’impact sur le dos de la créature lui fut fatal. Brisée sur l’instant, sa colonne avait craqué si fort que même le nain aurait juré l’avoir entendu depuis les hauteurs.

- Crève. Souffla la noirelfe qui venait de se relever pour planter sa hache-piolet dans le crâne de l’immonde bête, désormais incapable de bouger, et ainsi l'achever dans son dernier râle de souffrance.

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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeLun 4 Fév 2019 - 18:28


Le bout chemin, enfin.


Printemps, quatrième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


La herse reposant sur le cadavre de la créature et non sur le sol, la noiraude put se faufiler, en rampant, dans l’interstice restant. De l’autre côté, son premier réflexe fut de palper ses côtes douloureuses. Et elles l’étaient tout autant que ses vertèbres, et ses épaules marquées par les serres. T’sisra se laissa glisser contre le mur de l'arche, commençant tout d’abord par soigner les plaies ouvertes par son allié à plumes. Allié qui ne s’était tant éloigné que ça, il avançait en claudiquant en direction de la Herse, poussé par la curiosité d’étudier l’abomination.

- Sacré bestiole… Lâcha la daedhel dont les yeux ne décollaient plus du cadavre.

L’animal reniflait, avec une grande prudence, le corps sans vie coincé sous la grande herse. Il semblait que lui aussi soit étonné de croiser une telle forme de vie.
Balir descendaient les dernières marches des escaliers menant en haut de l’arche, il respirait comme un véritable bœuf des wandres, ne sachant ce sur qui il devait poser son regard.

- Elle bien morte ?!

- Sans aucun doute possible, affirma la nécromancienne en opinant du chef, tu vas bien ?

- Ah beh… Pour sûr, mais toi ?

- J’ai mal de partout. Avoua la noirelfe en jouant de l’épaule, celle qui avait encaissé le choc lorsque la créature l’avait envoyée valser contre un mur. Et contre toute attente, je suis encore un seul morceau. Grâce à… Lui. Fit-elle en désignant le rapace d’un signe de tête.

- J’ai vu ça de là-haut, dit-il en désignant les hauteurs de l'arche, j’en ai raté un battement d’cœur !

- Et moi donc !

- Alors…

- Alors il semblerait que nous ayons enfin le champ libre.

- Je vais quand même aller vérifier. Conclut le dawi en prenant sa hache entre les mains.

T’sisra le regarda s’éloigner avant de se tourner vers le griffon qui donnait d’hasardeux coup de bec dans le cadavre. Elle s’approcha de l’animal, qui eut pour réaction de reculer et d’agiter les ailes en guise d’avertissement.

- Olah… Tout doux… Je veux simplement t’aider. Dit-elle en se courbant, prête à reculer au moindre signe d’agressivité.

Et c’est ainsi courbée que la noirelfe s’avança, un pas après l’autre, une main tendue vers l’avant. L’animal, qui ne posait pas la patte au sol à cause de la douleur, observait son manège avec méfiance et curiosité. Il la laissa néanmoins poser la main sur son plumage, main qui descendit lentement jusqu’à la patte blessée.

- Pas joli, souffla la noiraude en constatant qu’une des serres était retournée et que l’articulation avait souffert, pas joli du tout.

La drow redoublait de concentration et s’était abandonné à la réparation des dégâts, misant sur une confiance totale en l’animal. Quelques instants plus tard, le rapace put enfin poser la patte au sol. Il se mit alors à sautiller en décrivant un cercle, heureux de retrouver sa liberté de mouvement, et s’arrêta tout net pour observer sa guérisseuse. Son bec à moitié ouvert donnait l’impression d’un sourire, ce qui en arracha un à T’sisra.

- J’crois qu’on est tranquille. Enfin, j’espère… Déclara Balir qui revenait tout juste de l'ancienne garnison.

- Je le pense aussi. Au vu du raffut, si quelque chose d’autre avait dû être réveillée depuis, on l’aurait déjà dans les pattes.

- Tu veux remonter jusqu’au camp ?

