Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant
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Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Jeu 26 Déc 2019 - 20:33
Neyrelles
En Barkìos de l’An 17:XI, le lendemain de l’arrivée du couple ducal à Diantra.
Sur la route qui séparait Erac de Diantra, l’espiègle Neyrelles avait trépigné d’impatience, car elle avait su qu’en la cité du roi l’attendaient les siens ; elle avait pris bien garde de n’en rien dire à son seigneur et maître, qui n’avait jamais goûté l’amour pourtant naturel qu’elle continuait de leur vouer. Arcam, cependant, n’aimait rien plus que jouer ; ses Chants allaient souvent par deux et la duchesse ne devait pas échapper aux cruelles contradictions du Maître des passions. Bien des années avaient passé depuis que le devoir l’avait appelée à honorer la promesse fait par Aymeric et si son Souffle à elle n’avait eu de cesse de ce languir de cette famille perdue, elle en était parfois venue à douter qu’ils se souvinssent seulement d’elle.
Alaïs, qui savait lire sa mère bien mieux que son père ne le pourrait jamais, avait deviné sinon les craintes exactes de Neyrelles, au moins qu’il y en avait pour la tourmenter. Sensible aux humeurs de la duchesse, elle avait redoublé d’efforts pour accaparer son attention. Il était pourtant des questionnements que même toute la candeur d’une enfançonne ne sauraient museler tout à fait et bien que Neyrelles avait fait l’heur à sa fille de les lui dissimuler, ils revinrent la hanter aux heures les plus sombres de la première nuit qu’ils passèrent à Diantra. C’était donc une duchesse d’Erac fatiguée qui arpentait au lendemain de son arrivée les larges couloirs du palais du roi. Elle était entourée de sa coterie habituelle. une poignée de femmes de hautes naissances qui avaient su gagner au fil des années sa confiance et son affection. Quatre venaient du Nord et Neyrelles les connaissait depuis assez longtemps pour qu’elle prétendît ne point se souvenir avoir jamais vécu sans elles. Elles étaient des benjamines comme leur maîtresse et elles lui devaient leurs mariages et leurs bonnes fortunes. Deux étaient des dames d’Erac, de plusieurs années les aînées de Neyrelles et la duchesse les aimait surtout pour leurs conseils et leurs leçons. Deux chevaliers vassaux de Renaud accompagnaient les sept femmes et discutaient avec elles et l’un d’eux portait sur ses épaules la petite Alaïs.
« Un bon mois est passé depuis la mort de ton frère, » faisait remarquer la jeune femme qui marchait à la droite de Neyrelles tandis que le groupe progressait lentement vers leur destination. Elle s’appelait Marie et était la cadette du groupe ; quatrième fille d’un vassal des Brochant, elle considérait Neyrelles comme une grande sœur étrange et avait secrètement rêvé d’épouser Arnaud. « Le noir est-il toujours nécessaire ?
— Il ne m’a pas encore été permis de lui dire au revoir, » répondit la duchesse avec sincérité. Il lui faudrait pour cela se rendre à Sainte-Deina ; si les Cinq le lui permettraient, elle le ferait avant qu’Iben et Alm échangeassent leur place dans le ciel, ou au petit matin le lendemain si elle le devait. Elle tenait à lui rendre hommage, avant d’abandonner la robe qui avait accompagnée son deuil.
« C’est juste que… commença à répondre l’impertinente Marie avant d’hésiter — événement rare s’il en était ! Si un valet nous interrompt encore pour nous demander ce que nous faisons ici, je risque de vraiment perdre patience.
— L’humilité de la duchesse est tout à son honneur » intervint Guillaume de Morène en dardant sur Neyrelles un regard affectueux. La Serramiroise lui sourit avec gratitude avant de lever le regard sur sa fille, qui les dominait toutes ainsi juchée sur l’épaule du chevalier. L’enfançonne n’avait rien dit depuis qu’ils avaient pénétré dans le palais royal, émerveillée par ce tout ce qu’elle voyait. Il est certain que Diantra n’est pas Erac, songea-t-elle avec amusement en essayant de se remémorer ce qu’elle avait pensé de ces lieux la première fois qu’elle s’y était promenée. Diantra était réputée pour la multitude de ses tours et c’était justement vers une tour que Neyrelles voulait aujourd’hui visiter : en amont du Concile à venir, elle voulait prendre un peu de temps pour se plonger dans les chroniques de ceux qui l’avaient précédé. Elle trouverait peut-être dans les récits et minutes consignés par les mestres de l’époque quelques sagesses à dispenser à Renaud, qui lui donnait l’impression qu’il n’en aurait jamais assez. Il se trouvait que la bibliothèque vers laquelle elle dirigeait son petit monde était son lieu préféré de tout le château et elle avait extrêmement hâte de le dévoiler à Alaïs.
