[Mare noire] Euh... Vous auriez une seconde ?

<< L'Appel

à venir >>

Nous conseillons aux druides et Noss jouant l'introduction aux mares noires de ne pas lire ce RP pour garder le mystère entier !

Règles spécifiques à ce RP :

• Pas de longueur de poste minimale
  
• Double posts acceptés après 48h d'attente
  
• Pas de tour de parole

Les joueurs participant à l'évènement sont priés de ne pas ouvrir de RP se déroulant après la date du présent RP jusqu'à la clôture de celui-ci.

Sujet HRP de l'évènement

Clôture au plus tard : Samedi 31 août à 23h

1er jour de la 8e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
Clairière d'Elvaëran

Une fois n'était pas coutume, le bruit d'une course résonnait dans l'immense hall du Trône Blanc. Il était fort inconvenant pour un diplomate de se déplacer ainsi, montrant une fébrilité qui n'aurait pas été de bon ton pour des gens qui se targuaient de garder leur calme en toute circonstance. Mais voilà, il avait envoyé la veille un message au roi en personne pour qu'ils conviennent d'une audience extraordinaire et il était en retard. Hors, s'il y avait bien une fois dans sa vie ou il refusait d'être en retard, c'était bien aujourd'hui.

C'est ainsi que Lomion Ineinior, Digne doyen de l'Académie de magie d'Alëandir, plus grand mysticiste de son temps et vénérable au grand âge, se retrouvait à courir tel un cabris de l'année, deux autre mages sur ses talons....


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Le Maître du jeu parlant à Artiön... La veille, tard dans la soirée, tu as reçu un message urgent de la part de Lomion en personne. Son contenu était cryptique et plus empressé qu'à l'accoutumée. En substance, il te prévenait qu'il avait de nouvelles informations sur LA relique qui gisait sous l'Académie et qu'il allait avoir besoin de toi pour agir sans attendre. Il t'as demandé une audience au plus tard le lendemain matin, mais le connaissant, le plus surprenant était contenu dans la suite du message. En effet, ce grand défenseur de la paix et de l'inaction de l'Académie dans les conflits armées te demandait de réunir les protecteurs présents dans la capitale, les dirigeant des différents cultes de la cité, ainsi que les personnes que tu jugeais important de mettre au courant d'une menace magique... Et d'également convier les guerriers, éclaireurs, pisteurs et mages de terrain que tu jugeais suffisamment compétents et fiables pour accomplir une mission de la plus haute importance.

A toi de poser le cadre où tu souhaite recevoir le doyen, ses assistants et ceux que tu as mandé. Nous t'encourageons à voir avec Aegden, Akiblaedÿl, Lyorindel et Akhoraril si tu les as directement demandé ou s'ils se retrouveront là par d'autres moyens.


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Le Maître du jeu parlant à tous le monde... Une fois qu'Artion aura posé le contexte, vous pouvez jouer votre arrivée et le début de l'audience si vous le souhaitez, Lomion étant inhabituellement en retard.

Nuit de Tariho de la 7e ennéade de Karfias
17e année du Onzième Cycle
En suite directe à la réception de missives d'Archimages

- Kaëlistravaë ? ta main doucement posée dans son dos, tu tires ton épouse d’un début de sommeil Je suis désolé de te demander ça à cette heure-ci mais…

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Je viens de recevoir une missive plutôt inquiétante de la part du Doyen de l’Académie d’Alëandir. Demain matin au plus tard, il aura besoin d’un maximum de personnes qualifiées pour une mission concernant la relique.

- Hm ? une voix aussi inquiète qu’assoupie te répond Qui tu veux que je convie ?

- Je sais que tu connais bien les guérisseurs des dispensaires. tu lances alors qu’elle s’arrache à son lit, et que tu enfiles rapidement une tunique et des collants S’il y en a parmi eux avec de l’expérience du terrain ou habitués à la gestion d’urgences ils seront potentiellement d’une aide précieuse. tu chiffonnes un chignon rapidement Et tu as un contact bien plus personnel que moi avec le culte de Kÿria. Je te laisse le courrier de Lòmion que tu y jettes un œil. Pour le reste, je m’en occupe.

Tu te rapproches  d’elle, poulaines à peine chaussées, et tu lui poses une rapide bise sur les lèvres avant de quitter votre chambre à toutes jambes, une poignée de missives tout juste écrites en main.

- Ne t’inquiète pas Rëa… avant ton départ, tu offres une tendre caresse à la joue et à la main de ton enfant endormie Papa revient tout de suite.

Ainsi, à toutes jambes et en pleine nuit, tu t’étais fait le postier de sombres rumeurs, encrées et scellées au cas où en cette heure tardive, les destinataires du message soient trop profondément perdus dans le sommeil, ou dans leurs pérégrinations nocturnes.

À Akhoraril

Heru Akhoraril Mírëromën,

C’est dans la plus grande des urgences que je vous adresse cette tardive missive, bénissant La Très-Sage de ce que vous ayez exceptionnellement allongé votre séjour en la Cité Blanche.
Votre renom en tant que guerrier autant que votre dévotion en la Voilée vous précèdent, ainsi c’est avec grand espoir que vous répondiez présent à mes sollicitations que je vous invite à vous présenter demain au plus tôt à la Salle du Trône.

Heru Lòmion Ineinior, Doyen de notre Académie de Magie, extrêmement inquiet de nouvelles découvertes autour d’une relique gardée par le Chapitre Blanc et craignant que ne poigne une menace magique,invoque la présence d’autant de combattants que de traqueurs, savants et elfes de foi d’exception que possible à se réunir.

Nous comptons sur vous pour lui tendre l’oreille demain, et espérons que vos savoirs sur l’Ecume, et s’il le faut vous flèches, nous êtres précieuses.

Aran Lin  Artiön Laergûl

À Aegden

Aegden,

Je sais que la magie n’a jamais été ton sujet de predilection, et i lest possible que ce qui se prépare ne soit pas pour améliorer les choses, mais le Doyen de l’Académie, lui qui est habituellement si calme semble profondément paniqué par la perspective d’une menace magique liée à un artefact gardé par le Chapitre Blanc.

Tu penseras sûrement que tu n’y peux pas grand-chose, mais c’est Lòmion lui-même qui m’a confié nécessiter la présence de soldats, et tu es l’un des meilleurs soldats d’Alëandir, alors sois-là demain matin au plus tôt à la Salle du Trône, et essaie si possible de ramener avec toi des soldats de confiance et des mages de guerre.

Je compte tout de même sur toi pour que les choses ne s’ébruitent pas trop. La panique est la dernière chose dont nous avons besoin.
À demain.

Artiön

À Akiblaedÿl

Heru Akiblaëdyl,

C’est une chance s’il en est que vous soyez toujours à Alëandir, même si je crains que cette chance ne cache de sombres présages.
Lòmion Ineinior, le Doyen de l’Académie d’Alëandir – que j’imagine, vous avez dû apprendre à connaître – m’a dans une urgence extrême annoncé son inquiétude devant la menace posée par l’une des reliques gardées par le Chapitre Blanc. En conséquence, demain matin à la première heure, sont amenés à se rassembler une poignée d’elfes susceptibles d’aider à comprendre et à contenir cette potentielle menace.

Demain le Doyen lui-même sera présent afin d’exposer la situation plus en détails. J’espère seulement que nous pourrons profiter de vos qualités d’épéiste ; et en tant que Lanthaloran moi-même, j’ai confiance en la valeur de votre bagage en tant qu’enfant de l’ancienne Cité des Sciences.
Soyons les boucliers qui arrêtent les lames, et les vents qui soufflent les flammes.

Artiön Laergûl

À Lyorindel

Lyo,

Lòmion suspecte une des artefacts gardés par le Chapitre Blanc de représenter une menace magique. Il est paniqué au point de solliciter l’aide de la milice. Oui Lòmion Ineinior.
Je sais que ça fait plusieurs fois en peu de temps que tu t’es retrouvé dans des scénarios tirés par les cheveux, mais je risque d’avoir besoin en urgence de ta capacité à te mêler de ce qui ne te regarde pas.
Rassemblement à la Salle du Trône demain à la première heure.
Sois discret.

Artiön

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Kÿrianos de la 8e ennéade de Karfias
17e année du Onzième Cycle
Salle du Trône

Armuré comme tu le serais soit à la guerre, soit de manière cérémonielle, tu attendais de pied ferme que ceux que tu avais fait mander la nuit précédente se présentent. Pour l’instant la Lune dominait encore le ciel. L’aube n’en était qu’à ses tout premiers rayons. Mais Sa Bienveillance était déjà là. La Haute-Prêtresse de Kÿria était venue accompagnée de deux des Guides du Culte, extrêmement soucieuse des raisons ayant pu agiter un être habituellement aussi extraordinairement paisible que le vénérable Lòmion.
Peu sereine. Certainement aussi peu que toi. La Prêtresse n’en restait pas moins rassurante de sa simple présence.  C’était une agréable aura que la sienne, portant douceur et compassion à tel point qu’aucune sévérité ne saurait les rendre moins apaisantes. Et tu étais heureux d’ailleurs, que de tous elle fut la première présente, car sans cela, probablement ta bien trop courte nuit de sommeil t’aurait été plus difficile à vivre, rendant d’autant plus intense l’effort nécessaire à garder patience.

Quelle pouvait bien être exactement la mission que vous confierait le mysticiste ?

