[MdO2019] Equilibrium | Myr

Par Tesso et Isten, il allait la rendre folle...

Elle tordit le nez en le sentant se grandir une fraction de seconde, mais il devait juste changer d'appui puisqu'il se reposa de suite... Enfin sans doute. Pas une seconde il ne sembla décontenancer, retournant sa veste pour pousser le jeu plus loin. Haute-Prêtresse, hein ? Elle aurait bien aimé se montrer agacée, mais la facilité avec laquelle il dansait avec les mots la touchait et l'amusait trop pour cela. Elle aurait pu se prétendre fascinée, mais c'était y aller un peu fort. Elle n'avait simplement pas l'habitude de poursuivre ce genre de joute autrement qu'en poussant le défi toujours plus loin... Ce qu'il semblait prêt à faire de toute façon, à voir son expression sérieuse et son humble signe de tête... Très bien, puisqu'il y tenait.

- Déjà deux impaires protocolaires... je ne vous reconnais plus, Ô Grand Protecteur de la Cité Volcanique. Et vous n'étiez pas là le jour de mon élévation... Trois erreurs. Ma patience n'est pas infinie. " siffla-t-elle d'une voix caressante pendant qu'il s'emparait de sa main.
- Son Excellence l'a donc remarqué?
- Quelle haute prêtresse je serais si je ne remarquais pas ce genre d'absence délibérée ?

Son timbre était aussi doux pour leur jeux qu'il aurait été glaçant pour une véritable mise en garde. Le sourire tendre un peu blasé se fit félin. Carnassier même. Sa posture se fit plus souple... ou tenta de l'être mais une légère tension se rappela à elle. Elle rétablit une légère distance entre eux, l'approchant sans le laisser la saisir. Pour le peu qu'il l'avait côtoyée dans un cadre même vaguement officiel, elle pouvait savoir qu'elle n'aurait pas agit autrement en tête à tête, que ce soit en qualité de triumvir, de reine ou de Haute-Prêtresse... Au vouvoiement près bien entendu. Seuls ses yeux ne pouvaient s'empêcher d'adoucir des propos qui auraient pu être moqueurs en d'autres circonstances.

- Vous êtes bien confiant pour penser qu'une caresse suffira à vous faire pardonner... " Elle haussa un sourcil, reprenant sa main une seconde après avoir sentit ses lèvres la frôler, toujours sans s'éloigner. " Mais soit, puisque je vous reproches vos impairs, je ne peux que sacrifier à mes devoirs d'hôtesse. "

Elle s'empara du gobelet encore trois-quarts plein en s'approchant de l'Architecte jusqu'à en frôler sa toge, et s'échappa aussi fluidement que de la fumée. Après deux pas en arrière sur les épais tapis, elle lui tourna carrément le dos sans attendre de voir s'il bougeait ou non. Le dernier regard qui flotta par dessus son épaule se fit des plus licencieux.

Il la suivit, évidemment, mais il se devait de lui présenter non pas des excuses, il l'avait déjà fait, mais des explications.

- Je sais bien que ce que je vais dire ne l'excuse pas mais si au moins ça permet de l'expliquer j'en serai ravi. Voyez-vous, peu de temps avant votre ascension, mon cœur a cédé aux transports qui le déchiraient depuis quelques temps déjà et, j'implore une fois encore votre pardon pour ce que je vais dire: je n'aurai pu souffrir de manquer son retour alors j'ai préféré ne pas venir. Je pourrai vous la décrire longuement mais ce ne sera pas nécessaire car j'ai fait son portrait aujourd'hui." Sa main s'en alla chercher dans sa toge, vers son cœur quelques secondes. Un nouveau regard plana au-dessus de l'épaule de l'eldéenne, attendant de voir s'il bluffait. Les meilleures blagues sont les plus courtes comme on dit. "A nouveau vous m'en voyez confus, votre humble serviteur a dû l'oublier." Elle avait bien l'unique exemplaire. Elle le portait toujours à la hanche d'ailleurs, dans sa sacoche. Changeant d'appui sans cesser d'avancer, elle fit de nouveau face à son hôte, se déplaçant à reculons sans aucun mal dans cet environnement familier.
- Il faudra donc que vous me fassiez preuve de ces fameux talents de dessinateurs. Comment pourrais-je croire à cette histoire farfelue ? "

Il l'avait suivit lentement, se demandant si elle l'amenait réellement vers les bains tant désiré ou si elle allait le faire languir un peu plus ainsi lorsqu'il entra dans la pièce il sourit avant de l'inspecter à nouveau, comme les autres.

A quelques pas, derrière un battant dont l'épais cadres tenait une mosaïque de verre colorés se cachait une pièce de taille honnête à l’atmosphère chaude et humide. Le sol y était très légèrement incurvé pour chasser l'eau du côté gauche. La porte s'ouvrait le long du côté droit de la salle aux murs de roche nue. Au fond, droit en arrivant, une grande coiffeuse était chargée de divers produits et bordée d'une table surmonté de plusieurs draps blancs soigneusement pliés. Une chaise sculptée savamment dans un bois brun si sombre qu'il en paraissait noir n'avait pas été ramenée à sa place et trônait au milieu de l'espace vide. Toute la partie gauche de l'endroit était occupée par le clapotis de l'eau. La majeure partie n'était qu'un bassin brûlant, disposant d'une margelle et dont la surface arrivait au ras du sol, bordé sur un côté par le mur et sur l'autre par un couloir dégagé. Dans ce petit espace, à hauteur de taille, une gouttière large comme un avant-bras glougloutait sans discontinuer. Le minuscule bassin froid ainsi formé était entouré de tout un nécessaire de toilette comptant des pains de savon, bacs et autres lotions aux couleurs improbables.

Krish l'avait précédé de peu et s'était avancée jusqu'à la coiffeuse. Elle le laissait avancer et observer à sa guise, dans la chaleur ambiante. Elle, c'était lui qu'elle regardait évoluer sur le reflet du miroir. Dans cet espace familier, il semblait être le personnage d'un tableau de maître découpé de sa toile pour être coller sur une autre. Une impression étrange. Et pendant qu'il inspectait les alentours d'un œil critique, la guerrière ôtaient de son ceinturon les armes les plus massives avant de le poser sur table toute proche.

- Une caresse ne suffira peut-être pas, son Excellence a bien raison, mais une nouvelle salle de bain suffirait pour calmer votre ire ?
- Alors c'est cela... " Elle se tourna vers son hôte, détournant les yeux. " Mon humble salle de bain ne correspond pas à vos nobles standards... Seul le palais aurait pu vous convenir, n'est-ce pas ?  " Elle n'avança pas, reculant même d'un pas, une main sur la poitrine tant le choc était insoutenable. Son expression se changea de nouveau en une moue outrageuse te outragée qui n'avait rien à envier à la retenue d'un certain visage de marbre luisant de malice. " Trois manquements au protocole, l'histoire invraisemblable d'un portrait oublié et vous trouvez encore moyen de m’embarrasser en tant qu'hôtesse. Je ne sais plus si je dois tenter de vous agréer en mettant à votre services les mains les plus dévouées ou vous mettre vous-même à l'amende en utilisant les vôtres. "
- Je comprends bien que son Excellence tienne à paraître humble devant ses sujets mais dans le confort de vos appartements privés ça n'est pas nécessaire, je suis bien au courant de la longue liste de vos vertus, inutile de me les rappeler. Mais soit, si son Excellence désire garder une salle de bain... ascétique, je ne peux qu'admirer sa décision." Un autre terme qu'il avait appris en faisant quelques recherches sur cet étrange concept qu'était celui du monastère et l'utiliser avec celle qui lui l'avait fait découvrir lui était particulièrement délicieux. Son examen de la pièce terminé il se tourna vers son aimée, il suivit la main et la regarda un instant avant de se concentrer et de lever les yeux. C'était à lui de se montrer indigné désormais. " Son Excellence fait soigneusement le compte de mes impairs mais serait prête à ne pas me laisser tenter de corriger mes torts? Je vous supplie de ne pas laisser la cruauté ternir le lustre de la liste de vertus mentionné il y a quelques secondes!
- Faut-il que votre orgueil soit grand pour me dire cruelle alors que je vous offre ce que vous demandiez sans exiger réparation... " Elle soupira, traversant en sens inverse la partie dégagée de la pièce.

Que cette comédie était difficile... Et qu'elle était tentante. Prise à son propre piège, le Grand Architecte ne mordait à aucun hameçon et semblait prêt a faire durer le supplice aussi longtemps qu'elle lui donnerait la réplique. Immobile, statufié bien loin d'elle, il regardait, tranquille malgré tout. Il pensait, il jouait de sa soit disant place d'hôte de marque. La façon dont son regard s'attarda un instant sur elle n'était même pas réellement encourageante. Tout dans son attitude donnait l'impression qu'il ne bougerait pas à moins qu'elle ne le demande... Et qu'il se ferait un plaisir de ne pas lui rendre la tâche facile, comme il l'avait fait en rebondissant de la reine à la prêtresse. Quelques mots en pagaille lui brulaient les lèvres depuis, mais à quoi bon ? Rendus à ce point, brisé le jeu aurait eu un drôle de goût.

- Mais soit. J'aime à croire que je ne suis cruelle qu'envers ceux qui le méritent. Il y a bien quelque chose... "

Elle passa près de Myr'Hennis en laissant ses yeux rouge et or trainés sur sa silhouette. La porte était droit devant mais était-ce réellement une option qu'elle avait envie d'envisager... Ses pas la menèrent plutôt du côté du bac d'eau froide. Elle attrapa un carré de tissus moelleux, se pencha jusqu'au bain brulant pour l'y plonger. Se redressant, elle ramassa un morceau de savon bleuté qu'elle frotta sur le linge avant de le placer en son centre, et de prendre enfin le chemin qui la ramènerait au côté de son si prestigieux hôte. Les yeux vrillés dans les siens, un sourire mutin aux coins des lèvres, elle cueillit sa main pour refermer les longs doigts de l'Architecte sur l'objet dégoulinant d'eau.

- J'ose espérer qu'un homme de votre qualité sait comment se servir d'une chose aussi... ascétique. " glissa-t-elle. Son regard se fit plus intense lorsqu'elle commença a se détourner, jusqu'à ce qu'elle perde de vu son aimé en lui tournant totalement le dos.

D'un geste ample, elle attrapa le bas de sa tunique et la passa par-dessus sa tête, défaisant encore un peu plus le chignon lâche qui retenait à peu près sa crinière blanche.

Son dos couturé se dévoila en quelques secondes, ne laissant paraitre que quelques lignes à peine perceptibles sur sa peau de jais pour toute cicatrice. Une musculature souple et déliée sculptait sa silhouette, gainant sa taille au-dessus de hanches amples et révélant la carrure de ses épaules. Son bras droit, intacte, rejeta sa tunique dans un coin. Ainsi tournée, seules les impressionnantes cicatrices qui enserraient la totalité de son bras gauche comme un improbable filet de pêche marquaient son passé tumultueux. En revanche, le résultat des échauffourées de la journée était encore bien là. Plusieurs traces noires déposées par la chemise qu'elle venait de retirer s'accrochaient à sa peau, mêlées à des marques de sang au niveau de son col et sur ses bras. Leur emplacement laissait penser qu'elles avaient glissées à travers les différentes pièces d'armure. Avec un tel teint, difficile de dire si des bleus se cachaient ailleurs sur cette nudité, mais sur le flanc de la guerrière, au niveau de ses côtes les plus basses, un œdème violacé de la taille d'une main ouvert était parfaitement visible.

Malgré la chaleur de la pièce, elle frissonna mais ne coula pas le moindre regard en arrière. Son cœur battait plus qu'il n'aurait du. Pourtant, c'était une simple provocation.

"L’orgueil..." il savourait le mot avant d'hocher la tête, c'était bien ça effectivement. "J'ai bien peur que ce soit la rançon de l'excellence... si vous me passez l'expression." Un sourire narquois affubla ses lèvres quelques secondes avant de disparaître comme il était apparut, redonnant son sérieux au visage de Myr'Hennis. En effet il ne comptait pas bouger sans y être invité, il allait, pour ainsi dire, se faire prier. Etant un grand disciple d'Isten il aimait se faire désirer, le désir en question n'en serait que plus intense lorsqu'il sera temps de le savourer. Et puis à quoi bon se presser, ils avaient tout le temps du monde, une éternité pour ainsi dire.

Il poussa un soupir légèrement trop appuyé pour être naturel ou sincère lorsqu'elle mentionna une possibilité pour qu'il se rachète, il l'observa attentivement, cachant son sourire en avalant une nouvelle gorgée. Il ne répondit rien cela dit, même s'il avait quelques réponses en tête mais celles-ci n'étaient que moqueuses, rien d'intéressant pour le moment donc. Son expression était de marbre mais au fond de ses yeux une flamme de malice éclairait son regard, deux phares rouges au milieu d'une mer d'huile grise. Il se laissa faire, la main grande ouverte il la referma une fois que l'objet tomba dans sa paume sans cesser de dévorer Krish du regard. Etant donné qu'elle était de dos désormais il ne prit pas la peine de jouer physiquement la comédie, il se contenta de la faire vivre dans sa voix...

