[Mare Noire]Trois nuits pour une lune

Une fois que tous eurent jurer de ne rien laisser s'ébruiter, et voyant que la conversation serait bien peu commode en montant sur le coursier que le chevalier lui avait prévu, le Père Louis hocha la tête et calqua son pas sur celui du mage qui semblait si curieux de l'aider.

- Nous allons au manoir de Lourmel. Une propriété à quelques rues d'ici, inhabitée depuis des années.

Sur le ton de la confidence, toute n regardant alentour qui pouvait ou non l'entendre, le prêtre continua encore.

- La nuit dernière, au moment de l'éclipse, quelque chose est sorti des sous-sols. Nous ne savons pas ce que c'est ou qui c'est car ceux qui l'ont vu sont morts ou gravement blessés, et nous avons perdu sa trace. Depuis ce matin, des habitants font mentions d'une grande froideur dans la rue de cette bâtisse. Une femme est même venue imploré l'aide de la DameDieu car le mur du fond de son cellier - mitoyen du manoir - avait gelé. En plein été, rendez-vous compte. " La bride de son cheval dans une main, l'homme fit tout de même un rapide signe de coupe pour éloigner le regard d'Arcam et la folie de ce mystère. " Quoi qu'il se passe, nous devons le découvrir et en protéger les Souffles de nos ouailles. Si vous pouvez nous éclairer sur sa nature, cela pourrait sauver des vies. "

Le chemin n'était pas très long en effet, et arrivée dans la rue, le petit groupe put découvrir que plusieurs soldats, guidés par deux chevaliers royaux, établissaient un barrage pour empêcher les badaux de s'approcher trop près. Le taciturne Sire Lucien les salua de la tête sans interrompre l'homme qu'il se devait d'accompagner... Mais plus que l'ordre imposé par les hommes, les mages pouvaient être saisit par le désordre de la Trame.

Derrière la haute façade de pierre de taille, quelque chose faisait étrangement fluctuer la magie. Une sorte de magie étrange. Absorbait-elle la magie alentours ou en rejetait-elle chaotiquement ? Difficile à dire. Une chose était sûre : une fois à l'intérieur, la Trame serait aussi flou qu'un paysage de neige derrière la nappe de chaleur s'élevant d'un feu.

La plus jeune des deux sœurs s'était contentée de hocher la tête lorsque le père Louis leur avait demandé de garder le silence. Certains aimaient les secrets parce qu'ils leur donnait l'impression d'être meilleurs que ceux qui ne les connaissaient pas, une sorte d'armure contre les risques de perte d'ego en quelque sorte. D'autres les aimaient parce que la meilleure chose à faire avec un secret était de le partager. Amaryllis quant-à-elle n'aimait pas les secrets plus qu'autre chose, au contraire, car elle pensait que pour un secret qu'on lui confiait, il devait y en avoir au moins une douzaine qu'on préférait garder hors de sa portée.

Et c'était bien dommage, car ces secrets étaient au fond des informations comme les autres. Elle avait donc écouté les explications du prêtre avec attention autant que l'intention d'en mémoriser les moindres détails sans le quitter du regard, lui et son camarade. Puis elle avait écouté les réponses de Nakor. On l'accusait d'être prolixe, mais le vieux mage l'était tout autant, décida-t-elle.

Mais c'était pour la bonne cause, il y avait beaucoup à apprendre dans cet échange. La jeune demoiselle découvrait qu'il y avait tout un monde qui échappait à ses perceptions. Un monde dont elle ne connaissait rien faute d'avoir pu accéder à des sources de savoir adéquates: Celui de la magie. Ca, c'était quelque chose de frustrant, car il n'était pas question de croire en l'existence ou non de cet art: La magie existait, c'était un fait. Et elle ignorait tout de cette dernière, et de ses règles. Hier soir était même la première fois où elle y était directement confrontée.

Ils étaient arrivé jusqu'à l'ancien manoir de Lourmel. C'était une demeure cossue, à l'architecture typique, que l'abandon n'avait pas encore pu endommager trop gravement, preuve de la qualité de sa construction. Amaryllis avait plissé les yeux pour chercher quoi que ce soit d'inhabituel sur la façade de pierre, directement placée contre la rue, mais n'avait rien pu remarquer, si ce n'était les effets du temps qu'elle se serait attendue à trouver.

- Mon père? Vous avez dit que quelque chose est sorti des sous sols. Je conçois que les signalements pour le moins inhabituels reçus à propos de cette demeure vous poussent à les considérer comme liés à cette chose. Il serait très improbable que ce soient des coincidences. Mais qu'est ce qui vous pousse à vous orienter vers les sous sols comme point d'origine? Et quels sous sols en particulier?

- Quant à la demeure, il est fort probable qu'il faille y entrer pour en savoir plus. Y avez-vous déjà envoyé des gens?

Le sortilège de Nakor l'interrompit. Les yeux de la demoiselle étaient déjà ouverts comme des soucoupes et pétillaient comme à chaque fois qu'elle était confrontée à quelque chose dont elle ignorait tout, Mais Ils trouvèrent moyen de s'ouvrir plus grand encore alors que le mage faisait appel à son art à titre… experimental probablement.

La demoiselle se demanda bien un instant si c'était la plus riche des idées, étant donné la méfiance naturelle de ses concitoyens envers la magie. Mais Messire Nakor était un mage de 638 ans, alors cela devait signifier qu'il comprenait mieux les gens qu'elle.

