Première ennéade de Verimios, 17:XI
Les préparations d’une campagne n’était pas sa facette de la guerre préférée mais c’était un changement bienvenu, il se sentait enfin comme un fern dans la lave, laissant la politique et la théologie derrière lui pour ne s’occuper que des osts ; eux, au moins, il pouvait les comprendre. Malgré les éternelles lutes des officiers sous ses ordres pour obtenir les affectations les plus dangereuses, celles qui leur permettraient de se couvrir de gloire et, surtout, d’attirer le regard des dieux, il fallait attribuer les missions d’arrière-garde. Cependant avec un Kerath sur les nerfs et ne cherchant qu’un prétexte pour frapper quelqu’un, les protestations se faisaient moins nombreuses et les conflits restaient latents. Outre l’envie toute particulière du Karliik Glenn de se défouler, c’était bien l’envie de se lancer à nouveau dans l’Eda Vengeur qui poussaient les militaires à laisser de côté leurs inimitié ; beaucoup ne s’étaient pas attendu à repartir si vite d’ailleurs et encore moins avec tout le monde même si un nombre non négligeable n’auraient pas craché sur une nouvelle purge ne serait-ce que pour se débrasser de gêneurs.
Maintenant il fallait composer avec et malgré lesdites inimitiés, tous avaient un but commun vers lequel tendre. L’Etat-Major ayant décidé depuis un bon moment que la première étape de cet objectif serait Naélis et ainsi le Puy finissait les préparatifs pour, enfin, être à nouveau sur le pied de guerre. L’Etat-Major s’était à nouveau réunis dans la grande salle du palais royal au plus profond des chambres magmatiques mais Kerath n’y était pas encore. Il s’y rendrait bien évidemment mais d’abord il devait voir une dernière fois la fresque de l’Eda Vengeur avant de partir.
A nouveau silencieux comme il le fut à son retour de Sol’Dorn, le général observait le mur dans l’espoir qu’il répondrait à ses questions, que, peut-être, les dieux daigneraient bien lui envoyer un signe, quelconque. Alors certes il aurait pu demander lui-même des réponses mais il ne comptait pas poser ses questions à la prêtrise et ce peu importe la divinité ; il avait déjà fait l’erreur une fois et il ne comptait pas la répéter. Au final il ne resta pas longtemps, heaume sous le bras, il embrassa la fresque du regard une dernière fois avant de partir d’un pas rapide, il était déjà en retard, autant ne pas aggraver ledit retard plus que de raison.
Avant même d’arriver il fallait être aveugle pour louper le tourbillon d’activité, des soldats allaient et venaient, faisant des allers-retours entre l’Etat-Major et les forteresses des osts pour transmettre rapports et autres messages. Ensuite les militaires faisaient passer le mot aux civils et ainsi le Vatna finissait de se réveiller. Il ne manquait pas grand-chose et déjà les soldats se regroupaient dans leurs forteresses respectives. Avant de rentrer dans la grande salle il s’arrêta pour une rapide prière muette puis lorsqu’il rentra on le salua sur son passage jusqu’à ce qu’il arrive enfin à la table centrale où son apparition arrêta une dispute qui commençait à dégénérer. Conformément aux habitudes de Kerath, tout le monde se tût pour prier Meingal et Uriz. Les divinités lançaient un regard sévère sur les occupants de la pièce, tout comme le faisaient les représentations des rois, reines et Karliik Glenn immortalisés dans la pierre en l’honneur de leurs victoires ; sur les socles des statues étaient gravés les grands noms de ces guerres, qu’ils soient tombés au combat ou non.
Lorsque la prière fut terminée le général posa son casque sur la table et l’activité reprit. Les aides de camp se remirent à courir en tous sens, à chuchoter à l’oreille d’officier ou à parler à voix haute pour qu’à leur tour leurs supérieurs passent l’information aux Obok Senger, il ne tenait ensuite qu’à eux de continuer à faire remonter l’information ou non, réunis qu’ils étaient devant cette grande carte de l’Ithri’Vaan bien que ce qui les intéressait n’en était qu’une petite partie, tout au nord-ouest et c’était d’ailleurs bien le soucis car avant d’arriver à Naélis il fallait passer par Hanning qui était sous contrôle Thaari. Toutefois ces considérations n’étaient pas le problème de Kerath mais bien celui des nouveaux triumvirs, c’était désormais leur responsabilité de trouver un moyen lui permettant d’accéder à la capitale du royaume dont la conquête était l’étape suivante de l’Eda Vengeur.
« Quand serons-nous prêt à partir ? » L’ordre de marche était celui que tous attendaient, et le Karliik Glenn attendait également avec impatience de le donner, mais à quoi bon si tous n’étaient pas prêts à l’exécuter ? La question, somme tout rhétorique car le général le savait très bien, il avait eu tout loisir de lire es divers rapports sur le sujet durant ses nuits blanches. Il regarda les officiers supérieurs les uns après les autres pour obtenir une réponse puis il reprit la parole.
« Nous quitterons le Vatna dans trois jours. » Il se tourna ensuite vers Drok.
« Tu resteras ici pour remplir ta mission mais il n'est pas impossible que je fasse appel à toi. Cela dit j'aurais besoin de tes sapeurs pour réparer les murailles de Sol'Dorn si les travaux n'ont pas déjà été lancé. » Kerath ne savait pas si c’était le cas ou non mais il préférait savoir les murs de Sol’Dorn réparés le plus vite possible même s’il avait, pendant un temps, pensé à faire détruire lesdites murailles. Enfin lorsqu’il arriva à l’Obok Senger du cinquième ost il hocha la tête.
« Comme pour le siège de Sol'Dorn, tu t'occuperas de la protection de notre ligne d'approvisionnement, tu as à tes ordres l'ost le plus mobile. »