Rencontre attendue [Arnaud]

3ème ennéade de Bàrkios de l’An 17:XI

Ce jour, Renaud avait décidé qu'il était temps de rencontrer Arnaud. Cet homme qui était le fils de son mentor, mais également son neveu par alliance, faisait partie des pairs du Royaume, et il était donc sur la liste des personnes qu'il désirait rencontrer avant le début du Concile. Renaud savait que Neyrelles entretenait une correspondance assidue avec le fils d'Aymeric, et il devait bien s'avouer que ce jeune homme l'intriguait. En pensant à son âge, il ne pouvait que faire un parallèle avec son premier entretien avec son paternel, à peu près au même moment de sa propre existence. C'était la première fois qu'ils allaient se rencontrer en temps qu'homologue, et le Duc d'Erac se demandait bien ce qu'il allait en ressortir. Dans la théorie, Serramire et Erac étaient alliés, les deux mariages contractés par Aymeric par le biais de sa famille attestant de cet état de fait. Toutefois, le changement de tête pourrait changer la donne. A la fois suspicieux de savoir que cet homme avait la préférence de son épouse, et respectueux de l'héritage d'Aymeric, il devait mettre tout cela de côté afin de rester lucide tout du long de l'échange qu'ils allaient avoir.

Renaud avait fait parvenir une invitation au Duc de Serramire, et c'est dans un bureau qui avait été mis à sa disposition que la rencontre aurait lieu. Quand l’intéressé arriva, il y avait tout le nécessaire afin de se rafraichir, et picorer. Renaud se demandait s'il devait lui donner du "Mon cher neveu", ou rester sur le "Votre Altesse". Ne sachant que choisir, il opta pour une troisième option

"Mon cher Arnaud, comment vas tu ? Je te remercie d'avoir accepté mon invitation, et de te joindre à moi. Je suis content que nous nous rencontrions enfin."

Renaud avait apprit que cela faisait un moment qu'il séjournait à Diantra. La mort, pas si ancienne que cela, de son paternel, ne l'autorisa pas à blaguer ou à lui demander si tout allait bien

"Ton séjour se déroule t il comme tu le souhaitais ?"

En dépit de son caractère privé, on s'imaginait volontiers que l'entrevue des ducs de Serramire et d'Erac prendrait place dans une ambiance austère, sinon tendue. Parbleu ! C'est qu'on vivait une drôle d'époque ; aux funérailles du Régent se succédaient les tractations entourant son remplacement, si bien que le temps de l'accablement et du chagrin laissait la place à celui de la prudence et de la crainte des lendemains. Quel devenir pour le royaume ?

Le duc de Serramire semblait pourtant loin de ces considérations ; lorsqu'il fit son entrée dans la pièce, le jeune homme était jovial, le visage détendu et souriant. Avisant Renaud, il ne balança pas longtemps avant d'enlacer sans façons le duc d'Erac. C'était peu dire que tous deux se connaissaient fort mal, mais après tout, n'étaient-ils pas en famille ?

« Je suis, mon oncle, très heureux de te voir », confia-t-il d'un ton affable, avant de glisser, l'air de rien : « j'ai eu le plaisir de croiser Neyrelles il y a quelques jours ; nous avons beaucoup bavardé, elle et moi. »

Son regard embrassa la pièce, parcourant la table où Renaud avait gentiment fait disposer un plateau d'olives ancenoises ainsi qu'un vase de vin rouge issu des meilleurs cépages hautvalois. Arnaud s'attarda un bref moment sur ce dernier détail, le front légèrement plissé, les lèvres crispées, avant de s'en détacher pour revenir à Renaud.

« Y'a-t-il quelque chose dont tu voulais me parler ? »

Heureusement que Renaud était habitué à feindre, parce que la surprise fut le principal ressentie du Duc suite à l'arrivée d'Arnaud. La ou il s'attendait à voir un jeune homme austère, faisant face au décès de son père, voir suspicieux vis à vis de son oncle qui le conviait alors qu'ils ne se connaissaient pas, il trouva quelqu'un d'enjoué, l’enlaçant pleinement et lui donnant du "mon oncle". A moins que ce ne soit un subterfuge, ce qui pouvait être le cas s'il avait hérité de la ruse de son paternel. Restant donc prudent, Renaud décida tout de même d'emboiter le pas, rendant l'étreinte à son neveu et affichant lui aussi un sourire radieux

"Le plaisir est pour moi, Arnaud, je suis également heureux de te voir."