L'Armure d'Artiön faite plus mieux =D:

Tu cours, tu cours aussi vite que tu le peux, esquivant une branche un peu basse, un tronc au sourire grimaçant. La forêt bouge, elle se réarrange à chaque fois que tu prends tourne et passe entre deux arbres ; peu importe où tu vas, tu te retrouveras toujours face à un mur végétal. Tu as beau tenter d’être à l’écoute pour déterminer ce que l’Anaëh veut mais elle ne te dit rien, tu restes sourd à ses explications. A force de courir la fatigue te rattrape et tu n’arrives plus à maintenir ton sort, celui qui te permet d’être nyctalope et tu t’arrêtes, à bout de souffle, les poumons en feu, un point de côté t’empêche de contrôler ta respiration. Seul dans le noir tu tatonnes jusqu’à trouver du bout des doigts la sensation d’ordinaire rassurante de la rugosité de l’écorce puis tu t’adosses contre l’arbre. D’épuisement tu te laisses doucement tomber, tu halètes, tu ne bouges pas car tu sais très bien que tu n’es pas poursuivi. A quoi bon te poursuivre, tu ne peux pas t’échapper. Pourtant tu sais comment sortir. Tu ne sais pas combien de cela fait que tu cours mais tu sais comment sortir de ce labyrinthe depuis le début. Tu ne veux tout simplement pas. Tu restes assis pendant ce qui te semble une éternité avant de finalement te lever pour avancer. Là où auparavant la forêt se reformait pour s’assurer que tu passes bien par là où elle l’avait décidé, désormais elle s’ouvre pour te laisser progresser comme tu le désires. Tu as beau être aveugle tu ne trébuches pas, les racines noueuses replongent sous terre les branches arrêtent de te fouetter le visage et les plus grosses n’arrêtent brutalement ta course. Les animaux cessent de fuir sur ton passage, un Fanuë te regarde même marcher aussi lentement que roidement.

Enfin tu arrives au centre du labyrinthe, tu as du mal à faire bouger tes jambes de plomb et malgré ton sang elfique tu es glacé. Tu déglutis nerveusement alors que ça te frappe : tu ne sens pas les sueurs froides qui sont censés rouler le long de ton dos. Pourtant tu sais qu’elles sont là, tu es en est certain, persuadé même, mais tu ne les sens pas. Tu lèves la tête en entendant que quelqu’un murmure ton nom mais tu ne vois personne dans les ténèbres, c’est à peine si tu peux voir tes doigts lorsque tu places ta main devant tes yeux. L’appel se fait plus insistant et tu ralentis, tu t’arrêtes presque. Mais pas entièrement. Après un nouveau pas, tes jambes lourdes décident e s’arrêter finalement pour ne plus jamais bouger, elles se plantent dans le sol et tu restes là pendant quelques minutes ; des minutes durant lesquels tu fais ce que tu peux pour combattre la panique qui commence à s’étendre, ce liquide visqueux qui absorbe toute lumière que tu pourrais former et qui remonte le long de tes jambes.

La voix se fait plus distante et ton cœur se serre dans une poigne de glace. Par réflexe plus qu’autre chose tu tentes de créer une source de lumière pour dissiper les ténèbres qui t’entourent mais ta flammèche se fait avaler par la mélasse noire qui a atteint tes hanches. Toutefois un rayon de lumière a réussi à s’échapper et devant toi tu as pu apercevoir ledit rayon faire luire une lame, une dague. Tes instincts prennent le dessus et tu te bats comme tu peux pour bouger à nouveau, criant dans l’espoir que quelqu’un te sauve mais vous n’êtes que deux. Dans ta frénésie tu donnes un coup derrière toi et ce que tu touches pousses un cri de douleur alors que tes jambes s’emmêlent et que tu t’écrases sur le sol.

C’est ce cri qui te réveille et tu prends une grande inspiration. L’herbe te chatouille le visage mais ce n’est pas la première chose que tu as sentie ; la première chose, à ton grand soulagement, c’est une douleur sourde dans le creux de tes reins. Enfin tu sens une main t’attraper l’épaule et tenter de te lever. Tu te retournes dans un soubresaut pour voir le visage paisible et l’expression appaisante de Liatril. La prêtresse de Kÿria t’aide à te relever et sans un mot vous retournez chez elle. Pour une fois c’est toi qui l’aide à marcher car elle boîte. Tu lui demanderai volontiers comment elle s’est fait ça mais ce n’est pas le moment, la culpabilité t’écrases bien trop pour lui demander ça alors tu la boucles. Après avoir quitté le jardin que Liatril avait fait aménagé suite à ta première crise de somnambulisme tu vas te coucher en priant pour terminer cette nuit sans rêver, ces temps-ci c’est tout ce que tu peux espérer.

Et il semblerait qu’I Emël a exaucé ton souhait car si tu as à nouveau fait un cauchemar tu n’en a aucun souvenir. Comme chaque matin tu te réveilles peu avant les premiers rayons du soleil et tu trouves une lettre scellée mise bien en évidence signée par Artiön. Tu t’empresses de l’ouvrir et après l’avoir rapidement parcouru tu t’habilles aussi vite que possible. Tu l’aurais bien lu une seconde fois pour être certain d’avoir bien compris mais tu sais que c’est urgent alors tu décides de ne pas perdre davantage de temps. Tu sors dans les rues encore endormies en te faufilant à l’ombre des arbres, empruntant les ruelles de la capitale, lorsqu’il t’es obligatoire de passer par une artère ou qu’il y a du monde tu te rends invisible ; tu ne sais pas pourquoi ton ami a précisé qu’il te fallait être discret mais s’il l’a précisé c’est que ça devait revêtir une importance toute particulière.

Ainsi tu arrives finalement devant toi roi et sa Bienveillance en empêchant tout rayon de lumière de te toucher, ne révélant ta présence à ceux qui ne t’avaient pas déjà senti arriver via leur sensibilité à la magie ou à la Symphonie, qu’une fois arrivé aux côtés du roi. Tu ne dis pas un mot et attends patiemment, si Artiön n'a pas parlé alors que tu es présent c'est qu'il attend sans doute d'autres personnes.

Kÿrianos de la 8e ennéade de Karfias,
Année XVII du Onzième Cycle,
Salle du Trône d'Alëandir,
Évènement des Mares Noires.

Je me réveillais de bon matin, peu après l'aube comme souvent. Mon épouse était déjà repartie, et je n'allais pas tarder. Enfin, c'est ce que je pensais avant de voir la lettre venant du Trône. Je me demandais ce que l'Aran me voulait. De ce que je sais, il me semble que j'étais le seul Protecteur ici, aussi étonnant que cela puisse paraître. À la lecture du courrier, de nombreuses émotions traversèrent mon esprit. Doute, curiosité, effroi, dédain… À tel point que je ne m'étais même pas amusé à critiquer l'écriture et encore moins le syntaxe. C'était pourtant une folle habitude que j'avais prise depuis quelques années déjà.

« Hm hm… je demande quel serait le pire entre partir ou y aller. » soupirai-je en balançant la lettre devant moi.

Immobile sous ma couverture, je fixe la fenêtre, pensif comme si cette décision allait chambouler ma vie. Rien ne dit que ce ne sera pas le cas, et le Roi n'avait pas les mots qui apaisaient un cœur hésitant. En fait, c'était tout l'inverse. Je soupire à nouveau, reprenant la lettre et relisant inlassablement son contenu. Et puis, finalement, je me levai.

Tout ceci ne me disait rien qui vaille, mais je n'ai pas appris à fuir devant quoi que ce soit. Je pris le temps de m'habiller correctement, me demandant pour quelle raison j'avais bien pu prendre mon armure durant le voyage. Enfin… plusieurs pièces de celle-ci, plutôt. Je me vêtis d'une longue tunique noire et d'un pantalon de la même couleur avec quelques motifs. Je surplombai le tout par mon plastron, mes brassards et mes jambières, puis je conclus par un long manteau noir à capuche que je refermai par une broche sur mon épaule droite.

C'était mieux. L'excès de simplicité était beaucoup moins visible. Cela me rappelait de vieux souvenirs du temps où j'étais encore un jeune soldat. Un soldat ne se sépare jamais longtemps de son équipement, même s'il est devenu Seigneur Protecteur entre temps, finalement. Je crois que c'est la seule raison valable au fait que j'ai amené mes armes et mon armure. Il est vrai que je les garde souvent proche de moi. Je bouclai la ceinture d'épaule soutenant mon carquois, mon arbalète et ma lance et j'étais prêt. Enfin. Il me manquait le casque et quelques autres détails, mais le strict minimum était là pour affronter certains dangers.

Je quittai enfin mon appartement de l'Aile d'Accueil et prend le chemin de la salle du Trône. J'avais toujours cette appréhension qui me tenaillait le cœur à l'idée de rencontrer le Doyen de l'Académie, que je n'ai jamais rencontré, avec qui sera l'Aran, que je n'ai rencontré qu'une seule fois, et qui sera entouré par ses proches que je n'ai probablement jamais rencontré non plus. Fallait-il vraiment que les circonstances semblent désagréables ? Ils étaient déjà plusieurs à attendre. L'Aran, bien évidemment. Après tout, il aurait été déplacé de nous convoquer si c'est pour arriver en retard. Mais il y avait d'autres gens dont le visage m'échappait totalement, et leur titre qui va avec aussi. C'est l'éternel soucis d'avoir fait le mort pendant des années.

« Heru Aran. Frères. » les saluai-je en m'inclinant gracieusement. « C'est un honneur de répondre à votre appel. » dis-je en me demandant s'ils allaient me reconnaître. Le contraire m'amuserait beaucoup.

Je m’étais réveillé aux petites heures du matin, pour apprécier le lever du soleil comme je le faisais à chaque matin. La noirceur bleuté d’un soleil dont on ne voyait pas encore la forme surplombait la ville. Je séjournais dans une petite chambre près de l’Académie. On m’aurait probablement offert gîte au palais mais je passais mes journées entières entourés de gens pour affûter mon savoir au niveau des sciences et de la magie. Alors le soir venu, je préférais des moments de solitude et de réflexion. C’est alors que j’enfilais ma tunique qu’on cogna à la porte de ma chambrée. Il était rare de recevoir des nouvelles à cette heure, bien que ce “matin” je me sois levé plus tôt qu’à l’habitude, il n’en était pas moins encore la nuit.

Je terminais d’enfiler ma tunique et me dirigeais vers la porte. Alors que je l’ouvris, l’elfe devant moi semblait hésiter entre glisser une missive sous la porte ou cogner de nouveau pour me réveiller. Il n’était pas dans ses habitudes de réveiller les gens avec les messages qu’il délivrait mais apparemment qu’on lui avait dit qu’il s’agissait d’une urgence.

