[Chez Myr] Demie vérité ou mensonge entier ? | Myr

1er jour de la 1ere ennéande de Verimios 15 : XI
Départ de l'armée pour Sol'Dorn : J-10
Début de soirée

Les deux sculptures d'obsidienne tenaient leurs positions magnifiques dans le petit atrium. Près d'elles, un homme et une femme de chair et de sens semblaient aussi distant et presque aussi statiques. Les confortables sofas rouges étaient restés intouchés. L'homme avait laissé son marteau et son bouclier aux gardes à l'entrée et la femme son corbin ouvragé et ses nombreux couteaux, mais leurs armures de cuir et de métal ternis ne laissait aucun doute sur leur assurance militaire. Les bras croisés, faisant de temps à autres quelques pas pour patienter, la capuche sombre de l'homme ombrageait de masque d'argent dépourvu de la moindre émotion. Sous son propre capuchon, la figure de la femme n'en montrait pas plus. Seul le gargouillis léger de la pièce d'eau centrale doucissait l’atmosphère.

Krish avait refusée d'être conduite dans une quelconque autre pièce que celle-ci. Non seulement elle la connaissait déjà et s'était habituée à sa disposition, mais en plus elle était suffisamment proche de l'entrée pour pouvoir retrouver son chemin. En arrivant devant le domaine, elle avait été des plus clair. Il fallait qu'elle parle à Myr'Hennis, à lui seul, et il fallait qu'elle le fasse maintenant.

Et Myr’Hennis n’allait évidemment pas désobéir à une demande directe d’une triumvir, ce n’était pas son genre lui qui était d’une loyauté sans faille.

Quand Vaervy l’avait prévenu, l’architecte ne pouvait résister. Il ordonna à des esclaves de transmettre le message à ceux qui s’occupaient d’allumer les foyers dans la stalactite qui pendait au plafond des Profondeurs. Bientôt tout le monde à cet étage levant la tête verra une stalactite allumée mais seul ceux dans le domaine du Grand Architecte et à fortiori ceux dans l’atrium pourront voir que la disposition des feux formaient « Myr ».  Au regard désapprobateur de Vaervy il répondit simplement d’un haussement d’épaule : « il n’y a pas de mal à être fier de ce que l’on a accompli. »

Et il faut dire qu’il avait accompli quelque chose de grandiose et s’il ne pouvait pas allumer son prénom dans la nuit pour le célébrer, à quoi bon ? Alors, avant de sortir lentement de son bureau, il ordonna à Plynnil de ranger les documents éparpillés sur la table puis il termina son verre d’une traite. Krish ne m’a pas encore découvert, il avançait dans sa villa avec un sourire sardonique à cette délicieuse idée. Il fallait admettre que c’était doux, elle venait à lui pour, en tout cas il le supposait, obtenir des réponses. Il savoura l’ironie comme un délicieux steak persillé à la cuisson bleue. Il avait beau y réfléchir, parmi ses nombreuses vengeance il n’en trouvait pas une qui lui était aussi douce. En effet aucune de ses victimes n’étaient jamais revenue pour lui permettre de sentir un arrière-goût délectable. Alors certes il avait mis à mort des eldéens et des affranchis mais c’était un sacrifice qu’il avait été prêt à faire et qu’il referait sans aucun souci. Mais bon, pour le moment, là n’était pas la question. Durant le trajet il modifia son sourire, le faisant moqueur, il n’aurait pas pu prendre un visage sérieux tout de suite, il n’était pas aussi bon acteur mais là ce n’était pas un problème du tout ; elle attendait dans l’atrium, la blague était toute trouvée. Lorsqu’il arriva enfin dans l’atrium, Vaervy sur les talons, il ouvrit grand les bras en signe d’accueil.

« Krish ! Je ne pensais pas que tu allais t’annoncer cette fois-ci, dois-je faire venir mon masseur ? »

La capitaine pendant de ce temps restait à un pas derrière son maître, les bras croisés, interdite.  Ils ne restèrent pas que quatre bien longtemps alors que des esclaves apportant rafraîchissement et des petites tranches de viandes fumées sur des plateaux entrèrent pour en proposer à ceux qui s’étaient invités tous seuls.