Il écarta ensuite le jeune homme de lui, le gardant à bout de bras pour l'admirer. Arnaud n'avait pas manqué de questionner directement Renaud sur la raison de son invitation, mais quelques prérequis s'imposaient

"Tu ressemble tant à ton père, je ne doute pas qu'il doit être fier de toi s'il te regarde du Royaume de Tyra"

Etrangement, le Duc d'Erac était sincère quand il évoqua Aymeric

"Quelque chose dont je voulais te parler ? il y en a tellement que je ne sais pas par ou commencer. Déjà, puisque je n'ai pas eu le loisir de te le dire de vive voix, je voulais te présenter mes sincères condoléances pour la mort d'Aymeric. Le Royaume le regrettera, n'en doute pas, quel grand homme il fut !"

Aymeric avait été un mentor pour Renaud, même dans les moments difficiles, comme quand il avait sanctionné Erac, ou encore mis le Duc au pied du mur pour qu'il prenne en épousailles Neyrelles. Renaud avait fait pas mal d'erreurs dans ses débuts à la tête d'Erac, mais après avoir prit du recul, il avait compris chaque choix faits par Aymeric. Il avait conscience que bien qu'en retirant lui même un profit, l'ancien Régent n'avait pas lésé le jeune homme inexpérimenté qu'il était en matière de la politique. Son affliction suite au décès d'Aymeric n'était donc pas feinte

"Je désirais également renouveler l'amitié entre Serramire et Erac, et t'assurer de mon soutien"

Renaud invita de la main Arnaud à prendre place sur un fauteuil autour de la table, et lui même s'assit, offrant une coupe à son convive et en prenant une lui même. Il trempa ses lèvres et but une gorgée

"Je voulais également savoir comment tu appréhendais le Concile, c'est ton premier après tout."

Renaud parlait comme s'il était un coutumier des Conciles, alors que ce n'était que son deuxième, et il n'était lui même pas si âgé que cela pour fanfaronner.

"Que pense tu de tout ceci ?"

Arnaud accueillit les condoléances ducales avec un sourire aimable, quoique légèrement figé. L'hommage rendu à son père, qu'il fut ou non sincère, le mettait mal à l'aise. Une part de lui-même peinait encore à accepter l'idée que son géniteur s'en était allé ; le Régent avait mis au pas tant d'ennemis et échappé à tant de chausse-trappes qu'il était inconcevable qu'il ait trépassé pendant ces années de paix, en un temps où rien ne semblait plus pouvoir l'atteindre. Et puis, il y avait ces scrupules qui ne cessaient de déchirer l'âme d'Arnaud ; il s'était fâché avec son paternel, il l'avait ignoré des années durant, refusant de le rejoindre à la cour. Sa mort avait anéanti tout espoir de réconciliation, et c'était dur, pour un fils, que de traîner une rancœur qui ne connaîtrait jamais d'apaisement.

Le jeune duc de Serramire chassa ces pensées de son esprit, gardant son attention portée sur son commensal qui continuait de parler. Comme il pouvait s'y attendre, Renaud en vint rapidement à évoquer le Concile ; l'homme était du genre à aller droit au but. "Je voulais également savoir comment tu appréhendais le Concile, c'est ton premier après tout", lui avait-il lancé, et Arnaud trouva intéressant le choix des mots employés par le duc d'Erac. "C'est ton premier", comme s'il était appelé à en connaître un autre plus tard ; plaise aux dieux que cela n'arrive pas. Bohémond ne régnerait pas avant au moins cinq ou six ans, mais combien de Régents pouvaient encore se succéder dans l'intervalle ? Le roi en avait déjà connu une palanquée, de protecteurs, bien plus éphémères que ne l'avait été Aymeric de Brochant.

