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 [Libre] Une abjecte tranquillité

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Artiön Laergûl
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MessageSujet: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeJeu 16 Mai 2019 - 22:16


2e ennéade de Karfias
17e année du Onzième Cycle
Eté – Non loin du Palais de Milynéa










À cause de ce que tu avais vécu récemment avec les Ornedhels, à cause de ce que tu leur avais dit et parce que tu crois en ce que tu leur as dit, ces premières heures loin de l’Œuvre t’étaient particulièrement douloureuses. Parce que tu réalisais finalement ce que c’était que le silence qui leur faisait aussi peur. Tu réalisais finalement ce que c’était que le silence que – il faut bien que tu te l’admettes – connaissaient certains de tes frères. Et lorsque l’on vivait en Ardamir, ou avec l’Estel au centre de notre Cité, la puissance de la Symphonie était telle que ce silence on y échappait… mais en Quatrième Saison, à Tethien ou en Daranovar… là où la pierre naturelle, les vents, les eaux ou la glace étouffaient déjà les Chants ; là où il y avait déjà peu de mélodies auxquelles se raccrocher, le silence, certains doivent l’avoir connu, avoir vécu avec comme une normalité… et tant manqué par la même occasion.

Tu te frottes les yeux, glissant hors des draps d’un lit bien trop grand pour une demeure qui ne fut au départ pas destinée à accueillir quelqu’un de ta taille, et faisant le moins de bruit possible, soucieux de ne pas tirer du sommeil tes camarades avant l’heure, t’échappes de votre chambre commune.
Le soleil ne serait pas levé avant quelques heures encore, et pourtant, les couloirs du palais de Milynéa grouillaient toujours de vie. Certes, ce n’était pas l’effervescente activité du fort du jour, mais c’était bien plus que ce à quoi tu étais habité. Le Trône Blanc lui non plus ne dormait jamais, mais les nocturnes du Trône Blanc étaient assez peu nombreux et assez discret pour se faire oublier. Ici par contre, impossible de dissimuler ta silhouette en habits de nuit aux yeux curieux du petit peuple du Palais. Pire encore, parce qu’en plus de ne pas être habitués à toi, ils n’étaient pour beaucoup ni habitués, ni adhérents aux valeurs elfiques, il devenait parfois difficile de s’arracher à leurs regards au point que la sensation en devienne inconfortable. Et pourtant loin d’être pudique, tu aimais au contraire être regardé. Tu aimais t’imposer à la vue d’autres, impressionner et être admiré. Tu n’avais jamais autant impressionné que depuis ton arrivée en terres Vaanies… mais ce genre d’attentions, tu dois bien te l’avouer, t’était autant flatteuse qu’indésirable, et pour l’instant tu ne savais vraiment quoi en penser.

- Je préférerais faire seul.

- Et je préférerais que vous me laissiez faire. C’est mon rôle.

- J’ai juste besoin d’un moment qui soit le mien.

- Et c’est mon travail de vous l’offrir.

Le ton du jeune sang-mêlé qui te donne le dos est sincèrement amusé, probablement à cause des maladresses de ta langue. Pour autant tu sens dans sa manière de parler une véritable dévotion à ce travail, comme l’on pourrait en ressentir à t’entendre préparer tes soldats. Alors tu soupires, résigné, attendant qu’il ait terminé de se laver les mains, sachant très bien ce qu’il arriverait lorsqu’il se tournerait vers toi.

- Oh…

- Je… Tu baisses les yeux, un sourire las au visage, fatigué d’obtenir ces réactions face auxquelles tu aurais pourtant jubilé intérieurement chez toi en Anaëh Si tu changes d’avis finalem…




- Non non le visage rougi du jeune homme a toute les peines à s’arracher aux raisons premières de son émoi, à remonter le long de ton torse, et à enfin trouver ton visage C’est juste que je n’avais jamais vu d’aussi… je ne m’attendais pas à autant quand Dame Milynéa m’a annoncé accueillir des elfes au Palais. ses joues empourprées retrouvent un peu de leur pâleur naturelle Je vous en prie, installez-vous.

Tu soupires, laisses mollement tomber au sol le peu que tu portais et te diriges vers l’eau. Un pied puis l’autre. Quelques pas, jusqu’à ce que l’eau chaude te lèche les mollets, avant de t’accroupir, de t’asseoir, de presque t’allonger dans des bains au parfum cruellement agréable.

- Tu baignes beaucoup de personnes la nuit aussi tard ?

- Non. Ce serait chose exceptionnelle que quelqu’un passe cette porte après vous avant que le soleil ne se soit levé.

- Alors pourquoi tu ne dors pas ?

- Parce que si je dormais, j’attristerais le peu de personnes dont je m’occupe. le sang-mêlé s’approche, brosses, éponges et savons tous en main comme s’il eut possédé vingt doigts Je sais mieux que personne d’autre dans ce Palais comment détendre mes patients, et ce sont ceux généralement ceux qui se présentent à ces heures tardives de la nuit qui en ont le plus besoin. Je vais dormir une fois que mon travail est fait.

- Et comment sais-tu que il est fait ?

- Repérer ceux qui auront besoin de moi n’est pas bien difficile. D’ailleurs une fois que vous serez relaxé je pense que je pourrai prendre mon congé.

- Donc tu souris, fier de toi tu m’as déjà vu.

- Effectivement, je suis démasqué. il rit J’étais juste loin d’avoir tout vu.

- N’est-ce pas ?

Vous échangez des rires, vous échangez des histoires d’enfance, et tu te sens presque triste d’avoir à ainsi falsifier certains détails des tiennes. Ne pas être en droit de lui confier ton véritable prénom alors que lui te contait avec une rare passion la rocambolesque histoire de ses cent-vingt-huit années de vie. Son éternelle passion pour les odeurs, pour les essences, les premiers combats qu’il avait eu à livrer, tout privilégié qu’il était de ne pas être né dans la fange des bidonvilles, pour faire remarquer son application à son art. Le sérieux qu’il avait mis à apprendre comment suivre un produit d’un bout à l’autre de sa vie, de son extraction au moment où il serait absorbé par les pores d’une peau. Comment en tirer le meilleur. Comment le mettre au service de l’autre de la plus agréable des façons. Comment Milynéa l’avait repéré. Le plaisir qu’il prenait à travailler dans ce Palais, avec toutes les ressources dont il pouvait rêver mises à disposition. L’éponge, la brosse et le savon te débarrassaient de la crasse d’une courte nuit, et fort de la confiance naturellement née de vos échanges, les senteurs des huiles t’avaient convaincu de lui autoriser une proximité que tu n’aurais normalement pas accordée… et dont il prit soin de ne pas abuser.

- Pour quelqu’un ayant fait la guerre, votre peau est incroyablement saine… et complètement propre. Mais si vous le voulez bien il te désigne une table dans une alcôve proche des bassins je pourrais vous faire découvrir un peu plus du fruit de mon travail.

- Ainsi il doit être. tu te lèves lourdement, t’extirpant de l’eau en même temps que ton hôte te tapotait frénétiquement d’une serviette elle aussi parfumée Fais ton travail.

Tu t’écroules plus que tu ne t’allonges sur le matelas, accueillant avec un soupir de satisfaction des mains paraissant minuscules en comparaison de la surface qu’elles finiraient par couvrir d’huile de massage.

- Et bien. Galamdir souffle C’étaient de sacré nœuds. J’aurai bien mérité mon repos.

- Et moi je commence ma journée mieux.

C’est avec les pensées plus claires que tu t’habilles, enfilant avec une facilité déconcertante le pantalon qui te ceignait cuisses et mollets, et serrant avec nonchalance le corset soutenant le fourreau de ton focaliseur. Et tandis que lui termine de ranger ses huiles, tu arranges tes cheveux en un chignon désordonné avant de lui signer de la main que tu t’en allais.

- Attends !

- Quel est le problème ?

- Quand tu es arrivé, tu avais des peintures sur le visage et le torse. Est-ce que tu me permettrais de te les refaire ?

- D’accord.




~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~




Thaar est affreuse. Bien pire que ce que tu n’aurais imaginé, et de la plus insidieuse des façons. Tu n’aimais pas l’idée de cet endroit avant d’y poser le pied. Tu déteste encore plus l’endroit que tu ne l’aurais pensé maintenant que tu en foules les rues. Seulement à cueillir les tout premiers rayons du soleil d’été sur ta peau brillante, dont le léger doré avait été subjugué par les huiles ; à baigner dans les parfums les plus exquis, chaque muscle de ton corps entièrement libre de tension ; à attirer, sans le moindre effort, les regards admiratifs de passants friands de beauté exotique et de miliciens jaugeant quelle devait être ta force ; à te retrouver avalé par des bâtisses de pierre, de verre, de métal et de marbres qui si elles ne faisaient aucun sens les unes mises à côté des autres, étaient chacune un véritable trésor d’architecture, tu te sentais vide, mais heureux.
Déjà ces premières heures de liberté dans la capitale du Royaume Vaani, en apparence loin de tes devoirs d’Aran, et pour l’instant encore loin des tractations officielles prévues en compagnie de la Dame Blanche, Thaar t’emplissait d’un bonheur sale, comme elle seule sait le faire. Et tu le sais, la chute viendrait bien assez tôt. Un regard vers l’horizon, quelques minutes de marche et les hommes et femmes en cage réapparaîtraient. La lente pulsation d’animaux soumis par la flagellation reviendrait te tordre l’estomac. La mort dans laquelle ces fortunés laissent se traîner leurs voisins viendrait empester tes narines.

Mais avant de chuter, tu aimerais au moins avoir l’occasion de t’élever un peu plus.