La capitale du Royaume était un gigantesque dédale et son palais était comme une cité dans la cité ; Neyrelles avait fait prévenir son neveu de son arrivée dès qu’elle l’avait pu et elle avait bon espoir de pouvoir enfin le retrouver quelques heures plus tard, quand la cour du Roi se réunirait. Son attente, pourtant, devait se révéler de bien plus courte durée, ainsi qu’elle s’en rendit compte quand son regard distrait se posa sur une silhouette qui avançait vers elle. « Arnaud ! » appela-t-elle avec ravissement en saisissant ses robes avec familiarité pour trottiner plus facilement.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Lun 30 Déc 2019 - 18:52
« Je l'ai vu comme je te vois, protestait le jeune Aimon, trottinant sur les pas de son aîné. - Pour sûr, dans le noir, au beau milieu de la nuit, raillait Arnaud, marchant d'un pas leste dans les coursives du Palais des Dômes. - La lune éclairait bien assez son visage. C'était lui, j'en suis sûr. - C'était un mauvais rêve, mon frère, rien de plus. Tu ne devrais pas manger autant avant de te coucher. »
Et tu devrais en faire autant le reste de la journée, aurait pu ajouter Arnaud, à en juger par l'embonpoint qui s'était emparé de son cadet depuis que celui-ci jouissait de la vie diantraise. Aimon sortait à peine de l'adolescence, mais n'avait déjà plus rien du garçon sec qui avait quitté Serramire sept ans plus tôt.
« Je ne dormais pas, dit Aimon, revenant à la charge. J'étais dans la cour, je m'en rappelle, et c'est là qu'il est apparu en haut de la courtine. - Et que faisais-tu dans la cour au beau milieu de la nuit ? - Ça ne te regarde pas », grinça Aimon.
Arnaud n'insista pas, mais le regard fuyant, honteux, d'Aimon, ne lui avait pas échappé. Tu t'en allais voir une belle, ou plus probablement tu t'empiffrais aux cuisines. Si seulement ce pouvait être la première option.
« Tu as vu un homme ressemblant vaguement à Père en haut de la courtine, et en pleine nuit, et ton imagination a fait le reste. Il est parti, Aimon. Tu dois t'y faire. - Facile pour toi, répliqua Aimon sur un ton de défi. Tu n'as cessé de l'ignorer ces dernières années ; sûr que tu n'attendais que ça, qu'il meure. »
La colère monta d'un coup, sans prévenir, et la gifle claqua, violente, si bien qu'Arnaud sentit sa propre paume le brûler. Aimon se traînait sur le sol, tenant sa joue écarlate, les yeux larmoyants. S'il se retenait à grand peine de ne pas brailler, il n'en demeurait pas moins pitoyable. Arnaud le laissa là et tourna les talons, longeant le couloir à grandes enjambées, le sang lui battant aux tempes, les dents serrées à s'en rompre la mâchoire.
Sans doute n'était-il pas dans les meilleures dispositions du monde pour tomber nez à nez avec sa bien-aimée tante, qu'il n'avait pas revue depuis des années. La surprise remisa quelque peu la colère qui bouillait en son for intérieur, si bien qu'Arnaud, qui se serait en temps normal précipité sur elle, resta immobile, les sourcils hauts, la bouche figée par l'étonnement au point d'en paraître idiot.
Il ne se priva pas, pourtant, d'enlacer sa duchesse de tante, empli de sentiments contradictoires.
« Je suis si heureux de te voir, Neyrelles, murmura-t-il, si heureux. » Il mit un moment à remarquer les chevaliers et dames qui accompagnaient la duchesse d'Erac ; il lui semblait vaguement connaître plusieurs des femmes, sans qu'il parvint pour le moment à les remettre. L'un des gaillards portait sur ses épaules une fillette. A peine posa-t-il les yeux sur l'enfançonne qu'Arnaud sut qui elle était, quand bien même la voyait-il pour la première fois ; Neyrelles avait beau être sa tante, Arnaud l'avait connue fort jeune, et sa fille était son portrait craché. « C'est Alaïs ? » demanda-t-il d'une voix étrangement timide en découvrant sa très jeune cousine, qui eût l'âge d'être sa nièce.