"La voilà donc la réparation que vous exigez: vous voulez m'humilier. Mais j'accepte mon juste châtiment si ça me permet de retrouver l'amitié de son Excellence."

Mais son sourire moqueur et son intonation affectée disparut bien vite, prenant des atours inquiets qu'il ne parvint pas à cacher en voyant les blessures qui couvraient son dos et son flanc. Ces blessures le révulsaient et il repoussa l'idée particulièrement tentante de faire subir à Nath'Ryna le même sort que l'autre apprenti. Certes ça ne changerait rien mais ça le soulagerait même si c'était stupide. Il passa quelques secondes à détailler les blessures de la triumvir. Si elle avait cherché un meilleur moyen de le faire arrêter ce jeu stupide elle aurait pu chercher pendant encore un cycle sans y parvenir.

"Assieds-toi sur le rebord."

C'était soufflé plus que parlé, adoucissant l’impératif mais sa voix était désormais mortellement sérieuse, il n'était plus question de se moquer gentiment ou de la titiller, il était sincèrement inquiet. Désormais Myr'Hennis sentait la culpabilité revenir et il se rendit compte que, comme un bagron, il n'avait réussit qu'à l'éloigner temporairement. Qu'elle trempe les jambes dans le bassin ou non, il s'en moquait, en revanche il ne voulait pas qu'elle reste debout. Il la suivit et, tenant le tissus enfermant le savon du bout des doigts, il desserra ses ceintures pour faire tomber sa toge au niveau des hanches. Puis il posa le tissu sur le sol et se débarrassa, à l'instar de sa compagne, de sa tunique, ce n'était pas pour simplement imiter Krish mais parce qu'il comptait être particulièrement précautionneux et il ne voulait pas lui faire mal parce que la manche de sa tunique ou sa toge limitait ses mouvements. Il mit un genoux en pierre en ignorant son dos, se mordant l'intérieur de la joue pour qu'aucun son ne s'échappe de ses lèvres puis il tendit la main pour attraper le tissus. Il commença par les épaules avec des geste concentriques, au vu de ses mouvements de bras ces dernières ne risquaient pas de cacher des hématomes qu'il n'aurait pu déceler. Il profita de cette garantie pour se préparer un chemin, traitant son dos comme une carte, les blessures étant des lacs qu'il fallait longer sans toucher, les omoplates étaient des mesa et les muscles saillants étaient des collines. Il s'agissait là d'un plan de plus qu'il dessinait dans sa tête et même s'il ne risquait pas de se perdre, le recul qu'il avait aidait grandement, il n'était pas à l'abris de tomber dans un lac, ou un étang, qu'il n'avait pas vu ainsi il fit particulièrement attention, forçant sur ses yeux pour arriver à distinguer ces reliefs qui attendaient en embuscade le passage du tissu pour faire souffrir Krish. Son arme du jour ne lui était d'aucune utilité pour combattre ces lacs perfides mais il pouvait toujours les prendre à leur propre jeu et simplement les éviter ; la couleur de la peau ne l'aidant pas dans a tâche il décida de garder une distance de sécurité d'un demi centimètre.

Myr'Hennis batailla contre plusieurs étendues de sable rouge recouvrant qui s'accrochaient vivement à sa carte adorée et, comme pour certaines des taches de bitumes qui salissait son son travail mental qu'il projetait sur le dos de Krish. Contre ces récalcitrantes il abandonnait le tissu, préférant son ongle manucuré qu'il utilisait avec toute la délicatesse qu'il emploierait pour ciseler les détails d'un visage divin sur du marbre blanc. Il termina par le flanc droit et il ne put s'empêcher d'y voir une ressemblance frappante avec la blessure qui l'avait tant diminué quelques jours auparavant et une inquiétude déraisonné s'empara de lui alors qu'il passait soigneusement autour. Durant toute cette opération de cartographie il n'avait pas prononcé un mot, il était bien trop concentré mais maintenant il hésitait grandement à lui conseiller d'aller voir Shundara.

Elle n'avait rien dit, seulement sourit à sa remarque sur l'humiliation que cela constituait. Et quelle humiliation ! Elle lui offrait littéralement son dos... Mais le ton sérieux de Myr'Hennis une seconde plus tard la surprit. Il venait de repasser au tutoiement. Fini le jeu ? Elle lui jeta un regard étonné mais il était en train de défaire précautionneusement ses ceintures. Peut-être se trompait-elle ? Elle en doutait... sérieusement même. La tension dans sa voix n'avait rien d'alléchante. Elle était restée debout pour lui éviter de tirer sur son dos. " Tu es sûr ? " S'il préférait qu'elle s'asseye, après tout cela lui était peut-être plus confortable... Alors elle lui obéit.

Assise sur sa jambe droite, la gauche repliée contre sa poitrine, elle le sentit s'agenouiller derrière elle avec précaution. Un contact léger. Des courbes à la fois précise et hésitante. Une douceur insoupçonnée. Si elle réagit à quelques reprises sous les doigts de Myr'Hennis, se redressant imperceptiblement la première fois qu'il posa ses ongles sur son derme, pas une fois elle ne se tendit de douleur. Bien au contraire. Elle en était elle-même agréablement surprise. Ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait mais le résultat en était réellement agréable. Il faisait preuve d'une concentration qui, après mûre réflexion, lui ressemblait assez.

Le laissant œuvrer, son esprit se défaisait peu à peu des tensions et des angoisses de la journée, ce qui se ressentait dans sa posture. Longue longue journée. Ses pensées vagabondaient en même temps que les phalanges de l'Architecte, son contact évitant à toute réflexion trop complexe ou trop critique de s'installer. Seules quelques bribes se souvenir récents... Elle tentait de se rappeler les vers qu'elle avait lu et relu au dos de son propre portrait. Elle sédimentait la course au trésor, les confidences, la confiance, la mutinerie. Elle regardait pensivement les remous de l'eau dans la lumière des géodes. Le clapotis régulier et les froissement qui s'agitaient derrière elle. Une main découvrait l'ensemble de son dos, de ses bras et jusqu'à ses flancs. Une caresse nouvelle et étrange, dont l'attention était une forme de tendresse. Il faisait toujours preuve de la même attentions et de la même concentration.

Un soupir de profonde détente fit vibrer sa gorge.

- Même une tâche aussi anecdotique, tu ne la prends pas à la légère... La rançon de l'excellence tu disais, c'est bien ça ? "

Il ne réussit à mobiliser qu’un demi sourire, que ce soit en réponse au soupire d’aise ou à la remarque, il n’avait plus envie de jouer. Il ne savait pas combien de temps est-ce que tout ça avait pris et il n’y avait pas pensé avant, chose qu’il commençait à regretter. Que ce soit son jeu stupide ou ses gestes lents, de précieuses minutes s’étaient écoulées… s’il avait su il ne serait pas resté comme un imbécile à se demander ce qu’il ferait à ses apprentis. Dire que je t’ai demandé ton avis à plusieurs reprises et que tu ne m’as rien dit… il sentit une pointe de colère percer à travers la culpabilité, c’était aussi sa faute : pourquoi est-ce qu’elle n’avait rien dit ? Pourquoi est-ce qu’elle avait tant attendu pour le montrer, que ce soit à lui ou à qui que ce soit d’ailleurs. Alors certes elle n’avait pas prêté serment, elle, mais tout de même, c’était largement assez grave pour s’en préoccuper, surtout lorsque l’on a une mage de vie aussi doué à ses ordres. Il ne répondit rien, préférant regarder l’hématome sur son flanc avec une inquiétude renouvelée. Evidemment il n’osait pas le toucher, lui n’était pas médecin et il ne pouvait rien faire, cette impuissance était particulièrement frustrante, déjà parce que ça touchait sa compagne mais surtout parce que c’était la deuxième fois en une journée ; d’ordinaire il pouvait toujours faire quelque chose ou en tout cas donner des ordres pour que d’autres puissent faire quelque chose. Il pouvait bien tenter d’utiliser à nouveau l’impératif, quitte à enrober son ordre de miel si nécessaire mais que ferait-il si elle refusait ? Il n’avait pas les moyens, et encore moins l’envie, de la forcer à faire quoi que ce soit… peut-être qu’en allant voir directement les repentis et Shundara en particulier, ils arriveraient peut-être à la convaincre en cas de refus. Mais les repentis en question risquaient de se moquer de lui, dire qu’il s’inquiétait pour rien et qu’elle en avait vu d’autre. Quant à la mage elle risquait d’être occupée, par Keldaarh probablement. Ça ne coûte rien d’essayer au moins avec elle... c’était davantage pour se convaincre lui-même, il se doutait que si elle ne s’en était pas occupé c’était parce qu’il y avait des blessures pire chez les repentis. Il prit une grande inspiration.

« C’est ça, l’excellence… et l’excellence, à laquelle tu es astreinte, impliques que tu ne peux pas rester dans cet état. Ça ne fait pas sérieux pour une triumvir. »

Malgré ses paroles il ne plaisantait pas du tout, son choix de mot était forcé, il se forçait à garder un ton léger, celui de la plaisanterie mais il n’y arrivait pas vraiment, pas du tout si on tendait l’oreille. Il se leva, s’appuyant sur son genoux pour se relever d’un coup sec qui lui fit échapper un grognement rauque.

« Après tout tu as une image à maintenir sinon je ne serai plus le seul à ne pas observer scrupuleusement le protocole. »

Il pourrait continuer plus tard, même à jouer si elle le voulait, mais là il n’en avait plus envie. Il reprit remit ses ceintures en place et le serra pour qu’elles tiennent de nouveau en place la toge qu’il était en train de remettre en place. Tant pis s’il n’avait pas sa tunique, sa tenue n’était pas complète mais de toute il se moquait bien de l’avis des repentis et puis tant pis s’il avait les bras nus, ce n’était pas un lieu public alors ça n’était pas bien grave.

- Dans cet état ? " s'étonna-t-elle

Si la sérénité l'avait gagnée durant les dernières minutes, elle semblait avoir définitivement fuit son compagnon. Cette fois, il n'y avait plus de doute. Malgré tous les efforts qu'il faisait pour rester léger, sa voix sonnait atrocement faux. Des reproches ? De l'inquiétude ? Elle ne comprenait pas pourquoi il se mettait dans un état pareil. Qu'avait-elle fait ? Qu'avait-il vu qui le prenne ainsi aux tripes ? Et elle détestait ce timbre faux. Il s'éloignait, se relevait... Et d'ailleurs le grondement rauque qu'il émit en se remettant sur pied laissait penser qu'il n'était pas installé de façon plus confortable à genoux que debout. Elle fronça les sourcils et se tourna pour reposer l'un de ses pieds sur le sol de pierre.

- Mais, Myr'Henn... " Il repris la parole, la grondant à mi-mot sans donner plus de précision ou de contexte, tout en se rhabillant d'un air curieusement sombre. Ses paroles soit-disant légères tournaient jaunes. Elle nageait dans l'incompréhension la plus totale au point que l'agacement ne sort pas grand vainqueur de son duel contre l'inquiétude. Elle n'hésita qu'un instant avant de se lever pour venir poser la main sur le bras qui rajustait la toge de son compagnon. Sa nudité ne la préoccupait plus et la façon dont elle s'était contenté de ne lui en montrer que ce qu'elle voulait qu'il voit n'avais plus lieu d'être. L'heure n'était plus aux minauderies, il n'avait vraiment pas l'air bien. Elle se pencha pour intercepter le regard qu'il gardait sur son vêtement, sa voix sincère restant légère malgré tout. " Eh... On arrête deux minutes avec les sous-entendus, tu veux bien. Dit moi au moins de quoi tu parles... ? "

Il leva la tête la voyant se lever dans son champ de vision périphérique alors qu’il ajustait la position de sa seconde ceinture et sa question le fit hésiter. Il l’interrogea du regard, se demandant si elle se moquait ou si sa question était sérieuse, son timbre le laissait penser mais il était bien placé pour savoir que ce n’était pas un gage de sincérité. Dans le doute il baissa la tête mais cette fois son regard ne s’arrêta pas sur sa poitrine, à la place il descendit jusqu’à la tâche bleu violacé qui l’inquiétait tant et il la montra du bout de son menton.

« Pourquoi tu ne m’as rien dit et pourquoi Shundara ne s’en est pas occupé ? J’ai une vague idée de ce que ça fait et je sais que ce n’est pas plaisant. »

Elle ne se moquait pas et l'étincelle de surprise dans ses yeux en suivant l'attention de Myr'Hennis jusqu'à ses côtes était des plus sincères. Un sourire de soulagement y succéda. Il était seulement inquiet... Elle faillit lancer avec désinvolture que ce n'était rien, mais le regard de son compagnon l'en dissuada. Elle avait l'impression de discerner une forme de suspicion dans ses iris rouges.