- Il nous reste une chose à voir avant, fit-elle en désignant la direction du bâtiment au centre de l’allée, et je dois récupérer mon manteau et mes haches, ensuite… Oui. D’autant qu’on lui doit bien un sacré repas. Affirma la daedhel en désignant le griffon avec une profonde reconnaissance.

- Tout le gibier qu’il voudra, je lui laisse ! Et s’il a bousillé nos sacs, j’lui en voudrai pas non plus.

Le père et sa fille commencèrent à remonter l’allée, le rapace, lui, était retourné à sa contemplation du cadavre de l’abomination, non sans avoir observé les bipèdes s’éloigner.

Cet édifice, qu’ils n’avaient pas encore exploré, se révéla être une habitation luxueuse. Ou tout du moins, elle le fut. Dans la pièce principale, une large statue de Molgrunn, identique à la figurine que possédait la drow, accueillait les visiteurs. À ses pieds, une table de pierre, deux simples chaises et une ouvragée au dossier coulé dans l'or. C’est en ces lieux qu’avait vécu la légende.

- La maison du Thane…

Ce Hall était certainement l'endroit où il recevait les dawis de son clan. Il avait été construit autour de roches naturelles, et on distinguait ci et là quelques stalagmites et stalactites rocheuses. Ils progressèrent le long des colonnes, découvrant plusieurs pièces sur les côtés. Une cuisine, des chambres, des commodités, et surtout ce qu’il restait d’une bibliothèque. La noirelfe s’y engouffra, curieuse. Ce qui autrefois avait été une table était brisé, les étagères servant aux rangements des ouvrages étaient vides. Il ne restait plus rien, aujourd’hui, de ce qui avait rythmé la vie du héros de la geste.

Elle tourna brusquement la tête vers l’entrée de la pièce, jurant avoir entendu quelqu’un parler. Balir probablement, elle fit silence en attendant qu’il répète.

« Une elgi grise… Ah !»

Son sang se glaça, la voix n’était pas venue de derrière, mais semblait plutôt résonner dans sa propre tête. La daedhel fit volte-face une fois encore et découvrit avec stupeur une forme aux contours nanesques, à demie cachée dans la pénombre de la pièce.

« Fuyez ! Cet endroit n’est pas sûr… Les bêtes rodent en ces cavernes. »

- Euh… Je…

« Fuyez ! » Insista l’apparition qui fit un pas en avant, se révélant être… Un nain. T'sisra n'en revenait pas et était tout bonnement désemparée.

- Elles sont mortes… Molgrunn ? Demanda-t-elle interloquée.

« Mortes ? Oui. Oui… Transmettez l’héritage, elgi. »

La drow cru discerner un sourire, l’étrange apparition aux contours flous porta la main à son cœur en inclinant légèrement la tête.

- À qui tu parles ?

Faisant volte-face à nouveau, elle posa les yeux sur son père qui venait d’entrer dans la pièce.

- Beh… À lui ! S’exclama-t-elle en jetant son pouce par-dessus son épaule pour désigner l’apparition.

- Hein ?

Un simple coup d’œil lui confirma qu’il n’y avait plus rien. À moins qu’il n’y ait jamais rien eu. Portant la main à son front, elle se demandait si elle ne souffrait pas de séquelles liées à son voyage jusqu’aux Portes de la Mort, ou que sa longue proximité avec la fiole donnée par la déesse ne l’avait pas affectée.

- Je commence à fatiguer. Conclut-elle en secouant la tête. Je réfléchissais à voix haute.

- Ahen. Lâcha le paternel peu convaincu. Viens voir ce qu’il y a derrière la statue.

- J’arrive.

S’accordant le temps d’une minute pour reprendre ses esprits, durant laquelle elle ne pu s’empêcher de scruter la pièce du regard avec une grande attention, elle retourna finalement dans le hall. Sans s’arrêter devant la statue, elle passa directement derrière pour rejoindre son père et découvrit le sarcophage qu’il avait déjà à moitié ouvert.

- Ah.

- Oui, c’est aussi son tombeau.

- Tu penses à ce que je pense ?

