L'origine des nains arboricoles | Libre

A quelques heures au sud de Lante, 2ème ennéade de Karfias

La vénérable moustache frémit de confusion. Sous lui, entre les frondaisons, des gueules carnassières lorgnaient sur sa personne avec un intérêt non négligeables, les fauves canins tournant autour du grand végétal avec agitation. Plus loin bêlait sa monture, Pola, brave bélière du Zagazorn quelque peu indécise quant à la situation. Le feu du vieux nain s'était éteint tout naturellement dans la nuit, et c'est la panique de l'animal qui avait poussé la vieille barbe a trouver refuge, sans réfléchir... Dans un arbre. Par les Ancêtres, comment avait-il pu grimper ainsi... ? La question perdait sa réponse dans les brumes d'un esprit qui avait agi d'instinct, encore en prise avec les limbes du sommeil, bien trop pour envisager quelque chose d'autre.

Ainsi se retrouvait-il perché, des brindilles s'étant déjà allégrement logées dans sa barbe. Voilà qui n'était pas tout à fait prévu. Du moins, Pola bêlait pour qui voulait l'entendre, galopant dans les environs, bonne à agacer les loups sans parvenir à les faire fuir. Rimbur joua pensivement avec les anneaux de métal qui organisaient sa précieuse barbe blanche, élégamment et simplement attachée. Son bâton runique était bien entendu dans les vastes sacoches de sa monture... De même que tous ses précieux biens. Par les Ancêtres ! Qu'elle prenne la poudre d'escampette serait fort fâcheux, mais la brave bête n'en faisant rien. Il semblait au vieux nain qu'elle flirtait avec les limites de sa peur, s'avançant bravement avant de fuir sonorement. Les vils bêtes, qui rodaient à l'aube d'un nouveau jour, semblaient pour l'heure avoir la patience requise pour attendre que lui, antique nain, descende de son arbre. Non, non, non, cela n'était pas prévu. Qui irait noter la chose dans les archives naines... ? Que pensait-il ? Que Yaron l'en préserve !

Un grattement le ramena à la réalité, notamment à la bête fauve qui se dressait sur ses pattes arrières, les avants grattant le tronc, levant vers lui sa gueule plutôt grassement dentue, et ses mires sauvages. Rimbur eut un frisson : fascinant, ridicule et inquiétant. L'animal était on ne peut plus vif, mais qu'il ait visiblement l'intention de faire de lui son déjeuner atténuait quelque peu l'intérêt qu'eut pu avoir le nain pour sa prestance animale. A peine parti, voilà que ses parchemins lui manquaient déjà... La figure à tresses s'imposa aussitôt à sa mémoire, et le Zagazkroni marmonna dans sa barbe. Ce n'était pas des bêtes stupides qui allaient le retenir bien longtemps ! Si seulement il pouvait se servir de son bâton, là, dans la sacoche bien accrochée à la bête bêlant allégrement... Pour ensuite défaire une meute de loups à moi seul ? Ikthor, je t'ai préféré Yaron, m'en voudrais-tu ? Il n'était pas si loin de la route, quelqu'un finirait par passer. Ou les bêtes de se lasser. Patienter allait très bien au vieux nain... Quoiqu'être ainsi à plusieurs mètres du sol, sans échelle, était moins dans sa nature. Et inconfortable, avec ça, sa cachette. Le dawi se racla la gorge.

"Y aurait-il quelqu'un ? Baruk ? Des bêtes s'en prennent à moi !" clama-t-il à la volée.

Perché dans un arbre touffu, des loups à ses pieds, sa bélière trottinant nerveusement dans les alentours... Voilà une histoire qui ferait rire de nombreuses jeunes barbes. Rimbur s'abstiendrait peut-être de mentionner qu'il était le nain perché de l'histoire.