- Honnêtement, je n'y ai pas pensé. " répondit-elle avec franchise. S'il croyait qu'elle lui avait sciemment cacher, il avait tout faux. Comment aurait-elle pu imaginer qu'il en serait troublé ? " Il n'y a pas à s'en faire, c'est très loin d'approcher ce que tu as enduré. Je suis rentrée sans soucis, je bouge et je respire. Ça lance un peu, c'est sûr, mais ce n'est qu'un bleu parmi d'autres. Un bleu assez impressionnant, d'accord, mais sans gravité. Je ne dérange pas Shundara pour ça normalement. " Ils avaient plutôt l'habitude de la récupérer toute cassée alors quelques bleus et quelques égratignures... A y réfléchir, c'était même une situation assez incongrue.

Mis à part le regard soucieux de Wik, qui avait de toute façon été dressé pour ça, cela faisait sûrement des siècles que personne ne l'avait regarder ainsi... Comme si les marques sur sa peau étaient quelque chose à redouter et non à encenser. C'était étrange. Sa mémoire lui renvoya le regard dégoûté de Velkyn lorsqu'il l'avait vu pour la première fois primée de son âge, de ses cicatrices et de ses blessures. Elle frissonna. " Au pire, ceux qui s'en rendent compte sont indifférent à mes blessures. Sinon ils les prennent pour ce qu'elles sont : la preuve qu'à un cycle passé on peut encore trouver et relever quelques défis... " sourit-elle, amusée. C'était ça... Son regard fluctua d'incertitude. Elle portait les marques de ses affrontements comme autant de bijoux. Personne ne remettait en cause le fait qu'elle soit capable de gérer seule son état. Aurait-elle du se sentir insultée ? Logiquement, oui... Mais elle en était touchée. " J'ai l'habitude de gérer ce genre de choses, tu sais ? Je ne pensais pas que tu serais mal à l'aise."

Excuses moi de ne pas être un guerrier. Ce fut sa première réaction et il remercia Tesso de l’avoir retenu de le prononcer. Dans une autre situation ça l’aurait fait sourire de remercier le dieu du mensonge pour être resté silencieux mais là… là il n’avait pas vraiment envie de sourire. Il croisa les bras, protégeant inconsciemment de son coude le flanc meurtrit quelques jours auparavant. S’il plaisantait plus tôt à propos de l’humiliation qu’elle lui faisait subir désormais il se sentait humilié sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être parce que lui n’aurait pas pu faire de même ? Peut-être parce qu’il n’aurait sûrement pas survécut à l’affrontement et que c’était pourtant à lui de le faire. Mais c’était injuste de lui en vouloir pour ça étant donné que c’était entièrement la faute de Myr’Hennis et qu’elle lui avait sûrement sauvé, si ce n’est la vie, au moins sa place. Mais s’en vouloir n’étant pas vraiment son fort, il trouvait toujours quelqu’un sur qui rejeter la faute, il était un peu déboussolé ; par habitude il voulait en vouloir à Krish mais sa conscience et sa raison lui disaient que ce n’était ni juste ni moral. Il commençait à changer et ça ne lui plaisait pas, ça détruisait ses habitudes, ça chamboulait son quotidien, ça mélangeait ses repères et, pris dans la tempête, il ne pouvait rien faire si ce n’est regarder et prier que la houle ne le détruise pas.

Alors il ne répondit rien, la laissant poursuivre, il plongea ses yeux dans les siens, peut-être était-ce la fatigue qui le rendait aussi… stupide ? Il savait bien que lui en parler n’allait mener à rien. Pourtant il s’était senti obligé de le faire, il pourrait se réfugier derrière son serment mais il savait au fond de lui que c’était quelque chose d’autre qui l’avait poussé à agir comme ça. Il poussa un long soupir fatigué, décroisant les bras au passage, ces derniers vinrent tomber le long de son corps. Si ça ne la dérangeait pas il n’y avait rien que Myr’Hennis pouvait faire pour la soulager.

« Je suis désolé, je… je n’aurai pas dû mais même si depuis mon dos je n’ai plus peur pour moi ça ne m’empêche pas d’avoir peur pour d’autres. » Maintenant il se sentait stupide d’avoir tout arrêté pour, finalement, rien du tout. « Enfin, pour ceux que mon orgueil surdimensionné juge digne. » Malgré le sourire timide qui commençait à sortir de sa cachette il ne plaisantait pas, en tout cas pas tout à fait. En tout cas il ne plaisantait pas sur la taille de son orgueil. Cependant sa blague lui laissait un goût cendreux dans la bouche. « C’est juste que…que je t’aime et que… bah je ne vais pas te faire un cours sur l’empathie. » A la place d’une leçon sur le sujet il l’embrassa tendrement.

Elle l'avait vu se renfermer peu à peu. Loin de le détendre, les mots qu'elle prononçaient semblaient le mettre encore plus de mauvais poil et... Son dos.Elle ne s'était pas rendu compte sur le moment mais elle avait sans doute été maladroite en parlant des défis qu'elle pouvait encore relever. S'était-il sentit rabaissé ? Elle fronça le nez atterrée par ses propres questionnements. Raaaah... ça recommençait. Plus elle tentait de faire les choses bien, plus elle mettait les pieds dans le plats. Un goût amer lui restait en travers de la gorge mais elle ne détourna pas le regard incertain qui restait sien depuis qu'elle se demandait si elle devait s'insurger.

Et l'empathie... Ah oui... Il y avait ça aussi. Bon sang, c'était si loin d'elle qu'elle avait encore du mal à l'intégrer. Si elle s'en faisait pour lui et pour son dos, pourquoi l'inverse ne serait pas vrai ? Et si, contre tous les préceptes d’endurance et de résiliences, elle ne voulait pas qu'il souffre... Ce qu'elle ressentait en voyant ses yeux se voiler sans rien dire à cause de son dos lui donnait finalement une très bonne compréhension de l'inquiétude désagréable que devait ressentir Myr'Hennis en voyant son état après les combats sans qu'elle ne s'en préoccupe... Ce qui voulait aussi dire qu'il préférait la voir entière que victorieuse. Et qu'il se moquait de ses cicatrices ? de ses hauts faits ? ça faisait un drôle d'effet comme idée. Un effet qui lui réchauffait doucement le cœur.

Où peut-être étaient-ce les lèvres qui venaient de s'emparer des siennes qui la grisaient et tronquaient son jugement ? Cette déclaration d'amour simple et directe qu'elle ne s'habituait pas à entendre ? Non. Aucune chance. Elle lui rendit un regard conquis en prolongeant un peu leur échange. La main de la noire elfe vint se glisser sur la joue de l'Architecte et elle souffla entre deux baisers : " Je ne pourrais pas toujours, mais si tu es inquiet, je peux encore aller demander à Shundara de s'occuper de moi... " Sans s'écarter, elle croisa son regard, tendre. Elle était seule maître quand il s'agissait de son corps et il n'était pas dans ses habitudes de céder à des demandes qui ne concernaient qu'elle... Mais il n'avait rien demandé. Et elle ne voulait pas voir cet air soucieux s'éterniser sur son visage.
- Laisses mois quelques secondes pour me décider… » il scella sa réponse d’un nouveau baiser. « Si ça ne te dérange pas, j’aimerai éviter de te faire mal. » Un sourire moquer, bien que timide, était réapparut sur ses lèvres alors qu’il reculait d’un pas pour la laisser choisir sans qu’elle ne se mette à réfléchir à autre chose.

Elle secoua légèrement la tête en soufflant un bref éclat de rire. Son regard attendrit enlevait tout le piment de sa mine moqueuse. " D'accord. " Sa main glissa de la joue de l'Architecte à son épaule, remplacée par un bref baiser. Puis elle acquiesça en prenant une grande inspiration, lèvres pincées, soutenant le regard de Myr'Hennis... Ce qu'il ne lui faisait pas faire... " Fait comme chez toi. Ce sera peut-être un peu long. " Sans attendre plus longtemps, elle tourna les talons pour sortir de la salle de bain, attraper une tunique propre au passage, et remonter à la recherche de la guérisseuse.

Quelque chose n’allait pas et il mit rapidement le doigt dessus : il avait gagné pourtant il ne ressentait pas cette fierté ni ce sentiment grisant qui accompagnait d’ordinaire ses victoires. En fouillant dans ce vaste espace qui d’habitude abritait ses émotions il n’en trouva qu’une : le soulagement et même s’il avait essayé il n’aurait pas pu en caser d’autres car celle-là prenait toute la place, refusant à tout autre sentiment de venir se joindre à elle. Il la regarda s’en aller avec un sourire plein et entier.

« Tu ne vas plus avoir de palais si tu continues à me dire ça. »

Il n’était pas certain qu’elle l’avait entendu mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Avec un poids retiré de sa poitrine il pouvait plaisanter à nouveau et c’était bien là le principal. Il ne prit pas la peine de ramasser sa tunique pour se rhabiller comme il convenait à son rang, pour le moment il s’en moquait, par contre il ramassa la coupe entamée, ç’aurait été dommage de perdre tel breuvage. Il sortit à son tour de la salle de bain et embrassa une nouvelle fois la chambre du regard. Bon, il pouvait faire comme si c’était chez lui et il allait peut-être avoir du temps à tuer alors autant trouver quelque chose à faire. Il passa devant les étagères qui supportaient le poids de livres et laissa trainer un doigt sur les tranches des volumes en parcourant du regard les tranches des livres en question alors qu’il se dirigeait vers le bureau. J’ai quelques emprunts à faire… son sourire s’estompa alors qu’il s’assit derrière le bureau de la triumvir, il chercha une feuille et de quoi écrire puis il se mit au travail.

Il ne fit pas attention au temps que allait prendre il espérait seulement pouvoir terminer avant que sa compagne ne rentre de son entrevue avec la mage de vie. De sa plume il commença par tracer quelques traits, elle voulait une preuve de ses talents de dessinateur et bien elle allait en avoir une. Puis il s’arrêta. Est-ce qu’elle avait gardé le portrait qu’il avait fait ? Elle l’avait trouvé, c’était certain vu qu’elle l’avait rejoint dans son sanctuaire, mais l’avait-elle gardé ? Un nouveau sourire lui vint aux lèvres, c’était bien la première fois qu’il mettait autant de temps à se poser des questions sur le sort d’une de ses œuvres ; et pour que cette première fois ne se sente pas trop seul il se rendit compte que ça ne l’intéressait guère de savoir. Si elle l’a jeté tant pis pour elle. Il accompagna sa réflexion d’un haussement d’épaule même s’il se doutait qu’elle l’avait gardé, après tout c’était la première œuvre personnelle qu’il lui offrait. Il se remit promptement au travail.

Le résultat final n’était pas le visage de Krish, quel intérêt y’avait-il à faire deux fois la même œuvre ? C’était un dessin à l’encre représentant la triumvir, un marteau à la main, devant le Grand Temple d’Uriz et le brasier éternel ; alors certes le brasier éternel n’était pas devant le temple mais Myr’Hennis s’accordait cette petite liberté artistique. Le bâtiment écrasait la scène par son gigantisme mais les épaules de la drow étaient loin d’être affaissée, au contraire son visage était déterminé. Il avait d’ailleurs longuement hésité mais finalement il s’était décidé : il n’avait pas mis les paillettes d’or qui hantaient les yeux de son aimée. C’était justement après cette décision capitale qu’il avait mis un marteau dans la main de la daedhelle. C’était certes stupide mais si au moins elle pouvait se retrouver dans cette peinture comme elle était avant sa punition divine, c’était toujours ça de pris. Ainsi son bras droit, en tout cas les parties visible de la peau, se virent affublé de petites cicatrices, il n’avait aucun moyen de savoir combien elle en avait eu ni à quel endroit et encore moins à quoi elles ressemblaient mais ça ne l’empêchait pas d’essayer. Il passa un certain temps dessus, à s’imaginer une histoire derrière chaque cicatrice mais il arriva finalement au bout de son dessin et il reposa délicatement la plume après l’avoir signé.

Il termina sa coupe et comme Krish n’avait pas l’air de revenir il prit une autre feuille le temps que l’encre de son dessin ne termine de sécher, la chaleur de la salle de bain proche aidait quelque peu à accélérer le processus. Sur cette deuxième feuille il ne fit pas un autre dessin, à la place il se mit à écrire après avoir taillé correctement la plume. Il ne fit pas attention au retour de sa compagne, trop concentré qu’il était, elle aurait pu passer derrière lui et lire par dessus son épaule, en tout cas lorsqu’elle entra dans la pièce il n’avait pas terminé, il en était là :

Elle coule dans mes veines, au moins depuis quinze ans,
Je l'estime, la déteste pour tout ce qu'elle me fait.
Il suffit qu'une colombe vienne se brûler les dents,
Et voilà qu'elle accoure à deux pas de mes pieds.

