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 De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya]

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Ernest de Missède
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MessageSujet: De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya]   De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya] I_icon_minitimeLun 27 Jan 2020 - 22:18



Arcamenel de la quatrième ennéade du mois de Bàrkios
– An 17:XI

Il avait bruiné tout le matin d'une pluie fine et pénétrante qui avait fait choir un grand vent de la veille. À la Ferté-Edelys, sur la saillie rocheuse qui avait jadis été le socle d'une prestigieuse résidence royale, le Sanctuaire des Cinq surplombait une brumaille d'automne qui glissait sur le pays édelysien à mesure que le jour avançait. Les lieux avaient été débondés des nombreux pèlerins qui venaient d'ordinaire s'y recueillir. Jean de la Herse, Commandeur du Grand-Prieuré d'Edelys et Protecteur du Sanctuaire, n'avait pas manqué de zèle quant à la charge qui lui incomba de sécuriser les environs. Il fallait dire que le jeune homme, protégé d'Ernest de Missède jusqu'à sa disparition, se trouvait encore rongé de culpabilité. C'était lui qui avait composé l'oraison funèbre du Griffon il y a de cela quelques années et, le baron maintenant revenu, il s'en voulait de ne pas avoir été de ceux qui avait gardé espoir. En conséquence, ses longues jambes dégingandées ne semblaient pouvoir s'arrêter de faire le tour du relief rocheux.



Le baron de Missède était arrivé en compagnie d'Irys d'Arosque, haute-prêtresse de Néera. Tous deux avaient pris le gras de la matinée pour discuter de choses et d'autres. Irys avait sondé le missèdois autant que possible sur les sept dernières années de sa disparition, mais lui ne souhaitait que connaître ce qu'il était advenu d'Edelys depuis lors. Ainsi, avant de prendre route vers le Sanctuaire, dans le confort chaleureux du château de Cornels, la propriété édelysienne d'Ernest, où le destin de la région avait été scellé, Irys d'Arosque se félicita de l'essor du Grand-Prieuré et exprima toute sa reconnaissance envers l'homme qui avait renversé le sort d'un domaine au passé embarrassé pour l'offrir au culte. Ernest l'admit lui-même, il aurait fallu être fou pour envisager le dessein d'une telle entreprise. Il l'avait été, fou. Et même si, aujourd'hui, Edelys était de nouveau un domaine royal, les fondations du Grand-Prieuré, l'édification du Sanctuaire, le système administratif des régions de Tregor, d'Aryeoded, d'Efflam, de Plestin, et de la Ferté-Edelys, tout cela et les fruits qui en découlaient, c'était son œuvre, à lui et à ceux du pays qui, comme le petit Jean à l'époque, avait vu en Ernest de Missède le meneur d'un espoir nouveau pour Edelys.



Ce ne fut que lorsqu'ils montèrent le long et large chemin pavé qui enserrait la roche jusqu'au parvis central du Sanctuaire que la haute-prêtresse se risqua à mentionner le nom de Cécilie. Quoi qu'en fût la question, la seule réponse se perdit dans l'écho des fers des montures sur le pavé. Arrivés au sommet, Ernest invita Irys à partager une prière. Ils se dirigèrent alors vers l'arche de pierre de Néera qui s'imposait de toute sa taille sur le promontoire vertigineux. Là, ils s'agenouillèrent en silence et se recueillirent. Une minute passa, puis deux, puis dix. Ernest n'avait pas bougé d'un cil mais la haute-prêtresse, du haut de ses soixante ans révolus, commençait à soubresauter d'inconfort. Dès ces premiers signes, les membres de sa suite s'approchèrent pour l'aider à se relever mais elle les chassa d'un revers de main ; il ne faisait pas bon genre pour la tête du culte de Néera de s'arrêter de prier avant un simple laïc. Vingt minutes passèrent sous le crachin serré et amer et Ernest n'avait toujours pas rouvert les yeux, ses lèvres toujours agitées de murmures inaudibles. La pierre froide eut bientôt raison des genoux de la brave vieille femme et celle-ci dut se résoudre à battre en retraite. Quittant le Sanctuaire pour rejoindre l'abbaye de Nostredame-de-la-Bien-Venue, elle laissa le baron de Missède à ses prières.