La naine ressentait la pression de son rôle au sein de la société Lantaise, de sa famille mais aussi de l'armée. Venant d'une famille de guerrier, elle devait tenir la route, se montrer forte, fière et puissante. Mais cela ne l'empêchait pas de devoir parfois s'évanouir pour quelques jours afin de se ressourcer et de profiter de moment de solitude. A vrai dire, c'était très enrichissant. Ils lui permettaient de réfléchir tranquillement, sans pression, sans contrainte et avec un point de vue différent.
Elle avait un mouvement de code avec son père, il savait qu'elle s'en allait quelques heures, quelques jours pour souffler. Brynhild accèdait en secret dans les écuries, attellait son bélier et s'en allait dans le début de la soirée, une sacoche sur la hanche, contenant des rations pour deux jours, une couverte et un vêtement de rechange. Voyager léger afin de se déplacer lentement et souplement.
La jeune Thane avait repéré un vieille ferme en ruine à quelques heures de bélier de Lante. Elle devait être abandonné depuis au moins cinquante ans. Mais elle tenait encore face aux vents qui balayaient le Brissalion, forte. Une construction naine comme on les aime, de bois et de pierre, à moitié entérré. L'énorme cheminée était toujours fonctionnel, seul quelques roches étaient tombé de son sommet. Une partie du toit s'était effondré sur l'arrière de la ferme. Depuis les quelques Lunes qu'elle venait, elle s'était attelé à ranger l'endroit, le rendant confortable, accueillant, sans pour autant craindre du saccage car elle n'était pas sur les routes habituels.
Brynhild n'était plus qu'à une trentaine de minute de la cahute quand elle entendit des sous plus étrange les uns que les autres. Un bêlement affolé, des loups et un appel à l'aide lointain. Que se passait il encore? Surtout dans ce coin de bien être abandonné. Elle se dirigea dans la direction des bruits quand elle aperçut la course du bélier affolé. Il était attelé, ce qui signifiait la présence d'un dawi dans les environs.

- Y aurait-il quelqu'un ? Baruk ? Des bêtes s'en prennent à moi !

Deux loups grattaient au pied d'un arbre isolé. Tournant autour, attendant que leur cible décide de se rendre. Voilà qui n'était pas spécialement effrayant, mais seul, cela pouvait être rapidement dangereux.
La voix grave du dawi coincé dans l'arbre était grave, calme et sans peur. Cela confirmait la pensée de la naine qui se doutait que ce n'était qu'une question de nombre. Il ne lui fallut que quelques secondes de réflexion pour trouver comme elle allait procéder.
Depuis quelques temps, son clan s'entrainait à une technique d'attaque quelques peut particulière et monté, il était temps de la mettre à l'épreuve.
Sortant sa hache, elle se prépara à charger sur son bélier, le poussant à son maximum. Elle se mit à crier pour attirer le regard des loups qui ne s'attendaient pas à cette apparition soudaine de derrière la petite butte.
La naine faisait rouler sa hache à double tranchant dans sa main, créant des effets lumineux sur le sol car la Lune se reflétait sur la lame affuté de la hache.
Elle commença à se redresser sur son bélier, se mettant à genoux, prête à tirer sur les rennes du destrier afin de stopper sa course et propulser la naine.
La Thane était à quelques mètres des loups, elle tira d'un coup sec et s'envola en hurlant de manière guerrière, hache en l'air.
Elle tomba sur le plus près, lui ascenant un coup sur l'arrière train, une profonde entaille non mortel mais suffissante pour semer le trouble dans l'esprit des deux loups.
Ils s'en allèrent glapissant dans la nuit, laissant les deux dawis seuls, dans le presque silence de la nuit. En effet, le bélier était encore tout affolé et continuait de clodiquer à droite et à gauche.

- Baruk l'ami, tout va bien?