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Mar 31 Déc 2019 - 17:10
Neyrelles
La confession de son neveu mit du baume au cœur de Neyrelles, qui rit de bon cœur en rendant son étreinte à « son » duc. Quand Arnaud s’écarta d’elle, elle garda accroché à ses lèvres un sourire radieux. « Les Cinq soient mes témoins, comme tu as changé ! » déclara-t-elle en détaillant de pied en cape. Sept années avaient passé depuis qu’elle avait quitté Serramire et à cette époque, il n’était pas encore tout à fait un homme. Le seigneur qui lui faisait face avait gagné en stature et en assurance ; Neyrelles sentit son cœur se serrer furtivement en constatant combien le Serramirois était le fils de son père. Cette pensée suffit à atténuer la douce félicité qui l’avait envahie, ce qui lui permit de constater le voile qui assombrissait encore le regard de son neveu.
Le reste de la coterie avait pris le parti de ne pas presser son pas quand elle s’était élancée à la rencontre de son parent, mais l’avance qu’avait pu prendre Neyrelles n’était pas bien grande et ils arrivaient déjà au niveau des Brochant, empêchant par la force des choses la duchesse de s’enquérir plus avant des humeurs d’Arnaud. Ce dernier passa rapidement son regard sur chacun des membres du cercle proche de sa tante, avant de concentrer son attention sur la plus jeune d’entre eux. « C’est Alaïs ? demanda-t-il avec une réserve qui surprit Neyrelles.
— C’est elle, » acquiesça-t-elle en faisant signe à la monture de sa fille de s’approcher.
Le chevalier Eraçon esquissa quelques pas, salua le duc de Serramire avec le respect qui lui était dû, avant de mettre un genou à terre pour permettre à sa cavalière de descendre. Étrangement, l’enfançonne ne sembla pas ravie à l’idée de quitter son perchoir et si elle concéda à mettre pied à terre, se fut pour se réfugier tout de suite à l’abri derrière les jambes de sa mère. Neyrelles sourit, amusée de la découvrir soudainement si timide. « Alaïs, je te présente Arnaud, ton cousin, » déclara-t-elle en posant une main affectueuse sur le dos de l’enfançonne. Elle l’encouragea d’une main douce sur le haut du dos à se positionner à ses côtés. « Arnaud, ajouta-t-elle ensuite en dardant sur le concerné un regard où brillait toute l’affection qu’elle pouvait ressentir pour eux deux, voici Alaïs, ma fille aînée. Son petit frère était trop jeune encore pour nous accompagner, mais il me semblait inconcevable que tu aies à attendre plus longtemps avant de recontrer la petite dame d’Erac. »
Guillaume, son rôle accompli, s’était reculé de quelques pas, rejoignant Marie et les autres gens de la duchesse ; Neyrelles darda sur eux un regard d’excuse et leur demanda silencieusement de patienter encore un peu. Elle savait qu’il lui revenait de faire les présentations, mais elle avait trop attendu ce moment pour le sacrifier à de vaines convenances. Marie opina discrètement du chef, un sourire affectueux accroché aux lèvres.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Sam 4 Jan 2020 - 9:50
A peine avait-elle quitté son perchoir que la petite Alaïs se réfugiait derrière sa mère, faisant montre d'une timidité enfantine bien commune qui amusa l'assistance. Arnaud sourit, tout en étant ravi qu'elle accaparât l'attention ; la fillette lui évitait de montrer qu'il était lui-même un peu mal à l'aise.
Il en avait, des cousins serramirois, des lignées de Versmilia et d'Avaugour ; il les avait vu grandir, car ils étaient les enfants des bannerets de son père - les siens désormais. Aujourd'hui, il se découvrait une cousine déjà en âge de parler, entourée d'un aréopage de dames et chevaliers, fille d'un duc eraçon. Et puis, c'était la fille de Neyrelles ; Neyrelles avait toujours été une sorte de grande sœur à ses yeux, et il ne l'avait pas revue depuis son mariage. La vision d'Alaïs lui faisait réaliser à quel point les années défilaient à toute vitesse.
« Bonjour, Alaïs », dit-il d'un ton un peu emprunté, car il avait si peu l'habitude de s'adresser aux enfants. « En effet, je suis ton cousin ; je suis certes un peu plus âgé, mais bah ! Tu es déjà grande ! Et aussi jolie que ta mère. »
S'il n'osa l'exprimer à haute voix devant l'entourage de sa tante, le Corbin se réjouissait que l'enfant ressemblât tant à Neyrelles et si peu - pour ce qu'il en jugeait - à son père le duc Renaud. Elle a hérité de son meilleur côté, pensa-il gaillardement, dans un excès de piété filiale.