 

Un peu plus de quarante minutes étaient passées lorsque l'extrême communion du Griffon commençait à taper sur les nerfs des hommes qui l'avaient accompagné. Elmure, Alden, et Roland s'interrogeaient sur la possibilité que leur suzerain eût été sujet à une nouvelle crise. Et ils s'apprêtaient à tirer au sort lequel d'entre eux irait le sortir de son recueillement lorsqu'un cor résonna en aval du relief. Quelqu'un venait. Quelqu'un à qui Jean de la Herse ne s'était visiblement pas enhardi à barrer le chemin. Les hommes liges du baron arquèrent chacun un sourcil et portèrent main au pommeau.




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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya]   De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya] I_icon_minitimeJeu 30 Jan 2020 - 17:38


A l’horizon murissait à peine quelques frêles pâleurs diurnes, éclairant tristement les épais nuages qui s’étaient formés la nuit durant. A dire vrai, alors qu’elle enfilait ses gants de cuir, ses yeux s’étaient empreint de lassitude alors que coulait déjà les premières bruines sur les carreaux de la demeure du Marquis et de son épouse. L’euphorie de la nomination était à présent retombée, et plus les heures s’égrainaient et plus un étrange marasme l’assaillait ; non qu’elle craigna quoique ce soit mais plutôt elle se retrouvait apathique de n’être plus que l’épouse. N’avait-elle jamais œuvré par elle-même pour s’extraire de son sang et parvenir là, à la capitale, dans la couche de celui que l’on appelait Monsieur le Régent ? Peut-être était-ce là oui les prémices d’une jalousie. Aucun gentilhomme n’avait su maîtriser l’ardente Flamme du Nord, sinon le bon Louis qui bien involontairement avait d’elle une captive. Prisonnière de son rang et de son seul sexe, elle ne pouvait espérer briller d’avantage si elle restait dans l’ombre imposante du Saint-Aimé. Et quoiqu’elle eut cru un temps apprécier ce rôle de marionnettiste – car aucun à la cour n’était dupe de l’influence qu’elle avait auprès de son mari -, elle parvenait à douter de cette certitude à présent.

Balayant ses mauvaises humeurs par un pas preste, elle avait donné la veille des instructions claires à la nourrice et à son époux. Car s’il y avait bien un royaume qu’elle maîtrisait encore tout à fait, c’était cette foutue demeure ! On avait insisté pour que le voyage quoique relativement court, soit fait sous bonne garde. Alors on avait accordé à l’Arachnide une poignée d’Egides, peu heureux de partir dès l’aube. Sur le parvis de l’hôtel, ils attendaient en silence, les rênes du palefroi de la dame à la main. Bien encapuchonnée, elle regrettait tout de même de partir sous un si mauvais temps.

« Il nous faudra la matinée pour rejoindre la Ferté-Edelys Madame »
« Bien bien Edouard, allons vite. Je veux être revenue au plus tôt ».
Edouard Oignac l’aida à se mettre en selle. Le gaillard spécialement dépêché par son Excellence avait à charge la petite troupe. Proche de la quarantaine, ce chevalier sans peur et sans reproche avait été un pillier – dit-on – lors de la prise du Médian. Dès lors remarqué pour le cervidé, il s’était vu attribuer quelques bonnes tâches. Seule ombre au tableau, la récente tentative d’assassinat de l’ancienne baronne et des petits faons avait bien failli couter à l’homme sa place, son titre et sa tête. Mais là ! Le Bon ne serait pas s’il ne savait faire preuve de magnanisme ; d’autant que le pauvre Oignac se trouvait à l’autre bout du marquisat au moment des faits. Prenant la tête de la cohorte, faisant claquer les sabots sur les dalles pavées des Mille-Soleils, il semblait plus tendu que jamais.