Je le remercia et entreprit la lecture de cette missive. Le message provenait de l’Aran lui-même. Quelle surprise. Mon ancien commandant désirait mes talents de combattant ? Et il faisait également référence à l’aise générale de Lanthalorans pour la science. Je devinais donc qu’il s’agissait d’un danger dont on ignorait la cause et l’effet. Je ne devais probablement pas être le seul qu’il convoquait, du moins j’espérais qu’il s’en remettrait à des talents diverses s’il s’agissait d’un danger aux conséquences inconnues. Un sentiment d’honneur et de fierté traversa mon corps à l’appel de mon ancien commandant et du roi pour une affaire urgente. J’étais ravis de pouvoir mettre mes savoirs-faires au service de mes confrères et consoeurs.

J’entrepris alors d’aiguiser les deux lames à chaque bout de ma double-lame, qui ressemblait à une lance à deux pointes mais dont les deux pointes étaient des lames. La double-lame pouvait être séparée en deux lames distinctes pour davantage de rapidité ou jointes pour former une arme avec davantage de portée. Je pris le temps d’enfiler mon armure complète de combat, celle que je portais en tant que Capitaine de la Cavalerie de Lanthaloran et que je portais chaque fois que je sortais de ma Cité, une armure d’un or et d’un blanc vif, rien de discret quoi. J’enfilais ma cape bleutée par dessus mes épaules. Je fouilla quelque peu dans mes affaires pour amener avec moi quelques besaces. Je pris soin d’amener avec moi des bandages et des herbes médicinales ainsi que quelques effets. Je m’assurais que la corde à mon arc soit bien tendu et que mon carquois était remplis de flèches. J’en comptait une vingtaine, tout était beau.

Je me rendis dehors avec la cuirasse de ma monture entre mes mains, le soleil commençait à peine à se lever mais je n’aurais pas le temps d’apprécier la vue de l’aube en cette journée. Je mis mes doigts entre mes lèvres pour siffler trois fois et patienta l’arrivé de mon destrier Aube, pour ensuite lui enfiler son armure. J’ignorais où cette mission nous emmenerait, mais dans tous les cas, je ne me déplaçais que trop rarement sans ma monture. Les rues étant presque vide, je me permis de trotter à dos de mon fidèle cavalier jusqu’au palais. Le Mirage d’Argent me servant de compagnon animal nous suivait, dans le ciel. Je débarquais de ma monture devant les marches du palais et laissais Aube libre de ses déplacements, comme je le faisais toujours.
J’ouvrais les portes alors que la lumière du soleil commençait à réchauffer la Cité. Mes yeux parcourait les gens rassemblés déjà. Il était rare que je n’étais pas le premier arrivé. C’était quelque chose de visiblement sérieux et potentiellement grave. Je m’inclinais devant l’Aran et ses invités pour l’occasion. Bien que je pouvais distinguer la symphonie, je n’y portais actuellement pas attention. Ainsi tous ceux que je voyais devant moi, je semblais connaître déjà.

Je demeurais silencieux.

C’est la surprise qui domina les émotions que le mainyth pouvait ressentir en lisant la missive tôt dans la matinée. Artiön avait vu juste. La magie n’était pas son fort, c’était peu dire. Cela, peu devaient encore en douter car il ne le cachait pas vraiment. Il ne voyait effectivement pas ce que par conséquent il avait à voir là-dedans, même si bien entendu le terme de menace employé ne le laissait pas indifférent.

Pourtant, au lieu d’hausser mentalement les épaules, de poser la lettre quelque part, le temps de régler d’autres affaires qu’il aurait considéré plus urgente et surtout plus accessibles, il avait froncé les sourcils.

Si le grand elfe, en étant conscient de son absence quasi-totale d’affinité pour cet art et avait tout de même besoin de lui c’est que ça devait être grave. La suite de la lettre renforçait d’autant plus cette impression. La missive visiblement écrite du jour pour le lendemain donnait une impression de hâte aussi inquiétante que le fait qu’Artiön, et le doyen de l’Académie, demandaient la présence d’hommes d’armes autant que de discrétion…

Devant l’étrangeté de la situation, Aegden ne chercha donc pas plus d’explication qu’ils obtiendrait probablement en temps et en heure et, en toute discipline militaire, fit ce qu’on lui demandait…
S’il fit en sorte de se hâter au maximum, il dût tout de même prendre le temps de réunir discrètement les  quelques personnes requises ce qui eut pour effet de ralentir légèrement les choses.

Ce n’est cependant pas tant à la traîne que cela que le groupe composé de quatre soldats : un lancier, une épéiste et deux archers ; ainsi que d’un mage de guerre :un élémentaliste, arriva au sein du Palais du trône blanc.
C’était équipés de leurs armes et armures que les cinq elfes avaient répondu à la surprenante convocation de l’Aran, ce qui leur attira parfois quelque regards dubitatifs. Il ne devaient certainement pas passer inaperçu, leur matériel n'ayant pourtant rien de vraiment clinquant. Mais après tout au vu de ce qui était écrit, Aegden préférait prendre trop de précaution plutôt que pas assez, quitte à attirer quelques regard de travers.

Il ne reconnut pas tous les elfes présents dans la salle du trône lorsqu’ils entrèrent. Aussi se contenta-il d’un rapide salut, peu être un peu trop militaire. S’il était resté silencieux cependant, c’était autant par habitude que parce qu’il avait vraiment envie de savoir ce qu’il en était de cette histoire avant d'en dire quoi que ce soit. D’ailleurs, il affichait un air relativement étonné qu’il ne s’efforçait pas le moins du monde de dissimuler.

Masqué sans être casqué, la compagnie de la Haute-Prêtresse pour seul réconfort, tu entames l’attente infernale de l’heure où l’Archimage viendra décrypter face à vous son propre sybillin langage. Mais pour l’instant seul règle le silence. Un lourd silence. À peine brisé par les murmures lointains de la végétation vivant en symbiose avec le Palais depuis le Voile. Murmures lointains. Murmures paisibles. Murmures dans lesquels tu aurais pu trouver un brin de soulagement, si seulement y étais un peu moins sourd. Alors il ne te restait que les battements des cœurs, le tourbillon des essences omniprésentes, et les rides tissées sur le visage du monde par leur pulsation.

La Haute-Prêtresse à ta droite. Caranthir quelque part en-dessous de vous. Delbes traversant un couloir adjacent, la garde matinale… autant de signatures qu’il ne te fallait plus grand effort pour reconnaître. Déjà dès le petit matin, le Palais était en effervescence. Beaucoup dormaient encore, leurs pouls battant encore la mesure avec le froideur caractéristique du sommeil… mais le concert des éveillés était bien suffisant déjà à noyer les murs des couloirs sous les échos. Des échos parfois plus forts que d’autres. Plus reconnaissables encore que ne l’étaient les tous premiers, d’autant plus qu’ils se teintaient d’une magie que tu ne connaissais que trop bien. Loin des yeux et des oreilles jusqu’à ce qu’il ait trouvé sa place, Lyorindel est le premier arrivé.

Un silencieux de plus à tes côtés, tu reprends ton jeu, pour oublier le temps. Tu cherches à deviner qui sera le suivant, à quoi ressemblent ceux qui viendront. Mais de tes invités directs tu ne connais le sceau que d’un seul. Ainsi l’arrivée des autres sera l’occasion d’apprendre le leur. Pourquoi pas ? Pour certains cela pourrait t’être utile. Tu as tout à gagner à savoir lire l’essence d’Akhoraril.

- Aiya, heru Mirëromën.
salutations, sieur Mirëromën

Quelques mots. Pas plus. Puis à nouveau l’attente. Le soleil d’été hissant ses rayons au niveau des vitraux. La pierre blanche d’Alëandir se gorgeant de chaleur. Les premiers temps de cette matinée se jouent avec une solennelle lenteur qu’aucun de vous n’ose briser. Les regards s’échangent, dans le plus grand des respects. Ton visage en grande partie dissimulé n’échappant qu’à peine à l’inspection. Car ta mine sévère n’en dit pas plus que ton masque. Froide et tranchante comme le métal qui la décore. Froide et tranchante même face au souvenir vivant de ton enfance.
Akiblaedÿl s’incline sans un mot. En retour tu fais de même. Akiblaedÿl prend place. Et sans une pensée pour Lanthaloran qui vous a tous les deux vus naître. Avec tout le temps de te laisser à la nostalgie, mais aucunement la patience, tu restes là telle une statue d’or et d’acier, attendant de percevoir la pulsation qu’il connaît. Il en reste deux, il n’en reste qu’un. Aegden est le dernier de tes invités.

Le salut militaire du lancier roux te fut un phare au milieu de l’océan. Quelque chose de connu au milieu des mystères. Alors sous ton masque ta bouche sourit, invisible, tandis que poing droit sur la poitrine, tu t’inclinais face à lui. Et à son tour il prit place, avec sa suite, et les rayons du soleil percèrent les rosaces aux vitres. Les reflets prismatiques vous furent projetés au visage, plongeant la salle du Trône dans une surnaturelle ambiance… que l’affaire du jour rendait peut-être malvenue. Surtout quand dans l’obscurité vous étiez tous encore retenus.

- Frères, sœurs. ta main te vient au visage, et en retire le masque Permettez-moi de profiter de ces quelques instants pour déjà vous remercier de votre présence, et vous demander pardon de vous avoir infligé ce contretemps. ton regard se dirige vers la grande porte Le Doyen devrait être ici d’un instant à l’autre.

Mais il ne serait pas le prochain. Oh le prochain serait une figure bien plus sombre. De bleu de nuit vêtu et le visage Voilé, l’Archiviste d’Alëandir accompagné d’un couple de Berceurs s’était présenté. Après tout, c’était une menace magique que vous alliez affronter.

Devant la porte de la salle du trône - qu'au fil des siècles il avait à trouver même les yeux fermés - Lomion aurait voulu prendre un long moment pour se remettre de ses émotions et retrouver un rythme cardiaque viable. La tension et la fatigue que produisaient la magie n'étaient décidément pas comparable à de la course à pied. S'il s'entretenait, comme tout bon mage qui se respecte, cela faisait bien longtemps qu'il ne s'adonnait plus à de tels pratiques de jeune premiers... et ça se sentait.

Hélas, les gardes voyant le Doyen en personne déboulé en courant s'empressèrent d'ouvrir la porte et le vieil elfe aux cheveux de jais entra d'un pas rapide, en soufflant comme un bœuf.