Elle raconte à mon cœur la détresse du voisin,
Je l'écoute, la rejette comme fruit bien trop mûr.
Quand une goutte salée s'invite à mon chemin,
Nul ne peut l'empêcher d'embrasser la torture.

Elle avale tout ce qui passe, les moindres émotions,
Je l'accueille, je la fuis jusqu'à rester en vie.
Et si, dans un hasard, le vertige lui dit non,

Krish finit de se rhabiller près du lit de la chambre noire. Shundara assise à deux pas.

- ... J'y penserai pour Urgoll'Ven. Enfin... Encore merci, je sais que c'était pas grand chose mais ça me permettra de dormir d'une traite. Le sommeil est une denrée rare ces temps-ci.
- C'est un plaisir. " La mage ponctua sa courbette crânienne d'un léger sourire. " Et le pas grand chose aurait pu être plus grave que ce que tu ne pensais. Ce n'est pas comme si tu abusais de mes talents... Et si je puis parler honnêtement, je suis rassurée de voir que tu ne considères pas le recours à mon art comme quelque chose de dégradant. "

Un sourire amusé sur les lèvres, Krish jeta un regard à la guérisseuse au visage fin qui l'encourageait à mi-mots. Sans son masque, elle n'était pas furieusement plus expressive, mais un air pensif illuminait souvent son œil.

- Et bien tu vois, non seulement c'est pas dégradant, mais je pense que je vais te le prouver un peu plus souvent à partir de maintenant. Allez... Bien deux fois par an ?
- J'ai hâte de voir ça... "

Lorsque la fondatrice de leur petit ordre était arrivée pour la sortir de la chambre de Keldaarh dès que celui-ci fut laissé à sa longue nuit de sommeil, Jallyss avait une drôle de tête, mais un simple ' plus de mal que prévu ' l'avait fait frémir. L'eldéenne n'était pas une fervente adepte des magies qui entrer dans son corps ou dans sa tête, elle ne l'utilisait pas sans raison. En vérité, ce n'était pas tant qu'elle trouvait ça désagréable que dérangeant. Depuis que ce Brasier grondait en elle, sa perception de la magie - totalement nulle et absente jusque là - avait évoluée. Enfin... elle l'avait fait et elle se portait comme un charme à présent.

Pour faire bonne mesure, Krish s'étira comme un chat et tourna les talons. Voyant sa sœur d'arme se lever pour prendre sa suite elle glissa avant de passer la porte :

- Reste là et repose toi. Tu en as assez fait. " Et miraculeusement, cela fonctionna... Alors ça, c'est Jallyss qui allait être vert après tout ce temps passé à la pousser à prendre du repos.

Mais l'épisode fut rapidement oublié. En redescendant les étage, sa démarche chaloupée revenue à la normale, Krish fit un arrêt par les cuisine pour attraper... et bien des restes et des produits de bases puisqu'il n'y avait que ça a une heure pareille et qu'elle n'avait pas envie d'attendre que des serviteurs se mettent en branle. Elle en avait honte après qu'il lui ait proposé de mettre Ssuorr au service de leur palais quelques heures plus tôt, mais de la venaison séchée, des poivrons marinés et du Zat'Kyr confis au miel seraient toujours bon à prendre s'ils avaient faim. Elle dénicha aussi une bouteille de Sseren dans la réserve, puisqu'elle avait finalement eu l'occasion de passer par là. Puis elle redescendit, plateau en main dans le manoir plus ou moins endormit.

Elle se glissa jusqu'à la porte de sa propre chambre et l'ouvrit doucement, apercevant le haut dos de Myr'Hennis courbé à son bureau. Elle faillit l'interpeler mais un l'un de ses sourcils se leva juste avant. Il écrivait ? Elle posa son plateau sur la table basse et s'approcha à pas de velours, débarrassée de toute tension qui aurait pu contraindre ses mouvements. Il ne bougea pas même une oreille et la mine de l'eldéenne se para d'un sourire espiègle. Prenant soin de rester sur un angle ou son ombre ne serait projetée sur le bureau par aucune source de lumière, elle avala les derniers pas de distance pour jeter un coup d’œil à ce sur quoi il travaillait.

Le dessin accrocha son regard avant tout... Et comme pour le portrait, elle en resta un instant interdite, oubliant de sculpter son visage d'une quelconque façon. Le marteau. Les cicatrices... Des bras qui l'enlacent par la taille. Sous ses yeux, les tâches de brûlure sur ses bras et ses mains. Les cales sur ses doigts qui tiennent fermement le marteau de forge... Le brasier éternel devant le Haut-Temple lui rappelait le jour de l'incendie. A l'époque elle pensait qu'elle avait déjà beaucoup changée. Son expression s’adoucit, rêveuse. Il avait vraiment un talent pour représenter les volumes et les mouvements. Les flammes semblaient danser. Évidement, il avait représenter toute la façade de mémoire aussi. Cette façade qui écrasait la scène de tout son poids sans que la femme de l'image n'en semble ébranlée. Et un regard limpide... non pas marbré comme le sien. Pour la première fois de sa vie, elle regrettait de ne pas être narcissique. Elle aurait aimé lui montrer un portrait, un dessin ou une sculpture de ce à quoi elle ressemblait, avant, mais elle n'en avait pas. Peut-être qu'en cherchant chez les artistes préférés de la propagande du Conseil de Thaar... Oui, au Joyau il devait bien y en avoir au moins un. Enfin cela ne changeait pas grand chose à ce qu'elle avait sous les yeux. Une représentation fantasmée d'elle-même. A la fois celle qu'elle était et celle qu'elle avait été. Mais surtout, une représentation d'elle a travers les yeux de Myr'Hennis.

Ses yeux à elle dérivèrent sur les lignes que grattait soigneusement l'écrivain d'un soir. Doucement, sans s'y appuyer, ses bras glissèrent autour du cou du poète pour venir l'enlacer. Le menton de l'elfe noire se posa sur son épaule.

- La cruelle me consume et mon cœur en pâtit ? " susurra-t-elle au creux de son oreille en scandant parfaitement les syllabes, avant de poser un baiser sur sa tempe. " C'est bien de cela qu'il est question dans tes vers ? d'empathie ? "

Myr’Hennis était bloqué sur cette phrase qui ne voulait pas sortir et il regardait la feuille avec une telle intensité… comme s’il pouvait forcer le papier du regard à lui susurrer le ver qu’il cherchait avec tant d’application. Par les dieux que c’est frustrant ! Mais il ne se laissa pas abattre, il allait bien finir par trouver. Il leva les yeux vers la coupe posée à côté de lui dans l’espoir qu’elle contienne encore quelques gouttes, peut-être que l’arroser un peu ferait fleurir l’inspiration. Que Kiel t’emporte… il grommela aussi quelque chose d’incompréhensible en voyant le fond vide du calice il se souvint qu’il l’avait terminé en commençant à dessiner. Il se frotta les yeux et reprit son travail, il voulait vraiment terminer avant qu’elle ne revienne, c’eut été dommage de lui présenter un travail inachevé. Il reprit donc sa plume et alors que la pointe était à moins d’un centimètre de la page il n’acheva pas son geste. Il se maîtrisa pour ne pas sursauter et le sursaut en question se transforma en frisson alors qu’on l’enlaçait, en sentant un menton se poser doucement sur son épaule. Son premier réflexe fut de se retourner mais il fit un effort pour ne pas bouger et puis s’il l’avait fait il l’aurait regretté, elle lui apportait la réponse qu’il cherchait depuis… depuis il ne savait pas trop combien de temps mais il lui semblait qu’il était dessus depuis des heures. Un sourire apparut sur ses lèvres alors qu’il écrivait la proposition de compagne, il ne s’arrêta pas pour compter, concentré qu’il était dans sa tâche, son cerveau s’en était chargé pour lui. Après avoir terminé il posa la plume.

« Bel alexandrin. » Il n’y avait pas de trace de moquerie dans sa voix même s’il avait hésité à en glisser un soupçon. « Rien ne t’échappe hein ? C’est bien ça. Je suis un mauvais professeur alors quitte à te faire un cours sur l’empathie autant ne pas prendre mon plus bel air professoral ainsi que le ton ennuyeux qui sied à mon piètre niveau… » il se retourna et l’embrassa tendrement. « Autant que ce soit passionné… passionnant, pardon. » Son sourire moqueur et l’espièglerie qui dansait dans ses yeux ne laissait pas de doute quant à la nature tout à fait volontaire de son erreur.

- Au contraire, tu es plutôt bon professeur jusqu'à maintenant... Peut-être même un peu trop bon, mon cher et passionnant mentor. " ricana-t-elle en s'asseyant sur ses genoux comme si de rien était. Une main toujours sur le bureau il posa l’autre sur les cuisses de Krish pour être certain qu’elle soit stable. Et qu’elle ne parte pas. C’était peut-être stupide mais il avait toujours peur qu’elle s’en aille, même maintenant.

« Si seulement je ne faisais que des erreurs protocolaires, si seulement il y avait quelqu’un pour m’apprendre, me sauver. Et cette fois sans me voler ma nourriture… » du regard il lui fit un tirage de langue tout ce qu’il y avait de plus homologué.

Un rire amusé quitta ses lèvres en la voyant feindre l'innocence du morgal qui sort de l'œuf et la comparaison lui arracha un autre rire, l’animal étant réputé agressif et donc loin d’être innocent par certains moment. qu'elle accueillit l'accusation totalement mérité d'un vol abjecte de nourriture. - Moi ?! Voler ?! Calomnie ! "

« Par Meingal tu m’as laissé dépérir sans vergogne ! Kiel m’a serré dans ses bras ! » Elle rit au regard de son compagnon... qui lui demandait encore de nouvelles choses. « Vois-tu la faim fait ressortir en moi le mauvais acteur et je ne veux pas t’infliger ça. »

- Heureusement pour la dramaturgie, je suis une hôtesse extraordinaire. "

« Je reconnais que tu es bon public. »


D'un geste souple, elle indiqua le plateau qu'elle venait de poser sur la table basse entourée de coussins à la vaanie. Puis sa main retrouva le chemin de la toge minutieusement ajustée. Elle s'étira contre son torse pour venir l'embrasser encore, s'éloignant juste assez pour le regarder avant de parler, parée de son sourire de chat. - L'heure des ablutions de cette créature routinière est sans doute passée, mais il y a de quoi rassasier tous ses appétits. "

Sa main quitta le bureau pour venir s’emparer du menton de Krish, un sourire malicieux sur les lèvres. « Vraiment tous ? Tu prends des risques… » il ponctua sa phrase d’un baiser sulfureux avant de reculer de quelques centimètres pour reprendre là où il s’était arrêté. « Je meurs de faim. »

Attention ! les postes suivants sont susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes

Dépérir... Dépérir... Dans son souvenir ce n'était pas tout a fait Kiel qui l'avait serré dans ses bras pendant le temps qu'il aurait du dédié à son repas. Et ce n'était pas elle non plus qu'il avait représenté sur le dessin au fusain sur lequel elle était représenter avec ce mordillement de lèvre qui lui ressemblait si peu. En revanche, ce souvenir se trouvait parfaitement sa place dans ce que renvoyait les iris de Myr'Hennis d'ailleurs. Elle sourit de plus belle au contact de ses longs doigts sur son menton et frissonna lorsqu'il lui vola un baiser bien plus langoureux que les précédents. La main de la guerrière s'égara dans les cheveux fins du jeune homme. Le goût enflammé de sa langue inquisitrice ne lui laissa pourtant pas le choix lorsqu'il recula pour lui murmurer droit dans les yeux... Personne ne devrait avoir le droit de prononcer ces mots sur un ton pareil... Avec une telle étincelle dans le regard. Cette étincelle qui lui grisait autant le corps que l'âme.

- Vu qu'un certain gentilhomme a dit vouloir éviter de me faire mal, tous me semble une approximation appropriée. " taquine, mais surement plus sincère qu'il n'aurait fallu, elle n'avait pu s'en empêcher, murmurant à mi voix ce qu'elle avait pensé. Sans regret.

Affamée, elle l'était aussi en un sens... Un sens qu'elle n'expérimentait que peu. Habituellement, elle jouait de ses charmes et de ses sourires. Même maintenant qu'elle se prêtait bien moins souvent à ce genre de jeu - le Puy était bien austère pour un corps sensément habité par l'essence d'un Dieu - elle manipulait sans mal et mettait ses propres limites. Elle faisait miroiter à l'autre ce qu'il voulait et ce qu'il ne pouvait avoir pour le tenir par la frustration, le désir et prendre le pouvoir pour prendre son plaisir. Ici, pourtant, chaque regard et chaque caresse de Myr'Hennis attisait ses sens sans qu'elle ne désir tourner l'affaire en lutte, cacher ses réponses ou prendre l'ascendant. Elle ne jouait qu'à demi, par amusement et non par nécessité.