Et quoiqu’il redouta un piège tout du long, le voyage fût tranquille. Les Berthildois avançaient à bon rythme tandis que de temps à autre, Alanya pestait contre le maudit crachin qui ne semblait vouloir s’arrêter. Il était presque la mi-journée lorsqu’enfin se dessina de plus en plus proche la citée convoitée. L’édelysois avait été proclamé Prieuré des années plus tôt ; alors même que se dessinait au sein du royaume une querelle des plus vive. La Haute-Prêtresse Irys, complétée d’influant dévots, avait imposé la citadelle de Ferté-Edelys comme un lieu immanquable pour tout bon Pentien. Vraiment ravie de se rendre dans ce lieu qui n’avait aucun intérêt à ses yeux, elle priait ironiquement pour ne pas s’éterniser. C’est que les bondieuseries n’étaient point à son goût, laissant ça volontiers au brave Louis qui pratiquait davantage. Puis composant avec sa mauvaise Foi, elle devait bien se sacrifier pour quelques sorties. Fausse-fidèle parmi les ouailles, elle trouvât néanmoins quelque réconfort dans le silence apaisant des temples.

Le cor sonna au bas de la ville, alors que déjà quelques curieux jetaient un œil à la grand’ rue. Les Egides, portant haut les armoiries au cerf, menait bon train, préférant ne pas risquer la cohue. Quoiqu’elle douta de la capacité des petites gens à lire l’héraldique – mais allez donc expliquer ça à un homme d’armes -, elle offrait un divertissement suffisant dans cette ancienne terre du Roy. Y demeurait d’ailleurs le vestige d’une belle villégiature, aujourd’hui transformée en Sanctuaire. Accueilli par le Commandeur en personne, elle ne s’étala guère en amabilité et pris plutôt la route pour rejoindre celle qu’elle était venue quérir. Les Egides la talonnait sous le regard toujours vigilent d’Edouard.

« J’entends à ce que vous me laissiez seule sitôt arrivée »
« Je crains ne pouvoir Madame, Monsieur votre époux… »
« N’est pas là, et nous allons dans un lieu sacré ». Elle lui adressa une œillade qui laissait peu de place à la rebuffade, mais afin de s’assurer que le message soit tout à fait passé, elle ajouta : « Je doute que la Haute-Prêtresse souhaite voir pénétrer des soldats véhéments dans la maison de la Damedieu ».

Il ne moufta plus et les quelques minutes se déroulèrent dans un mutisme ecclésiastique. Plutôt, elle en profita pour détailler l’architecture, à la fois classique mais bien ouvragée. Pour sûr, le Roy et sa cour devait venir là pour l’exotisme campagnard des lieux ; il y avait cette charmante atmosphère loin de la ville qui rendait l’habitat plus champêtre. Par quelques aspects, elle lui rappela sa propre maison, à Broissieux. Elle imaginait fort bien les débuts de printemps doux, où se promenaient dans les champs alentours les dames, tandis que ces messieurs s’en allaient à la chasse. Les rêveries cessèrent lorsqu’à la place de trouver une vieille femme moitié goitreuse, ce fût plutôt un charmant gaillard qui se trouvait là, entouré d’hommes aussi suspicieux que l’était son escorte.

