[jeux de Thaar] Du riffifi chez les perdants (tournoi de Mamba)

neuvième jour de la quatrième ennéade de Favrius de l’An 14:XI

C'était une pièce sombre, éclairée de torches dont la suie avait depuis bien longtemps noircit les murs au point qu'on ne distingue plus la couleur des pierres. Dix combattants, aux corps virils et aussi puissants que spectaculaires l'encombraient, excités par la perspective de la bataille qui s'annonçait. Tous ? L'une d'elle dépareillait quelque peu, roseau parmi les troncs. Sa peau sombre et légèrement aux tonalités d'un léger bleu de saturé, ses oreilles pointues qui s'agitaient parfois comme à l'affût et sa longue chevelure d'une blancheur neigeuse indiquaient sans aucun équivoque son origine. Tous ces combattants avaient été pour ainsi dire repêchés  de l'épreuve des madriers. Ils ne combattaient plus pour le grand public, mais seulement pour le plaisir des plus grands. Mais pourquoi avait-on sélectionné la daedhel que d'aucuns avaient déjà surnommé  "la brindille" en lieu et place de son véritable pseudonyme. Ils verraient. Car Shyn'tae était en colère. Une colère si froide qu'elle aurait certainement pu geler un prêtre de Zhak'bar. Certes, cet assortiment de gladiateurs dépareillés n'étaient pour rien dans son échec humiliant, mais, étant sur son passage, ils allaient regretté. Comme tous ceux qui se dresseraient contre elle.

« La pucelle ? »  Ce nom avait tout de suite plu à la daedhelle, car quelqu’un qui tenait à se faire appeler ainsi était forcément quelqu’un de remarquable. Et d’ailleurs les échanges qu’elle avait pu entretenir avec l’humaine avaient été à la hauteur de ses attentes. Vu les regards que l’imposante guerrière couturée adressait à la petite drow, la pucelle ne l’était que vis à vis de la gente masculine. La grosse main se posa sur le menton de la drow et l’encouragea à redresser la tête pour la regarder dans les yeux, car Shyn’tae avait remarqué que la timidité lui plaisait. "Tu as-vu ? Trois-doigts et trois-haches manigancent quelque chose…"
 
La réalité était que pour ce qu’en savait l’éldéenne, les deux nains ne manigançaient rien de particulier. Mais il n’était pas difficile d’imaginer ce qu’ils auraient pu projeter : Il n’y aurait certes qu’un gagnant, mais ce dernier aurait bien plus de chance de l’emporter s’il pouvait compter sur quelqu’un d’autre pour couvrir ses arrières le temps de réduire l’adversité. La pucelle fronça les sourcils, les yeux dans ceux, carmins, de son vis-à-vis. L’idée était là, sût Shyn’tae.   On aurait plus de chances de gagner si..

L'amazone la coupa « Tu devrais m’aider, j'essayerai de ne pas trop amocher ton joli minois lorsqu'il ne restera plus que nous. Ce serait gâché… » La daedhelle hocha la tête docilement pendant que la gladiatrice donnait de petites tapes sur sa tête comme elle l’aurait fait pour un animal de compagnie.  Hmm.. C’est une bonne idée... Intérieurement, la drow cacha sa satisfaction. C’était exactement ce qu’elle attendait.

***

Le tunnel était éclairé chichement par la lumière issue de la grille qui en clôturait l'entrée. A l'intérieur, pressés les uns contre les autres, silencieux, les gladiateurs attendaient. Dehors, la voix de Mamba résonnait pour un public aussi exceptionnel qu'exigeant.
-Noble assemblée! Pour votre plaisir, aujourd'hui, j'ai sélectionné des perdants de notre dernière épreuve. Il y eu une pause.

-Mais pas n'importe lesquels ! Les plus spectaculaires dans leur défaites... Et ils n'ont maintenant rien à perdre. Ça tombe bien, car aujourd'hui, pour votre grand plaisir, il n'y a qu'une seule règle: À la fin il n'en restera qu'un!

Dans un grondement sinistre, les chaînes soulevèrent lentement l'imposante grille. Pieds nus, le visage fermé, la daedhelle s’avança dans la lumière, au beau milieu des autres combattants à l’allure féroce.

-Ils sont prêts à tout. Aujourd'hui le sang va couler!

Shyn'tae vint se positionna aux côtés de sa pucelle. Dégainant Éveil, elle fit quelques moulinets du poignet et échauffa ses articulations. Dans son autre main, elle tenait un objet incongru qui avait amusé les guerriers les moins brillants et rendu perplexe les autres: Un long ruban enroulé d'une blancheur aussi éclatante que sa chevelure.