« J'aurais aimé qu'Evrard et Catherine soient là », reprit-il en se tournant vers Neyrelles. J'aurais aimé que mon père soit là, aurait-il voulu ajouter, mais la pudeur l'en retint - évoquer les morts le mettait mal à l'aise, a fortiori celui-ci. « Un jour prochain, j'espère nous réunir tous ensemble - dans des circonstances plus réjouissantes. » Les réunions de famille se limitant désormais aux décès et aux mariages, Arnaud tablait de préférence sur la seconde option ; il était toutefois prématuré de trop s'avancer sur ce projet, quand traînaient tant d'oreilles eraçonnes.
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Sam 4 Jan 2020 - 11:37
Alaïs
L’enfançonne dévorait du regard, à l’abri derrière les jupons de sa forteresse maternelle, cet homme que Mère disait être son cousin. Elle fronçait ses sourcils en détaillant tout ce qui pouvait l’être : il avait ses cheveux noirs et sa peau pâle et d’autres choses encore, plus discrètes. Une tape discrète à l’épaule la ramena à l’instinct présent et elle se rendit compte que l’homme lui parlait ; un peu honteuse, elle s’arracha à sa contemplation pour darder sur lui des prunelles plus concentrées. Son visage s’illumina légèrement quand il la complimenta et elle leva sur Mère un regard ravi. « Il a dit que j’étais jolie, lui murmura-t-elle comme si elle lui confiait un secret.
— Il l’a dit, acquiesça la duchesse. Il t’a saluée, aussi. »
L’enfançonne se renfrogna légèrement, car elle savait ce que l’innocente remarque de Mère signifiait ; elle s’exécuta pourtant, ainsi qu’on le lui avait appris. Elle fit un pas de côté, quittant tout à fait l’ombre de Mère. Elle planta son regard juvénile dans celui, plus adulte, de son Cousin. Elle hésita, se remémorant ses leçons. Puis, enfin, elle lui adressa la parole et sa voix chevrotait légèrement à cause de l’angoisse qui était la sienne. « À ton âge, tout paraît plus grand, mais tu verras en grandissant que ce qui t’intimide aujourd’hui n’est guère impressionnant en vérité » lui avait un jour assuré Mère. Elle s’était répété ces paroles encore une fois, mais savoir était une chose ; accepter en était une autre. « Bonjour, mon Cousin, » lui dit-elle.
Il ne se passa rien ; Mère ne fronça pas les sourcils, Père ne surgit pas pour la tancer, personne ne rit d’elle. Alors, presque instantanément, l’enfançonne se détendit et elle décréta qu’elle aimait bien son Cousin. Ses prunelles brillèrent d’une excitation nouvelle, intimement liée à son soulagement. Son Cousin, pourtant, déjà reportait son attention sur Mère et cela ne plut guère à l’enfançonne ; elle avait bravé sa peur pour lui parler !
« Ils me manquent tous les deux, répondait déjà Mère et sa fille se sentait trahie, et tes frères et tes sœurs aussi. » C’est comme si je n’existais plus ! se rendit douloureusement compte l’enfançonne. Pourquoi fallait-il que les adultes fussent cruels à ce point ? Ils l’avaient arrachée à son cocon seulement pour l’abandonner tout de suite après. Désarçonnée, l’enfançonne fit un pas de côté pour se coller à la jambe de Mère et ses petits poings agrippèrent la robe de la duchesse. « Si je regrette quelque chose de ces dernières années, c’est de ne jamais avoir entrepris de vous rendre visite à tous, » continuait Mère sans un regard pour elle.
Derrière elle, l’enfançonne reconnut le pas de Guillaume, qui s’approchait pour des raisons qu’elle ne devina pas ; Mère aussi dut l’entendre aussi, car elle se retourna vers lui et elle sembla surprise de découvrir ses dames et ses chevaliers derrière elle. « La Dame-Dieu pardonne mon manque de jugeotte ! s’exclama-t-elle presque. Voilà que je manque à tous mes devoirs. » Et Mère de les présenter tous un par un. L’enfançonne, qui aimait la voix de sa mère, l’écouta comme si c’était à elle qu’elle parlait et peu à peu, sa colère s’en trouva douchée. Elle n’était de toute façon pas rancunière et puis, elle avait décidé qu’elle aimait bien son Cousin après tout et elle était donc heureuse de lui avoir parlé, même si ce n’était que quelques mots. « Je ne sais pas si tu te souviens de ma chère Marie, dit à un moment la duchesse et il était des rires muets dans ses mots quand elle ajouta : Par pitié, si ce n’est pas le cas, mens. Néera te pardonnera.
— Neyrelles ! » protestait déjà sa tante Marie.