Lorsque Lyr franchis la porte, son sourire sournois aux coins des lèvres, Krish sentit Jallyss se tendre encore plus qu'il ne l'était déjà. Sa main avait naturellement cherché la poigne de son épée sur sa hanche en apercevant Vaervy et il se porta un pas en arrière de Krish avec une célérité qui n'avait d'égale que la précaution qu'il avait à ne pas rester dans son ombre.

Le visage fermé et l’œil sombre, Krish s'obligea à desserrer les bras, ignorant superbement la garde, les esclaves et la pique de l'architecte.

- Je dois voir la maquette. C'est une question de la première importance. "

Pas un bonjour. Pas un merci. Pas un s'il-vous-plait ni une façon délicate de refuser la profusion de confort offerte par son hôte. Elle se raccrochait aux fait. Et ici, elle en avait un simple à vérifier. Le souterrain dérobé que les Repentis avaient trouvé non loin de l'entrée du Monastère figurait-il sur cette fichue maquette et si oui, pourquoi Myr ne lui en avait pas parlé. Il fallait progresser par étape...

Le sourire de Myr’Hennis disparut rapidement, il s’était attendu à ce qu’elle vienne lui parler du monastère, de ce qui s’était passé et des dégâts qu’avait causé le combat entre Gorhur et Vaervy mais ça… c’était inattendu alors il n’eut même pas à faire d’effort pour que son sourire quitte ses lèvres. Il restait à voir comment Krish allait interpréter ce changement mais il n’était pas inquiet, pas plus qu’il ne l’était pour la maquette d’ailleurs. Il aurait pu s’offenser de l’impolitesse mais à quoi bon ? Une vie ou deux de gladiateurs avait bien payé pour ça. Alors, d’un hochement de tête et sans un mot il se retourna pour prendre le chemin de son bureau. Une fois devant la grande double-porte, les gardes levèrent un sourcil en voyant tout ce beau monde arriver. Le Grand Architecte entra dans son antre seul et demanda à Plynnil de venir l’aider. Quant à Vaervy elle resta devant la porte refermée après le passage de Myr’Hennis, bloquant l’entrée à Krish et son homme de main.

« Toutes mes excuses, Sesmika, mais personne n’a le droit de voir où repose la maquette, même pas vous. »

Les excuses en question n’étaient pas vraiment sincères mais c’était bien Krish elle-même qui avait dit à l’architecte de protéger au péril de sa vie le chef d’œuvre et c’est ce qu’il comptait faire. Cela dit la triumvir n’eut pas à attendre longtemps, la maquette se retrouva assez rapidement sur la même table où elle l’avait vu pour la première fois, trois ans plus tôt. L’assistante vint ouvrir la porte et d’un geste du bras invita tout le monde à entrer alors que l’architecte ouvrait la maquette et en sortait les pièces pour qu’on puisse en contempler la totalité d’un coup d’œil. Contrairement à ce qu’avait dit Myr’Hennis il y a trois ans, tous les passages secrets ne figuraient pas sur la maquette. Il y en avait quelques-uns qui n’y étaient pas : les deux du monastère évidemment mais aussi ceux qui partaient de sa villa et les deux de la maison de Viconia. Mais ceux que cherchaient Krish y étaient effectivement représentés, il y en avait plusieurs qui permettaient de sortir du Puy et ils se rejoignaient tous à un moment ou un autre, à travers plusieurs carrefours ; il y avait même quelques culs-de-sac pour que ceux qui avaient trouvés les passages sans le faire exprès s’y perdent pour éventuellement y périr, il devait bien y avoir quelques squelettes. Une fois que la maquette fût prête à être observée Myr’Hennis se retourna vers Krish et, les bras croisés sur sa poitrine lui demanda : « Je peux t’aider ? »

A la porte de l'atelier, elle attendit sans discuté. Myr'Hennis semblait avoir saisit la gravité de la situation et comme à son habitude, il faisait preuve d'une diligence et d'une docilité certaine malgré son égo certain. Bien qu'elle ne soit pas certaine d'être en terrain allié, c'était toujours ça de pris. Et avec son style un peu décalé par rapport aux cannons du Puy, elle avait bien plus de mal à le voir en grand ordonnanceur de massacre de quelques parias cherchant une nouvelle place aux yeux de leur dieux qu'Urgoll par exemple. Aussi soutint-elle le regard de Vaervy pour la forme, mais se détourna bien vite.

