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 Divagations d'une âme errante (solo)

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Dante Corvac
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MessageSujet: Divagations d'une âme errante (solo)    Divagations d'une âme errante (solo)  I_icon_minitimeSam 4 Avr 2020 - 21:58


début première ennéade de Vérimios de l'an 17 du XIe cycle
quelque part entre Aretria et un village paumé sur le trajet de Diantra.



Une jument Arétane au sabot solide, à la robe d'un fauve inusité tirant sur le pêche, avance inlassablement sur le chemin, apparemment insensible à la tempête hivernale qui s'abat sur elle et son cavalier. Elle semble savoir où aller et l'homme qui la monte lui a laissé la bride sur le cou, lui faisant manifestement confiance, parce que, avouons le, on n'y voit strictement rien.

La beauté d'une température merdique comme celle là est le fait que les bandits de grands chemins seraient particulièrement suicidaires. Le cavalier est recroquevillé sur lui même pour garder sa chaleur et étroitement enroulé dans son manteau, le visage couvert d'un foulard ne laissant qu'une mince fente dévoilant des yeux en ce moment fermés.

Dante n'entend rien, il n'y a que la chaleur de l'animal entre ses cuisses et son odeur qui lui parvient parfois aux narines pour lui indiquer qu'il n'est pas seul dans cet enfer blanc. Se sentir démuni alimente le feu de la rage dans son ventre. Une rage tournée contre lui même. En cet instant précis, Thaar lui manque. La Putain d'Itrii'Vaan avec son quartier des lanternes et son bazar, ses odeurs de cuir et d'épices, cette chaleur l'après midi qui vous fait sentir vivant. Le port et son odeur d'iode et de poisson. Le Nid et ses dangers. Les grandes étendues dangereuses.

Non, il n'est pas un homme du nord. Chaque jour passé en Péninsule le lui rappelle assez merci. Pourquoi il est venu ici déjà? Ah oui, buter El et préparer sa nouvelle identité. En attendant, il pourrait rester oisif dans une auberge et se tenir peinard? Maiiiis nonnnn…. Il faut qu'il se mette en tête de chasser de la petite nobliaude…

Il pense de moins en moins à Cécilie. Mais en cet instant précis, il l'imagine très bien chevaucher à côté de lui et se marrer, cheveux roux au vent et yeux de glace le toisant. Se foutant carrément de sa gueule comme lui le faisait gentiment quand elle avait beaucoup trop chaud. Elle est née ici. Les hivers elle connait.

Il s'est toujours demandé pourquoi elle avait si chaud. Maintenant qu'il se les caille en permanence, l'homme comprend un peu plus la facette froide et austère de sa compagne.



Ou ex compagne?



Il a toujours eu cette faculté de vivre dans le présent. Les souvenirs dans sa situation actuelle s'affadissent un peu. A quoi bon s'y raccrocher quand il ne la reverra jamais? Le pincement qui lui traverse le coeur et le sentiment de solitude le fait un peu plus s'avachir sur lui-même.

Elle t'a repoussé pas une mais deux fois… Tourne la page. Tu sais qu'elle l'a fait.    

Tiens... Ca faisait longtemps qu'il ne l'avait pas entendu. Mine de rien, Dante est content. Parce qu'au final, il se retrouve toujours seul. Au final, il n'y a que lui et la Bête, lui et Zhak'Bar. La tempête a ca de bien, pour une fois, ils peuvent discuter sans que ca ne se répercute l'état physique de l'humain, l'un comme l'autre sachant que chaque once de chaleur en cet enfer blanc est vital. La voix grave s'élève, brisant le vent cinglant.

Pêche… Je te fais confiance sale carne mal dégrossie… Tu nous amène au chaud hein?

Pour toute réponse, un ébrouement et la jument encense deux coups, avançant infatigablement au travers des congères. Il retourne alors a son dialogue intérieur.

-A quoi ca te sers l'amour en cet instant précis Dante, t'es seul… seul… tooouuut seulll.
-Je te retourne la question trouduc. A quoi sert ta haine et ton désir de détruire ici? A part la neige, ya pas grand chose à détruire… Tu veux la place? Jpeux te la laisser… Mais on crèverait et tu le sais.
-A te voir aller, ca serait un moindre mal. Tu t'es vu?
-Non, et toi non plus tu me vois pas. Tu le sais que j'ai raison. C'est moi qui nous fais survivre en cet instant.
-Putain d'enfer blanc
-On survivra pas si on continue à se battre l'un contre l'autre… Le prêtre a raison d'une certaine façon.
-J'ai l'air de vouloir être sauvé?
-...