L’enfançonne savait que la Serramiroise n’était pas vraiment sa tante, mais elle l’aimait tout pareil. Elle sentit son embarras et décida de venir à son secours, car elle savait combien les mots de Mère pouvaient être cruels parfois. « Moi je suis sûre que mon Cousin se souvient de toi ! Personne ne peut t’oublier. » Cette fois, il y eu des rires et l’enfançonne s’en trouva mortifiée, bien qu’elle fit son possible pour n’en rien montrer.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Dim 5 Jan 2020 - 18:58
Arnaud leva sur Marie un visage affable, le regard empreint de curiosité. « Voyons, bien sûr que je me souviens de Marie ! Comment l'oublier ? » lança-t-il d'une voix charmante, qui tranchait avec la raideur avec laquelle il s'était adressé à sa jeune cousine quelques instants plus tôt. Mal à l'aise avec les enfants - ces petits êtres primitifs pas tout à fait finis, qui compliquaient tout ce qui était simple et simplifiaient tout ce qui était compliqué - Arnaud savait se montrer plus avenant avec les adultes. Il avait hérité de la douce aménité de sa mère, et ses gens l'aimaient pour ça, a fortiori ceux qui avaient souffert la sécheresse de son père.
Du reste, c'était un pur mensonge ; il était bien incapable de remettre avec précision le souvenir de cette fameuse Marie, quand bien même il lui semblait avoir déjà aperçu ce joli minois à la cour de Serramire - sans doute à l'occasion d'un banquet. Il avait menti avec tact, et s'en repentait d'autant moins qu'on l'avait invité à le faire. Neyrelles le présenta au reste de sa suite, et Arnaud gratifia chacun de sourires aimables et d'innocents compliments, ainsi qu'il avait appris à le faire depuis sept ans qu'il gouvernait le duché de son père. Tout ce petit monde ne s'attarda guère, toutefois ; Neyrelles ne tarda pas à les congédier poliment, si bien que ne demeurèrent autour de la tante et son neveu que la jeune Alaïs et l'inséparable Marie. Elle a chassé les Eraçons, songeait distraitement Arnaud, sans trop savoir ce qu'il fallait en conclure. « Marchons un peu », proposa-t-il aux trois femmes, avant d'ajouter en baissant les yeux vers Alaïs : « je veux bien te porter sur mes épaules, mais je te préviens : elles ne sont peut-être pas aussi confortables que celles du chevalier de Morène. » Il accorda un sourire rassurant à l'enfant, et quelques instants plus tard il l'emmenait juchée sur son dos, flanqué de Neyrelles et de Marie. Drôle de compagnie que nous formons là, songeait-il tout en marchant.
« Je suis arrivé il y a déjà un mois », confia-t-il sur le ton de la conversation, tout en rehaussant une épaule - il avait sous-estimé le poids d'une fillette de cet âge. « Je me suis précipité sur la route dès que j'ai su pour Père, parce qu'il me fallait être là, parce que je ne supportais pas d'être laissé à l'écart. Je ne pensais même pas à l'après. Ce n'est qu'une fois les honneurs rendus, quand je pensais prendre le chemin du retour, qu'on m'a parlé du Concile ; j'ai réalisé que je n'avais pas du tout prévu de demeurer si longtemps à Diantra. Les journées passent lentement ici ; je me demande comment Père a pu y rester sept ans, si loin de chez lui. »
Il regretta aussitôt ces paroles, qui sonnaient fort égoïstement alors que sa tante avait quitté Serramire pour Erac, y épousant un homme qu'elle ne connaissait pas. Elle l'avait fait par devoir, sans que nul ne se préoccupe de son avis, et n'avait jamais rien reproché à son frère. Et moi, je me plains que mon chez-moi me manque ; imbécile que je suis, se morigéna-t-il.
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Mer 8 Jan 2020 - 13:37
Neyrelles
Si Neyrelles prit ombrage des paroles de son neveu, elle n’en montra rien ; c’était même tout le contraire et tandis qu’Arnaud confessait son vague à l’âme, elle posait doucement une main sur son bras. D’un commun accord, les deux Brochant firent une halte pour échanger un regard. « Tu sais comment il l’a pu, lui répondit-elle avec un sourire un peu triste accroché aux lèvres. Il était une tâche à Diantra qu’il n’aurait confié à personne d’autre. »
La guerre achevée, Neyrelles avait tout de suite su que son frère sinon obtiendrait d’être celui qui gouvernerait aux destinées du Royaume, au moins ambitionnerait de le devenir ; l’avenir lui avait donné raison, comme par trop souvent. Elle laissa retomber sa dextre le long de son corps tandis qu’elle se remémorait avec un détachement étrange tout ce que lui avait coûté l’opiniâtreté de son aîné. Un rang auquel ma naissance ne me prédestinait pas et deux enfants en bonne santé, ressassa-t-elle avec un optimisme un peu forcé. Il en était d’autres qu’elle aurait pu citer, mais avant longtemps elle avait appris qu’il était plus prudent de s’en tenir à l’essentiel. D’un petit geste du menton, Neyrelles invita le duc de Serramire à reprendre sa marche ; elle adressa ensuite un sourire encourageant à sa fille, qui veillait pour sa part à apprivoiser sa nouvelle monture. Elle ne semblait pas totalement à l’aise et certains mouvements d’Arnaud laissait à penser à la duchesse qu’elle n’était pas la seule. Marie, enfin, les suivait en silence, car elle savait combien son amie avait attendu ces retrouvailles. En réalité, Neyrelles ne l’avait pas renvoyé avec tous les autres que pour pouvoir lui confier par la suite Alaïs.