Tes poignes se referment fermement autour des barreaux d’une clôture, attirant l’attention des miliciens proches, dont l’animosité, heureusement, ne les pousse pas à faire couler le sang avant que tu n’aies arraché tes jambes du sol, et ne te sois transformé en drapeau vivant. Tu marches en parallèle au sol, les pieds dans le vide et les mains passant d’un barreau à l’autre. Tu te lances des défis, te tenant à l’occasion à la force d’un bras, jouant de positions de ton torse et de tes jambes pour t’amuser de ton propre poids. Sans perdre conscience du monde qui t’entoure, tu t’appliques à l’oublier. Tu trouves comme à ton habitude ta catharsis dans l’exercice physique, faisant mine d’ignorer les regards curieux de riches marchands et de leurs milices, intrigués par ce saltimbanque dont la faction des bijoux et des vêtements trahissait une riche extraction.

- S’il faut que vous vous donniez en spectacle devant chez moi, une femme semblant dans la fleur de l’âge t’interpelle alors il faudra proposer quelque chose de plus impressionnant.

Tes pieds retrouvent le sol, et tu tends un bras gonflé par l’effort pour désigner la fortunée, avant de l’inviter vers… ton ventre. Tu reprends position. La demoiselle approche, et au départ perplexe, elle finit par se lancer et à y prendre place. Ta routine tu la recommences, mais cette fois tu prends garde à ce que tes mouvements ne provoquent pas la chute de la femme chevauchant le drapeau.

- Vous êtes peu de poids. tu lances, l'engagement de tes abdominaux te refusant un rire Vous devriez vous trouver un remplacement.

- Ah bon ? Alors que dirais-tu de... lui ?

- J'accepte le défi. Mais c'est lui qui devra monter.

Elle saute, amusée, te donnant l'occasion de souffler quelques peu et de jauger la tâche qui t'attend. Sans cacher ton essoufflement, tu souris en sa direction, alors que de sa milice elle écarte celui qui semble être le plus costaud de ses hommes. Heureusement pour toi, l'humain est loin d'être un titan. Pour aussi bien bâti qu'il soit, il restait d'une bonne tête moins grand que toi, et ne pesait probablement qu'à peine plus de la moitié de ton poids. Mais qu'à cela ne tienne, tu trouverais bien un moyen de rendre les choses plus excitantes.

- Je me place.

Tu t'agrippes plus férocement cette fois, te préparant physiquement et psychologiquement à ce qu'un homme adulte te grimpe littéralement sur la poitrine, et s'y mette debout.

- Vous pouvez tes mâchoires serrées rendent la prononciation difficile le rejoindre.

L'homme fléchit les genoux, et tend les bras à sa patronne, qui les lui agrippe volontiers. les jambes légèrement surélevées, les muscles de ton dos, de tes bras et de ta ceinture abdominale profondément engagés, un homme debout sur le torse, une femme dans ses bras. Combien de temps tiendras-tu donc dans cette position ? C'est ce que tous, y compris toi, vous vous demandez.

Pour une idée du style de vêtements / bijoux / peintures :

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeMer 22 Mai 2019 - 1:27

Lorsque Caley franchit les portes de la demeure, elle soupira de soulagement. C’est que dès qu’elle exprimait l’envie de sortir en ville, s’en suivait toujours un véritable branlebas de combat. Comme si Caley ne pouvait pas simplement marcher en ville sans tout un entourage à sa suite! Elle comprenait son rang et l’image qu’elle devait projeter maintenant, mais parfois, Caley avait besoin de solitude et de faire les choses à sa façon. Selon elle, elle attirait nettement moins l’attention à se promener seul qu’avec une escorte et avec les bons vêtements, elle se fondait à la population et personne n’y prêtait attention. À force de sourires et d’insistance, elle réussit à se faufiler hors de la maison en compagnie de son fils. Vahram grandissait et le temps passait vite. Caley tenait à ces petits moments en tête à tête. Jouissant d’une toute nouvelle éducation et de nombreux privilèges, il tendait à prendre certains mauvais plis que sa mère essayait de corriger tant bien que mal. Elle voulait faire de lui un homme bien et reconnaissant de la chance qu’il avait, mais quand tu n’as qu’à tendre la main pour obtenir tout ce que tu désires, la modestie est souvent l’une des premières choses oubliées.

« On va où? »

« J’ai besoin de me dégourdir les jambes. Allons explorer un peu, tu veux? »

Le gamin ne semblait pas particulièrement ravi d’être là. Il n’y a pas longtemps, Vahram l’aurait suivi partout au point qu’elle aurait eu du mal à le faire tenir en place. Aujourd’hui, il était plus facilement blasé, comme si tout était de moins en moins impressionnant. C’était peut-être juste parce qu’il grandissait et que forcément, il ne voyait plus autant de choses pour la première fois, mais Caley aimerait qu’il conserve cette capacité à s’émerveiller même devant les plus petites choses. Et juste au moment où cette pensée effleurait son esprit, Vahram s’écria.

« Regarde maman! »

Non loin d’eux se passait un spectacle pour le moins étonnant dans cette partie de la ville. Un homme de très grande taille s’agrippait à des barreaux, ses pieds ne touchant pas le sol alors qu’un homme et une femme se tenaient sur lui. Il fallait être particulièrement fort pour accomplir un pareil exploit. En s’approchant, Caley réalisa avec surprise que c’était un elfe. En ville, il y avait plein de demi-elfe qui partageaient plus ou moins les traits de leurs aïeuls. Rares sont les elfes qui quittaient leur forêt pour venir ici. Sa présence devait être motivée par quelque chose, pas uniquement pour se donner en spectacle devant quelques curieux.

« Tu m’as demandé un jour de te dire lorsque nous verrions un elfe. En voilà un. »


« Ils sont tous aussi grands et forts? »

« Je ne sais pas, peut-être. »

Caley avait en tête leurs cousins les drows dont les mâles atteignaient parfois des tailles très impressionnantes et que l’on voyait souvent en ville. On disait qu’ils étaient de féroces combattants et pour avoir vu le carnage laissé derrière après un siège, elle n’avait aucun mal à le croire. Les elfes partageaient-ils les mêmes caractéristiques? Caley n’y connaissait pas grand-chose et préférait opter pour la prudence. Son fils cependant… Vahram, désireux de le voir de plus près, se faufila entre les curieux pour s’approcher du géant. Il n’avait jamais rien vu de tel dans sa vie. Il attendit que l’elfe ait terminé pour se planter devant lui, le cou cassé tellement il le dépassait en taille.

« Vous êtes drôlement fort! Vous pouvez me soulever aussi? »

« Vahram! N’oublie pas tes bonnes manières. Ce n’est pas bien de déranger les gens de cette façon. »

Elle leva les yeux vers le géant, plus impressionnant encore vu de près. Les vêtements et les bijoux indiquaient sa richesse. Un ambassadeur, peut-être, venu discuter des problèmes actuels. Caley avait entendu parler de certaines choses, forcément, mais on ne lui disait pas toujours tout. Ses escapades en ville lui permettaient de décompresser, mais aussi d’entendre des rumeurs qui ne circulaient pas nécessairement durant les soirées huppées.

« Il faut le pardonner. Les enfants sont si facilement impressionnés. »
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeMer 22 Mai 2019 - 10:54


Une minute… deux minutes… quelques secondes de plus, et un début de relâchement laisse comprendre à tes passagers qu’il est temps pour eux de quitter le navire. À peine la pointe de tes pieds au sol que tes bras, tes jambes et ta ceinture abdominale, indépendamment de ta volonté remercient les dieux. Ta musculature engorgée et en peine retirent un peu de la superbe habituelle de ta posture, mais peut-on t’en blâmer après une telle démonstration de force ? Pour ton petit public, le simple fait que tu tiennes encore debout était déjà un exploit.

- Et bien ! la riche marchande te regarde, de l’air satisfait et hautain que prennent les nobles face aux amuseurs C’est qu’il semblerait effectivement que tout ça elle tapote ton pectoral de la paume de sa main ne serve pas qu’à faire joli.

Tu ne réponds pas, te contentant de sourire comme si amuser les gens comme elle fut ta véritable vocation. Oui, c’est un compliment qu’en temps normal tu aurais apprécié ; mais pas délivré de cette façon. À Thaar l’art et les divertissements n’ont pas grand-chose de sacré si ce n’est leur valeur monétaire, et les artistes ne méritent pas plus de respect qu’ils ne sont capables d’amasser de richesses. Privé à leurs yeux des grâces d’Arcamenel, Noruì ne serait à leurs yeux qu’un bien de consommation. Il faudrait que tu t’y habitues.

- Ce n’est pas bien souvent qu’on trouve de quoi s’amuser un peu de si bon matin ! la demoiselle se replie, à couvert de sa milic Tiens, pour la peine ! elle te lance une coquette bourse De quoi te faire plaisir !

Tu rattrapes le sac de pièces d’or sans réelle satisfaction. C’est le rendre, d’ailleurs, qui fut ton premier désir. Acheter. Donner un pouvoir qu’ils n’ont pas à de simples bouts de métal pour pouvoir ensuite en user et en abuser dans une société aveuglée par leurs reflets. Le concept même te révulsait. Pourtant il fallait que tu fasses bonne figure et que tu te montres reconnaissant. Même face à ceux qui te savaient un invité de Milynéa venu de la forêt, l’illusion se devait d’être maintenue, parce qu’il deviendrait soudainement moins crédible que des elfes abhorrant la fondation de la société Vaanie aient accepté de partager leur art et leurs savoirs à la Princesse Marchande qui en faisait le commerce.

- Merci.

