Une nouvelle rencontre

3ème jour de Karfias, deuxième mois d'été An 17 du XIe Cycle:

C’est mon troisième jour ici, et j’ai encore mal dormis, ce lit est vraiment trop dur ! Dire que le Médian est censé être le summum de la culture, ce n’est pas le cas du confort, même le plus élémentaire.
Je rajoute çà sur la liste des choses que je dois commander au marchand du sud, avec le thé, une couverture moins rêche et plein d’autres choses encore, mais dont l’inventaire m’épuise déjà. Je suis tiré de mes pensées déprimantes par des coups frappés à la porte et je soupire car je sais très bien qui peux être là, à ce moment précis.

J’ouvre la porte et comme prévu, je vois que le Sénéchal Jacques Beauregard, un homme âgé, aux cheveux gris qui m’a connu tout petit est présent.

Sénéchal Jacques Beauregard:

Derrière lui se trouve Arthur, un jeune page d’une quinzaine d’année, qui rentre avec mes vêtements sous le bras.

Arthur:

Il les étales sous le lit, et les couleurs de ma famille rouge et jaune font un joli contraste avec le bois, même si j’aurais aimé mettre mes vêtements habituels beaucoup plus sombre. Mais comme me l’a expliqué de nombreuses fois le sénéchal, je dois représenter les Pengriffon où que j’aille.

Je sors donc du château et prends la direction du village, en descendant la petite colline où la forteresse a été construite.

Le château Pengriffon:

Pour entrer là où j’ai pris l’habitude de prendre mon petit déjeuner, à l’unique taverne du village, la bien nommé « Au repos du voyageur ».

Au repos du voyageur:

Je suis servi par la ravissante serveuse et également fille du gérant, Jasmine.

Jasmine:

Puis je reprends la route et fais le tour du village, sans autre escorte que celle du chef des gardes, Perceval Gallick.

Perceval Gallick:

Je commence doucement à prendre mes marques, et même si je ne connais pas encore chaque habitants par son nom (en l’espace de huit ans, il y a de nombreux arrivants, suite aux évènements paefois dramatique qui ont secoué tout le pays), je les reconnais tous.

Nous croisons de nombreuses caravanes qui passent lentement le long de la route principale, dite route du Roi, emportant les produits du sud et ramenant les matières premières du nord, voir des pays au-delà.

Un étranger attire mon attention, il est seul, mais ce n’est pas un paysan car il possède des broderies cousues avec des fils d’or sur ses vêtements et ce n’est pas un marchand non plus, car je peux voir ses muscles. Toutefois c’est son regard d’homme prudent et la façon dont il tient son bâton qui est très étrange, comme s’il était confiant dans ses capacités, mais qu’il avait peur de les utiliser.

Cela fait maintenant quelques mois que Syagrius m'a libéré de mon apprentissage et m'a offert l'indépendance. Si je la désirais plus que tout, il faut admettre également que les contraintes qui y sont associés m'ont, dans les premières semaines, conduit à des fautes, ainsi, il vaut mieux faire un usage modéré de la magie lorsque l'on voyage dans la Péninsule: elles ne sont pas rares les fois où j'ai du partir d'un village car l'on ne me regardait désormais plus que comme un danger potentiel simplement car j'avais utilisé mes capacités afin d'aider un villageois ou bien lorsque l'un des enfants du village m'avait vu en plein entrainement.

Ma quête d'un mécène m'aura finalement conduit dans le domaine de Hautval, niché au nord du Médian entre deux chaines de montagnes. Cette baronnie est détenue depuis peu par le Seigneur Fabius Pengriffon de ce que l'on m'en a dit. Il s'agirait d'un des rares nobles péninsulaires peu porté sur la gloire du combat et bien plus littéraire, peut-être verra-t-il d'un bon œil l'arrivée d'un mage élémentaire sur son domaine bien que je ne me fasse pas trop d'illusions: il s'agit d'une région où la magie est considérée avec méfiance, mais il faut bien tenter sa chance non? Avec l'acceptation croissante de la magie dans la Péninsule, j'ai bon espoir cette fois-ci d'enfin pouvoir développer mon Art dans des conditions parfaites.

J'arrive donc dans le petit village jouxtant le château et commence sa visite: il s'agit d'un village on ne peut plus classique avec ses maisons, sa boulangerie, j'entrevois une forge mais d'un je sens la faim me tirailler en entrant dans le champ d'une douce odeur que je décide de suivre, après quelques minutes de marche supplémentaires, j'arrive devant une petite taverne dont provient ce superbe fumet. J'entrais dans le bâtiment car mon estomac ne semblait pas près d'oublier qu'il était l'heure du petit-déjeuner. J'entre donc dans l'établissement où je sens immédiatement une atmosphère agréable: dans un coin, un groupe de musique joue une musique à la fois douce et joyeuse, parfaite pour démarrer la matinée, j'entends des discussions à droite et à gauche, la taverne n'étant qu'à moitié remplie. Je fis une salutation timide, ne sachant pas trop si les us et coutumes du pays étaient celles-ci: peut-être les gens de cette contrée voulaient-ils déguster leur petit-déjeuner tranquillement.
Une magnifique serveuse m'accueille, le sourire aux lèvres:

"Bonjour! Vous êtes nouveau non?
-Oui, je viens juste d'arriver dans le domaine
-Enchantée, je m'appelle Jasmine! Que prendrez-vous?
-De même, je suis Aedrin. Je prendrai un porridge s'il vous plait.
-Bien sur!

Et la jeune femme s'en retourna aussitôt d'abord aux cuisines puis dans la salle où elle servait chaque client avec le même sourire.
Je m'installais donc à une table dans un coin, observant la salle d'un œil absent, bien plus concentré sur les Vents de Magie environnants: même sans l'intention de l'utiliser, se concentrer régulièrement dans des situations calmes permet toujours de se préparer en cas de problèmes. Je stoppai cet exercice lorsque je vis la serveuse devant moi, tenant un porridge et avec son habituel sourire:
"Voilà votre porridge monsieur!
-Merci, le service est rapide dites donc!
-Oui, il faut avoir une certaine efficacité pour quand la taverne est pleine. Sans vouloir être indiscrète, que venez-vous faire ici?
Voilà une question à laquelle je ne me sentais de répondre, je cherchais le plus vite possible ce que je pourrais bien faire ici sans pour autant lui dévoiler que je suis un mage, de plus, j'aimerais éviter de mentir car je ne me sentais pas de mentir à la première personne du coin qui viendrait m'adresser la parole
-JASMINE
Un homme venait d'apparaitre au comptoir, et il avait un regard noir sur la jeune femme à qui il demanda de retourner travailler au pas de course, ce qu'elle fit. Elle me salua avant de s'en aller et je soufflais, évacuant enfin le stress qui s'était accumulé. Je desserrais également l'emprise que j'avais pris sur mon bâton, ne m'étant même pas rendu compte que dans le stress, j'avait par réflexe commencer à prendre mon bâton.

C'est alors que je vis un homme entrer dans la taverne, il était richement vêtu de rouge et de jaune et semblait être un habitué, il était accompagné d'un second homme, bien moins richement vêtu. Ils s'assirent à une table éloignée de la mienne de quelques mètres et à voir les habits et les manières du premier, il me sembla être un noble, mais je ne saurais dire s'il s'agissait du Seigneur de Hautval (peu probable étant donné qu'il n'était accompagné que d'un homme) ou d'un autre qui aurait été invité sur le domaine. Ne sachant point, je préfèrais éviter d'attirer l'attention en commençant mon séjour ici par une erreur sur la personne. J'observais donc l'homme en essayant de réfléchir à celui qu'il pourrait être ainsi que celui qui l'accompagnais.

J’entre à la suite de l’homme, de nouveau dans l’auberge, pour m’assoir à ma table habituelle, la même que celle qu’utilisais mon père, près de la cheminé, présentement éteinte. Jasmine l’accueil avec sa gentillesse habituelle avant que son père la rappelle à l’ordre. Encore une fois, la personne que j’observe tient fermement son bâton et je commence à croire que j’ai devant moi un mage, sans doute un débutant comme moi, mais qui doit avoir peur d’être découvert.

Je réfléchis un moment à la situation, j’ai déjà laissé Perceval l’extérieur et je me demande comment j’aurais aimé être abordé si j’étais à sa place. J’ai différentes options, je peux jouer la carte de la franchise totale, en lui disant que je suis un magicien comme lui, ou bien faire le contraire et lui laisser un mot sur sa table lui demandant de me retrouver quelque part à la nuit tombée.

Aucune de ses solutions ne me convient, si j’étais un jeune adepte de la magie dans une contrée inconnu, j’aurais plutôt aimé être abordé, comme un être humain normal, et c’est bien ce que je compte faire ! Prenant mon courage à deux mains, je me lève, et je marche tranquillement vers la table voisine, celle qui est occupé par celui que je soupçonne maitriser la magie. Puis je m’arrête enfin, et je lui indique avec un grand sourire et lui tendant la main :

Puis-je me joindre à vous ? Je suis le seigneur Fabius Pengriffon, seigneur de ces terres.