« J’aurai dû, moi, venir plus tôt, reprit-elle en reportant son regard devant elle. Erac n’est pas si loin, pourtant ; je ne sais pas pourquoi je n’en ai rien fait. » C’était un demi-mensonge. Elle avait bien sa petite idée sur la question, mais étant donné qu’elle se mentait à elle-même au moins autant qu’à son neveu, elle s’en tiendrait à ce douloureux aveu.
« Veux-tu être l’ami du Roi, mon Cousin ? » demanda à ce moment-là la petite dame d’Erac.
Et sa mère de froncer les sourcils, avant de se remémorer leurs conversations dans le carrosse, la veille de leur arrivée. « Son régent, précisa-t-elle à Arnaud avec un sourire amusé.
— Père dit qu’il est important que vous choisissiez au Roi un régent en qui on peut avoir confiance, » continua l’enfançonne.
Voyant qu’elle allait ajouter quelque chose, l’amusement de la duchesse fut vite remplacé par un sentiment d’urgence ; elle n’avait guère l’envie d’entendre sa fille trahir les atermoiements de Renaud. « Ton Cousin a toute ma confiance, en tout cas, » précisa-t-elle avec un enthousiasme un peu forcé.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Mer 8 Jan 2020 - 15:40
La curiosité enfantine d'Alaïs arracha un doux rire au duc de Serramire. La vérité sort toujours de la bouche des enfants, pensa-t-il, et si la chose l'amusait au premier abord, elle rappelait cruellement qu'Arnaud et Neyrelles n'étaient plus, eux, des enfants.
« Le roi Bohémond a déjà beaucoup d'amis, Alaïs ; c'est d'un père qu'il manque, et mon père à moi a été un peu son père à lui pendant sept ans. Regarde le château où nous sommes en ce moment : sais-tu qu'un jour, des gens très méchants l'ont volé au roi ? Ton oncle Aymeric s'est battu pour le lui rendre, parce que les pères sont ainsi ; ils protègent les enfants, et ils les éduquent, et c'est ce dont Bohémond avait besoin. Moi, je ne suis pas un père, je suis plutôt comme un frère ; mais je serai toujours son ami, et il pourra toujours me faire confiance. »
Il avait peut-être éludé la question, et il n'était pas certain que sa jeune cousine se satisfasse de sa réponse ; mais c'eut été imprudent que de s'ouvrir davantage à d'aussi jeunes oreilles, quand la petite Alaïs venait de démontrer qu'elle avait la langue bien pendue. Derrière l'apparente frivolité de cet échange, quelques mots innocents avaient déjà intrigué Arnaud ; être l'ami du roi, voilà qui ressemblait bien au duc Renaud d'Erac, dont on disait qu'il s'était régulièrement rendu à la cour ces dernières années dans l'espoir de se lier à Sa Majesté. Les imprudences d'Alaïs trahissaient une certaine fébrilité chez le duc d'Erac, inquiet pour ses intérêts. "Il faut un régent en qui on peut avoir confiance..." Arnaud était curieux de savoir quelles autres petites phrases Renaud pouvait proférer dans l'intimité, mais il ne pousserait pas la fourberie à cuisiner la fille de Neyrelles. Il tendit un regard en biais vers sa tante qui marchait à ses côtés, et il remarqua qu'elle l'avait écouté attentivement.
Neyrelles de Brochant
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Jeu 9 Jan 2020 - 23:05
Neyrelles
« Je veux être son amie aussi, répondit Alaïs en opinant doctement du chef, il n’y a pas de raison que le Roi n’en ait qu’un seul après tout.
— Tu le rencontreras bientôt, » intervint Neyrelles en passant une main affectueuse dans ses cheveux. Elle darda sur Arnaud un regard convenu, avant d’en couler un autre, plus pressant, à Marie. La jeune Serramiroise esquissa acquiesça en silence avant de commencer à presser le pas pour venir à leur hauteur. Interrompant leur modeste procession, la duchesse posa un genoux a terre pour se mettre à la hauteur de sa fille et lui caressa la joue avec douceur. « Ce soir, nous dînerons avec sa cour et je demanderai à ton Père de te présenter à lui.