Tu n’en dis pas plus. Tu fais même mine, lorsque tu attaches la bourse à ta ceinture, de le faire avec toute l’attention du monde. Et tu attends qu’ils fassent leur chemin, que ta première mécène, sa suite et les quelques curieux commencent à s’écarter. Tu aurais certainement eu du mal à le voir lui si majorité des intrigués ne s’étaient pas écartés. Tu ne l’aurais peut-être pas vu, mais tu l’aurais certainement entendu. De tout ton public, l’enfant avait certainement été le plus fasciné. Et lui, contrairement à bien d’autres, en toute innocence. Ton visage s’attendrit et tu t’accroupis, cherchant à le porter aussi près que possible du niveau de celui du gamin… avant de lui être arraché par les mots de celle que tu présumes – il te semble bien l’avoir entendu – être sa mère. Tu te relèves retrouvant par la même occasion la sphère des adultes… pour peu que l’on puisse considérer que tu n’en crèves pas le plafond.

- Ce n’est pas problématique, ne vous inquiétez pas. tu t’adresses à la demoiselle en des mots qui se veulent apaisants, dans une diction plus mesurée qu’à ton habitude, faute de confort avec la langue Au contraire, il faut qu’il soit impressionné ! Sans ça je fais des efforts inutiles. Tu t’étires un peu, comme pour rappeler l’effort tout juste fourni, avant de t’accroupir à nouveau pour t’adresser à l’enfant Je peux te soulever aussi, et même avec un seul bras ! Mais il faut que maman soit d’accord.

Tu lèves les yeux vers la fameuse maman, et c’est loin de totalement être un jeu d’acteur que tu lui offres. Certes, ton aisance avec les humains n’est que façade, mais ton affection pour les enfants est réelle. Il en a toujours été ainsi, et elle l’est d’autant plus aujourd’hui que d’enfant, tu en as une de ton sang qui t’attend chez toi.

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeJeu 23 Mai 2019 - 2:32


"Tu dois bien avoir des bons plans quand même !
- Pas d'ceux qu'acceptes, tu t'rappelles.
- Et tu sais bien pourquoi, arrêtes de m'courir là d'sus. Mais tu vas pas m'dire qu't'as rien entendu d'autres ?
- Ceux qu'ont les poches pleines s'les remplissent encore plus, même avec ces salauds d'drows à Sol'Dorn, ceux qui crèvent la dalle creusent leur tombe d'avance... Qu'est-ce que tu crois ?
- Nah, tu t'les gardes pour toi les bonnes affaires ?
- T'en veux pas !
- Y en a bien d'autres quand même ?"


Tout en se faufilant parmi les riches badauds, le gus la foudroya la demi-sang du regard. La Grise avait bien conscience de se répéter, mais elle n'y croyait pas : lui qui laissait ses oreilles trainer partout, il n'aurait eu vent que 'occasions juteuses mais malhonnêtes ? Enfin, il ferait bien d'agrandir ses esgourdes ! Ton choix, pas le sien... Chose pas toujours évidente à assumer quand les ennéades s'enchaînaient sans que la demi-drow ne trouve contrat à plume, s'attardant plus que ce que ses oreilles n'appréciaient chez sa génitrice. En un sens, la Grise harcelait ce pauvre voleur avec la même ténacité que sa mère lui serinait que le meilleur qui pourrait lui arriver serait de trouver un riche jules. Situation stable, mon cul ! J'le garde pour moi, merci bien ! En attendant elle enquiquinait entre deux pintes - payé avec quelques rares deniers récoltés maigrement de ci de là - ses contacts, quand elle ne leur collait pas aux basques à découvert, les empêchant d’œuvrer en toute discrétion par sa simple présence. Le voleur, habilement déguisé en badaud aisé - tant que l'on ne regardait pas de trop près les coutures -, stoppa brusquement, manquant se faire percuter par la Grise, vers qui il se pencha pour dire à voix basse :

"Tsss, gaffe ! Tu l'as vu celle-la ?
- Je - Hein ? De qui tu causes ?
- Pas qui, quoi. Tu perds l'oeil, hé ? La bourge, tu l'as pas entendu ?"


Relevant le nez, la demi-drow découvrit un attroupement se dispersant quelques peu, au sein duquel se trouvait un géant qui manqua retenir son attention, sauf qu'il était question d'une bourge, qu'elle situa, s'éloignant avec ses hommes.

"Heu, tu te sens plus, ou bien ?
- Pas elle, lui !
- T'es pas clair des fois...
- Et toi t'es pas une lumière...
- Alors ton sens du compliment, tu te le mets...!
- Bon, t'as vu ou pas ? La bourse !"


La Grise put donc observer de nouveau le grand gaillard... Et l'objet en question, qu'il accrochait précautionneusement à sa ceinture. Une bourse, et les autres devaient être... La demi-drow gloussa, devant l'ampleur du défi.

"A croire qu'il t'a grillé avant même qu't'y penses !"

Son amusement fut reçu par un regard glacial... Qui se teinta d'une ombre de prédation du plus bel effet. Au détail près que dans la situation précise, la demi-drow n'aimait pas ce qu'elle devinait.

"T'm'as bien fait chié tout c'temps. L'moindre des choses s'rait donner un coup d'main à un vieil ami, t'penses pas ?
- Je ne fais plus dans la four-
- Et moi dans l'contrat juteux et sans risques donné par les Dieux. Une distraction, tu m'dois bien ça ?
- Je...
- T'auras ta part, t'en fait donc pas !"


Avec fort naturel, le chenapan éclata de rire, avant de la saluer galamment, telle une bonne amie dont il devait malheureusement se séparer, non sans un clin d'oeil aussi amical que complice... Dans le sens agaçant du terme. La Grise roula des yeux avec autant de spontanéité, partagée. Oui, elle avait renoncé il y a bien longtemps à toute affaire qui manquerait de lui valoir la potence ou, plus expéditivement, une ou deux mains coupées. Mais sa bourse était si vide... ! Dur dur d'être honnête quand l'travail vient à manquer. Tout en s'approchant de l'heureux détenteur de la bourse, la demi-drow fut incapable de déterminer ce qu'elle comptait faire : lui dire qu'il n'était pas recommandé d'afficher ainsi sa bonne fortune, subtilement ? Dénoncer était hors de question, quant à jouer le jeu... Mauvaise idée, bordel. Mais l'appât du gain était affreusement tentant. Peut-être n'aurait-elle rien à faire... Si le reste du public retenait suffisamment son attention... Entendant le sieur muscles saillants, la Grise sourit : le gars n'aurait jamais l'occaz' si l'autre faisait son numéro ! Tant d'yeux rivés sur lui, ce n'était pas une bonne idée pour lui couper la cordelette ! Voilà qui la détendit.

S'avançant, la demi-drow atteignit bientôt le géant et ses deux interlocuteurs. Bigre, un sacré morceau ! Pourtant... De mémoire, la Grise avait surtout retenu des elfes croisés sur la route - Qu'est-ce qu'il devient, l'Ae Galad, tient ? - une certaine finesse, tout de même. Lui... L'aurait du sang drow que'que part, pour avoir c'te carrure ? -. C'en était passionnant à observer et un brin malaisant. Enfin, le gus semblait bien content de lui. Se fondant - presque - correctement parmi les badauds, avec sa chemise entrebâillée et propre et son pantalon et sa lame aux cotes - Tu n'convaincras personne qu't'es une damoiselle, pour sûr -, la Grise aux allures de mercenaire paumée chez la haute arbora un sourire goguenard à la bourge dont le marmot appréciait visiblement l'outrageuse masse musculaire devant lui.

"Moi j'dis, vu la démonstration, l'soul'ver lui c'pas dur. fit-elle sur le ton de la conversation et de la surenchère. Par contre, est-ce que le p'tiot pourrait se tenir debout sur ses paumes levées, hmmm ? Elle laissa traîner la proposition, juste le temps, peut-être, d'inquiéter la mère, avant de pouffer. Enfin, ce s'rait bien beau mais faudrait pas qu'y s'fasse mal le p'tit ! Boh, des pompes avec du monde sur le dos, p't'être ?"
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Caley Aldaron
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeVen 24 Mai 2019 - 18:23

L’elfe n’était peut-être pas très à l’aise avec la langue, mais il savait comment faire briller les yeux d’un enfant. Lorsqu’il lui offrit de le soulever d’un seul bras, Vahram se retourna vers sa mère le regard implorant. Elle le voyait rarement aussi radieux.

« S’il te plait ! »


Caley pencha la tête de côté, cachant avec peine son amusement.

« En fait, tu te souviens de tes bonnes manières seulement lorsque cela t’arrange, n’est-ce pas ? Bon… »

Comme tous les enfants rendus à un certain âge. Vahram n’était pas différent des autres. Elle était un peu inquiète quand même de laisser son fils comme ça dans les bras d’un inconnu. L’elfe était très grand pour ne pas dire gigantesque, mais aucune menace n’émanait de lui. Un géant paisible. Cela dit, elle ne doutait pas un seul instant que s’il se fâchait, il pouvait faire tonner sa voix à des lieux à la ronde et avec ses bras puissants, réduire en miettes les os fragiles d’un enfant. Elle regardait toujours Vahram lorsqu’ils furent rejoints par deux autres curieux avec un parler des gens du commun. Caley ramena par réflex son fils contre elle. Non, elle n’allait pas laisser son fils se tenir debout dans les mains de cet elfe aussi gentil qu’il puisse être. Caley était prête à accepter, mais la situation venait de changer. Elle allait décevoir son fils, elle le savait.