Une fois qu'on lui autorisa l'accès à la longue pièce, Jallyss toujours sur ses talons, elle avala la distance qui la séparait de la maquette et laissa Myr'Hennis terminer ses préparatifs. Elle avait l'air d'avoir été mise à jour depuis la construction du monastère...

- Une seconde, je dois d'abord vérifier quelque chose... " souffla-t-elle en glissant amicalement la main sur le bras du grand architecte.

Si la colère et la soif de vengeance lui faisaient mal, la concentration qu'elle s'était imposée pour ne pas y succombé prévalait lourdement. Elle se pencha avec minutie sur l'objet, suivant du regard puis des yeux le réseau de souterrain qui menait près du Monastère. En s’apercevant que tout le réseau de galerie de sortie était interconnecté et menait un peu partout dans le volcan, elle se fit la réflexion qu'un grand rebouchage anti-thermite allait être nécessaire, puis elle se pencha sur les passages menant hors de son propre domaine. Celui de l'étage le plus haut était bien annoté mais celui que son père avait fait creusé par la Doth'ka était - fort heureusement - absent. Ce qui lui confirmait une autre chose : les connaissances du Grand Architecte n'étaient pas absolues. Il pouvait y avoir des passages manquants.

Elle inspecta avec minutie le Haut-Temple de Zahk'bar, le Haut-Temple de Valas, la maison de Viconia - dépourvu du moindre passage secret - l'Etat-Major, le Haut-Temple d'Uriz, le Haut-Temple de Teiweon, le domaine des Hune'Baenre et le domaine du Grand Architecte... duquel ne parait pas non plus le moindre passage... Très bien, ce n'étaient peut-être pas les connaissances du Grand Architecte qui n'étaient pas Absolues, seulement son désir de les représenter sur ce chef d’œuvre.

- Combien de passage partent d'ici ? " demanda-t-elle très sincèrement en se retournant, tout a fait consciente qu'il pouvait mentir. Mais dans cette histoire elle recoupait les information pour valider ou invalider les dires de ceux sur qui pesaient un tant soient peu de soupçon. Les mots, petites friandises de Tesso, n'étaient que des points de départs et plus ils étaient mensongers, plus les soupçons s’appesantissaient. " Et est-ce que tu peux me jurer sous le regard de Meingal que tu n'as placé aucun passage secret dans le monastère que tu as bâtis. " Les yeux vrillés dans le haut regard de l'Architecte, son visage restait aussi neutre que possible. Ni elle, ni ses hommes n'avaient trouvé de passage lors de l'installation ou de l'inspection de la veille, mais ça, il n'avait aucun moyen d'en avoir la certitude.

« Je t’en prie, ce qui est à moi est à toi. » Il se déplaça sur le côté pour laisser toute la place nécessaire à Krish d’observer ce qu’elle voulait. Il se mit à l’observer aussi pendant que Vaervy se replaça derrière son patron, gardant toujours un pas de distance et le même air renfrogné. Myr’Hennis suivit le regard de Krish, se demandant ce qu’elle cherchait et pourquoi est-ce qu’elle le cherchait à ces endroits précis. Enfin il savait exactement pourquoi est-ce qu’elle regardait les passages proches du monastère mais pourquoi les autres ?

« De cette pièce ? Trois. D’ailleurs tu te tiens sur l’un d’eux. » Répondit-il sans réfléchir avec une sincérité déconcertante, à quoi bon mentir, elle savait pertinemment qu’il y en avait, ça ne servait à rien de le cacher. « Quatre si on compte celui qui mène à la cachette de la maquette. »

La question suivante le prit au dépourvut. Pourtant il s’était attendu à cette question mais posée différemment. Il accusa un mouvement de recul comme si elle l’avait frappé, un mouvement que la capitaine arrêta de la main gauche dans son dos tandis que sa main droite, cachée par le long corps longiligne de Myr’Hennis, glissait vers la tête de sa hache qui attendait patiemment à sa hanche ; elle avait vaincu Gorhur en duel, à la loyal qui plus est, ce n’était donc pas l’homme qui accompagnait la triumvir qui allait l’intimider si jamais ils en venaient à se battre. Avec une expression inquiète feinte à la perfection, car il était réellement inquiet mais sans doute pas pour les raisons que Krish imaginait, il soutint son regard.