- Pardonnez... mon retard ! Les " lança-t-il d'une voix sonore mais posée, avant de s'incliner délicatement face au roi. La femme qui l'accompagnait se fendit d'un signe de tête sec et l'homme, les bras chargés de papiers, se plia littéralement en deux. " Les recherches... ont été plus longues... que prévu. " Saluant d'un signe de tête particulier tous ceux qu'il connaissait pour se laisser le temps de tirer deux ou trois gargantuesques inspirations, un sourire mystique aux lèvres et les yeux cerclés de très lourdes cernes. Ses traits tirs par la fatigue lui donnait soudain son âge, une curiosité en soit pour ceux qui le connaissaient.

Il souffla un bon coup et ses longs doigts d'érudit se croisèrent.

- Merci d'avoir consentit à cette audience, Aran. Je vous présente le Professeur Laurënis Mahandil, l'experte en ancienne magie qui est en charge de l'équipe de surveillance de la relique qui nous occupe aujourd'hui et Maître Arin Telieth, notre Grand Scribe, chargé des archives de l'Académie." Ses expressives mains désignèrent tout d'abord la femme aux longs cheveux blonds qui arborait un air sévère avant de passer à l'homme à la courte chevelure blanche, visiblement le plus jeune des trois, dont les yeux d'or parcouraient l'endroit sans que sa tête ne bouge, comme s'il lisait le décord et les gens à l'aulne d'une page manuscrite. " Et je ne vous ferai pas languir plus longtemps. " Les yeux bruns du Doyen se posèrent plus particulièrement sur le roi avant d'englober l'assemblée dans son entier.


- Voilà deux mois, une relique parmi les plus vieille de notre Relicarium a commencé à émettre un léger champ magique.
- D'après nos recherches, elle précèderait même l'installation d'Alëandir. " précisa Laurënis sans éprouver le moindre problème à interrompre le doyen et dévoilant au passage une voix surprenamment grave.
- Tout a fait. Et c'est là une des raisons pour lesquelles les informations que nous avons trouvé à son sujet sont lacunaires. La relique prend la forme d'un puits remplit d'un liquide noir reflétant la lumière comme du métal. Maître Arin, si vous voulez bien... "

L'homme hocha la tête et approcha du roi en tirant de son fatras de documents, une page sur laquelle était représenté sous plusieurs angles, au fusain et à la sanguine, une margelle de pierre au ras du sol. Le diamètre était annoté pour avoir une échelle de taille : deux mètres.

- La relique n'est ni déplaçable ni désamorçable en l'état de nos découvertes à son sujet. La magie qui s'en échappe est trop infime pour être étudiée en profondeur, c'est comme si de l'humidité filtrait par un plafond. Impossible d'en déterminer l'origine ou les effets... mis à part que ça mouille, bien sûr. " Ses longs doigts vinrent s'appuyer les uns contre les autres. " Pour plus de sureté, nous l'avons tout de même confinée, mise sous surveillance, et nous avons constitué une équipe de mages dédiés à son étude et à sa garde. "

Dans les mouvements harmonieux et explicatifs qui accompagnaient toujours ses mots, quels qu'ils soient, le doyen se tourna vers Laurënis, inclinant respectueusement la tête à son endroit pour que tous puissent faire le rapprochement avec la façon dont il l'avait présentée un peu plus tôt. C'était elle qui avait suivit le projet de bout en bout et elle qui avait été le plus loin dans la compréhension de la chose qu'ils gardaient sous clef et c'était avec plaisir qu'il lui laissait la parole devant cette prestigieuse assemblée.

- Moi, mes équipes et Maître Arin avons fait de lourdes recherches sur l'origine et l'utilité de cette mare noire. Nous avons retourné les archives de l'Académie et nous avons contacté nos homologues dans toutes les Cités susceptibles d'avoir des informations. Notamment Ardamir, Malereg et en désespoir de cause, Daranovar pour avoir accès au maigre héritage de Lanthaloran. " Elle ne cillait pas. Une main sur la hanche, l'autre cadençant ses propos de geste sec du tranchant de la main, ses iris d'un rouge presque noir observaient chaque membre de l'assemblée. Des marques sous ses yeux - visiblement tatouées - rendaient son regard dur assez dérangeant. " Au début de la dernière ennéade, nous avons trouvé parmi les archives de prêts du Relicarium, une entrée faisant référence à un fait datant de quelques jours avant l'arrivée du chef humain Unvan aux portes de la capitale. L'un des mages de l'époque était préoccupé des rumeurs qui leur parvenaient du Linoïn car il avait envoyé un cristal faisant parti d'une vieille relique inactive pour que les érudits de la Cité de Lomëar puissent l'étudier. "

Arin, en silence, chercha de nouveau parmi ses documents et en sortit un second croquis représentant un cristal de roche de base hexagonale, taillé en fuseau particulièrement pointu d'un côté et presque aplati de l'autre. D'après les annotations, il était long d'une trentaine de centimètres et son diamètre dépassait à peine les cinq centimètres.

- Hors, nous avons pu observé que deux cristaux ressemblant en tout point à la description qu'il fait du cristal prêté à ses confrères du Linoïn sont enchâssés dans le socle de notre relique. Une troisième cavité est vide et forme un triangle équilatéral avec les deux autres, conscrits par le cercle de la margelle. En tant que profane, les bases de l'utilisation des symboles géométriques dans les rituels de grande ampleur ne doivent pas vous êtres familières. Sachez donc que déséquilibrer un flux à l'intérieur d'un charme conçu pour être rémanent n'est pas du tout conseillé. "

Une nouvelle fois, le Grand scribe tira quelques feuillets, cette fois griffonnés de multiples formules cabalistiques calculatoires et de maintes formes géométriques plus ou moins complexes associées à chaque fois à la relique par un croquis débordant de nombres et de traits de constructions.

- Nous avons effectué une série de mesures et de testes en déplaçant les cristaux que nous avions à dispositions et en tentant d'en créer un de substitution. Nous somme toujours aux balbutiements de nos essaies, mais les premières conclusion - vérifiées et revérifiées par le Doyen et moi-même - ne sont pas encourageantes. Nous ne savons pas comment ni pourquoi la relique pourrait être activée. Nous n'avons pas eu le temps de déterminer son utilité. Mais si le flux qui en émane continue ou s'intensifie sans que la stabilité des trois cristaux soit rétablie, c'est la structure de la margelle elle-même qui va être endommagée. Selon nos calculs les plus alarmistes, si l'objet s'activait à son plein potentiel, la structure pourrait même exploser et former un nouveau nœud. " Elle leva une main sentencieuse. " Je vous dis cela parce que le Doyen a insister pour ne rien cacher à cette assemblée, mais dans le meilleur des cas, la relique pourrait aussi bien se briser et la magie se dissiper sans aucun heurt. De plus, si nos premiers essais pour remplacer le cristal ont échoués, nous sommes loin d'avoir épuisés nos options.
- Tout à fait. Puis-je ? " sourit patiemment l'Archimage à celle qu'il avait laissé sur le devant de la scène. Laurënis acquiesça avec le même flegme. " Nous ne savons pas combien de temps prendrons les recherches pour remplacer le cristal, ni même s'il sera possible de trouver un substitue car nous ne comprenons pas la magie que nous avons sous les yeux. Mais chaque jour qui passe est un danger potentiel. Par conséquent, en ma qualité de Doyen de l'Académie et représentant du Chapitre Blanc, je suis venu demander qu'une expédition soit mise en route le plus tôt possible pour profiter de l’accalmie - sans doute passagère - de l'Aduram pour explorer les ruines de Lomëar et tenter de retrouver la trace de ce cristal. "

Rassurante sans l’être. La manière dont le Doyen de l’Académie venait de pénétrer votre petite assemblée t’avait arraché un doux sourire. Toutes révérences rendues, ce que l’empressement visible dans sa missive semblait traduire comme état de panique te paraissait soudainement plus d’excitation que de crainte. Certes, s’il parlait de danger, c’est qu’il devait y avoir un danger. S’il avait cherché une mobilisation de forces armées, c’est que quoi qu’il arrive, il pouvait être lieu de violence… mais les choses n’étaient peut-être pas aussi dramatiques que tu ne le pensais. Une opportunité, pas une crise. Du moins l’espérais-tu.

Tu suis attentivement les dires du Doyen, cherchant à lire à travers les mouvements de ses mains et la force de sa pulse quel était son réel état de conscience. Difficile à lire qu’il était, Lòmion, à la fois infiniment doux et extrêmement tumultueux qu’étaient ses corps et pensée. Et pour l’instant tout n’était que suite de faits laissant penser que s’il y avait des inconnus, la situation était encore pleinement sous contrôle.
Naturellement, c’est avec le plus grand intérêt que ton regard, quand il y fut invité, se tourna vers la grande blonde aux yeux étrangement marqués. Pas le temps – paradoxalement à la fois à ta grande tristesse et à ton grand soulagement – de se poser la question de la signification de tels dessins avant qu’à son tour elle prenne parole. Des faits, toujours des faits, énoncés avec une diction tranchante et d’une voix d’un sombre impérieux. Des faits qui petit à petit, avant même qu’elle n’en vienne à des hypothèses te laissent conjecturer de potentielles pistes de solutions. Les ruines de Lomëar te viennent tout de suite comme évident lieu d’intérêt, et à ce moment, la présence d’elfes d’armes prend tout son sens. Tu n’en sais pas assez sur ce genre de rituels pour comprendre exactement quelles conséquences pourraient avoir ce genre de déséquilibres. Tu n’en sais pas non plus assez sur les anciennes magies pour réfléchir à comment optimiser vos recherches en Aduram. Tu en sais cependant largement assez sur le fonctionnement des flux pour comprendre qu’il n’est jamais bon d’ainsi briser un rituel. Ce que vous les mages de guerre appreniez à réaliser à travers votre corps devait probablement aussi s’appliquer à la géométrie des grands sortilèges… la forme est importante.