« Je crois que nous ferions mieux d’y aller, Vahram. »

« Non, maman ! »

Comme prévu, l’enfant se renfrogna. Il allait surement faire la tête pour le reste de la journée, mais Caley lui trouvera peut-être une douceur au marché qui lui rendrait le sourire.

« Désolée. »

Caley n’était clairement pas confortable, mais ce n’était pas l’elfe le problème. Elle lui adressa un sourire contrit et poussa doucement son fils dans le dos pour s’éloigner.
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeVen 24 Mai 2019 - 23:02


Tu t’amuses de l’impatience de l’enfant, de son regard pétillant, partagé entre le géant de contes de fées que tu représentais à ses yeux, et sa mère, détentrices des clefs de ce monde de fantaisie. Les désirs simples du jeune âge, cette capacité à s’exciter de peu de choses, apanage de ceux qui en ont pour l’instant peu vu, c’est probablement là ta plus grande faiblesse. Et la méfiance de la mère – saine méfiance – alors qu’elle t’inspecte du coin de l’œil, débattant avec elle-même de si le risque en valait la chandelle, n’était pas sans te rappeler le comportement que tu adoptais avec ton cousin Uirphen. C’étaient d’autres conditions dans ton cas. Les intrigants étrangers n’existaient pas au sein des Cités d’Anaëh. Avec Uirphen, c’est lorsque venaient ses interminables salves de questions que s’imposait ce genre de réflexions. Il faut dire que parfois, la vérité est comme un géant inconnu ; avec le pouvoir de porter aux nues celui qui l’entend comme celui de l’écraser.

Et bientôt il faudrait que Kaëlistravaë et toi preniez ces décisions pour Elorëa…

Au risque de faire, comme la mère du garçon, le choix de l’exagérée méfiance. Du moins, en apparence. Elle refuse. L’enfant se plaint. Sa mine boudeuse t’arrache un petit bout de cœur. Parce que tu te sais – si loin d’être inoffensif – innocent. Le regard de la mère dit tout, les œillades laissées dans le sillage de son départ racontent bien plus que sa simple décision. L’enfant n’est pas fautif. Tu n’es pas fautif. Ils sont fautifs.

- C’est votre décision. Je la respecte. tu te relèves, et fait contact visuel avec l’enfant presque traîné vers l’arrière Et toi aussi tu dois, petit. ton regard se teinte d’une pointe de mélancolie, et tu souffles à voix basse, en elfique, pour toi plus que pour lui Elle le fait parce qu’elle t’aime.

Forte de quelques minutes de repos, ta posture retrouve de sa superbe. Ton buste se redresse, ta poitrine s’ouvre, tes jambes légèrement arquées reprennent plein équilibre et tes mains trouvent leur place sur tes hanches. Une lourde respiration sépare le départ des deux premiers du moment où ton attention fut complètement offerte aux deux derniers. Le peu de connaissance que tu as du terrain que tu arpentes est ce qui te permet de ne pas instantanément faire une ennemie de celle que sa peau grisonnante trahit comme portant le mauvais sang. Tes siècles de mauvaises expériences par contre t’autorisent une empathie plutôt facile avec celle qui s’en était allée.

- Avec aussi peu de personnes, ce ne serait pas un grand exploit.

Ce dernier défi est en réalité la seule chose que tu aies distinctement comprise de l’intervention de la demoiselle grisonnante. L’oliyan propre, tu as peut-être du mal à y trouver tes mots, mais tu n’as aucun effort à fournir pour le comprendre. Les formes plus familières par contre… déjà que la langue sur laquelle tu as été enseigné emprunte pas mal de formes au Nisétien…

- Et en vérité je crois que je ne suis plus d’humeur.

Peut-être était-ce les circonstances dans lesquelles le petit avait dû s’en aller ; ou alors l’idée d’amuser quelqu’un portant un mélange des deux pires sangs ; ou encore l’inconsciente réalisation que la réaction de la mère les plaçait en tant qu’étrangers au quartier. Tu ne tenais juste pas particulièrement à faire plaisir à ces deux là.

- Je suis désolé.

Et là-dessus tu te détournes, t’apprêtant à prendre congé.

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 11:09


La Grise réalisa sa bourde un peu tardivement, alors que l'humaine et son rejeton préféraient prendre la poudre d'escampette, l'attitude soudainement bien réservée de la mère en disant long pour la fille de peu qu'était la demi-drow. Si elle gloussa devant l'attitude de mère poule craintive sentant un renard, ce ne fut semble-t-il pas le cas pour son associé, chez qui une tenson subtile se mêlant à sa façade joviale. Qu'est-ce qu'j'ai dit... ? Aaaaah ! Comment qu'j'l'ai-je dis. Autant pour moi. Leur couverture s'éloignant donc rapidement, ne restait que le grand elfe... Dont le changement de discours fut aussi clair que le départ de l'humaine, ce qui acheva de faire se marrer la demi-drow. Non, son compère avait décidément été trop optimiste, en plus de sous-estimer l'effet de la Grise sur les 'premières impressions'.

Ah, ce p'tit vent frais quand l'gus regarde l'môme gentiment, puis est brusquement aussi avenant qu'une pierre en m'voyant. s'amusa la demi drow en regardant monsieur muscles ne plus chercher la moindre occasion de faire une démonstration. Dépité, le gars à son côté salua l'artiste sans rien montrer de sa déconvenue, pour mieux repartir - sans doute à la recherche d'autres opportunités matinales -... Mais la demi-drow, elle, demeura là, à regarder le grand gaillard, l'ombre d'un sourire sur son faciès couleur de cendres, aux prises avec cette simple question : J'laisse passer ou j'lui en colle une ? Bon, la dernière option était tout particulièrement mauvaise, le gus semblant capable de la lui rendre avec l'aisance du lion face au lionceau, vu l'attirail arrimé à sa charpente.

"C'vrai qu'fait frais d'bon matin, c'rait bête d'attraper froid 'près tant d'efforts. badina la demi-drow tout en faisant un pas pour ne pas se faire distancer trop vite. Oh, et il était connu que les elfes - si c'en était bien un pur sang - n'était pas trop embêtés par la question, mais bon... Dites-voir, z'auriez l'temps pour causer un brin alors ? Des artistes il en passe à la pelle à Thaar, mais des comme vous, j'me rappelle pas en avoir vu. Elle fit un autre pas encore. Comment qu'vous en êtes arrivés là, qu'j'me demande, c'genre de chose... La vie c'est fait d'chemins, et j'me demande toujours ceux qu'les gens ont empruntés. On peut être surpris des fois."

L'astuce, c'est d'pas s'fixer sur toutes les p'tites piques qu'j'pourrais lancer. Derrière son apparente bonhomie, la Grise gardait gentiment de côté les vieilles questions habituelles : quoi, un problème avec l'fait que j'sois né dans la tourbe ? Quoi, t'aime pas ma gueule grise ? Quoi, ça t'dérange que j'respire le même air qu'toi ? Laisse-moi donc approcher et tu verras, c'lui qu'j'expire sent pas plus l'souffre que l'tien ! Mais ce genre de choses ne se lançaient pas comme ça, à moins d'avoir de toute façon décidé que la journée serait désagréable - ça l'était souvent avec un œil au beurre noir et une côté fêlée -. Alors, la demi-sang contournait, préférant s'interroger plutôt que sauter à la gorge de la personne. Enfin, cela dépendait des jours. Aujourd'hui, visiblement, elle était davantage d'humeur conciliante...
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 18:14


Curieux. Les gens d’ici étaient curieux à défaut d’un autre mot. Ils étaient curieux, ils étaient indiscrets, et ils l’étaient de manière tout à fait éhontée… ou alors n’étais-ce qu’elle ? Parfois, poursuivre un elfe ayant coupé court à une interaction était chose louable. D’autres fois c’était simplement se montrer aussi collant que certains des enfants gâtés auxquels les professeurs des petites classes doivent apprendre à rester à leur place. Pour cette fois, tu avais définitivement plus la sensation d’être suivi par l’un de ces jeunes enfants désagréables que par quelqu’un avec qui tu avais une raison valable de continuer à parler.

Pour peu que l’on puisse appeler la soupe de syllabes traversant les lèvres de la sang-mêlé parler.

C’était probablement là la chose la plus insupportable : l’insistance avec laquelle elle te douchait sous des demi-syllabes qu’il fallait beaucoup trop de temps à ta pensée pour recoller. Si seulement tu étais un brin moins patient, tu n’aurais pas fait le moindre effort, elle serait devenue une mouche à viande vrombissant près de ton oreille… et elle aurait tout aussi agaçante.

- Ma troupe a été invitée à se représenter ici par la Princesse-Marchande des Arts, et nous nous sommes dit que ce serait une occasion de connaître de nouvelles influences. tu réponds après un inconfortable délai avant de stopper la marche et d’ajouter Quitte à parler, peut-on au moins utiliser des mots en entier ?

Les gens d’ici sont curieux, indiscrets et ils le sont en toute impunité, mais lorsque des adultes sont curieux, ils le sont rarement sans motif ultérieur. Elle, la demi-drow, quel était le sien ? Parce que tu doutes fortement que son soudain intérêt pour tes origines vienne d’une envie totalement désintéressée de mieux te connaître. Pour ce que tu as pu en comprendre, des connaissances avec qui partager quelques discussions sur tout et sur rien elle en a déjà, et eut-elle eu l’air d’une grande solitaire en mal de compagnie que cela n’aurait rien changé. Tu connais trop bien les humains pour mordre à l’hameçon. Tu connais trop bien les drows pour mordre à l’hameçon. Alors pourquoi est-ce que tu te laisserais prendre aux filets de l’enfant de deux pêcheurs ? Ton sourcil gauche se soulève et tes bras se croisent sous ta poitrine.