A situation rocambolesque, réponse tout aussi... Rocambolesque. Ce fut non sans soulagement que la vieille barbe crut entendre la la charge d'un bélier, avant de connaître un moment d'intense confusion alors qu'il lui semblait assister à un vol de naine. Non, cela n'avait aucun s... Rimbur se frotta les yeux. Si, c'était bien cela. Une bavette venait de frapper l'un des loups qui assaillaient sa cachette, après avoir été éjectée de sa monture par un arrêt violent. Donc, jeunes barbes, vous ai-je déjà raconté l'histoire du nain perché et de la naine volante ? Comment pourrait-il tourner cela d'une manière qui honore les Ancêtres ? Se faisant interpeler, le Zagazkroni revint à la situation présente, aberrante, et bien réelle. Le vieux dawi se lissa la barbe, songeur, en profitant pour en retirer quelques feuilles.

"Baruk, ma soeur. Vous me voyez fort aise de vous voir. Je suis... Hmmm... Avant de continuer plus avant, Rimbur se rappela sa situation. Je descend."

Cette annonce faite, le Zagazkroni entreprit de trouver la voie vers le plancher des béliers. A tout le moins si, tout juste réveillé, il était parvenu à monter si haut, descendre en étant bien réveillé serait un jeu d'enfant, n'est-ce pas ?

Des marmonnements, un craquement sonore et un bref cri de stupeur plus tard, et Rimbur eut sa réponse, tandis que quelques feuilles voltaient, se déposant tranquillement sur son visage : non, descendre d'un arbre n'était pas chose aisée. Surtout à son âge. L'arbre manquait décidément de prises correctes, et lui... De souplesse. De plus, il lui semblait avoir entendu autre chose craquer, autre que la branche... Il avait comme une douleur dans le...

"Mon dos..." chuinta-t-il en se redressant précautionneusement.

Nul éclair de douleur ne lui fendit l'être, et le vieux nain pu découvrir un bout de bois brisé là où il était tombé. Tout allait pour le mieux. Jusqu'à ce qu'il se relève totalement, et réalise que si, il avait bien une douleur. Au fondement. Les élégantes moustaches blanches, à peine piquetées de feuilles, se redressèrent en un sourire à l'adresse du jeune visage qu'il découvrit tourné vers lui. L'un des intérêts d'une barbe, outre sa grande distinction, est qu'il est moins aisé de lire la douleur sur un visage. L'un des - nombreux - avantages de l'âge.

"Je disais donc... Je suis fort heureux de vous voir, jeune dawi. J'eus attendu sans doute longtemps, sinon, que ces bêtes se lassent. Intéressante technique, je dois dire. Tenter de faire un pas lui rappela qu'il y avait une tâche qu'il ne pouvait oublier. Il regarda un instant au delà de sa sauveuse, claquant de la langue comme lui avait montré l'éleveur. Pola ! Kh kh ! Vient ici ma fille !"

Non sans un énième bellement nerveux, l'animal, qui avait trottiné son content autour de l'arbre, en attendant que le danger soit passé, joua des sabots jusqu'à son maître... Avant de reculer, alors qu'il tendait le bras dans sa direction, brayant encore une fois, comme hésitante à se laisser toucher.

"Stupide créature..." pesta Rimbur à voix basse.

Il y avait différents types de rire dans la vie. Le rire sincère que l’on entendait le plus souvent dans une taverne ou bien en famille. Le gras, qui était un brin vulgaire, voire collante, exprimé après des situations plus que pesante. Le rire grinçant amer et aigri, parfois confondu avec le rire nerveux qui n’est qu’une accumulation de tensions et qui se transforme en rire. Il y a aussi le rire jaune, celui qui est forcé. Mais celui qui prit la jeune naine était d’une toute autre nature. Un rire assez déplacé car la situation appelait le rire. Léger, sur le coin des lèvres, mais faisant briller l’œil de la jeune dawi.
Il fallait bien avouer que voir ce vieux dawi descendre de manière assez étonnante l’arbre était risible. Il y avait des marmonnements par ci par là, saupoudré de craquements, de petits vols de feuilles à droite et à gauche, puis un dernier petit nuage de poussière pendant qu’il se redressait. Comment avait-il réussi à grimper aussi haut ? Elle tenta d’imaginer la manière dont il avait monté à l’arbre alors qu’il se faisait attaquer par des loups, cherchant à être le plus en hauteur possible. Elle lui tendit une main afin de l’aider à se redresser dans un sourire et attendit qu’il s’en saisisse. Elle ne désirait pas le brusquer ou bien le forcer à quoi que ce soit, elle connaissait bien trop la fierté naine et d’autant plus en prenant de l’âge. Qu’il s’agisse de son propre père ou de ses oncles, il était toujours de même, râlant et grognant, cachant leur douleur dans leur barbe.
Il se redressa difficilement alors qu’elle lui tenait le bras pour l’empêcher de rebasculer vers l’arrière. La gravité était vraiment étrange et se manifestait leur de période de fatigue et d’alcoolémie notoire. Elle le tenait debout et s’occupa de lui épousseter ses manches, enlevant les quelques feuilles qui restaient sur son habit et les brindilles prisent dans la barbe et les cheveux du dawi.