« Pardonnez, Monsieur, d’avoir troublé vos prières. Je m’attendais à trouver sa Sainteté ». Un charmant sourire, aimable comme à son habitude, habillait dignement les lèvres de la Marquise qui retira sa capuche pour découvrir son visage et ses mires aussi moroses que le ciel. Et bien qu’elle afficha une apparente bonhommie, elle se maudissait trois fois ; n’aurait-elle pu s’épargner cette corvée-ci ? « Puis-je me joindre à vous ? Quoique je constate que vous aviez déjà une charmante compagnie ». Se tournant vers les liges de l’inconnu, elle leur adressa un salut courtois.
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Ernest de Missède
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MessageSujet: Re: De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya]   De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya] I_icon_minitimeMar 4 Fév 2020 - 19:08



Une voix fit écho dans le Sanctuaire à ciel ouvert. Ernest inspira profondément, tiré de ses prières comme un nageur à sa sortie de l'eau. Il releva la tête et rouvrit les yeux. Une larme coulait sur sa joue, forcée peut-être par le vent qui battait le promontoire rocheux ou une émotion toute aussi vive. Le missèdois embrassa la dalle du parvis sur laquelle il s'était agenouillé, puis se remit debout pour faire face à celle dont l'arrivée avait entrainé la fin de son recueillement. Au creux du capuchon bientôt découvert de l'inconnue, Ernest détailla le galbe fin de son visage, ses pommettes hautes, et ses yeux bleu nuit. Ses habits, sa démarche dont seuls se prévalaient ceux et celles de son rang, et le fait que le Commandeur avait signalé son arrivée au son du cor ; autant de marques qui permettaient au Griffon d'identifier celle qu'il n'avait pourtant jamais rencontrée.
Dame Alanya de Broi... commença-t-il.
De Saint-Aimé, Votre Honneur ! s'empressa d'interjeter Roland de Valmu. Marquise de Sainte-Berthilde et épouse du Régent du Royaume, Louis de Saint-Aimé.
Ernest cacha sa surprise. Il n'était pas encore au fait de tous les chambardements que la péninsule avait connu durant les sept années qui l'avaient vu retenu hors de ces terres.
Ernest de Missède, baron de Missède et seigneur d'Ethin, introduisit à son tour Alden de Béjarry, brisant le silence passager au cours duquel le baron envisageait les implications de ce changement de patronyme.
Dame Alanya de Saint-Aimé, répéta-t-il finalement en esquissant un sourire en coin et un hochement de tête que d'aucuns auraient dit qu'il ne pût signifier qu'une chose : bien joué, Madame la marquise. Après une inclination respectueuse de la tête, il reprit : Mes secondes prières de la journée sont terminées, Votre Excellence. Mais je vous en prie, recueillez-vous autant que vous le souhaitez.  
Le baron fit alors quelques pas pour laisser place à la marquise. Il se tint légèrement à l'écart mais tâcha de se positionner de façon à ce que sa carrure couvrît la dame du vent et de la bruine qui sévissaient. Son regard s'abîma alors à l'horizon des plaines édelysiennes du Bronent qui transparaissaient de temps à autre dans des entrelacs de brouillard. Après quelques minutes, il se retourna enfin vers la berthildoise.
La Haute-Prêtresse a repris le chemin de l'abbaye de Nostredame-de-la-Bien-Venue, à une lieue depuis la porte est de la ville. Vous venez de la manquer, Votre Excellence. Je serai ravi de vous y conduire si vous acceptez au préalable de vous arrêter au château de Cornels où nous pourrions déjeuner ensemble.
Roland et Alden eurent du mal à dissimuler leur étonnement face à telle proposition. Leur suzerain n'avait guère brillé de sociabilité depuis son retour ; pis encore, ses longs silences et accès de ferveur avaient rendu toute conversation avec lui pour le moins fastidieuse et, eu égard à certains sujets en particulier, complètement impossible.