- Et ne faites pas semblant. tu fais un pas vers elle Qu’est-ce que vous voulez ?

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeDim 26 Mai 2019 - 19:07


Oups ! Si la demi-drow ne se précipita pas en arrière quand le grand elfe s'avança, ses pieds n'en manquèrent pas moins de faire un raté, face à l'être d'une tête et demi plus grand et bien deux voire trois fois plus épais qu'elle. Quelque peu intimidant, mais elle avait la tête ailleurs. C'est que la réflexion de l'elfe l'amusait : 'des mots entiers', ha ! Il ne devait côtoyer que des gens de la haute pour dire ça. Et... Pour des artistes, c'était surprenant. N'avaient-ils jamais fait de représentation pour les petites gens avant de côtoyer la Princesse Marchande...? Elfe jusqu'à quel point ? se demanda soudainement la Grise. Non sans un sourire en coin face à ce possible aveu de faiblesse, elle fit mine de répondre avec facéties... Avant de se rembrunir. Le géant demandait un peu d'honnêteté. Est-ce que tu le mérites, tas de muscles ? Une main sur sa hanche non armée, la demi-drow observa un temps l'artiste avec une moue de réflexion, avant de la conclure d'un claquement de langue.

"C'que j'veux c'est qu'les gens m'crachent plus d'sus rien qu'parce qu'j'ai la gueule qu'j'ai. Mais j'crois qu'c'est trop d'mander. Pardon, des mots entiers. La demi-drow poursuivie avec un demi-sourire, prenant soin d'être plus compréhensible pour ce gaillard parlant si distinctement. Disons que voir des gens se détourner rien qu'en me voyant n'est jamais très agréable. Alors, je leur pose des questions, je réponds aux leurs, quand ils veulent bien... C'est plus intéressant que s'arrêter à 'beurk, c'est une demi-drow !' et 'merde, un sale con !', non ?"

Bien, elle avait résisté à l'envie de donner des coups, par contre la pseudo insulte lui avait échappée. Avec un soupir contrit, la Grise fit presque aussitôt une révérence enthousiaste, quoiqu'un peu trop appuyée et manquant de la subtilité de ceux qui la pratiquent pendant des décennies, en ayant quelque respect pour ce genre de geste. Pour elle, ce n'était qu'un jeu, qui lui avait été enseignée. Cela avait désespéré comme amusé sa mentor, en son temps, que son élève fasse un peu n'importe quoi. Cela ne n'avait pas empêché cette dernière d'apprendre. Un peu. Elle se redressa prestement, envoyant voler sa crinière hirsute. Une mèche vint lui grattouiller le nez, qu'elle renvoya derrière son oreille d'une main énergique, levant la tête vers le Soleil naissant, et la tête haut perchée du gars.

"La Grise, pour vous tenir la jambe ! Enchantée. fit-elle avec un grand sourire, comme essayant de repartir sur de meilleures bases. Enfin, nombreux m'appellent la Grise, étrangement, mais ici c'est plutôt Mleshka. Je suis née dans cette merveilleuse ville, et j'espère bien ne pas y mourir ! L'ironie fut accompagnée d'un clin d'oeil. Et vous ? Vous sortez souvent de l'Anaëh sur demande ? Son sourire disparu brusquement au profit d'un air presque... Choqué. Ah, mais c'est pour ça que vous..."

Sa nouvelle approche perdit quelque peu de sa superbe alors que la Grise pouffait en supposant que le ressenti de l'elfe était pire que ce qu'elle avait pensé de prime abord. Un elfe d'Anaëh, rien que cela !
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeLun 27 Mai 2019 - 1:31


Un sourire à mi-chemin entre l’agacement et le soulagement redessine ton faciès. Des mots entiers oui. La sang-mêlé reprends, ton sourire disparaît, et ton sourcil gauche cherche à faire de même. Elle marquait un point, la demi-drow. Un point qu’elle finirait immanquablement par détruire elle-même, mais un point tout de même. Personne ne peut choisir ni où ni quand ni de qui il naît. Grâce à Elenwë malgré tout, tous, dans une certaine mesure, pouvaient choisir qui ils seraient. En particulier dans un environnement aussi culturellement divers que les Principautés Vaanies. Au moins si elle avait choisi de s’inspirer d’une parmi le florilège de philosophies perverses ayant cours à Thaar elle n’obéissait pas à la doctrine destructrice qu’était celle du Puy. Ce n’était pas bien, mais c’était moins mauvais.

- Je l’accorde.

Tu ne fais pas cas de l’insulte, tu t’amuses plutôt de la révérence malhabile d’une interlocutrice à laquelle tu n’avais rien demandé. À cela tu rends le salut de chez toi. Le poing posé sur le cœur, l’autre main ouverte dans le bas de ton dos, tu penches la tête en avant dans un geste d’une rigueur militaire. Son regard cherche le tien, ton regard accroche le sien, et nonchalamment elle relance les présentations. Sous – avec un peu d’espoir – de meilleurs hospices.

- …Oui, c’est un peu difficile d’entre sympathique avec un produit des deux peuples qui ont mis à feu et à sang le vôtre. tu laisses échapper un rire teinté d'un doux sarcasme Noruì. Désolé j’ai été vexant. tu prends un pas de recul, rendant un peu de son espace vital à Mleshka Être loin de la forêt est encore assez nouveau pour moi.

Tu soupires, fatigué de rester immobile plus qu’autre chose, et de la pointe du nez, tu invites ton interlocutrice à te suivre avant de relancer la marche. Les tous premiers pas sont silencieux, de ton côté assez contemplatifs. De la Cité se déployant sous vos yeux, autant à travers le faste des Soieries que vous arpentiez que la cohue naissante des quartiers populaires à l’horizon. Du ciel matinal d’été te paraissant pour une quelconque raison tellement différent de celui que tu voyais depuis l’Anaëh. De la démarche de ta camarade de route, à la masculinité légèrement grossière et toute humaine. Et de ta propre personne, magnifiée avec plus d’attention que tu ne le pensais par Galamdir.
Il aura fallu que les premiers rayons du soleil prennent en force – et que vous croisiez les miroirs qui servaient de décoration au portail de la demeure d’un original – pour que tu te rendes compte de la manière dont les soins avaient ravivé les légers dorés de ta peau, et que les huiles, même longtemps après avoir été absorbées, lui avaient laissé une agréable luisance. Nul besoin de préciser que ta démarche naturellement chaloupée, quelque peu contenue depuis l’expérience de tes premières heures à Thaar, aura trouvé dans cette constatation prétexte à se désinhiber.

- C’est la première fois que nous quittons l’Anaëh. t’être autorisé à rouler à nouveau les mécaniques semble t’avoir détendu Ce séjour est voulu comme quelque chose d’exceptionnel. Je doute que cela se reproduise un jour. ton regard se pose un instant sur le lointain Surtout si Thaar est aussi mauvaise qu’elle en a l’air.

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeJeu 30 Mai 2019 - 13:28


Non content de ne pas se vexé, le voilà qui s'excuse ? He beh ! Là où il faisait un pas de géant, ce gaillard tout huilé et doré, la demi-drow avait l'impression d'en faire un et demi, ce qu'elle faisait... Avec une bonne humeur manifeste, telle une enfant sautillante à côté de son paternel, ravie qu'il ait accepté de discuter, tout en s'amusant des regards des rares badauds de sortie à cette heure matinale, tandis qu'ils marchaient sans but précis, au coeur des jolies ruelles des Soieries. Un lieu d'imposture pour la Grise, qui se gaussait d'autant plus de se trouver là.

"Mauvaise ? s'amusa la Grise. Comment pouvez-vous juger ainsi une ville, si vous ne voyez que les beaux quartiers, si vous ne vivez pas la vie des habitants des bas-fonds ? Il y en a pour vous estourbir et vous dérober, d'autres vous tendrons la main pour vous relever... Et encore, si vous leur êtes étrangé... Commença la demi-drow, avant de se dire que c'était tout de même vain de descendre une ville face à un elfe des bois... Et puis, quel intérêt ? Après, je ne sais pas à quoi ressemble votre chez-vous. Tout y est-il beau, tout y est-il chantant ? La misère y est-elle mieux cachée qu'ici ? Ou, en plus d'être immortels, les elfes méconnaissent-ils la laideur d'une vie naufragée ?"

Les mots lui venant aisément, souvenir d'une époque tout autre où elle avait goûté le confort et la stabilité... Pour retrouver bien vite le chaos des rues et de l'insécurité, sans qu'elle l'ait souhaité. Ainsi avait été son existence depuis, et elle ne s'en portait pas trop mal. A présent, elle goûtait le plaisir de marcher aux côtés d'un elfe peinturluré de dorures, comme les aime les bien dotés - plus cela brille, mieux sait, bien sûr, qu'il s'agisse d'objets comme de personnes -, elle, une moins que rien, admirant les belles ruelles, comme si les plus tristes n'étaient qu'un mauvais rêve... Où vivait pourtant bien du monde. Avec un sourire dédié aux plaisirs qu'elle tirait de la situation, la Grise pris un peu d'avance, avant de se retourner, avançant en marche arrirèe pour mieux regarder la gueule du grand elfe.

"Je m'emporte un peu, désolée Noruì. fit-elle avec un faux sérieux. Cependant, je me demande... Si vous tenez les comptes de tous ce que les humains et les daedhels vous ont fait... Cela fait beaucoup non ? Pourquoi donc venir faire une représentation ici, entourés d'être que vous exécrez ? Ou n'êtes vous venus que pour confirmer ce que sait votre peuple depuis des cycles, et retourner chez vous après avoir seulement ouvert une fenêtre de Thaar, et dire ce qu'il en est ?"