- La parure de la chanson ?

La daedhel approcha la torche, découvrant le squelette décrépit inhumé dans son armure, son marteau de guerre posé sur le buste. Elle approcha la main, et elle qui d’ordinaire n’avait aucun problème avec les cadavres, se retint.

- J’ai eu le même sentiment.

- De toute manière, nous ne prendrons que ce qui peut servir à notre peuple. Il faut voir ça comme un héritage. Nous ne sommes pas de foutus pilleurs de tombes.

Balir acquiesça, la daedhel retira lentement le marteau du caveau. L’objet était magnifiquement ouvragé, les yeux de son père brillaient à la vue de ce spectacle.

- Belle arme, j’aurais bien voulu en avoir une comme celle-là. Regarde donc la finition !

- Je te l’accorde. Concéda-t-elle en déposant le marteau sur le côté, avant de replonger le nez dans le tombeau. Ah, autre chose...

La noiraude extirpa de la tombe un coffret dont le bois, rongé par le temps et pourri par l'humidité, si bien qu’il s’effritait par endroits au simple contact de ses doigts. Elle le déposa avec précaution sur le couvercle de pierre.

- En fait, il repose sur un lit de pièces d’or et… D’autres objets qui lui ont visiblement appartenu.

- Eh… Il m’faudrait presque un marchepied.

- Ah ! Haha !

- Te marre pas. Souffla l’ancien dans un sourire.

La daedhel revint au coffret et en souleva le couvercle avec tout autant de délicatesse. Ils découvrirent une pierre de la taille d’un pouce nain, autrement dit un bon caillou. Il était d’un bleu saphir et en son cœur semblait luire une lueur translucide à nulle autre pareille.

- Par les ancêtres ! Une brynduraz ! Interjeta le nain dont les cheveux se dressèrent sur sa tête.

- Ça a l’air de valoir son pesant d’or.

- Ça n’a pas de prix tu veux dire ?!

- À ce point ?

- Pouh ! C’est tellement rare, que dans toutes l’Histoire du Zagazorn, on a dû en trouver deux. J’crois que Nimrak le Vengeur en a eu une. Après… Aucune idée. Peut-être Barbechêne aussi ? Se demanda-t-il en lissant sa barbe. À moins qu’il ait hérité de celle de Nimrak. J'en sais rien.

- Heureusement que Dagobert n’est pas là. Souligna-t-elle en écarquillant les yeux. Il l’aurait mise dans sa poche et aurait filé tout droit à Thaar.

- Y a des chances ! Haha !

Ainsi s’achevait enfin leur périple. Le Domaine du Thane marquait la fin de leur voyage, dont les explorateurs ne reviendraient, finalement, pas bredouilles. Et déjà ils étaient chargés de souvenirs, des paysages inoubliables, des combats et des luttes contre la montagne elle-même, des échecs et des victoires.
Après avoir remis en place le marteau et refermé le sarcophage, et que la daedhel eut rassemblé ses effets personnels, c'était accompagnée du nain et du rapace, qu'elle remonta jusqu'à leur campement en surface. Ils avaient pris avec eux l’inestimable brynduraz, aussi appelée « Pierre des Rois », ainsi que la pochette de cuir, contenant les outils d’un ancien forgerune, trouvée dans le premier quartier visité. Cela constituerait les preuves dont ils auraient besoin pour prouver la véracité de leurs dires aux autres dawis.

Au lendemain, en fin de matinée, Balir et T’sisra, tous deux assis dans la neige, près du feu, observaient le griffon qui dévorait allègrement les quatre lapins que la daedhel avait ramené de sa chasse, tout spécialement pour lui.

- T’as bientôt terminé ?

- C’est terminé. Pas très beau, mais au moins… On comprend. C’est plus un plan qu’une carte joliment dessinée. Dit-elle en montrant son œuvre à Balir.

[Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. Hhok

- Ah oui… Pas de doute ! Railla-t-il en croquant une baie. Et maintenant ? Tu as pensé à la suite ?