Mais comme dans votre cas, briser la forme n’était pas toujours une instantanée condamnation. La magie est une science mystérieuse et aléatoire, prenant des directions extrêmes tant dans le positif que le négatif. Ainsi ce qui inquiétait l’Archimage n’était ni une opportunité ni une crise, mais les deux à la fois. Source d’émotions conflictuelles qui devinrent – malgré ton apparent calme – très vite aussi les tiennes.

- Au vu des résultats plutôt engageants des efforts de cartographie des patrouilles du Linaëh tes yeux parcourent l’assemblée je suis d'accord qu’il serait certainement une sage décision de profiter des temps actuels et des informations rassemblées pour explorer Lomëar au plus vite. Cependant, tu fronces les sourcils, marquant une pause je ne sais pas s’il serait judicieux dans ce cas de directement mêler nos frères et sœurs ici présents à ces expéditions. Linaëh connaît déjà bien mieux que nous le terrain, et possède elle aussi de grands soldats et des mages plus que compétents. tes pupilles accrochent les étranges lignes aux yeux de Laurënis Aussi je pense qu’il serait peut-être plus sage de leur confier le travail de terrain au cours de cette mission, et de profiter chacun de notre côté des ressources que nous possédons en qualité de soldat, de Seigneur-Protecteur, de figure des Cultes ou de Diplomate pour tenter de rassembler des informations qui pourraient leur être utiles dans leurs recherches. Malgré tout, tu souris, quittant la chercheuse du regard pour aller chercher tes convives si je comprends bien, il s’agit là potentiellement d’une affaire de grande importance pour Anaëh toute entière. la formation d’un Nœud sous la Capitale étant finalement l’affaire de tous Aussi, s’il vous paraît dans l’immédiat plus important ou plus productif de vous investir de manière plus personnelle, je ne serai pas homme à vous en empêcher. tu baisses un instant la tête De mon côté, c’est une expédition sur laquelle je pense plus raisonnable de faire l’impasse. Je pense néanmoins pouvoir pour peu que les choses n’aient pas été résolues d’ici-là, pouvoir jouer de ma position pour servir de facilitateur et explorer de nouvelles sources d’informations.

Maintenant tu n’avais plus besoin de savoir que ce qu’ils considéraient eux le plus judicieux, afin de t’assurer que quelle que soit leur décision, les cartes soient tournées en leur faveur, afin d’en obtenir les meilleures retombées possibles.

Jusque-là Aegden était resté silencieux, tout comme les autres elfes que l’Aran avait probablement fait venir de la même manière que lui. Il avait écouté l’explication des académiciens en retard et peu à peu son air sceptique avait laissé place à un air un peu plus inquiet. Il n’entendait rien à la magie. Il ne s’y était jamais intéressé et ne comptait pas s’y intéresser un jour. Pourtant les explications des trois académiciens, si certains points étaient flous, personne ne pouvait en ignorer la gravité. Pas plus qu’il n’était difficile de comprendre que l’académie, la cité, voir même Anaëh en entier, se trouvaient en danger.  Et ça aucun elfe n’y était insensible. Cela dépassait de loin les petits griefs et les aspirations de chacun.

-Si je peux me permettre. Artiön, Linaëh possède très certainement ses propres effectifs plus que compétents, mais ils ne rechigneront sans doute pas à recevoir une aide supplémentaire. 

N'avaient-il pas quelques années plus tôt, mis en place de quoi permettre à chaque cités de fonctionner ensembles malgré leurs différences grâce à l'aide des Aigles? C'était le meilleur moyen de constater si ces efforts auraient étés concluants ou non.

Son regard se porta ensuite sur le Doyen et ses deux compagnons. Il faudrait sans doute quelques informations supplémentaires  et de la préparation avant de vraiment faire quoi que ce soit mais d'une chose il était déja certain, il ne resterait pas les bras croisés.

-La milice d’Alëandir ne peut pas ignorer une menace de cette ampleur. S’il vous faut des hommes, l’armée est à votre disposition et je me porterais garant d’eux.

Personne dans cette salle ne pouvait l’ignorer ladite menace il en était bien conscient, mais en tant que Commandant des armées d’Alëandir, Aegden se sentait directement concerné par cette histoire. Cela faisait selon lui partie de son devoir de protéger la cité blanche et ceux qui s’y trouvaient par n’importe quel moyen. Autant qu’il considérait comme son devoir d’aider et protéger ses frères et sœurs d’Anaëh s’ils en exprimaient le besoin. Dussent-ils  pour cela se risquer à affronter l’Aduram et ses ruines ou n’importe quel autre triste lieu, dussent-ils pour cela voyager jusqu’aux confins de Miradelphia.

A quoi servait-il, sinon, s’il laissait à d’autres le soin de le faire sans agir lui même?

Après mon arrivée, d'autres personnes arrivèrent à la salle du Trône. Je reconnus Akiblaedÿl, le conseiller de Daranovar, que j'ai rencontré il y a peu ici-même, à Alëandir. Pour ce qui est du rouquin qui suivit et qui fut le dernier à arriver, il ne me disait pas grand chose. Pas plus que la plupart des invités de l'Aran, en tout cas.  Il ne restait plus qu'à attendre le Doyen, ce bonhomme que je n'ai jamais rencontré non plus. Décidément, je ne connaissais pas grand monde. Mais, étrangement, cela ne me faisait ni chaud ni froid.

Le Doyen de l'Académie arriva tout essoufflé avec deux accompagnateurs. “Nous y voilà !” aurais-je pu dire d'une voix ténébreuse comme pour annoncer la fin de tout si l'heure pouvait se prêter à quelques sarcasmes. Mais, je ne tenais pas à ironiser quoi que ce soit sans information supplémentaire. Il suffisait que l'on nous annonce l'apocalypse pour que mon sarcasme ne me rende plus ridicule. Je restai donc silencieux en attendant de savoir ce qu'il se tramait.

On put enfin savoir de quoi il en retournait. Une ”relique” magique qui ressemble à une flaque noire. Étrange était le récit de ces chercheurs. Et, moi qui n'y connaissait rien à tout ce qui touche la magie, quelque soit sa forme, je me sentis rapidement impuissant et idiot. J'étais un soldat, comme la plupart des invités de l'Aran, en fait. Et, tout daranovan qu'était Artiön, nul doute qu'il était militaire dans l'âme aussi. Et, j'avais la nette impression que ce n'est pas l'armée qui pourrait éviter une catastrophe si la relique se met à réagir à quoi que ce soit.

Quand le Doyen proposa son expédition pour l'Aduram, je relativisai rapidement de la situation, sentant que je pouvais finalement me rendre un tant soit peu utile, même si je ne connaissais rien à la magie. Je ne connaissais non plus grand chose de cette forêt que je qualifierais de “maudite”, même si le terme pouvait peut-être se montrer inexact. Au delà de ça, c'était le néant. Qu'importe. L'Aran proposa ses idées à la suite du Doyen, et elles me firent réfléchir. À peine eus-je voulu intervenir qu'un autre prit la parole. Et, pour ce qui est de ses idées, j'étais plutôt d'accord, d'autant plus que je serais plus inutile ici ou ailleurs que sur le terrain. Enfin… c'était mon avis.

« Si l'Anaëh est en danger, tous les Protectorats devraient apporter leur aide, aussi infime soit-elle. » dis-je alors, en regardant fixant le Doyen, puis le Roi. « Pour ma part, si jamais l'aide de ma belle cité qu'est Enolir peut être utile de n'importe quelle manière, alors elle vous sera acquise. » Je m'arrête, fixant la blonde Laurënis, puis je baisse les yeux comme si son regard était trop lourd pour moi. « Ceci étant dit, étant donné mes connaissances quasiment inexistantes en matière de magie, quelle que soit son origine, je doute d'être d'une grande utilité concernant les recherches. C'est pourquoi je serais prêt à me dévouer pour me rendre sur le terrain en Aduram. »

Je demeurais silencieux tout au long des explications du doyen. Mes connaissances en matière d’ancienne magie étant presque nulle, je me tentait d’écouter et de saisir ce que je pouvais comprendre. Je connaissais suffisamment la science pour émettre quelques hypothèses en  pensées mais je ne m'aventurerais pas à les exprimer de vive-voix, pas devant tout ces experts. J’avais les bras croisés et je me tenais en retrait, je portais attention aux différents écrits et symboles et une question persistait dans mon esprit mais je la retins. J’écoutais ce que chacun avait à dire. Les directives d’Artïon me semblait appropriées. Que pouvais-je apporter de plus que mes deux mains et mon esprit à cette tâche ?

- Je pourrais contacter la nouvelle académie de magie de Daranovar, l’engyl sain, ils pourraient probablement envoyer des experts Lanthalorans dans différents domaines des sciences nous rejoindre sur le terrain. Je peux aussi faire venir des mains armées. Je me rendrai pour ma part directement sur le terrain avec tous ceux qui s’y rendent à l’instant, je préfère ne pas faire venir personne au sein d’un danger duquel je ne puis les guider.

Mon temps de Capitaine de la Cavalerie de l’Armée de Lanthaloran était révolu mais mes hauts faits militaires et ma réputation n’était pas oubliée parmi les soldats de la cité tombée. Beaucoup d’entre eux répondrait à mon appel, quel qu’il soit, bien que je m’assurerais qu’ils aient la permission de leurs supérieurs immédiats pour une telle mission.

- Nous avons besoin d’une reconnaissance et davantage d’informations, autant sur le terrain qui nous attends que sur l’objectif en soi et les potentielles conséquences. Vous dîtes avoir contacté tous nos homologues dans les différentes cités, a-t-on étendu les recherches au-delà de l’Anaëh, auprès des Noss ou encore même d’un druide ? Et toutes ces années cette relique a été immuable et soudainement les choses changent. Pardonnez mes moindres connaissances en ancienne magie que vous, mais la science oblige que l’absence prolongé d’un des trois crystal n’est peut-être pas la seule hypothèse que nous devrions considéré. Est-il possible que ce soit un portail et qu’une perturbation de l’autre entrée provoque cela, ou encore qu’elle soit reliée à d’autres reliques au travers les confins du continent ? Et y a-t-il une possibilité que nous ne soyons pas les seuls à la recherche de ce cristal et à quel danger nous attendre dans ces ruines ?