Le père Louis avait reculé avec les jeunes filles, le chevalier restant légèrement en avant sur eux, parant d'instinct à toute éventualité. Cela l'arrangeait plutôt étant donné qu'il n'avait pas l'air spécialement désireux de répondre à toutes ces questions. Il avait ouvert la bouche et l'avait refermée lorsque le mage avait commencé à produire une sphère d'eau. Les chevaliers alentours portèrent la main à leur épée, mais le père Louis leur fit signe de laisser faire.

La bulle s'éleva au-dessus du mur de roche pour commencer à glouglouter. Et avant d'avoir disparut derrière, un côté s'était brusquement désolidariser pour disparaitre tandis que l'autre gonflait comme une outre.

Le prêtre ne savait trop ce que le mage voulait trouver ou prouver, mais il n'était certes pas un vieux mage lui même alors cela devait avoir du sens d'une certaine façon. Toutes les questions de la plus jeune le firent plutôt sourire.

- Et quand aurions nous eu le temps ? " répondit-il à la petite blonde. " Nous n'avons appris l'existence de ce manoir et de toutes ces manifestation qu'il y a moins d'une heure. " Puis il fit signe au vieux mage d'approcher pour lui glisser à voix basse. " Mon ordre a pour mission de surveiller certains objets anciens. L'un d'eux est entrer en résonance la nuit dernière dans les sous-sol de la Cathédrale. Les blessés ne sont que parmi les prêtres. Ils ont été atteint par le contrecoup de leur propre magie ou brûlés par le gel. Les ingrédients récupérés au temple me servent pour les rites de purification et d'apaisement de la trame." Puis il reposa les yeux sur la plus jeune de cette étrange troupe avec un sourire. " C'est Sire Lucien et moi-même qui sommes dépêchés pour être les premiers à entrer. "

Myosotis s'était saisit de la main de sa sœur quand elle vit pour l'une des première fois de sa vie une manifestation de la magie. Auparavant, cela avait été un concept un peu abstrait, l'outil malfaisant du vilain issu des livres de son ainée. On lui avait appris que la magie quand elle n'était pas divine devait se combattre par le fil de l'épée ou par le feu pour les osgardiens. Elle était donc à la fois fascinée et terrifiée par la sphère d'eau flottante. Mille et une questions se bousculait dans la calebasse qui servait de tête.
Même sans le prêtre, elle aurait reculé d'un pas et pour une fois, elle accepta qu'il puisse se mettre devant elle.

Sa sœur elle avait serré cette main sans même s'en apercevoir, concentrée sur le phénomène surnaturel qui se déroulait devant ses yeux. De la magie. De la vraie magie, laquelle rendait possible quelque chose qui ne l'était pas. D'où venait cette eau? Pourquoi prenait-elle cette forme sphérique mais irrégulière, et surtout, quels phénomènes expliquaient ce qui lui était advenu lorsqu'elle s'était approchée de sa destination? Comment avait donc procédé le vieux monsieur bizarre mais gentil? Qu'essayait-il de démontrer exactement? Qu'est ce que le résultat démontrait-il?

Apparemment, vu la réaction du vieux mage, ce qui venait de se produire n'était pas normal. Il s'était aussitôt lancé dans une explication qu'Amaryllis n'était pas certaine d'avoir entièrement comprise, et c'est pour cette raison qu'elle fronça les sourcils, pensive, avant de répondre d'un ton si innocent qu'il aurait probablement désarmé un Obok Senger.

- Messire Nakor… J'ai un peu réfléchi…   Les températures glaciales constatées par le voisin du manoir, les brûlures liées au gel des prêtres chargés de surveiller l'artefact entré en résonnance, le fait même que leurs sortilèges aient été perturbés… Il est assez peu probable que ce soit une coïncidence, donc vous pouvez probablement exclure qu'il s'agisse de quelque chose "du coin". Cette chose s'est déplacée, absorbe la chaleur, et perturbe la magie. Elle est actuellement dans ce manoir. Le reste est pure spéculation,  Père Louis a raison. Maintenant, il faut y entrer.

Amaryllis avait aussitôt poursuivi, un doigt posé sur son menton élégant, le regard pensif.

- Je ne suis pas spécialiste messire Nakor, mais vous proposez d'utiliser un sortilège pour éviter que les sortilèges ne blessent leurs auteurs… Pourquoi celui là marcherait-il mieux que les autres? Ne vaudrait-il mieux pas juste éviter d'utiliser de magie à la place une fois à l'intérieur du Manoir?

Myosotis se tourna vers sa puinée et chuchota à son oreille.
- " Dis comme ça, est ce que tu crois qu'ils vont nous laisser entrer maintenant ? " Ce n'était pas parce qu'elle n'avait rien dit jusque là que le mystère ne l'intéressait pas.  C'était une excellente question, et c'est pourquoi la blonde intervint.

- Myosotis et moi venons. Cela avait été dit sur le ton de l'évidence, car il ne pouvait en être autrement pour cette double paire d'yeux bleus déterminée.

Le prêtre était resté attentif à la démonstration de Nakor, de la première à la dernière seconde. Il hochait la tête à son ensemble de questions et nota chacun de ses avertissement... Jusqu'à ce qu'il ose prendre la parole après le long monologue du vieil homme.

- Je suis fort aise que vous soyez aussi... enthousiaste concernant toutes ces histoires de magie, mon fils, mais je n'ai pas compris un traitre mot de ce que vous venez de dire.

Le jeune homme à la belle prestance se passait une main à l'arrière de la nuque.

- Mon rituel fait appel à la DameDieu pour placer les gens et les lieux qui m'entourent sous sa protection. Dès que Lise sera là, je compte prier sa Toute Bienveillance. "

Puis la jeune fille aux cheveux blonds se mêla de tout ça une nouvelle fois de plus. Lorsqu'elle affirma qu'elle voulait venir, l'homme se tourna vers la femme qui assurait être leur gardienne.