« Ce que je pense, ce que j'espère, Renaud, c'est que ce premier Concile pour moi sera aussi mon dernier ; et que la stabilité qu'apporta mon père n'est pas morte avec lui. Arsinoé d'Olyssea, Kahina d'Ys, Cléophas d'Angleroy, Aymeric de Brochant... un orphelin ne devrait perdre qu'une fois ses parents. »

Il prit place dans un confortable fauteuil et contempla distraitement le liquide pourpre au fond de sa coupe de vin.

« Le roi a l'esprit vif », fit-il remarquer sans pour autant relever le regard. « J'ai été frappé par la manière dont il s'exprime, à son âge. Je ne sais s'il tient cela de son père ou de sa mère, ou si c'est l'oeuvre d'excellents précepteurs, mais les épreuves de son enfance le destinent peut-être à un grand règne. Il faut bien ça, d'ailleurs, quand des dragons menacent le royaume et que le Puy d'Elda embrase l'Estrévent. » Il releva les yeux vers Renaud. « Mais peut-être n'avons-nous pas le temps d'attendre que Bohémond soit en âge ; peut-être le prochain Régent se devra-t-il de prendre ces problèmes à bras-le-corps, avant qu'il ne soit trop tard. »

Les condoléances semblèrent amener quelques tensions au Duc de Serramire, voila qui était surprenant pour Renaud qui n'identifiait pas la raison du malaise qu'il venait d'instaurer là ou la bonhomie avait marqué les débuts. Les propos qu'il avait formulé concernant le Concile furent mal perçues par le jeune Duc

"Certes, je voulais dire qu'il pourrait y avoir d'autres Conciles, sans que la raison n'en soit la nomination d'un nouveau Régent. Nous autres, Ducs et Marquis, sommes après tout les pairs du Royaume, et le futur Régent, ou le Roy dans quelques années, pourraient nous réunir à nouveau afin de lui apporter les conseils que nous lui devons"

Il serait étonnant qu'un nouveau Concile réunissant la totalité des pairs en une seule fois se déroule de nouveau. Ce n'était d'ailleurs plus arrivé depuis qu'Aymeric avait accédé au titre de Régent. Nul doute qu'il y aurait des convocations, ou des demandes, mais cela amènerait des déplacements à tour de rôle, voir certains et pas d'autres, selon les affinités. Mais la chose n'était pas non plus à exclure.

Arnaud devisait maintenant sur l'esprit affuté de Bohémond, et les soucis que le Royaume rencontrait. Il y aurait pas mal de défis a relever, c'était certain. Sans le vouloir, les mots qui suivirent pourraient heurter le Duc de Serramire, mais c'était bien involontairement, et par pur manque de réflexion qu'ils sortirent de la bouche de Renaud. Plus un compliment qu'une critique, cela pouvait être perçue de bien des façons.

"Il l'a, c'est une certitude, et peut être qu'il le tient d'Aymeric. N'est ce pas avec lui qu'il a, au final, passé le plus de temps ? et tout le monde connaissait son talent mener les gens la ou il de voulait."

Arnaud était bien renseigné aussi sur l'Estrevent, mais vu la position de son Duché, c'était une bonne chose, car ses terres étaient le bouclier qui protégeait le Royaume des invasions, et par définition, le premier touché également.

"Pour sur que le Royaume aura bien des défis à relever, à court ou à long terme. Espérons que le Règne de notre bon Roy soit long et prospère, nous avons bien besoin que la stabilité que ton père à amené perdure. En attendant qu'il puisse régner, encore faudrait il lui fournir le meilleur Régent qui soit. Qui pense tu qui pourrait lui être le plus bénéfique ?"

Renaud était plutôt du genre à y aller doucement, mais la il y avait urgence, et il avait donc décider de ne pas y aller par quatre chemins. De plus, peut être que parler ainsi avec son neveu amènerait celui-ci à penser qu'ils pourraient se faire des confidences, et donc qu'ils pourraient être plus proches, même s'il n'était pas certain, de son côté, de pouvoir lui faire confiance.

