[Mare Noire]Trois nuits pour une lune

Sans se soucier de la femme qui vociférait des insultes tout en leur demandant de foncer tête baissée dans un brasier magique pour vaincre par l'épée une créature inconnue, certains commencèrent à s'armer de flammes et de torches. Ceux qui avaient réussit à se contrôler secouaient leurs voisins, notamment Sire Lucien qui donnait du bras et même de la voix malgré sa nature taciturne pour encourager ses confrères à sauver le prêtre enlevé par la créature.

Au milieu du brasier, Louis était toujours à quatre pattes, respirant difficilement et protégeant son visage d'un bras incertain. Deux chevaliers plus hargneux que les autres furent repoussés par la Corneille. Trois volèrent dans les airs sous l'effet de la magie de Nakor. Bientôt, six hommes armés de torches et autres bâtons huilés dépassèrent le vieux mage vers la barrière de flamme. Lorsqu'ils furent en position, le sortilège s'effilocha.

Lucien se jeta en avant pour tirer Louis hors de portée de la bête obscure tandis que les six chevaliers armés de torche fondaient sur la créature. Quelques cris de douleurs retentirent pendant que la chose noire - devenue à moitié translucide sous l'effet de la chaleur des flammes - se débattait, piquait et frappaient les hommes qui la transperçaient de leurs flammes jusqu'à ce que son corps se mette à émettre une fumée noire. Jusqu'à ce que des morceaux d'elle s’effilochent. Jusqu'à ce qu'elle se dissolve dans l'air et que la trame redevienne calme.

Après un instant de flottement, les cris de victoires remplacèrent ceux d'effort. Les blessures étaient douloureuses mais non mortelles et la bête était vaincue. Les hommes d'armes se mettaient en route pour raccompagner les blessés à Sainte Deina et faire une nouvelle descente dans le manoir qui n’exsudait plus de froid.

A quelques mètres de là, Sire Lucien tenait le père Louis par les épaules. Le prêtre suait à grosses gouttes et respirait comme un bœuf visiblement exténué.

- Nous allons vous ramener à la cathédrale mon père. "

Alors que deux mains saisissaient ses épaules, Efren releva soudainement la tête comme s'il cherchait à trouver les yeux de son interlocuteur. Il avait suivi tout ce qu'il s'était passé de son point de vue fait de sensations et d'imagination. Il avait entendu des cris de courage et de douleur. Il avait senti le froid et la chaleur mêlés de manière incohérente. Il avait perçu la présence de la créature à travers ses hurlements et les frissons qu'elle avait provoqué chez lui. Il avait suivi la stratégie de ceux qui s'opposaient à elle de part les ordres qui furent donnés. Il avait compris que la victoire était acquise grâce aux manifestations de joie de ceux qui l'entouraient. Les paroles de Nakor lui apportèrent tout ce qu'il n'avait pu comprendre par lui-même, parce qu'il n'avait pas l'historique de tout ceci et parce qu'il n'avait pas pu voir ce que ces hommes et la prêtresse d'Othar affrontaient. Il écouta sans un mot, se contentant d'ingurgiter les informations qui lui étaient données en hâte. Il ne put que remarquer sa façon de traiter un jeune homme de seize ans comme un enfant mais il était encore trop crispé pour réagir.

Lorsque le Magistère se détournait de lui, sa tête pivota comme s'il le suivait du regard. Il réalisa que, dans une telle situation, ses sens s'étaient subitement affûtés pour lui permettre de combler l'absence de ses yeux. Il lui semblait avoir senti les variations de températures avec une précision qu'il n'avait encore jamais connue et il avait entendu bien plus de choses que d'ordinaire... Concentré sur son corps et ce qu'il ressentait, il réalisa que ses poings étaient toujours solidement -et douloureusement- fermés. Il les déplia alors lentement, faisant jouer les articulations de ses doigts afin de les détendre et de les soulager. Mais alors qu'il faisait cela, Nakor s'adressa de nouveau à lui, l'interrogeant sur les demoiselles de Termer. Il n'avait aucune raison de lui mentir. Bien au contraire, il préférait se montrer sincère afin qu'elles soient rapidement retrouvées et que l'on s'assure qu'elles allaient bien. Il répondit donc avec simplicité et assurance.

-Elles voulaient aller voir le mur gelé de la maison voisine du manoir. J'ai essayé de les convaincre que ce n'était pas une bonne idée et j'ai refusé de les accompagner par peur de commettre un impair... Dit-il en désignant son bandeau afin de signaler que son handicap aurait pu le conduire à toucher à quelque chose qu'il ne fallait pas. Par sécurité, il avait préféré ne pas bouger. Mais elles ne m'ont pas écouté. Je ne saurais pas vous dire dans quelle direction elles sont parties, je ne sais pas encore bien m'orienter dans sans mes yeux.

Il aurait été capable de le dire tant qu'il n'avait pas bougé de sa position initiale. Cependant, depuis, il avait rejoint son père, suivi Nakor puis fait volte-face pour rester cacher derrière le vieux mage... C'était comme s'il se trouvait en pleine partie de colin maillard, il était incapable de dire par où se trouvait Sainte Deina tant que les cloches ne sonnaient pas.
Mais alors qu'il achevait son explication, une voix inconnue l'interpella à son tour.

-Efren ?
-C'est moi. Dit-il alors qu'il ignorait si on s'adressait à lui directement ou si on le cherchait juste.
-Ton père te cherche partout.
-Mon père vient d'être emmené à la Cathédrale. Déclara-t-il après un froncement de sourcils interloqué.
-Je sais, je l'accompagnais mais quand il a vu qu'il y avait du grabuge ici il a voulu faire demi-tour. Nous sommes arrivés juste où le nuage noir s'est évaporé. Ton père s'est épuisé en faisant ça et il n'arrive plus à marcher. Il m'a demandé de te trouver et de t'amener à lui, il est très inquiet pour toi. Plus que pour lui...

