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 Arrivée sur Thaar

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Aube Galaad
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MessageSujet: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeDim 4 Aoû 2019 - 17:59

Avant-dernier jour de Karfias de l'an 17

Il faisait nuit noire quand la carriole arriva aux abords de Thaar. Aube lança un discret coup d’œil à l’homme assis à côté d’elle. Il n’avait pas ouvert la bouche depuis qu’ils étaient partis. Peut-être que la crise de pleurs de la jeune fille qui avait duré une bonne partie du trajet l’avait refroidi. Les yeux d’Aube se remplirent de nouveau de larmes au souvenir des circonstances de son départ. Elle avait été mise à la porte de chez elle par son beau-père qui lui avait déclaré qu’elle ne serait plus la bienvenue dans sa demeure.

La jeune fille savait pertinemment qu’elle avait amplement mérité un châtiment pour ses mauvaises actions. Mais le fait de se savoir reniée par ceux auprès de qui elle avait grandi lui serrait le cœur. L’image la plus douloureuse fut le regard que lui avait lancé son père adoptif, un mélange de tristesse et de déception. Avec rage, la jeune fille secoua la tête pour sécher ses joues. Il ne fallait pas qu’elle oublie son objectif ! Que son beau-père aille rejoindre Mogar dans les catacombes, grand bien lui fasse ! Elle l’avait toujours méprisé, alors pourquoi aujourd’hui, alors qu’elle le fuyait enfin, se sentait-elle si abattue ? Elle allait pouvoir réaliser le rêve de sa vie ! Rencontrer son père biologique, ancien gladiateur dont le nom fameux faisais frémir tous ceux qui pouvaient l’entendre : Lame sanglante !

Leur rencontre serait formidable, émouvante et inoubliable. Il la prendrait dans ses bras, sans doute, mais d’une manière digne et forte. Et le trou béant qu’ils avaient dans le cœur serait enfin comblé. Son père lui apprendrait à se battre, et ils vivront ensemble de merveilleuses aventures. Donc rien ne servait de pleurer !

Toute à ses projets d’avenirs chantants, la jeune fille ne prêtait pas vraiment attention à la route qu’empruntait l’homme qui devait la mener jusqu’à son père. Mais quand la carriole s’immobilisa, elle releva les yeux pour observer autour d’elle. Ils se trouvaient dans une rue plutôt large mais l’obscurité l’empêchait d’en avoir une bonne vision. Le bâtiment près duquel ils s’étaient arrêtés semblait très animé et des chants assez peu mélodieux lui parvenait malgré la porte fermée. Déconcertée, Aube se tourna vers son compagnon de route d’un air interrogateur.

- L’auberge, lança-t-il en montrant le bâtiment animé du bout de son menton. T’as qu’à dormir là. Et demain, tu pourras demander l'Hadjaoui. Ils le connaissent.

- Quoi, s’écria la jeune fille alors qu’elle commençait à comprendre le sens des paroles de l’instructeur à l’Aile blanche. Mais ?! Vous n’allez pas me laisser toute seule ici quand-même ?!

- A quel moment j’ai laissé entendre que j’étais nourrice ? répliqua l’homme avec mauvaise humeur. Il sauta de son promontoire et rejoint le côté d’Aube pour l’aider à descendre. Mais voyant qu’elle ne réagissait pas, trop scandalisée pour savoir quoi dire, il l’attrapa comme un baluchon et la posa à terre avant de remonter dans sa carriole.

Le visage cramoisi, la jeune fille serra des poings en le regardant s’éloigner, avant de se tourner à contrecœur vers l’entrée de l’auberge. Elle entrouvrit la porte pour jeter discrètement un coup d’œil à l’intérieur. Le rez-de-chaussée semblait tenir lieu de taverne et la jeune fille ne sut dire si elle était plus révulsée par l’odeur d’alcool rance, les chants aux paroles plus que colorées ou la vue d’hommes et femmes visiblement ivres et agressifs. Quand une femme à la peau grise lança sa chope sur l’un des chanteurs et que le verre vint se briser sur un mur, à quelques mètres de la porte d’entrée, Aube ferma précipitamment la porte et s’éloigna à grande enjambées. Il était hors de question qu’elle entre dans ce lieu malfamé.  

La jeune fille avait bien l’habitude de traîner du côté des tavernes à Feldorn, mais elle connaissait la plupart des habitués et n’y allait qu’en journée. L’ambiance était bien différente de ce qu’elle avait pu entrevoir il y a quelques instants. Mais une fois son accès d'indignation passé, la jeune fille ralenti sa course en soupirant. Elle aurait malgré tout aimé avoir le cran de franchir cette porte... Est-ce que son père l’accepterait s’il apprenait qu’elle n’avait même pas eu ce courage-là ? Aube finit par se figer et lança un regard en arrière. Que devait-elle faire ? Et où allait-elle dormir si elle ne retournait pas du côté de l’auberge ?

La jeune fille finit par s’accroupir dans un encadrement de porte, et plaça sa tête dans son baluchon pour pouvoir sangloter à son aise. Ce n’était pas de la faiblesse, elle s’autorisait juste un petit moment d’auto-apitoiement pour ne plus montrer prochainement que de la bravoure à son père. Elle avait finalement du finir par s’assoupir d’épuisement car elle se réveilla en sursaut quand on lui secoua l’épaule. Relevant la tête, elle eut un geste de recul en voyant une silhouette penchée sur elle.

- Qu’est-ce que vous me voulez ? Ne m’approchez pas, lança-t-elle d’un ton qu’elle espérait menaçant en plaçant des bras protecteurs autour de son baluchon.


Dernière édition par Aube Galaad le Ven 30 Aoû 2019 - 10:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeLun 5 Aoû 2019 - 1:54


Depuis la fin de son aventure dans le Nid des mendiants de Thaar, le dispensaire avait considérablement désempli et ce, au grand bonheur de la haute-prêtresse. Les anciens patients ayant été placés dans une maison de soins proche du Nid, le dispensaire de Sainte Iselda était désormais dans une période creuse et ce pour son plus grand soulagement. Ces derniers mois avaient été tellement bien fournis qu’elle avait mis l’ensemble du personnel du dispensaire à rude épreuve. A force d’organisation et de dur labeur, son équipe et elle avaient réussi à vider le dispensaire des malades les moins graves. Seuls les plus atteints ou les cas désespérés restaient présents dans une des ailes de l’hôpital, sous le patronage de la Sainte. Pour cette nuit, la haute-prêtresse avait fait venir deux de ses suivantes pour veiller sur les malades restants : sœur Tiphaine et sœur Amélie.

Les deux jeunes femmes venaient respectivement de Scylla et de Thaar et la suivaient dans ses déplacements quotidiens depuis quelques semaines. Sœur Tiphaine avait été formée dans le même temple que Lucrétia et avait été envoyée par le clergé péninsulaire pour l’aider dans ses tâches – ou la surveiller. Quant à sœur Amélie, elle venait d’une bonne famille de marchands de soieries établis à Thaar depuis des générations et vénérant la DameDieu. Le patriarche de sa famille était l’un des hauts-membres du clergé estreventien et Lucrétia soupçonnait aussi celui-ci de lui avoir envoyé sœur Amélie pour la surveiller.

Bien décidée à ne pas se laisser faire et à transformer ces deux jeunes filles d’habiles prêtresses de la Bienveillante, la haute-prêtresse avait fait en sorte de prendre personnellement en charge leur éducation en matière de soins médicaux et d’étude du dogme. Les deux jeunes filles étaient tellement occupées qu’il devait leur être plus que délicat de surveiller les moindres faits et gestes de la prêtresse. Cette soirée ne faisait pas exception et les deux jeunes filles avaient été chargée de surveiller les patients les plus atteints par les maladies.