Conquise, elle profita un instant de ses iris pourprées, du poids de sa main sur sa cuisse et des traits fins de son visage si proche. Il n'avait rien de commun avec aucun de ceux qui avaient compté dans sa vie. Elle ne savait toujours pas ce que tout ça pouvait signifier à long terme, mais pour l'heure, elle n'en voulait aucun autre. Ses yeux grêlés d'or le criaient sans partage.

- Je t'aime. " souffla-t-elle.

Un gentilhomme. C’était bien la première fois qu’on le désignait ainsi. Myr’Hennis Vect, Grand Architecte ou encore Gob’Bels pour les plus intimes, mais gentilhomme… ça le surpris. Il ne savait pas vraiment s’il aimait ou pas d’ailleurs et c’était, en somme, une considération assez secondaire mais pourtant la question résonnait dans sa tête. Il la repoussa loin. Après tout qu’y-a-t-il dans un nom ? Un Olos’Curun serait toujours aussi fatal si on l’appelait différemment. Mais il lui fallait désormais trouver une nouvelle appellation pour sa chère et tendre. Mais cette dernière ne lui en laissa pas le temps et avant que Myr’Hennis ne puisse répondre par un nom de son invention son cœur s’emballa, ses oreilles se dressèrent, ses yeux s’écarquillèrent légèrement. Le sourire tendre de sa compagne n'en fut que plus marqué et son regard plus doux. Ce regard aimant qu'elle lui réservait à lui seul et qui était illuminé d'une flamme de désir similaire à celle qu'il avait capturé dans son portrait. Elle scella leurs lèvres une fois de plus, ses mains descendant sur la nuque bien dessinée et jouant sur les contours du tissus soyeux de sa toge.

Le nombre de fois où elle lui avait dit qu’elle l’aimait, il pouvait les compter sur les doigts d’une main, ce qui rendait cette déclaration-là d’autant plus précieuse. Avec son bras désormais libre, il enserra sa taille pour la tirer contre lui tandis que son autre main remonta lentement d’un centimètre, puis deux. Il lui rendait son baiser sans retenue, les yeux fermés il laissait son sens du toucher prendre toute la place, il ne sentait plus et Myr’Hennis entendait comme s’il était sous l’eau. Coupé du reste du monde il n’y avait plus qu’elle, à la fois toute proche et pas assez à son goût.

Brisant finalement leur baiser, mais pas leur étreinte, Myr’Hennis s’en alla embrasser le cou de la triumvir, au passage il effleura à nouveau ses lèvres pour faire bonne mesure, sentant le sourire en coin qui y était toujours imprimé. Elle sentit les doigts de la main sur sa jambe se désolidariser les uns des autres pour y laisser de légères caresses. En réponse, sa tête se pencha et sa crinière, défaite pendant sa visite à Shundara, glissa sur le côté, offrant sa gorge sans résistance. Les bras lascivement pendus aux épaules du jeune homme se serrèrent un peu plus tandis que son corps se pressait contre le ventre et le torse bien moins fragiles que d'aucun le prétendaient. Cette fois il n'y avait ni cuir, ni métal pour les séparer. Au rythme de son exploration du col de l'eldéenne le pouce de l'aventurier caressait doucement l'intérieur de la cuisse qui lui était offerte. La respiration profonde, Krish ferma les paupières à son tour, l'une de ses paumes remontant dans la chevelure de son aimé.

Sous les doigts de l'autre, les contours d'un tissus soyeux gagnaient en finesses. Le drapé de la toge était simple et des plus charmants maintenant qu'il ne portait plus sa tunique. Elle s'aventura dessous, le long de son épaule, de sa clavicule, le haut de son pectoral. Doucement. Sans aucune précipitation. Elle suivait les pleins et les déliés de ce nouvel alphabet, tendant l'oreille et effleurant la peau pour recueillir les plus infimes frissons, les plus petites réactions. La curiosité au bout des doigts, elle voulait apprendre, explorer, connaitre. Elle voulait lui plaire à terme et pour ça il y avait fort à faire encore...

Gardant son touché léger, elle descendit lentement sur l'omoplate de l'homme, sous le tissus luxueux. l'anatomie ne lui était pas étrangère, elle avait travaillé trop longtemps pour créer des armures qui n'entravent pas les mouvements et répartir le poids des pièces de métal sur l'ensemble des muscles et des articulations. Elle avait aussi passé bien trop d'années à masser son maître, même si cela remontait à loin.

- Dit moi jusqu'où je peux toucher... " murmura-t-elle entre deux souffles profonds, prête à arrêter sa longue caresse au moindre mot ou à la première tension.

Il aimait qu’on passe une main dans ses cheveux et particulièrement lorsque la main en question était celle de quelqu’un qu’il aimait. Sans vraiment pouvoir l’expliquer c’était un geste qui le réconfortait mais dans cette situation précise ça l’encourageait à aller plus avant et lorsque les doigts de la triumvir fourragèrent dans ses cheveux il terminait un baiser alors qu’il descendait d’un centimètre il ouvrit la bouche et lui mordilla la peau, testant son élasticité. Dans sa quête attentive, Krish put sentir un frémissement alors que sa main descendait jusqu’au pectoral de Myr’Hennis et alors qu’elle faisait descendre sa main, celle de l’architecte remontait, le pouce n’étant plus le seul à caresser son aimée, la main entière s’y mettait alors qu’elle remontait lentement. L’autre main était posée au-dessus de la hanche de Krish, son bras la ceinturait, la serrant contre lui, la chaleur de sa peau le grisait et le goût l’enflammait, faisant naître en lui une envie impérieuse de continuer.

Ses oreilles se dressèrent et en sentant une main se faufiler dans son dos et un frisson lui parcourut la colonne, ce n’était pas vraiment un frisson de plaisir, loin de là, il appréhendait cette main exploratrice alors qu’elle s’approchait de la zone que la botte du kyorl honni avait brisé, autour de la cinquième vertèbre dorsale, vers le bas de ses omoplates. Il termina de poser un baiser en bas de la gorge de Krish avant de lui répondre.

« Tu le saura. »

Il s’était reculé d’à peine quelques centimètres, prêt à replonger dans son cou, laissant avec plaisir son souffle chaud refroidir la daedhelle là où il avait déposé ses baisers. Il reprit sa descente ô combien délicieuse du cou de sa compagne jusqu’à ce que cette dernière descende trop proche de sa vieille blessure à son goût malgré un ultime frisson. Se redressa lentement de tout son long, forçant la main à sortir de sous sa toge. Un sourire joueur sur les lèvres, il changea de tactique, ne perdant pas de temps pour reprendre l’offensive, cette fois de manière plus agressive. Sa main se trouvant presque au sommet de la cuisse de Krish vint se poser sur sa hanche tandis que vint se poser sur l’autre hanche puis il attrapa la tunique par le bas et d’un geste souple du poignet il retourna l’ourlet avant de tirer la tunique vers haut.

Le contact de ses dents. Elle prit une inspiration plus profonde. Sa main se stoppa un moment sur son torse, sa tête libérant un peu plus le champ de son cou. Concentrée sur ses propres découvertes risquées - où tentant maladroitement de le rester - ses jambes n'en obéissaient pas moins aux gestes de plus en plus langoureux de son compagnon. Son souffle frémissant ne l'aidait pas à s’apaiser. Pour le moment, tout était dans la retenue, la découverte, mais avec les instants s'égrainait la patience.

Il la serrait contre lui avec force et elle aimait ça. Pas un instant, elle ne pensa à lui prendre les mains pour guider la danse. Où plutôt si. Elle y pensa et repoussa l'idée qui lui déplaisait furieusement pour le moment. La seule chose qu'elle regrettait, c'était de ne pouvoir faire de même. Alors elle continuait, incroyablement attentive, ne sachant trop où il avait reçu le coup qui avait changé sa vie. Il ne voulait pas lui dire, la guider. Elle saurait... Lorsqu'elle lui ferait mal ? Elle ne le voulait pas. De léger frisson agitaient la peau qu'elle survolait. Les muscles se tendaient un bref instant. Agréable ou désagréable ? Lui faisait-elle mal ? Elle le voulait moins que tout. Étrange... Cette faiblesse de corps ne la mettait mal à l'aise que parce qu'elle ne voulait pas commettre d'impair. Elle n'avait jamais fait aussi attention à un amant, même blessé ou en convalescence. Un frisson de plus et il se redressait, s'éloignait, abandonnant ses baisers... Un nœud oppressa sa gorge. Maintenant, elle savait...  

- Pardon... "

Sa main retrouva le froid de l’atmosphère, se laissant déloger en faisant attention à ne pas toucher de nouveau à son dos dans sa retraite. Son regard s'était voilé de regret bien plus que de frustration. Un comble alors que ses lèvres manquaient déjà au sillon tracé le long de son cou. Son sourire joueur allégea un peu sa culpabilité. Son regard malgré tout enflammé faisait naitre des sentiments contradictoires. Reconnaissance de ne pas lui en vouloir; agacement car il ne la guidait pas sur cette voie inconnue pour elle; passion due au désir qu'elle lisait dans ces miroir grenats, presque plus efficace que les caresses de ses mains... Et cette étrange façon que son cœur avait de battre en sombrant à moitié dans son ventre, y envoyant étincelle sur étincelle. Que disaient ses premiers vers déjà...

Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent la Flamme aux limites de l'être,
...

Et les yeux en question brillèrent plus fort encore, carnassiers, en s'emparant du bas de sa tunique. L'air un peu penaud de l'eldéenne se colora de nouveau d'une fougue mutine. Elle suivit la demande implicite et guida ses mains pour la passer au-dessus de sa tête. Elle frissonna. Ses cheveux blancs retombèrent pêle-mêle dans son dos et sur ses épaules, descendant jusqu'à ses hanches en cascades froissées. Son regard retrouva celui qui la surplombait encore malgré sa position sur-élevée. La conscience de son regard sur elle, de l'air sur sa peau nue, de la chaleur de son corps tout proche mais encore hors d'atteinte. Et sa propre respiration, profonde. L'une des mains qu'elle avait guidé resta entre ses doigts pour faire le chemin jusqu'à ses lèvres. Pas une seconde elle ne rompit le contact visuel, ne cillant qu'à peine en embrassant son poignet, le renflement de son pouce et jusqu'au centre de sa paume. Ses lèvres joueuses venaient trouver la courbe de son pouce et ses quenottes blanches en effleuraient l'ongle, dévoilant au passage son souffle chaud au coin de son sourire félin. Et toujours, elle imposait à la vue de Myr'Hennis les changements qu'il produisait sur le vibrant diapason de sang et d'or qui lui faisait face. Qu'il n'en doute pas, il était la seule et unique cause de tout ce qu'il y distinguait.

Et cette main d'artiste séchée et adoucie par la poussière de plâtre, elle ne la lâcha pas tout de suite. La tirant vers son flanc, juste au bas de ses côtes, là ou quelques temps avant s'étendait une large marque violacée. Elle y étendit les longues phalanges puis les tira elle-même jusqu'à la courbe de son sein. Puis le guide imposant de sa dextre s'évapora pour se glisser jusqu'à la peau dénudée par l'absence de la chemise de corps que l'Architecte mettait normalement sous sa toge. Elle ne se tendit pourtant pas vers sa haute stature toujours droite, le laissant décider seul de revenir l'embrasser ou non comme elle le laissait explorer sa peau du regard et du geste. Ses iris se contentait de lui envoyer la plus piquante des provocations.

Il n’avait pas mentis ni même plaisanté lorsqu’il lui avait dit qu’il mourrait de faim, il était on ne peut plus sérieux et lorsqu’elle lui demanda pardon il ne répondit pas, que pouvait-il bien répondre ? Ses frissons avaient été des réflexes et Krish ne lui avait pas fait mal, elle l’aurait su autrement, il n’avait pas grogné, il n’avait pas élevé la voix, sa figure ne s’était pas tordue d’une grimace douloureuse. Alors oui il s’était un peu tendu mais il le faisait toujours lorsque quelqu’un approchait une main de sa vieille blessure, c’était entre autres pour ça que les masseurs à son service étaient particulièrement précautionneux vers cette zone. Mais Myr’Hennis l’avait arrêté avant qu’elle ne puisse le faire souffrir d’une quelconque manière. Il se demandait cependant pourquoi est-ce qu’elle tenait à explorer cette partie de son corps alors qu’elle était pourtant plus difficile d’accès que d’autres, c’était quelque chose qu’il n’avait pas l’habitude de montrer et même s’il avait fait des efforts pour elle il avait ses limites. C’était assez étrange mais il repoussa la question de côté, il avait autre chose à faire et à penser, enfin penser c’était vite dit. Il ne réfléchissait pas vraiment, il avait choisi Isten pour son Clor d’Beannaighil mais il n’était jamais allé dans un temple pour en apprendre les arts de la déesse, il s’était concentré sur les autres aspects de la divinité. Alors il comptait surs ses expériences passées, de toute façon penser aurait sûrement enlever quelque chose. De la sincérité peut-être. Il préférait laisser son désir lancinant prendre les rênes, sa raison aurait sûrement été un problème plus qu’autre chose.