En temps normal, cette remarque aurait étiré un sourire chez l'adolescent. Cela ressemblait bien à Aaron de prendre d'abord soin de son fils avant lui-même. Cependant, la conclusion de l'homme ne laissait rien présager de bon... Sans doute son état avait-il empiré au point que même un inconnu s'en trouvait préoccupé.

-Alors menez-moi à lui. Demanda-t-il simplement, la mine grave.

Le chevalier s'avança et hésita un peu sur la manière dont il devait s'y prendre pour guider l'aveugle. Sans compter que ce garçon prenait la chose avec un tel aplomb que cela en était déroutant. Finalement, il prit sa main pour la pauser sur son épaule, tel qu'il avait déjà vu d'autre le faire, et commença à s'éloigner.

Dans les hauteurs de Sainte-Deina, la porte d'un salon privée fut ouverte pour le vieux mage. Un vieil homme à la longue barbe grise savamment tressée l'y attendait près d'une femme entre deux âge aux courbes généreuses et au regard doux.

Lise, la jeune femme en bure blanche qui avait accompagné le mage, s'effaça en les présentant avec respect.

- Ses grâces Alain et Sophia, Grand prêtre et Grande prêtresse au service de la Toute-Bienveillante.
- Pardonnez nous, maître mage, nous aurions préféré que la Haute Prêtresse Irys puisse vous recevoir en personne mais elle est au chevet des malades et ses dons sont précieux pour sauver des vies."

Le vieux prêtre approcha pour désigner un fauteuil à l'ancien maître de l'Arcanum, sa voix calme et avenante transmettait un sourire paisible sous son abondante pilosité. Les choses et les gens avaient bien changés depuis le départ de Nakor pour des pays lointains et malgré son intervention dans les temps les plus rudes, nombre de petits et de grands noms le voyaient encore comme un dangereux oiseau de mauvais augure. Pourtant, l'affaire qui les occupaient ici était de la plus haute importance et les deux représentants du culte comptaient bien l'écouter comme ils avaient écouter Sire Lucien, Lise, et deux autres chevaliers qui se trouvaient sur les lieux à défaut de pouvoir entendre ce bon Louis.

Le Grand prêtre, dont Louis était l'émissaire officiel et le plus loyal agent, avait déjà son opinion sur ce qu'il s'était passé. Manquant de force, le jeune prêtre s'était retrouvé à la merci de la créature et l'intervention du vieux mage avait été salutaire à défaut d'être délicate. Pour Mère Sophia en revanche, les choses étaient plus floues et elle écouta le vieux mage avec concentration, faisant fi de son langage fleuri et de ses conclusions aussi abruptes que hâtives pour tenter d'en extirper la substantifique moelle.

Au cours de la conversation, les esprits s'échauffèrent à plusieurs reprises. Le fait que le Père Louis ait parlé des volontés d'un "Il" fit notamment bondir les deux serviteurs de la Déesse qui se refusaient à envisager le pire. Mais au fur et à mesure, ils devaient se faire à l'idée qu'il était suspect. Le fait que le culte était au courant de quelques détails au sujet de la créature devint manifeste, mais Louis avait décidé seul de faire intervenir du personnel extérieur et semblait en savoir plus long que les conjectures ésotérique des prêtres de la Dame Dieu.

Au bout du compte, il fut décider que le Père Louis ferait l'objet d'une enquête poussée durant laquelle il serait mis sous bonne garde. Deux prêtres et plusieurs chevaliers furent immédiatement dépêchés et la Haute Prêtresse fut finalement mandée malgré ses obligations.

C'est avec un sérieux et une déception manifeste qu'elle ordonna que le Conseil de Régence soit mis au courant de l'existence de ce que le Culte gardait secret depuis des années. Les prêtres avaient cru que seuls leur foi les rendrait suffisamment droit et incorruptibles pour gérer une telle source de ténèbre, mais à présent qu'elle débordait à l'extérieur, les plus hautes instances du palais royal devaient être informées.

De plus, la Haute Prêtresse Irys demanda au vieux mage de bien vouloir lui-même prendre connaissance de l'étrange artéfacts qui s'était éveillé sous la crypte quelques années auparavant et le laissa aux bons soins des Grand Prêtres pour s'occuper en personne des rapports qu'elle devrait désormais entretenir avec le Palais.

Passant par la crypte des Phiram, le Grand Prêtres Alain précédait Nakor tout en lui expliquant l'évènement qui les avaient conduit à faire cette découverte.

- Il y a deux ans, au milieu de l'an 15, ceux des nôtres auxquels la Dame Dieu à conféré un don ont sentit quelque chose changé dans la configuration de Sainte-Deina. Le calme et la bienveillance qui se dégageait de cet édifice et aidaient nos plus jeunes membres à communier spirituellement avec notre Mère à tous  était agité d'une étrange magie. Nous avons remonté sa piste et découvert une grande salle aménagée dans les fondations de la cathédrale. " Arrivant à une porte en bois épais directement fichée dans un mur de pierre à peine dégrossi, l'homme s'empara du gros anneau qui lui servait de poignée pour la tirer doucement, laissant cette fois passer le mage en premier s'il le désirait. " Ce que nous avons découvert en bas nous a glacé le sang... Nombre d'entre nous l'ont étudié. Nous avons tenté de le détruire et de le refermer, mais sans succès, alors nous l'avons contenu grâce à d'anciens rites des premiers Saints. La nuit de l'éclipse, une étrange force s'est opposée à ces rituels et c'est là que la créature s'est échappée. L'enquête est encore en cours, mais nous avons trouvé quelques preuves de l'implication d'une secte qui rend gloire à Arcam. "

Arrivé en bas des escaliers, le couloir s'élargissait, laissant les deux hommes marcher à deux de front. Dans la paroi, des torches placées à intervalles régulier ne parvenaient pas à chasser un quelque chose de mystique à l'ambiance tamisée.  A chaque pas, l'odeur d'encens sautait un peu plus à la gorge et d'étranges chants rebondissaient sur les murs de pierre.