La Bête ricane
-Ce que ta pas compris, Zhak'Bar, c'est que t'es dans un corp d'homme, ce que tu me fais, tu te le fais aussi… Je veux bien honorer notre pacte et j'adore ça je le cacherai pas, mais va falloir comprendre que ya une partie en jeu… Celle de vivre le plus longtemps possible.
-Tu la reverra jamais. Elle t'a largué! Sale amoureux transi!


Un hennissement sonore de Pêche le tire de ses pensées. Une brève odeur de feu de bois, poussé par le vent leur parvient aux narines. La silhouette noire se redresse un peu et reprend les rênes, guidant la monture vers la source de l'odeur. Il n'a pas grand chose à faire remarque, la jument connaissant mieux la région que lui manifestement, elle sait où se rendre pour son avoine.  

-Oui, elle nous a frappés et nous a largué!!! et puis? Je suis pragmatique, parce que l'un de nous deux doit l'être, Ca sert à rien de pleurer sur sa tronche ni de vouloir la tuer. Elle a raison en un sens, la game c'est de vivre le plus longtemps possible avec elle c'est facultatif, on s'est débrouillés sans avant et on sera capable maintenant aussi... Et le prêtre aussi. Si on réussis à s'entendre le temps de sortir de ce continent pourri... Tu sais, un contre l'autre on arrive à rien et on fait des conneries, t'a pas ce que tu veux et moi non plus.  
-Tu veux encore ta rédemption sale con?
-Ca arrivera pas par les autres, il faut trouver par nous même notre Equilibre sans nous esquinter, l'enveloppe survivrait pas longtemps au rythme qu'on avait à Thaar.
-Jamais!!! Je te Boufferai tout cru!  


L'assassin soupire d'exaspération et de soulagement quand la monture s'immobilise enfin devant une écurie. Enfin un peu de repos… Et, surtout, de la chaleur.


Dernière édition par Dante Corvac le Dim 10 Mai 2020 - 17:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Divagations d'une âme errante (solo)    Divagations d'une âme errante (solo)  I_icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 0:21


1er jour de la 2e ennéade de Vérimios de l'an 17 du XIe cycle
Dans une auberge de Diantra.



Qui a t'il donc à dire?

Une page blanche… Une plume à la pointe trempée dans le rubis liquide qui survole le support délicat qui l'attend, patiemment…

Qui aurait il donc à dire?

Une péripétie... Une accalmie…
Un début. Une fin…


Qu'est ce qu'il ne faudrait pas dire?

Une émotion… Une envie…
Un regret… Un oubli…

Qu'est ce qui devrait être hurlé?

Une solitude… Une union…
Une colère… Un désir…

Et ce qui devrait être tu?

Une nostalgie… Un oubli…
Une odeur… un visage…

A qui devrait t'il écrire?

A tous… A quelqu'un… A personne…
...

La plume, finit par trembler, avant de se faire essuyer consciencieusement sur le chamois perlé de cramoisi qui l'attend patiemment depuis un temps indéfini… Derrière l'écrivain en mal de mots, en mal de maux,  le bruit de l'eau qui coule dans une cuve devant la cheminée de la suite, accompagnée par l'odeur caractéristiquement humide du liquide fumant et pur issu de la neige…

L'écrivain n'atteindra jamais le bain. Le sommeil l'aura emporté dans ses plis bien avant. Et quand il se sera endormi, c'est un autre individu qui profitera de l'eau chaude parfumée de lavande, de sauge, d'eucalyptus et de romarin.

L'individu en question n'a que faire des maux et des mots, n'a que faire d'une plume et du vélin. Pour le moment, pour une des rares fois, il n'est pas une boule de rage et de colère… En ce moment, il n'a que froid. Et c'est avec un délice purement égoïste qu'il ne réveille pas l'écrivain pour partager la cuve chaude…

Quiconque osera dénigrer les vertus de l'eau chaude, il tâtera de sa lame. Le compagnon de voyage de l'écrivain prend les choses en main, verrouille la porte de la suite qu'ils se sont payés pour une fois. La manie de l'autre de vouloir vivre le plus miteusement possible est souvent agaçante. Mais ils sont parvenus a un consensus qu'un peu de confort pour se réchauffer est bien. Et que les bains sont essentiels pour ne pas mourir sur pieds.  