Oui, aujourd'hui, le sang allait couler. Un sourire cruel se dessina sur les lèvres de la drow. Dans les gradins elle trouva les quelques spectateurs qu'elle connaissait déjà, et, sans qu'il fut possible de savoir laquelle elle regardait, elle leur adressa quelques mouvements d'une danse souple et fort suggestive, avant de se retourner vers ses adversaires. Qu'elle gagne ou qu'elle perde, elle comptait bien faire en sorte qu'on se souvienne du Puy d'Elda. Du coin de l'œil elle crut apercevoir un regard jaloux de son alliée de circonstance. C'était drôlement mignon. Peut-être, si elle avait le temps, si l'amazone était toujours vivante après l'épreuve et si elle avait fait un bon travail,  la laisserait-elle profiter un peu. Cela faisait tout de même beaucoup de conditions.

La drow haussa une oreille à sa propre étrangeté: Était-ce vraiment le moment de réfléchir à une chose pareille?

-Que le combat… Commence!

Dire que Viconia n'a pas été décue de la défaite de Shyn'Tae aurait été un euphémisme. Sans être une experte de la bataille, la jeune drow a bien vu que c'était bien un peu du n'importe quoi, ils se sont tous mis dessus. Mais bon, une défaite est une défaite et il faut vivre avec. Aussi la sponsor a t'elel favorablement acceuilli l'annonce de Mamba concernant ses champions.

Dans les estrades, les oreilles bien droites, dans son attitude altière, Viconia regarde Shyn'Tae, l'éclat de ses prunelles d'émeraudes assez explicite. Eclate leur la gueule et amuse toi, il n'y a rien à perdre. La triumvir regarde tout les concurrents en faisant un large tour d'horizon, avant de reporter son attention sur sa protégée. Ses lèvres noires s'épanouissent en un sourire mystérieux pour qui ne la connait pas, particulièrement machiavélique pour la divine comète.

Elle est menue, elle est délicate la fille du Puy… Sous estimée… Il est temps de mordre et de faire des veuves aujourd'hui. A ses côté, Veldryn est là. Le voyou est en train de prendre des paris justement. Autour d'elle, des visages connus et inconnus. Pour le moment, Viconia ne 'en occupe pas trop, concentrant ses énergies et son soutient à Shyn.

Une Shyn qui peut sentir une douce caresse d'encouragement sur sa joue. Viconia ferait plus, mais si quelqu'un s'en aperçoit, ca risque d'être la disqualification. Plutôt, une simple phrase parvient à ses oreille. Où plutôt caresse son esprit en une délicate brise subtile.

Démolie leur la gueule divine Comète.

En haut, dans les estrades, les oreilles de Viconia se couchent tandis qu'elle feule doucement vers Shyn d'un air amusé, amenant sur elle des coup d'oeils interloqués.  Ce qui fait bien rire son cher ami Phoenix noir.

Kerath attendait qu’enfin le combat commence, il était venu parce qu’il s’ennuyait à mourir et il avait failli tuer celui qui lui avait demandé ses armes à l’entrée de l’arène. Malgré son armure complète il se sentait nu et l’attente était difficilement supportable alors il tournait en rond comme un animal en cage, agaçant sans doute ceux qui étaient derrière lui, les empêchant périodiquement de voir quoi que ce soit. Bon pour le moment il n’y avait rien à voir donc ce n’était pas bien grave mais ça allait bientôt commencer, il le savait, il le sentait. Cela dit le mastodonte se demandait si qui que ce soit allait oser s’approcher de lui pour lui demander d’aller s’asseoir, il attendait avec impatience, il avait besoin de se défouler. Avant même de partir on lui avait dit de ne pas prendre son félin à pointe, que ce serait assurément refusé et il devait admettre que c’était en effet fort probable alors il avait abandonné et hoché lentement la tête en regardant Murrpau. Maintenant il était d’autant plus énervé qu’il pouvait voir un thaari avec un chien ours couché à côté de lui ! Bon certes il y a une différence entre un chien ours et un félin à pointe, il en était parfaitement conscient mais c’était plus pour le principe, si on refuse un animal on doit tous les refuser. Maintenant il avait envie d’aller voir le thaari pour passer sa colère sur lui. Kerath était certain désormais qu’il aurait dû amener Murrpau. Le pauvre devait s’ennuyer tout seul et puis il manquait au militaire, ce dernier avait l’habitude de lui gratter la tête avec les griffes de son gantelet mais l’animal n’étant pas là il grattait mécaniquement le parapet qui donnait sur l’arène, creusant des sillons dans la pierre de plus en plus profonds à chaque passage. Il retourna s’asseoir, personne n’avait osé prendre sa place qu’il avait marquée en y laissant son heaume, tout le monde avait fait le lien entre le casque rouge et le reste de l’armure sanguine qu’il portait ; devant la carrure impressionnante du daedhel il était compréhensible que personne n’ait envie de l’énerver. Ce qui était bien dommage parce qu’il n’attendait que ça.