- Pas vraiment. À vrai dire, j’ai une vague idée. Mais… Rien ne garantit que ça fonctionne comme prévu.

- Pour changer. Rétorqua-t-il à raison.

- Mh… Tu marques un point. J’avais pensé à Dhomrumli, il pourrait nous aider, non ?

- Oui, encore faudrait-il que sa parole ait du poids. Il a une réputation de… Nain bizarre, auprès de certains. À cause de ses inventions, tu sais...

T’sisra acquiesça, son esprit vagabondait. En effet, la situation était délicate, les drows n’étant pas particulièrement appréciés par-delà le monde. Qui plus est, même si Balir affirmait avoir retrouvé la cité perdue, il aurait toutes les chances de passer pour un énième taré. Non, il leur fallait passer par une personne dont la parole pesait réellement. Le genre de personne qu’on écoute pour sa sagesse, et quand bien même ses propos pourraient paraître fabulés, on se devait d’y réfléchir et de tendre l’oreille.

- Je connais bien une runiste, mais… Va mettre la main dessus.

- Celle de ton voyage dans les Terres Stériles ?

- Oui, Long-Nez. Je ne sais pas s’il reste des membres de son clan encore. On pourrait orienter nos recherches dans ce sens. Qu’est-ce que tu en dis ?

- C’est une piste. Ça peut pas être plus compliqué que d’courir après une légende de toute façon.

Leur prochain objectif était fixé. Ils ne perdirent pas un instant et se mirent en route pour la cabane du banni. Tous deux avaient quelques affaires à récupérer avant de quitter le vallon. Et ni l’un ni l’autre ne comptaient partir sans s’être reposé comme il se doit.

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[Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. Peuple10

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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Lun 4 Fév 2019 - 23:30, édité 9 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende.   [Terminé] [An XIV] Sur les traces d'une légende. I_icon_minitimeLun 4 Fév 2019 - 18:49


Le jour du départ.


Printemps, cinquième ennéade de Barkios, an quatorze, onzième cycle.


Une bonne ennéade s’était écoulée depuis leur retour à la Kaz Ufdi, le quotidien de la vie du dawi et de la daedhel avait repris ses droits, à ceci près que leur voisin ailé n’était jamais très loin et partageaient une partie de chacun de leur repas. Cependant, le jour du départ arriva, et ce matin lorsque la daedhel sorti de la maisonnette, elle portait sur elle tout son équipement.

- Aujourd’hui, on s’en va. Déclara-t-elle en regardant le griffon dans un sourire, désignant la direction du tunnel qu’elle et son père emprunteraient pour quitter le vallon et rejoindre le Langk Duraz d’ici peu.

T’sisra agitait le lapin sous le nez de l’animal, et lorsque son bec se referma dessus, il l’envoya valdinguer à quelques mètres.

- Eh ! Mais… Soupira la daedhel en allant le ramasser. Qu’est-ce qui t’arrives aujourd’hui ?

Penchée au-dessus du lapin pour le ramasser, elle essuya, contre tout attente, un coup de tête dans son postérieur, la faisant plonger tête la première dans la neige. Elle n’eut que le temps de se mettre sur le dos que la patte du griffon se posa sur sa poitrine, la maintenant au sol sans qu’elle puisse faire quoique ce soit.

- Bon sang de…

T’sisra tendit la main pour pousser de toutes ses forces contre le poitrail de l’animal, dont la tête s’approchait de son visage. Son bec se referma sur sa longue queue de cheval, qu’il se mit à mâchouiller dans son mécontentement. La daedhel se débattait comme elle pouvait, jusqu’à le griffon utilise sa patte pour lui maintenir la tête dans la neige. Le rapace manifestait son désaccord avec leur départ. Elle se rendait compte désormais à quel point ces animaux pouvaient se montrer intelligents et attachants. Cependant qu’il lui arrachait quelques cheveux, elle répondit en lui tirant sur les plumes.

- Mais qu’est-ce que c’est qu’tout c’raffut ?! S’indigna le nain qui sortait à son tour.

L’ancien se frappa le front en s’avançant, les sourcils froncés, vers les deux imbéciles qui se chamaillaient.