Je n’ajoute rien d’autre, ayant fais le premier pas, j’attends la réponse du jeune homme guère plus âgé que moi, espérant que je l’aurai assez détendu. Comme d’habitude, je suis armé de mon épée courte, donc je ne sais guère me servir, mais qui indique, comme le reste de mes habits, mon rang de noble.

Je fus tiré de mes réflexions quand à l'identité de cet homme de haut rang lorsque celui-ci se leva et s'approcha de moi et m'adressa la parole:

Puis-je me joindre à vous ? Je suis le seigneur Fabius Pengriffon, seigneur de ces terres.

Je dois admettre avoir mis quelques secondes à répondre, interloqué par l'homme dont je n'attendais pas cette prise de parole. Ainsi, au début, je ne pensais pas que l'on me parlais avant de remarquer que ses yeux plongeait dans les miens. Une pensée me traversa également quand à la sociabilité des gens de cette contrée: sur les deux personnes que j'avais croisé aujourd'hui, les deux m'avaient adressé la parole de façon bienveillante et sans gêne quand à l'inconnu, peut-être le bon accueil des étrangers est-il ancré dans la culture de ce domaine.

Ainsi, je vérifiai l'identité de l'homme et mon hypothèse était exacte. Je remarquai de même qu'à sa taille pendait une épée courte, probablement plus pour symboliser son rang que réellement sa maitrise de l'escrime, en tout cas de ce qu'on m'a dit, l'homme n'est que peu porté sur les faits d'armes.

Je me levai tout en serrant la main de l'homme par signe de respect envers son rang, mon objectif était de le rencontrer et voilà que le hasard le faisait non seulement entrer dans la même taverne que moi mais qu'en plus il vint m'adresser la parole.

Enchanté Messire, bien évidemment, cette compagnie m'honore. Je suis Aedrin Thems.

S'il le noble avait donné son titre, je ne comptais pas le faire, du moins pas tout de suite: hors de question qu'il sache que je suis un mage avant que je ne sois sur de sa vision à propos de ceux-ci. Il serait bien trop risqué de me mettre ainsi à dos l'un des Seigneurs de la Péninsule.

Cependant, je repensais au hasard des choses qui avait conduit Fabius à venir me voir: en effet, à moins que ce ne soit un noble parmi les plus proches du peuple possible, bien peu viennent questionner un homme tel que moi dans une taverne. Oui, je ne crois que peu au hasard des choses et je me demande si le Seigneur n'a pas percé a jour ma condition de mage. Serrant mon baton dans ma main droite, je questionnais l'homme:

Mais, dites-moi messire, qui suis-je pour qu'ainsi vous partagiez votre petit-déjeuner en ma compagnie?

Mon objectif étant de potentiellement devenir son mage de cour, je décidai d'employer un langage des plus soutenu afin de lui faire forte impression: j'ai découvert au fil de mon existence que les nobles adorent que l'on parle comme eux.

Tandis que j'attendais la réponse de l'interlocuteur, je vis l'homme qui l'accompagnais, probablement son garde du corps, s'approcher de la table et se placer derrière le Seigneur, il portait lui aussi une épée courte et j'étais prêt à parier que sa maitrise de celle-ci était déjà d'une autre mesure que celle de son suzerain. Au fond de moi, j'entendais la voix de la prudence me demander de déjà me concentrer sur les Vents de Magie car il s'agit d'une région où les mages ne sont pas des mieux vus, et le fait d'avoir face à moi deux hommes armés dont un avec probablement une maitrise de plusieurs années n'était pas pour me rassurer. De même, j'entendais la voix de la raison me dire que si j'étais venu ici, c'était avec un objectif et ce n'est pas en ayant recours à la violence que je l'atteindrais, de plus cette voix m'indiquait que ces armes étaient avant tout là comme symbole de pouvoir et de défense, non d'attaque.

J’avais raison sur les origines de noble du jeune homme à qui je m’adresse, car il se lève pour saisir la main que je lui tends, ce qui est le signe d’une bonne éducation, que ne possède pas le bas peuple. Toutefois, son nom ne me dit rien, Thems, je doute même que ce patronyme vienne du nord, ni même du sud, alors il est peut-être originaire de Thaar, il doit bien y avoir des nobles là-bas.

Je garde mes questions pour plus tard, et je m’installe sur la chaise libre, avant de commander à la ravissante serveuse qui s’est approché de nous :

Jasmine, je vais prendre deux bières, pour moi et pour mon invité.

Une fois-ceci, je me tourne vers mon interlocuteur pour lui préciser :

Vous pouvez la boire sans crainte, ici les bières sont bonnes et surtout pas coupées avec de l'eau.

C’est en effet, la première chose que j’ai vérifié en arrivant et je suis content de la qualité des marchandises servis dans cette auberge. Nous continuons notre discussion et je suis satisfaits de voir que les bonnes manières sont toujours d’actualité, bien peu ici, m’appelle messire, mais c’est normal, les paysans comme chacun le sait, manquent cruellement de savoir-vivre et n'ont aucun sens de l'étiquette, n’ayant pas accès au savoir comme l’aristocratie ou le clergé, et ne sachant même pas lire ou écrire.

Je lui réponds donc en souriant :

Et bien sir Thems, votre tenue m’a intrigué, voir un homme porté des vêtements en fil d’or et un livre à sa ceinture n’est pas chose commune dans notre région.

C’est en partit la vérité, mais ce qui m’a le plus intéressé, c’est son fameux bâton, il va donc falloir que je parle à demi-mot, mais je reste souriant, comme si toute notre discussion était tout à fais normale:

De plus, vous n’arrêtez pas de triturer votre arme, mais pas comme un combattant peut le faire, il s’agit plus d’un geste lié à une longue pratique. Enfin votre bâton est fais avec du chêne, ce qui est trop lourd pour la marche ou pour se battre avec.

Je m’arrête quelques secondes afin de boire une des bières qui nous ont été apporté, non par Jasmine mais par son père, qui nous fixe d’un regard mauvais. Il doit craindre pour l’honneur de sa fille, et a préféré ne pas prendre de risque en laissant sa fille nous approcher. Pour ma part, cela m’est complètement indifférents, je n’ai aucune envie de me compromettre avec une femme du peuple. Je le laisse donc partir sans faire de remarque, avant de me retourner vers mon voisin de table pour lui indiquer :

J’ai plusieurs hypothèses qui me viennent en tête, mais si vous souhaitez me dire la raison de votre venue, il vous faut savoir que je suis une personne très tolérante, qui cherche à faire de son fief, un domaine de premier rang. Pour cela, j’ai besoin de tous les talents disponibles, même ceux que la plèbe ou les guerriers du nord considère comme dangereux.

Et voilà, les dés sont jetés et la roue du destin se met à tourner, les masques vont tomber, et bien malin sera celui qui prédira comment tout cela va se terminer.

Le Seigneur se s'assoit sur la chaise libre avant de commander deux bières à Jasmine qui s'était approchée sans que je la remarque. Je remarquai à ce moment là la discrétion de la jeune femme mais aussi la façon dont elle occupe l'espace lorsqu'elle nous adresse la parole. Quelques instants après le départ de la serveuse, le noble se retourne face à moi et me rassure quand à la qualité de la bière dans l'établissement.
Fabius marque quelques instants de pause avant de répondre à ma question précédente:

Et bien sir Thems, votre tenue m’a intrigué, voir un homme porté des vêtements en fil d’or et un livre à sa ceinture n’est pas chose commune dans notre région.

Je dois dire qu'effectivement ma tenue n'est probablement pas adaptée au voyage, montrant à tous une prétendue richesse que je possèderais. Mais aujourd'hui est une occasion spéciale puisque j'avais l'intention de rencontrer le Seigneur de ces terres, par chance, celui-ci m'est tombé dessus apparemment grâce à ma tenue, j'ai donc été inspiré de choisir cette tenue. Apparemment, ça n'est pas la seule chose qui l'ait interloqué car il continua:

De plus, vous n’arrêtez pas de triturer votre arme, mais pas comme un combattant peut le faire, il s’agit plus d’un geste lié à une longue pratique. Enfin votre bâton est fais avec du chêne, ce qui est trop lourd pour la marche ou pour se battre avec.