Mais Kerath ne resta pas longtemps assis, il fusilla du regard l’assemblée derrière lui, à la recherche de quiconque avait émis ce sifflement agacé, ce claquement de langue désagréable mais personne ne répondit à sa provocation. Puis la voix de Mamba résonna enfin, l’attente allait prendre fin. Le guerrier posa ses mains sur la balustrade, il guettait les entrées des gladiateurs qui allaient s’écharper pour le plus grand bonheur d’un public assoiffé de sang. La promesse de Mamba fit chaud au cœur du drow, son cœur se mit à battre plus vite, anticipant le carnage à venir. Son œil fut accroché par sa fille, il avait été profondément déçu en apprenant qu’elle avait chuté aux madriers, il s’était attendu à bien mieux venant d’elle, c’était inacceptable. Shyn’tae pouvait bien se cacher derrière le nombre d’adversaires, il n’empêchait qu’elle avait échoué au début des grand jeux. Kerath nota dans un coin de sa tête qu’il allait falloir lui parler à la fin de cette épreuve. Lorsque le présentateur annonça le début de l’épreuve en question, l’Obok Senger affermit sa prise sur la balustrade et observa attentivement sa fille avec un sourire amusé par sa danse.

Un frisson traversa la drow alors qu'elle observait Viconia, majestueuse comme d'habitude dans les gradins. Elle ferma les yeux un instant, et ressentit plus qu'entendit les quelques mots, une caresse subtile au cœur de son esprit.
Démolis leur la gueule divine Comète.

La drow faillit éclater de rire. Le contraste entre Les idées si brutes et la délicatesse du sortilège était amusant. Viconia était de plus en plus subtile et efficace dans sa magie.  Puis… Shyn'tae remarqua l'imposante silhouette. Lui? Ici? Ce n'était pas si surprenant en effet. La rage que la vision venait de susciter en elle était irrationnelle, mais profondément ancrée. Elle ne fit que s'ajouter à celle qui emplissait déjà ses tripes. Kerath était venu la voir distraire les puissants? S'amusait-il déjà à l'idée de la voir se faire trainer dans la fange? Elle allait lui montrer de quoi elle était capable.

Mamba donna le signal. Une avalanche d'armes tranchantes et contendantes apparurent comme par magie entre les mains des gladiateurs . Puis, aussitôt, les premiers coups tombèrent, des alliances temporaires se firent en un instant. Et qu'elles disparaissent dans des trahisons toutes plus dramatiques les unes que les autres était tout ce que le cruel public attendait! Esquive, feinte, parade, dans le chaos général, les valeureux combattants montraient tout leur talent.
L'elfe qui se faisait appeler l'immortel compris en quelques instants qu'il était en difficulté lorsque l'imposante Pucelle s'était mis à courir vers lui en le chargeant, sa massive épée à deux mains en position d'estoc. Heureusement, il était agile, et esquiva l'attaque qui l'effleura. Sa contre attaque à l'épée fut parée d'un coup vif, car il découvrait que son adversaire était étonnamment rapide. Néanmoins, il s'était glissé sous la garde de l'arme à deux mains, et dans cette position, il avait l'avantage. Ce n'était qu'une question de… Une douleur aigue traversa son dos, et la pucelle en profita pour lui donner un coup de genoux qui le fit tomber au sol. Derrière lui, la petite drow se tenait. De sa lame aiguisée coulait un mince filet de sang. Un sourire attendrissant illuminait son visage.
- Protège-moi, souffla-t-elle seulement sans un égard pour le gladiateur qui se vidait doucement de son sang sur le sol, lequel lui mouilla un peu les pieds.

Sans ajouter un mot, elle fit un bond léger en arrière, brandit la lame couverte de sang, et lui fit parcourir une arabesque dans le vide. Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit, pupilles légèrement dilatées. Son corps commença à onduler (sic) comme un reptile, la lame coupant l'air. Soudain, elle lâcha le rouleau de ruban blanc.

Il ne toucha jamais le sol. Tel un reptile charmé par son dompteur, le ruban se déploya, ondoyant dans l'air, tout autour de la danseuse, de plus en plus haut. La pucelle recula d'un pas, déconcertée par le phénomène qui se déployait devant ses yeux. L'extrémité du ruban se déploya au dessus d'elle. La surprise se transforma en peur, car la Pucelle venait de comprendre qu'elle risquait de ne pas triompher. Shyn'tae pencha la tête de coté. C'était dommage. Elle aurait aimé la garder un peu plus longtemps.

- Tu devrais regarder derriere toi plutôt. La magie coulait au travers d'Eveil, de plus en plus fort, au rythme des battements de son cœur qu'elle avait l'impression de voir vibrer avec les motifs indescriptibles du monde.
- "Humpf. Je ne vais pas te tourner le dos, noiraude!" Manifestement les gens avaient peur des mages, et cette peur irrationnelle leur faisait prendre des décisions bien stupides. La Pucelle leva son épée impressionnante, décidée à mettre un terme à ceci avant que la drow ne devienne incontrôlable.