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MessageSujet: Re: De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya]   De ce que pense fol hardi demeure grandement [Alanya] I_icon_minitimeMer 11 Mar 2020 - 11:55

Là, passé le choc et la stupeur, elle se laissa aller à un sourire bienvenu. Adonc les rumeurs qui se chuchotaient çà et là étaient vraies : le disparu s’en était revenu à ses pénates. Et bien que mille questions lui taraudèrent l’esprit, les unes bousculant les autres, elle s’abstint de plus ample commentaire. Il n’était guère bienséant d’assaillir les braves gens d’une curiosité mal placée – que sans doute l’on qualifierait aisément de morbide. Il viendrait le temps de l’entrevue, et s’il lui permettait, elle s’enorgueillirait de ramener avec elle à la capitale les secrets d’Ernest de Missède, le baron que tous croyaient mort. Non qu’elle aimait particulièrement ce genre de ragot ou l’exercice de la petite politique, mais il était plaisant de jouer avec les feux de la vérité. Puis elle se devait de faire sa place à la cour ; elle qui jamais n’avait envisagé quitter un jour le Nord se retrouvait nue dans le nid des vipères. Faute d’antidote, la Marquise saurait dès lors se servir du même poison que ces fardés ambitieux. Peut-être même que sa frimousse retint un petit sourire moqueur ; pour sûr que Desmond de Broissieux ne saurait démentir une telle affirmation s’il n’eut mangé les pissenlits par la racine depuis de nombreuses années.

Et avec beaucoup d’agacement, elle se plia aux prières. Voilà vraiment ce qu’elle aurait aimé éviter par-dessus tout, mais elle ne pouvait se dérober aux pieuses obligations. Alors sous le regard de tous, elle s’agenouilla. La pluie fine venait ruisseler sur ses cheveux humides qui se perlaient de gouttelettes argentées. La scène était grotesque ; la voilà bien sagement dévote sans y croire, sous l’œil d’un revenant à peine réchauffer et d’une peuplade milicienne désabusée. C’était sûrement là le début d’une bonne comédie satirique comme il s’en écrivait parfois. Les mires fermées, les mains jointes et le silence pour seul habit, elle essaya vraiment – sincèrement – d’avoir un élan de Foi. Mais rien ne vint, sinon l’énervement du cliquetis régulier de l’eau sur le dallage, et les tintements ferreux des Egides. Elle pouvait presque compter le nombre de fois où ils vacillaient d’un pied à l’autre. La Saint-Aimé – qui n’avait de saint que le nom – voyait à chaque seconde l’espérance de rentrer tôt s’envoler. Bientôt ils seraient forcés de faire halte pour la nuit et quoique l’idée ne l’enchantait guère, elle se consolait en espérant la compagnie du Rescapé.

Aussi ne cacha-t-elle sa joie lorsqu’il lui offrit, comme un gentilhomme, de se joindre à sa table. Et sûrement que l’espace d’un instant, elle s’imagina bien plus légère que depuis des années. Depuis combien de temps n’avait-elle eu un moment de répit ? Pas depuis des mois. Le complot, l’arrivé à Diantra, la nomination de son époux avait rendu sa vie infernale et elle n’avait d’autre choix de d’offrir un spectacle constant. Là – bien qu’elle ne se faisait trop d’illusions sous l’apparent badinage – avait elle l’opportunité de s’octroyer quelques bons temps. Bien sûr viendraient les choses sérieuses, mais elles avaient au moins le mérite de se faire dans un endroit atypique, à cent lieues des impersonnels et intemporels boudoirs et petits salons. Ce fût donc presque aussi naturellement qu’elle offrit la plus aimable ses réponses.

« Rien ne plairait d’avantage votre Honneur. Je dois dire que jamais je n’aurais un jour pensé que nous nous rencontrerions dans un tel endroit ; adonc, si vous me le permettez, j’oserai même à penser que ce n’est là qu’une entremise de la Damedieu ». La dame accorda un petit regard mutin à l’homme avant d’avancer à son rythme.
« D’ailleurs, je l’ai remercié présentement de vous avoir ramené parmi nous. Est-ce donc vos jurés qui vous ont retrouvé sain et sauf ? » Elle désigna le petit groupe qu’elle ne connaissait pas. « Je dois dire qu’il se raconte beaucoup de choses sur votre retour, et d’aucun ne saurait mieux expliciter que vous-même ».
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