Le couloir court débouchait dans une immense salle ronde au plafond suffisamment haut pour n'en voir que quelques portions dissimulées dans l'ombre. Deux hommes en bure blanche balayait le sol poussiéreux pour ramener gravas et saletés vers une petite portion de mur à demi effondré. Trop petite pour compromettre la stabilité de la salle, la portion transformée en éboulis donnait la curieuse impression de pénétrer dans une ruine antique.

Au milieu de la pièce ronde, six piliers de marbre blanc portaient six statues emplies de grâce. A regarder, chacune portait un symbole faisant clairement comprendre qu'il s'agissait de six saintes bien précises. Et au milieu d'elles, une sorte de cuve ou de puits dont il était impossible pour l'instant de voir le contenu.

Une dizaine d'hommes et de femmes en bure bleue était agenouillés en cercle autour des six piliers, yeux clos, les mains en coupe et psaumes aux lèvres. De leur chœur s'élevait en réalité une longue prière de protection en langue courante, mais la façon dont le son se répercutait sur la roche la déformait rapidement avec la distance.

En approchant, on pouvait voir une matière noire dans le puits centrale. Et encore, noir était un terme trop faible pour décrire l'absence de couleur qui s'y trouvait. Fluide comme la surface d'un étang, elle reflétait la lueur magique qui dansait au-dessus d'elle comme le ferait une flaque de métal.

- Une faille vers les ténèbres d'Arcam. " souffla le Grand Prêtre tout près de Nakor pour ne pas déranger le rite. " Nous ne savions pas ce qu'il en était avant que cette... Créature d'ombre s'en soit extirpée. Et quand nous avons compris, c'était déjà trop tard. Elle avait fuit en blessant nombre d'entre nous... Nous voulions juste éviter que des hommes mal avisés, qu'ils soient nobles ou Otharique, l'utilise comme une arme. Mais à présent ce choix n'est plus entre nos..."
- Ah!

L'un des deux hommes en bure blanche venait de crier en sautant de côté pour s'éloigner de l'éboulement. Le nuage de lueur diaphane qui dansait au-dessus du puits vacilla une seconde, le temps que les prêtres reprennent leurs prières d'une même voix. Puis, l'initié se rua vers les grava et plongea derrière pour en ressortir aux prises avec une jeune fille blonde.

Connaissance du Noirpuits par la couronne:

Suite de Cache cache.

Il fallait mieux être prudente.

L’éboulis était instable, et il était évident que la grande pièce sur laquelle il menait était occupée. C'était d'ailleurs là tout l’intérêt d'y aller. Amaryllis ne pouvait évidemment pas en être certaine, mais des éléments factuels la poussait à voir dans ce lieu la source de la créature d'ombre que ses compagnons avaient affrontée plus tôt. Avec les tours et détours qu'elle et sa sœur avaient accompli dans les tunnels, il était assez complexe de déterminer avec précision l’identité du lieu où elles se trouvaient. Néanmoins, la nature de maçonnerie témoignait d'un ouvrage massif et de qualité.

Visage crispé, la jeune fille déplaça précautionneusement une pierre brisée net.

Lorsque le mur avait subit les températures extrêmes provoquées par la créature, l'eau contenue dans d'infimes anfractuosités de la pierre et en quantité dans le mortier s'était brusquement dilaté. Les maçons avaient fait un excellent travail, et le jeu entre les pierres était minimal dans la plupart des endroits. Malheureusement, cela avait également signifié que les forces provoquées par la dilatation s'étaient concentrées sur la roche elle même, et plus précisément sur ses les lignes de fragilité et les fissures naturelles que la taille avait créé il y a longtemps. Lorsqu'une pierre avait claqué, la charge s'était alors répartie sur ses voisines, provoquant des réactions en cascade, jusqu'à ce que le poids de la terre derriere finisse par faire tomber le pan de mur.

La pierre qu'Amaryllis avait choisi la gênait, mais ce qu'elle ignorait, c'est qu'il y en avait d'autres qui s'appuyaient sur son coté.

Lorsqu'elle la retira, un fracas retentit, et l’édifice instable s'effondra en château de carte. Amaryllis poussa un couinement de souris alors que le mélange de pierres et de mortier sur lequel elle s'était installée glissa vers l'avant puis bascula, l’entraînant avec lui.

L'instant d'après, le morceau de pierre toujours en main, elle se retrouvait à plat ventre presque devant les pieds d'un homme en bure blanche. Autour d'eux, le dallage qu'il venait de balayer avec application était couvert de débris.

La belle blonde posa la pierre et commença à se relever avec une profonde dignité lorsque l'homme armé d'un balai se saisit de son épaule pour l’entraîner avec lui. A son allure, cela devait être un prêtre, ce qui expliquait en partie son incapacité manifeste à faire face à l'inattendu de manière posée et réfléchie.

- Merci de votre aide. Mais je suis capable de me relever seule. Et sur ces mots, elle l'avait repoussé. D'un oeil, elle fit le tour de la salle et avisa les 6 colonnes, les saintes, le puit, les prêtres incantant, et surtout les trois nouveaux arrivants.

Parfois le hasard faisait bien les choses.