La masse la frappa donc dans le haut du dos, sous le regard désabusé de la thaumaturge qui ne fit rien de particulier pour l'empêcher. Elle avait tenu parole, et n'avait pas trahis. L'amazone s'effondra sur l'elfe. Le combattant derriere elle releva sa masse tachée de sang encore frais. C'était un homme, d'âge mûr, il avait certainement survécu à de nombreuses batailles dans l'arène. Protégé d'un plastron cabossé qui avait du l'accompagner durant sa longue carrière, sa carrure démontrait le soin qu'il portait à son entrainement. Soit. La drow se déhancha et reprit sa danse. Une jambe fine s'avança, d'un pas félin, sa main gauche s'éleva au dessus de sa tête. Elle libera une bouffée de magie.

Le ruban dressé frappa comme un serpent. Mais quel mal pouvait bien faire un bout de tissu? C'est la question que du se poser le guerrier, car il ne tenta pas de parer. Pour sa défense, qu'aurait-il pu bien faire. Il glissa comme le vent contre la peau de son bras. Le sang jaillit. Il était dur comme l'acier et fin comme un rasoir. Le tissu blanc se macula de sang. Alors qu'en quelques secondes il poursuivait son oeuvre destructrice, le gladiateur poussa un cri de douleur. La vie était une chose bien fragile. La daedhelle était passée pour une imbécile? Ca n'allait plus durer pensa-t-elle en avançant, un pied après l'autre, dans le sable qui prenait une teinte vermeille.

Le colosse dans le coin de son champ de vision fait sourire Viconia. Kerath, son cher grand-père. Toujours fidèle à lui-même. Il regarde Shyn'Tae avec avidité et déception lui semble t'il. Ce qui amène un froncement de sourcils dubitatif de la daedhelle. Viconia se relève et va s'accouder gracieusement
à la rembarde juste à côté de l'Obok Senger. Aussi grande soit elle, elle a l'air minuscule à côté du colosse en armure rouge.

Elle ne sait pas s'il sait qu'il est son grand-père… Pourtant, elle a tout d'Eskevah, en plus allongé… Et en plus joli cela va sans dire. Un moment elle reste là, à regarder la danse de sa protégée. Le tissus dansant dans les airs .

Bonjour Kerath. Je suis ravie de te voir apprécier ces jeux. Je sais que ce n'est pas aussi sanglant ni destructeur que ce dont tu as l'habitude.

Les prunelles d'un émeraude rougeoyant se déporte sur Shyn'Tae. La robe de prêtresse baille légèrement, révélant la naissance de l'opulente poitrine. la taille fine, la croupe rebondie… Elle se fiche pas mal des mécontents derrière ces deux géants qui leur bloque la vue.


Ils devraient se méfier, j'Ai toujours su qu'elle était capable de pas mal plus que ce qu'elle pense…

Kerath regardait Shyn’tae se battre, sa fille n’avait pas l’entraînement qu’il attendait et il fut déçu de voir qu’elle ne combattait pas comme un soldat ; pour sa défense elle n’avait pas vraiment de camarade, enfin si elle en avait un mais ce n’était sûrement qu’une alliance de circonstance. A chaque effusion de sang, à chaque guerrier qui s’effondrait ses griffes s’enfonçaient toujours un peu plus dans la pierre de la balustrade, son regard absorbé par l’hémoglobine qui venait gorger le sable de l’arène. Sa vision englobait la totalité des combats. Lui qui avait espéré voir une petite bataille il était déçu de voir qu’il n’en était rien, il n’ y avait qu’une série de duel.

« Aucune discipline. »

Dit-il avec tout le mépris qu’il avait pour les gladiateurs. Il n’avait pas vu Viconia s’accouder à côté de lui et ce n’est que lorsqu’elle se manifesta qu’il l’aperçut dans la périphérie de son champ de vision. Non, Kerath ne savait pas que sa petite-fille se tenait à ses côtés et comment aurait-il pu ? Il avait perdu Eskevah de vue en rentrant dans l’armée et puis avec le temps le souvenir de son aventure de jeunesse s’était trouvée enfouie sous tout le reste. Son souvenir avait été remplacé, entre autres, par Tallaeh. Et puis des drows qui ressemblent vaguement à Eskevah il y en a tout un paquet. Il tourne la tête pour faire face à Viconia, le cercle jaune qui cerclait ses pupilles brillait tandis que dans ses yeux il était aisé de lire sa soif de sang.

« Viconia. » Dit-il simplement en la saluant d’un hochement de tête. « Ça serait bien mieux s’ils savaient se battre ensemble. » Sa voix grondante en disait long : il avait envie de sauter dans l’arène pour leur montrer comment créer et tenir une formation digne de ce nom. « Ce ne sont que des gladiateurs, des humains en plus de ça, on ne peut pas leur en demander beaucoup. En tout cas oui, ça ne vaut pas la Bataille des Cendres, par exemple. » Un sourire carnassier vint remplacer sa grimace de dégout à l’évocation de sa première grosse bataille rangée. Ses yeux retournent sur l’arène, il n’eut besoin que d’une seconde pour trouver Shyn’tae, l’habitude des champs de bataille lui avait appris à trouver quelqu’un dans le chaos d’un combat. De toute façon ce n’était pas bien compliqué vu que c’était la seule daedhelle. « Oui… elle a du potentiel. » Répondit-il presque à contrecœur après que le ruban eut frappé. Il détestait la voir dans l’arène, c’était indigne d’elle. Lorsque Kerath avait appris que sa fille allait participer aux jeux il s’était demandé si ce n’était pas un moyen de l’énerver. Comme si sa carrière à l’Etude Noire n’avait pas suffi. « C’est dommage qu’elle le gâche ainsi. » En parlant il avait lâché la rambarde et à la place il pianotait sur la pierre au rythme des combats. « Il faut vraiment que je lui parle. Si elle survit. »