L'autre voleur était bien loin, il n'était plus question que de discussion, et la demi-drow se sentait d'humeur bien légère, telle une enfant lui posant toutes les questions lui passant par la tête. Enfin, légère... Etait-c vraiment de la légèreté, ou une forme d'agacement devant ce saltimbanque aussi sympathique que l'un de ces bien-nés aux poches garnies ? Oh, elle en cotoyait et en croisait à foison et, tant qu'ils ne s'épanchaient pas en jugements, tout se passait bien. Par contre, dès qu'ils crachaient sur son petit monde, de crasse, de sales coups et d'entraides maladroites, c'était une autre affaire. Mais non, elle paraissait seulement amusée, la Grise, observant d'un oeil brillant le grand elfe, et ce qu'il aurait à dire.
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeJeu 30 Mai 2019 - 14:19


L’attitude énergique de la sang-mêlée, en opposition totale avec les sujets finalement plutôt graves qu’elle abordait t’arracha un sourire désabusé. C’est ainsi. Tu ne peux pas lui en vouloir. Où que l’on naisse, l’or dans la bouche ou le visage dans la fange, il est difficile de ne pas s’attacher aux terres de notre petite enfance. Il en est forcément de même pour les Thaaris, qui nés dans cet univers de coupe-gorges, de mensonges et d’exploitation sont certainement pour la majorité incapables d’imaginer une autre manière de vivre. Tu soupires. Pour autant que vous ayez connu de nombreux sinistres événements, vous les enfants de La Mère étiez bien chanceux ; parce que vos vies n’étaient pas de sinistres événements en elles-mêmes.

- Nous ne détestons pas les humains. Et au final, les daedhels non plus. tu baisses la tête un court instant, avant de reprendre Ce que je vais dire ne va probablement pas plus vous plaire mais… tes yeux trouvent les siens, ton visage dénue de la moindre agressivité nous avons pitié d’eux. Les Drows parce qu’au final, ce sont juste des malades qui ne guériront pas. Les Hommes parce que faute de vivre assez longtemps, ils sont incapables de profiter de leurs propres talents. tu tends la main vers les opulentes bâtisses qui vous entourent Il suffit de regarder sur tout ça pour s’en rendre compte. Il y a trop d’humains à Thaar pour qu’aucun humain ne sache réaliser ça tu tends la main en direction de demeures des bas-quartiers, visibles à ton œil, probablement pas au ssien et malgré tout des familles entières d’humains vivent dans ça..

Un sourire mélancolique se dessine sur tes lèvres alors que tes yeux se perdent sur les derniers manoirs des Soieries, et que tes jambes traversent la frontière entre les beaux quartiers, et les lieux populaires. Là où la misère n’a peut-être pas encore pleinement lieu, mais où la cruauté est à son apogée.

- C’est peut-être triste à entendre, mais c’est vrai. Thaar est mauvaise. tu détournes péniblement ton regard d’une femme tenant en laisse ses deux nouveaux esclaves Il n’y a pas de respect pour la vie ici. Juste des gens qui font tout pour rendre la leur plus agréable… et qui rendent la vie de tous les autres plus misérable en même temps. tu fronces les sourcils En Anaëh aussi nous avons nos combats, tes poings se serrent mais nous n’avons pas la misère. Le monde est bien trop riche pour ça.

Tu soupires, te retenant de succomber à l’appel à l’aide d’une bête captive, et cherchant à détendre un dos et des bras qui commençaient à se crisper. Et puis tu souris, du sourire de celui qui préfère profiter de ce qu’il peut, résigné devant l’ampleur d’une tâche qui n’est pas censée être la sienne.

- Ma troupe et moi, nous savions que Thaar était dure, mais nous ne savions pas qu’elle était aussi dure. Les artistes aiment rêver. On s’est dit qu’on pourrait apporter quelque chose de bon, et profiter de ce qui est bon ici. On a vite déchanté. tu ris Mais nous avons promis, alors si on peut faire oublier leur misère à quelques personnes pour une ou deux soirées… ce sera déjà ça.

Mensonges sur fond de vérité. C'est là votre souhait, pas votre mission. Un monde entier à l'image du vôtre, n'ayant plus s'il on oublie les agresseurs venus d'ailleurs à se soucier que de quelques différends qui s'ils vous paraissaient une montagne, ne représentaient que peu face à la misère régnant ici. Un monde entier à l'image du vôtre, où le respect pour la vie et le respect des libertés s'harmoniseraient pour créer un équilibre aussi proche que possible de la perfection. Un monde à l'image de ce qu'avait souhaité La Prime Déesse, c'est tout ce que vous désiriez... mais ce monde, vous n'avez pas le pouvoir de le créer. Ce monde ni les Hommes ni les Drows n'en veulent. Alors vous les Elfes avez depuis longtemps arrêté de rêver ces races faisant partie de ce monde. C'est pourquoi en réalité tu n'es pas ici pour donner, mais pour prendre. Pour prendre autant que tu peux, afin de tenir les tiens à l'abri. Parce que t'évertuer à donner à ceux qui ne veulent pas de ton présent, ce serait te saigner jusqu'à la mort en vain.

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeJeu 30 Mai 2019 - 18:46


Ouai, c'est bien c'que j'dis. Vous jetez un coup d'oeil, et puisque c'est tel qu'on vous l'a décris, vous n'cherchez pas plus loin. La demi-drow repoussa cette triste constatation d'un mouvement d'épaules, tout en reprenant place auprès du grand elfe. Pénétrer dans les quartiers moins dorés la mettait à nouveau aux aguets. Guère de tension, simplement, ses oreilles cherchaient davantage des bruits atypiques, ses yeux, les silhouettes qui pouvaient approcher ou les guetter... Discrète dans son attention, tout en avançant toujours d'un bon pas, presque léger, près de Noruì.

"C'est amusant, pour des immortels, vous croyiez pouvoir changer les choses par votre simple présence, en quelques soirées... C'est ça ? Elle haussa les épaules. Y en a une qui s'est mêlée de mon éducation, d'elfe. Cela lui a pris quelques années, pour que je parle autrement qu'avec des demi-mots la Grise eut un sourire amusé et d'autres choses. Et elle s'occupait que de moi. C'est pas avec des spectacles que vous referez le monde. A Thaar, y a bien que les Princes Marchands pour faire de grands remue-ménages, quand l'envie leur prend. Ha ! Une moue songeuse accompagna sa réflexion. Je me rappelle qu'elle avait du mal, elle aussi. Mais elle s'y était faite, plus ou moins. En fait elle préférait ne pas côtoyer grand monde. Mais elle m'avait expliquée... Votre respect de la vie, c'est ce que vous enseignent vos dieux, non ?"

Toutes ses tentatives de comprendre ce que lui racontait sa mentor... Ce n'était pas bien clair, pour une enfant des rues. Ce qui lui était conté était fort joli, mais impossible dans Thaar même, du moins pas la ville entière, seulement auprès de certains individus, à petite échelle. Voilà qui était une bonne piste. Aux yeux d'elfes dont leurs dieux même leur commandaient comment vivre, la cité des Prime Marchands devait faire l'effet d'un sacré chaos car ici, nul dieu ne se faisait davantage entendre qu'un autre, selon les individus. Si riche. Si confuse.

"Vous ne révérez qu'un seul culte, là où ici ils sont nombreux. Tant de visions différentes... Vous n'y comprenez pas grand chose pas vrai ? C'est juste un joyeux bazar ? De là à dire que c'est mauvais... Vous avez un avis bien prétentieux, je trouve. Peut-être allait-elle trop loin, mais pour l'instant, ils s'étaient tous deux permis quelques irrespects. Mais c'est vrai qu'elle m'avait dit que votre déesse de la liberté était mal vue... Il est certain que Thaar ne peut que vous déplaire. Pourtant, si vous cessiez de la voir avec vos seuls yeux d'elfes, peut-être en irait-il autrement... Mais autant vous demandez de devenir aveugle. Oubliez. Je serais curieuse de voir à quoi ressemble vos villes, alors, si elles sont si différentes de celle-ci. Quoique, je ne crois pas que l'on me laisserait entrer. D'ailleurs, vous n'aimez pas le fait de pouvoir côtoyer des gens si différents, de toutes les races, ici ? Ce que vous enseignent vos dieux ne vous font voir que des défauts là où leur parole ne prévaut pas ?" s'amusa-t-elle, taquine.

Peu à peu, la ville s'éveille, ses habitants se faisant plus nombreux, répétant des gestes, toujours les mêmes, pourtant si riches et variées, semblables et différents d'une journée à l'autre. Là, la demi-drow voit un étal où elle pourrait presque acheter une pomme - si elle avait chipé la bourse la narguant depuis la hanche de son compagnon de marche -; là, un drow bien vêtu conversait avec énergie avec un nain; là, une donzelle contemplait depuis sa fenêtre l'étrange vision matinale de l'elfe musculeux. La Grise lui fit une grimace, bien contente de la voir perdre son air rêveur en réalisant que quelqu'un l'aait vu ainsi.
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeJeu 30 Mai 2019 - 20:37


- Parce que ça

Avec un semblant de nonchalance, soucieux de ne pas attirer l’attention, tu tends la paume de la main d’abord vers un animal que l’on fouettait pour qu’il acceptât de passer d’une cage à une autre ; sur un groupe de mendiants, priant un marchand de légumes de leur offrir de quoi se sustenter ; sur des esclaves, subissant le regard de leur maître dans leur dos comme s’il s’était agi d’un fer rouge ; sur des espèces sonnantes et trébuchantes que l’on demandait, donnait, échangeait, dérobait, perdait et pleurait.