— Ce soir ? demanda Alaïs avec un mouvement de recul qui trahissait le peu d’entrain qu’elle nourrissait à l’égard de cette perspective.
— Ce soir, répéta Neyrelles. Marie va t’aider à te préparer.
— Veux-tu bien venir avec moi ? lui demanda alors la jeune femme en posant une main affectueuse sur son épaule.
— Je crois que je n’ai pas le choix… » soupira l’enfançonne avec une grimace déçue pour Arnaud.
Il fallut encore à Neyrelles quelques efforts supplémentaires pour convaincre sa fille de se laisser guider par Marie loin de sa famille ; Arnaud put mesurer les trésors de persuasion dont sa tante était capable et — peut-être — cela lui rappela-t-il quelques doux souvenirs. Quand ils étaient plus jeunes, sa tante avait souvent fait montre pour convaincre l’aîné d’Aymeric de beaucoup de débrouillardise. Quand les deux parents furent seuls, enfin, elle se tourna vers lui et son regard avait perdu un peu de sa bonne humeur. « J’oublie parfois comme elle est éveillée, lui confia-t-elle et c’était là presque un aveu de sa part. Chaque jour que les Cinq font, elle trouve un nouveau moyen de me le démontrer. » Elle se tourna dans la direction approximative de la tour qu’elle avait initialement cherché à rallier et se rendit compte que la courte promenade à laquelle elle s’était adonné avec sa famille l’en avait éloigné ; elle coula un regard vers Arnaud avant de lui demander : « As-tu un peu de temps devant toi ? Nous avons, je crois, bien des choses à nous dire et ces couloirs ne me semblent pas le meilleur endroit pour cela. »
Elle s’en voulait de faire montre d’autant de roideur, mais la douce innocence d’Alaïs l’avait rappelée à une bien désagréable vérité : Arnaud et elle n’étaient plus les parents d’un seigneur Serramirois, plus seulement en tout cas. Quand bien même elle aurait souhaité parlé à cœur ouvert à son neveu, il était des choses qu’elle ne pouvait tout simplement plus lui dire. Plus aussi aisément qu’avant, en tout cas.
« Je n’aime guère cette ambiance qui alourdit l’air : il me tarde que le concile appartienne à l’Histoire, lui confia-t-elle. Quoiqu’il arrive, nous serons libérés des incertitudes qui l’entourent. »
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Dim 12 Jan 2020 - 0:39
« Je serais content quand tout ça sera derrière nous », reconnut Arnaud. « Mais je crains que la fin du Concile ne nous laisse que peu de répit, Neyrelles ; il y a tant d'autres choses qui me préoccupent. »
Il n'en dit pas davantage pour l'instant ; comme l'avait fait remarquer Neyrelles, il n'était pas prudent de se risquer à glisser des confidences au détour d'un couloir. L'idée lui vint qu'ils étaient peut-être épiés en ce moment-même, et cela le mit mal à l'aise. Après tout, ils étaient encore entourés de gentilhommes eraçons quelques instants plus tôt ; ceux-là savaient où les trouver, si l'envie les prenait de rapporter leurs faits et gestes au duc Renaud. A moins que ce ne soient des yeux et des oreilles suderonnes qui se tiennent tapies derrière une porte dérobée. Le Palais des Dômes était assez vaste pour abriter toutes sortes d'espions - et d'espionnes. Tout en marchant, Arnaud se surprit à se demander jusqu'à quel point il pouvait parler librement avec Neyrelles ; toute serramiroise qu'elle fut, sa chère tante était aujourd'hui la mère de deux Eraçons, dont l'un serait un jour lointain appelé à régner sur le Médian. L'amour d'une mère étant plus fort que tout, nul ne saurait lui reprocher de privilégier la chair de sa chair si elle était un jour contrainte de faire un choix. Arnaud, pourtant, se refusait à la traiter en étrangère. C'est ta tante, se morigéna-t-il, et il réalisa combien il lui serait pénible de renoncer à elle ; le duc Renaud l'avait déjà emmenée loin de lui, et Arnaud ne pouvait se résoudre à la perdre complètement.
Il avisa une porte donnant sur une pièce vide et l'invita à l'y suivre, non sans avoir jeté un regard alentours. Une fois à l'intérieur, Arnaud se tourna vers Neyrelles ; toute la fausse insouciance qu'il avait affichée jusque-là avait déserté ses traits. Le jeune duc, qui n'avait jamais eu de secret pour sa tante, n'en aurait pas davantage aujourd'hui.