Zut, mes réflexes me trahissent face à quelqu'un d'observateur. L'homme me soupçonnerait-il? C'est probable, mais ce qui me déstabilise le plus c'est son franc-parler, en effet, il est toujours aussi souriant qu'avant mais je doute, il est plus que probable qu'il sache que je suis un mage mais je ne saurais déterminer quelle est son avis ou son attitude vis à vis des pratiquants de la magie. Il boit par la suite une gorgée de sa bière qui nous a été servie par un homme d'un certain âge qui nous regarde d'un air mauvais, j'en déduis qu'il s'agit probablement du père de Jasmine et il est donc possible qu'il s'agisse également du gérant de la taverne. Si l'idée de jouer avec les nerfs du monsieur me traversa l'esprit, je me rappelai néanmoins être en présence du Seigneur de Hautval et qu'il était donc important de faire bonne image et encore plus d'éviter les ennuis: je gratifiais donc simplement l'homme d'un sourire et retournai à la conversation.

J’ai plusieurs hypothèses qui me viennent en tête, mais si vous souhaitez me dire la raison de votre venue, il vous faut savoir que je suis une personne très tolérante, qui cherche à faire de son fief, un domaine de premier rang. Pour cela, j’ai besoin de tous les talents disponibles, même ceux que la plèbe ou les guerriers du nord considère comme dangereux.

Ainsi donc j'avais raison quand aux doutes du noble, il me soupçonnait bel et bien d'être un mage (à raison), mais il venait d'abattre ses cartes: c'est cela la véritable raison pour laquelle il était venu me parler, mais surtout il était risqué pour lui d'ainsi m'avouer, bien qu'à demi-mots, vouloir développer la magie dans son domaine où bien peu l'acceptent. Il m'a cependant assuré de sa tolérance et je préfère lui faire confiance tout en parlant également à demi-mots car il reste risqué d'admettre publiquement que je suis un mage même avec le soutien du seigneur local.

Malgré cela, vous savez que certaines compétences vous attireront les foudres des Seigneurs du Nord?

Je préfère mettre immédiatement l'homme face aux risques auxquels ils s'exposeraient: son ambition est certes typique des nobles péninsulaires mais a-t-il conscience que la diplomatie risque de devenir bien plus compliquée au Nord, surtout au vu de sa position géographique. Cependant, ces problèmes ne me concernent que peu: hormis si les guerriers du nord veulent régler ce différent magique par la force, il est peu probable que j'ai affaire à eux pour le moment.

Toujours est-il que je possède ces compétences mais je préfère que nous continuions ainsi de parler à demi-mots pour le moment

Je sais bien que je n'ai pas été des plus subtils mais il me semblait important d'immédiatement mettre les choses au clair avec l'homme sans quoi nous aurions pu tourner autour du pot pendant bien longtemps encore.

Le jeune homme qui me fait face n’est pas idiot, et il pose une bonne question, auxquels je réponds très sérieusement :

Certaines choses doivent rester caché, aussi bien des autres seigneurs que de la population, il faut donc se montrer prudent, mais les choses changent comme dans certaines cités du Médian. Il existe même une ville située au sud de Hautval et qui a officialisé ce que certain considère comme impie.

Je pense bien sûr au domaine de Missède, qui a réussis à faire accepter les mages aux habitants, grâce au charisme de leur défunte dirigeante Comtesse Cécilie. C’est vraiment dommage qu’elle soit morte, car elle aurait pu continuer son œuvre de réconcilation entre les pratiquants et la population, d’ailleurs je ne crois pas aux rumeurs de ce qu’il s’est passé sur les terres d'Ithri'Vaan. Ces dernières sont arrivées juste quand elle a été déclarée disparu, et qu’elle ne pouvait plus se défendre.

Mon but est de créer sur mes terres, un nouvel havre de paix pour les mages, ainsi qu'une force effectives pour aider le Nord en cas d'invasion sérieuse, si jamais les Drows décident de s'en prendre à nouveau à la Péninsule. Mais c'est un objectif à très long terme, mais je ne suis pas pressé par le temps.

Mais le sujet des magiciens revient vite sur la table quand le jeune noble m’informe qu’il possède les connaissances que je recherche. C’est donc en lui souriant à nouveau que je lui précise :

Je vous propose de terminer votre repas, pendant que je fini ma bière, et de me suivre jusqu’à une grange qui me sert de terrain d’essai. Nous y serons à l’abri des regards.

J’ai en effet une grange dont le propriétaire est mort il y a quelques années et que je me suis approprié. Bon, elle est sale, poussiéreuse et demande à être aménagé, mais çà se fera dans le temps, car c’est un terrain d’entrainement à la magie idéal, puisqu'elle est éloignée de toute autre habitation et les habitants, qui pense qu’elle est hantée, l’évite soigneusement.

J’indiquerai aussi à Perceval de ne pas m’accompagner, je n’ai pas besoin de chaperon, en tant que chef des gardes, il a surement mieux à faire que me suivre partout.

J’espère que voisin de table acceptera ma proposition, car il est rare de pouvoir conversé en la compagnie d’autres magiciens. De plus, j’ignore toujours la raison de sa présence sur mon domaine et ce sera une bonne occasion d’en parler à cœur ouvert.

Le noble se livre tout entier à mes questions et je peux donc maintenant être certain d'avoir sa confiance, ce qui signifie qu'il mérite probablement une partie de la mienne:

Certaines choses doivent rester caché, aussi bien des autres seigneurs que de la population, il faut donc se montrer prudent, mais les choses changent comme dans certaines cités du Médian. Il existe même une ville située au sud de Hautval et qui a officialisé ce que certain considère comme impie.

Je n'en suis pas sur mais j'imagine qu'il s'agit de Missède, c'est là-bas que j'avais rencontré l'aéromancien qui m'a tant appris sur la pratique de la magie, je serais surement bien moins doué sans lui dans l'Art. La mort de la Comtesse qui avait tant donné aux mages m'avait d'ailleurs bien attristé car je lui devais tant que je ne pouvais qu'espérer qu'elle vive jusqu'à s'éteindre paisiblement dans son sommeil.

L'homme reprend bien vite la parole, réagissant visiblement à ma révélation quand à mes compétences magiques:

Je vous propose de terminer votre repas, pendant que je fini ma bière, et de me suivre jusqu’à une grange qui me sert de terrain d’essai. Nous y serons à l’abri des regards.

Je dois admettre qu'il s'agit là d'une grande proposition et une certaine euphorie s'empare de moi: je vais enfin trouver un mécène, un noble péninsulaire acceptant de subventionner la pratique de la magie. Evidemment, je devrais faire mes preuves dans cette dite grange, ce qui ne me rassure que peu: la peur d'un piège grandi en moi. Cependant, je suis confiant dans mes capacités et si besoin est, j'abattrai la foudre sur mes adversaires!

Et bien, Messire, c'est là une proposition inespérée, j'accepte votre offre avec joie!

Je terminais donc rapidement mon repas tandis que le Seigneur finissait sa bière et nous partîmes vers la grange dont on m'avait parlé plus tôt non sans adressé un sourire à Jasmine à la fois par provocation envers son paternel mais aussi par remerciement pour son accueil.


Nous partîmes donc en direction de la grange, le noble et moi, celui-ci ayant insisté auprès de son garde pour qu'il ne nous accompagne pas. Arrivés là-bas, je découvris exactement ce à quoi je m'attendais: une grange non pas délabré mais d'où l'on sentais qu'il y a longtemps qu'elle n'avait pas été rénovée. En entrant à l'intérieur je découvris un peu de pailles ici et là, des stigmates dont je ne saurais donner la provenance ornaient les murs: en effet, je ne saurais dire s'il s'agissaient d'essais magiques échoués ou bien de coups qu'auraient pris la grange lorsqu'elle servait à l'agriculture (des coups de fourche lors du travail du foin par exemple). Je me retournais vers l'homme afin de lui demander ce qu'il voulait

Nous y sommes! Que voulez-vous voir Messire?

Ainsi, je gagnais du temps afin de commencer à me concentrer sur les Vents de Magie que je sentais tout autour de moi, je les sentais ainsi s'agglomérer autour de moi, prêt à agir lors des mouvements que mon bâton produira, à se façonner tel que je le désir. Je trouvais cette sensation des plus grisantes lorsque la magie m'entourait d'un cocon et se pliait à chacune de mes décisions. Je n'adorais rien de plus que cette sensation de pouvoir, de savoir que la magie entrainera les éléments que je déchainerai comme bon me semble, que tout cela est à portée de main, sinon déjà dedans. C'est en me délectant de cette sensation que j'attendais la réponse du Seigneur qui se tenait face à moi.

Nous voilà donc à la grange, le jeune homme est la première personne que je fais entrer ici et je me demande si je ne fais pas une erreur ? Mais comme dis mon père, quand le vin est tiré, il faut le boire et je réponds donc à la question du jeune homme avec un grand sourire :

La grange:

C’est assez simple, l’utilité d’un mage sur mon domaine est limitée à deux choses, il faut que comme à Missède, il soit capable d’aider les habitants en créant de l’eau en cas d’incendie ou couper du bois qu’un homme seul serait incapable de faire bref, tout ce qui pourrais être utile à la population, et tout cela sans être remarqué dans les premiers temps.