- Ah. Sieur Nakor de Nisetis. Vous tombez bien. ajouta-t-elle en faisant mine de se diriger vers les deux grands prêtres et leur invité sans grande considération pour le pauvre initié.

Dans son trou, Myosotis luttait un peu avec son balais dont la tête s'était coinsée entre deux aspérités.

Cependant, des voix lui parvinrent. Celle d'un inconnu. Puis sa sœur. Et enfin celle de Nakor de Nisétis… Que ce vieux barbu faisait il ici ? N'était il pas tout à l'heure de l'autre côté ? A moins que… que tout ceci ne soit qu'une mascarade de sa part. Il avait bien menti sur sa renommée, probablement sur son âge et son origine, alors, pourquoi ne pourrait il pas être à la source du chaos ?

Des faits ! Dirait sa petite sœur. Elle avait besoin de faits pour étayer sa conclusion. Des fait… Et bien depuis ce matin, depuis qu'elles avaient fait la rencontre de l'ancêtre, elles n'arrivaient plus à s'entendre avec Héléna. La prêtresse était même allée jusqu'à menacer sa sœur de détruire un bien précieux. Et il a mis les sœurs à l'écart une première fois, les rendant vulnérables. Dans la cave, il avait osé… osé… Et maintenant.

La rousse demoiselle réussit enfin à sortir de son trou, furieuse, le balais à la main. Elle marcha vers Nakor, ignorant les deux hommes de blancs vêtus, quand elle reconnu la robe bleue et blanche de la prêtresse. Mais c'était le maintient de la femme qui fit que la demoiselle effectua une révérence parfaitement réalisée. Discrètement, le balais devenu une arme fut placé de telle sorte qu'il apparaisse moins agressif mais toujours prêt à riposter en cas de besoin.

" Ma mère, je vous prie de me croire. Ne vous fiez pas entièrement à cet homme. Ne trouvez vous pas troublant qu'il soit le seul à n'avoir pas été blessé par la créature. Ma sœur, pourrait vous dire comment la créature s'est agrippée à lui, et comment il a incendié la cave du manoir des Lourmels. Quelles sont les preuves qu'il voulait détruire ? "

Le regard bleu se posa sur le vieil homme. Il était chargé d'animosité et de rebuffades.  

-" Messire, aussi bien, c'est de votre fait si Dame Héléna se meure. Ne nous transférez pas votre culpabilité. De plus, je ne peux faire confiance à un homme qui en guise de bonjour, cherche à caresser des filles…
- Myo, ne parle pas trop fort, il y a des gens qui travaillent ici.
- Soit." dit à mi-voix la demoiselle. Puis elle se retourna vers la Grande Prêtresse. " Je vous prie de croire en mes excuses les plus sincères. Et je me tiens à votre disposition, votre Grâce. "

A nouveau, elle s'inclina en guise de respect.

Hélas, le Grand Prêtre n'affectionnait pas particulièrement l'idée de relier tout mal à des sectes adoratrices du Menteur. Lorsqu'il parlait de secte, il parlait bel et bien de prêtre d'Arcam et de leurs sympathisants dont certains avaient réussi à se faufiler parmi les serviteurs de la Dame Dieu et avaient perpétrer un rituel magique pendant l'éclipse. Depuis, les plus hautes autorités du culte les traquait pour les arracher de leur repère comme on extirpe une écharde d'une peau saine... Mais pour les prendre, il fallait de la discrétion et l'épuration allait bon train, profitant du chaos engendré par les croyants paniqués de ce jour.

L'homme laissa le mage s'épancher en conjecture, lui répondant de son mieux. La lueur était produite par le champ magique installés par les prières. Seuls deux des prêtres présents étaient des mages mais l'énergie, la fois et la volonté venaient de tous. Le soir de l'éclipse ils étaient trente-sept prêtre présents au cas ou il se passerait quelque chose et ils n'avaient pas put empêcher le malheur. Sans la présence des prêtres, la mare restait luisante et placide, aspirant ou rejetant de toutes petites quantités de magie à intervalle irrégulier. Mais une créature avait surgit peu après son activation et on avait réussit à la faire disparaitre par un pur trait de chance lorsque la magie de l'une des prêtresses présentes lui avait échappée et avait rongée la créature, tuant la prêtresse au passage. Depuis, ils avaient mis en place un cercle chargé de prévenir tout changement et d'empêcher toutes magie d'entrer ou de sortir de la mare.

L'arrivée des demoiselles en revanche, fut un choc... Quand aux mots de la seconde, ils braquèrent les yeux d'Alain et de Sophia sur le vieux mage avec incrédulité. Après quelques secondes de surprise dans le silence le plus total, Alain tendit le bras vers la sortie.

- Pourrions nous sortir quelques instants pour éclaircir tout cela ? Je ne voudrais pas déranger nos gardiens.
- Tout a fait. " repris Sophia en se plaçant entre les filles et les deux hommes, glissant une main toute maternelle dans leur dos. " Il est hors de question de les renvoyer auprès d'une prêtresse de la guerre après ce qu'elles ont vu sans savoir qui elles sont, qui est leur gardienne et pourquoi elles ont été placées sous la protection d'un clergé si barbare. Comme vous le voyez, maître mage, la situation est sous contrôle pour l'instant, nous répondrons à toutes vos questions et nous discuterons de votre inclusion possible dans l'étude de la mare dans un endroit moins sensible si vous le voulez bien. "