« Il est une question que je dois te poser, et je ne puis m'en ouvrir qu'à toi seule. Ton époux compte les Ancenis parmi ses vassaux, et tu n'es pas sans savoir le lien qui existe entre cette famille et notre roi. » Le grand-père paternel du roi Bohémond était Aemon d'Ancenis, dit le Borgne, l'un des quatre barons rebelles de la terrible guerre civile qui avaient presque renversé le roi Trystan. Les gens évoquaient rarement à haute voix cette parentèle, la légende noire du Borgne étant demeurée vivace. Mais la maison d'Ancenis avait su rester influente, si bien que la descendance du Borgne était aujourd'hui bien installée dans le Médian. Sa petite-fille Bathilde était baronne d'Ancenis ; une autre, Alcyne, était baronne de Hautval. Cette dernière était par ailleurs la propre demi-sœur du roi. « Mon père me destinait la main d'Alcyne d'Ancenis », confia Arnaud avec gravité, avant de demander sans détour : « peux-tu imaginer que les Ancenis aient été capables de l'en empêcher, quitte à commettre l'irréparable ? »
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Mar 14 Jan 2020 - 12:42
Neyrelles
Il était trop de nouvelles informations dans les quelques mots d’Arnaud ; désarçonnée, Neyrelles laissa tomber son masque et darda sur son neveu un regard où la surprise le disputait à d’autres émotions, plus insidieuses celles-ci. À peine l’avait-il mariée à Renaud, Aymeric n’avait plus guère eu d’attention à accorder à sa benjamine, mais tout de même ! N’était-elle pas duchesse d’Erac ? Ne s’était-elle pas évertuée à construire patiemment avec Alcyne de Hautval et Bathilde d’Ancenis une relation de confiance, ainsi que feu le duc de Serramire le lui avait demandé ? N’aurait-il pas dû, dès lors, se tourner vers elle dès l’instant où l’idée de lier une nouvelle fois leur lignée au Médian l’avait effleuré ? Son frère ne répondrait jamais à ces questions, car il était mort et les morts ne parlaient pas. Dire que, il y a quelques jours encore, nous conversions avec Renaud des épousailles d’Alcyne, songeait Neyrelles et l’ironie de cette pensée la mortifait. Elle n’avait guère le loisir de s’appesantir plus avant sur cette première déconvenue, car Arnaud déjà avait l’accablait à nouveau et d’une question cette fois.
« Ils ont déjà prouvé leur appétence pour les solutions désespérées, » répondit-elle d’abord avec spontanéité. Cela, Arnaud le savait déjà et elle pouvait deviner le Serramirois en quête d’autres choses que de vagues suppositions. « Je le peux, enchaîna-t-elle en mettant plus de soin cette fois-ci dans le choix de ses mots, mais je ne me hasarderai pas à imaginer quoique ce pour le moment. » La duchesse avait porté sa dextre à son menton et son caresse en soulignait l’arrête tandis qu’elle réfléchissait. « Qui d’autre était au courant ? lui demandait-elle déjà. Qui aurait pu porter jusqu’à leurs oreilles les rumeurs des projets d’Aymeric ? »
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant Dim 2 Fév 2020 - 17:14
« Je ne sais », confessa Arnaud, et le regret dans sa voix résonnait comme un aveu d'impuissance. Il était le duc de Serramire, et pourtant, ici à Diantra, il n'avait aucun pouvoir pour délier les langues. « Aristide et Aimon n'étaient pas dans la confidence, pas plus que Tiphaine et Margot. Seul Jaljen était au courant, mais je ne peux croire qu'il ait bavé un seul mot à ce sujet. Reste, peut-être... » il esquissa une grimace, agacé par la supposition qu'il s'apprêtait à formuler, car elle était dangereuse. « La cousine Constance savait peut-être. Au vrai, j'ignore quel rang elle tenait à la cour quand Père était encore des nôtres. Ce que je sais, c'est que sa mort l'a placée au premier plan. » De là à supposer que Constance ait pu s'aboucher avec les ennemis du Régent pour provoquer sa perte, il y avait un grand pas qu'Arnaud n'osa franchir jusqu'au bout. Au vrai, alors qu'il avait laissé cheminer sa pensée à voix haute, le Corbin réalisait à quel point ses pistes étaient maigres. Et si la mort du Régent, si terrible soit-elle, n'était réellement le fait de personne ? « Je n'arrive pas à croire qu'une simple maladie ait pu l'enlever », avoua-t-il enfin, révélant à sa tante l'ampleur de son désarroi.
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Sujet: Re: Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant
Le neveu de la Duchesse | Arnaud et Neyrelles de Brochant