Je m’arrête une seconde, pour bien présenter le deuxième aspect, qui est plus complexe :

En tant que seigneur, je dois également veiller à la protection de mes sujets, et cela peut être dangereux si je dois faire face à des animaux sauvages, des monstres ou encore des soldats ennemis. Je ne sais pas si vous avez déjà tuer, mais dans cette région, c’est malheureusement une possibilité, car je devrais faire appel à vous pour m'aider à affronter ces différents menaces. Dans ce dernier cas, vous devrez être masqué pour éviter que les habitants du village vous reconnaissent.

Voilà, je pense avoir tout dit, je vais juste abattre ma dernière carte, en lui disant la vérité sur mes capacités :

 Je suis également un magicien de l’immatériel et je vais créer un miroir, de façon à être protégé, vous pouvez commencer quand vous voulez.

  Pour ma part, je fais un pas en arrière, et j’invoque en me concentrant un miroir de deux mètres de haut sur un mètre de large, assez solide pour résister à un coup d’épée. Je le fais transparent, comme un mur d’eau liquide, afin de voir à travers, ce qui me met relativement à l’abri, du moins tant que mon homologue ne crée pas de boule de feu !

Je ne me fatigue guère en réalisant cela et peux donc rester attentif à mon environnement. Je ne sais pas comment va réagir le jeune homme suite à mon tour de magie, mais si nous devons travailler ensemble, il sera nécessaire d’instaurer un climat de confiance entre nous.

L'homme considéra tout juste quelques instants ma question avant d'y répondre, j'imagine qu'il savait exactement ce qu'il voulait car, dans le cas contraire, il aurait du avoir un temps de réflexion légèrement plus long.

C’est assez simple, l’utilité d’un mage sur mon domaine est limitée à deux choses, il faut que comme à Missède, il soit capable d’aider les habitants en créant de l’eau en cas d’incendie ou couper du bois qu’un homme seul serait incapable de faire bref, tout ce qui pourrais être utile à la population, et tout cela sans être remarqué dans les premiers temps.

Effectivement, il s'agissait bien des tâches que j'avais vu être accomplies par les mages venus à Missède lors de leur invitation par l'ancienne Comtesse. Je me concentrais donc sur les Vents afin de les agglomérer autour de moi tout en réfléchissant à la forme sous laquelle je les modéliserai afin de répondre  au mieux aux attentes du noble.

Quelques instants plus tard, j'entendis l'homme reprendre la parole:

En tant que seigneur, je dois également veiller à la protection de mes sujets, et cela peut être dangereux si je dois faire face à des animaux sauvages, des monstres ou encore des soldats ennemis. Je ne sais pas si vous avez déjà tuer, mais dans cette région, c’est malheureusement une possibilité, car je devrais faire appel à vous pour m'aider à affronter ces différents menaces. Dans ce dernier cas, vous devrez être masqué pour éviter que les habitants du village vous reconnaissent.

Voilà un autre aspect du travail tout à fait différent, pour l'instant, mes capacités magiques ne m'avaient que rarement servies au combat mais c'était quelque chose auquel j'avais pensé. Cette possibilité avait toujours laissé en moi une question: la magie m'a été enseignée dans le but d'aider même si j'ai eu des cours de combat impliquant celle-ci. Cependant, la magie est fondamentalement libre, chaotique dans son état le plus pur: si la magie élémentaire était relativement stable, je ressentais tous de même toute la fureur que celle-ci était capable de déchainer et je me demandais si l'art des combats n'était pas finalement qu'un pan de la maitrise complète d'un mage.

Je préférais laisser cette question en suspens et m'attelait à la tache:
Messire, je dois vous apprendre que je suis un aéromancien, autrement dit, je maitrise l'élément de l'air: en ce qui concerne la coupe du bois, je pourrais bien aider à abattre un arbre mais la coupe en tronçon me demanderait un peu de recherches et d'entrainement je pense. Pour ce qui sera d'éteindre les incendies, j'apprends en ce moment-même l'hydromancie, et je maîtrise les bases...

Je suis également un magicien de l’immatériel et je vais créer un miroir, de façon à être protégé, vous pouvez commencer quand vous voulez.

L'homme était donc également un mage, de l'immatériel cependant: c'est donc pour cela qu'il était si ouvert apparemment: il était directement concerné par les troubles concernant les mages. Il venait cependant de me révéler son plus grand secret, sa position politique serait en effet intenable sur tous les plans si l'ont venait à apprendre qu'il est un mage. Cela posait néanmoins une question des plus épineuses: comment un fils de nobles péninsulaires a-t-il pu être introduit aux arts magiques? Ses parents avaient-ils fait venir un mage en leur temps? Peu probable au vu de la méfiance générale envers les mages et en plus, il y aurait déjà des magiciens à la cour des Pengriffon. Les connaissances magiques du Seigneur me laissaient perplexes mais j'avais pour le moment un objectif à atteindre.

Le moment de surprise passé, ma concentration redoubla, non plus sur environnement mais sur mes sensations du monde exterieur, je ressentais dans l'air une certaine humidité: parfait, le sort n'en sera que plus simple. Je fis doucement tourner mon bâton en sentant la magie s'y accumuler avant de modéliser tout ceci sous forme d'eau qui formait un cercle en haut de mon bâton, que je fis ensuite pointer vers un mur. L'élément suivi la trajectoire donnée par mon focalisateur et partit s'écraser contre le mur. Certes la démonstration manquait de panache, mais je préférais un sort basique lancé à la perfection et peu gourmand en énergie qu'une grande démonstration qui m'aurait complètement vidé de mes forces.

Voici un avant-gout de mes capacités en hydromancie. Vous me parliez du combat tout à l'heure, je dois vous avouez que tuer ne fait pas partie de mon expérience, cependant, je suis tout à fait capable de neutraliser un homme.

Pour la démonstration de mes capacités au combat, je préférais éviter de détruire la grange ni d'y mettre le feu, il me faudrait donc user de capacités avec un potentiel destructeur bien moins élevé, de plus, je gardais dans un coin de ma tête l'idée qu'il faudrait peut-être fuir à un moment et donc qu'il me serait nécessaire de pouvoir encore lancer des sorts. Je jetais un rapide coup d'oeil au miroir du noble et remarquais que s'il arrêterait sans soucis un coup d'épée, il serait d'une solidité toute relative face à la magie. j'avais déjà pu remarquer que la magie avait tendance à se déstabiliser lorsque entrais en contact avec une autre forme de magie.

Je me reconcentrais donc, cette fois-ci sur l'air qui m'entourais et je le canalisais à l'extrémité terrestre de mon bâton: si j'aurais été capable de produire une puissante "vague" d'air qui aurait projeté le noble en arrière et brisé son miroir, j'obtais finalement pour le spectacle et je concentrais plutôt une sphère de foudre et moins de trois secondes plus tard, je frappais le sol avec cette sphère dont on vit l'énergie s'échapper et parcourir toute la grange à grande vitesse. J'avais dosé le sort à la perfection et, comme prévu, le miroir se brisa et, selon mon désir la foudre a du engourdir légèrement ses jambes. Je préférais cependant qu'il ne le prenne pas comme une agression et me justifiait immédiatement:

Messire, vous comprendrez que pour vous montrez mes capacités au combat, il m'était nécessaire de vous faire expérimenter un avant-gout de mon savoir. Sachez simplement que je n'ai mis qu'une petite partie de mes capacités dans cette attaque.

Je venais de jouer dangereusement avec le Seigneur: si celui-ci s'en offusquait, bien que je n'aurais aucun mal à le battre en duel grâce à la magie, il ne m’intéressait que peu d'avoir les forces péninsulaires de chaque Seigneur détestant les mages (c'est à dire beaucoup) aux trousses pour avoir attaqué un noble.

J’ai donc en face de moi un aéromancien, magie que je connais mal, et qui en plus apprend les bases de l’hydromancie ! Je vais faire affaire avec une perle rare, et je suis impatient de voir ce qu’il va incanter. Le début n’est pas particulièrement impressionnant car mon invité se contente de remuer son bâton, mais bien vite une grande quantité d’eau s’y accumule puis d’un geste rapide, le mage l’envoie s’écraser contre un mur, avec une grande violence. Je pense que si un homme s’était tenu entre le mage et sa cible, il aurait été assommé ou même pire.

De plus, savoir créer de l’eau peut être très utile en cas d’incendie, et c’est quelque chose, qui dans nos régions avec beaucoup de maisons en bois, y compris mon château qui ne possède pour le moment que des murs d’enceinte en pierre est un atout très précieux. Mais alors que je m’apprêtais à féliciter le jeune homme, un nuage se forme autour de son bâton, mais au lieu de le projeter comme pour le premier sort, il frappe par terre et de l’énergie passe par le sol et je tombe au sol immédiatement, mes jambes ne me supportant plus, tandis que le miroir qui était censé me protéger, vole en éclats !