Nakor insistait pour que je me repose. Au fond, il n’avait pas tort. Le froid commençait à m’envahir. J’avais un besoin de reprendre un peu de force. Soit, je me laissais guider par une des prêtresses qui faisait sa mission dans la cathédrale. Dans le dortoir, il y avait tout un tas de blessé aussi nombreux après un champ de bataille. C’était déconcertant d’une certaine façon. Cette étrange nuit avait fait tant de dégâts…Et aujourd’hui, plein de question en suspens et de cachoterie qui ne me plait pas. Le peuple souffrait et était apeurée ? Le Culte de Nééra avait un prêtre qui pratiquer une forme de magie noir que je ne connaissais pas mais qui était une arme dangereuse. Puis, il venait le fameux « il » ? Puis, la créature sortir du corps du prêtre. Une créature cauchemardesque qui venait surement d’une source…Était-ce le Menteur ? L’Ennemi ? J’étais utilisé comme un appât dont le vil prêtre était le responsable. Mais ma suspicion se tourna vers le culte de Nééra. Maintenant, Ils cachaient quelque chose, ils étaient responsables de tout cette mésaventure et le peuple payait les frais. Le culte Néérite commençait elle à être corrompue ? Je devenais méfiante, suspicieuse. Ce n’était pas la première fois que le culte Néérite avait créé scandale. En pleine guerre civile, l’ancienne haute prêtresse avait nommé un autre prétendant du trône jetant l’huile dans le feu à une noblesse bien vindicative.

Maintenant, cette histoire allait devenir mon affaire au nom de mon culte et je sais très bien que le culte d’Othar ne laisserait pas le vil prêtre, suppot d’arcam, vivre.

Puis, un instant, j’aperçus en m’installant sur mon lit que la prêtresse avait désigné. J’aperçus le vil prêtre être emmené par ses confrères. J’avais entendu ses confrères en train de discuter. Puis, mon regard se posa la jeune prêtresse.

« Il est grièvement blessé ? »

« Oui, son cas est particulièrement grave. C’est urgent qu’il soit soigné » disait-elle en guise de réponse avant de continuer « Quant à vous, je dois vous ausculter et je vous prie de vous reposer. »

La jeune prêtresse m’adressa un sourire doux et respectueux. Quant à moi, j’hochais légèrement la tête, adressant aucun sourire. Elle me demanda de voir la blessure. Discrètement, je prie une de ses couvertures pour couvrir l’entrejambe et relever la robe juste en dessous de ma poitrine. Ainsi, je découvris la brûlure sur ma peau qui allait rejoindre mes autres cicatrices. Je poussais un soupire. La jeune prêtresse mit de l’onguent sur ma brûlure, enroulant le bandage autour de mon ventre. Une fois fini, elle partit avant de revenir avec un bouillon m’invitant à boire. De là, elle s’occupa des autres blessés. Je m’assis de nouveau, enroulant ma couverture par la même occasion. Je réfléchissais longuement. Devrais-je rester ici ? Attendre ? Mon regard se posa sur Efren et Aaron, je préférais laisser le fils avec son père. Ils avaient fait les frais. Je gardais le bouillon entre mes mains, buvant d’un trait sentant la chaleur réenvahir mon corps. Le corps m’invita à me reposer. Cependant, tout cette histoire me rendait incapable de calmer mon esprit. Puis, la colère ne s’était pas éteinte. J’étais un appât d’un vil prêtre. On voulait me tuer pour avoir protégé un archimage et tuer la créature. Et, maintenant ! on emmena un prêtre qui n’était pas grièvement blessé à l’abris ?  J’étirais un sourire bien jaune et bien mauvais.

Je me levais posant le bol sur le côté. Un jeune blessé partageait sont lit avec un vieil homme. Je tendais du doigt le jeune homme.

« Prends mon lit. » disait-elle avant de suivre le chemin dont le père Louis avait emprunté.
Discrètement, je regardais les serviteurs néérite effectuaient leurs missions. Puis, je profitais de leurs occupations pour ouvrir la porte qui emmener dans l’espace réservé aux clergés néérites. Etait-ce une bonne chose à faire ? Ne fallait-il pas mieux d’attendre ? Non, la provocation était la meilleur façon d’avoir des réponses. J’avançais d’un pas lourd marquant bien ma présence. Il ne fallut pas longtemps pour qu’un religieux arrive et me regarde avec une surprise les plus inattendue. Il m’arrêta avec ses deux mains me forçant à regagner le dortoir. Je me mis face à lui, le regardant droit dans les yeux sans souciller d’un cil. Mon regard était rempli de froideur et une lueur de défis brillait dans mes yeux

«  Non » disait-elle «  Vous cachez ce suppôt d’Arcam dans votre lieu ! Ne me dites pas le contraire. Une créature cauchemardesque est sortie de lui et a se démasquer en révélant l’identité du Menteur ! Forcer moi à regagner ma place ! Je révèlerais la Vérité au peuple que vous êtes responsable et que vous cachiez ce prêtre. Et vous savez aussi bien que moi que la vérité n’est pas bonne lorsqu’elle sort de la bouche d’une prêtresse de la Vérité. » Je lui laissais le temps de bien écouter ma parole, puis, je mis mon doigt sur sa bouche. « Vous avez trois choix. Vous m’emmenez devant les grands chefs de cette Cathédrale avec Nakor ou que vous m’emmeniez devant le prêtre Louis en question et qu’il répond à mes questions. Sinon, la vérité va vite sortir. Toute façon, un jour ou l’autre, le Culte d’Othar va aussi chercher la vérité. Et il n’est pas bon que le culte Néérite a mauvaise réputation auprès du peuple dont vous êtes entièrement responsable. » Le regard se fit plus dure et plus intense «  Faites vite. Le temps compte. »

- Calmez-vous, je vous en prie, vous devez vous reposer. Francis !