Triumvir Viconia je te prie…

Rappelle la Daedhelle d'un ton calme, posé, d'où pointe une légère pointe de contrariété.

Ça serait bien mieux s’ils savaient se battre ensemble. 

Viconia hausserait les yeux au ciel, si l'obok m'thain n'était pas de sa parenté justement. Elle patiente, le laisse poursuivre. 

 Ce ne sont que des gladiateurs, des humains en plus de ça, on ne peut pas leur en demander beaucoup. En tout cas oui, ça ne vaut pas la Bataille des Cendres, par exemple. 

LA fameuse bataille des Cendres… Au moins Urgoll'Ven a t'il la décence de ne pas l'Assommer de ses faits d'armes passés ad nauseam. Remarque ce n'est pas comme s'ils parlaient beaucoup non plus. 

 Oui… elle a du potentiel... C’est dommage qu’elle le gâche ainsi.  Il faut vraiment que je lui parle. Si elle survit. 

Attentive à la mélodie du guerrier, Viconia a un sourire mystérieux. 

Eh bien… Tu as l'air particulièrement intéressé par Shyn'Tae… Elle a toujours eu plus de potentiel qu'elle a soupçonné… Elle ira très loin une fois lâchée. Mais pourquoi veux tu temps lui parler? Pour une Eldéenne qui ne s'est adonnée à l'entrainement martial que récemment, elle se démarque royalement. Pourtant tu me sembles… particulièrement insatisfait de ses performances.  

Kerath se retint de sourire lorsqu’elle le reprit, sa position n’était peut-être pas aussi stable qu’il l’avait pensé. Ou bien peut-être était-ce sa jeunesse, après tout devenir triumvir à son âge… pas étonnant qu’elle tienne à ce que l’on n’oublie pas son titre ; le général le nota dans un coin de sa tête, s’il n’y avait que ça pour lui faire plaisir.

Il allait répondre à sa question mais il se ravisa, incertain de ce qu’il voulait dire. La question était bonne après tout. Pourquoi est-ce que je veux tant lui parler ? Elle tourna dans sa tête pendant de longues secondes. Le moins qu’on puisse dire c’est que Kerath n’avait pas été le meilleur parent qui existe, souvent absent, son métier oblige, et lorsqu’il était au Puy il se montrait particulièrement distant. Alors pourquoi maintenant ? Mais voilà, il avait revu Tallaeh il y a peu, la préparation pour le siège de Sol’Dorn l’avait fait travailler toujours plus étroitement avec le clergé d’Uriz ; il avait délaissé ses devoirs conjugaux et parentaux. Il ne les avait jamais vraiment vu comme important et pourtant Shyn’tae était son sang et même s’il ne la connaissait plus du tout, en réalité il ne l’avait jamais connu, voir la mère de sa fille l’avait poussé à essayer de réparer cette… erreur ? Si on peut appeler ça comme ça.

« Pour faire un pas vers elle. Je lui dois bien ça. » Ça voix d’ordinaire grondante c’était apaisée et était devenue moins forte, c’était presque un chuchotement que seules les personnes proches de lui, pour le coup Viconia, pouvaient entendre, le bruit des combats empêchant les autres d’en profiter. « Et oui je suis insatisfait, regardes la se déplacer, frapper, esquiver. » Sa voix avait repris sa puissance habituelle, une voix qui avait l’habitude d’aboyer des ordres suffisamment forts pour être entendu même sur un champ de bataille. Il prit deux secondes à se rappeler que la personne à côté de lui n’était pas un soldat et que ce qui était pour lui une évidence ne l’était pas forcément pour tous. « Elle est trop lente, trop inconstante, à certains moments elle manque d’assurance. Elle a de la chance qu’il n’y ait pas de combattants dignes de ce nom là-dedans. Oui, pour une… » il allait dire civile mais la triumvir l’avait repris parce qu’il n’avait pas dit son titre alors autant choisir ses mots plus soigneusement même si ce n’était pas dans son habitude. « Pour une mage de l’Etude Noire elle se débrouille… mais c’est bien le problème, elle tient de sa mère. Elle aurait dû aller dans le C’nros. J’ai l’impression que tu la surveille de près. Que lui vaut l’honneur de ton auguste attention ? »

Affable et aimable, la triumvir prête une oreille compatissante aux secrets de son hiak'tanuek (grand-père) Elle na, pas vraiment à lui tordre un bras remarque, comme si une complicité naturelle s'était établie. Les mystères des liens de sang sans doute. Détendue, elle continue de regarder le combat, attentive aux critiques du colosse. A côté de lui, elle semble si minuscule!