- …n’est pas mauvais à vos yeux ? tu retiens difficilement un rire jaune Ce n’est pas le chaos qui me dérange. À vrai dire, le chaos d’ici me plaît. Les avis qui s’opposent, c’est comme ça qu’on avance après tout. cependant… Mais je doute que l’on puisse raisonnablement excuser la manière dont les gens et les animaux sont traités ici, tout ça dans l’adoration du seul dieu commun à tous vos cultes.

L’argent. L’argent est le dieu de Thaar. Cette possession qui ne veut rien dire. Cette richesse que l’on a arbitrairement élue richesse, et utilisée pour soumettre à l’esclavage même des gens que l’on n’appelle pas esclaves.

- Si vous voulez savoir, je n’ai rien contre l’idée de côtoyer d’autres races. J’ai eu beau ne pas le vivre, je regrette le temps où le peuple du Zagazorn et le mien étaient amis, et même si je n’y ai jamais cru, j’aurais aimé qu’un succès de nos alliances avec les hommes me fassent mentir. Mais au final ils ont fait encore pire que ce que j’attendais. un sourcil levé tu rapproches légèrement ton visage de celui de Mleshka Et si Elenwë –notre déesse de la liberté – est mal vue, ce n’est pas parce qu’elle offre la liberté. Nous célébrons tous les jours la liberté qu’elle nous a donné. C’est parce qu’elle a été orgueilleuse, qu’elle a voulu faire plus qu’elle ne pouvait, essayé de créer la vie alors que là n’était ni son rôle ni son pouvoir, qu’elle a bien sûr échoué, et que sa création est devenu le Second plus grand Fléau ayant frappé la Prime Œuvre. ton regard s’écarte de ton interlocutrice pour redevenir alerte, raison de plus de considérer cet endroit comme mauvais En réalité nos dieux ne demandent pas grand-chose de nous. Faire usage de notre liberté de Choix pour grandir en tant que peuple et chercher notre bonheur… mais dans le respect de la vie. Donc en prenant toujours garde de ne pas détruire. le coin gauche de tes lèvres se soulève Vous comprenez en quoi c’est facile d’appeler mauvais un endroit où leur parole « ne prévaut pas » !

La folie des lieux s’éteint quelques peu au fur et à mesure de votre marche. Les cris d’animaux cessent. Le brouhaha des serviteurs, des marchands et des forgerons laisse place à un relatif silence, seulement animé par des discussions relatant de tout et de rien entre modestes habitants de ce coin résidentiel des quartiers populaires.

- On a tous conscience que même des siècles de fables en musique ne vont pas changer Thaar. On est juste des artistes trop imbéciles pour ne pas rêver l’impossible. Honnêtement tu pointes du nez ce qui semble être un heureux couple jouant à poursuivre leurs enfants devant leur maison ce serait mieux si c’était ça la normalité à Thaar non ? tu soupires Même dans les endroits les plus pourris il y a des personnes bien. C’est ça le plus triste.

Comme même dans les endroits les plus purs il y avait des gens mauvais, tu en es totalement conscient. Le monde que tu aimes tant lui-même n’est pas parfait. Vous les elfes étiez d’ailleurs presque tous coupables d’un grand crime : immortels que vous étiez, vous n’en restiez pas moins d’une paradoxale impatience dès lors qu’il s’agissait d’interagir avec les étrangers à votre peuple.

- N’empêche, avec beaucoup de chance, beaucoup de persévérance, et si vous n’avez pas peur d’être surveillée vous pourriez  peut-être les voir nos villes. Mais j’ai peur qu’à moins d’être capable de faire fi de beaucoup de la méfiance, vous ayez du mal à les apprécier à leur juste valeur. tu roules les épaules pour t’étirer un peu En attendant, si me guider ne vous dérange pas, je serais curieux de voir ce que vous trouvez de bon à Thaar.

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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeVen 31 Mai 2019 - 10:53


Tout en prêtant cordialement l'oreille à l'artiste, la demi-drow ne pouvait empêcher ses boyaux, petit à petit, de se tordre. Juge, connaisseur et bienveillant... Ah oui, je crois que j'ai le mot parfait : condescendant. En avait-il seulement conscience ? S'en fichait-il ? Le pensait-il justifié ? La demi-sang penchait pour la dernière option et, malgré-elle, ses facéties s'étaient peu à peu changées en renfermement. Et cette Déesse de la liberté que vous louez pour ce qu'elle représente, tout en lui reprochant d'avoir agi à son gré, parce qu'elle n'en avait pas le droit... Des réflexions fort peu agréables tournoyaient dans son esprit, sans qu'elle leur laisse la liberté d'éclater au grand jour. Que lui prenait-il... ? Cette envie de défendre... ? Il me donne juste le sentiment que, si je lui montrais mon monde, il cracherait dessus avec la même assurance qu'il montre en disant que toutes les autres races lui font pitié. Qu'en avait-elle à faire ? Que risquait-elle ? Pas grand chose pour l'heure mais, là où une certaine appréciation lui eut donné l'envie de lui en faire voir un peu, présentement, elle lui voyait pour seule "intérêt" d'avoir accepté de discuter, ce qui n'était pas rien !... Quoiqu'elle le regretta à présent. Elle n'eut sans doute pas ce goût amer en bouche, d'avoir voulu goûté un joli fruit et de lui découvrir un goût acide, si ce n'est de pourriture. La demi-drow fit halte.

"Pour un saltimbanque, vous avez l'esprit bien obtus, je trouve. Peut-être parce que vous venez d'Anaëh. Vous ne connaissez pas grand chose d'autre que votre monde, avec vos règles, vos valeurs. Il me semblait que savoir se mettre dans la peau des autres, de personnages, vous enseignait quelques petites choses, mais semble-t-il que non. Un soupçon d'acidité pointant dans son timbre. Sa figure se voulait sympathique, mais la colère la nuançait, désagréablement. Je ne doute pas que vous ayez de fascinantes choses à raconter, mais je n'ai plus le goût de vous écouter, ni de vous montrer quoique ce soit. J'ai écouté, là où certains de mes amis vous aurez tout bonnement craché au visage. Vous ne les aimeriez sans doute pas. Ils n'ont pas le même... Respect de la vie, que vous. Que voulez-vous, c'est comme qui dirait une jungle ici : on se respecte soi, et ses proches... Plus, et cela est fort coûteux. Cela ne me semble pas si déplorable. Mais bon... Pourquoi palabrait-elle encore ? D'un haussement d'épaules, elle balaya ses réflexions. Les gens de la Princesse Marchande vous ferons sans doute découvrir de plus jolis lieux, là où la dureté de ce monde est caché sous un certain confort."

Une grimace salua ses mots. Parler, elle aimait beaucoup... Mais plus avec Noruì. Aussi exagérément musclé qu'il était buté. Avec un camarade, les poings auraient parlé, pour se finir par de jolis bleus et une bonne pinte; avec sa mère, de même, une bonne engueulade, puis elles se seraient mises d'accord sur un point superflu mais suffisant pour les réunir... Mais face à ce voyageur qui n'avait de voyageur que le nom, cela lui était à présent fort déplaisant. Elle ne voyait pas quoi lui montrer qui eut soit mis en danger ses connaissances - il était lié à la Princesse Marchande - ou sur lequel il n'eut à redire, ce qui lui déplaisait d'avance. Point de confiance, ni d'appréciation. Enfin, si... Elle avait confiance en Noruì pour demeuré parfaitement elfe. D'Anaëh. Il lui était bon de préciser. La ville regorgeait de longues oreilles moins imbues d'elle-même et de leur mode de vie. Ou plus, en vérité, mais elles trouvaient alors le moyen d'être divertissantes, plutôt que mortellement sérieuses.

"D'ailleurs, si l'argent vous dérange tant, sachez que la jolie bourse que vous avez à la hanche suffirait à nourrir bien des familles pendant des ennéades. Si jamais cela vous inspire... En tout cas, bon retour chez vous." conclue-t-elle avec un sourire contrit, qu'elle accompagna de la même révérence que plus tôt, quoique moins profonde.

Sans trop lui laisser le temps de réagir, la demi-drow partit vers la première ruelle venue, bouillonnante de malaise et de colère mêlée, son visage ne trahissant que cette dernière émotion.


____________Plus tard______________


La journée s'était achevée tristement, sans plus de résultat que la matinée, et les pas de la Grise l'avaient mené à l'un des nombreux bouges de sa connaissance. Pour quelle raison ? Se rincer le gosier , pardi ! Des propos élégamment empoisonnés de l'elfe grandiloquent. Enfin, c'est qu'il lui semblait, alors qu'une pinte succédait à la suivante. Mais comment payerait-elle, sans avoir dérobé la bourse gagnée ? A vrai dire, elle connaissait bien cette établissement-ci, pour une raison simple : la vinasse était aussi insipide que le patron lui était agréable. En effet, le demi-nain gérant les lieux avec bonhommie la connaissait bien : peu importe ses galères, elle reviendrait payer ses dettes ! D'autant plus si elle l'appréciait. Ce qui était on ne peut plus le cas alors que la sang mêlé marmonnait allègrement auprès de lui, toujours bon entendeur.