« Quelque chose est arrivé ? » Demanda-t-il avec une voix compatissante. Il s’était préparé à cette entrevue et même si parmi les scénarios qui s’étaient joués dans sa tête, aucun n’était réellement comme ce qui était en train de se passer, certains y ressemblaient à s’y méprendre.

Krish ne bouge pas, elle ne fait aucun geste ni d'agression ni de soulagement, et elle répète simplement :
- Répond-moi. "

Myr’Hennis haussa un sourcil. « Très bien: oui je peux. » Oui je peux te répondre, non je ne peux pas le jurer, maintenant il espérait qu’elle n’allait pas lui demander de jurer solennellement sous le regard de Meingal. Cela dit, qui d’autre que le dieu de la justice pourrait mieux comprendre son geste ?

Pesamment, Krish acquiesça... Puis soupira.

- Oui, il s'est passé quelque chose au monastère... "

Près de la triumvir, Jallyss restait impassible. Immobile, même, faisant toujours en sorte de rester à moins d'un pas, comme le faisait Vaervy de son côté. Si ses yeux n'étaient pas bien visibles derrière son masque, il semblait d'ailleurs plus s'intéresser à cette dernière qu'à son immense protégé. Krish s'écarta doucement de la maquette, revenant vers la grande table, plus pour bouger que par réelle intention d'y faire quelque chose. Elle laissa son attention trainer sur les meubles et les dessins en expirant brusquement par le nez.

- Quelqu'un s'y est introduit et à tué vingt-et-un de mes camarades. " Elle se tourna de nouveau vers l'Architecte après avoir ramener ses cheveux par dessus son épaule. " J'ai besoin de ton expertise. J'ai déjà demander le concours d'un mage de chaque branche de l'Etude Noire. Ils viennent tous les trois au palais demain matin pour que nous puissions envisager toutes les façons dont les assassins auraient pu s'y prendre. J'ai besoin que tu sois là également. Personne ne connait mieux le Monastère que celui qui l'a créé. "

Vaervy se crispa au hochement de tête de Krish, craignant que ce fut un signal quelconque, puis elle se détendit en entendant le soupir, la tension s’amoindrit et ses épaules s’affaissèrent légèrement ; le seul signe d’un quelconque soulagement qui contrastait avec un visage stoïque. Myr’Hennis hocha lentement la tête, évidemment il savait qu’il s’était passé quelque chose au monastère mais il fallait bien donner l’impression qu’il comprenait. Alors qu’elle s’éloignait de la maquette il la rangea, replaçant à leur place les parties qu’il avait détaché, il ferma la réplique du Vetna puis passa dans la partie bureau de la pièce. Le Grand Architecte observa la triumvir un temps alors qu’il marchait lentement, la capitaine de sa garde sur ses talons. Plynnil s’était levée quand que Krish approchait et elle se dépêcha de sortir une coupe. Myr’Hennis l’arrêta d’un geste alors que l’esclave se dirigeait vers le buffet.

« Je vais m’en occuper Plynnil, tu peux nous laisser. Toi aussi Vaervy. » La capitaine fronça les sourcils mais s’exécuta suivant l’assistante, à la porte elle se retourna pour lancer un regard interrogatif à son patron, qui ne lui rendit pas, avant de fermer la porte. « Tes camardes, ceux du IVème ost ? » My’Hennis se pencha pour prendre une fiole dans le buffet qu’il versa. Comme le protocole l’exigeait il trempa les lèvres dedans et leva légèrement la coupe pour laisser penser qu’il en avait une quantité non négligeable. C’était aussi pour être certain que personne ne verrait que ses lèvres étaient presque closes, il était hors de question qu’il en avale plus qu’une goutte ou deux, préférant avaler sa salive. « Je voulais le garder pour une occasion plus heureuse mais… » il poussa un long soupir puis regarda le liquide ambré qui tournoyait alors qu’il faisait lentement tourner la coupe. Puis il leva la tête pour la regarder dans les yeux ; c’était un regard compatissant, il ne se serait pas permis de la plaindre.