C’est là une démonstration particulièrement impressionnante et je vois immédiatement qu’ainsi, nous pouvons mettre hors d’état de nuire des ennemis, sans les tuer ou les blesser sérieusement. Aedrin m’explique ensuite que je n’ai vu là, qu’une petite partie de sa puissance ! J’ai devant moi un maître de la magie, qui a sans doute pu étudier de manière beaucoup plus libre que moi.

Je me relève doucement, mais mes jambes vont mieux, et j’arrive à rester debout. Je ne peux m’empêcher de lui dire :

Je pense que la démonstration est suffisante, vous avez été beaucoup plus assidus que moi dans vos études pour atteindre ce niveau de connaissance. Comment avez-vous fait ?

C’est en effet une réalité, j’ai passé plus de temps à me cacher avec mon oncle qu’à réellement lancé des sorts, alors que le plus souvent, la maitrise vient avec la pratique. Le fait d’avoir une grange comme terrain d’entrainement est un véritable luxe, mais la personne que j’ai en face en moi a du bénéficier d’installation similaire voir même supérieur pendant son apprentissage des sortilèges. Je continu ensuite notre discussion :

Que demandez-vous pour rester sur mes terres ? Je peux vous héberger au château ou même vous accorder une petite maison dans le village, et vous verser une indemnité pour votre aide.

Je sais que mon domaine n’est pas grand, mais un des villageois vient de mourir et comme il n’avait pas de famille, sa maison revient au seigneur, local, c’est-à-dire moi. De plus, j’ai les ressources financières suffisante pour lui assurer un train de vie confortable, mais pas plus. Maintenant c’est à lui de décider, ce qu’il veut faire de sa vie, je continue la discussion en lui disant :

Vous aurez également libre accès à la grange et ma petite bibliothèque et tout ce dont vous jugerez nécessaire à la pratique du Grand Art.

Voilà, je pense maintenant avoir tout dit et je fixe droit dans les yeux mon interlocuteur. Si ce dernier refuse mes propositions, je ne lui en voudrais pas, car avec ses capacités un riche marchand du sud pourrait le prendre comme garde du corps et le payer bien mieux que ce je pourrais.

Fier de ma démonstration, je laissais le noble se relever lentement, se sentant à nouveau porté par ses jambes bien que j'imaginais sans peine les fourmis qui devaient les traverser. L'homme à peine remis sur pied, pris la parole:

Je pense que la démonstration est suffisante, vous avez été beaucoup plus assidus que moi dans vos études pour atteindre ce niveau de connaissance. Comment avez-vous fait ?

Suffisante? Il est vrai que je ne m'étais pas mis à fond mais j'espérais avoir un peu impressionner l'homme par le dernier sort que j'avais lancé à travers la grange. Mais j'imagine qu'il n'est pas l'heure pour l'ego et de toute façon, ceci m'importe peu, mes sorts avaient été parfaits à la fois dans l'exécution et dans le dosage qui avait été très exactement celui désiré.

Messire, je ne sais pas si je fus meilleur élève que vous mais je dois dire que la magie m'est enseignée depuis l'âge de dix ans et hormis quelques sciences auxquelles j'ai été initié, c'est l'unique domaine vers lequel mon éducation a été portée. De plus, après l'accueil à Missède d'un grand nombre de mages, des maitres de l'aéromancie ont parfait mon apprentissage de même que des maitres de l'hydromancie m'en ont appris les bases. Je n'ai été libéré d'apprentissage que très récemment contrairement à vous qui régnez depuis déjà quelques années parait-il. J'imagine que règne et magie ne sont que difficilement conciliables.

C'est vrai qu'à partir du moment où la magie était pleinement acceptée en Missède, mon entrainement avait pris un sérieux coup de fouet: les entrainements ne se faisaient plus cachés et pouvaient se permettre d'être bien plus intenses qu'avant car il n'y avait pas le risque d'être découverts et poursuivis alors que nous étions épuisés par les récentes manipulations magiques. J'étais cependant curieux de savoir comment un noble péninsulaire avait bien pu apprendre la magie mais je gardais la question pour plus tard car le noble poursuivi:

Que demandez-vous pour rester sur mes terres ? Je peux vous héberger au château ou même vous accorder une petite maison dans le village, et vous verser une indemnité pour votre aide.

Voilà à présent le moment que j'attendais avec impatience: l'homme se proposait de lui-même de m'héberger et de financer mes activités. Une certaine joie s'empara de moi: enfin ce rêve se réalisais! Un noble péninsulaire voulait me prendre à son service! Et il me demandait ce que je désirais en échange de ceci! Je ne savais que dire et il me fallut un petit moment de réflexion avant de savoir ce que je voulais exactement:

Messire, j'accepte votre généreuse offre et ce serait un grand honneur que vous m'hébergiez dans votre château. Je ne demande pas grand-chose si ce n'est le couvert, quelques affaires en cas de besoin dans mes recherches et le droit de vous accompagner dans certains déplacements diplomatiques que je choisirai.

Ma demande de rester au château n'était pas innocente: ainsi, je resterai au courant des tractations dans le domaine quelles qu'elles soient et surtout je serai prévenu s'il venait à quelqu'un l'idée de s'en prendre aux mages. La maison dans le village était également une belle proposition mais dans ma position, elle pouvait s'avérer dangereuse si les villageois les plus virulents envers la magie apprenaient que j'étais un mage. Cette décision venait donc avant tout de ma paranoïa mais aussi de mon envie de profiter des bienfaits de la vie de château et des savoirs que celui-ci semblait renfermer.
Quant aux déplacements diplomatiques, ils tenaient surtout à mon envie d'observer de l'intérieur l'évolution des choses dans la Péninsule mais aussi et surtout à mon envie de découvrir si d'autres Seigneurs possédaient de grandes bibliothèques dans lesquelles ma soif de connaissances pourrait s'étancher un temps.

Le noble m'assura également un total accès à sa bibliothèque ainsi qu'a sa grange afin de pratiquer la magie, ce qui me sembla être excellent même si je pense que cette dernière aurait peut-être besoin de modifications mais il s'agit de questions que je poserai en temps voulus.

Le jeune homme qui me fait face semble vouloir se confier un peu plus et je comprends maintenant d’où vient sa maitrise, pouvoir commencer sa formation à dix ans et apprendre en toute liberté avec les mages de Missède ! Je dois avouer que je suis un peu jaloux de son passé, car j’aurais volontiers fait la même chose.

Il ajoute quelque chose qui me fais sourire, en m’indiquant que je règne depuis quelques années, ce qui n’est pas vraiment le cas, puisque cela fait seulement quatre jours ! Mais il a raison sur un point, je pratique très peu depuis que je suis arrivé dans le Médian et je ne pense pas que je pourrais encore plus progresser. Il y a tant de chose que je dois apprendre, tel que la gestion des comptes, l’apprentissage de l’agriculture, la liste est sans fin et dès que je connais quelque chose, il y a en a deux autres qui me semble indispensable.

Lorsque mon interlocuteur accepte d’être à mon service, mon cœur se remplit de fierté, avec une personne de cet acabit à mes côtés, rien ne sera impossible ! Je peux donc lui répondre en toute sincérité :

Vous serez donc logé au château, j’ai un petit appartement doté d’une chambre et d’un petit salon attenant qui vous sera réservé. Avez-vous des affaires à faire chercher ? Si ce n’est pas le cas et que vous souhaitez faire des achats, je dois aller à Hautval, la principale ville des environs demain, elle n’est qu’à quelques heures de cheval.

C’est alors que je pense à autre chose :

Savez-vous monter à cheval ? Car j’ai aussi une charrette si besoin. Enfin, vous pouvez piocher librement dans ma bourse pour vos petits achats, toutefois en cas de fourniture importante, tel que des livres, il faudra m’en parler avant.

En effet, mon domaine rapporte de l’argent, mais il ne faut pas dépenser sans compter. Les livres coûtent horriblement cher et ont toujours représenter d’ailleurs ma principale source de dépense, mais je ne regrette pas, j’ai quand même une cinquantaine d’exemplaire, tous rares et précieux !

Enfin, avez-vous des choses à ajouter ? Une fois que nous quitterons cet endroit, nous ne pourrons plus parler de magie afin d’éviter tout risque d’être entendu, personne au château ou même au village ne connait mes dons, et j’apprécierais qu’il en reste ainsi.

C’est malheureusement ma réalité aujourd’hui et je dois être prudent avec les serviteurs et tous les gens qui m’entoure, comme je l’avais dit au mage Nakor. D’ailleurs parler de lui me fais penser à autre chose et je demande au mage :

Est-ce vous faire partie de la guilde appelé le Firmament et l’archimage Nakor ?

C’est en effet le genre d’organisation que devrait connaitre l’arcaniste, car ce serait très avantageux pour lui, aussi bien pour le partage des connaissance que la possibilité de côtoyer de puissants utilisateur du Grand Art et apprendre d'eux.