Je me permettais de poser ces questions car elles me semblaient nécessaire. J’avais eue quelques entretiens avec le doyen et celui-ci était conscient de ma nature curieuse. Je préférais avoir davantage d’informations que pas assez.

- Qui plus est, serait-ce en soi dangereux de réunir les trois cristaux ? De plus, étant donné l'ancienneté de cette relique, peut-être serait-il sage d'être également accompagné par nos clergés. Et finalement, il serait pertinent de connaître les forces de chacun de ceux s’y rendant afin de pouvoir savoir à quoi(...)

Je n’avais finalement pu retenir aucune de mes interrogations et mon regard se tourna vers Artïon alors que celui-ci me coupe la parole. Je n'en semblais pas offusqué. J'ouvris un peu la bouche, pris par surprise et cessa ma phrase au beau milieu de celle-ci mais mon regard demeurait calme et j'étais presque soulagé que quelqu'un d'autre que moi prenne la parole. Bien que j'étais sur le point de terminer et que j'avais dis ce qui m'importait, je m'étais un peu étalé de mes mots et j'en étais conscient.

À votre disposition

Force de l’avoir côtoyé durant ces dernières années, il t’est difficile d’ignorer l’intention dissimulée derrière la diligence du Commandant des Armées. Aegden n’est pas elfe à désobéir à une ordre. Aegden n’est pas non plus elfe à remettre en question un ordre sans qu’il n’y ait véritable litige. Seulement dans tous ses non-dits, il n’avait pas tort. C’est Alëandir qui était directement concernée, et en tant que milicien d’Alëandir ayant le moindre sens du devoir, laisser l’entière responsabilité de la protection de sa Cité à une autre était difficilement acceptable.

Dans le cas d’Akhoraril les choses étaient différentes. Que le Seigneur-Protecteur d’Enolir considère son aide en tant que bras armé de plus de valeur que celle qu’il pourrait apporter en tant que chercheur – sachant les efforts de contact avec les autres Protectorats déjà effectués par le Chapitre Blanc – ne t’était pas d’un grand étonnement. Le simple fait que le Seigneur-Protecteur d’Enolir considère la perspective de mettre le pied sur le terrain t’était par contre une agréable surprise. Non pas que tu l’aies jamais considéré incapable de prendre personnellement les armes pour le bien-être direct d’une autre Cité, mais parce que s’il le faisait, c’est qu’il jugeait pouvoir se le permettre. Et s’il jugeait pouvoir se le permettre, c’est que la situation d’Enolir, que tu sais avoir été un des points touchés durant ton absence, est au moins assez stable pour qu’il s’absente.

C’était Akiblaedÿl d’entre eux finalement celui dont la position t’inquiétait le plus. Parce qu’Akiblaedÿl, peut-être plus que par désir de protéger semblait motivé par sa curiosité, et qu’à l’instant, agit par curiosité pourrait être contre-productif. Leurs homologues susceptibles d’en savoir assez pour faire avancer cette affaire, tu faisais confiance au Doyen pour les avoir déjà contactés… et quant aux Ornedhels… le Chapitre Blanc n’était pas en position de traiter avec des Ornedhels. Du reste, les questions du Lanthaloran te paraissaient bien trop spécifiques, et ses hypothèses bien trop s’avancer pour le peu que l’on savait de la relique. Il y avait d’autres questions auxquelles répondre avant celles-ci. Et d’autres précautions à prendre avant d’explorer ces hypothèses.

- Heru Akiblaedÿl ! tu frappes le sol de ton sceptre impérieusement, le coupant dans son emportement Faisons confiance à nos frères du Chapitre Blanc pour avoir fait leur part avant de nous demander de risquer une sortie vers l’Aduram. ton regard sévère quitte le lancier pour Laurënis, puis revient vers lui Si cela peut vous rassurer, les risques venant avec le rétablissement de l’équilibre d’un sortilège sont minimes. Au contraire, les conséquences de déséquilibres sont imprévisibles. Que les changements constatés aujourd’hui en soient une conséquence tardive est une possibilité, et j’espère de vous que vous aurez assez foi en heri Laurënis et heru Lomiòn pour entendre que si c’est la seule qu’ils ont pour l’instant retenue, ce ne soit pas par manque de réflexion. tu clignes lentement des yeux, tes visage et voix se faisant un peu plus affables Maintenant, j’espère aussi que vous entendrez les raisons nous poussant à confiner nos recherches aux savoirs – déjà immenses – des Cités d’Anaëh. C’est sous nos pieds que se trouve le menace, alors quand la question de qui déjà parmi nos frères Taledhels peut accueillir la nouvelle sans se faire catalyseur de mouvements de panique est toujours épineuse, la possibilité d’un contact à l’extérieur de nos murailles est d’autant plus fortement compromise.

Tu te tournes vers Sa Bienveillance la Haute-Prêtresse de Kÿria, dont les lèvres moitié closes semblent pressées d’ajouter à ta tirade.

- Quant à mêler les cultes à une telle expédition… Face à de telles circonstances, je crains heru que la valeur de nos clergés ne soit plus dans les savoirs que nous gardons que dans notre force physique. Des prêtres ayant consacré leur vie à guider leurs frères Citadins sur les Voies feraient pour majorité de piètres candidats pour affronter l’Aduram.

- Et même s’il en avait été autrement,  imposer de trop nombreuses intrusions à l’ancien Linoïn ne vaut pas mieux que de s’y aventurer seul. Une armée des nôtres ne serait pas mieux accueillie par l’Aduram que ne le sont les drows en Anaëh.

Ton regard revient vers Le Doyen, priant qu’il ait tiré de toutes ces propositions suffisante contribution, et qu’à son tour il soit capable de mieux affiner que toi sa demande.

- Aucune sortie de ne se fera sans le concours de Linaëh. Comptez-donc sur moi pour les prévenir au plus vite. tes pupilles cherchent Aegden Je compte sur toi Aegden pour bien choisir les elfes qui t’accompagneront et gérer au mieux et le partage de la nouvelle au sein de l’armée et la coordination de nos troupes avec celles de la frontière. Akiblaedÿl, Akhoraril, faites attention si vous voulez multiplier les contacts du Chapitre Blanc au sein de vos Protectorats respectifs à ce que ne naisse pas de sentiment d’insécurité, surtout si tôt après les migrations. Quant à vos rôles au sein des patrouilles d’exploration, il ne sera temps de les définir qu’une fois Linaëh sur le pied de guerre. ton menton se relève vers les trois mages de l’Académie Laurënis, heru Lòmion, Arin, tous ces gens sont à votre disposition, je vous prierai donc d’être aussi transparents que possible avec eux, afin que leurs efforts soient canalisés au mieux.

Tu marques une pause, l’esprit gêné, comme s’il manquait quelque chose d’important à ton discours. Tes pupilles cherchent à travers la salle, et tu t’inquiètes durant quelques instants, les sourcils froncés, de ne pas trouver la source de ton malaise. Et puis ton regard descend légèrement, et tu comprends.

- Lyorindel ? tu interpelles ton ami Quant à toi, je sais tes capacités être précieuses sur le terrain, mais en l’occurrence je pense qu’il pourrait nous être utile que tu te charges de gérer les lignes de communication. Qu’aucune information ne se perde, et que les échanges soient faits de manière optimale. Qu’en dis-tu ?

Voilà longtemps en réalité que l’épervier n’avait pas reçu une mission digne de son statut. Aujourd’hui en était l’occasion. Si le diplomate qu’il était censé être avait l’habitude d’orchestrer des prises de contact, le milicien qu’il était devrait pouvoir s’assurer que rien n’est caché.
Une courte réflexion de sa part, puis le regard que Lyorindel portât vers toi en dit bien assez. Pour les autres elfes présents dans la salle cependant, les mots prononcés furent nécessaires.

- Une bonne idée. A condition que tu m’accordes le droit de faire appel à un ou deux amis. Mon travail n’en sera que plus facile si je l’accomplis avec des gens que je connais.

- Alors ainsi soit-il. ton attention retourne au reste de l'assistance Si bien sûr vous le voulez bien.

Les trois membres de l'académie, le Doyen comme les autres, s'inclinèrent respectueusement face à l'engagement du Commandant Aegden puis du Protecteur de l'Est.

- Si quelques soldats veulent bien renforcer mes mages à la protection de la relique en plus de cette mission, ce ne serait pas de refus. " ajouta Laurënis, n'hésitant pas à tirer un peu plus sur les mains tendues.
- Je suis navré de vous demander un tel investissement, Heru, " commença plutôt le doyen à l'intention du Protecteur. " Je vous dirais bien de ne pas risquer votre vie dans une pareille équipée mais si je recommande cela à tous le monde, nous n'aboutirons pas... "

Et une nouvelle fois, il faisait presque son âge, les ridules de son visage se faisant plus marquées lorsqu'il perdait de sa débordante énergie et de son enthousiasme tranquille. Cela lui coutait... Et c'était visible. Faire appel à des hommes d'arme avait été difficile et c'était là la raison pour laquelle il n'avait pas sauté sur l'occasion dès que des suspicions étaient apparues au sujet des ruines dans l'Aduram. Mais son sourire penaud restait résolu. Tout comme son maître Caranthir en son temps, il saurait prendre les décisions qui s'imposaient... Mais quand il entendit parlé de l'école de magie de guerre Daranovan, son visage s'assombrit sensiblement et il gagna facilement plusieurs centimètres tant son dos se raidit. Et alors quand le même zigoto proposa qu'on crie à tout vent hors des cités qu'il existait une relique non contrôlé qui pouvait faire exploser la capitale par en-dessous, les longs doigts de l'érudit se croisèrent. Il inspira et expira, concentré, regardant obstinément tout ce qui lui passait sous l'oeil à l'exception du visage du novice qui avait proposer une chose pareille. Dieux que l'enseignement devait être une vocation pour ne jamais s'énerver...

Une fois son agacement soufflé et son sourire professoral revenu, il se tourna résolument vers le tout jeune homme qui continuait à parler et à parler et à parler, sans lui laisser le temps de répondre à la moindre de ses questions, lorsqu'un coup de sceptre l'interrompit, rassemblant les esprits sur le sujet primordial.