Alors qu’il retirait la tunique de sa compagne, ce qui lui permit de confirmer qu’il préférait lorsque ladite tunique n’était pas là, ses yeux enflammées se mirent à la dévorer dans une vaine tentative de satisfaire sa faim ; peux-ton être satisfait d’un simple encas ? Mais il ne se pressa pas, à quoi bon ? Il avait le temps, c’eut été triste de gâter un moment aussi important avec de l’impatience. Il laissa tomber le vêtement sur le sol et lorsque ce dernier fut hors de son champ de vision il leva les yeux pour rétablir le contact visuel. Curieux, il laissa Krish reprendre l’initiative et le calme lui permit de finalement entendre son sang battre à ses tempes, un percussionniste jouait de son instrument au diapason de ses pulsions. La flamme de ses yeux en fut attisée par le sort réservé à son pouce, c’était de bonne guerre après ce qu’il avait fait à son cou mais aucune bonne action ne reste impunie et s’il pouvait faire d’une pierre deux coups, faire une offrande à Meingal et Isten, alors pourquoi se gêner ? Et justement Krish commençait à doucement éroder sa patience, par ses regards, grâce à la caresse de son souffle chaud et ses baisers.

Il la laissa le guider, à l’instar d’un phish oura en chasse il attendait le bon moment pour frapper mais il fut déstabilisé par l’endroit où arrivait sa main, par réflexe il opposa un semblant de résistance le temps de se rendre compte qu’elle avait été soignée. Son appréhension n’eut pas le temps de se manifester sur son visage mais elle était passé dans ses yeux avant de repartir aussi vite, le désir reprenant sa place légitime, attisant toujours plus sa Flamme. Sa main désormais privée de guide ne resta pas désœuvrée, enfin si, qu’une seconde, elle remonta, ses ongles effleurant la peau lors du mouvement jusqu’à se refermer finalement sur le sein offert. Il mordit à l’hameçon, résister aux provocations n’avaient jamais été le fort du Grand Architecte malheureusement mais dans ce cas c’était loin d’être un problème. Enfin si mais ça il y penserait plus tard.

Profitant de la position de son bras qui la ceinturait, il descendit ce dernier, il lâcha son sein pour mettre sa main dans son dos et, la tenant Krish fermement, Myr’Hennis se leva, déposant sa compagne sur le bureau. Il plaça ses mais de chaque côté de la daedhelle et il la regarda avec une étincelle de malice pendant un de ses battements de cœur, c’est-à-dire pas longtemps, avant de fondre sur sa proie. Il reprit ses baisers là où il s’en était arrêté, à la base de son cou, mais maintenant que la tunique n’était plus là pour le gêner il commença à descendre et très vite il répara une injustice qui l’avait chagriné : il accorda son attention à l’autre sein mais pour éviter que le second soit jaloux il envoya une main s’en occuper et il encra fermement l’autre sur le bureau.

Le verre de liqueur vide tomba au sol, déversant quelques goûtes sur le tapis. mais cette fois, c'était Myr'Hennis qui l'avait bu jusqu'à la lie et ses yeux étaient biens ouverts. Heureusement, le bureau était assez grand pour que l'encrier ne frisonne pas. Par contre le poète et dessinateur semblait se moquer comme d'une guigne des feuilles qu'il avait sorties. Si ce n'était pas le cas, tant pis, Krish elle, les avaient totalement oubliées.

Profitant de ce changement de position, elle pouvait enfin lui faire réellement face sans se contorsionner. Un pied appuyé sur la chaise, l'autre battant dans le vide, le jeune homme pouvait s'approcher sans que ses jambes ne forment le moindre barrage et, les bras de chaque côté d'elle, c'est ce qu'il fit, le désir au creux des yeux. Le frisson au creux de son cou. Sa respiration se faisait plus courte. En quelques gestes lestes, l'une des ceintures de l'architecte glissa autour de ses hanche pour trouver sa place sur le coin du bureau. Le seconde n'était qu'à moitié défaite lorsque les mains de la belle se retirèrent sur le bord du bureau. Son corps se redressa un peu pour réclamer silencieusement les caresses qu'on lui offrait déjà et sa respiration sonore s'accentuait au gré de baisers sulfureux.

La main de Krish remonta sur la nuque du jeune homme. Elle dégagea les mèches blanches qui lui cachait le spectacle, glissa ses doigts le long de sa tempe, caressa ses cheveux en suivant ses mouvements. Son autre main, fébrile, retourna délasser la seconde ceinture qui tomba a terre, désajustant au passage la toge qui le couvrait. Quand elle n'était pas arrêtées par des soupires, elle vint chasser le tissus des épaules de son amant, le laissant pendre sur ses bras occupés ailleurs. Explorant son torse sur et sous ce qu'il restait de son vêtement.

Elle avait la diffuse impression qu'elle avait sous les yeux quelque chose qu'elle désirait en sourdine depuis bien plus longtemps qu'une poignée de jours. Les frissons de plus en plus répétés érigeaient sa poitrine orgueilleuse et faisait battre son cœur à grands coups sourds. Sa langue et ses dents vinrent taquiner l'extrême pointe de l'oreille qui la narguait, bien trop proche à son goût. Le poussant peu à peu à remonter d'une main sur sa nuque, elle réduisait dangereusement l'espace entre leurs deux corps qui s'électrisaient par de léger effleurements. Elle descendit le long de la courbure jusqu'à son lobe puis à son cou, subissant toujours avec bonheur le supplice des mâles caresses. En échos, l'exploration de son torse devint celle de son ventre, de sa taille, jusqu'à buter sur ce qu'il restait de sa tenue. Elle passa dessus, suivant les saillies masculines de sa hanche à l'arrière de sa cuisse.

Il ne fit pas attention au verre, après tout ce n’était qu’un verre, il ne s’était même pas brisé alors à quoi bon s’en préoccuper ? Si nécessaire il lui offrirait un nouveau tapis. Pour son dessin il l’avait oublié et peut-être que plus tard ça lui reviendrait à l’esprit, pour le poème il en doutait encore, après tout il n’était même pas terminé. Cela dit il pourrait peut-être le réécrire si jamais il s’en souvenait, s’il en avait envie ou bien si Krish le lui demandait mais il avait la délicieuse impression que ce n’était pas vraiment une des préoccupation de cette dernière pour l’instant. Il ne fit pas attention non plus à sa ceinture, trop occupé par le traitement qu’il réservait à la poitrine de sa compagne, il la sentit bien glisser mais il s’était attendu à cette éventualité et n’en fut pas gêné. Il s’était même demandé pourquoi est-ce que la daedhelle avait mis autant de temps, pendant une seconde avant d’être distrait à nouveau par le gable d’un sein.

Myr’Hennis suivit le mouvement de Krish mais malheureusement il ne pouvait pas faire grand-chose de plus, certes il lui restait une main mais cette dernière lui permettait de ne pas s’effondrer sur le bureau et ça il y tenait. Il ne pouvait que redoubler d’efforts mais augmenter la cadence de ses baisers ne feraient que les rendre moins sensuels et donc moins frissonnants.

Son cœur se mit à battre encore plus vite, le souffle rendu court par les caresses réchauffait par intermittence, entre deux baisers, la peau de sa compagne alors que sa seconde ceinture disparut de ses hanches. Sentant sa toge lentement glisser à chacun de ses mouvement, il se fit plus lent, plus méticuleux, il avait arrêté de chercher à la faire frissonner pour se mettre à en trouver le meilleur moyen. Il écoutait son cœur en plus d’être attentif à sa peau pour chercher l’endroit le plus sensible de cette zone érogène. Comme s’il pouvait entendre les appels du corps de Krish, ses oreilles s’étaient dressées, à l’affût du moindre bruit, du moindre signe qui pourrait le mettre sur la voie et évidemment la drow en profita. Il leva d’abord la tête, un sourire sur les lèvres avant de remonter en laissant une trainée de baisers cette fois-ci en une succession plus rapide, à la vitesse dictée par la main posée sur sa nuque. Il remonta en se courbant légèrement, accueillant la douleur provoquée par son dos comme une pointe de piment dans une situation qui, certes n’en manquait pas, mais où ladite pointe n’était pas malvenue. Parfois Kiel et Isten sont la face et le revers d’une même pièce. Même si Myr’Hennis avait une nette préférence pour le revers.

De nouveau à sa position initiale, surplombant Krish, il délaissa sa poitrine pour, de sa main, se défaire d’une manche envahissante avant de reposer sa main sur le bureau et faire de même avec l’autre puis d’un mouvement souple d’épaule, qui lui valut une nouvelle intervention de Kiel, il se dégagea de sa toge qui glissa en ruisselant le long de son corps. Enfin libre il embrassa la triumvir alors que sa main exploratrice repartit pour une nouvelle expédition, passant d’abord la joue, elle descendit langoureusement le long du cou qui n’avait pas eu droit aux attentions de ses lèvres. Elle continua son périple après un nouvel arrêt sur un sein qui, il lui semblait, l’avait provoqué, pour finalement longer le flanc, hésitant une fois de plus à l’endroit où peu de temps auparavant se trouvaient un l’hématome qui l’avait tant inquiété, jusqu’à arriver à la hanche. Suivant le sommet du pantalon cette Cristo’Bal miniature arriva sans se presser à l’ouverture et d’un geste expert il en défit l’accroche sans arrêter ses baisers.

Doucement. Malicieusement.

Dans son esprit passa une question fugace. Comment faisaient-ils pour ne pas simplement se jeter l'un sur l'autre avec voracité ? Elle en mourait d'envie. Elle ne voulait pas se précipiter... mais le fourbe animal lui faisait doucement perdre pied, érodant sa volonté d'une main de maître. Il la tenait d'autant plus en son pouvoir qu'elle ne savait pas où s'arrêter pour ne pas lui faire mal... et donc, qu'elle n'osait pas... Elle, elle n'osait pas. Krish Al'Serat. GriffeArgent. La sulfureuse tentatrice qui avait poussé tant d'amants et d'amantes à succomber jusqu'à en gémir son nom oublieux du reste. La panthère qui avait fait abjurer sa foi à un elfe et obtenu l'attention des plus grands. Orgueilleuse. Insaisissable. Passionnée... Elle n'osait le toucher qu'avec contrôle et douceur.

Un Fern essayant désespérément de rentrer les griffes...

Elle se sentait de plus en plus contrainte par l'impression que le moindre geste brusque pouvait lui faire mal. Alors elle continuait à suivre les marques de ses pectoraux, de ses côtes, de ses abdominaux, flânant et s'attardant lorsque les frissons se faisaient plus forts et la respiration moins nette. La main sur sa cuisse remontait distraitement jusqu'à son fessier.

Il se débarrassa de sa toge, dévoilant à nouveau un torse que deux marques seules venaient éclairées d'une signification sauvage. Caressées du regard, découvertes du bout des doigts. Alors qu'il faisait tout pour que son sang se mette à bouillir, ses envies se faisaient plus fortes. Elle aurait voulu simplement passer les bras autour de son cou et s'appuyer sur ses épaules pour se hisser à sa hauteur et s'emparer de ses lèvres. Empoigner sa crinière blanche, bloquer sa nuque et planter ses griffes dans son dos pour se serrer contre lui. Sentir sa poitrine contre son torse finement dessiné. Leurs peaux se toucher, se mêler, arrêtant de s'attiser pour se combler. Enfin.

Il revint l'embrasser, sa main descendant sur elle. Les baisers de l'eldéenne se faisaient plus fougueux. Passionnés à en perdre le souffle. Il glissait le long de sa hanche, défaisait l'attache de son pantalon. La frustration lui faisait rêver de griffures qui encreraient sa frénésie dans le corps longiligne qu'elle désirait tant. Que ces marques laissent des cicatrices qu'ils ne puissent oublier ni l'un ni l'autre. Et cette frustration n'était qu'en partie celle de son corps.

Elle voulait lui plaire. Elle voulait partager. Elle voulait que la connivence de leurs regards passe à leurs corps, que la confiance qu'ils tentaient d'établir se fraie un chemin jusqu'à leurs peau... Elle voulait lui donner du plaisir. Et la aussi elle se trouvait bridée, sur le bord d'une falaise où chaque pas risquait de déraper. Pendue au moindre de ses gestes et à la moindre de ses réactions, elle en quémandait des bribes de connaissance dans l'espoir de lui offrir quelque chose de spécial... De plus que quelques sourires mutins et leur faim commune après l'interruption de la veille. La question était comment.