Le diner avait été frugal pour les trois femmes : une tranche de pain, quelques tomates et olives, le tout accompagné d’un morceau de fromage et d’une bonne lampée d’eau. De quoi tenir jusqu’au matin. Les cuisiniers du dispensaire ne revenaient qu’à l’aube, pour préparer le gruau que l’on servait aux malades. Lucrétia l’avait goûté : ce n’était pas le grand luxe, mais c’était tout ce que le temple pouvait se permettre pour les malades. Une bonne bouillie de millet agrémenté d’un peu de lard fondu dedans … sans sel. A défaut d’être un délice, cela tenait suffisamment au corps, notamment pour les pauvres bougres qui n’avaient rien avalé depuis plusieurs jours.

Lucrétia avait passé l’heure qui avait suivi le diner à prier Néera en récitant ses enseignements devant la statue de Sainte Iselda et en méditant. L’exercice était toujours aussi plaisant et relaxant. Rien de tel que de se vider l’esprit avant de se lancer dans la paperasse et les comptes du dispensaire. Encore une magnifique soirée en perspective …

Ayant terminé ses prières à la DameDieu, elle prit la torche qui l’attendait à l’entrée de la chapelle de Sainte Iselda et entreprit de parcourir les couloirs la menant à son bureau. Tout le dispensaire était plongé dans la pénombre, mis à part l’aile des grands malades, qui restait allumée pour la nuit. La présence d’une faible lumière dans l’herboristerie la rassura : maître Gamelin, l’herboriste qu’elle avait engagé, continuait ses travaux sur les onguents et les désinfectants. Le jeune homme s’était montré particulièrement efficace pour créer les baumes et les onguents nécessaires pour le dispensaire et Lucrétia veillait à ce qu’il ne manque de rien. Lucrétia le laissait travailler la nuit dans l’herboristerie. Cet homme-là était capable d’une concentration extrême, mais il n’était pas très doué pour les relations sociales, aussi Lucrétia ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’il laisse s’exprimer son art le soir.

Lucrétia était vêtue de sa robe de prêtresse : une longue robe bleue et blanche agrémentée d’un châle bleu en tissu brodé des symboles de la déesse. Cette robe simple était nouée par une ceinture noire à laquelle pendait ses outils de soigneuse. Elle n’avait pas encore pris le temps de se changer depuis ce matin et aspirait à prendre un bon bain. Mais d’abord, encore et toujours de la paperasse …

Alors qu’elle s’apprêtait à montrer les escaliers vers les niveaux supérieurs, Lucrétia entendit un écho venant du hall. Il y avait quelqu’un aux portes du dispensaire. La haute-prêtresse s’arrêta et tendit l’oreille. Derrière le bois des portes du dispensaire, elle pouvait entendre des sanglots. Lentement, elle s’approche de la porte et y colla son oreille. Des sanglots d’enfant … Le pire type de pleur. Son cœur emplit de compassion pour son prochain ne pouvait être insensible à ça. Elle ouvrit doucement la porte du dispensaire avec la lourde clef d’acier.

L’enfant, de dos, avait l’air si petite sous sa grande cape, que Lucrétia ne lui donnait qu’à peine la douzaine. Une épaisse chevelure semblait vouloir s’émanciper de la capuche sous laquelle elle était placée. La jeune fille, trop occupée à pleurer dans son baluchon, ne semblait pas avoir remarqué la haut-prêtresse.
Lucrétia profita des sanglots de la jeune fille pour s’assoir à côté d’elle et attira son attention en lui posant la main sur l’épaule. Celle-ci réagit instinctivement, sur la défensive, visiblement effrayée. La haute-prêtresse eut le temps de croiser son regard. La pauvre semblait épuisée et n’avait visiblement pas l’air d’être de la cité. Si Thaar charriait des flots considérables de visiteurs tous les jours, celle-ci en faisait visiblement parti.

Ne souhaitant pas l’effrayer outre-mesure, elle ouvrit son petit sac et en tira une miche de pain enroulée dans un morceau de tissu rouge. Elle lui offrit sans sourire.


« Prend ça petit chaton. Pleurer fait du bien, mais c’est encore mieux le ventre plein. »
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMar 6 Aoû 2019 - 16:22

Quand la silhouette s’approcha d’elle, Aube pu distinguer son visage aux traits fins. Ses deux yeux verts aux reflets d’or qui la scrutaient semblaient lui transpercer l’âme. La jeune fille se dit qu’elle aurait du prendre ses jambes à son cou le plus rapidement possible mais étrangement, elle restait figée.

Soudain, la jeune femme sorti un objet enroulé dans un tissus rouge qu’elle lui tendit d’un air placide.

« Prend ça petit chaton. Pleurer fait du bien, mais c’est encore mieux le ventre plein. »

Interloquée, la jeune fille l’observa sans paraitre comprendre. Le ventre plein ? Lui offrait-elle à manger ? Peut-être... Mais pouvait-elle lui faire confiance ? Elle fixa la femme d’un air suspicieux, les sourcils froncés. On lui répétait depuis toute petite qu’elle ne pouvait se fier aux gens de la ville, et le fait d’être seule en pleine nuit semblaient être des circonstances aggravantes... Pourtant, après quelques secondes d’hésitation, la curiosité l’emporta et elle lui arracha son paquet des mains pour l’ouvrir fébrilement.

Du pain ! C’était bien de quoi manger ! Mais pouvait-elle le manger sans craindre d’être droguée ou empoisonnée ? Elle jeta un nouveau regard méfiant à la femme mais quand elle entendit son ventre gargouiller plaintivement, ses dents se plantèrent avidement dans le quignon un peu dur avant même qu’elle ne puisse s’en rendre compte.

En mâchant bruyamment, elle inspecta à présent sans se retenir sa nouvelle meilleure amie. Sa silhouette était fine et élancée dans une robe aux tons bleu et blanc. Son visage au teint hâlé était encadré par de beaux cheveux sombres et soyeux. Plus elle la détaillait, moins Aube cachait son admiration. Elle avait toujours considéré sa mère comme étant une très jolie femme, bien que frivole et égoïste, mais la beauté de la femme qui lui faisait face la dépassait en tout point. Une beauté douce et sauvage à la fois, une grâce hypnotisante.

Elle donnait envie de lui faire confiance... La jeune fille jeta un oeil derrière elle pour tenter d'identifier d'où sortait cette belle femme. Est-ce qu'elle habitait là ? Est-ce qu'elle travaillait là ? Elle espérait qu'elle ne soit pas une femme de petite vertu... Quoi qu'après tout, si c'était le cas, elle devait sans doute connaître beaucoup de monde. Elle avait sans doute même entendue parler de son père ! Il devait être tellement connu et respecté !

- Tu connais l’Hadjaoui ? finit par lui demander Aube à brûle pourpoint, la bouche pleine, se réjouissant à l’avance à l’idée d’avoir trouvé un nouveau guide. Il le sait pas mais c’est mon père, et je vais le retrouver pour vivre avec lui !
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMer 7 Aoû 2019 - 0:24


La petite mâchonna goulûment le morceau de pain. Elle mettait des miettes partout et sans fermer la bouche. La pauvre devait être affamée. Depuis combien de temps n’avait-elle pas mangé ? Lucrétia doutait qu’avec un simple morceau de pain, la petite soit rassasiée. Fort heureusement, elle ne s’était pas enfuie. Lucrétia n’avait pas le loisir de courir après les enfants des rues…

Or, la petite ne semblait pas être une gamine ordinaire. Elle n’était pas originaire de Thaar : elle n’en avait pas l’accent, ni même les tenues caractéristiques. Connaissant peu le reste de l’Ithri’Vaan, la jeune femme s’y connaissait cependant assez pour reconnaître les natifs de Thaar. Elle regarda la jeune fille dévorer le reste du morceau de pain, la laissant remplir son estomac.