- Je disais donc... Je suis fort heureux de vous voir, jeune dawi. J'eus attendu sans doute longtemps, sinon, que ces bêtes se lassent. Intéressante technique, je dois dire.

- Oh eh bien vous savez ce n’est qu’ne technique que mon clan essaie de développer afin d’être plus performant lors de la bataille. Je trouve ça tout aussi cocasse que vous, mais il faut avouer que cette sensation de vol était très grisante.


La naine partit à rire alors que le nain cherchait du regard son bélier. Ce n’était pas spécialement drôle, mais l’animal se comportait d’une étrange manière. Il courait de droite et de gauche, sautant et freinant sans raison particulière tout en bêlant. Il approcha en bêlant craintivement et lorsque son propriétaire voulu s’approcher elle recula. Encore une situation cocasse qui fit sourire la jeune dawi. Décidément cette vieille branche avait un potentiel humoristique sans limite. Il insulta tout bas son bélier, passant le message clair qu’il n’avait pas eut une journée des plus agréables.
Brynhild siffla sa propre monture qui s’en vint bêlant. Il s’arrêta devant elle et se courba afin qu’elle puisse remonter sur sa monture. De nombreuses heures d’éducation pour que son bélier soit aussi courageux qu’un dawi.

- Je connais un endroit sûr pour la nuit à quelques minutes d’ici. Vous pourriez vous y reposer tranquillement et confortablement… Ah mais je manque à mes devoirs, Brynhild et vous êtes…

La vieille barbe fut quelque peu surprise par la familiarité de la dawi. A croire qu'elle se croyait l'une de ses petite-fille... Repoussant avec un toussotement les mains trop enclines à s'approcher de sa précieuse pilosité, il se tourna plutôt vers Pola. S'y prenant plus tranquillement, il entreprit de calmer la bélière, jusqu'à ce que sa pogne bosselée se referme sur les rênes. Le reste fut un jeu de nanillon, quoiqu'en dise son séant malmené. Palpant au passage avec satisfaction les sacoches de la selle, il se mit à son aise.

"Enchanté, Brynhild. Je me nomme Rimbur Long-Nez, Zagazkroni du clan Long-Nez, et je ne saurais dire non à pareille proposition. Ma nuit fut écourtée malgré-moi, vois-tu." dit-il avec bonhommie.

Bientôt, son animal suivit celui de la jeune dawi, la vieille barbe suivant le rythme sans se plaindre, alors que sa silhouette attestait toute l'agilité d'un être plus habitué à demeuré penché sur des écrits plutôt qu'à battre la campagne à dos de bête bêlante. La brise estivale était douce, et nul jappement ne vint perturber le pas tranquille de Pola. Pour une vieille barbe comme Rimbur, malgré la décennie passée au sein de Lante, avancer ainsi sous le ciel étoilée avait quelque chose de vertigineux, qui le rendait plus enclin à regarder devant lui ou le chemin s'annonçant, à la faveur des étoiles. S'occuper lui-même de sa barbe fut aussi bienvenu, remettant en ordre par la même occasion ses moustaches malmenées par une branche, lors de sa chute.