Elle avait essayé la guérisseuse, de renvoyer la patiente à son lit, mais elle résistait. Elle tempêtait. Elle délirait. Alors elle avait appeler ses confrères. qui à deux étaient tombées sur la prêtresse qui continuait son monologue tout en tentant de faire taire celle qui l'avait saisit à bras le corps.

Les Néerites avaient certes la réputation d'être sans violence et sans ressource, mais les patients délirants sont plus nombreux que le commun des mortels n'accepte de le croire et si à un contre un, il était mal aisé de bloquer une personne, à trois, plaquer au sol une femme blessée et frôlant l'hypothermie se révélait beaucoup plus simple.

- Qu'on apporte du lait de pavot ! Vite ! "

Manipulée, contrainte, maintenant son nez bouché pour l'obliger à ouvrir la bouche, quelques goutes de la teinture finirent par tomber au fond de la gorge de la folle. Quelques secondes et les sursauts cessèrent. Quelques minutes et elle était totalement inconsciente.

Les prêtres, la soulevèrent avec précaution et l'emmenèrent dans l'une des chambres individuelles qui servaient aux malades les plus contagieux ou les plus fortunés.

- Je vais prévenir Mère Garance. Son don pourra surement l'aidée.
- Parfait. Je m'en vais demander à Lise de porter un message au temple d'Othar pour les prévenir qu'une des leurs est chez nous. Sire Lucien a bien dit qu'elle se nommait Héléna, c'est cela ?
- Héléna Skorsheim. "

Un hochement de tête et tous se mettaient en route.

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Le Maître du jeu s'adressant à Héléna... Tu ne reprendra tes esprits qu'une bonne heure plus tard, la tête dans du coton et incapable de tenir sur tes jambes ou même d'être assise sans quelque chose pour te caler dans le dos. La douleur dans ton ventre a disparue et une jeune fille du même âge que tes protégées et portant une bure blanche te veille.

Une sangle te maintien au lit au niveau des chevilles et tes deux poignets sont également sanglés à la tête de lit. Tu es dans une toute petite chambre ne disposant que d'un lit et d'un coffre, ainsi qu'une grande fenêtre fermée d'un vitrail représentant une colombe ne vol sur un ciel bleu. En plus de la chaise à ton chevet occupé par la jeune fille, un pris-dieu fais face à une alcôve murale dans laquelle a été placée une grande sculpture de Néera en accueil, les mains tournées vers toi.

Dès qu'elle se rend compte que tu es réveillée, la jeune fille te glisse.

- Tout va bien. Vous êtes à Sainte-Deina. Vous avez eu des propos délirants et commenciez à devenir agressive. Je vais chercher les prêtres qui s'occupent de vous. " Puis elle quitte la pièce en vitesse pour ramener une vieille femme chenue dont les rides figent un sourire dans son visage.
- Bonjour ma fille... Héléna, n'est-ce pas ? Heureuse de vous voir reprendre conscience. N'ayez crainte, votre temple a été informé de l'aide que vous nous aviez accordé et de votre état de santé. Ils nous ont confirmé que vous avez été envoyé d'Erac pour les aider. Vous avez bon cœur... Mais enfin... Comment vous sentez vous ? "

- Les personnes âgées ressentent souvent le besoin de se sentir respectées. Vous pouvez nous bander les yeux, cela le rassurera." Amaryllis avait répondu aux demandes de Nakor d'une voix aussi basse et sereine que son intervention initiale. Après tout, elle ne faisait qu'énoncer un fait qu'on lui avait mainte fois répété de manière indirecte.

" Infantilisation, humiliation, domination… Messire, faite attention. " murmura la rousse, tandis que sagement elle ferma les yeux pour accepter le bandeau imposé.

Et c'est ainsi qu'elles furent conduites entre escaliers et couloirs, galeries et salles. Il se trouvait aussi qu'Amaryllis avait quelque peu l'habitude de retrouver son chemin dans des couloirs mal éclairés. Pourquoi la plupart des gens négligeaient-ils à ce point les sens autre que la vue. Il était si facile d'écouter la manière dont le son des pas se réverbérait pour en déduire la taille de l'espace, de compter ses pas comme les marches des escaliers. Avec un peu d'exercice et des semelles pas trop épaisses, on pouvait reconnaitre aisément la taille des dalles, la texture du sol. Amaryllis estimait que pour maintenir un niveau intellectuel correct, il était important d'exercer tous les jours sa mémoire. Ainsi, même si elle doutait de l'utilité de la chose, elle mit un point d'honneur à mémoriser le trajet.

Puis la grande prêtresse Sophia leur proposa de se débarbouiller. C'était une proposition sage, car leurs explorations entre boyaux étroits et égouts n'avaient pas été des plus hygiéniques. Malgré les efforts importants qu'elles avaient toutes deux effectué pour rester présentable, Myosotis et Amaryllis avait l'allure de chats des rues ébouriffés.
La prêtresse en profita pour en savoir plus.
-" Nous avons fait la rencontre de Dame Héléna dans une forêt. Moult brigands nous assaillaient et de son épée nous a protégé. La Corneille nous prit alors sous son aile. Ensemble, nous découvrîmes la belle Diantra. Ensemble, nous vécûmes l'étrangeté de la nuit dernière. Ce matin, intriguées nous cherchâmes des réponses à nos questions. Et dans une taverne, nous rencontrâmes Messir Nakor de Nissetis. Ce vieil homme prêtant être aussi vieux qu'un être du beau peuple. Pourquoi se vieillir comme le font les enfants ? Mais afin de conclure sa présentation, il nous caressa de sa barbe.
- Contrairement à… Myosotis fit alors les gros yeux à sa sœur, qui après quelques tractations finit pas tout raconter à la prêtresse. Tout ? A quelques détails prés comme ce qui était répréhensible par la loi.