- D'autant que pour ce qui est du côté théorique, nous avons bien sûr contacté les clergés de Kÿria et de Tari. " laissa froidement tomber Laurënis en plongeant ses yeux d'un rouge sombre dans ceux du Daranovan juste après que la Haute Prêtresse ait parlé. Une fois que le roi eut fini sa tirade cependant, elle reprit la parole d'emblée.

- Puisque vous me demandez d'être transparente, j'irai droit au but. Je suis en charge de cette relique et jusqu'à présent, personne n'a eut le droit d'en parler à l'extérieur des murs de l'Académie sans mon aval. Même le Doyen s'est plié à cette restriction.

Les Noss sont aussi inconstants et inutiles que les druides et je refuse qu'ils soient mis au courant de son existence ou de son instabilité d'une quelconque façon. Ils pourraient tout aussi bien être responsables du changement d'état de cette relique. " En prononçant la phrase de sa voix grave et tranchante, elle avait une fois de plus toisé le Daranovan avant de reprendre contact avec toute la salle. Parlait-elle à des subordonnés, à des soldats ou à des élèves... voilà une questions que certains devaient se poser car il y avait dans son ton autoritaire une attente d'obéissance absolue. " Si vous pensez avoir besoin de mage sur le terrain, je suis sûre que vous trouverez parmi l'armée royal ce qu'il vous faudra. Personne ne sera mis au courant en Daranovan. Quand aux protectorats de l'Est, si vous pensez avoir deux ou trois hommes d'élites à nous accorder, libre à vous de les mettre au courant ou de nous les envoyez pour que nous répondions en détail à leurs questions, mais aucun autre organisme ne doit être mis au courant des troubles qui nous occupent.

Voilà mes consignes. Libre à vous de ne pas les respecter mais en ce cas ne je serais pas responsable des complications que nous connaitrons.

- Certes... " acquiesça Lomion toujours aussi affable en décroisant les doigts. " D'ailleurs j'en profite pour vous dire que nous avons déjà contacté Linaëh et Wyslena pour savoir si la cité de Lomëar avait été placée sur les cartes de reconnaissance. Inutile de s'aventurer dans l'Aduram si nous ne savons pas ou est le cristal. Nous n'aurions pas osé faire une telle proposition devant l'ordre général. " Il s'inclina légèrement devant le roi. " Pardonnez moi, Aran, mais n'étiez pas encore de retour quand la question s'est posé il me semble. Nous avons préférés paver le terrain nous même si je puis dire. Arin, si vous voulez bien... "

Et encore une fois, l'homme aux documents farfouilla pour sortir un épais parchemin... ou plutôt un très fin papier plié en de très nombreuses couches. Il sembla hésité sur la personne à laquelle la remettre et agit finalement en fonction de ce qui lui indiquerait les personnes rassemblées.

Il s'agissait d'une carte tracée à l'encre noire, copiée de celle que Linaëh avait retracé jusque là. Les cours d'eau en bleu. Les endroit marécageux en vert. Les zones ou la Dissonance était encore trop insoutenable et la faune trop agressive pour être exploré en rouge.

- Nous ne sommes pas certains que ce soit les ruines de la bonne cité, mais des débris suffisamment conséquents ont été trouvé à l'emplacement de la marque jaune. C'est notre seule piste actuelle et d'ailleurs ils nous ont conseiller d'atteindre la frontière par Wyslena plutôt que par Linaëh car les Wandrais sont de plus en plus vivaces et qu'ils aident les... enfin le protectorat du Nord à sécuriser la Frontière. Et il me semble bien que c'est la dernière information que j'ai à votre disposition. Pour le reste, je ne peux que me reposer sur des esprits plus pragmatiques que le mien. Ici ou à l'Académie, je suis à votre entière disposition si vous avez des questions ou des besoins spécifiques. " sourit-il, presque chafouin avant de se tourner vers un interlocuteur bien précis. " D'ailleurs, Heru Akiblaedÿl, puisque vous posiez la question plus tôt, sachez que les fuites d'éther à travers les failles de la materia prima dont est composé le sus-dit artéfact pourrait tout aussi bien être du à la rupture prolongée de l'équilibre interne des flux mystiques et éthériques qu'à une perturbation du champ général des conditionnements mystiscistes sur les pierres de tailles. Bien sûr, la variation d'un flux tellurique immanent, à une excroissance trop proche d'une racine de l'Estel ou à l'érosion naturelle de l'enchantement ne sont pas à exclure pour autant, et la mise en résonance de plusieurs reliques de nos sous-sol pourrait suffire à initier une réaction en chaine qu'un archiviste se sera empressé de noyé par un sort bénin. De là à penser que ce n'est pas le seul artéfact de la sorte et qu'un champ dialectique pourrait s'être formé, pourquoi pas, mais rien n’atteste cette hypothèse. Pour ma part je pense que les trois vaisseaux de l'objet ont été progressivement désolidarisés par le problème d'équilibre géométrique des courants et qu'une force extérieure encore non identifier a surchargé l'aura éthériques. Cela aurait, comme vous l'aurez sans doute compris, troublé la trame générale par effet de diapason. "

Il avait parlé d'une traite, en articulant parfaitement, mais il savait que son vocabulaire et les notions qu'il abordait étaient d'un niveau bien trop élevé pour être compris par quelqu'un avec si peu de connaissance théoriques mystiques, même quelqu'un de curieux. Tout en lui offrant la possibilité de se retirer avec panache devant cette assemblée en prétendant avoir compris une discours aussi pointu, l'archimage espérait lui faire comprendre à bas bruit que toutes les conjectures qu'il pourrait faire, cela faisait déjà un bout de temps que leurs équipes les avaient faites et testées.

Ses yeux luisants glissèrent sur le reste de l'assemblée, prêt à répondre aux autres interrogations d'éventuels élèves prolifiques.

A l'attention des PJs qui s'engagent dans la quête vers Aduram:

Cartes de Linaëh:

- Le doute est la clé de l’avancement, et toute théorie n’est vrai que jusqu’à preuve du contraire. Votre expertise dépasse toutefois largement la mienne et je remet donc ma confiance et ma vie aux savoirs que vous avez récolté jusqu’ici. Nous suivrons donc la piste vers les variables que nous connaissons dans cette équation, dans l’espoir de recevoir davantage d’informations quant à cette variable inconnu qu’est cette force extérieure. Vous pardonnerez sans doute mon désir d’éclaircissement sur les différentes pistes potentielles avant de risquer ma vie et celle de mes frères et soeurs.

Je m’étais incliné humblement devant le doyen puis mon regard parcourait l’assemblée. Je marqua une pause puis m’avançai vers la grande table où certains papiers avaient été posés. Mon visage demeurait de marbre et j’avais acquiescé à chacune des informations que l’on m’avait donné. Je prenais mentalement des notes. Je connaissais les potentiels dangers qui pouvaient nous attendre où nous nous rendions et je saisissais davantage les teneurs de la situation. Mon regard se posa vers Aegden, le commandant des troupes de la Capitale. Je ne le connaissais point mais son titre le définissait comme celui qui devrait diriger l’expédition. Mes yeux s’attardirent ensuite vers le protecteur d’Énolir puis mon attention revint vers la tablée.

- Je propose que nous partions demain aux premières lueurs du jour, le temps de préparer nos effectifs et de réunir une petite poignée de soldats pour nous accompagner. Nous pourrons voyager à cheval sur la voie blanche jusqu’en Ardamir. Cela devrait nous prendre environ trois jours. Nous pourrions continuer à pied sur les sentes jusqu’à la frontière d’Anduram.

Je marqua une pause, mon regard s’attardait aux intéressés, soit ceux qui étaient part à ce voyage. Je m’assurais qu’ils n’avaient rien à ajouter concernant le chemin que nous allions prendre.

- Je pense qu’il serait également judicieux de s’en remettre aux directives du commandant des troupes d’Alëandir durant les affrontements, si nous avons le malheur de ne pouvoir les éviter. Ainsi mes armes seront à votre disposition, Aegden. Nous pourrons faire halte en Ardamir et si certains effectifs spécifiques que nous désirons avec nous pour cette expédition ne sont pas ici à la Capitale, ils pourront nous rejoindre là-bas. Pour ma part, comme on m’a conseillé de ne pas aviser une seule âme en Daranovar, je n’attendrai personne.

Je parcourais du regard mes interlocuteurs. Je sondais leur opinion des mes yeux perçant.

- Une dernière chose. Il faudra que nous et les soldats qui nous accompagnerons soyons prêts à faire face à la dissonance de la Symphonie. Je n’en ai entendu que les légendes, mais elles ne sont pas rassurantes. Il est donc évident que les soldats qui nous accompagneront devront être fort d’esprit et de confiance.

Je me retrouvais désormais dans un élément que je connaissais davantage : Une mission entre soldats. J’étais à mon aise et j’avais espoir d’ailleurs de me reprendre aux yeux de mes confrères. Des missions, j’en avais fais énormément et c’était un territoire que je connaissais bien, étant non-loin de Daranovar. Bien que je n’avais jamais été au centre de l’Anduram ni-même voyager dans ses bordures, je connaissais les alentours.

- Si cela convient à tous, retrouvons-nous demain à l'aube à l’entrée de la Capitale. Sinon je suis à l'écoute.

Il avait résisté à l’envie de lever les yeux au ciel lorsque le doyen était partit dans des élucubrations incompréhensibles. Les mages étaient-ils donc toujours obligés d’étaler à quel point ils étaient doués dans leurs domaines quitte à perdre tout le monde ?
D’ailleurs cela poussa son interlocuteur à admettre qu’il avait tort sur certain point. Mais lui faire une remarque simple et claire aurait sans doute été tout aussi efficace…

En tout cas, Akiblaedÿl ne sembla pas se démonter et il garda la parole. Ses propositions tenaient la route en tout cas. Aegden hocha la tête lorsque le daranovan considéra qu’il était judicieux de lui laisser gérer un quelconque affrontement. Par ce geste il le remerciait silencieusement. Ce n’était peux être là qu’une simple reconnaissance de son titre que donnait le conseiller, mais il ne fallait pas non plus oublier que laisser quelqu’un décider de comment régler un conflit, c’était quelque part confier sa propre vie. Aegden se promit de se montrer digne de cette confiance en temps et en heure.