L'homme sourit un peu lors de mes explications quand à mes capacités magiques et au fait que lui-même ne jouissait pas des mêmes possibilités. J'imagine m'être trompé lorsque je parlais de son passé ou de lui-même mais le noble ne sembla pas s'en offusquer puisqu'il n'y fit aucune remarque, tout juste ce sourire. Très vite, il prit la parole quand à mes demandes pour mon "entrée en services" si je puis dire.

Vous serez donc logé au château, j’ai un petit appartement doté d’une chambre et d’un petit salon attenant qui vous sera réservé. Avez-vous des affaires à faire chercher ? Si ce n’est pas le cas et que vous souhaitez faire des achats, je dois aller à Hautval, la principale ville des environs demain, elle n’est qu’à quelques heures de cheval.

Parfait, c'était bien plus que je ne l'espérais: ce petit salon me servirait fortement car bien qu'il s'agissait de beaucoup plus que ce que je ne demandais, ce serait un endroit parfait pour accueillir d'éventuels invités qui, je pense, se limiteront à des maitres magiques que j'inviterai de part et d'autres de la Péninsule afin que nous partagions nos connaissances dans le calme et le secret surtout. J'étais sur le point de remercier mon interlocuteur pour cette généreuse offre lorsque celui-ci reprit la parole:

Savez-vous monter à cheval ? Car j’ai aussi une charrette si besoin. Enfin, vous pouvez piocher librement dans ma bourse pour vos petits achats, toutefois en cas de fourniture importante, tel que des livres, il faudra m’en parler avant.

On me proposait à présent le libre accès à la bourse d'un Seigneur: si je n'avais que peu de besoins matérialistes, il faut admettre que dans mes recherches cet argent pourrait être d'un grand secours surtout si un jour je réalise ce vieux rêve de m'essayer à l'alchimie.
Le noble conclut la tirade de ses propositions en reprenant la parole après un bref souffle:

Enfin, avez-vous des choses à ajouter ? Une fois que nous quitterons cet endroit, nous ne pourrons plus parler de magie afin d’éviter tout risque d’être entendu, personne au château ou même au village ne connait mes dons, et j’apprécierais qu’il en reste ainsi.

La demande de l'homme était plus que légitime, en tant que seigneur Péninsulaire, surtout l'un de ceux du Médian, il n'était que peu probable qu'il puisse garder la face si l'on venait à apprendre que c'était un mage tant ceux-ci étaient mal vus dans le pays. On l'aurait pris pour un fou, un dangereux et il aurait perdu tout ce que ses ancêtres avaient bâtis.

Messire, vous m'offrez là bien plus que je ne demande et ce serait un immense plaisir que de vous accompagnez à Hautval demain. Je monterai à cheval sans aucun soucis, j'ai reçu les bases de l'équitation par mon maitre mais je suis encore un peu maladroit. Je comprends parfaitement que les livres représentent une horrible source de dépenses mais ne vous en inquiétez pas, ma consommation de ceux-ci est très lente car il me faut généralement plusieurs mois pour parfaitement assimiler toutes les informations dont ils regorgent et encore plus s'il est question de maitriser tout ceci.

Je ne pensais pas avoir quoi que ce soit à ajouter et dans le pire des cas, il me serait certainement simple de reparler de magie en dehors de cette grange avec le noble sans pour autant que l'on nous surprenne. Je ne sais cependant pas ce qu'il se passait dans la tête de l'homme car celui-ci changea de sujet presque immédiatement:

Est-ce vous faites partie de la guilde appelé le Firmament et l’archimage Nakor ?

Ce nom de guilde me disait quelque chose, et quand j'entendis le nom qui y était associé, je sus immédiatement de qui nous parlions. Evidemment que je connaissais Nakor! A Missède, j'avais eu l'occasion de rencontrer plusieurs mages de sa guilde, tous plus doués les uns que les autres. Ils parlaient souvent de leur admiration pour leur maitre. A raison d'ailleurs puisque, de ce que j'en compris, il avait une philosophie des plus dignes vis-à-vis de la magie, pronant le partage des connaissances, l'acquisition de celles-ci dans la sécurité et surtout le retour des mages en Péninsule.

A Missède, j'ai pu discuter avec nombre de ses disciples mais je n'ai jamais eu l'occasion d'entrer dans sa guilde.

Puisque nous sommes d’accord, j’indique à mon compagnon de magie :

Parfais, vous êtes officiellement au service de la famille Pengriffon, qui se compose de ma personne et de nombreux cousins, oncles, tantes et autres dont le domaine est à Soltariel. Vous avez raté l’archimage Nakor de peu, car il était là hier, mais il m’a assuré qu’il reviendrait sous peu et je vous le présenterai sans faute.

Je lui rapporterai plus tard ces propos, car je n’ai moi-même pas encore tout assimilé, et nous sortons de la grange, pour nous diriger vers le château. Au bout de quelques dizaines de minutes de marche, où j’apprends à mieux connaître mon interlocuteur, nous arrivons au château qui est bien fortifié et situé au somment d'une petite colline possède des murailles en pierre et cela permet d'avoir une bonne vision des alentours. Il possède également un fossé et seul un remblai permet de passer la porte. A l'intérieur se trouve une petite cour où une écurie permet aux chevaux de se reposer.
Perceval Gallick, le chef des gardes et le Sénéchal Jacques Beauregard nous accueillent et je leur présente le jeune sorcier de la manière suivante :

Voici, un Aedrin Thems, un lointain cousin qui est venu me rendre visite. Il logera au château pendant un temps encore indéterminé.

Puis je me tourne vers Arthur, mon page, qui vient d’arriver :

Merci de préparer la chambre à côté de la mienne, de plus, sir Thems m’accompagnera à Hautval demain, veuillez lui préparer un cheval pour cette occasion.

Je vois les trois hommes s’incliner légèrement à mes paroles et nous entrons ainsi dans la salle à manger qui sert également de salle du trône, car une fois les tables mis sur le côté, elle est plutôt grande et peux facilement accueillir une cinquantaine de convive.

J’en profite pour lui montrer la porte de mes appartements privés, situé tout en haut du bâtiment, ils sont bien trop grands pour un homme seul et contiennent une grande baignoire en cuivre que j’utilise souvent.

A côté se trouve le petit salon il s’agit juste d’une pièce avec une toute petite bibliothèque, et je lui montre avec fierté le meuble ou l’on peut voir une cinquantaine de livres sur différents sujets tel que l'histoire, l'ésotérisme, l'architecture, l'herboristerie, ou encore la peinture. Je lui indique également :

Habituellement c’est l’endroit où je peux exercer ma magie à l’abri des regards indiscrets. Il faudrait que j’achète des livres sur la spécialité qui sont les nôtres, mais j’avais peur de traiter avec un vendeur malhonnête qui m’aurais fait chanter après coup.

Je m’arrête un moment, car c’est une des craintes que j’ai en permanence, celle que des gens mal intentionné apprennent mon secret et en profite pour me soutirer de l’argent. Je reprends après coup :

C’est une des nombreuses taches, que j’aimerais vous charger, qu’en pensez-vous ? Je vous laisse le temps d’y réfléchir, en attendant, la journée est bien avancé, que diriez-vous d’aller déjeuner ? Nous pouvons manger au château ou à l’auberge, je vous laisse le choix.

Le noble prit quelques instants pour assimiler les derniers évènements, ou du moins c'est ainsi que je le perçu avant de m'annoncer fièrement:

Parfait, vous êtes officiellement au service de la famille Pengriffon, qui se compose de ma personne et de nombreux cousins, oncles, tantes et autres dont le domaine est à Soltariel. Vous avez raté l’archimage Nakor de peu, car il était là hier, mais il m’a assuré qu’il reviendrait sous peu et je vous le présenterai sans faute.

A ces mots, je m'emplis d'une joie indescriptible: j'avais atteint mon objectif, j'étais au service d'un Seigneur Péninsulaire qui allait financer mes recherches magiques et ce en échange de la pratique de celle-ci, ce qui me permettrai à la fois de m'entrainer en situation et d'expérimenter diverses choses. J'étais cependant déçu d'avoir raté l'opportunité de rencontre avec l'archimage Nakor car ses connaissances m'auraient probablement été d'une grande aide et m'auraient fait progresser à une vitesse incroyable. Cependant, je me consolai un peu en me disant qu'il reviendrait bientôt et que je pourrai à ce moment-là l'assaillir de question comme bon me semblera.

Nous nous dirigeâmes ensuite vers le château et le noble profita de cette marche pour discuter de choses et d'autres certainement dans le but de me cerner et de savoir exactement qui j'étais et tout ce qui pouvais me concerner actuellement. Après une marche qui dura non loin d'une heure, nous arrivions au château qui était réellement bien fortifié et difficile d'accès. Il se voyait probablement de très loin et voyait également au loin, je me dit furtivement qu'il faudrait un jour que je monte en haut d'une de ces tours et que j'observe le paysage.