« Comment sont-ils morts ? » Se contenta-t-il de demander après quelques secondes, incapable de trouver les mots justes, en tendant la coupe dont le fond était plein du philtre que le maître de l’Etude Noire lui avait fait. D’un geste de la main il essuya le recoin de ses lèvres d’où coulait une goutte de liquide.

Quelle étrange marque de confiance pour celui dont elle avait décidé le sort au moment où il avait refusé de lui répondre clairement pour la seconde fois. Une marque de confiance bien folle...

Krish ne se fit cependant pas plus satisfaite que lorsqu'elle avait soupiré pour calmer la paranoïa justifiée de la chef des gardes du grand architecte. Jallyss s'éloigna en direction de la porte et se posta là, laissant les deux grands personnages s'entretenir comme s'il n'était pas là. Attrapant la coupe, elle la porta à ses lèvres pour en prendre une gorgée comme lorsqu'elle lui volait son verre presque à chaque fois qu'ils buvaient ensemble. Ils avaient eu de bien belles discussion par le passé, dommage que cela doive se terminer ainsi...

- Trahis. " Elle faisait tourner le liquide dans la coupe d'une main distraite. Le fluide frôlait le rebord du ciboire, manquant de se renverser sous le geste agacé. " Quelqu'un a ouvert les portes de l'intérieur et ils ont été tués dans leur sommeil, à l'exception des plus aguerris. Les attaquants ont été assez féroce pour défaire des combattants qui ont participé au premier siège d'Alëandir.

La liqueur était forte mais le goût épicé n'emportait pas la bouche. Elle en prit une seconde gorgée. Il avait réellement un goût sûr... Encore un autre gâchis. Avec un talent comme le sien, que ce soit dans le domaine des arts ou pour s'entourer de gens loyaux il aurait pu être à la tête de Sol'Dorn reconquise. Un eldéen suffisamment atypique et fin pour que les Thaaris ne se sentent pas menacés le temps que les ost poussent vers le nord.

- Maintenant que j'y pense... Vaervy était Streea Jabuk sous les ordre des Zaurahel avant d'être à ton service. "

Ce n'était pas une question. Et pour preuve, Myr'Hennis n'eut pas l'occasion de répondre. Juste derrière lui, un bras surgit de l'ombre pour le prendre à la gorge, faisant légèrement craquer son dos vers l'arrière pour le ramener à la hauteur de son bourreau. Une autre main se referma sur son bras directeur et le tordit violemment en une clef de bras à deux doigts de faire rugir son épaule tandis que ses yeux étaient brusquement plongé dans les ténèbres les plus totales. Qu'il fasse un mouvement de son bras libre, et il perdrait celui qu'elle avait en son pouvoir... a moins que ce ne soit la vie.

Ferya, glissée dans l'ombre de la Triumvir depuis son entrée dans la demeure, avait tenue le temps qu'il fallait. L'attente n'avait pas été longue. La discussion non plus. Lorsque Myr avait tendu la coupe vers son hôte, les ombres projetées sur le sol s'étaient mélanger un instant. L'occasion de rester et d'observer une fois que Krish serait partie... Mais les paroles de cette dernière à propos de Vaervy étaient sans équivoques. Gohrur n'aurait pas pu être défait par de simples mercenaires...

Sortie de l'ombre même du Grand Architecte, elle n'avait pas hésiter, ne lui laissant ni le temps de courir, ni le temps de crier. Seul un mince filet d'air pouvait couler dans sa gorge oppressé par le bras qui écrasait sa trachée. Jallyss toujours près de la porte, n'avait pas bougé d'un cil.