Pour ce qui était de la symphonie, l’elfe ne dit mot. Il pouvait malgré tout assurer que chacun des hommes qu’il mandaterait pour cette expédition serait un elfe de confiance.

-Autant l’ensemble de ce plan me convient, autant il y a juste une question que j’aimerais poser. Aegden fixa le groupe d’elfe sans s’adresser à l’un en particulier. Je suis totalement pour le fait de passer par Ardamir, ne serait-ce que pour faire une halte. Je ne vois pas comment on tiendrait le voyage sinon. Mais qu’est-ce qu’on répondra exactement si quelqu’un nous demande ce que nous faisons là-bas ? Il fixa un instant le seigneur protecteur qui devait bien être l’un de ceux pour qui sa question se posait le plus. Et comment est-ce qu’on justifiera nos absences respectives ?

Aegden se demanda aussi un instant comment réagirait la milice à la perspective de voir à nouveau leur mainyth s’absenter pour probablement plusieurs ennéades. Certes ici il était question de l’Anaëh et elle seule mais la question se posait quand même. Beaucoup comprendraient c'était certain. Il en valais de la sécurité de leur cité après tout. Mais ceux qui n'étaient pas au courant qu'en diraient-ils?

la question qu'il posait à voix haute pouvait paraître triviale. Ils avaient cependant jusque là tous à cœur de cacher cette affaire. Quitte à de son côté ne même pas mettre la majorité de la milice lëandrine au courant. Pour éviter un vent de  panique quelconque; autant qu'ils sachent au cas où quoi répondre et éviter de bredouiller quelque chose qui inquiéterait d'autant plus leur éventuels interlocuteurs.

-Nous savons tous que clamer haut et fort la vérité n’est pas la bonne solution… Ils leur faudrait très certainement mentir pour le bien des leurs. Encore. Je pense qu'il faut nous mettre d'accord sur quelque chose. Aegden lança un regard vers l'Aran. Quitte à mettre les bonnes personnes au courant.

Étais-je le seul à vouloir cogner cette femme ? Je ne la “connais” que depuis quelques minutes, et pourtant la voix de Laurënis m'est déjà insupportable. L'écouter avec attention devient rapidement un défi alors que je venais de m'engager dans une quête qui me coutera peut-être un bras, une jambe, mon intégrité spirituelle ou que sais-je encore. Quoi qu'il en soit, elle termina ses explications et une carte nous fut donné pour aller jusqu'au dit endroit où pourrait se trouver le cristal manquant de la relique. Je n'écoute même plus les explications du Doyen. La magie, c'est vraiment trop compliquée pour moi.

Bizarrement, je commençais déjà à regretter mon choix. Aller dans un endroit que peu de gens connaissaient me rendit frileux, sentiment qui se mélangeait à mon excitation. Je ne sortais plus de mon Protectorat jusqu'à maintenant, et voilà que je me retrouve à passer des ennéades entières hors de ma cité. Il faudra que je pense à envoyer une petite lettre d'amour à ma chérie… une lettre d'amour truffée de consignes politiques. Mais le jeu en vaudrait peut-être la chandelle. Peut-être. Ce mot sonne comme le “mais” qui vient après la bonne nouvelle. Elle a une saveur particulièrement âpre.

Dans tous les cas, Akidbladÿl et Aegden, comme il s'appelait, échangèrent leurs idées. L'itinéraire m'importait peu, même s'il valait sûrement prendre le moins de temps possible. La relique était imprévisible, et plus tôt nous aurons ce cristal, mieux ce sera. Et puis, le rouquin souleva la question qui donnera une odeur nauséabonde à la lettre déjà peu ragoutante que je devrai envoyer à Enolir. C'est bien la première fois que j'allais me prêter à l'exercice de l'invention d'un bobard.

« Pour ce qui est de ma Cité, je continuerai à affirmer que mon absence est justifiée par la diplomatie. Je donnerai à ma femme et à mes conseillers des directives sur la gestion d'Enolir en mon absence. » répondis-je alors, rompant enfin mon long silence. « Pour ce qui est du cas d'Ardamir, nous pourrions mettre certains personnes dans la confidence, mais nous prendrions alors le risque que lesdites personnes ne tiennent pas leur langue, même si nous leur consignons de ne pas le faire. »

Je passai le regard sur les autres personnes de l'assemblée comme s'ils avaient sûrement une bonne idée à proposer. Mentir était plus facile que de monter une fausse histoire de toute pièce. Il fallait être convaincant et Aegden avait raison de soulever ce problème. Le principal problème résidera dans nos équipements. Trois (ou plus) gaillards qui déboulent à Ardamir armés jusqu'aux dents seront toujours suspects et, quelque soit leur mission, personne ne les verra d'un bon œil.

« Nous pourrions peut-être mentir qu'à moitié ? Admettre que nous sommes des envoyés spéciaux de l'Aran en Aduram sans étayer la teneur de notre mission ? Certes, Ardamir saura que nous nous intéressons à l'Aduram, mais ils ne s'inquièteront peut-être pas autant si on leur cache que c'est pour éviter une catastrophe ? » proposai-je sans grande conviction. « Ou alors nous devrons nous déguiser, mais je doute que cela soit beaucoup plus efficace… »

Sèche. Il n’y avait pas de meilleur adjectif pour qualifier Laurënis. Aussi sèche que pouvait l’être Daenor. Et quoique tu ne fusses pas toujours d’accord avec ses positions péremptoires, c’était pour ton plus grand plaisir. L’ordre le plus tranché est le plus efficace. Imperturbable, lorsqu’elle s’adresse à toi, tu te contentes de lui signifier ton attention, confirmant ton accord d’un simple hochement de tête lorsqu’il y a lieu. Limiter autant que possible le nombre d’elfes au fait de la nouvelle au sein des Cités. Complètement taire l’information à tout être pensant en dehors des confins de vos murs. À tes yeux c’était l’évidence même. Aux yeux d’un autre il pourrait probablement en être autrement. Akiblaedÿl était de ceux-là, et en cela, il n’était pas sans te rappeler le Telenwë qu’était devenu Neraën.

- C’est tout à votre honneur, Doyen.

Tu réponds du tac au tac, rendant mine apaisante à la révérence de Lòmion, et t’approchant du scribe alors qu’il semble confus quant à quoi faire de ses derniers documents. Un coup d’œil rapide te permit d’identifier une carte, que tu amenas d’un pas décidé à une table proche, où tu pris soin d’entièrement la déplier, invitant l’assistance à te rejoindre autour afin que vous puissiez tous la consulter ensemble. Parcellaires, les informations que possédaient déjà l’alliance des explorateurs de Linaëh, de Wyslena et le Chapitre Blanc restaient tout de même – toutes proportions gardées – assez conséquentes. Ainsi, c’est au final avec encore un peu plus d’espoir que tu aborderais l’idée des futures recherches.
Avec tout autant d’entrain d’ailleurs, ton oreille se perdit aux déblatérations du Mysticiste, et quand sur l’instant tu eus envie de plaindre Akiblaedÿl, la manière dont il avait été remis à sa place n’avait pas été sans t’arracher un sourire. Un sourire pour le coup synonyme de ta propre ignorance. Vous les mages de guerre, vous vous concentriez sur des choses bien plus pratiques, alors ce que tu avais investi en études théoriques était bien loin d’être aussi poussé. Malgré tout, il te semblait bien avoir compris quelque chose, au moins dans les grandes lignes, du moins… tu le crois. Mais rien que cela suffisait à faire ta fierté…

…Et apparemment à fragiliser les fondations de celle d’Akiblaedÿl, dont les justifications ne te paraissent que verbiages de trop. Finalement, Kaëlistravaë et Halyalindë n’avaient pas tort. Vous les Lanthalorans, vous n’étiez jamais que des Ardamiris nés une épée à la main. La même insupportable fierté et la même indiscrète curiosité. Rassurants au moins étaient le fait qu’il soit prêt à se soumettre à l’autorité du Commandant des Armées, et la pensée – judicieuse – à ceux qui Entendaient.
Moins rassurantes, la question, tout aussi importante d’Aegden, et la réponse d’Akhoraril. Mentir, tu l’avais fait tout du long de ton séjour à Thaar, et tu avais détesté. Mentir, il te faudrait peut-être le faire face à ton peuple cette fois. Mais pouviez-vous seulement faire autrement ? Probablement. En réalité, les chances que vous ayez besoin de mentir étaient faibles. Certes, votre peuple était curieux, mais dès l’enfance, cette curiosité était canalisée. Ils sont peu nombreux les elfes qui insisteraient pour obtenir une information que l’on refuse de leur divulguer, cependant, prendre des précautions n’était jamais une mauvaise idée.

- Je doute que qui que ce soit vous questionne sur les motifs de votre passage, et si c’est le cas, simplement confier ne pas vouloir en parler devrait suffire. c’est Aegden qui a ta pleine attention maintenant Sinon, Aegden… tu as été formé par les Aigles à faire collaborer deux corps armés, mais jusque-là il n’y a que Daranovar qui s’est prêtée au jeu. Peut-être serait-il temps de tenter l’expérience avec Linaëh et Wyslena. Akiblaedÿl et Akhoraril t’accompagnent l’un pour être formé, qu’il puisse ensuite former les mages de l’Engyl Sain, l’autre parce qu’il est sceptique et hésite à soumettre son Protectorat à l’expérience. tu fronces les sourcils L’exploration de l’Aduram est devenue pratique régulière des troupes des deux forts, votre présence au cours d’une expédition deviendrait donc entièrement naturelle. ton regard se détend S’il y a parmi les Aigles quelqu’un avec qui tu as bien fonctionné durant ta formation Aegden, emmène-le. S’il s’agit d’un mage c’est encore mieux. tu lèves légèrement le menton Pour ce qui concerne le voyage, je vous laisse en aviser entre vous.

Tu laisses flotter une courte pause, prenant le temps de les laisser digérer tes suggestions avant de reprendre.

- Seulement, et je tiens à y revenir, je seconde Laurënis. Les informations partagées aujourd’hui ne sont pas à transmettre à la légère. Sans son aval et à moins d’une urgence absolue, personne d’autre ne doit savoir.