La manière dont le duc d'Erac aborda l'épineuse question prit le Corbin de court ; il s'était figuré que celui-ci aurait employé des méthodes plus insidieuses pour sonder ses allégeances. Il s'y était préparé - en vain. Renaud n'avait prit aucun détour, posant sa question de but en blanc, si bien qu'Arnaud, ne s'y attendant pas, s'en trouva quelque peu déstabilisé. Il s'apprêtait à rétorquer une phrase convenue et vide de sens, et à détourner la question par une autre, mais nul son ne quitta ses lèvres ; il hésitait. Après tout, Renaud lui offrait l'occasion de jouer cartes sur tables, et peut-être était-il opportun qu'il saisisse cette chance. Oui, peut-être était-il temps qu'ils se parlent sans détour, qu'ils trouvent ensemble la meilleure manière de veiller aux intérêts du royaume - et aux leurs, tant qu'ils y étaient.

L'irruption de Neyrelles devait toutefois le faire différer sa réponse. Arnaud écouta, silencieux et grave, sa tante leur dévoiler ce que ses propres pérégrinations lui avaient appris ; las, un désarroi profond s'empara du Corbin en apprenant que Louis de Saint Aimé avait déjà avancé ses pions. L'enfoiré, pensa Arnaud, et pendant quelques instants, il fut plein de morgue à l'idée que le Cerf supplantât son défunt père. Serramire, Sainte Berthilde, l'une brillera toujours aux dépens de l'autre. Surtout, il devinait, dans l'ombre de l'affable Louis, le sourire narquois de l'ineffable Alanya, savourant une revanche prise sur son ancien suzerain. Ris donc, méchante femme, ris donc, tant que le destin te sourit ; ces choses ne sont jamais éternelles, et si les dieux sont justes, je te survivrais comme tu as survécu à mon père. Il s'arracha à ces ressentiments pour mieux faire face à Neyrelles. Ce fut à elle qu'il s'adressa, quoique ses dires étaient tout autant destinés au duc d'Erac :

« Louis serait un bon choix », reconnut Arnaud. « De bonne volonté, enclin aux sacrifices ; peu d'hommes furent capables de renoncer à un marquisat au nom de l'honneur. » Dix ans plus tôt, le père de Louis s'était octroyé le marquisat de Sainte Berthilde sur la foi de confuses rumeurs, prétendant que le roi Bohémond - alors titulaire du marquisat - était mort. Louis avait renoncé à cette possession mal acquise, tout en rassemblant les épées berthildoises contre les ennemis de Bohémond. Le roi avait récompensé cette abnégation en lui concédant enfin, en droit comme en fait, le fameux marquisat. Mais la décision du roi était celle de mon père, et il serait fâcheux que le Cerf vienne à l'oublier. « Oui, Louis serait un bon choix. Il est pour le roi un allié fidèle, comme tu l'es, mon oncle. » Son regard sonda Renaud, tandis qu'il plissait légèrement les yeux. « Verrais-tu un meilleur candidat ? »

Si jusqu'ici le duc d'Erac avait fait montre d'un certain calme, les dernières révélations de Neyrelles l'avaient visiblement secoué. Ses yeux trahissaient l'autre facette de sa personnalité, celle que Renaud s'était efforcé en vain de dissimuler ; on le disait méfiant à l'extrême, habité par une susceptibilité maladive, et elle s'exprimait en cet instant plus que jamais. Il n'y avait qu'à voir l'empressement avec lequel il assenait à son épouse une volée de questions comme il l'eut fait d'une paire de claques ; il n'y avait qu'à voir l'impatience dans ses paroles et dans ses gestes, n'attendant même pas que Neyrelles lui réponde pour se tourner vers Arnaud et lui lancer la question cruciale, celle qui le tourmentait tant, la source de tous ses désirs et de toutes ses peurs. Tu ne veux même pas être régent, comprit Arnaud en fixant son oncle avec gravité, mais tu aimerais tant que nous soyons prêts à voter pour toi. Benjamin de sa fratrie, l'on devinait que Renaud avait dû être brimé et rabaissé par ses aînés, et c'était comme s'il faisait tout pour gagner dans le cœur des autres le respect et la crainte qu'il avait eu tant de peine à inspirer. On aurait pu croire que ses succès, depuis dix ans, auraient suffi à panser ses plaies ; il n'en était rien. Quelle ironie ! Par la seule manière dont tu me poses la question, tu fournis toi-même la réponse, aurait pu lui dire Arnaud. Au lieu de quoi il se tint coi ; toute vérité n'est pas bonne à dire, et il préférait éviter de fâcher son oncle. Il laissa donc Neyrelles accaparer une nouvelle fois la conversation, tout en songeant que c'était déjà la seconde fois qu'elle le sauvait d'une situation inconfortable.