Les joues encore pleines de mie de pain, la jeune fille la questionna. Elle cherchait visiblement son père. Malheureusement, dans cette cité, tous les gamins cherchaient leur famille et la plupart des soi-disant pères n’assumaient pas leurs rôles – quand ils avaient conscience d’avoir une descendance – et laissaient des orphelins déambuler dans les rues. Seuls les plus forts et les plus chanceux survivaient et devenaient généralement des voleurs ou travaillaient à de petites tâches sur les docks pour les plus débrouillards. Et avec un nom aussi commun qu’Hadjaoui, il n’était pas étonnant que la petite se retrouve seule dans les rues : les Hadjaoui étaient aussi courants que les Moulin ou les Ferrand dans la Péninsule. N’importe qui venant d’Estrevent pouvait se réclamer d’un Hadjaoui, de près ou de loin. Si c’était sa seule piste, elle n’irait pas bien loin, et grossirait les rangs des orphelins de Thaar, quémandant dans les rues pour survivre. Néanmoins, elle n’avait pas dit « un » Hadjaoui, mais « L’ » Hadjaoui … C’était une piste à ne pas négliger : il était probable qu’il s’agisse de quelqu’un d’important. Mais dans ce cas-là, que faisait cette petite égarée dans les rues ? Était-ce une bâtarde ? Et puis, si l’homme qu’elle cherchait n’avait pas conscience d’être son père, comment comptait-elle prouver sa filiation ?

Lucrétia prit le temps de lui répondre, pesant ses mots avec précaution et lui parlant d’une voix douce.

« C’est un peu maigre pour un début … La cité est vaste et les rues sont peu sûres. Tu n’as aucune chance de retrouver qui que ce soit cette nuit. Et si par chance tu parvenais à le retrouver, il aurait bien de la peine à reconnaître sa fille aussi maigre qu’un moineau et sous ces vêtements boueux. »

Elle plia le tissu dans lequel était enroulé le pain et s’en servi pour lui nettoyer les larmes séchées sur son visage et les miettes de pain. La petite semblait plus mature que la plupart des enfants de son âge et elle dégageait quelque chose de particulier. Lucrétia avait déjà ressenti ça par le passé : qu’il s’agisse du mercenaire qu’elle avait embauché précédemment ou de la prêtresse de Tyra, elle sentait chez cette enfant quelque chose qui la distinguait de la masse … comme si ces êtres avaient été touchés par la déesse.

« Je ne peux pas te laisser seule cette nuit. Que dirais-tu de dormir à l’intérieur, si tu n’as nulle part où aller ? En tant que prêtresse de Néera, je peux te garantir la tranquillité du temple de Sainte Iselda. Et je parie qu’il nous reste encore de la nourriture en cuisine et te quoi te préparer un bon bain ! »

Lucrétia marqua une pause avant de reprendre :

« Dit moi petit chat … mis à part son nom, que sais-tu de ton père ? Et comment te nomme-t-on ? »
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMer 7 Aoû 2019 - 18:27

La belle dame prit un certain temps avant de répondre. Ce délai inquiéta légèrement la jeune fille qui déglutit avec peine. Dans sa famille, entre ses trois demi-frères, l’activité de son beau-père et les babillages de sa mère, quand on voulait parler, il fallait profiter de la moindre opportunité et surtout parler plus fort que les autres pour se faire entendre. Ceci expliquait qu’Aube n’était que peu habituée aux silences entre une question et sa réponse, à moins que la personne soit contrariée et refuse de lui adresser la parole. Etait-ce le cas ? Avait-elle dit quelque chose pour déplaire à la noble demoiselle ?

En fronçant les sourcils, Aube repensa à ce qu’elle avait raconté et à ce qui aurait pu heurter son interlocutrice. Elle avait parlé de son père, annonçant ainsi que Lame sanglante avait été l’amant de sa mère. Peut-être que la dame était étonnée d’apprendre ça, ou choquée, voire même jalouse ? Un peu nerveuse malgré un soupçon de fierté, la jeune fille ne la lâcha pas du regard sans pour autant se détourner du restant du quignon de pain qu’elle engloutit sans demander son reste.

- C’est un peu maigre pour un début … reprit finalement la femme d’une voix aussi douce que le miel, la cité est vaste et les rues sont peu sûres. Tu n’as aucune chance de retrouver qui que ce soit cette nuit. Et si par chance tu parvenais à le retrouver, il aurait bien de la peine à reconnaître sa fille aussi maigre qu’un moineau et sous ces vêtements boueux.

Bouche bée, la jeune fille en aurait presque laissé tomber son dernier morceau de pain, mais finit par l’avaler précipitamment. Elle se devait d’intégrer plusieurs informations, et la plus importante étant que la belle inconnue ne connaissait pas son père. La deuxième était que le retrouver ne serait sans doute pas aussi simple qu’elle ne l’escomptait. La dernière nouvelle lui fit cependant encore plus d’effet, et sans voix, Aube baissa les yeux sur ce qu’elle pouvait apercevoir d’elle. Sous ses vêtements usés et boueux, on devinait des jambes maigrelettes et toutes aussi sales que le tissu qui les recouvraient.  La femme avait tellement raison ! Si son père la voyait dans cet état, il ne voudrait jamais d’elle ! A l’idée de cette terrible perspective, les lèvres de la jeune fille se mirent à trembler et ses yeux se remplirent de larmes.

Mais dans un tressaillement, elle sentit un léger touché sur son visage. Sa voisine de marche était en train de lui frotter doucement la joue à l'aide du tissu qui avait servi à envelopper le pain. La jeune fille se recula comme si elle avait reçu un choc électrique, peu habituée à ce genre de gestes affectueux. Mais la femme s’obstina malgré ses grimaces qui dépeignaient un mélange entre l'étonnement et la contrariété.

- Je ne peux pas te laisser seule cette nuit, continua la noble dame. Que dirais-tu de dormir à l’intérieur, si tu n’as nulle part où aller ? En tant que prêtresse de Néera, je peux te garantir la tranquillité du temple de Sainte Iselda. Et je parie qu’il nous reste encore de la nourriture en cuisine et te quoi te préparer un bon bain !... Dit moi petit chat … mis à part son nom, que sais-tu de ton père ? Et comment te nomme-t-on ?

Une prêtresse ? Dire qu’elle avait songé à un autre corps de métier bien peu recommandable... La jeune fille hésita une seconde avant de lui répondre d’un air un peu gêné.

- Je suis Aube Galaad, fille de Diane Galaad et de l’ancien esclave gladiateur connu sous le nom de Lame sanglante. Il a apparemment été libéré par une princesse marchande en échange de cinq années à son service... C’est tout ce que je sais de lui...

Elle se leva, non sans frissonner face à la brise qui l’accueillit quand elle sortit de l’abri protecteur du porche d’entrée, et tenta de dépoussiérer ses vieux vêtements. Dans toutes autres circonstances elle aurait préféré dormir avec les cochons plutôt que de subir l’épreuve du bain. Mais les paroles de la femme sur son apparence négligée avaient fait mouche.

- Je veux bien accepter ta proposition prêtresse... lui lança-t-elle de la voix la plus ferme possible en mettant ses mains derrière son dos pour paraitre plus présentable. Comment t’appelles-tu ?
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMer 7 Aoû 2019 - 23:57


Lucrétia éclata de rire quand elle vit la petite se relever et lui déclarer d’un ton impérieux qu’elle acceptait d’être gracieusement nourrie, logée et blanchie. La petite ne manquait pas d’aplomb, c’était fort appréciable. Ni d’humour d’ailleurs, ce qui n’était pas pour déplaire à la haute-prêtresse. Avec son air fier, ses cheveux fous et sa voix autoritaire, elle aurait pu être une vraie terreur pour les petits nobliauds des Soieries.

A la mention du nom de Lame Sanglante, Lucrétia resta cependant perplexe. Si son père était un gladiateur, il n’y avait aucune chance pour que la haute-prêtresse le connaisse. En tant qu’abbesse de Sainte Iselda, ses patients étaient avant tout de pauvres hères et des malheureux ne pouvant se permettre de payer un médecin. Les gladiateurs, quant à eux, avaient des médecins spécialisés, sponsorisés par les Princes Marchands eux-mêmes ou par d’éminents notables des cités d’Estrevent. Un gladiateur était un investissement sur le long terme et ils ne pouvaient se permettre d’envoyer des individus blessés dans les arènes. D’une part, les spectateurs ne l’auraient pas permis, mais en plus, c’était peut-être la plus mauvaise stratégie pour faire durer un poulain. D’autre part, les combats étaient rarement à mort et les sponsors préféraient réserver les matchs à mort pour les grandes occasions, ou pour se débarrasser du menu fretin. C’était après tout un spectacle très lucratif et les organisateurs ne pouvaient se permettre de perdre leurs meilleurs artistes. Malgré toute l’aversion que la jeune femme entretenait pour l’esclavage et la violence des combats de gladiateurs, elle pouvait parfaitement comprendre la logique qui était à l’œuvre dans ce système bien huilé des combats d’arènes.