Les flammes vrombissantes du foyer rendent la pièce étouffante, mais il n'en souffre pas. Au contraire, il savoure le fait qu'ils ne soient pas transis jusqu'aux os pour une fois. L'homme se dévêt alors avant de se plonger dans le liquide vital. Pendant un  moment, il regarde avec fascination la coulisse rubis s'écoulant lentement de son avant bras, gouttant lentement le long du cuivre de la cuve, écrivant une tout autre poésie que celle que l'écrivain souhaitait, espérait écrire. La prunelle verte rehaussée par le visage abîmé, rêveuse, semble perdue dans un tout autre monde que celui dans lequel il se trouve en cet instant.



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MessageSujet: Re: Divagations d'une âme errante (solo)    Divagations d'une âme errante (solo)  I_icon_minitimeJeu 7 Mai 2020 - 1:53

- partie 1

Temps et lieu indéfini


Elle se lève au grenier. Nous dormions mais nous l'avons entendue arriver de loin, le pied menu faisant vibrer le parquet. Dans cette masure, il n'y a aucun endroit où se cacher. Chaque planche craque et hurle au moindre coup de vent. Il est facile de savoir, ils sont deux dans cette baraque… D'ailleurs, le père ronfle sans interruption comme un bouzon beugle.

Trop occupé à cuver sa vinasse sans doute. Il ne s'est apercu de rien, somnolant tandis qu'elle le faisait boire de plus en plus la gamine. Gamine… Faites moi rire. Son regard qui se veut ingénu, puis provocateur, puis aguicheur nous irrite de plus en plus… Elle semble nous vouloir… Sait t'elle seulement dans quoi elle s'embarque? Pour une fois, ni moi ni lui n'avons discutaillés. Ca le fout déjà assez en rogne cette façon de se faire considérer comme un vulgaire tas de viande. Nous avons été polis et courtois. Nous avons répondus à ses questions… La séduire n'était pas dans nos plans cependant, juste de la faire souffrir, saigner et implorer avant de repartir sur les routes.

On veut juste dormir pour repartir demain matin, nous pensions que nous aurions la paix. On se serait occupés de leur cas demain matin avant de partir. Mais, finalement, on dirait que non. On s'enroule un peu plus étroitement dans notre cape, au coin du feu, dans l'espoir que ca soit juste pour pisser qu'elle se lève.

Même si on sait que c'est de la merde. La planche de l'échelle craque tandis qu'elle se met à descendre. Elle veut débuter le petit jeu maintenant? Soit alors, jouons!!!

Sire Halewyn? Vous dormez?

Demande une petite voix timide. Nous laissons le temps passer un peu, mais le silence subit des planches me dit qu'elle ne se laissera pas démonter. Bon… Repoussant notre cape, nous nous relevons avant de nous mettre à la plier avec une application certaine, pour gagner du temps. Nous évitons de croiser son regard, mais nous avons parfaitement saisi qu'elle est en robe de nuit. Les cheveux dénoués. Nous sentons l'odeur de son sang, elle s'est mordue pour utiliser de son sang pour rosir ses lèvres et donner un peu de couleur à ses joues pâles.

-Non, je ne peux pas, je… pense trop à vous.  finissons nous par dire d'une voix égale, faisant prendre à notre voix des accents de velours exotiques, ces accents qui lui font probablement miroiter monts et merveilles.

Nous comprenons l'attrait que peut avoir, pour elle, un étranger. Ici, perdue dans un cahute située plus profond que le trou de cul du monde, elle n'a que nous pour la distraire de son morne quotidien. Ca fait la seconde nuit que nous passons ici, pendant que le blizzard hurle dehors. Un frisson agréable remonte le long de notre nuque. Seul avec nos proies, la nuit est jeune ceci dit.      

Sait elle seulement comment ca nous excite cette odeur? Sait elle seulement comment nous pouvons avoir Faim? La mienne ou la sienne, peu importe. Il a aussi Faim que moi, sinon plus même. Et pourtant, c'est moi qui réclame toujours ma part d'hémoglobine habituellement. Patience Dante, patience… Je veux faire joujou avec cette jeune proie et toi aussi, je le sais, je le sens.

En cet instant, nous sommes réellement un.

Nous la regardons de biais avant reporter notre attention sur la porte de la chambre de son père. Un sourire engageant fleurit alors sur notre grande bouche. Sans la regarder encore, nous posons un doigt sur nos lèvres. Lui demandons d'attendre un peu. Le ronflement s'est tu… Souplement, nous nous glissons le long de la pièce, s'approchant doucement d'elle.