« Non, sir Nakor » répondit-elle simplement en secouant la tête.

Héléna était restait silencieuse en écoutant les diverses paroles. Le culte d’Othar connaissait juste des moyens utiles pour attaquer les mages, de les traquer et de les tuer. On lui avait apprise tout un tas de technique pour défaire les pratiquants de cet art de faire des dégâts.  Mais le culte d’Othar ne s’intéressait pas à la magie et Helena ne portait pas un grand intérêt à cette art occulte.

Néanmoins, en écoutant les paroles du vieille homme, Héléna était doublement inquiète et le danger était d’autant plus sérieux. Cette menace lui semblait inconnue et atypique. Ce n’était rien avoir avec l’art de la guerre ou une forme de stratégie militaire.  Cette menace était encore invisible mais bien là. Cette perturbation que Nakor décrivait était-il issu d’une secte ? D’une attaque d’un groupuscule ? Ou d’un complot d’une partie de la noblesse ? Tout était possible. Helena avait compris que l’humanité avait une inventivité folle pour tout détruire.  L’explication de Nakor n’arrangeait pas la préoccupation d’Helena sur la menace à l’intérieur du manoir. Nakor avait dit qu’il pouvait avoir une créature magique ? Serait-elle la créature de ce pauvre vieil homme ? A cette instant, Helena fronça les sourcils devant cette menace plausible.

Puis, tout d’un coup, son attention se porta sur Amaryllis qui apporter son hypothèse. LA prêtresse d’Othar ne fit aucune remarque. A force de l’observer Amaryllis était attirée par les étrangetés et les secrets de ce monde. La prêtresse l’observait et se demandait pourquoi sa famille ne l’avait pas mis dans une université dans les pays du Sud.  Elle penchait pensivement la tête sur le cotés. Pour un cours instant, Héléna était pensive et se demander de ce qu’elle pourrait faire d’eux. Helena ne les avait pas posés tout un as de question sur leurs vies…Mais par les habits, l’éducation et leurs manières, elle avait vite deviné qu’elles avaient fugués de chez eux. Elles avaient quitté éventuellement une vie stable pour un avenir incertains. C’était ce qu’Helena pensait…Mais ceci était une autre histoire. Son attention se porta sur le manoir.
Puis….


- Myosotis et moi venons.

Helena posa son regard sur le prêtre en question qui l’observer. Puis, son attention se porta sur les deux filles et reporta de nouveau son intêret sur le manoir. la prêtresse secoua la tête avant d'intervenir.

« Non, vous ne venez pas, c’est trop dangereux » répondit-elle dans un ton calme mais ferme.

La petite blonde avait tendu l'oreille vers la prêtresse. Il aurait été faux d'affirmer qu'elle ne s'attendait pas à cette réponse ou une autre similaire. Elle aimait bien le prêtre Louis, du moins dans son état actuel. Peut-être était-il différent lorsqu'il comprenait ce qu'il se passait.
- Mais si. Vous avez dit que c'était dangereux si on s'éloignait de vous.
-D'accord La rousse haussa les épaules.

Amarillys posa un doigt devant ses lèvres. Par un cheminement mystérieux, tout cela venait de la faire penser à quelque chose. Elle se tourna vers ledit Père Louis. Pendant ce temps, Héléna poussa un long soupire avant de mettre sa main sur sa figure

- Mon pére, de quel type était l'artefact ancien à l'origine de vos problèmes.
Amaryllis....   disait-elle dans un ton calme avant de porter un regard franc sur la jeune blonde.J'ai dis, non. Cesses de faire ta tête de mule.  


Son attention se porta sur le vieux mage « Nakor, un vieil homme m’a fait un témoignage d’une créature étrange qu’il avait traversé sa chambre et l’avait gelé jusqu’à la moelle des os. D'après le témoignage, c’est une créature dangereuse et peut être physique. Je ne suis pas une grande connaisseuse, mais, la créature peut causer ce trouble ? Et être à l’intérieur de ce manoir ? Ça mérite d’être vérifié…Par contre, il faut une mesure adéquate pour éviter de créer un vent de panique. De même, une garde serait utile pour sécuriser les alentours. » puis, son attention se

porta sur le prêtre et le père de l'aveugle « Vous comptez nous rejoindre ? »

Le prêtre leva un sourcil lorsque la prêtresse qu'il avait laissé accompagner le mage qu'il avait laissé s'intéresser à toute cette affaire lui demanda comme si de rien était s'il comptait les suivre. Comme si elle était la tête de toute cette opération. N'avait-elle pas vu tous les chevaliers qui s'occupaient de protéger la rue et répondaient à son commandement ? La façon dont la regardaient ces guerriers d'élite ? Il se demanda un bref instant si Lucien n'avait pas raison à propos des Corneilles et nota pour lui même qu'il faudrait qu'il délimite une barre d'agacement à ne pas franchir. Si ces 'aides' se faisaient trop instables, il devrait les sortir très rapidement de ce secteur. Les Dieux le protègent du pire.

Mais aux muscles sûrs de leur supériorité et à l'âge autoritaire, il avait heureusement apprit à opposer esprit et charme. Plutôt qu'une remarque acerbe, il se tourna vers la toute jeune femme aux cheveux blonds.