Une boule de tissus humide au goût métallique atroce fut violemment enfoncé dans la bouche de l'architecte, raclant légèrement ses délicates incisives, bloquant ses mâchoires et les appels qu'il aurait put réussir à pousser à force d'entêtement. A l'odeur, il pourrait reconnaitre facilement le large chiffon qu'il utilisait pour sécher ses pinceaux. Une seconde de silence et plusieurs pas légers traversaient la salle vers la seconde partie de son atelier. La maquette ? Sûrement, mais impossible de savoir où les pas s'étaient arrêtés exactement à cause d'une autre source de bruit, bien plus près.

- Tu as de la chance d'être si bien protégé. " susurra la voix chaude de la triumvir. Elle était si proche qu'il sentait son souffle sur sa joue. Une large main caleuse glissa le long de son torse pour dénouer l'une des deux ceintures qui maintenaient sa toge au niveau de sa taille. Le tissus glissa autour de lui avec un chuintement qui - en d'autre circonstances - aurait été des plus sensuels... Quoi que pour Krish, il l'était réellement.

Malgré tout ce qu'il aurait put tenter pour se défaire de la poigne qui le retenait, l'expérience combinée de l'ancienne membre du C'nros et de l'Avatar d'Uriz ne lui laissèrent pas le choix. Son poignet libre fut à son tour réquisitionné et sa longue ceinture vint lier fermement ses paumes, ses poignets et ses avant-bras jusqu'aux coudes. Un long lacet de cuir vint appuyer encore d'avantage la boule de chiffon au fond de son gosier, noué derrière sa tête pour l'empêcher de recracher le bâillon. Tous ces gestes experts n'avaient durés qu'une minute. Ferya continuait à le maintenir par le cou. Puis, A défaut de la voir s'éloigner pour s'appuyer contre la table, l'homme aveuglé put entendre son unique pas et le raclement d'une coupe que l'on soulève.

- Tu sais vraiment choisir tes liqueurs... on dirait... de l'amande et de l'orange, c'est ça ?  "

Sa voix était toujours mesurée, comme chaque bruit que faisait la petite troupe, de manière à ce que la lourde porte en masque le plus possible.

Quelque part, quelques coups. Les secondes s'égrainent... Quelqu'un cherche. Près de la maquette... Visiblement sans succès.

Après une longue minute, un claquement de langue frustré se fit entendre derrière le grand homme. La voix de celle qui le retenait s'éleva pour la première fois, glissant à son oreille un timbre nasillard.

- Ou est le mécanisme pour le passage près de ton modèle réduit ?

Myr'Hennis pointa le menton dans la direction approximative du pilier central, celui entouré d'une bibliothèque. Sa respiration pour seule parole, il ne tenta pas même de faire le moindre bruit.

D'autres pas. Des livres que l'on bouge. Du papier froissé. Le souffle lointain d'un mécanisme étouffé par de la pierre épaisse. Le passage dont l'Architecte avait confirmé la présence quelques minutes plus tôt venait d'être ouvert. Il aurait pu jurer entendre sa geôlière sourire à son oreille.

Le son bref d'une coupe que l'on repose.

- Allez... On part en balade. " ronronna toujours la même voix chaude.
- Au monastère ?
- Non... L'atelier.

Ferya le poussa en avant, le soutenant d'un bras, prête à l'entrainer dans les ombres alentours avec elle en cas d'imprévu. S'il faisait mine de ne pas vouloir marcher, la prise sur sa trachée s'affermirait suffisamment pour le faire tomber inconscient et sa haute stature serait portée par Jallyss, laissant les deux femmes ouvrir et fermer la marche.

La trappe du bureau de referma dans un chuintement discret, ne laissant de leur passage que la coupe d'étain sortie par Myr.

VOUS VENEZ D'ÊTRE TOUCHE PAR LA GRÂCE DE CUPIDON !

Myr'Hennis vous a fait boire un filtre d'amour, et vous tombez presque immédiatement amoureux de lui.

Un amour étrange, que vous ne parvenez à expliquer.
L'effet se dissipera sous au moins 3 mois entiers IRP (soit 1 an et demi de votre personnage) si rien n'est tenté par le personnage.  Il vous est possible d'essayer de briser le sortilège entre temps. Vous êtes libre d'interpréter le sentiment comme vous le souhaitez néanmoins vous vous sentirez quoiqu'il en soit lié à celui qui vous l'a administré. Pour plus d'informations, merci de me contacter par MP.