Elle a délacé le collet de sa prude chemise de nuit élimée la salope. Nous voyons la jugulaire palpiter sous la clavicule nettement trop maigre.  Ils sont en train de crever de faim… On a dû même sacrifier de nos rations pour leur gueule… Ses grands yeux de biche marrons nous font demander pourquoi elle a pas de mari encore. Elle a quoi? 15 ans à vue de pif? Aux formes en tout cas, elle doit déjà avoir saigné, ca ne fait aucun doute. Et la Jument qui saigne est en âge d'être mariée et montée ici, en Péninsule.

Pendant que les ronflements recommencent, ébranlant aussi bien les murs intérieurs de la masure tandis que le blizzard redouble là dehors, nous fondons sur elle, nos grandes mains se refermant sur ses hanches étroites. La posant sans délicatesse sur la table de la pièce à vivre, nous allons chercher notre dû. Goulument, avidement, nous allons chercher le sang qu'elle a posé sur ses lèvres. Nous le goûtons, nous nous en abreuvons tandis que ces jeunes lèvres nous heurtent et nous écorchent au passage, que le coton rugueux de sa chemise de nuit nous arrache l'épiderme de nos grands doigts qui écartent le pauvre tissus. Nous notons parfaitement au passage l'inexpérience de cette jeune bouche. Le hoquet de surprise qu'elle a, nous l'inspirons en la faisant taire avec ce baiser fait pour cela. Elle prend les spasmes de notre peau pour de la considération, de l'hésitation. La séduire fut tellement facile que nous ne l'avons pas voulu en plus. Des sourires, deux trois trucs glissés à l'oreille, des histoires d'outre-mer.  De l'aide.  

Nous la détestons tellement! Nous la voulons d'une tout autre façon qu'elle pense. Elle nous repousse faiblement, tremblante, avant de cacher son menu visage dans notre cou. Tranquillement, sans brutalité nous l'enlaçons, la laissons profiter d'un peu de notre chaleur. La chute sera plus dure pour la pucelle…  

-Sire Halewyn! Emmenez moi avec vous, je vous en supplie. Je n'en peux plus d'être l'esclave de mon père depuis la mort de ma mère. Mes sœurs sont déjà mariées et parties… Je veux voir le monde avec vous! Je ne serai pas un boulet, promis

Tranquillement, avec assurance, nous relevons le menton de la jeune pucelle. Sous ses longs cheveux blonds se trouve un visage qui serait agréable s'il n'était pas si maigre. Une autre… Une autre qui pense nous utiliser jusqu'à ce qu'elle ait un meilleur parti sous la dents. Nous ne comprenons pas ce qu'elles nous trouvent toutes. Ce n'est qu'une autre brebie juste bonne à chialer et à donner pleins de petits agneaux à ce monde pourri. Une autre tumeur grangréneuse, faible… Nous lui sourions, le regard de velours. Nous savons que nos yeux chantent la chanson qu'elle voudra bien y voir. Elle y verra de la douceur et de la convoitise.

Nous, nous savons qu'une seule chose nous guide, la Faim et la Haine. Et pourtant, le sourire que nous lui offrons en cet instant précis est un calme et rassurant. Nous le voyons au regard reconnaisssant qu'elle nous retourne.

-Oui, ma chair… Je vous emmène avec moi. Nous deux, c'est à la vie à la mort… Je l'ai su au premier regard.

Cette fois c'est elle qui vient réclamer le baiser, exiger même. Prenant notre main pour la poser sur sa poitrine. Ignorant la crispation qui nous prend sous son toucher non sollicité. Toutes pareilles…
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MessageSujet: Re: Divagations d'une âme errante (solo)    Divagations d'une âme errante (solo)  I_icon_minitimeDim 10 Mai 2020 - 17:41


Amour et Haine, Haine et amour, entremêlés, entrelacés, indissociables ou presque, sauf en une seule et unique exception.

Sur un fond de ronflement sonore, elle le touche et le caresse. En automate, l'homme fait de même. Il la tient près, si près. Il la laisse le toucher, le heurter. Il prend et offre cette souffrance tactile à Kiel. Sous les doigts de la jeune fille, son épiderme se crispe et se révulse convulsivement. C'est plus fort que lui, c'est viscéral.

Dans sa tête, il gronde. La Bête montre les crocs et mordille la jugulaire tendrement offerte en un geste de confiance et d'abandon. Les grandes mains l'enserrent sans délicatesse dans une étreinte de fer qui arrache un cri de surprise teinté de douleur à la proie. Cri prestement tu d'un baiser sauvage, le chasseur laisse court à sa passion, sa sauvagerie à laquelle la pucelle répond de son mieux.