- Un artéfacts inconnu, plus vieux que notre ami mage ici présent. " sourit-il avant de se tourner à nouveau vers la guerrière, un sourire serviable sur les lèvres. " Il vaut mieux que je vienne avec vous si vous voulez que les gardes vous laissent entrer. "

Aaron avait observé et écouté, non pas sans rien dire mais en tout cas sans intervenir dans les discussions qui se tenaient près de lui. Les rares fois où sa voix s'étaient élevées, c'était pour expliquer à son fils ce qu'il ne pouvait voir. Le manoir et ses alentours, le sort lancé, la réaction de la zone perturbée à l'approche de la magie... Mais s'il ne disait rien, l'homme n'en pensait pas moins. Chercher à user de magie à l'intérieur lui semblait pure folie. L'impact du sort serait imprévisible et pourrait toucher les autres membres du groupe ou le lanceur lui-même. De plus, il concevait difficilement qu'une créature magique puisse se trouver à l'intérieur car elle serait soumise aux mêmes difficultés qu'eux.
Cependant, Nakor ne semblait réfléchir qu'à travers son Art sans même penser aux solutions les plus simples. Si la magie posait problème, il en était certains qui n'avaient pas ces difficultés-là.

-Si la magie est perturbée à l'intérieur alors, en théorie, les hommes... Il s'interrompit pour se tourner brièvement vers Héléna. ...et femmes d'armes n'ont a priori rien à craindre en entrant là-dedans. Je me trompe ? Ou tout du moins ne seront-ils pas impactés par ce phénomène. Fit-il comme s'il n'était pas particulièrement connaisseur en matière de magie.

La voix de la prêtresse d'Othar attira alors son attention alors qu'elle demandait s'il les accompagnait. Il ne répondit qu'au bout d'une seconde. S'il était doué pour se faire passer pour un guerrier, il avait besoin de s'ouvrir aux flux pour paraître crédible aux yeux des non initiés aux Arts. Aussi, si intérieurement il savait qu'il prenait un risque, il aurait été illogique qu'il dise non du point de vue de ses nouveaux compagnons. De toute façon, Nakor saurait probablement le repérer à la seconde où ses sens entreraient en contact avec la trame... Et alors, il ne pouvait deviner quelle serait sa réaction, d'autant que son intervention de tantôt semblait avoir contrarié l'archimage alors qu'il pensait l'aider. Il valait mieux qu'il fasse profil bas aussi longtemps que possible.
Finalement, après un bref instant durant lequel il était resté impassible, il hocha la tête en direction de la prêtresse avant de se tourner vers les jeunes filles. Il avait noté qu'elles n'étaient pas ravies d'être mises de côté. Mais il comprenait la position d'Héléna et se trouvait confronté au même problème.

-J'aurais une mission pour vous Mesdemoiselles. Vous voulez bien tenir compagnie à Efren ? Il a encore des difficultés à se déplacer sans aide et il ne connaît pas la ville de toute façon. Je ne voudrais pas qu'il s'égare.

L'adolescent porta sa main sur son cœur, feignant une douleur.

-Han ! Ma dignité vient d'en prendre un coup. Puis il reprit son air normal sans rien ajouter de plus. Il savait pertinemment que le problème, ce n'était pas tellement lui. Il était parfaitement capable d'attendre sagement sur place le retour de son père. En revanche, il devinait les véritables intentions d'Aaron en le confiant aux deux jeunes femmes. Il était certes aveugle mais il avait suivi les échanges qui l'entouraient...

Il y avait ce refrain que l'on connait si bien. Celui qui s'entête et se répète comme une petite routine, aussi entrainante qu'une comptine. On l'entendait arrivait de loin et ensemble faisait un bout de chemin.
Moi. Je. Mais moi ? Aimez moi !  

Sur les pavés de Diantra, sonnait les souliers, tandis que les langues se déliaient pour ferrailler. Les hypothèses se développaient aussi vite que les minutes s'égrainaient. Supposition, motivation, suspicion. Devant ses yeux encore enfantin à bien des égards, Myosotis regarda faire les adultes et Efren. Visiblement, ils attendaient tous d'elles qu'elles se taisent et qu'elles attendent bien sagement là devant la porte du manoir. Alors, elle leur offrirai ce spectacle. Elle leur montrerai qu'elle connaissait par cœur sa leçon des 3D. Douce, docile et droite, comme se devait être une parfaite pucelle à marier.

- Ce sera fait selon votre volonté. La rousse inclina légèrement la tête peu après l'intervention du jeune Efren. La blonde, elle, avait haussé un sourcil. Elle n'avait pas changé d'avis. Il était assez difficile de détourner la curiosité d'Amaryllis de son cours.

Mais déjà le vieux mage expliquait à qui voulait l'entendre l'étendu de son savoir et proposait à tous sa vision du monde. C'était intéressant, alors la demoiselle écouta. Au cours du discours, elle prit à nouveau la main de sa sœur et recula très légèrement en hochant la tête. Que disais toujours le percepteur lors des cours d'étiquettes pour attirer l'attention des rosières ?

On doit toujours se fier aux gens intuitifs, aux puissants et à ses parents. C'est une confiance bien placée. Oui. Mais non, il en avait une autre. Une plus au goût du jour…

Garde toujours des forces en réserve, afin que nul ne puisse connaitre les limites de ton savoir. Non… ça c'était son Maître d'arme. D'ailleurs c'était savoir ou pouvoir dans la maxime ? Pareil… Hespé l'aurait trouvé du premier coup.