Le nom de Lame Sanglante ne lui disait donc absolument rien. N’étant pas en contact avec les organisateurs des combats, elle n’était absolument pas la bonne personne à qui s’adresser pour trouver un ancien gladiateur. A la limite … si la petite connaissait le nom de la Princesse Marchande qui l’avait émancipé, elle aurait plus de chances. Néanmoins, si la petite n’avait aucune idée de la libératrice de son prétendu père, son enquête allait se révéler très vite être une impasse.

Devant le ton impérieux de la jeune fille, Lucrétia fit une révérence amusée et déclara d’une voix riante :


« Et bien, mademoiselle Galaad, je te souhaite la bienvenue au temple de Sainte Iselda. Je suis Lucrétia, haute-prêtresse de la DameDieu et abbesse de ce modeste temple. Mais tu peux m’appeler Lucrétia ou Mademoiselle. »

La jeune femme ne s’offusqua pas du tutoiement. Elle ne pouvait pas exiger d’une enfant des rues les bases de la bienséance aussitôt. Repliant le tissu rouge et le plaçant dans sa petite sacoche, elle invita la jeune Aube à rentrer et referma doucement la porte derrière elle.

_____________________

Arrivée sur Thaar Kitche10

_____________________

Les cuisines de Sainte Iselda étaient faiblement éclairées par les braises de l’âtre. Lucrétia descendit les quelques marches menant aux cuisines et alluma les quelques torches et les chandelles qui trainaient ça et là pour y voir plus clair. L’air frais du soir rentrait par les fenêtres et aérai agréablement la pièce. Lucrétia invita Mademoiselle Galaad à s’asseoir près de la table en bois vieilli qui trônait près d’une des fenêtres et lui demanda de patienter quelques instants pendant qu’elle s’affairait dans l’arrière-cuisine. Elle en revint quelques minutes plus tard avec des victuailles qu’elle avait pu dénicher et les déposa devant sa petite protégée. Ce n’était pas grand-chose, mais cela lui tiendrait au corps pour la soirée.

Le cuisinier du temple avait laissé en partant les restes d’une tarte aux cerises qu’il avait préparé pour les employés du dispensaire. Lucrétia appréciait le savoir-faire de cet homme : s’il savait préparer un gruau consistant avec ses ouailles, il savait aussi transformer la matière brute en mets délicieux, chose que Lucrétia elle-même était incapable de faire. Elle avait aussi apporté un bol de gruau agrémenté de sel et d’un morceau de pain ainsi qu’un bon verre de lait chaud pour faire passer le tout. N’importe quel gourmet aurait hurlé à la vue de cet assemblage peu harmonieux de mets, mais c’était tout ce dont la haute-prêtresse disposait en cet instant.

Lucrétia laissa la petite manger tandis qu’elle se servait elle-même d’un verre de lait chaud avant de s’asseoir en face de la jeune fille, pensive. Elle se demanda un instant si la déesse ne lui avait pas envoyé Aube pour satisfaire son besoin de procrastiner. Si tel était le cas, cela voulait dire que la déesse avait un sacré sens de l’humour, vu que la petite lui promettait tout sauf une soirée tranquille.


« Ne mange pas trop vite sinon tu vas être malade, lui dit-elle sur un ton doux. Dis-moi, connais-tu le nom de la Princesse Marchande qui a émancipé ton père ? Et pourquoi venir le chercher maintenant ? Ta mère ... »

Elle s'arrêta au bon moment ... Trop de questions. Elle posait trop de questions. Mieux valait ne pas presser la petite. Elle n'avait pas besoin de ça ce soir.

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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 2:07

La jeune femme s’était esclaffée au nez d’Aube quand elle annonça qu’elle acceptait l’offre qu’on lui faisait, ce qui la piqua légèrement au vif. Mais n’étant pas vraiment en mesure de se vexer, la jeune fille se retint avec grand peine d’afficher une mine boudeuse. Elle se contenta de tordre la bouche en plaquant ses bras le long de son corps jusqu’à ce que la prêtresse cesse de rire. Un sourire amusé se dessina sur le visage de cette dernière qui la salua en grande pompe en répliquant :

- Et bien, mademoiselle Galaad, je te souhaite la bienvenue au temple de Sainte Iselda. Je suis Lucrétia, haute-prêtresse de la DameDieu et abbesse de ce modeste temple. Mais tu peux m’appeler Lucrétia ou Mademoiselle.

Aube resta songeuse devant le titre à rallonge de la prêtresse, ou plutôt haute-prêtresse, comme elle l’avait précisé. Ce devait être une importante personne sans doute, comme toutes les abbesses, se dit-elle, bien qu’elle ignorait ce que ce terme signifiait... En tout cas, elle ne semblait pas être tombée sur n’importe qui. La chance frappait enfin à sa porte ! Ce devait être un signe de la DameDieu elle-même ! Sa vie allait enfin prendre le tournant qu’elle espérait tant !

Comme pour confirmer ses pensées, Lucrétia lui ouvrit la porte de ce qu’elle appelait son « modeste temple » et l’invita à entrer. Pleine d’une curiosité non dissimulée, Aube s’aventura à grandes enjambées à l’intérieur mais elle fut rapidement déçue car la pénombre dans laquelle était plongé le hall l’empêchait d’avoir une bonne vision des lieux. Aussi, elle suivit de près la haute-prêtresse quand elle se dirigea dans une embrasure de porte. Une faible lueur leur parvint enfin, permettant à Aube de descendre les quelques marches qui se présentèrent à elle sans trop de difficulté. Cela ne l’empêcha pas de continuer à coller aux basques de Lucrétia qui se mit à vaquer dans la pièce afin de d’allumer les torches fichées aux murs. Quelques chandelles vinrent compléter cet éclairage et Aube pu continuer à fixer la prêtresse dans ses allées et venues d’un air suspicieux.

Elle s’assit sagement à une épaisse table en bois massif quand la noble dame le lui demanda et fut récompensée de la meilleure des manières. Sous son regard avide, Lucrétia lui apporta une bolée de gruau, dont le fumet salé la faisait saliver d’avance, avec du pain et du lait. Mais la jeune fille hoqueta sous l’effet de la surprise, mêlée à l’envie, quand ses yeux se posèrent sur ce qui semblait être une délicieuse tarte.

Aube se jeta sur la nourriture qu’elle avala à grand coup de mastication et déglutition dont elle seule avait le secret. Chez elle, à table, la loi du plus rapide régnait ; et le premier à avoir fini son assiette avait le droit de s’emparer du plat suivant s’il y en avait un. Elle avait très vite eu à acquérir des compétences hors du commun dans ce domaine. Mais elle tenta de se réfréner quand la prêtresse lui conseilla de ralentir sa cadence.

- Dis-moi, connais-tu le nom de la Princesse Marchande qui a émancipé ton père, finit-elle par lui demander. Et pourquoi venir le chercher maintenant ? Ta mère ...

La bouche pleine, Aube engloutit le morceau de tarte qui s’était révélé être à la cerise et repoussa lentement son assiette sans la terminer. Les souvenirs désagréables qui lui revenaient en tête venaient de lui couper l’appétit. Elle garda un instant la tête baissée, son nez touchant presque le plateau de la table, avant de se ressaisir pour planter son regard dans celui de Lucrétia.

- Je ne connais pas le nom de celle qui a libéré mon père... Toutes les informations que j’ai réussi à avoir viennent d’un instructeur de l’école de gladiateurs de l’Aile blanche... Et sinon... La jeune fille rassembla ses forces avant de se lancer, mais malgré tous ses efforts, sa voix gardait des trémolos qui témoignaient de son chagrin. Je n’ai fait que gâcher la vie de ma mère et j’ai été mise à la porte. Je ne peux pas rentrer chez moi.