Nous sommes accueillis par deux hommes dont l'un est celui qui accompagnait le noble à l'auberge et je fus ainsi présenté à eux:

Voici, un Aedrin Thems, un lointain cousin qui est venu me rendre visite. Il logera au château pendant un temps encore indéterminé.

C'est donc ainsi qu'il décida d'expliquer ma présence: par un mensonge. Je ne sais pas si l'homme qui était également à l'auberge a cru cette histoire mais pour l'instant il faudrait que je me présente ainsi si l'on me demandait ce que je faisais à la cour. Ce mensonge me faisait me questionner sur une chose: le jour où les mages seront officialisés dans ce domaine, quel sera mon statut? Le Seigneur admettra-t-il avoir menti et avoir fait entrer des mages en cachette dans le château? Comment le prendra le peuple? Sa cour? D'ordinaire, ces questions ne m'auraient pas intéressé mais ici c'était directement ma vie qui était potentiellement en danger, ce qui fit étrangement grimper l'intérêt que je portais à ces questions.
Un jeune homme se présenta ensuite et je l'identifiai comme le page de Fabius car celui-ci lui demanda de préparer ce qui sera probablement ma chambre. Les trois hommes s'inclinent et se dispersent, tandis que nous entrons dans le château, le noble me fait visiter celui-ci: je remarque que salle du trône et salle à manger se confondent et je ne saurais dire s'il s'agit d'un manque d'espace pour en faire deux pièces séparées ou s'il s'agit d'une volonté esthétique qui permet au Seigneur des lieux d'impressionner ses invités lors des réceptions. Je visitai ensuite les appartements privés de Fabius qui étaient forts spacieux et je dois dire que la surprise venait de la bibliothèque: réunir ainsi une cinquantaine de livre sur tant de sujets avaient du demander un temps et surtout une somme d'argent colossal. De plus, voir ainsi un noble Péninsulaire s'intéresser à la littérature était chose rare.

Messire, c'est là une belle collection que vous avez là! Il est fort probable que je vous emprunte quelques uns de ces ouvrages!

L'homme semblait fier de sa collection et il le pouvait! Posséder tant et à propos de sujets si variées montrait un grand raffinement de la part du noble, ça me rappellerait presque les nobles du Sud qui recherchaient toujours le plus grand des conforts et du luxe: là-bas il est bien plus intéressant d'impressionner ses invités que de les provoquer en duel comme l'on fait dans le Nord.

Habituellement c’est l’endroit où je peux exercer ma magie à l’abri des regards indiscrets. Il faudrait que j’achète des livres sur les spécialités qui sont les nôtres, mais j’avais peur de traiter avec un vendeur malhonnête qui m’aurais fait chanter après coup.

Ainsi donc, il profite de cet endroit afin d'y pratiquer la magie, moi qui cherchait tout à l'heure à lui parler de magie au château, je venais de trouver l'endroit idéal! Sa crainte quand aux vendeur était plus que justifiée et rares étaient les marchands désintéressés de faire chanter un Seigneur car c'était la promesse de faire fortune tant que les éventuels assassins de celui-ci ne vous trouvaient pas.

C’est une des nombreuses taches, que j’aimerais vous charger, qu’en pensez-vous ? Je vous laisse le temps d’y réfléchir, en attendant, la journée est bien avancé, que diriez-vous d’aller déjeuner ? Nous pouvons manger au château ou à l’auberge, je vous laisse le choix.

J'y réfléchissais un peu, faire ainsi des affaires magiques en Péninsule était risqué mais ceci me permettrait à coup sur d'avancer bien plus vite. Me vint une idée afin de nous protéger quand à l'achat de ces livres.

Messire, si vous me permettez l'accès à la maison dans le village dont vous me parliez précédemment, il s'agit d'une tache que j'accomplirai sans le moindre problème.

L'homme avait également évoquer le déjeuner et à ces mots, mon estomac cria famine et me supplia de me dépêcher de faire un choix afin de raccourcir le temps qui me séparait du prochain repas. Le noble m'avait laissé le choix entre le château et l'auberge et quand bien même le cuisinier du château était probablement doué, l'idée d'aller à l'auberge me tentait grandement en repensant à la superbe odeur qui s'en échappait ce matin.

Que diriez-vous que nous allions déjeuner à l'auberge Messire?

Je ne suis pas surpris en voyant l’archimage dans l’auberge, car il est l’heure du midi, et celle-ci commence à se remplir, déjà plus de la moitié des tables sont occupées. Les voyageurs et autres marchands sont majoritaires, signe que l’activité commercial se déroule bien. Le contraire m’aurait inquiété, car la principale source de revenue de mon domaine, viennent justement de cet établissement, ainsi que de la production de vin.

Je me dirige donc vers la table, disant à la personne avec qui je voulais manger :

Je vais pouvoir vous présentez Nakor, nous avons de la chance.

Une fois arrivé devant le vieil homme, je lui présente le jeune homme :

Sir Nakor, je vous présente Aedrin Thems qui vient de décider de se mettre à mon service, nous avons un peu parlé de vous et il a annoncé avoir pu rencontrer certain de vos disciples.

En effet, c’était un des nombreux sujets qui avait été abordé, lors de l’entretien d‘embauche que je lui avais fais passer. Je remarque également que comme à son habitude, il n’a rien commandé à manger et j’avise Jasmine, la serveuse, pour qu’elle prenne notre commande. Cette dernière arrive avec empressement avec un plus large sourire que d’habitude, mais qui ne m’est pas destiné. Ayant trop faim pour creuser plus cette curieuse situation, je lui commande :

Veuillez nous faire servir deux lapins avec des pommes de terre, le tout agrémenté d’une bouteille de vin du pays.

Je m’assieds à table, indiquant à Aedrin qu’il peut faire de même, puis je pose une question au plus grand sorcier de la Péninsule :

J’avais prévu d’aller demain à Hautval pour faire quelques achats, mais puisque vous êtes présent, que diriez-vous de nous accompagner cet après-midi ? Nous pourrons ainsi deviser plus tranquillement sur la route.

Il est vrai que discuter magie au beau milieu de personnes dont certains sont mes sujets, est une bien mauvaise idée. De plus, je tiens toujours à ce que l’utilisateur du Grand Art, m’explique comment mieux retrouver mes forces magiques grâce à la méditation.

Nous partîmes presque immédiatement du château afin de nous diriger vers l'auberge dans laquelle nous nous étions rencontrés le matin-même. En entrant dans celle-ci, je remarquais que l'agitation s'y était fortement intensifiée et plus de la moitié de la salle était maintenant remplie. Lorsque nous pénétrâmes dans l'établissement, Fabius fut abordé par un vieil homme dont je fus incapable de donner l'âge.

Et bien décidemment Monseigneur!

Le noble sembla le reconnaitre et se dirigea vers la table tout en m'indiquant qui était cette personne:

Je vais pouvoir vous présentez Nakor, nous avons de la chance.

A ces mots j'eus le souffle coupé. Ainsi donc, un jeune mage sans réelle envergure tel que moi allait avoir l'honneur de rencontrer Nakor, le plus grand archimage du monde, en tout cas selon ses disciples. Je me sentis comme un enfant timide à qui on présente quelqu'un d'important, je voulais me cacher, je n'osais rien faire et avais peur de me comporter d'une façon qui aurait pu déplaire au Maitre.

Sir Nakor, je vous présente Aedrin Thems qui vient de décider de se mettre à mon service, nous avons un peu parlé de vous et il a annoncé avoir pu rencontrer certain de vos disciples.
Effectivement, les termes étaient plus que bien choisies puisque j'étais au service du noble depuis moins de deux heures et effectivement le peu n'avait été limité qu'à une évocation de son nom et de sa guilde. Ses capacités et exploits étant bien trop connus de toutes personnes de près ou de loin liées à la magie, c'est presque radoter que de les énumérer. Toujours est-il que je ne tenais pas en place malgré mes efforts pour me contenir et lorsque Fabius appela Jasmine, je remarquai à peine son large sourire et lui répondit également par un sourire timide tandis que le noble passait commande. Il s'assit ensuite en me signifiant que je le pouvais également d'un signe de la main. avant de regarder l'archimage assit en face de nous:

J’avais prévu d’aller demain à Hautval pour faire quelques achats, mais puisque vous êtes présent, que diriez-vous de nous accompagner cet après-midi ? Nous pourrons ainsi deviser plus tranquillement sur la route.

J'imagine que celui qui était désormais mon suzerain pensait à demi-mots à une discussion à propos de la magie mais je ne tenais pas en place et je ne pus m'empêcher d'en parler, quand bien même à demi-mots, comme un enfant surexcité:

Maitre, pardonnez mon indiscrétion mais combien de temps resterez-vous dans la région, il y a tant de choses que j'aimerai vous demander.

Je replongeais définitivement en enfance et ne pouvais m'empêcher d'être nerveux face à un si grand homme et je me sentis commencer à trifouiller mon bâton tant la nervosité me tenait.