Son cœur battait puissamment. Elle le laissait faire, se soulevant au besoin pour qu'il puisse ôter la gaine de cuir qui enserrait ses jambes s'il le désir. La main qui n'est pas dans ses cheveux le saisit à la hanche à défaut de pouvoir s'encrer ailleurs sans risque. Ses doigts glissent sous le tissus, s'aventurant en de pressantes caresses. Leurs lèvres se délient. Leurs yeux se croisent. Dans les iris langoureuses de la noire elfe, l'envie viscérale qu'elle éprouvait pour Lui... et une supplique diffuse faite de frustration et... d'inexpérience ? Toute à lui, mais un peu perdue. Lui dire ? Prendre les devants ? Lâcher prise ? ...Mais comment ?

Il tentait de résister, il avait une envie folle de se jeter sur elle mais il avait placé sa vie sous l’égide d’Isten et il ne comptait pas lui faire honte en bâclant une offrande. Cela dit il aurait pu mais l’idée d’offrir le Feu d’Uriz à la fille aînée de Natha… l’occasion était bien trop tentante pour qu’il la laisse filer. Alors il s’armait de patience même si c’était un des exercices les plus difficiles qu’il connaisse, s’en était un défi qu’il comptait bien relever. Et puis il s’amusait bien trop de la situation pour céder aussi facilement, c’était peut-être cruel, mesquin même, mais il comptait bien en profiter ; c’était en quelques sortes sa petite vengeance pour s’être fait enlever, elle l’avait tenu entre ses griffes maintenant c’était à lui. Alors certes c’était sa faute si elle l’avait kidnappé, c’était même mérité, mais Myr’Hennis ne s’arrêtait pas à des considération si secondaires. Cependant Krish ne lui rendait pas la tâche facile, résister à ses caresses et ses regards qui lui fouettait les sangs puis à ses baisers, même si c’était lui qui avait commencé il perdit rapidement l’initiative et pendant un instant il crut qu’elle avait réussi à le pousser au-delà des limites de sa patience. Il devait tenir. Encore un peu. Il devait résister jusqu’à atteindre le paroxysme d’un désir partagé, ce n’en serait que meilleur ainsi et il ne faisait aucun doute que ça en vaudrait la peine.

Si seulement il ne ressentait pas la même chose qu’elle il aurait pu s’amuser de sa frustration, la faire monter jusqu’à ce qu’elle le supplie d’y mettre un terme mais il ne pouvait pas, c’était trop difficile. Cela dit si elle plaçait sa main sur sa hanche et non dans son dos ça voulait dire qu’elle avait encore bien trop de contrôle à son goût, tant pis s’il en souffrait, Myr’Hennis voulait qu’elle soit entièrement à sa merci. Malheureusement on n’a pas toujours ce qu’on veut et il n’était pas certain de pouvoir continuer à résister bien longtemps alors autant garder le contrôle tant qu’il le pouvait encore.

Une fois les attaches du pantalon de cuir défait il utilisa sa main pour tirer dessus afin qu’il aille rejoindre sa toge, aidé par la triumvir il ce fut donc entre deux baisers que le vêtement partit au sol, rejoindre le blanc de sa tenue. Une fois débarrassé de tout obstacle, la main exploratrice de Myr’Hennis remonta plus vite que d’ordinaire, les doigts de Krish le poussant à accélérer, surtout qu’il se trouvait à deux doigts de céder sous les caresses toujours plus insistante de sa compagne. Lorsque leurs regards se croisent la main du Grand Architecte se trouve à l’aine de la daedhelle et ses caresses se font plus douces sous ses doigts dansants sans se faire insistante, elles sont d’ailleurs presque distantes alors qu’il savoure sa victoire : il n’a pas cédé. Il la regarde le temps d’un ou deux battements de cœur avant de cacher son sourire triomphale en scellant à nouveau leurs lèvres.

Victorieux et régalien.

Sans même en avoir conscience semble-t-il, ce jeune homme qui lui a arraché griffe après griffe par ses mots et ses confidences, la domine. Assise, nue, sur l'extrême bord du bureau, elle doit encore souffrir son sourire éclatant et se complait dans ses braises brûlantes. Elle le déteste pour ça. Ne voit-il pas qu'elle tente désespérément de se contenir ? Ne voit-il pas que la corde qu'il tente de rompre, elle essaie de la garder intacte pour lui ? Cette victoire n'en est pas une. Non ! Il ne l'obtient que parce qu'il refuse de dire, de montrer. Il ne l'obtient que parce qu'elle refuse de dire, de montrer. Il sait. Elle ne sait pas. Il peut. Elle ne peut pas.

Il la regarde, fier comme un roi. Il dévorant l'avidité et le trouble qu'il lit en elle sans lui donner une seule clef, sans même lui tendre une main secourable. Elle pourrait briser le charme, mais elle ne le veut pas. Il peut tout prendre, tout demander... Mais son expression triomphale la pique, abrasive et mesquine. Il vient de mettre un coup de lame supplémentaire dans les cordes de sentimentalisme et de précaution qu'elle a aux poignets.

- Tricheur... " gronda-t-elle, sa voix bien trop enfiévrée à son goût tandis que les doigts sous le tissus venaient s'imposer sur l'entrejambe de son amant.

Elle frémit sous ses doigts, la respiration haletante. Puisqu'il a gagné, qu'il se montre beau joueur. Qu'il mette au moins fin à cette frustration physique et elle aura peut-être l'occasion de se reprendre. Il l'embrasse, l'embrase et la dirige. Là où elle exhalaient des soupires, ses lèvres scellées ne laissent à sa gorge que de faibles grondements pour s'exprimer. La main qui était sur la nuque de Myr'Hennis repart sentir les vallées de son corps. Mais cette fois, fébrile, elle se fait plus lourde, plus emportées. Elle dévore. Elle ne s'arrête plus au bord de ses flancs, dérapant avec entrain sur ses reins et s'en éloignant vivement lorsqu'elle semblait se souvenir des limites qu'elle s'était elle-même imposées. Qu'il ose prodiguer à ce corps à vif une onde de plaisir un tant soit peu vive et les cordes rompraient. La guerrière se cramponnerait à lui sans douceur, agrippant son dos à pleine main avant d'avoir pu y penser.

C’est justement bien pour ça qu’il s’agissait d’une victoire : il pouvait et pas elle. Pouvait-on faire plus net comme victoire ? Malheur au vaincu comme on dit. Mais sa victoire il n’eut pas le temps de vraiment la savourer comme il aurait aimé ; déjà parce qu’il n’en a pas vraiment envie mais surtout parce que les mains de Krish se font plus insistantes et plus entreprenantes, ça couplé à son grondement, qui l’aurait amusé si sa main n’avait pas pris cette place particulière, ne lui donnait pas vraiment envie de continuer son jeu cruel.

« C’est ta punition pour m’avoir volé ma nourriture… » susurra-t-il après avoir lâché ses lèvres à regret.

Toute notion du temps perdue depuis bien longtemps il se contenta de prendre ses battements de cœur effrénés comme repère, il aurait pu prendre sa respiration courte et profonde mais c’était bien trop fluctuant pour être d’une quelconque aide. Il compta cinq battements pour profiter encore un peu de ses soupirs qu’il espère transformer en gémissements sous peu. Guidé par les mains de la triumvir il s’approcha encore un peu plus, traversant les quelques centimètres qui les séparaient. Il avait gagné mais ça ne l’empêchait pas de finalement céder, sa victoire ne lui avait finalement fait gagner que quelques instants. Alors certes c’était mesquin de la faire languir ainsi mais c’était particulièrement agréable et alors que la frustration commençait à se faire sentir chez lui aussi il était temps d’y mettre un terme, d’obtenir enfin ce que les deux voulaient. Ses sens, saturés par un désir impérieux, sa Flamme est à deux doigts de le consumer entièrement et de ne laisser de lui qu’une poignée de cendre. Alors sa main cesse ses caresses, elle attrape la hanche de Krish tandis que son regard se plante dans celui de sa compagne qui en devint son amante d’un geste vif, mettant enfin un terme à il ne savait combien de temps de frustration. Ce fut à son tour de gronder, d’un plaisir qu’il attendait depuis un temps infini désormais, d’un désir dévorant enfin assouvit ; il avait tant goûté à la chaleur de sa peau qu’il avait fini par fantasmer sur celle de son corps et pendant quelques nouveaux battements de cœur il ne bougea pas, profitant de l’instant. Mais son inactivité ne dura pas et sa main assurait la stabilité de son amante, son sourire triomphale avait déjà disparu, il ne revint pas et ne fut pas remplacé non plus, Myr’Hennis a cédé, il a perdu et tous deux se retrouvent égaux. Mais maintenant quelle importance de désigner un vainqueur et un perdant ?

Sans la quitter des yeux, sans cesser de la dévorer du regard, il recommença à bouger, ses mouvements gagnèrent en amplitude au fur et à mesure des battements de son cœur. Il ne prit pas la peine de construire un rythme régulier et lent, le désir dévorant qui s’était enfin emparé de son être ne l’acceptait pas, même si ce dernier n’avait nullement envie de tout gâcher, alors sa vitesse crut croissante alors que sa respiration devenait haletante. Ses oreilles se redressèrent, il tentait de trouver le moindre indice qui pourrait lui indiquer ce que Krish voulait.

Il tentait de se moquer, mais sa voix n'était pas beaucoup plus contrôlée que celle de l'eldéenne. Elle lui en veut de l'obliger ainsi à rester passive. Oh, elle ne lui en laisserait pas souvent l'occasion. Elle apprendrait. Elle le connaitrait sur le bout des doigts. Elle saurait très exactement comment le rendre fou.

Sous ses doigts agiles, elle se tend et se tord en en réclamant plus. Son souffle se fait gémissement. Cette fois ce n'était plus une possibilité mais une réalité, ses mains se crispent sur le dos du jeune homme sans même y penser. Sans savoir où elles s'abattent exactement. Elle s'y appuie, se serre contre lui, embrassant son cou, martyrisant son oreille. Elle se hisse, se redresse, tentant de s'enfuir tout en l'enlaçant avec force; quand il lui laisse un instant de répit... et vient attraper la hanche du côté de sa jambe ballante. Une seconde de battement. Elle prend une inspiration fébrile. Leurs regard s'agrippent l'un à l'autre, débordant d'une luxure qui cachait mal la conscience qu'ils avaient de leur vis à vis. Le sourire triomphal disparait en un grondement grondement commun. Mais surtout son grondement de plaisir, presque soulager. Un désir. Un besoin.

Un violent frisson remonta le long de la colonne vertébrale de Krish jusqu'à en tirer un spasme à ses épaules et en hérisser sa nuque. Durant un instant d'immobilité, les doigts de la noire elfe tentent de se décrisper un peu. Le voile qui enrobe les pupilles de Myr'Hennis semble être un échos de son propre état. A moins qu'elle ne soit un échos du sien ? C'est... déstabilisant. Tous ces gestes banals, sans mise en scène, sans piment particulier, qui se retrouvent à avoir une saveurs unique... Le sentir au creux d'elle-même lui arrache un sourire aussi brulant que tendre. L'une de ses mains passe sur la joue de son amant pour s'ancrer finalement au creux de son épaule. Ses ongles s'y plantent au fil des à coups de plus en plus amples, de plus en plus cadencés.

Elle accompagnait chaque mouvement, ondoyant contre lui. Leurs souffles semblaient sur le point de se synchroniser avant qu'elle ne s'en éloigne à nouveau, trop inconstante. Elle se raidit soudain. " Myr... " Ses gémissements de plus erratiques s'entrecoupaient d'un nom alors qu'elle cherchait de l'air. D'un semblant de nom plus exactement, puisque sa voix à la fois rauque et aiguë déraillait avant de poser les dernières syllabes. " Myr ! " Il l'avait tant torturé qu'il n'avait fallu que quelques secondes. Sa poigne ferme, changea à plusieurs reprises, griffant les muscles cendrés qu'elle sentait se tendre. Sa tête se révulsait de temps à autres, son corps se tendant plus faiblement avant qu'elle ne revienne pose les yeux sur son visage pour saturer chaque sens de sa présence.

Et pourtant, sans prévenir, après avoir repris ses lèvres d'assaut, elle le repoussa fermement, s'arrachant à lui avec un grondement sauvage. Manquant de tomber en reprenant appui sur ses jambes, elle le repoussa encore et encore, le guidant à reculons de quelques gestes impérieux sans cesser ni ses caresses ni ses baisers, jusqu'à ce que les mollets de son amant heurtent le bord du lit. Qu'il s'y asseye ou qu'il s'y allonge, peu importait. Elle l'y poussa, grimpant félinement au dessus de son corps nu pour l'embrasser à pleine bouche, l'œil embrumé. " Tu as les mains libres comme ça... " gronda-t-elle à mi voix. Les caresses reprirent de plus belle. Leur lien charnel ne resta pas rompu bien longtemps. Les hanches de la panthères ondulant lascivement pour leur plus grand plaisir commun. Ses mouvements de plus en plus amples. De plus en plus vifs. Et son regard totalement absorbé par celui auquel elle s'offrait corps et Flamme, toute retenue oubliée.