La jeune Galaad secoua la tête pour chasser les idées noires comme si elles n’étaient que des insectes qu’elle pouvait balayer d’un simple geste. Les gens n’aimaient pas les enfants pleurnichards, l’instructeur qui l’avait amenée à Thaar l’avait avertie. Elle ne voulait pas agacer Lucrétia, et encore moins être prise pour une minable. Inspirant un grand coup, elle releva de nouveau les yeux vers la prêtresse.

- Dis-moi, Dame Lucrétia, ce que je peux faire en échange de ton accueil ? Elle fronça les sourcils en comptant sur ses doigts les compétences qu’elle avait pu acquérir au cours de sa jeune vie. Je sais nettoyer, récurer, balayer... Je sais négocier les meilleurs prix au marché, chaparder ce que je n’ai pas pu acheter, arnaquer d’autres à la revente... Je sais porter des messages de la plus haute importance... Je sais...

Bien qu’elle ne soit pas à court d’idée, un énorme bâillement vint interrompre sa tirade et sembla la vider du peu d’énergie qui lui restait.
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 17:58


Le visage de Lucrétia s’éclaira à la vue de l’enfant qui s’empiffrait devant ses yeux. Cela avait toujours quelque chose de plaisant de voir un enfant heureux de choses aussi simples que le fait de manger. Lucrétia mesurait bien en cet instant la chance qu’elle avait eu de naître dans une bonne famille, d’avoir un repas chaud tous les jours et d’avoir bénéficié d’une solide éducation. Tous les enfants n’avaient malheureusement pas cette chance.

La jeune femme écouta attentivement le chaton lui conter son histoire. Avec aussi peu d’informations sur le devenir de son père, elle ne risquait pas le retrouver de sitôt. Lucrétia ne voyait pas bien comment la petite Aube allait pouvoir s’en sortir avec aussi peu de ressources. Son cœur se serra quand la petite lui expliqua qu’elle avait été mise à la porte de chez elle. La prêtresse ne sentait pas dans ses propos la moindre trace de mensonge et elle ne pouvait pas rester insensible à sa situation. Quelles que soient les raisons qui aient poussé sa mère à la mettre à la porte, c’était totalement irresponsable de sa part.


« Mon pauvre chaton … »

Lucrétia s’était levée et s’était assise à côté d’Aube qui ne la quittait pas des yeux. La petite avait encore les joues pleines de nourriture. D’un geste peu assuré, elle passa sa main sur le bras de la jeune fille, espérant que sa présence la calmerait un peu. La pauvre semblait si fragile malgré son tempérament. Elle avait beau essayer de cacher son chagrin derrière un masque de fierté, elle restait une enfant.

La dénommée Aube lui proposa compensation pour le gîte et le couvert. La jeune femme se mordit la lèvre inférieure quand la petite dit qu’elle était prête à arnaquer les gens ou voler pour remercier la haute-prêtresse. Comment lui faire comprendre sans passer pour une sainte-nitouche ?


« Et bien en voilà une petite demoiselle qui n’a pas froid aux yeux. Je ne pense pas que voler ou mentir soit une excellente idée. Tu t’attirerais des ennuis et puis … que penserait un père d’une fille qui recourrait à de tels actes. »

La jeune femme joignit les mains et prit un air malicieux pour détendre l’atmosphère. Elle avait une petite idée derrière la tête et déclara d’une fois enjoué :

« J’ai une proposition à te faire. Notre dispensaire manque toujours de bras et j’ai ici des assistants qui rêveraient d’avoir une personne en plus pour les aider. Si tu souhaites rester plus longtemps ici, tu vas devoir te rendre utile auprès de ces différentes personnes et auprès de moi. En échange, le temple t’offrira le gîte, le couvert et disons … Cinq écus par jour si tu accomplis les tâches qui te sont confiées avec sérieux et diligence. J’ai remarqué que tu savais compter sur tes doigts. Sais-tu lire aussi ? »

Lucrétia se releva et débarrassa la table du bol et des plats vides avant de filer dans l’arrière-cuisine, laissant à Aube le temps de réfléchir et de lui donner sa réponse. Quand elle revint, la haute-prêtresse empila sur une étagère quelques assiettes qui trainaient ça-et-là et se planta face à la petite, l’air circonspect, avant de déclarer :

« En revanche … il est hors de question que je te laisse déambuler dans le temple avec des vêtements aussi sales et sans un bon bain ! Suis-moi, nous avons de l’eau chaude à disposition. »
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeSam 10 Aoû 2019 - 12:21

Quand la jeune fille avait raconté avec de brefs mots sa situation familiale, Lucrétia s’était levée et rapprochée d’elle pour poser une main rassurante sur son bras. Ce contact fit sursauter Aube qui se sentit d’un premier abord très mal à l’aise. Comme sur le perron, la haute-prêtresse lui offrait un toucher pour la réconforter. D’aussi loin que remontait ses souvenirs, jamais personne ne lui avait caressé la joue, ou le bras pour l’apaiser. La bienveillance de son beau-père était dénuée de toute forme de proximité et les rares contacts de sa mère exempts de toute forme de gentillesse. Si en premier lieu, elle eu envie de prendre ses jambes à son cou, elle se contenta de se figer sans opposer de résistance.

Mais quand Lucrétia prit la parole, Aube agrandit les yeux de surprise, en observant la prêtresse à présent assise à côté d’elle. Il était rare que les personnes qu’elle souhaitait remercier objectent sur la provenance des pièces qu’elle pouvait leur ramener et la manière dont elle se les procurait. Mais après un instant de réflexion, elle comprit que la prêtresse accordait une grande importance à sa réputation, et qu’elle-même devait s’appliquer à prendre en considération celle de son père. Bien-sûr, il ne voudrait pas d’une fille qui chapardait dans les bas quartiers... Elle imaginait qu’une voleuse de grande renommée pouvait apporter une certaine fierté à son paternel mais elle n’acquerrait jamais une telle réputation en arnaquant dans les marchés...

Finalement, Lucrétia reprit la parole, un grand sourire éclairant son visage aux traits délicats.

« J’ai une proposition à te faire. Notre dispensaire manque toujours de bras et j’ai ici des assistants qui rêveraient d’avoir une personne en plus pour les aider. Si tu souhaites rester plus longtemps ici, tu vas devoir te rendre utile auprès de ces différentes personnes et auprès de moi. En échange, le temple t’offrira le gîte, le couvert et disons … Cinq écus par jour si tu accomplis les tâches qui te sont confiées avec sérieux et diligence. J’ai remarqué que tu savais compter sur tes doigts. Sais-tu lire aussi ? »

Cette fois, c’est sa bouche qu’Aube ouvrit grand d’étonnement. Au fur et à mesure qu’elle entendait la tirade de sa voisine de banc, sa mâchoire se décrochait. Non seulement elle n’avait pas à rapporter de l’argent à la prêtresse mais en plus elle allait en gagner ! Qui aurait cru que passer le pas de cette porte allait faire sa fortune ? Avec émerveillement, Aube se vit vêtue de somptueux atours se présenter à son père en lui montrant sa fortune, ce dernier qui l’approuverait d’un signe de tête bref et fier.

Toute à ses rêveries, Aube vit à peine la prêtresse revenir vers elle, les bras chargés d’assiettes.

« En revanche … il est hors de question que je te laisse déambuler dans le temple avec des vêtements aussi sales et sans un bon bain ! Suis-moi, nous avons de l’eau chaude à disposition. »

Sans aucune once de mauvaise volonté - quand bien même c’était d’un bain que nous parlions ! - la jeune fille se leva pour la suivre. Elle sautilla jusqu’à son niveau pour reprendre la conversation là où elles l’avaient laissées.

- Je ne pense pas rester indéfiniment, juste le temps de rassembler des informations pour retrouver mon père, et le temps de faire ma fortune ici songea-t-elle non sans avidité. J’irai sans doute dès demain à l’Aile blanche pour récolter des éléments de réponse si tu me le permets !