Amaryllis de son coté sut pour cette fois reste discrète et écouter car des choses aussi triviales que les états d'âme de Nakor ou d'Héléna étaient bien loin de ses préoccupations premières. Tout au plus ajouta-t-elle quelques précisions lorsqu'elle avait l'impression que la mémoire de sa sœur lui faisait défaut. Etonnement, elle ne parla pourtant pas de ce qui s'était passé avec son père.

Silencieuse, elle hochait lentement la tête, la pulpe de son index frottant lentement celle de son pouce, les lèvres entrouvertes dans cette expression pensive si caractéristique que Myosotis lui connaissait si bien. Elle passait en revue les évènements de la journée pour tenter de leur donner un sens, car du point de vue d'Amaryllis

- Messire Nakor manque de clairvoyance, il est convaincu que le monde gravite autour de lui et de ses idées, mais je n'ai rien observé qui laisse penser à de la malveillance de sa part. C'était une manière somme toute assez polie d'exprimer ce qu'elle pensait du vieil homme.

Il y eut une pause.

- Quant à Dame Héléna… Elle est pleine de bonnes intentions, mais mon hypothèse est qu'elle ne comprend pas les gens ni le monde. La majorité de ses décisions semblent condamnées à produire l'effet opposé de ce qu'elle souhaite. " La jeune blonde aux yeux bleus  pencha la tête et acheva sa pensée. "C'est assez étrange. Mais elle veut brûler mon carnet. Cela n'arrivera pas." Amaryllis était soudainement revenue sur terre, et la lueur qui brillait dans ses yeux indiquait clairement qu'il valait en effet mieux pas que la Corneille tente quoi que ce soit de dommageable.

La prêtresse de Neera, quant à elle, était décidée à les convaincre de s'installer dans la cathédrale en tant que novices, peut-être parce qu'elle ne connaissait pas encore Amaryllis de Termer, mais aussi et surtout à cause de ce qu'elles avaient vu. Elle avait fait preuve de franchise à ce sujet et il était clair que la confiance qu'elle avait en le culte d'Othar était assez limitée.

" Merci ma mère. Cependant si Dame Héléna a été blessée, il serait déplacé que nous la quittions maintenant. Par contre, dès qu'elle sera en mesure de reprendre des activités normales, nous reviendrons. Mais si nous pouvons vous être utile durant ce temps, ce serait avec plaisir. ."
- Je préfère être ici qu'au temple d'Othar. L'architecture de la cathédrale est bien plus intéressante et nous avons assez balayé.

"Alors je ferai des allées et venues pour m'occuper d'elle. Amarillys, nous devons toujours rendre le balai à Dame du Fresnet. Oh…" l'adolescente paraissait gênée par la demande S'il vous plait, ma mère, pourriez vous me rendre le poignard ? Il appartient à Dame Héléna et je n'ai pas très envie de le perdre. "

Peut-être serait-il mieux que Dame Héléna reste ici le temps qu'elle se soigne. En extrapolant à partir des effets de la créature sur la maçonnerie, un contact avec elle occasionne certainement de sournoises blessures. Tu te souviens Myo lorsque le vieux Jacquet a eu des engelures? Il a fallu lui couper la jambe. Par contre Héléna aussi voulait que je devienne novice de Neera. L'idée n'est pas meilleure aujourd'hui. Et pourtant, il n'y avait dans l'expression de la jeune fille aucune trace de sarcasme.

Mère Sophia souriait en regardant les deux sœurs et leur avait promis de ne rien révéler de ce qu'elles auraient pu lui dire. Le Silence de Néera était sacré et même le roi en personne ne pouvait forcer un prêtre à le briser, alors l'histoire des deux jeunes filles était en sécurité. Elle n'était pas certaine d'en saisir tous les tenant et les aboutissant, mais certaines choses étaient assez clair pour qu'elle n'insiste pas. Du moins pas à aujourd'hui alors qu'il y avait tant d'autres choses à voir. Après tout elle était rassuré sur ce qui s'était passé avec le vieux mage. Il était excentrique mais les jeunes filles reconnaissaient elles-même qu'il était plus sénile que malveillant.

- Vous semblez être deux jeunes femmes serviable, loyales et bien éduquées... Même si votre témérité est digne de votre jeune âge. " fini par déclarée la prêtresse en rendant à la rouquine l'arme que lui avait éhontément confiée la Corneille. " Héléna à de la chance que vous veilliez ainsi sur elle. Sachez en tout cas que vous êtes ici chez vous le temps de trouver une situation tenable. Vous pourrez récupérer vos affaires quand vous le souhaiterez. " Elle posa bien en évidence le balais dont la jeune femme avait parlé sans pouvoir s'empêcher de lui lancer un regard amusé, avant de se tourner plus particulièrement vers la petite blonde. " Peut-être que le noviciat ne vous conviendra pas... Mais j'ai cru comprendre que vous vous y connaissiez un peu en maçonnerie. Je pourrais vous présenter Maître Léonard. C'est un architecte. Un bâtisseur de cathédrales. Il connait la symbolique, les saintes écritures et les savoirs supérieurs aussi bien que nombre de prêtres, mais il connait encore mieux les sciences physiques, le dessin et les mathématiques. Il supervise depuis quelques années de la rénovation de notre presbytère et des temples de la ville. Ce n'est pas un métier banal pour une femme et je ne promet pas qu'il acceptera votre présence, mais vous n'avez pas l'air d'une demoiselle banale et dans mon Sud natal, le caractère fait loi... Et il sera également chargé de colmaté le passage que vous avez trouvé toutes les deux. "

Il y avait dans les yeux de la matrone un peu de cette malice qu'on ne trouve que dans les yeux sombres des suderonnes de vingt ans.