"Avec semblable technique, je présume que tes Ancêtres appréciaient tout particulièrement les arts guerriers, n'est-ce pas ? dit-il tranquillement. Pareil vol... Oui, cela fut sans doute quelque chose. Qu'en serait-il face à des gobelins ? Le vieux nain s'éclaircit la gorge. 'Face aux marées vertes, Brynhild n'hésita point; sa Braise-Vie fut vaillante, et rougeoya au dessus des flots ennemis, avant d'y semer la mort... Jusqu'à être engloutie.' La main du scriberune vient caresser sa barbe, sous laquelle se devinait un sourire. Peut-être autrement alors... Mais passons. Où nous mènes-tu donc ?"

La nuit était magnifique. Il fallait avouer qu'il n'y avait qu'au Zagazorn que l'on pouvait trouver d'aussi belle nuit. Les étoiles brillaient de milles feux, et la légère brise portait avec elle l'odeur des blés poussant dans la plaine. La température était douce sans être suffocante, ni même fraîche. Une nuit qui aurait pu être romantique. Cependant la naine était bien trop terre à terre pour penser à des sottises pareille. C'était la raison pour laquelle elle fuyait son clan par moment.
Alors qu'ils avançaient sur la route, elle était silencieuse, réfléchissant comme à son habitude. De toute manière, son bélier connaissait le chemin. Il était tout aussi heureux qu'elle de s'y rendre car elle le laissait en liberté ganpadant dans la prairie et profitant des étendus pour se dégourdir les pattes en bêlant gaiement.

Ainsi il s'appellait Rimbur Long-Nez, elle avait déjà entendu ce nom de clan, même aperçu des membres durant les conseils de Lante, mais elle ne leur avait jamais vraiment parlé.

- Avec semblable technique, je présume que tes Ancêtres appréciaient tout particulièrement les arts guerriers, n'est-ce pas? Pareil vol... Oui, cela fut sans doute quelque chose. Qu'en serait-il face à des gobelins ? Face aux marées vertes, Brynhild n'hésita point; sa Braise-Vie fut vaillante, et rougeoya au dessus des flots ennemis, avant d'y semer la mort... Jusqu'à être engloutie. Peut-être autrement alors... Mais passons. Où nous mènes-tu donc ?

- En effet, le clan Odomar reste réputé pour ses ... tactiques militaires. A vrai dire je n'ai pas participer à l'élaboration de ce mouvement. Je l'ai juste observé de loin, laissant les oncles gérer l'entrainement de nos jeunes dawis... Cependant s'il marche avec un loup, je me demande l'efficacité que cela aurait avec des gobelins.

La jeune Thane retourna dans ses pensées quelques secondes, s'imaginant la scène d'une quinzaine de nains, s'envolant vers l'infini et aux gobelins afin de les trancher en rondelle de peaux vertes.
Le vieux dawi partit en un conte vantant les mérites de la naine dans son élan d'action. Elle éclata de rire, savourant l'héroïsme qui en découlait.

- J'ai repéré une vieille ferme abandonnée pas très loin d'ici, je l'ai un brin nettoyer et aménagé afin de me faire un point de chute et de tranquillité. Sans bruit, sans cousins en manque d'action qui me viennent pour que je leur confie des missions...

Elle redressa la tête et la ferme était devant elle. Brynhild descendit de son bélier, ôta la selle et le laissa partir gambader alors qu'elle ouvrait la porte bien encombrer. L'intérieur était sombre, mais la lune arrivait à éclairé le fond de la pièce, dévoilant une grosse cheminée.

- Entre donc l'ami et installe toi, j'attrape de quoi éclairé et faire à mangé!

La vieille barbe ne se fit pas prier, après avoir accrocher la bride de Pola à un arbre proche : ce n'était pas le plus adapté, mais Rimbur se voyait mal courir après la brave bête au petit matin. Non sans avoir remercié la jeune dawi et déchargé quelques provisions et objets, le Zagaztroni rentra dans la bâtisse, se sentant bientôt plus bienvenu qu'à l'extérieur. De la bonne pierre, des poutres, de petites fenêtres... Une atmosphère humble et réconfortante. Quoiqu'un peu poussière, songea-t-il après un première éternuement.