Respecte les vieillards et suis bien leurs conseils - ou du moins fais semblant. Rends-leur toutes sortes d'hommages, donne-leur l'impression que tu vénères leur sagesse. Si certains ont des titres de gloire, fais-en toujours grand cas, car ils sont susceptibles et facilement hargneux. La voilà ! Merci grande sœur ! Bon, maintenant la petite sœur…

De la petite sœur, parlons en. Elle avait failli répondre au vieux Nakor, mais cette pression soudaine sur sa petite main l'avait arrêtée en route. Il s'agissait là d'un signal dont Myosotis et elle avaient convenu depuis longtemps, et il résumait en une fraction de seconde la phrase suivante: "Ma chère Amaryllis. Tu t'apprêtes certainement à prononcer des mots forts instructifs, mais la personne face à toi n'est pas dans un état émotionnel lui permettant d'en apprécier la finesse. Peut-être devrais-tu les garder pour toi." Et c'était en l'occurrence une suggestion fort à propos, car une intense réflexion avait gagné les traits de la belle enfant. L'homme à la barbe baladeuse venait de lui donner douze ans, ce qui était absurde, pour de nombreuses raisons, la première et la plus importante étant qu'elle avait 14 ans, même si elle ne pouvait pas le prouver. Son expression d'intense réflexion s'accentua. Ne le pouvait-elle pas?

Et tout bascula.

- Je n'ai plus douze ans, Messire Nakor. A cet âge là, leur croissance n'était pas encore mesurable. Articula la petite blonde avec le plus grand sérieux. Elle venait de soulever les deux belles orbes parfaites qui avaient progressivement élu domicile sur son torse au cours des deux dernières années. Elle tenait en effet un registre précis de ladite croissance dans son carnet, et regrettait beaucoup pour cette raison entre autre la perte de son mètre ruban.

- Amarillys ! " Si elle avait pu, les yeux bleus dont Myosotis tirait son prénom auraient lancé des éclairs. Puis elle enserra par les épaules sa cadette en couvrant de ses bras la dite poitrine. " Non ! " La jeune rousse se rendant compte qu'elle criait directement dans l'oreille baissa sa voix. "Non, cela ne se fait pas. Ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas. C'est comme ça. Mais ne le refais plus. " Puis elle baissa son timbre pour que les murmures ne deviennent qu'un souffle. "Les vieux c'est comme les prêtres."
- Mais Messire Nakor a sous entendu que j'étais courge je crois. Or je pensais mon raisonnement assez étayé. ajouta-t-elle à destination de sa sœur, manifestement désarçonnée.
- Amarillys, ma belle enfant, sache que tu as toujours l'air courge quand tu penses.

Amaryllis en resta pensive, lèvres charnues délicieusement entrouvertes, son regard bleu perdu dans de lointaines limbes nuageuses(1). Ca expliquait beaucoup de choses, réalisa-t-elle.

Protectrice, Myosotis tenait toujours sa sœur dans ses bras quand elle déclara. " Allez-y, nous avons à bavarder en vous attendant. Le mystère du Manoir ne vous a que trop attendu cher Messire Nakor de Nisétis, ne faites plus attendre le bon père Louis. "

(1): cf avatar d'Amaryllis. Elle aurait volontiers mangé une chips.

Aaron ne répondit rien à Nakor mais il adressa un haussement de sourcil à Héléna qui semblait du même avis que lui. Le vieux mage déformait ses propos et semblait entendre des choses qu'il n'avait pas dites. A quel moment avait-il évoqué l'idée d'entrer sans mage ? Aucun. Il voulait simplement souligner que ceux qui tenaient une épée risquaient bien moins au moment de poser un pied dans le manoir que ceux qui manipulaient les flux. Jamais il n'avait dit qu'ils devaient se passer de l'appui de mages. Cependant, il ne semblait pas utile de le lui faire remarquer. Etant donné les réactions de l'archimage à chacune de ses interventions, il l'avait visiblement pris en grippe. Alors, quand Héléna invita les hommes d'arme à s'avancer, il tira son épée à son tour et lui emboîta le pas, non sans avoir posé une main sur l'épaule de son fils auparavant. Il se retint d'ouvrir son esprit aux flux alentours, conscient que Nakor pourrait le sentir et que cela ne lui serait d'aucune utilité une fois à l'intérieur.

De son côté, Efren, qui était le plus silencieux du groupe depuis tout à l'heure, lâcha un soupir inquiet à l'égard de son père. Il se força à réaliser quelques respirations profondes pour faire passer son angoisse soudaine. En temps normal, il n'avait aucune raison d'avoir peur. Aaron était un excellent épéiste lorsque les Arts étaient avec lui. Mais là, ce dernier était forcé de s'engager dans un combat des plus incertains afin de sauvegarder les apparences. Et le quarantenaire de se retenir de poser un dernier regard sur son enfant car ce geste aurait pu paraître étrange auprès de ses compagnons d'armes du jour.

Finalement, le jeune homme tourna la tête à demi dans la direction des deux jeunes filles qui devaient "veiller sur lui".

-Et si nous retournions à Sainte Deina pour voir l'architecture dont tu voulais me parler, Amaryllis ? Cela nous permettrait de nous changer les idées. Proposa-t-il, s'efforçant de lui adresser un demi sourire qui se voulait amical.

-Si la magie est perturbée à l'intérieur alors, en théorie, les hommes... Il s'interrompit pour se tourner brièvement vers Héléna. ...et femmes d'armes n'ont a priori rien à craindre en entrant là-dedans. Je me trompe ? Ou tout du moins ne seront-ils pas impactés par ce phénomène.

Le prêtre hocha la tête mais ne semblait pas spécialement convaincu.
- Il faudrait que nous sachions précisément les effets de ce phénomène pour certifier qu'il n'y a pas de danger. C'est pour cela qu'ils m'ont attendu pour entrer... Et qu'il n'a jamais été question d'hommes d'armes.