Il parle d'elle comme si elle le décevait grandement. La prêtresse hausse un sourcil. Comment une obscure professeur de l'Etude Noire peut bien capter et garder l'attention d'un guerrier de cette trempe tout en étant une déception?? Tant de possibilités lui viennent à l'esprit.

Ah… Tu connais sa mère… 

Les longs doigts fins de Viconia caressent l'air nonchalamment tandis qu'elle absorbe et décortique les paroles du vieux mâle… 

Elle ne m'en a jamais parlé de ses parents…  Notre sang, nos familles étant un sujet que nous avons décidé tacitement de ne pas aborder. Je ne la surveille pas justement… Je la soutient en son désir d'explorer et d'atteindre son plein potentiel, tout simplement….

L'oeil vert, en amande, typique des femelles X'Ianxin, se tourne vers le guerrier. Amusé… Des yeux pareils ne se trouve pas à tout les carrefours du Puy. Il n'y en a qu'un exemplaire connu chez les Eldéens actuellement. 

Et en quoi Shyn'Tae Vaen're a l'honneur de ton auguste attention?  


Viconia reporte son attention sur son alliée évoluant avec grâce et souplesse sur le sable de l'Arène. Elle sait jusqu'où Shyn peut aller…

Trois au sol devant elle, dans la petite arène, il restait, sans compter la daedhelle, quatre combattants encore debout, puisque deux d'entre eux avec renoncé au combat, incapacités par leurs blessures. Les deux nains, Trois doigts et Trois haches s'étaient en effet montré dignes de l'esprit de corps si souvent attribué à leur race et faisaient équipe, dos à dos face à Nakunoeil et Gueule d'acier, lesquels avaient l'apparence de leurs surnoms. Tous les quatre d'expérimentés gladiateurs, ils savaient que la moindre erreur permettrait à leur adversaire de prendre le dessus. Certes, ce n'étaient pas des combattants entrainés au combat militaire, mais ils étaient solides dans leur catégorie, à savoir faire du spectacle en tuant des gens, n'en déplaisait aux râleurs.

La daedhelle posa la pointe d'un pied nu dans la flaque de sang. L'autre suivit aussitôt, éclaboussant les jambes d'ébène. Sa danse s'accéléra, prit de l'ampleur alors que la magicienne entreprit d'accumuler plus de puissance arcanique.  Ses bras portèrent plus loin, la lame accompagnait les mouvements du ruban taché de pourpre qui s'étendait peu à peu tel un grand serpent.

Nakunoeil, qui était curieusement quelqu'un de très perceptif, s'attarda en premier sur le phénomène, et hurla aux autres de prendre garde. Ce fut judicieux, car trois hache parvint à se jeter au sol pour éviter la frappe sauvage de la bête de soie. Il leur fallut de précieuses secondes supplémentaires pour se réorganiser, et décider qu'ils avaient là affaire à un ennemi commun.

Secondes que la daedhelle mettait à profil. Colère, concentration, vengeance. Les motifs aux détails infinis changeaient, le dessin contenait si peu d'erreurs, tellement peu de points de faiblesses qu'elle pouvait le nourrir de magie. Une œuvre qu'aurait applaudit ses pairs, décida-t-elle. Ses pieds fins ne touchaient plus le sol, sa chevelure de neige dansait comme si la magicienne n'était plus soumise à l'apesanteur. C'était là quelque chose qui dérangeait toujours Shyn'tae. Elle avait un temps essayé de lutter contre ce type d'effets inattendus, signe qu'une part non négligeable de magie s'échappait des motifs. L'éldéenne n'aimait pas le gaspillage, signe d'un art inabouti. Mais les années et les échecs lui avaient appris que la magie n'était pas une ressource qu'on pouvait espérer entièrement contrôler. C'était un flux, un courant toujours changeant qui alimentait ses effets par son seul passage. Résister était futile, mieux valait aider cette puissance perdue à adopter une forme inoffensive.

Les gladiateurs s'élancèrent. Devant eux, la mage sombre flottait, majestueuse et effrayante au milieu des cercles de ruban ondoyants. Ils auraient voulu être ordonnés, ils auraient voulu être préparés. Ils n'avaient jamais affronté de mages, mais savaient intuitivement qu'il valait mieux pour cela agir avant qu'il n'ait pu déployer toute l'étendue de ses sortilèges. C'était donc un peu tard. Si peu…

Le ruban sembla ralentir sa course, puis brusquement s'élança comme une bête assoiffée de sang, abandonnant sa maitresse pour suivre sa propre danse meurtrière. Coupant comme une lame de rasoir, rigide comme l'acier, il trancha dans les armures, dans les chairs. Le sang jaillit.