Songeant à ce que lui avait demandé Lucrétia, la jeune fille reprit de plus belle :

- Bien-sûr je sais lire ! Ce n’était pas tout à fait vrai, sans pour autant être un mensonge, car la jeune fille peinait à déchiffrer les messages que lui faisait porter son père adoptif à d’autres commerçants, butant souvent sur des lettres ou des mots compliqués. Et je peux tout à fait aider au dispensaire !

Alors qu’elle étaient arrivées à ce qu’Aube pensait être la salle du bain, la jeune fille se débarrassa de ses vêtements usagés sans aucune pudeur.

- Mais au fait, c’est quoi un dispensaire ?
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeSam 10 Aoû 2019 - 20:22


Lucrétia accompagna la jeune fille jusqu’à ce qui lui servait de salle de bains : une pièce plutôt bien éclairée dans les étages du temple à côté de ses quartiers. Sœur Tiphaine avait déjà préparé l’eau chaude quelques minutes avant et des pierres chaudes continuaient de chauffer délicatement la bassine de cuivre remplie. Lucrétia appelait cette baignoire la Marmite. Concrètement, il s’agissait d’une grosse cuve de cuivre qu’elle avait acheté pour quelques écus et qui, une fois posée sur le bon support, était chauffée avec des briques chaudes, dont la chaleur venait maintenir l’eau chaude. Le système était très utilisé dans la Péninsule et Lucrétia n’avait pas pu résister à l’envie de le reproduire dans le dispensaire. Si d’ordinaire la jeune femme appréciait aller dans les bains des Soieries, le confort d’un bain personnel était tout de même incomparable … mais il fallait de longues minutes de préparation.

« Si tu souhaites aller demain à l’Aile blanche, je te ferai accompagner par Sœur Amélie. Elle connait parfaitement la cité et saura te guider dans les rues de la ville sans se perdre. Elle ne doit avoir que quelques années de plus que toi et c'est une personne de confiance. »

Elle continua sur sa lancée à mesure qu’elle attisait les braises qui chauffaient les briques sous la Marmite :

« Bien entendu, je ne te retiens pas si tu veux partir. Sache simplement que si jamais tu voulais revenir, nos portes te seraient ouvertes … »

Lucrétia restait sceptique sur les pistes que possédaient la jeune fille. Il était peu probable que le père véritable d’Aube veuille d’elle ou ai même connaissance de son existence. L’espoir auquel se raccrochait la petite fille était maigre. Pas inexistant, mais maigre. Si la haute-prêtresse ne pouvait que prier pour qu’elle trouve enfin une bonne famille, elle ne pouvait s’empêcher de penser au pire.

Faire accompagner Aube par Sœur Amélie serait une bonne chose. Les habitants de Thaar pouvaient se montrer plus que discourtois à l’égard des enfants des rues, mais il était de coutume que l’on respectât les prêtresses de Néera et qu’on leur ouvre les bonnes portes. Lucrétia était certaine qu’Amélie serait parfaitement apte dans cette tâche.

Les briques à nouveau chaudes, Lucrétia plongea son index dans l’eau. Excellente température ! Contente du résultat, elle déplaça un escabeau de bois sur le côté de la Marmite et invita la jeune fille à y entrer. Lucrétia détourna les yeux pour ne pas gêner Aube et se plaça derrière un panneau de bois pour se déshabiller. Toujours cachée par le panneau de bois, elle attendit que la jeune fille soit entrée dans la Marmite pour y entrer à son tour. Mais elle n’eut pas le temps de mettre un pied dans le bain que la petite l’assaillait déjà de questions.


« Un dispensaire, c’est un endroit où l’on soigne les malades. C’est aussi simple que ça. Nous les accueillons, nous les soignons et quand ils sont rétablis, nous les laissons partir. La DameDieu nous enseigne à prendre soin de chaque être vivant, quel que soit son statut. Et c’est ce que nous faisons ici … »

Lucrétia trempa son pied dans l’eau avant de s’y immerger. C’était un vrai régal ! Elle laissa s’échapper un soupir de contentement. Enfin elle pouvait se détendre un peu …

« Si tu sais lire, c’est parfait ! Les gens de ton âge sachant lire et compter sont rares. C’est un talent des plus utiles. Sache t’en servir avec soin. Je suis certaine que tu t’entendras bien avec notre herboriste. Il râle sans arrêt de ne pas avoir de gens pour l’aider à faire les étiquettes et à ranger ses bocaux correctement. Il est un peu spécial, mais c’est quelqu’un de bien. »
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMar 13 Aoû 2019 - 14:03

- Si tu souhaites aller demain à l’Aile blanche, je te ferai accompagner par Sœur Amélie. Elle connait parfaitement la cité et saura te guider dans les rues de la ville sans se perdre. Elle ne doit avoir que quelques années de plus que toi et c'est une personne de confiance. Bien entendu, je ne te retiens pas si tu veux partir. Sache simplement que si jamais tu voulais revenir, nos portes te seraient ouvertes …

Lucrétia déclamait sa tirade tout en s’affairant à rallumer des braises sous une énorme cocotte en cuivre qui captivait Aube. La jeune fille n’en avait jamais vu d’aussi dodue, on aurait aisément pu y faire cuire une soupe pour tout le quartier. Mais apparemment, le potage n’était pas à manger, et elles en étaient l’élément principal manquant. La prêtresse comptait vraiment leur faire prendre leur bain là-dedans ? Aube n’avait jamais pris que des « bains » en pataugeant dans une bassine d’étain, et en se renversant un pot d’eau glacée sur la tête. Elle était du fait très sceptique à l’idée d’entrer dans de l’eau chaude. Est-ce qu’elle n’allait pas fondre ou se dissoudre ?

La femme finit par placer un marchepied en invitant d’un signe de main la jeune fille à plonger dans le potage. Hésitante, la Galaad effleura la surface de l’eau du bout de son orteil. L’eau n’était pas aussi chaude qu’elle le craignait. Elle y entra alors complètement pour s’assoir au fond de la marmite. C’est là, recouverte d’eau délicieusement chauffée aux braises jusqu’aux épaules, qu’elle poussa un long soupir libérateur. Il lui sembla que ses soucis s’éloignaient, comme évaporés par la chaleur. Les muscles crispés de son dos se décontractaient peu à peu à mesure que ses épaules se relâchaient. La prêtresse la rejoignit en répondant à ses questions.

- Un dispensaire, c’est un endroit où l’on soigne les malades. C’est aussi simple que ça. Nous les accueillons, nous les soignons et quand ils sont rétablis, nous les laissons partir. La DameDieu nous enseigne à prendre soin de chaque être vivant, quel que soit son statut. Et c’est ce que nous faisons ici … Si tu sais lire, c’est parfait ! Les gens de ton âge sachant lire et compter sont rares. C’est un talent des plus utiles. Sache t’en servir avec soin. Je suis certaine que tu t’entendras bien avec notre herboriste. Il râle sans arrêt de ne pas avoir de gens pour l’aider à faire les étiquettes et à ranger ses bocaux correctement. Il est un peu spécial, mais c’est quelqu’un de bien.

La mention des malades avait fait grimacer la jeune fille. S’occuper des véroleux et lépreux ne l’emballait vraiment pas. La simple perspective de s’approcher de gueux couverts de haillons la fit frissonner malgré la chaleur ambiante. C’est pour cette raison qu’elle sauta sur l’évocation d’une autre possible mission au sein du dispensaire. Préparer des drogues, sorts et autres potions... Voilà qui pouvait s’avérer tout à fait passionnant !

- Oui, s’écria-t-elle d’un air inspiré. Je peux travailler avec ton droguiste !

Un éclat de cupidité passa dans les yeux de la jeune fille alors qu’elle s’imaginait déjà faire fortune en vendant des potions d’amour et de mort. Elle pourrait ainsi gagner le respect de son père en transformant ses ennemis en rats et en crapauds... Mais retrouvant un air sérieux, elle reprit pour répondre à l’évocation que la prêtresse avait lancé quelques instants auparavant :

- Dans tous les cas, quoi qu’il arrive, je resterai travailler pour toi le temps de m’acquitter de ma dette, comme je te l’ai promis !