"Rien q-qu'des salauds, ces elfes ! fit la Grise avec une colère sèche, se l'hydratant bien vite avec une nouvelle gorgée.
- T'es bien sûre de c'que tu m'dis ? C'est pas l'discours qu'tu m'avais tenu l'aut' fois. dit son camarade à la pilosité généreuse, avec une pointe d'amusement.
- Mais c'tait pas paaareil ! Là c'en était un d'Anaëh. Y sont pas supportables, ceux d'Anaëh...
- Quoi, il t'a r'gardé d'travers ? s'amusa le demi-nain.
- Ouaip, et pas qu'un peu ! J'ai dû lui courir après pour qui m'cause, c'méchant gars !
- Un elfe qui t'jugerait à ta gueule ? Quelle surprise !
- C'tout à fait ça ! fit-elle, sans saisir l'ironie, tout à son mal-être. Il a dit - t'vas jamais d'viner - il a dit...
- Je sens qu'tu vas m'le dire... souffla le demi-nain en roulant des yeux.
- Il a dit qu'on lui f'sait pitié ! Qu'les drows étaient tous malades, et les humains trop... Trop... Trop couillons !" Ce n'était pas les termes exacts, mais il y avait de l'idée.

Le tavernier n'avait pas pour usage de prendre parti : c'était une bonne manière de se retrouver au coeur des problèmes, d'après lui. Ainsi, il se permettait seulement d'être une bonne épaule sur laquelle s'épancher, qui vous servirait avec générosité de quoi vous détendre l'esprit. Ainsi, il accueillit les propos de la Grise sans trop de surprise ni d'agacement. Qui que fut le gars, il ne serait sans doute pas le premier à tenir ce discours, et sans doute pas le dernier, cependant, au fil du discours de la demi-drow, d'autres oreilles en en avaient saisi quelques détails, et ne furent pas de cet avis. Ainsi se fit-elle alpaguée par des humains venues dépenser leur paie.

"He donc la d'mi-drow ! Pour qui tu t'prends d'nous traiter d'couillon !? brailla l'un d'une voix aux intonations irrégulières.
- Mais c'pas moi qui l'ai diiiiiit... souffla la Grise en s'étalant sur le comptoir. C'était l'elfe d'Anaëh-la... L'artiiiiiiiiste de mes c-
- De quoi, qu'est-ce qu'il a dit ?
- Qu'les humains c'que des couillons ! clama la demi-drow, navrée et énervée à la fois. Qu'vous savez pas... Qu'est-ce qu'il avait dit déjà ? Qu'vous savez pas apprécier la vie ! V'la c'qu'il a dit ! Des couillons qu'savent pas quoi foutre de leur vie !
- T'es bien sûre...? hasarda le tenancier.
- Même qu'il a dit qu'Thaar est mauvaise !"

Les mines se chiffonnèrent d'agacement comme de perplexité, selon l'état d'esprit des personnes, et il ne fallut pas longtemps pour que les humains viennent prendre place près de la demi-drow, lui offrant une pinte. Des plus ravies, du fin fond de son embourbement mental, d'avoir ainsi de la compagnie, la demi-sang ne se fit pas prier pour leur raconter les détails, la vile hypocrisie de l'elfe, qui crachait sur la ville tout en appréciant l'or, et se moquait des petites gens, alors même que sa troupe venait apporter 'du bien' ! Pour mieux s'en retourner, certains de la vilennie des lieux. Ah, messieurs dames, quel infâme discours il lui avait tenu...! Emportée par l'alcool comme par le sentiment d'une franche camaraderie avec les gars qui l'écoutaient si bien, la demi-drow se retrouva bientôt à chanter avec eux, des chansons fort peu gracieuses, qui lui mirent du baume au coeur à elle, mais aviva bien des colères dans celui des autres. Quant à si ces chants furent au goût d'autres oreilles... Cela n'est pas clair. La Grise, pour sa part, n'y penserait sans doute plus après la gueule de bois qui s'annonçait. En tout cas, le tenancier s'en lavait les mains.
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MessageSujet: Re: [Libre] Une abjecte tranquillité   [Libre] Une abjecte tranquillité I_icon_minitimeDim 2 Juin 2019 - 22:39


Un triste sourire est tout ce que tu peux lui offrir. Te mettre dans la peau d’autres tu en es capable. Voir à travers les yeux d’un autre, ou du moins, t’y tenter, tu en es capable. Mais quoi qu’il en soit il te faut rester honnête avec toi-même. Que tu comprennes les raisons poussant l’un ou l’autre à agir comme il le fait ne rend pas la chose plus juste à tes yeux. Que tu comprennes l’attrait qu’il puisse avoir dans une chose ne la rend pas moins déplorable à tes yeux. Alors pour autant que tu sois persuadé que Mleshka n’attende que de t’entendre mentir et feindre d’accepter la philosophie Thaarie comme l’égale de la tienne… tu ne pourrais décemment pas le faire, voilà tout.
Des excuses, c’est tout. Les voies Vaanies ne se justifiaient qu’à travers des excuses. Des excuses qui elles-mêmes n’avaient de sens que face à la triste atmosphère crée par les voies Vaanies. Qu’il lui fut offert de choisir entre un environnement comme celui de vos Cités, où elle aurait pu vivre auprès des sans crainte du lendemain, et se concentrer sur ce qui lui plaît ; et la jungle souillée qu’est Thaar, où le meurtre ne nourrit finalement que les vies déjà rassasiées à en vomir et l’existence un combat de tous les jours, qu’aurait-elle choisi ?

Thaar n’était préférable devant l’Anaëh qu’aux avides.

Cependant sur un point au moins elle avait raison, et là-dessus tu ne pouvais blâmer que toi : Ici l’argent est le pouvoir, et de l’argent, tu venais d’en recevoir une coquette somme, à laquelle tu n’accordais pas la moindre attention. Nombreux sont ceux qui auraient risqué une vie pour de tels montants, parce que de tels montants, ils n’en avaient probablement jamais vu de leur vie. Et toi, à peine arrivé dans la capitale Vaanie, en vertu de ton association avec la Dame Blanche, c’est toi qui l’obtenait à leur place…

Ce pouvoir n’est pas le tien. Il n’a pas à être le tien. Ce pouvoir tu n’en veux pas.

Ce pouvoir revenait à Thaar, et il te fallait essayer de le rendre à Thaar de la meilleure des façons possibles.



~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~



Tu soupires, de dégoût autant que de désespoir. Dire qu’à quelques kilomètres de ces bidonvilles se trouvaient les indécemment opulents Palais des Princes Marchands… Loin de l’odeur de bois moisi, d’alcool ne mauvais goût, de crasse et de pisse qui régnait ici, jouant à ne pas voir la misère qu’ils créaient. Et Milynéa était de ceux-là. Pour autant qu’elle disait souhaiter défendre sa ville des griffes d’Elda, elle ne faisait vraiment que se défendre elle. Et tu le savais. Depuis le départ tu le savais. Mais si tu avais pu profiter de son désir de puissance pour protéger les tiens alors… pourquoi pas ? Seulement, d’un point de vue éthique, il te devenait de plus en plus difficile de considérer un partenariat avec une femme qui maintenait de pauvres gens dans cet état.

- Ça va ? tu demandes, le cœur battant, à la minuscule petite fille reprenant son souffle, le dos contre ta main Tu respires ?

- Me… touchez… pas…

L’articulation – une fois son souffle court oublié – presque parfaite de l’enfant ne rend sa situation que plus terrible à tes yeux. Ce n’est pas simplement le jeune âge qui rend l’enfant si menue. C’est une enfant en âge d’articuler des phrases intelligibles qui se trouve face à toi. Une enfant faite menue par la carence au lieu de la jeunesse… mais une enfant bien trop jeune pour se retrouver ainsi seule livrée à elle-même.

- Ne t’inquiète pas. Tu t’éloignes un peu, sceptre en main, alors qu’elle reprend ses esprits Reste calme, je veux juste aider.

- Qu’est-ce que vous faites à ma fille ! une femme en panique te hèle, alors que la lumière glisse entre toi et l’enfant Arrêtez-ça tout de sui…

- Non maman ! Je… je crois que je vais mieux.



~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~



Être invité dans la demeure de la famille de l’enfant avait été une expérience pour le moins rocambolesque. Déjà il avait fallu passer la porte d’entrée, pensée à l’échelle de descendants d’une tribu zurthane dont les membres sont naturellement petits et menus même pour des humains. Ensuite il avait fallu abandonner l’idée de t’asseoir, parce que là où il avait suffi d’un peu d’efforts pour te glisser à l’intérieur, ton royal postérieur n’aurait décidément pas pu se glisser entre les accoudoirs d’une de leurs chaises. Et oh que vous en aviez ri ! Finalement le plus grand combat que tu eus à mener fut le refus d’une rétribution pour ce qui t’avait été – et que tu considères devoir être – naturel. Surtout venant d’une femme n’ayant absolument pas les moyens de donner quoi que ce soit.

- C’est votre mari qui a fabriqué tout ça ?

Oui. C’était lui les petites mains derrière cette maison qui comparativement au reste du bidonville se tenait fièrement droite. C’était lui les petites mains derrière chaque meuble, et à en voir la facture, s’ils n’étaient pas plus beaux, ce n’était que faute de meilleurs matériaux. De la même manière, c’était cette femme les petites mains derrière les chaussures qu’elle et sa fille portaient, et c’était là la raison pour laquelle elles semblaient d’une facture à ce point meilleure que le reste de leurs vêtements.

Des talents gâchés, comme le fut autrefois celui de Galamdir.

Sauf que tu les avais découverts. Alors si sur le long terme leur donner ton argent n’aurait fait que les cimenter dans la misère, tu avais l’occasion d’utiliser cet argent pour qu’eux puisse commencer à générer leurs propres richesses. Il te fallait juste trouver quelqu’un qui sache et comprenne comment fonctionne l’argent.

Et pour ça tu avais Milynéa.

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