Je souris à la réaction qu’à Aedrins devant l’archimage, car j’ai exactement eu la même ! J’ai eu moi aussi le souffle coupé devant cette légende vivante et une envie de lui poser mille questions à la minute. La discussion commence bien, quand Nakor m’indique que je veux faire de l’ombre à sa propre organisation, je ris à cette idée, mais qui ne me semble pas si idiot que çà après tout, je devrais peut-être y réfléchir.

Mais ce n’est pas le moment d’y penser, car le grand mage se présente de façon décontractée, comme d’habitude, et accepte même, après quelques minutes de réflexion de nous accompagner à Hautval, et c’est une bonne chose, car parler magie dans ce lieu fréquenté, me met mal à l’aise. Je ne sais ce qu’il va faire à Diantra, mais la capitale régionale est sur le chemin y menant, il ne va donc pas perdre de temps.

Je bois un verre de vin en même temps que le vieil homme, pour l’accompagner dans son toast. Notre entretien se poursuit mais je laisse l’arcaniste répondre à la question qu’on lui pose, sans intervenir, car je vois Jasmine nous ramener notre plat et dès que celui-ci est posé sur la table, je commence à manger à belle dents le lapin, qui est vraiment excellent.

Une fois mon repas engloutit, je m’excuse après de mes deux compagnons et je sors de l’établissement. Comme je m’y attendais, un des gardes de mon domaine est présent, je peux remercier Perceval Gallick pour qu’il y a ait toujours un soldats proche de moi, et je lui demande :

Pierre, pouvez-vous demander 3 chevaux, nous allons à Hautval avec mon cousin et un autre invité. De plus trois hommes dont Perceval nous suivrons à distance raisonnable, vous lui direz que je pars à l’aller avec le mage le plus puissant de la Péninsule, je n’ai nul besoin de protection supplémentaire.

Le soldat salut de manière réglementaire et part exécuter ce que je lui demande sans attendre. C’est donc rassuré que je rejoins mon groupe afin de leur dire :

Les chevaux seront devant la taverne dans une dizaine de minutes, quelqu’un veut du dessert ? Il me semble avoir sentit en passant, une odeur de tarte de pomme.

Je souris en prononçant ces derniers mots, car c’est mon plat préféré.

Le mage sembla être amusé par mon état face à lui et il prit un air très paternel:

"Allons allons mon garçon, décontractez-vous. Je ne suis le maître de rien, appelez donc moi simplement Nakor. Quand à votre question..."

Il fit une pause tandis que Jasmine apportait la commande faite par Fabius avant de reprendre après un gloussement:

Où en étais-je? Oui, votre question ... votre question à tous les deux en fait! Et bien, ma destination finale, pour le moment est Diantra. Mais ... après tout, un jour ou deux de plus ne fera pas disparaître la belle cité.

Ma curiosité me demandait, me hurlait (fichue nature…) de lui demander: pourquoi aller à Diantra? Pour être accueilli par des nobles et un peuple qui ne voit qu'avec méfiance sinon agressivité les mages? L'archimage finit par boire son verre d'une traite:

Alors messieurs c'est décidé, je viens avec vous ... et je lève mon verre à toutes les questions que vous voulez me poser et aux quelques réponses que je pourrai peut-être vous apporter.

Sur ce, il se retourna vers moi et après, me semble-t-il, m'avoir étudié rapidement mais non moins sérieusement avant de reprendre la parole:

Vous avez l'air vigoureux et dans la force de l'âge ... une trentaine d'année sans doute ... mais peut-être encore un tout petit peu trop de fébrilité ... Arcaniste depuis peu?  

Vous avez l'œil, Maitre Nakor, effectivement, je n'ai été libéré de l'enseignement il y a quelques semaines tout juste.

Peu après, Fabius finit son repas et, s'excusant, sorti de l'auberge. Tandis que le seigneur s'éloignait, je demandais à l'archimage:

Pardonnez mon indiscrétion, mais qu'est-ce qui peut vous attirer à Diantra? Tous là-bas sont hostiles aux mages.

j'attendais la réponse de Nakor alors que Fabius revenait à la table:

Les chevaux seront devant la taverne dans une dizaine de minutes, quelqu’un veut du dessert ? Il me semble avoir sentit en passant, une odeur de tarte de pomme.

Cette proposition attisait ma gourmandise et j'acceptais avec un franc plaisir l'offre du Seigneur.

Suite aux paroles de l’Archimage qui n’aime pas ce plat, je commande deux parts de tartes aux pommes à Jasmine, qui comme par hasard était tout prêt de notre table. De toute évidence, pendant que je m’étais absenté, les deux mages ont dû aborder de nombreux sujets, y compris les raisons du voyage de Nakor, car celui-ci nous indique qu’il va à la capitale pour promouvoir la magie !

C’est une noble mission, même si j’ai du mal à voir, comment il va faire, mais en l’espaces de plusieurs siècles, il a certainement peaufiné de nombreuses méthodes pour réussir ses projets. Il y a également une autre mission, mais elle est secrète, je n’insiste pas donc par sur ce point.
C’est ensuite à mon tour d’être questionné, et je réponds de manière tout à fais sérieusement :

J’y vais avant tout pour m’acheter un nouveau lit ! Car bien que le Médian est censé être le summum de la culture, ce n’est pas le cas du confort, même le plus élémentaire. Et je ne parle même pas des couvertures, rêche comme si la laine qui les constitues avait été posé en tas directement.

Je sais que j’exagère, car quand j’étais enfant, ce genre de chose ne me dérangeait pas, mais depuis cette époque, j’ai connu le confort du sud et je ne veux plus m’en passer, je pourrai même dire que je ne peux plus m’en passer. Le souvenir d’un lit plus agréable me fait sourire et je continu :

J’espère acheter quelques livres, et il me faut également prendre du thé, le mieux serait de le commander à un marchand qui part ou revient du Nord, pour en avoir régulièrement.

Je suis en effet un grand amateur de ce breuvage, que j’ai également connu chez mon oncle. Tout en parlant, j’ai fini mon dessert et après avoir laissé quelques pièces sur la table pour payer le repas de tout le monde, je me lève, en indiquant à mes compagnons :

Si vous avez fini, nous allons pouvoir partir, j’aimerais arriver là-bas avant que les boutiques ferment.

En effet, il faut environ deux heures de cheval pour arriver à Hautval, si tout va bien, et ce serait ballot que tous les marchands aient remballé.

J’attends qu’ils se lèvent avant de quitter l’auberge et commencer notre voyage.

Le Seigneur se rasseyait à sa place tandis que Nakor expliquait les raisons de son voyage vers Diantra: la ville rayonnant dans tout le royaume, c'est le premier objectif de quiquonque désirerait modifier la vision qu'ont les gens de la magie. Au vu de son talent, je ne me fais aucun soucis de ses capacités dans un milieu hostile. Ce qui me fasine le plus chez cet homme, c'est sa détermination à toute épreuve: malgré son grand age et tout ce qu'il a pu voir dans sa vie, je lis en lui encore une grande malice et une profonde volonté, inébranlable, il s'agit probablement d'un objectif qu'il a depuis plusieurs siècles et l'on aurait pu imaginer une certaine lassitude chez lui mais non, il est encore plein de vie et s'affaire de toute sa force à redonner l'image que la magie mérite en Péninsule. L'archimage évoque également une "affaire secrète" que je préfère ne pas creuser davantage tandis que le dessert est servi. Tandis que j'entamai la tarte, le vieil homme repris:

Et vous Monseigneur, qu'allez-vous faire à Hautval? Et vous Aedrin, qu'allez-vous faire au service du seigneur Pengriffon?

C'est Fabius qui prit le premier la parole, évoquant son désir d'achat de fournitures avant tout de confort mais aussi des livres avant de finir en demandant expressément notre départ au vu de l'heure avancée de la journée tandis que je me hatais de finir ma part de tarte. C'est en me levant que je répondis au mage:

Le Seigneur Pengriffon m'offre le gite et le couvert ainsi qu'une protection quant à mes activités magiques en échanges de services divers sur son domaine allant de l'aide aux paysans jusqu'à la protection des routes.

Evoquer cette situation me rappelai à mes devoirs et je commençais machinalement à réfléchir déjà aux diverses services que je pourrai rendre ainsi qu'au programme de recherche et d'entrainement que j'allais mettre en place: c'était la principale raison pour laquelle j'avais accepté ce travail d'ailleurs: être financé pour mes recherches et je dois dire que j'étais plutôt bien tombé! Un seigneur péninsulaire ayant une vision progressiste de la magie et en plus qui la pratique lui-même. A coup sur, c'était une bien belle protection contre ceux qui en voudraient aux pratiquants.

Sur ce, je suivis Fabius jusque la sortie de l'auberge en remerciant Jasmine pour son accueil encore une fois chaleureux.