Et les dix hommes d'armes n'ouvriraient certainement pas la voie, comme les compère du jeune prêtre purent rapidement s'en rendre compte. Seul Sire Lucien semblait ne pas vouloir s'éloigner du Père Louis de plus d'un pas. Mais pour l'heure, l'attention du Néerite fut attirée par la silhouette délicate d'une jeune femme aux longs cheveux noirs, portant la bure blanche des initiées de la DameDieu n'ayant pas encore été ordonnées. Elle portait un lourd panier d'osier et un visage figé, légèrement revêche, qui allait bien peu avec son tout jeune âge.

- Lise ! Par ici mon petit.

La jeune femme répondit au petit geste de main du prêtre en fronçant les sourcils, mais pas un mot ne franchit ses charmantes lèvres.

- Vos ingrédients, mon Père.
- Par-fait ! " répondit-il avec un sourire satisfait après un coup d’œil sous le linge qui recouvrait le panier. " Tu peux rentrer au temple. "

La jeune fille s'esquiva lorsque le prêtre voulu poser la main sur son épaule, ce dont il ne se formalisa pas le moins du monde, si ce n'est pour un regard légèrement chagriné. Ils ne devaient pas avoir plus de trois ou quatre ans d'écart après tout. Enfin... Certaines choses restaient hors de contrôle, c'était ainsi. Tendue, Lise recula donc sans autre forme de procès pour regagner le temple, laissant à Louis tout le temps de remplir et d'allumer son encensoir ainsi que de passer un long chapelet alourdit d'une paire d'aile gravées dans une opale blanche aux reflets irisés. Il passa également une étole blanche sur sa robe bleue avant de se déclarer fin prêt.

En passant les portes du manoir, les cinq compères purent sentir la température baissée légèrement. Une brise automnale plus qu'un véritable froid. Derrière le mur d'enceinte, une cours d'honneur pavée et bordée d'arbres guillerets - et trempés depuis la bulle d'eau du vieux mage - donnait sur un perron de quelques marches et une grande porte surmonté par deux armoiries. L'un des écussons représentait un arbre blanc dépourvu de branches. L'autre était scindé en deux. D'un côté, un faucon, de l'autre, un croissant de lune. Ceux pour qui l'héraldique du nord n'était pas inconnue en reconnaitraient sûrement un. Ceux pour qui le Langecin n'avait pas de secret identifieraient l'autre.

La porte menant à l'intérieur était légèrement entrouverte, mais pas un son ne s'en échappait. L'odeur d'encens qui nimbait le père Louis emplissait l'atmosphère tout comme les chuchotements pieux qui se déversaient de ses lèvres. La trame autour d'eux fluctuait légèrement, ondoyant comme une vague pour danser autour de leurs volontés étrangères. Sur leur droite, une écurie vide laissait encore échapper quelques odeurs de foin sec.

Dans le hall, la pénombre régnait rapidement. Sans entré, les aventuriers n'avaient quelques mètres de visibilité, les fenêtres de la bâtisse étant toutes obstruées par d'épais volets de bois qui n'avaient pas été ouverts depuis bien des années. Sur le sol, une épaisse couche de poussière couvrait un pavé absolument intacte. Quelques patères vides et meubles couverts de linges bordaient l'entrée pour permettre d'agrémenter l'endroit et d'étendre les capes trempées des voyageurs.  

S'efforçant de se concentrer sur ce qui les attendait, Aaron détourna son attention de son fils pour l'orienter vers le manoir. A l'intérieur, il perçut la même chose que tout le monde... La brise qui n'avait pas sa place ici. L'air plus frais que dans les rues. La trame était agitée de quelques mouvements inhabituels. Cela eut tôt fait de lui faire oublier ses inquiétudes pour Efren pour les projeter sur sa propre sécurité, sans oublier celle de ses camarades du jour qu'il suivait de près.
A l'intérieur de la bâtisse, il faisait si sombre que l'on n'y voyait guère à plus de quelques mètres. S'il percevait les flux proches, il ne pouvait se projeter trop loin. Il laissait cela à Nakor qui serait bien plus efficace que lui dans cette tâche, en plus de se proclamer ouvertement mage. Un mal rôdait et il ne pouvait que s'accrocher à son épée pour la combattre, se tenant malgré tout près à reporter sa concentration sur les Arts si nécessaire. Il voulait garder son identité secrète mais pas au prix de sa vie... Disparaître avec une nouvelle identité était toujours possible. Revenir de chez Tyra, moins...

L'archimage suggéra d'ouvrir les volets afin de pouvoir mieux discerner la menace, bientôt appuyé par Héléna. Louis était toujours en train de psalmodier sous la protection du chevalier qui ne le quittait pas d'une semelle. Nakor devait rester concentré sur le danger au-devant duquel ils s'avançaient. L'otharite veillait sur le vieil homme qui représentait leur meilleur atout... Autant dire que le préposé à cette tâche était tout désigné.

-Je m'en charge. Déclara Aaron en rangeant son arme afin d'avoir les deux mains libres.

D'un pas prudent et essayant de se montrer aussi discret que possible, il s'avança vers l'une des fenêtres. Si la menace était au fin fond du manoir, il s'agissait de ne pas éveiller son attention trop vite sur eux. L'apport de lumière n'était qu'une mesure préventive. Ainsi, il commença à ouvrir battants, volets et rideaux aussi discrètement que possible. S'il y avait beaucoup d'ouvertures, il ne les ouvrirait pas toutes. Si le volet était grippé, il abandonnerait l'affaire. Du moment qu'ils y voyaient, cela suffisait.

