Panahos de la 2nde ennéade de Bàrkios
17e année du Onzième Cycle
Automne – Terrains d’entraînement militaires
Même pour toi, tout ça allait beaucoup trop vite. Avant-hier à peine, tu te livrais Corps, Cœur et Souffle aux tiens, qu’ils sachent tous ce qui t’avait animé lorsque tu donnât ta bénédiction à la démarche de restructuration des Cités, lorsque tu envoyât une part de vos armées le long de la frontière d’Annon, lorsque tu partît en direction de Thaar, et lorsque finalement tu t’abandonnât aux lubies des Ornedhels. Avant-hier à peine, tu donnais enfin aux tiens les clefs nécessaires à ceux qui ne pensaient pas comme toi pour te comprendre. Et aujourd’hui voilà que tu t’apprêtais déjà peut-être à prendre une nouvelle grande décision pour l’Anaëh.
Sauf que cette fois-ci tu agissais sans le moindre remords.
Certes, tu aurais préféré que les choses n’aient pas à s’enchaîner si rapidement. La possibilité de prendre son temps est un confort que votre peuple –
toi y compris – n’est pas sans apprécier. Seulement maintenant que ton avis sur la dynamique elfique est tout sauf un secret, t’obliger à attendre lorsque tu ne penses pas la chose absolument nécessaire ne risque plus d’être ton réflexe premier. Les Protecteurs s’y habitueront. Tu l’espères pour eux. Tu l’espères pour tout votre peuple. Des Cités plus réactives, et c’était l’une des plus grandes faiblesses de la race Sylvaine qui s’envolait.
Tu aurais tout le temps de le faire comprendre à tes collègues une fois toutes les cartes en main.
Douce réactivité des corps armés. Ce seraient eux les premiers à te suivre dans ton entreprise. Les premiers aussi à en comprendre les raisons, et peut-être même plus. Tu t’en étais retrouvé fort étonné lorsque tu appris la nouvelle, mais beaucoup de tes inquiétudes quant à la présence Drow en IthriVaan étaient partagées par Elrendil. Tu t’étais trouvé d’autant plus étonné de savoir qu’il préférait totalement prévenir –
maintenant que le Puy possédait à nouveau une base proche - une entrée Eldéenne dans vos terres que le sentiment général chez les tiens tendait à glisser vers un protectionnisme de plus en plus poussé. Les civils ne savaient pas, alors ils souhaitaient de plus en plus fermer les yeux au reste du monde, espérant que ne pas le voir suffise à le faire disparaître. Les soldats au contraire, après avoir vu tomber vos Cités et brûler la forêt ne souhaitaient qu’empêcher ces désastres de se répéter.
Glinaina t’offrait une occasion de faire exactement cela.
C’est donc focaliseur en main, et intégralement revêtu de ton armure que tu t’installas au centre de l’arène naturelle, quelques dizaines de mètres à l’extérieur des murs de la Capitale, où les soldats Lëandrins venaient livrer leurs duels d’entraînement. Les épées ne s’entrechoqueraient pas ici pour l’heure. L’exercice mènerait tes frères d’armes un peu plus loin. Seuls se trouvaient à tes côtés l’
Hestoril à ta droite et l’
Hestorn à ta gauche. Tous deux aussi parés de leurs atours de guerre. Quatre symboles pour vous unir.
Dans ton dos, tracé de rainures de cuivre dans ton armure, les larges ailes du Phoenix Daranovan.
Sculptées sur l’épaulette droite de l’Hestoril, les courtes rémiges du vivace épervier.
Taillées dans l’épaule et le brassard gauche de l’Hestorn, la tête et les serres de l’aigle.
Sur vos trois tabards, l’étoile à Sept branches symbole de l’Armée Royale.
Qu’elle soit aussi ponctuelle que promis, et ce ne serait plus qu’à peine question de minutes avant que la Reine de Naélis arrive face à vous. Et lorsqu’elle arriverait, tu espères bien qu’elle comprenne à votre attirail que pour vous –
bien qu’il en soit certainement de même pour elle – le temps n’est pas à la plaisanterie.