Mission Impossible 2

Début de la première ennéade de bàrkios de l’an 17 : XI
Dans la nuit, après la la préparation du cambriolage., dans le quartier des soiries.

La demeure d’Ar’Ozhar avait de quoi impressionner. Du moins elle aurait impressionné Lilyanna quand elle avait été plus jeune et que tout ce qu’elle connaissait de cette grande ville c’était la Place des Lanternes, le Bazar Couvert et les quartiers somme toutes peu reluisants qui entouraient ces deux lieux. Alors forcément, une grande maison, un manoir, une villa, ça l’aurait impressionné sauf que ce n’était plus le cas maintenant qu’elle se rendait régulièrement dans les soieries et côtoyer autant de luxe l’avait quelque peu rendu blasé. Cela dit c’était toujours frustrant de voir autant de richesse sans pouvoir dire qu’elles lui appartenaient mais ça changerait bien un jour. En attendant, le petit groupe s’était aventuré dans le riche quartier pour y mener à bien son plan, ce dernier était toujours aussi simple, simpliste comme auraient pu dire certains mais en même temps, les plans simples avaient leurs avantages ; notamment celui de pouvoir être menés à bien par une équipe qui venait à peine d’être formée et qui, par conséquent, ne se connaissait pas et n’avait pas du tout l’habitude de travailler ensemble.

Avant d’arriver à la tour que le plan prévoyait d’escalader il fallait d’abord passer par le jardin qui leur servirait momentanément de couverture. Ce dernier était la propriété d’une famille qui, ou du moins d’une personne, qui ne semblait pas avoir beaucoup de chance ces temps-ci. Du moins si on en jugeait par l’aspect négligé de la demeure. En effet les esclaves qui pouvaient servir, entre autres, de domestiques semblaient bien rares et si quelqu’un s’occupait du jardin, il était loin de faire un travail satisfaisant. Les plantes grimpantes allaient dans tous les sens, celles qui restaient sagement dans la terre s’aventuraient, comme leurs cousines exploratrices, sans vergogne hors du carré qui leur avait été alloué et par endroit on avait plus l’impression de se trouver dans les plaines de Valmar que dans un jardin des soieries. Avant d’entrer dans la demeure, du moins dans son jardin, Lilyanna s’arrêta et se tourna vers ses compagnons de fortune.

« Vous pensez qu’il y a des animaux dans les hautes herbes ? »

N’étant pas forcément rassurée à cette idée, elle les regarda un moment avant de se décider à escalader, au vu du muret c’était un bien grand mot, pour passer de l’autre côté et se diriger vers la haie qui bordait le vrai bâtiment qu’il fallait escalader. La sécurité de la demeure semblait, tout comme le reste des services présents, laisser à désirer si bien que la prêtresse ne s’inquiéta pas vraiment d’être repérée et se lança en direction de ladite haie. Toutefois elle s’arrêta bien vite. Parfois la nuit, même en pleine ville, était le théâtre de bien des sons qui semblaient étrangers, qu’il nous semblait ne jamais avoir entendu.

Gedra était restée relativement discrète en les suivant tous les trois, prête à disparaître au moindre problème, car souvent on n’avait pas à attendre le début de l’intrusion pour tomber sur les premiers obstacles. Et souvent, ces premiers obstacles trahissaient la duplicité d’un des membres de l’équipage. Elle s’était convaincu depuis bien longtemps que ce n’était pas la peur qui agitait son esprit de cette façon, seulement la prudence. Quand on commençait à escalader les murets, par contre, on avait arrêté son choix, et on ne pouvait plus vraiment reculer. Alors elle hésita un instant avant de suivre Lilyanna, d’autant plus que si la question de la prêtresse était légitime personne ne pouvait savoir sans prendre le temps de vérifier cette théorie, ce qu’elle n’avait pas fait. Gedra transforma une moue légèrement défaite en un sourire léger destiné à Fanfreluche, sans trop savoir pourquoi elle l’avait choisi lui. Ce n’était pas particulièrement bon signe pour eux tous, mais elle pourrait trouver une façon d’en profiter.

Gedra attendit quelques instants et n’entendant rien d’inquiétant de l’autre côté escalada à son tour le muret. Une fois au sommet elle resta aplatie dessus un temps, laissant un peu de place pour que les autres puissent passer derrière elle. La voleuse était grâce aux ténèbres quasiment invisible pour des observateurs qui se situeraient à l’intérieur de la demeure ou dans la rue et elle pouvait observer la totalité du jardin. Elle tira les mêmes leçons de ce spectacle que Lilyanna, et fut soulagée que ce ne soit pas cette demeure qu’ils visaient. S’ils ne savaient plus entretenir leur jardin ils ne devaient plus avoir grand-chose de valeur qu’elle aurait pu leur subtiliser en parallèle de la recherche de l’écaille. Du regard elle retrouva la haie qui était censée les protéger pendant près de deux tiers d’une escalade moins évidente que cette première, et le fait que personne ne l’aie taillée depuis un moment confirmait que son idée était viable.

Après l’avoir suivie du regard Gedra s’inquiéta de trouver Lilyanna à l’arrêt et retarda sa descente.

« Qu’est ce qui vous arrive ? »

C’était plus qu’un murmure, ou l’autre ne l’aurait jamais entendue, mais ça restait raisonnablement bas.