Le Maître du Jeu s'adressant à son audience... Vous ouvrez sans problème les hauts volets du hall, révélant les accès des autres pièces du rez-de-chaussée. Le manoir est grand et les fenêtres nombreuses, mais il est facile de laisser au moins un peu de lumière entrer dans chaque pièce que vous traversez. De temps en temps, vous tombez sur un volet grippé ou grinçant et le laissez en plan. Dans les quelques secondes qui s'égrainent après les bruits tonitruant de gonds dans le silence froid de la demeure, vous tendez l'oreille, mais il n'y a jamais le moindre son pour vous répondre. Le silence est même surnaturel dans toutes ces pièces aux meubles couverts de draps blancs.

Depuis que vous avez quitter le Hall, le froid est devenu beaucoup plus mordant. Il ne dépareillerait pas au crépuscule de l'automne et vos doigts commencent à s'engourdirent. Vos pas laissent des traces sur la poussière du sol intouchée depuis des années semble-t-il.

En l'absence des plans du manoir, votre petit groupe avance au petit bonheur la chance entre chaque pièce. Après le Hall, le grand salon, le salon d'hiver, la salle à manger, la cuisine, la laverie, la chambre de l'intendant, le cellier dans lequel il ne reste qu'un sac de graine de millet, quelques bouteilles de vin Missèdois, un tonneau de farine et des guirlandes d'ail. Entre les communs et les pièces à vivre, un discret escalier descend au sous-sol. Le couloir est déjà mal éclairé, uniquement baigné de la lueur qui parvint des pièces dont vous avez ouvert les volets. La volée de marches en pierre qui descendent, disparait dans l'ombre. Il vous est impossible de voir le fond.

A vous de décider ce qu'il convient de faire. Vous pouvez récupérer tous les objets que vous souhaitez dans les pièces du rez-de-chaussé ou décider de monter au premier par l'escalier du hall.

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Le Maître du Jeu s'adressant à Aaron:

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Le Maître du Jeu s'adressant à Helena:

Le froid s’accentua. Le froid envahisse de plus en plus ce manoir abandonné jusqu’à mordre ma peau. Mes doigts s’engourdirent. Indirectement, je sens mon corps se faire harceler par cette manifestation magique. Je n’aime pas ça. Je crains cette manifestation. Mais, je ne renoncerais pas dans la mission que je me suis jurée de l’accomplir jusqu’au bout.

Je regarde un peu le groupe par ci et par là. Je les laissais visiter, faires leurs propres fouilles. Moi, je parcours les nombreuses pièces parcourant de mes yeux les moindres parcelles que ça soit des trous, des fissures ou autre. Dans la cuisine, je touche du doigt la table des doigts. Les poussières se soulèvent jusqu’à tomber autre part.  Tout est abandonnée. Je me demande si cette famille noble a abandonné ce manoir ou que la famille est éteinte. Avec les séries de guerres qui a fracturé la Péninsule, une partie de la noblesse Péninsulaire est emporté par les ravages de la guerre. Eux aussi, cette famille a pu se faire emporter par cette série de conflit.

Puis…

Un son étrange attire mon attention, je tourne mon attention en direction du mur. Le son est semblable à un bruit de grattage. Était-ce un rat ? Était-ce autre chose ? Je m’approche de ce fameux mur, je le touche de mes doigts et je tape dessus pour écouter le son. Est-ce un mur creux ou un mur plein ? Est-ce qu’il amène à l’extérieur ? Je ne sais pas. J’aimerais bien attaquer ce mur pour voir ce qui a derrière. Cependant, je n’ai aucune masse à ma disposition et tout le groupe n’a pas de masse. Je pousse un soupire. Je donne un petit coup contre le mur, fronçant les sourcils.

« Je n’aime pas cet endroit. Tout est étrange »

Je dis cela, mais, au fond. Ce mystère m’intéresse et mon cœur bat à chaque instant à l’idée de combattre quelque chose irréel. A quoi ressemble cette créature ? Comment vais-je le combattre ? Tout ceci m’intéresse.  Puis, Othar doit me regarder et me mettre à l’épreuve. Je quitte la cuisine pour me diriger vers le groupe. De manière directe, j’interpelle le groupe.

« Un bruit étrange provient d’un mur de la cuisine. Cependant, elle n’amène dans une aucune autre pièce. Soit ça emmène vers l’extérieur…Mais, j’ai des doutes. J’aimerais détruire le mur mais on aucune masse à notre disposition. Enfin…ce bruit m’interpelle et ce froid anormale renforce encore mon impression d’une menace diffuse. » puis mon intention se porte sur le hall « Que faisons-nous ? On s’aventure à l’intérieur du hall ou vous avez d’autres idée. Si vous voulez explorer la pièce non explorée, je veux ouvrir la voie. »

Comme l'avait dit le vieux mage en faisant son entrée, le linteau était marqué des blasons de la famille de Lourmel et de celle de Laval. Et si Louis ne connaissait pas l'état de la première, il savait aussi que la seconde pouvait lui apporter de gros -très gros - ennuis. En effet, il ne connaissait peut-être pas leur influence politique, sans quoi il aurait été plus tendu encore, mais il avait assez trainer dans les hautes sphères du clergé pour savoir qu'il s'agissait d'une des deux famille ayant donné Edelys à la Dame Dieu et que la Haute Prêtresse Irys avait un lien de sang avec eux. Aussi est-ce avec un enthousiasme mesuré qu'il reçu la proposition de la prêtresse.

- Nous n'allons tout de même pas détruire un mur en pierre de cette taille sans plan, sans avis. L'étage pourrait nous tomber sur la tête. " grommela Louis en laissant son encensoir s'immobiliser un instant avant de reprendre.