Son nom n'est pas important.

Les grandes mains remontent le long de son dos. Sentent chaque ruguosité de la chemise de nuit. , il laisse le bout de ses doigts monter et dévaler les vertèbres et les côtes, effleurer sans douceur ses omoplates, avant de remonter encore, écartant les cheveux blonds. Avec acuité, il se laisse écorcher par la peau qui porte quelques marques subtiles d'une maladie infantile

Fermant à demi ses prunelles de miel et de vert opalescent, l'homme évase les narines et inspire doucement. Elle fleure le miel et la cendre… Rien à voir…

Une main fine se dégage alors pour aller retrousser sa chemise… Il se laisse faire… Quand elle caresse ses scarifications, Dante ne bouge pas. La fille murmure quelque chose. Quelque chose qui se veut tendre et plein de … pitié? Le regard de l'étranger se fait totalement présent. Il cache l'expression de dégoût qui l'emplit par un mouvement brusque, enfouissant son visage dans les fils de fers chauffés à blanc de sa chevelure.

Sa main gauche atteint le cou de la belle. La main gauche de la fille délace ses chausse… Elle ne se rendra pas plus loin. Le père est à côté, et même s'il ronfle, il ne faut pas faire de bruit… La main droite de Dante rejoint la première…

Les doigts de l'assassin deviennent de fer. Les prunelles dépareillées plongées dans celles pâles, il serre, desserre et resserre encore et encore… Juste ce qu'il faut pour faire durer le suspense. Qu'elle pense d'abord à un jeu, qu'il puisse savourer la lueur d'inquiétude… Puis de crainte, qui se meut en terreur, mais il est trop tard, le manque d'oxygène a déjà sapé ses forces.

Et tout le long, il la regarde dans les yeux, aucune lueur humaine dans le regard dépareillé du prédateur. Juste un sourire, de plus en plus sauvage, qui s'épanouit sur la sale gueule de celui qu'elle convoitait. Un sourire haineux et vicelard. Ainsi mourut donc la pucelle, supposément vierge.

Pour le père, ce fut plus facile… Et plus cruel. Il profita de son coma éthylique pour le ficeler au plumard, avant de déposer sa fille à ses côtés, nue et morte. Et il attendit patiemment qu'il émerge, commencant son ouvrage. Parce que, mine de rien, il n'a pas de temps à perdre. Pour ne pas se salir d'ailleurs, il se dévêt et met une paire de chausses de son hôte. C'est crade, mais au moins il ne salira pas ses affaires.

Tranquillement, il se met à l'ouvrage, mâchouillant de ci de la une petite lichette de viande. Et quand le père se réveille, avec le mal de crâne, ils rigolent. Les hurlements et les malédictions qui fusent de ce dernier, baignant dans les entrailles de sa propre progéniture, soigneusement empilées sur sa personne… Un concerto ne serait pas plus mélodieux.

Quel plaisir de l'entendre gueuler, pleurer, maudire et implorer au fur et à mesure qu'il dépeçait sa proie à côté de lui, que La Bête arrachait des lambeaux de chairs que Dante découpait en fines languettes et mettait posément à congeler dehors, qu'ils aient de quoi bouffer en route.

Ô, il ne lui touche même pas au père, sa souffrance et la destruction de sa psychée étant un pur chef d'oeuvre. Réjouit, Dante continue longuement. Et quand il a finit de découper et d'emballer sa pitance, qu'il s'est nettoyé et qu'il a sellé et préparé son départ, il vient mettre une dernière touche à son chef d'oeuvre.

Tranquillement, chantant sa ballade favorite, il empile bois et tissus autour, sous et sur le lit paternel. Puis il y fout le feu proprement, faisant cramer ses proies vives. Il s'attarde un peu sur le pas de la porte, savourant les cris de douleur et d'agonie, les prunelles luisant d'une lueur démente face à la danse des flammes destructrices. Quand la chaleur devient insoutenable, alors sort il, à contrecoeur.

Derrière lui, le toit de la masure s'effondre, ébranlée par les flammes à l'intérieur et par la fin du blizzard par l'extérieur. Ce qui effacera leur traces assez rapidement. La Bête ronronne… La Faim apaisée, mâchant une languette de viande congelée, Dante enfourche Pêche et se remet en route sans se retourner.

Il lui avait promis qu'il l'emmènerait non?
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