- Non mais… J’rêve ! Oh ! Vous allez arrêter vos âneries, oui ?!

La bataille coupa court dans l’instant. Balir faisant les cent pas, gesticulant des bras, bougonnant et déversant un flot inépuisable de sermons. T’sisra était agenouillé dans la neige, aux côtés de son ami aillé, tous deux baissaient la tête et regardaient vers le sol. Ni l’un ni l’autre n’osait faire quoique ce soit tant que le vieux barbu ne se serait pas calmé.

- Et c’est pour ça que la jeunesse, parfois, souvent même, me sort par les yeux ! Conclut-il en tournant les talons. Et j’ai pas envie de me répéter !

Il retourna à la cabane et claqua la porte, si fort qu’une partie de la neige accumulée sur le toit glissa jusqu’au sol.

L’animal et la noirelfe avaient finalement cessé leur bataille insensée. S’étant tout deux installés au bord du plateau, là où plusieurs ennéades avant, le bearög avait chuté. Ils observaient silencieusement le vallon et la forêt qui s’y étendait, jetant de temps à autre un coup d'œil vers l’autre.

- On reviendra de toute façon. Finit par lâcher la daedhel qui se rapprocha de l’animal pour le caresser. C’est pas comme si on allait jamais se recroiser. Enfin, je l’espère.

La noiraude s’appuya contre l’animal, allant jusqu’à poser sa tête contre lui.

- On aura vécu de sacrés choses ici, et quoiqu’il arrive ça sera toujours gravé dans nos mémoires.

Le rapace se contentait de tourner la tête de temps à autre, son regard attiré par des choses que lui seul était capable de voir d’ici. Il ne bronchait pas, il contemplait le vallon et sa solitude pesante.

- Tiens ! S’exclama la daedhel en se redressant brusquement. Je n’ai jamais su comment t’appeler.

Le griffon poussa sur ses pattes à son tour, et fit face à son interlocutrice qui répétait son propre nom en se tapotant le torse en rythme.

- Flocon ! Finit-elle par dire en se mettant à tapoter le poitrail de l’animal. Flocon.

T’sisra répéta son propre nom en se désignant, puis à nouveau celui du griffon en posant la main sur son plumage. Les yeux de l’animal lui semblèrent s’illuminer, son bec entrouvert lui donnait toujours cette impression de sourire. Et comme à chaque fois que le rapace exprimait sa joie, il se mit à sautiller en décrivant un cercle.

- Je vois qu’on s’est réconciliés. Lâcha l’ancien, chargé comme une mule et donc prêt à partir.

- Oui. Accorda la drow dans un hochement de tête, le cœur serré par les adieux. Il fallait bien.

- Ne perdons pas trop de temps. Descendre est plus facile et rapide que de grimper, mais tout aussi périlleux. Profitons donc du beau temps.

- Je suis bien d’accord. Dit-elle avant de tourner la tête vers le griffon. L’heure est venue. Fais attention à toi Flocon.

L’animal suivit les explorateurs jusqu’à l’entrée du tunnel, après quoi, dans un dernier au revoir marquant leur séparation, la nain et la noirelfe s’y enfoncèrent pour se retrouver de l’autre côté, au bord de la grande falaise qu’était le Langk Duraz. Ils leur avaient fallu les trois quart de la journée pour arriver en bas sans encombre. Leur prochaine étape consistait à s’arrêter dans la caverne qu’ils avaient investie à l’aller. Passer la nuit là-bas leur avait semblé sage.

Levé à l’aurore, Balir secouait T’sisra.

- Mmh… Laisse-moi dormir encore un peu…

- Où t’as rangé le lapin ?

- À côté des sacs…

- Ah ben non.

La noiraude fut tirée du sommeil d’un coup d’un seul, posant les yeux sur l’endroit où elle avait entreposé leur déjeuner la veille au soir.

- J’ai bien une idée, mais elle ne va pas te plaire. Déclara-t-elle avec un grand sourire, les yeux rieurs.

- Foutu rapace !

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