Sire Lucien fusilla la prêtresse du regard avec une expression qui réussissait l'exploit d'être à la fois antipathique et lasse, comme s'il n'attendait rien d'autre de la part d'une femme qui maniait les armes et se revendiquait du Gardien. Sous sa jolie moustache, il remâcha même quelques mots.

- Détruire un manoir noble. Vous voulez vous mettre toute la gente à dos. "
- Continuons d'explorer, belle dame. Je me range à vos avis éclairés du moment qu'il ne consiste pas en la destruction des bien ou des fondations de cette propriété. Je n'ai pas tous mes yeux pour enquêter. Ces lieux sont encrassés de mauvaises pensées et de lourds dessins, l'encens ne suffit qu'à peine à le purifier à minima. Autant se hâter. " ajouta Louis entre deux versets, approuvé par un cliquetis de la chaine de l'encensoir. Le jeune prêtre tourna la tête vers Héléna pour lui adresser un doux sourire avant de reprendre pleinement ses prières. Sire Lucien, lui, n'avait jamais parut plus sombre.

Aaron accomplit sans broncher la tâche pour laquelle il s'était désigné devant les rôles que chacun semblait porter. Il fit preuve d'autant de prudence et de discrétion que possible. Parfois, la rouille l'invita à ne même pas tenter d'ouvrir la fenêtre ou le volet. D'autres fois, alors que rien ne laissait présager le moindre problème, le métal grinça quand même et le nordien serra les dents de ne pouvoir utiliser son Art ici. Il aurait pu ouvrir tous ces volets d'un seul geste et sans un bruit mais, entre ses compagnons et la trame perturbée, toute tentative était proscrite pour lui. Même l'absence de Nakor dans la pièce lorsqu'il aurait eu besoin de ce petit coup de pouce magique ne lui suffit pas pour se laisser tenter. Ainsi, il ouvrit les volets qu'il put à l'ancienne : manuellement.

Arrivé dans la salle à manger, Aaron dégagea la première fenêtre de son rideau et découvrit quelque chose d'aussi surprenant qu'inquiétant. Il s'avança d'un pas prudent pour y regarder de plus prêt, fronçant les sourcils. Sans même tenter quoi que ce soit, il passa à la fenêtre suivante et ne put que faire le même constat. Et ce à chaque ouverture. Il sortit alors sans avoir permis d'apporter la moindre lueur dans cette salle et rejoignit les autres membres du groupe au moment où Héléna annonçait sa découverte et son désir de faire tomber un mur. Si Louis et son garde du corps personnel émirent de fortes objections, le voyageur en avait une autre.
Achevant de les rejoindre, il prit la parole bien plus sereinement que les deux compères.

-Sans parler du bruit que l'abattement du mur engendrerait. Il ne serait pas mitoyen à la salle à manger par hasard ? Je n'ai rien pu ouvrir dans cette pièce, le gel a lié les fenêtres aux volets. Et je ne sais pas ce qui est le plus perturbant : qu'il y en ait tellement que le soleil n'est pas parvenu à le faire fondre jusque là ou qu'il provienne apparemment de l'intérieur de la maison...

Il tourna alors son regard vers l'escalier qui s'enfonçait dans les entrailles du manoir. Le froid qui s'en échappait était bien plus fort encore que n'importe où à cet étage. Ce n'était pas la première fois depuis le début de cette enquête que le gel était évoqué, c'était sans doute un indice précieux quant à l'emplacement de la menace qui planait sur cet endroit...

-Et si nous suivions la piste du froid ? Suggéra-t-il simplement.

Le Maître du Jeu s'adressant à son audience... Les escaliers descendent vers les profondeurs du manoir.

Armé d'une lampe à huile, vous descendez dans l'ordre que vous voulez, mais le passage n'est assez large que pour une personne de front. En bas, une porte vous barre le passage. Elle ne comporte aucun verrou, mais le gel a immobiliser la clenche. A vous de raconter comment vous avez passer cet obstacle.

Le froid se referme alors sur vous, engourdissant vos doigts et piquant vos joues. Le cœur de l'hiver Nordien n'aurait pas été plus vif. Vos respirations condensent de fins nuages dans l'atmosphère.

Une grande cave à vin rectangulaire vous laisse entrevoir des ligne de casier à bouteille le long des murs et une autre au milieu, coupant la pièce en deux. Au font de la pièce, de gros tonneaux - sûrement de l'alcool fort, à moins que ça ne soit de la bière - sont couchés le long du mur. Cependant vous ne les devinez que sur la partie droite de la cave. Dans l'allée de gauche l'ombre reste insondable... Pour quelques instants tout du moins.

Quelques secondes après votre entrée, celui qui se trouvait en tête du groupe peut voir l'ombre du passage de gauche s'étirer vivement vers lui. Comme un fouet, il est percuté au niveau du ventre. Percuté ? Pourtant la seule sensation à l'impact est une douleur intense. Une brûlure gravée directement dans la peau et la chair qui n'a été atténuée ni par le tissus ni par une quelconque armure. La douleur est profonde, semble passé de part en part du corps de l'infortuné. Puis, l'étrange ombre se contracte, se rétracte et semble disparaitre à la vue, si bien que les personnes arrivant après l'attaque trouveront une pièce parfaitement normale de prime abord.

Le blessé éprouve une douleur qui l’empêche de respirer correctement et de bouger rapidement, mais il peut tout de même agir. Les autres membres du groupes n'ont pas vu d'où venait l'attaque ni quelle en était la nature. Le froid est terrible et les fluctuations de la trame plus violente que partout ailleurs dans la demeure.