Drôle de femme que cette Neyrelles, qui avec tant d'aisance réduisait au silence deux ducs, rien que ça. Arnaud l'écouta avec attention, et s'il ne devinait pas toutes les intentions cachées de sa tante, force était de reconnaître que la stratégie qu'elle proposait était ingénieuse. Limiter dans le temps la régence du Cerf pouvait servir les intérêts d'Erac comme de Serramire ; mais il était préférable qu'aucun des deux n'en ait l'initiative. Aussi Neyrelles suggéra que l'idée vienne du marquis de Langehack qui, n'ayant rien à gagner dans cette histoire, n'avait en définitive rien à perdre. Reste à savoir si le marquis de Langehack est assez idiot pour marcher dans la combine, se demanda Arnaud, et il se souvint de sa brève entrevue avec l'intéressé et ne sut trop qu'en répondre.

« Pourquoi pas », acquiesça sobrement Arnaud. « Je crains de ne pas être d'un grand secours pour convaincre le marquis de Langehack ; lui et moi ne sommes pas très intimes. Tu le connais, Renaud ? »

Bien que n'étant pas liés par l'amour, les deux époux avaient tout de même appris à se connaitre. Renaud reconnut donc le regard que lui lança Neyrelles, comme un signal fort l'empêchant de la congédier. Bien que pouvant le faire s'il le voulait, il ne savait pas pourquoi il ne parvenait jamais à le faire, comme si elle avait une emprise inconnue sur lui *mais pour qui se prend elle ?* Il avait beau vouloir la braver, il ne put de toute façon pas répondre, alors qu'elle se lançait dans un monologue qui lui était plutôt rare. Interloqué, il écouta donc patiemment, ouvrant bien ses oreilles alors que, après avoir justifié sa rencontre avec Louis, elle avancait son avis et ses conseils. Et la voila donc à donner des cours à deux Duc, pairs du Royaumes, tous deux muets face à cette femme. Il nota tout de même, en l'écoutant, qu'elle l'avait empêché d'avoir une réponse de la part d'Arnaud. Ecoutait elle aux portes ? et était ce intentionnel ? il ne le saurait jamais. Agacé par cet état de fait, il n'en montra pas moins de l’intérêt sur son discours qui, une fois n'est pas coutume, était avisé. De toute façon, Renaud ne savait même pas s'il désirait la place de Régent, il avait posé la question à Arnaud par curiosité, et aussi pour le tester. Il se demanda aussi de quels projets elle parlait, surtout concernant le Duc de Serramire. Elle en savait toujours plus, et c'était déplaisant, rappelant à son époux qu'elle était plus brillante que lui. Il connaissait ses lacunes, et il les comblerait, ce qu'il avait déjà débuté depuis son accession au titre de Duc d'Erac. Il laissa Arnaud répondre en premier, voulant voir s'il adhérait aux idées de sa tante

"Je le connais, nous sommes, après tout, cousins, même si notre parenté est lointaine. S'il n'est pas ingrat, il devrait se souvenir que je ne suis pas pour rien dans sa nomination au titre de Marquis de Langehack."

Il restait une chose que Renaud voulait savoir

"Neyrelles, tu dis que ses ambitions te sont inconnues, mais que d'après toi, elles sont moindres que son envie de devenir Régent. Te basant sur cela, tu nous enclin à l'élire. N'as tu vraiment aucune idée de ce qu'il fera du pouvoir qu'il détiendra alors ?"

Il aurait bien posé d'autres questions, mais il se retint, restant à une seule, conscient de ce défaut qui était le sien. Il devait rester patient, et y aller petit à petit.