Un sourire carnassier naquit sur les lèvres de Kerath. Oui il connaissait sa mère, c’était même le moins qu’on puisse dire, mais le sourire venait-il de cette remarque ou bien d’un guerrier s’effondrant après un coup particulièrement impressionnant ? Ça, à moins de se trouver dans la tête du général, serait assez difficile à déterminer. Et vu qu’il ne s’est pas détourné de l’arène le déterminer était encore plus ardu. Alors lorsqu’elle se tourna vers lui il fit de même, étonné par ce qu’elle révélait et, maintenant qu’il y faisait attention, étonné par la couleur de ses yeux. Ainsi que leurs formes. Ces deux détails faisaient ressurgir un souvenir des profondeurs de sa mémoire. Il avait arrêté de pianoter sur la rambarde, courant après ce fameux souvenir dans l’espoir qu’il ne retombe pas dans les tréfonds, à deux doigts de disparaître, englouti par les ténèbres de l’oubli. Puis un nom résonna enfin dans son esprit. Un nom que le temps n’avait pas épargné : Eskavah. Une erreur de jeunesse. Il était prêt à balayer leur amourette d’un revers de la main et pourtant, contrairement à toutes celles qu’il avait pu connaître au cours de sa vie, il se souvenait encore de son prénom même s’il avait dû déployer des efforts dont il n’avait pas l’habitude pour s’en souvenir. Viconia lui ressemblait mais elle n’avait pas pris de Kerath, c’était clair, que ce soit son visage ou sa stature, il ne voyait aucune trace de lui dans la triumvir. Et puis vu l’âge de la triumvir en question ça ne pouvait pas être sa fille, c’était impossible, ça faisait cinq siècles que ça s’était passé. Ce qui ne laissait pas vraiment beaucoup d’alternatives : ils étaient liés par le sang d’une quelconque façon. Son sourire était resté alors qu’il avait tourné la tête.

La réponse de la triumvir ne le satisfaisait pas mais bon il avait pas vraiment envie d’insister surtout que le nombre de combattants commençait à se réduire et donc le temps disponible avant la fin du combat. Cependant savoir que Shyn’tae ne parlait pas de lui n’était pas spécialement une mauvaise chose, pour lui en tout cas, ça le renseignait sur l’opinion qu’elle avait de lui mais… étonnement… il s’en moquait. Il retourna vers le combat, le coup du ruban ne lui plaisait guère mais il fallait admettre qu’il était efficace.

« Il faut bien que j’accorde un brin d’intention à ma fille, non ? »

Il faut bien que j’accorde un brin d’intention à ma fille, non ? 

Regardant Shyn'Tae avec une fierté que son propre père ne ressent pas, Viconia regarde sa toute nouvelle tante évoluer avec grâce et élégance sur le sable rougi de l'arène. 

Il aurait été bien aise que tu le fasse avec toutes tes filles, Hiak'tanuek (grand père) Ca aurait peut-être évité bien des drames et des carnages.

Est ce un reproche qui transparait dans la voix aimable de Viconia? Bien malin celui qui saurait le dire. Le ton qu'elle emploi est celui qu'elle prendrait pour décider quelle couleur devrait être son bureau. Une mèche volage adoucit son visage aux traits altiers que beaucoup pourraient qualifier d'arrogant. Arrogance que contredisent ces prunelles d'émeraudes rougeoyantes qui ont une expression de velours.

Viconia sourit, ravie à l'idée d'avoir Shyn'Tae dans sa famille… Avant de rire doucement èa l'idée qu'elle a eu une liaison avec elle… Et à la tête que son illustre grand-père ferais s'il l'apprenait. Et l'idée de recommencer ces interdits lui semble, d'un coup, terriblement excitante.

Sa tête s’était retourné pour se concentrer sur le combat. Un combat qui venait de perdre une grande partie de son intérêt maintenant que Shyn’tae faisait principalement appel à sa magie. Les mouvements de la gladiatrice daedhelle étaient bien moins intéressant, quel gâchis, une épée ne devrait pas être utilisée ainsi. La réponse de Viconia le surprit, en tout cas un peu. C’était donc ça. Il continua à regarder le combat, certes elle pouvait l’appeler comme ça pour se moquer de son âge mais pourquoi le ferait-elle ? Il aurait dû se sentir fier, au moins un peu, en se disant que sa petite-fille était triumvir mais il ne sentait pas une once de fierté ; il pensait toujours qu’elle ne méritait pas sa place.

« J’ai v’raiment de la chance. Que des descendants mages et aucun au C’nros. » Grogna-t-il dans sa barbe, à moitié compréhensible avant de continuer de façon claire et audible. « Gardes tes récriminations pour toi. J’ai sauvé la vie de te grand-mère. » A quoi bon rajouter qu’elle lui devait, par extension, la vie ? Pourtant il s’était remis à pianoter distraitement sur la rambarde. « Et mon devoir m’a longtemps éloigné du Puy. » Il grogna encore quelque chose mais ce n’était plus compréhensible.