La taille de Myr’Hennis, souvent un désaventage dans ce genre de situation, lui épargna un certain nombre de coups douloureux dans ce cas, le centre de son dos étant plus difficiles à atteindre que les flancs et puis ses attaques n’étant pas concertées, frappant à différents endroits. Krish ne lui fit finalement pas autant mal qu’elle aurait pu ce qui n’était pas plus mal, l’architecte n’était pas contre l’effleurement de Kiel mais sentir sa poigne était tout à fait autre chose. Alors il ne dit rien. De toute façon ce n’était pas comme si elle le laissait en placer une, entre son cou et ses oreilles, l’architecte a largement de quoi être occupé alors si en plus il fallait protester contre le traitement que subissait son dos, il ne s’en sortirait plus. De plus il n’avait pas vraiment le droit de se plaindre, il l’avait bien cherché. Profitant du moment de répit quelle accorde à ses oreilles, Myr’Hennis se concentre sur ce qu’il a sous les yeux, sous la main. Il lui rend son sourire car dans ses yeux l’on peut lire aussi facilement que dans un livre ouvert, le reflet du sentiment de Krish. Son sourire faiblit en sentant les ongles se planter dans sa chair mais ses sens au bord de la saturation n’enregistrent la sensation que comme marginal, un coup périphérique dont il faudrait s’inquiéter plus tard, bien plus tard, à condition qu’il y pense.

A l’écoute de son amante, son souffle commençait à changer lentement pour se rapprocher sur celui de Krish et, à l’instar de ses mouvements, ils commençaient à se synchroniser mais même si le corps de la daedhelle suivait, ce n’était pas le cas de sa respiration qui visiblement avait du mal. C’était aussi le cas de Myr’Hennis qui avait dû ralentir son souffle, chose qu’il ne pouvait pas faire indéfiniment alors il abandonna en la voyant partir. Ses oreilles frémirent, il n’était pas certain d’avoir bien entendu, entre sa respiration haletante, ses grondements occasionnels et les gémissements de son amante entendre une syllabe n’était pas des plus aisés mais la seconde fois il entendit distinctement, il faut dire que c’était dit plus clairement, ce qui aide. Le Grand Architecte avait lu dans un ancien texte que le son que tout le monde préfère est celui de son nom et pour Myr’Hennis c’était particulièrement vrai ainsi un frisson parcourut son corps, l’enjoignant à redoubler d’efforts. Mais le frisson disparut vite de son radar sensoriel, remplacé qu’il fut par les griffures qui déchiraient sa peau, laissant de grandes marques rouges dans son dos ; elle ne l’avait pas griffé au sang mais si elle recommençait une ou deux fois de plus au même endroit, en y mettant la même application, alors le bureau se verrait taché de gouttelettes d’hémoglobine et le dessin ainsi que le poème ne seraient pas les seules pertes de leurs ébats.

Sa main quitta sa hanche pour aller se placer au creux de ses reins, soulevant les hanches qu’elle venait de quitter, la main avait aussi pour but de rapprocher un peu plus leurs deux corps et Krish ne se gêna pas pour s’en servir et le prendre par surprise. La tenant à moitié lorsqu’elle le repoussa, il manque de l’échapper et il ne put rien faire si ce n’est reculé sous peine de tomber, ses baisers se faisaient plus hésitants, ses caresses s’étaient arrêtées et soudain il heurta le lit. Ses mollets tapant contre le lit fit ployer ses genoux sous l’impulsion de son amante et il tomba à moitié à la renverse, tenant toujours Krish comme s’il s’agissait de son trésor et finalement il se laissa tomber, ne préférant pas tirer sur son dos pour rester assis. Un sourire apparut sur ses lèvres.

« Tes désirs sont… » un grondement de plaisir interrompit sa phrase, d’une contraction de ses abdominaux il vint déposer un baiser sur le ventre de Krish puis il leva les yeux vers elle, la douleur de son dos éclipsé par le plaisir de leur étreinte. Il remonta jusqu’aux lèvres de son amante pour terminer sa phrase : « des ordres… » et après l’avoir embrassé fougueusement il se laissa tomber en arrière.

Le bras qui la ceinturait revint se poser le long de son corps un instant avant que sa main ne reparte sur les hanches de la daedhelle pour accompagner ses mouvements tandis que l’autre main retourna prendre sa place originale sur le sein qu’il avait tristement dû laisser. Mais voilà, maintenant qu’il était allongé il se trouvait trop éloigné d’elle. Alors il se hissa à nouveau à la force de ses abdos, il plaça une main sur ses fesses pour l’accompagner à nouveau dans ses mouvements, l’autre vint se placer derrière lui pour se stabiliser et sa bouche trouva le sein délaissé, il prit le mamelon entre ses dents.

Il l'avait entrainée avec elle sans sa chute, ne voulant pas la lâcher quoi qu'il arrive. Une flamme de joie simple s'était allumée dans la tempête de désir, de plaisir et de tendresse qui faisait rage dans l’œil de la triumvir... ou de sa reine puisqu'il aimait l'appeler ainsi. Ses désirs imposaient leur loi... Leurs désirs plutôt tant elle observait et répondait à la moindre de ses réactions à présent.

Son grondement de plaisir la fit frissonner des orteils aux bouts des doigts.

Elle commençait à peine à reprendre une respiration profonde lorsqu'il la brisa à nouveau d'un seul baiser. Puis il se laissa tomber sur les soieries aux couleurs chaudes, ses cheveux blancs tranchants sur les draps. Son corps sculptural et son visage expressif, tout deux offerts à la vue de son amante semblait la fasciner... Pendant quelques instant avant que le plaisir ne la détourne en partie du spectacle, ses mains y courant fluidement.

Incapable de se placer sur la respiration qu'il s'échinait à dérégler de ses lèvres et de ses mains, leur danse en devenait légèrement arythmique. Et lorsqu'il se tendit à nouveau vers sa poitrine, si sa grande main n'avait pas été posée sur elle comme un rappel pressant, elle se serait immobilisée. Mais elle tint bon. Elle ne pouvait trouver de cadence ? Elle jouerait sans. Malgré le feu qui montait dans ses entrailles et menaçait de la consumer, elle se faisait à la fois joueuse et avide, ondulant souplement et variant à l'envie les mouvements indécents de son bassin. Tantôt impétueuse et abrupte, tantôt d'une innocence lubrique, elle semblait parfois s'immobiliser l'espace d'un battement de cœur pour reprendre de plus belle. Elle tint bon. Malgré les vagues de frissons que provoquaient chaque feulement et chaque mouvement de Myr'Hennis. Sa voix rauque la transperçait de part en part. Malgré ses muscles de plus en plus raides et la perle de sueur qui roulait sur sa tempe. Malgré les soubresauts de plus en plus difficiles à contenir et les gémissements de plus en plus forts qui naissaient sous les dents attentives de son amant.

Elle tint autant qu'elle le put, espérant le voir lâcher prise. Espérant partager en plongeant dans ses yeux une jouissance commune. De plus en plus imprécise dans ses mouvements. De plus entière. Jusqu'à ce que ses gémissements se fassent cris. Une main posée sur l'épaule de Myr'Hennis, douce dans sa passion, l'autre se cramponna vivement à sa propre crinière chiffonnée à l'arrière de son crâne. Elle se cambra en un rugissement d'extase, portant aux nues le nom de son amant. Sa voix dérailla dans un silence aiguë. Tout son corps tendu à l'extrême, serrée contre lui, la réalité et le temps n'avaient plus cours. Seulement elle... Et cette beau brûlante. Ce goût obscène. Cette odeur mâle. Cette voix rauque. Ce regard absolu.

Entièrement à sa merci.

Quand c’était à lui il avait fait tout ce qu’il avait pu pour créer un rythme, quelque chose de régulier qui gagnait en intensité. Autant dire que malgré des premiers efforts concluants il avait échoué, son amante ne l’avait pas aidé cela dit, mais désormais ce n’était plus à lui de dicter quoi que ce soit. Mais il ne s’en plaignait pas, c’était de bonne guerre après ce qu’il avait fait, un juste retour de bâton en somme et puis il y avait bien pire comme traitement alors il n’avait pas matière à se plaindre. A moitié assis il ne pouvait pas vraiment accompagner les mouvements de Krish par les siens mais ça en valait la peine. Et puis il avait toujours sa main même si c’était bien peu mais à cet instant il n’en demandait pas plus ; sa concentration se faisait lacunaire ; sa respiration toujours plus hésitante et erratique ; ses grondements de plaisir de moins en moins espacés ; ses muscles étaient presque pris de spasmes. Les doigts placés sur la hanche de Krish se contractèrent en un étau d’acier et il se laissa tomber une nouvelle fois en arrière mais cette fois l’attirant vers lui dans sa chute, ne pouvant continuer à jouer il préférait arrêter pour éviter de lui faire mal. Son autre main quitta donc ses fesses et vint se placer sur l’autre côté de ses hanches, un autre étau bloquant en place la triumvir alors que son orgasme approchait à grands pas. Encore une fois ils n’arrivèrent pas à se synchroniser, peut-être était-ce parce que Myr’Hennis n’était pas tombé plus tôt ou bien qu’il s’était levé, l’empêchant de jouer du bassin pour accélérer le processus mais il eut un temps de retard.

Il finit par se détendre, littéralement, serrant Krish contre lui il profita de sa présence pendant… il ne savait pas, il n’avait pas la capacité et encore moins l’envie de compter le temps qui s’écoulait. Il profitait de la douce sensation d’avoir une tête lovée au creux de son épaule, les doigts de sa main droite glissèrent de l’omoplate de la daedhelle, tombant sur les draps et l’autre main fit de même mais elle termina son chemin avant, épousant les courbes de la triumvir dans une dernière caresse. Il poussa un dernier soupir d’aise en passant une main dans les cheveux de son amante.

« L’heure des ablutions de cette créature routinière est passé mais mieux vaut tard que jamais. » Il regardait le plafond, un sourire joueur aux lèvres

Immobile... Détendue...

Elle profitait de ce moment d'infini et de sérénité ou il n'y avait ni passé, ni présent, ni devoir, ni attente. Son moment préféré. Celui qui ne durait jamais assez longtemps. Où il n'y avait plus qu'elle dans la plénitude la plus totale... Mais pas aujourd'hui.

Certes, il s'agissait d'un moment infini de plénitude, mais il n'y avait pas qu'elle et c'était bien étrange. La peau frissonnante de Myr'Hennis contre la sienne s'imposait toujours curieusement à ses sens et la façon dont il l'enlaçait persistait avec douceur dans son univers évanescent. Sous son oreille, le rythme désordonné d'un cœur et d'une respiration ne faisaient qu'ajouter à son bien être. Les yeux toujours clos, elle vint naturellement se pelotonner contre lui, la main posée sur les cicatrices entrecroisées de son torse. Un soupire de pur bonheur fit inconsciemment vibrer ses lèvres lorsqu'il lui caressa les cheveux. Elle s'enfonçait dans dans le matelas et dérivait tout à la fois, légère. Comblée et à sa place.

Un long, très long, moment.

Pour une fois, l'homme avec lequel elle partageait sa couche - en plus de l'accompagner dans cette dérive qu'elle aimait tant - eut la décence de rester silencieux. Il profitait lui aussi de la torpeur ambiante. Elle aurait pu s'endormir là... Elle l'aurait voulu, mais la voix rauque de Myr'Hennis s'éleva une nouvelle fois dans le silence. Elle émit un vague grondement, fronçant les sourcils, mais n'eut même pas la force de lui en vouloir. Elle prit une inspiration plus longue, comme si elle se réveillait, et se força à articuler, la fatigue de ses cordes vocales s'entendant encore sans peine :

- Pour tout routinier qu'il soit, si mon roi veut bien... être magnanime, et... et me laisser... rrh Ust'kor... " jura-t-elle a voix basse. Elle perdait le fil. Doucement, elle se redressa sur un coude, s'éloignant le moins possible pour pouvoir regarder son visage serein et son sourire amusé. " Tes désirs sont des ordres. " ronronna-t-elle, malicieuse malgré sa fatigue. Elle posa un baiser chaste sur ses lèvres finement dessinées. Dans l'instant de flottement qui suivit, ses yeux aimant l'observèrent avec intensité. Chaque trait de ce visage heureux, elle voulait le graver dans sa mémoire. " Promet-moi que tout ça n'est pas un mensonge... que tu ne disparaitras pas... " murmura-t-elle tout bas, sa paume caressant tendrement son torse.