Une fois les deux filles rincées et vêtues, la prêtresse les laissa retrouver le vieux mage pour s'entretenir avec Alain dans le couloir. On vint également les prévenir de ce qu'il était advenu de la prêtresse qui les accompagnait et des dernières décisions de la Haute Prêtresse.

Lorsque les deux serviteurs de Néera revinrent dans le petit salon, ce fut pour avertir Nakor que les deux jeunes filles avaient été invitées à rester au sein de la communauté de la Cathédrale et que la Haute Prêtresse était d'accord pour collaborer avec lui à la mise en place d'une façon plus sécurisée de veillée sur le Noirpuits. Cependant, pour de plus amples études, ils leur faudrait à tous attendre que le Palais se prononce sur la conduite à suivre. De plus, la secte d'Arcam était leur problème et le culte comptait bien régler cela à sa façon sans le concours du vieux magicien.

Ils étaient encore en pleine discussion lorsqu'un jeune homme apparu à la porte sans même avoir frappé. Il était bouleversé et c'est sans se rendre compte qu'il était en présence de jeune Souffle aussi impressionnables que le sien qu'il leur appris que le Père Louis s'était donné la mort. Dans la chambre où les prêtres l'avaient isolé, il avait réussi à se percer le cou en utilisant la statuette de Néera laissée sur l'alcôve de prière.

-Vous, cacher des preuves? Vous parlez bien trop pour cela. Le risque est plutôt que vous les camoufliez sous une avalanche de conjectures." Le rire de Nakor avait à demi couvert les mots clairs et précis que la blonde Amaryllis avait prononcé. Son regard de cet inoubliable bleu nuageux était resté perdu sur l'archimage pendant toute la durée de ses simagrées enfantines si bien qu'on pouvait se demander si c'était bien lui qu'elle regardait.

Ce que l'homme souhaitait accomplir là n'avait pas paru très clair à la demoiselle, et voir sa langue surgir au beau milieu de la barbe blanche qui remplaçait le bas de son visage n'avait qu'ajouté à sa perplexité.

Puis, blottie dos contre le torse de Myosotis, elle avait écouté l'offre du sorcier. Cette dernière ne lui était en rien destinée, mais elle n'en était pas moins pourvue d'intérêt. Assez précise pour pouvoir assembler quelques pièces d'un puzzle dont elle ne possédait que certaines pièces.

La belle enfant adorait les puzzles, surtout ceux dont il manquait des pièces. Certains choisissaient dans ces cas là d'en inventer, et faisaient souvent preuve de grande créativité dans le domaine. Elle-même le faisait aussi, elle appelait cela des hypothèses. Mais sans expériences pour les étayer, ces hypothèses restaient dans son esprit rien de plus que des potentialités.

Mais un nouvel arrivant porteur de terribles nouvelles avait interrompu Nakor. Le pére Louis, le charmant prêtre qui les avaient conduits au manoir, s'était suicidé. La colère du sorcier fit froncer les sourcil à la jeune fille. Un instant, le regard nuageux s'était concentré, perçant, laissant entrevoir de redoutables possibilités cachées.

-Une… source d'information massive? La voix qui s'était élevée était d'une froideur surprenante. Son esprit parcouru les souvenirs qu'elle avait de l'homme enjoué et attentif. Je ne sais ce qu'il s'est produit, mais c'était un homme, Nakor, pas une chose. Si vous aviez eu des preuves contre lui, il aurait été emprisonné. J'en déduis que vous l'avez accusé d'un crime sans en avoir pour l'instant. Qu'il soit coupable ou non vous ne le saurez jamais. Et à défaut, vous avez tué un innocent.

Elle ignorait pourquoi cette potentielle injustice la révoltait autant.

Je reconnais le mal quand je le vois à l'œuvre.

Un instant, la jeune fille s'en était voulu d'avoir si odieusement détourner l'attention des deux prêtres. Elle avait eu peur alors, elle avait agit sur un coup de tête. Mais c'était Nakor qui s'en était pris le premier à sa sœur. Et elle n'avait prononcé aucun mensonge.
Ce fut la tête légèrement baissée qu'elle entra aux côtés de sa puinée dans la pièce. Tandis que l'homme à l'âge honorable faisait une magnifique démonstration de son savoir, une maxime lui vient en tête : " Ce n'était pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces. ".

Muette, elle savait se taire quand les adultes parlaient entre eux et Amarilys parlait pour deux.

A l'annonce de la mort de prêtre, elle ne comprenait pas pourquoi ce jeune homme si enthousiaste et amical en était venu soudainement à se donner la mort. Que c'était il passé pour qu'il en vienne à une telle extrémité ? L'acier avait il été de sortie ? Quels mots avait il prononcé ou entendu pour en arriver là ?

Elle baissa ses paupières et adressa à celui qu'elle avait à peine rencontrer une courte prière. Que les mots puissent accompagnés son âme jusqu'à Tyra et ne se perdent pas en chemin.

De ses terres aqueuses la rousse demoiselle avait appris que même les plus faibles avaient des armes en mains et qu'elles n'en étaient pas moins létales. Il suffisait de savoir les manier à bon escient. Une faux, une fourche, mais une langue aussi. Auprès de son père elle avait appris les double sens, auprès de ses précepteurs la bienséance et auprès des paysans la menace. C'était pour cela qu'elle s'était armée et apprit à s'en servir. Mais la lame avait un peu trop bien fait son travail…

Au culte d'Orthar, elle aurait pu apprendre à exceller à la pertuisane.
Au culte de Néera, elle voulait apprendre à manier les mots. Ceux qui soignent et ceux qui dominent tout en douceur.

On ne pouvait protéger efficacement ceux que l'on aime qu'en dominant. C'était la leçon du jour.