Elle pourrait toujours faire des aller-retour entre chez son père et le dispensaire pour continuer à travailler auprès de l’herboriste ensorceleur. Peut-être que l’homme le prendrait comme apprentie et lui apprendrait toutes les ficelles de son métier. Voilà comment faire l’orgueil de son père ! Toute à ses pensées et environnée les vapeurs d’eau chaude, la jeune fille commençait doucement à piquer du nez, et son visage allait bientôt sombrer dans l’eau.
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMar 13 Aoû 2019 - 21:14


« Parfait alors ! Je le préviendrai en temps voulu. Quant à ta promesse, j’en prends note. C’est une qualité honorable que de les tenir. »

Lucrétia attrapa un morceau de savon à la lavande et se frotta consciencieusement pendant plusieurs minutes en chantonnant une petite comptine populaire de Diantra. Une fois ses ablutions faites, elle remarqua que la petite commençait à s’enfoncer dans l’eau. Elle était peut-être un peu trop chaude et la jeune fille un peu trop fatiguée. Lentement, elle la remonta pour qu’elle ne finisse pas en homard cuit puis lui savonna ses cheveux salis par le voyage. C’était une étape indispensable, mais peut être guère plaisante pour la jeune fille au vu de l’épaisse tignasse qu’elle arborait. Il fallait absolument qu’elle en prenne soin, sinon les parasites viendraient s’y nicher.

La mousse du savon sentait particulièrement bon et commençait à déborder de la Marmite. C’était qu’il y en avait de la poussière à enlever sur Aube. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pris un bain ? Depuis combien de temps voyageait-elle ? Au vu de l’état de fatigue de la jeune fille, mieux valait ne pas la presser plus de questions.

Quelques minutes plus tard, Lucrétia rinça les cheveux d’Aube de toute la mousse lavande accumulée. La longue tignasse de la jeune fille venait d’être temporairement mâtée ! Lucrétia avait l’impression d’avoir remporté une première victoire sur un monstre légendaire. Elle fit sortir la jeune fille avant qu’elle ne finisse ébouillantée et l’enveloppa dans un linge pour qu’elle puisse se sécher. La haute-prêtresse prit le temps de se sécher elle-aussi et de s’habiller d’une longue robe de lin pastelle serrée à la taille par une cordelette argentée.


« Mmmmmh … on ne va quand même pas te remettre un tas de poussière sur le dos alors que tu es enfin propre comme un sou neuf. Ne bouge pas … »

S’éclipsant quelques minutes pour aller fouiller dans les autres pièces, Lucrétia revint avec dans ses bras une des tenues de novices du temple. Le dispensaire de Sainte Iselda avait reçu il y a quelques semaines une caisse de vêtements pour les novices du temple. Ces vêtements étaient du tissu péninsulaire, simple et robuste, destiné à habiller les novices du dispensaire. Vu que Lucrétia manquait de personnel et de novices, elle n’avait pu distribuer que la moitié de la caisse de vêtements. Elle n’était que trop contente de pouvoir se débarrasser de ces vêtements et de les rendre utiles à quelqu’un.

Lucrétia avait composé quelque chose pour que l’on ne la confonde pas avec une novice en prenant aussi dans l’un des celliers du temple des vêtements de Thaar de bonne qualité qui ne servaient à personne. L’ensemble était relativement simple : une chemise blanche aux manches longues brodée de motifs floraux tombant jusqu’aux hanches et serrée par bustier bleu clair lacé dans le dos. Elle avait réussi à trouver une jupe longue pour Aube, de la même couleur que le bustier. La jupe était assez épaisse pour tenir assez longtemps sans avoir à la repriser. Lucrétia avait trouvé une paire de ballerines en cuir marron maintenues par une boucle en cuivre et une cape bleue utilisée par les novices. Elle soupira. C’était mieux que rien, en tout cas, elle ne risquerait pas de se retrouver prise pour une enfant des rues, ni confondue avec les novices du temple.


« Prend ça comme un cadeau. Nous ferons laver tes vieux vêtements dès demain par les lavandières. Assieds-toi. Je vais m’occuper de tes cheveux. Il faut vite s’en occuper où tu risques de retrouver avec une tignasse encore plus volumineuse !»

Elle sortit d’un tiroir son arme secrète contre la chevelure de la petite : une brosse à cheveux ! Elle n’eut pas le temps d’entendre la petite rouspéter qu’elle s’attacha à lui dénouer les nœuds qui s’étaient immédiatement refaits après le bain. C’était pire que ce qu’elle s’était imaginée. Cette chevelure était un véritable organisme vivant, probablement doté d’une conscience propre et planifiant certainement de conquérir le monde dans les prochains jours. La haute-prêtresse rigola intérieurement en brossant les cheveux d’Aube, mais déchanta rapidement quand au bout d’un quart d’heure plus tard, son bras commençait à accuser le coup. Elle prit le temps de tresser les cheveux de la jeune fille en couronne et les attacha avec un fermoir en argent. Ainsi, ils se saliraient moins rapidement et surtout, boucleraient moins. Lucrétia espéra qu’elle avait réussi à dompter la chevelure de la petite. Rien n’était moins sûr … Que Néera les protège tous !

Elle reposa la brosse. Son bras lui faisait mal …


« C’est terminé. Il y a un miroir là-bas si tu veux voir. »

Lucrétia bailla. Elle aussi commençait à tomber de sommeil. Il devait y avoir une chambre de libre quelque part non loin de ses appartements. Cela devrait faire l’affaire pour Aube. Elle lui donnerait la clef avant d’aller se coucher.  
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeLun 19 Aoû 2019 - 23:43

Alors qu’Aube s’endormait à moitié, la prêtresse entreprit de la savonner de la tête aux pieds. Les récriminations de la jeune fille se perdirent dans les bulles de savons aux parfums floraux. Mais sa volonté, sans doute amoindrie par la fatigue, n’était pas de taille à lutter contre l’obstination de Lucrétia. Aube finit par se laisser frictionner puis rincer la tête sans un mot, se protégeant seulement la face qui lui semblait être son unique propriété personnelle. La senteur entêtante du savon commençait à lui tourner la tête et c’est grâce au soutien de sa blanchisseuse qu’elle parvint à s’extraire de la marmite.

Elle n’avait pas fondu dans une soupe destinée aux nécessiteux finalement. Bien qu’à y regarder de plus près, il lui semblait avoir perdu quelque épaisseur de peau dans le grand nettoyage. Mais bien vite, elle fut emmitouflée dans un grand linge et somola debout dans un bien-être absolu. La prêtresse babilla quelques mots dont elle ne perçu pas le sens profond, bien qu’il lui semblait avoir entendu parler de sous neufs.

Dans un sursaut, la jeune fille rouvrit des yeux qu’elle n’avait fermé que quelques instants. Lucrétia l’habillait avec des vêtements inconnus : une fine chemise immaculée brodée, soutenue par un bustier azur, et enfin une chaude jupe dans des tons similaires. De petites chaussures en cuire et une solide cape venaient compléter la tenue. En quelques mots, la prêtresse lui expliqua qu’elle lui offrait ces habits.

Ebahie, Aube observa ses pieds avant de relever les yeux vers sa bienfaitrice. Savait-elle seulement la joie et l’admiration profonde qu’elle venait de susciter chez la fillette ? La prêtresse venait de passer du statut de simple humaine à celui de déesse aux yeux d’Aube. Non seulement Lucrétia l’avait accueillie et nourrie, mais elle venait à présent de lui fournir les plus élégants vêtements qu’il lui ai jamais été donné de porter.