Agitant le nez, il prit place sur un robuste tabouret près de l'âtre froid, non sans déballer un saucisson : bien que l'aîné, il était redevable envers la jeune dawi, partager était donc la moindre des choses. Ses mires balayèrent la pièce. Autrefois ferme, désormais cachette d'une jeune dawi... Il voyait les traces de l'ancienne activité, et son esprit curieux ne manqua pas de questionner, non sans accompagner cela de bonnes bouffées de sa pipe.

"Une bien belle ferme... As-tu la moindre idée de qui vivait là autrefois, hmmm ? Une volute de fumée prit son essor, non sans qu'il balaye l'interrogation d'une main. Mais dis-moi plutôt, jeune Brynhild, ce qui t'a poussé à venir trouver refuge ici ? Quelques responsabilités pesantes, peut-être... ? Tu parlais de cousins tantôt, je crois connaître pareil inconfort quand de trop nombreuses barbes posent les mêmes questions, comme s'il n'avait rien écouté. Cependant, c'est alors à eux de se raisonner, non pas à moi de quitter les lieux. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de m'interroger quant à de telles escapades. Ce n'est pas commun. Il ajouta, non sans un sourire. De même qu'entendre une vieille barbe rencontrée sur la route poser pareilles questions, cela dit. N'ai crainte, je ne m'attarderai que le temps de prendre un peu de repos : la route m'attend."

De nouveau, il tira sur sa pipe, ses membres se délaissant volontiers au rythme de cette respiration plus posée, sur quelque chose de solide et ne bougeant pas en tous sens. Un pupitre serait parfait... Mais il devait s'y faire : sa mémoire serait sans doute son seul support, et pour longtemps.

Brynhild s'agenouilla au pied de l'âtre afin de démarrer le feu. Bien que la température était douce en extérieur, ce n'était point le cas en intérieur. De plus l'âtre produirait de la lumière pour quelques heures et permettrait la cuisson de nourriture.
Elle sentit la vieille barbe s'asseoir sur un tabouret et jeter un œil dans son package, sortant un saucisson odorant ainsi qu'une pipe qu'il s'empressa de bourrer et d'allumer.

- J'ai aucune idée d'qui vivait ici, mais je l'ai repéré un jour en r'venant d'Thanor. Je m'suis dis qu'ça irait bien pour prendre l'air de temps à aut'e. Les responsabilités peuvent être pesante à force, et les baveux de mon frère ne m'aident pas à trouver du repos dans mon logis. Autant sortit à s'aérer la trognonne que d'attendre bêtement cher soi... Thane n'est pas un poste de tout repos.

Brynhild se redressa souriant doucement à Rimbur. Attrapant la soufflette accrocher sur le bord de l'âtre, elle boosta le feu afin de créer suffisamment de chaleur afin de cuire des aliments qu'elle avait apporter avec elle. Elle plongea sa main dans sa propre sacoche et sortit un sachet contenant deux grosses tranches de bélier. Elle avait infusé plusieurs heures dans une préparation de sa belle sœur. Elle seule avait le secret de cette recette délicieuse.
Elle attrapa une poêle et la déposa sur le feu naissant afin de chauffer le métal.

- Et que fais donc une vieille barbe sur les routes?

La naine posa son joufflu dans l'autre siège, et prenant exemple sur le dawi, elle sortit sa pipe, la bourra, prête à écouter une histoire incroyable conter par le vieux dawi.
Un sentiment nostalgique l'enveloppa, elle se rémémora son propre grand père leur racontant ses aventures guerrières, au coin du feu, en plein coeur de l'hiver.
Sans réellement savoir pourquoi, elle s'appuya le menton sur les mains, prête à recevoir le savoir de ce barbu.