Un homme hurla, le mollet profondément entaillé par le fin support du sortilège. Entrainé par la puissance arcanique, son sang jaillit un peu plus qu'il n'aurait du dans le sens du déplacement du tissu pendant que sa jambe cédait sous son poids, renforçant le spectacle qui s'offrait au public rassemblé sous l'arène.

Ce n'était plus une mêlée, mais le combat d'hommes désespérés contre une bête sauvage et surnaturelle, vive et légère, qui frappait là où on ne l'attendait pas. Un couteau de lancer apparu dans une main, qui fut aussitôt tranchée nette, sous le regard désabusé de la magicienne. Pensait-il réellement qu'elle l'aurait laissé faire? C'était adorable, et très courageux. Sauf que la daedhelle était peut-être prête à jouer, mais pas à risquer hypothéquer bêtement sa victoire. Car elle ne doutait pas qu'une lame au travers de la poitrine réduirait considérablement sa capacité à maintenir le sortilège. Et sans sortilège… Et bien, sans sortilèges, les quelques survivants auraient une chance.

Mais à l'instant, ce n'était pas le cas. Il fut bien vite évident que la sombre jouait avec eux comme un chat avec des souris. D'ailleurs, sa danse, tous comme les mouvements du rubans, se firent plus félins. Ils ondulaient et ondoyaient savamment, sa peau d'ébène couverte de sueur, le ruban rougi par les effusions du fluide vital des victimes.

Et, moins d'une minute plus tard, alors même que la victoire ne faisait plus aucun doute et qu'on ne s'intéressait plus qu'au spectacle que la magicienne offrait, elle se lassa. Le ruban trancha un flanc en passant au travers du cuir comme si cela avait été une motte de beurre, puis se saisit d'une jambe pour projeter son propriétaire contre le mur. Lorsqu'il retomba, il ne se releva pas.

Le ruban retomba au sol, inanimé, comme la magicienne. Le cœur battant, haletante après l'effort comme si elle venait de courir un course de fond, elle dut reprendre son souffle, puis se redressa, et, les yeux clos, cambrée, offrit un long baiser à la tribune Eldéenne, avant de s'en retourner d'une démarche exagérément féline. Les soigneurs eux, entraient précipitamment dans l'arène.

Le sourire en coin, le regard brulant, la daedhelle avait fait sa démonstration. C'est dans l'échec qu'on forge son avenir.

Quand il était plus jeune il ne pensait pas à sa descendance et il n’y pensait toujours pas davantage aujourd’hui, sa remarque, bien qu’elle puisse être désagréable pour celles qui étaient concernées, n’avaient pas pour objectif d’être blessantes ; c’était une constatation, il s’en rendant malheureusement compte et même s’il aurait aimé changer cet état de fait c’était trop tard maintenant. Il aurait dû prendre Shyn’tae avec lui et l’élever avec le Second Ost ainsi il aurait été certain d’avoir une mage de guerre au lieu de la danseuse qui lui servait de fille. Pourtant il avait semé parmi les soldates justement, Tallaeh Vaern’re était une prêtresse d’Uriz. Pour sa descendante X’Ianxin il s’en moquait un peu, à défaut d’être au C’nros elle était prêtresse de Valas, au lieu de servir dans l’armée elle servait les dieux, c’était toujours ça de pris. Même si Kerath ne la pensait pas digne d’occuper un tel poste au moins elle servait à quelque chose dans la préparation de l’Eda Vengeur, le général espérait simplement qu’elle ne délaisse pas son sacerdoce pour son rôle de triumvir, elle avait beau travailler pour le bien du peuple daedhel dans son ensemble il était hors de question qu’elle abandonne les dieux.

Il regardait toujours l’arène, les effusions de sang clamaient sa fureur, le rendant bougon et au lieu de s’énerver il critiquait tout ce qu’il voyait. Pourtant il ne répondit pas à Viconia même s’il voulait lui dire qu’il ne se justifiait pas et qu’il n’avait de toute façon pas à se justifier devant sa petite-fille. Pourtant c’était ce qu’il faisait. Il ne dit rien, elle avait tout dit, Kerath ne voyait rien à ajouter alors il se concentra sur le combat, enfin si on pouvait appelle ça un combat ce que le général ne pensait pas pouvoir faire. Il n’aimait pas qu’on se donne en spectacle, un combat devait être terminé le plus rapidement possible, laisser une chance à son adversaire était aussi stupide que dangereux ; face à autre chose que des perdants elle aurait pu y passer. Kerath tourna le dos à la scène et s'en alla avant la fin du combat.

« J’en ai assez vu. » Dit-il pour répondre à toute éventuelle question. Il avait besoin de se défouler et s’il restait il y avait fort à parier que le premier malchanceux passant à sa portée servirait de mannequin d’entraînement involontaire. Alors il déambula dans les rues de Thaar jusqu’à trouver un temple à la gloire d’Uriz et il demanda un duel d’entraînement à la prêtrise.