Mais rapidement, la déesse faillit perdre son nouveau statut de divinité quand elle voulut s’attaquer à la coiffure de la jeune fille. Une guerre perdue d’avance, et Néera savait que nombres de combats avaient été menés et qu’aucun valeureux guerriers n’en étaient sortis vainqueurs. Pourtant, pleine d’une patience feinte, Aube ferma les yeux, attendant que la femme s’avoue vaincue. Elle ne lui gâcherait pas à l’avance ce funeste présage et la laisserait comprendre par elle-même. Mais quelques instants plus tard, des mots chantants de la prêtresse-déesse vinrent tinter à ses oreilles.

- C’est terminé. Il y a un miroir là-bas si tu veux voir.

Terminé ? Son combat ?... Se voir dans un miroir ? Cela faisait si longtemps... Depuis qu’elle avait par maladresse brisé le minuscule miroir dont le dos représentait un poisson aux écailles bariolées de sa mère, elle n’avait plus vu nettement son reflet. Aussi, la jeune fille se hâta dans la direction indiquée. Quand enfin elle se planta devant un grand cadre de verre poli, elle se figea.

Une jeune fille la regardait, l’air suspicieux. Sa longue chevelure tressée enroulée autour de son crâne, le visage propre et parfumé, la taille affinée et des broderies florales aux manches... Une jeune noble qui aurait été sa cible idéale un jour de marché. Cela ne pouvait être elle... Elle qui était la honte de sa mère car elle ressemblait à un garçon, et pourtant trop faible pour pouvoir leur tenir tête...

Elle s’observait encore quand Lucrétia la rejoint. Quand Aube la vite apparaître derrière son reflet, elle se retourna pour se jeter dans ses bras.

- Je te dois tout, s’écria-t-elle. Grâce à toi, je serai fière de me présenter devant mon père. Mais je ne t’oublierai jamais ! Si je dois tuer ou mourir pour toi, je le ferai ! Je te le jure, par Tyra !

Relâchant son étreinte, elle releva les yeux vers sa bienfaitrice.

- Puis-je dormir maintenant ?
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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeMar 20 Aoû 2019 - 18:40


Lucrétia émit un petit cri de surprise quand elle sentit la jeune fille se jeter dans ses bras et l’enserrer avec son maigre corps. Elle ne s’attendait pas à ce genre de réactions. Elle s’imaginait même que la petite allait rouspéter. Doucement, elle passa sa main dans les cheveux d’Aube et la serra contre elle, ne sachant trop quoi faire d’autre et se sentant encore un peu surprise par sa réaction.

Elle entendit la jeune fille crier ses remerciements, mais les sons étaient quelques peu étouffés dans les plis de la robe de Lucrétia. Lorsqu’elle relâcha son étreinte, elle lui fit savoir qu’elle désirait se reposer. Quoi de plus normal, la soirée avait été assez longue …

Lucrétia s’agenouilla et tira affectueusement les joues moelleuses de la jeune fille et s’adressa à elle avec un air malicieux :


« Et bien petit chaton ! Tout d’abord le vol, maintenant le meurtre ou le sacrifice ? La vie est un bien beaucoup trop précieux, Aube. C’est un présent de la déesse à tous les hommes qu’il ne faut jamais abandonner ou prendre sans une excellente raison. Quant à moi, ne t’inquiètes pas, je sais me défendre ! »

La haute-prêtresse rit. Que cette enfant était adorable, malgré son tempérament de feu. Lucrétia tenta de s’imaginer la petite en prêtresse de la Bienveillante. L’idée était totalement saugrenue, mais elle la faisait sourire.

Elle se releva et fit signe à la petite de la suivre.


« Je vais te montrer où dormir. »

Le duo traversa les couloirs déserts du temple pour arriver devant les appartements de Lucrétia. Elle donna pour consigne à la petite de l’attendre pendant qu’elle parfait chercher un trousseau de clefs. Quand elle revint, elle amena la petite dans l’une des pièces non loin de l’aile des novices. La chambre était fermée à clef. La haute-prêtresse mis plusieurs dizaines de secondes à tester toutes les clefs jusqu’à trouver la bonne : une clef de bronze assez lourde et piquetée de rouille. Elle la détacha du trousseau et la confia à Aube.

« Et voici pour toi. Ne la perd pas surtout. »

Elle ouvrit la porte de la chambre déserte.

« Je vais rester dans mes appartements pour travailler. Le petit déjeuner est aux premières lueurs. Si jamais tu es en retard, Tiphaine et Amélie auront probablement dévoré toute la brioche. Je te ferai accompagner par Amélie quand tu le souhaiteras. Passe une bonne nuit … »

Lucrétia bailla et s’étira avant de se diriger vers ses appartements. Il lui restait encore beaucoup de paperasse à faire … Elle n’allait pas beaucoup dormir cette nuit.


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MessageSujet: Re: Arrivée sur Thaar   Arrivée sur Thaar I_icon_minitimeLun 26 Aoû 2019 - 14:44

Quand la prêtresse se mit à lui tirer les joues, Aube prit un air outré avant de se raviser. Elle lui permettrait cette familiarité en échange de tout ce qu’elle lui avait offert...

- Et bien petit chaton ! s’exclama la femme. Tout d’abord le vol, maintenant le meurtre ou le sacrifice ? La vie est un bien beaucoup trop précieux, Aube. C’est un présent de la déesse à tous les hommes qu’il ne faut jamais abandonner ou prendre sans une excellente raison. Quant à moi, ne t’inquiètes pas, je sais me défendre !

Aube recula de quelques pas en fronçant les sourcils pour analyser ce que Lucrétia venait de lui dire. Elle était à la fois surprise et soulagée. La femme semblait dire que toutes les vies se valaient, ce qui lui semblait être une idée assez absurde. Premièrement, elle était persuadée que sa propre vie valait bien plus que celle du premier inconnu venu, d’où son soulagement. A dire vrai, la jeune fille n’était pas encore vraiment tentée à la perspective de perdre sa vie pour rembourser sa dette. La bonté de Lucrétia l’arrangeait somme toute bien.  Deuxièmement, il était évident que certaines vies valaient moins que d’autres, notamment celles des femmes, des enfants, de ceux qui vivent dans les rues, coupés de toute famille, à mendier comme des misérables... En pensant à ces faibles et ces crèves-la-faim, Aube plaça ses poings sur sa taille avec un rictus dédaigneux sans se rendre compte qu’elle-même entrait dans cette catégorie.

Lucrétia mit fin à ses élucubration en lui proposant de la mener dans un lieu où elle pourrait se reposer. La jeune fille jeta avec regret un coup d’œil au bout de sol battu vers l’âtre de la cuisine où elle avait espéré se rouler en boule pour dormir, pour finalement suivre sa bienfaitrice. Après avoir parcouru un dédale de couloirs sombres, elles finirent par arriver devant un battant clos. Suivant les consignes de la prêtresse, Aube patienta dans l’embrasure de la porte, les bras ballants, en guettant son retour. Elle était sur le point de s’endormir debout quand la femme revint pour lui placer une grosse clé dans la main.

- Et voici pour toi. Ne la perd pas surtout.

Une clé ? Rien que pour elle ? Qu’est-ce que ça signifiait ?

- Je vais rester dans mes appartements pour travailler. Le petit déjeuner est aux premières lueurs. Si jamais tu es en retard, Tiphaine et Amélie auront probablement dévoré toute la brioche. Je te ferai accompagner par Amélie quand tu le souhaiteras. Passe une bonne nuit …

Les yeux écarquillés Aube parcouru la petite chambre des yeux en prêtant une oreille inattentive à ce que lui expliquait sa déesse personnelle. Une chambre rien que pour elle ? Avec  un lit ! Et une petite table ! Et une fenêtre ! C’était vraiment le plus beau jour de sa vie ! Il était à présent impossible qu’elle s’endorme ! Entre l’excitation de bientôt rencontrer son cher père, ses nouveaux vêtements, une chambre rien qu’à elle, la promesse de devenir une célèbre droguiste empoisonneuse... Tout cela était tellement exaltant ! La jeune fille sauta sur son lit en enfouissant sa tête dans le coussin de plume.

- Oh c’est tellement confort...

Mais elle s’était endormie avant même de finir sa phrase et un léger ronflement accompagna bientôt sa respiration.
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